Aryens
Aryens ou Arya est un terme (signifiant « noble » en sanskrit) qui a Ă©tĂ© utilisĂ© par les Indo-Iraniens pour se dĂ©signer eux-mĂȘmes (endonyme). Durant la pĂ©riode vĂ©dique (environ 1500 Ă 500 avant notre Ăšre), Arya dĂ©signe Ă fois la classe noble et la rĂ©gion gĂ©ographique dâÄryÄvarta oĂč la culture indo-aryenne sâest dĂ©veloppĂ©e. Les peuples iraniens, qui lui sont Ă©troitement liĂ©s, ont Ă©galement utilisĂ© le terme comme dĂ©signation pour eux-mĂȘmes dans lâAvesta, et le mot forme la source Ă©tymologique du nom Iran.
Sâappuyant sur des rĂ©fĂ©rences du Rig-VĂ©da mal interprĂ©tĂ©es, des savants occidentaux des XIXe et XXe siĂšcles ont pensĂ© que le terme « Aryen » Ă©tait lâendonyme de tous les peuples indo-europĂ©ens, mais il apparaĂźt aujourdâhui que cela est inexact. Ă la suite de cette erreur, le terme « Aryen » a Ă©tĂ© utilisĂ© par Arthur de Gobineau pour dĂ©signer le type morphologique humain que lâĂ©tat-civil dĂ©finit comme « caucasien » aux Ătats-Unis, dans une idĂ©ologie de la race Ă laquelle se mĂȘle la notion de « supĂ©rioritĂ© du blanc nordique » qui aurait migrĂ© Ă travers le monde et fondĂ© toutes les civilisations majeures, avant dâĂȘtre « dĂ©gradĂ© » par le mĂ©lange avec les populations locales. Par lâintermĂ©diaire des essais de Houston Stewart Chamberlain, les idĂ©es de Gobineau ont ensuite influencĂ© lâidĂ©ologie nazie prĂ©sentant les « peuples aryens » comme supĂ©rieurs aux autres. Les atrocitĂ©s commises au nom de cette idĂ©ologie raciale ont amenĂ© les universitaires Ă Ă©viter le terme « Aryens », qui est remplacĂ© dans la plupart des cas par « Indo-Iraniens » et ne reste employĂ© que dans le contexte des langues indo-aryennes.
Utilisation non scientifique
Lâutilisation frĂ©quemment non scientifique de ce terme fait lâobjet de nombreuses mises en garde Ă©mises dans les milieux spĂ©cialisĂ©s[1]. Dans tous les cas, lâutilisation du mot « Aryens » pour dĂ©signer lâensemble des Indo-EuropĂ©ens est un abus que condamnent tous les spĂ©cialistes du sujet. Quant au mot « Indo-EuropĂ©ens », il ne dĂ©signe pas un peuple en particulier, et encore moins une « race », comme câest souvent le cas depuis plus dâun siĂšcle, en particulier en Europe et en Inde, dans les controverses non scientifiques, les polĂ©miques et les thĂšses pseudo-historiques, protochronistes, nationalistes et racistes[2] : scientifiquement il dĂ©signe les locuteurs des langues indo-europĂ©ennes qui ont Ă©tĂ© adoptĂ©es, en mĂȘme temps que la mĂ©tallurgie, en Europe depuis la steppe pontique jusquâĂ lâocĂ©an Atlantique, et en Asie dans les territoires allant de lâactuel Kurdistan jusquâaux actuels Tadjikistan et Assam, en passant par lâIran et par lâInde (langues indo-iraniennes).
Débats linguistiques et archéologiques
Origine du mot arya
Les textes conservĂ©s, le Rig-VĂ©da, le plus ancien texte sanskrit, lâAvesta et des inscriptions vieux-perses Ă©manent de lettrĂ©s qui se qualifient eux-mĂȘmes respectivement dâarya (sanskrit) et dâairiya (avestique). Sont appellĂ©es indo-aryennes les langues de lâInde qui remontent aux parlers des « Aryas » (parlĂ©es dans les territoires de la RĂ©publique indienne, du Pakistan, du Bangladesh, du NĂ©pal et dâune majeure partie de lâAfghanistan dâaujourdâhui). Par ailleurs, les langues iraniennes sont irano-aryennes, remontant aux parlers airiia : elles sont parlĂ©es dans les territoires de la Turquie du Sud-Est, du Nord de la Syrie et de lâIrak, de lâIran, du Tadjikistan et lâAfghanistan actuels, mais des langues irano-aryennes disparues comme lâalain, le scythe, le sakien, le tokharien, le parthe ou le kouchan ont eu une diffusion beaucoup plus large, allant de lâEurope orientale Ă lâAsie centrale[3].
FrancisĂ© en « aryen », le terme sanskrit vĂ©dique arya est souvent confondu avec le terme avestique airiya qui signifie « excellent, honorable, noble » en iranien ancien. Ainsi se dĂ©signent les populations de langue indo-europĂ©enne qui, vers la fin du IIIe millĂ©naire avant notre Ăšre, se seraient Ă©tablies sur le plateau iranien[4]. La langue et la phrasĂ©ologie de lâAvesta et du Rig-VĂ©da sont si proches que ces deux textes sâexpliquent souvent lâun par lâautre. On peut donc considĂ©rer lâexistence du groupe (de langues) indo-iranien comme assurĂ©[3].
Cependant il est difficilement soutenable de faire coïncider ces avancées de la philologie avec des recherches archéologiques, sur des objets et des populations dont on ignore, faute de traces écrites, le nom[5].
Origines des Aryens
Les Aryens (en sanskrit Aryas, en avestique Airiya) ou « Nobles »,) forment une entitĂ© homogĂšne, dĂ©tachĂ©e de la grande mouvance indo-europĂ©enne. Cette entitĂ© prend place dĂšs le IIIe millĂ©naire avant notre Ăšre entre les mers Caspienne et dâAral. Les spĂ©cialistes la relient parfois Ă la culture Yamna qui sâest dĂ©veloppĂ©e dans lâactuelle Ukraine, le sud de lâactuelle Russie et le bassin de la Volga[6]. Vers le IIe millĂ©naire, cette influence culturelle et linguistique va gagner trĂšs lentement le Sud, vers lâIran, lâInde, mais aussi vers le Proche et le Moyen-Orient. Cette influence que lâon dĂ©nomme souvent « indo-iranienne » (appellation logique puisquâelle se diffusera en Iran et en Inde du Nord) gagne lâensemble du plateau iranien et, vers lâest, se fait « aspirer » par lâInde, la pĂ©nĂ©trant par le Penjab, au nord-ouest du sous-continent. IntĂ©grant des substrats diffĂ©rents et Ă©voluant diffĂ©remment, elle se divise progressivement en deux ensembles culturels et linguistiques « iranien » (ou avestique) Ă lâouest et « nord-indien » (ou sanskrit) Ă lâest[7]. Les linguistes supposent que cette dissociation entre Iraniens et Indiens a pu se produire assez tĂŽt, vers 2000 avant notre Ăšre[8].
Groupe linguistique
Indo-Aryen
Les Indo-Aryens se sont installés en Bactriane, au sud-est de l'actuel Ouzbékistan et au nord de l'Afghanistan. Ils ont laissé leur empreinte sur une civilisation de l'ùge du bronze, datée de 2200 à 1700 avant notre Úre. On l'appelle la civilisation bactro-margienne ou la civilisation de l'Oxus. à partir de la Bactriane, ils ont migré vers l'Inde du Nord, et ont communiqué aux autochtones leur langue et leur culture. à ce stade, leur langue est appelée le védique, parce qu'elle est celle des plus anciens textes indiens, les Vedas. Une forme évoluée du védique est le sanskrit. Les langues indo-européennes parlées en Inde en dérivent toutes. Il subsiste dans ce pays des langues non indo-européennes, comme les langues dravidiennes et les langues munda.
D'autres Indo-Aryens ont migrĂ© vers le Moyen-Orient, toujours Ă partir de la Bactriane. Ils sont intervenus dans la formation du royaume du Mitanni en haute MĂ©sopotamie, vers 1500 avant notre Ăšre. Les documents archĂ©ologiques ont livrĂ© une grande quantitĂ© de noms propres vĂ©diques, en particulier de noms de dieux. La plupart de ces dieux, comme Varuna ou Indra, sont inconnus de la religion iranienne. Ainsi, la pĂ©riode vĂ©dique a commencĂ© avant 1500 avant notre Ăšre, en dehors de l'Inde. Le terme Aryen est la francisation de l'autoethnonyme des Indo-Aryens, qui est Ärya. Il signifie « noble ». Xavier Delamarre, dans son Vocabulaire indo-europĂ©en (1984), propose de faire remonter Ärya Ă l'indo-europĂ©en commun *aryos, au sens d'« Aryen » ou de « seigneur ».
Certains nationalistes Indiens rejettent l'idée que leur langue et leur culture aient pu provenir de l'étranger. Ils nient totalement la parenté du sanskrit avec les autres langues indo-européennes et rejettent tout ce que les partisans de la théorie de l'invasion aryenne avancent depuis des décennies (cf. Théorie de l'invasion aryenne). En effet, le Rig-Veda mentionne Arya-Varta (la terre des Aryens) comme Sapta Sindhu (la terre des sept riviÚres du Nord-Ouest de l'Asie du Sud, l'une d'entre elles étant l'Indus), cela correspond à la région pakistanaise du Penjab actuelle. D'autres auteurs, comme l'archéologue Henri-Paul Francfort, ne veulent pas entendre parler d'invasion, mais seulement de migration progressive. La maniÚre par laquelle les Proto-Indo-Européens sont arrivés en Inde n'est, à vrai dire, qu'une question subsidiaire.
Iranien
Certains archéologues leur attribuent une culture dite des « tombes à charpente » (srubnaya en russe), datée de 1900 à 1500 avant notre Úre et située sur la Volga. Grùce aux sources assyriennes, il est prouvé que les Perses sont présents sur le plateau iranien dÚs le IXe siÚcle av. J.-C. Avec eux, se trouvaient les MÚdes, également de langue iranienne. Leur lien avec la culture des tombes à charpente n'est cependant pas clair. Le plus ancien texte sacré des Iraniens, l'Avesta, a probablement été composé en Bactriane ou en Sogdiane, en tout cas dans l'actuel Turkestan occidental. Sa langue, appelée l'avestique, est différente du vieux perse, mais elle est trÚs proche du védique.
L'Iran est autrefois appelĂ© ÄrÄn shahr, expression prononcĂ©e AryÄnam xshathra dans l'AntiquitĂ© et signifiant « royaume des Arya ». Les peuples de langue iranienne n'ont pas vĂ©cu qu'en Iran. Jusqu'Ă la fin du Ier millĂ©naire, il y a aussi les Bactriens et les Sogdiens, en OuzbĂ©kistan, dont les langues sont connues grĂące aux documents qu'ils ont laissĂ©s. Au sud de la mer d'Aral, se trouvaient les Chorasmiens. Le nom de leur rĂ©gion, la Chorasmie ou Khwarezm, s'explique par le vieil iranien *XwÄra-zmi « pays du soleil ». Ces trois peuples sont mentionnĂ©s au Ve siĂšcle av. J.-C. par HĂ©rodote. Il parle aussi des Aryens, vivant dans la rĂ©gion de HĂ©rat, en Afghanistan.
Ine culture, dite de Tazabagyab, est apparue vers 1500 avant notre Ăšre, d'oĂč les Iraniens du Turkestan occidental ont pu provenir. Elle est situĂ©e au sud de la mer d'Aral, sur le territoire des futurs Chorasmiens. Elle rassemble des Ă©lĂ©ments de la culture des tombes Ă charpente et d'une culture du Kazakhstan, celle d'Andronovo. Les morts Ă©taient enterrĂ©s de maniĂšre trĂšs particuliĂšre : ils Ă©taient en position fĆtale, les hommes sur le cĂŽtĂ© droit et les femmes sur le cĂŽtĂ© gauche. Une telle pratique funĂ©raire est aussi observĂ©e en Bactriane, le long des riviĂšres Kafirnigan (au cimetiĂšre de Toulkhar) et Vakhsh. Ă Toulkhar, dont les tombes sont datĂ©es de 1700 Ă 1500 avant notre Ăšre, les hommes et les femmes Ă©taient de plus enterrĂ©s avec un petit autel respectivement carrĂ© et rond. C'est le reflet d'une conception typiquement indo-europĂ©enne, qui associe les hommes au ciel carrĂ© et masculin et les femmes Ă la terre fĂ©minine et ronde. De plus, le cĂŽtĂ© gauche, caractĂ©risant les femmes, est dĂ©favorable, tandis que le cĂŽtĂ© droit, caractĂ©risant les hommes, est favorable.
La culture d'Andronovo, nĂ©e au Kazakhstan occidental, a recouvert tout ce pays, ainsi que la SibĂ©rie mĂ©ridionale, durant le IIe millĂ©naire De nombreux spĂ©cialistes considĂšrent que les Iraniens nomades, tels que les Scythes, ont Ă©tĂ© ses hĂ©ritiers. Le matĂ©riel trouvĂ© Ă Toulkhar combine des influences de l'ancienne culture bactro-margienne et de celle d'Andronovo. Les poignards Ă©taient notamment de type andronovien. Les hommes de Toulkhar semblent avoir Ă©tĂ© des pasteurs. Ils ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© des acteurs du remplacement par la culture iranienne de la culture indo-aryenne de Bactriane (il n'y a pas de raison de croire que les Indo-Aryens aient tous quittĂ© cette rĂ©gion pour se rendre en Inde ou en MĂ©sopotamie). On peut encore ajouter que le site le plus ancien de la culture d'Andronovo, celui de Sintashta, se trouve au sud-est de l'Oural. Il est datĂ© de 2300 Ă 1900 avant notre Ăšre. La culture des tombes Ă charpente se trouve un peu plus Ă l'ouest. Ainsi, le foyer des Iraniens Ă©tait apparemment localisĂ© Ă la limite de l'Europe et de l'Asie, au nord de la mer Caspienne.
Ce foyer se trouve à cÎté de celui de tous les Indo-Européens, selon la thÚse de Marija Gimbutas. Il s'agit du Nord de la mer Noire. La premiÚre localisation connue des Indo-Aryens étant au Turkestan, il faut supposer qu'ils y ont migré à partir du Kazakhstan occidental ou de la Russie méridionale, à une date qui reste à déterminer.
Interprétations historiques
Alexandre Langlois
Alexandre Langlois (1872) traduit chaque occurrence du mot arya dans le Rig-VĂ©da par « maĂźtre » ou par « pĂšre de famille ». Il considĂšre ce mot comme fort important[9]. Son opinion est que le peuple Arya, originaire de la contrĂ©e nommĂ©e Arie, Ariane, ou Hiran sise Ă lâouest du fleuve Indus, fut menĂ© par Manou (dont se rĂ©clament, dans leur mythologie, certains Roms dits « manouches »). Selon Langlois, des Ariya se seraient Ă©tablis dans la rĂ©gion de lâAryĂąvartta quâils colonisĂšrent et ils devinrent les « MaĂźtres » (dâoĂč sa premiĂšre traduction du mot Arya). Ce nom passe ensuite dans la tradition indienne pour dĂ©signer des « hommes bons », de bons « pĂšres de famille » qui commanditent des sacrifices vĂ©diques nommĂ©s yajña pour honorer les devas (dâoĂč sa seconde traduction, plus frĂ©quente, du mot Arya). Il oppose aussi[10] le peuple Arya de la plaine aux « brigands » montagnards que le Rig-VĂ©da nomme Dasyou et qui sont, peut-ĂȘtre, les prĂ©cĂ©dents occupants de la plaine, repoussĂ©s dans la montagne et restĂ©s insoumis.
- Trois stances du Rig-VĂ©da
« Que Agni le magnifique⊠couvre de sa protection Manou, qui le reçoit sur son lit de gazon » (sacré)[11].
« Lâinvincible a reçu et lâhymne et lâoffrande que tu lui as prĂ©sentĂ©s. Ă Agni, puisse maintenant Atri triompher des Dasyous impies. Puisse Isha triompher de ses ennemis »[12].
« Disperse nos ennemis, augmente notre abondance. Puissions-nous vivre cent hivers, entourés de plaisirs et d'une généreuse lignée »[13].
Confusion entre « Aryens » et « Indo-Européens »
Les langues indo-iraniennes (ou aryennes) sont apparentĂ©es Ă celles des Italiques, des Celtes, des Slaves, des Germains, ou des Grecs. Elles forment une famille qualifiĂ©e d'« indo-europĂ©enne ». Les peuples qui parlent ces langues sont appelĂ©s les Indo-EuropĂ©ens. On s'est trĂšs tĂŽt demandĂ© quelle pouvait ĂȘtre la langue-mĂšre de cette famille. Des linguistes comme William Jones, Ă la fin du XVIIIe siĂšcle, remarquĂšrent l'aspect « parfait » du sanskrit, par rapport au grec ou au latin. L'idĂ©e que le sanskrit Ă©tait la langue-mĂšre fit alors son chemin. Comme ses locuteurs s'Ă©taient appelĂ©s les Aryens, le terme fut appliquĂ© Ă l'ensemble de la famille indo-europĂ©enne. Celui dâindo-europĂ©en apparut pour la premiĂšre fois dans un article de Thomas Young, dans la Quarterly Review en 1813, mais c'est celui dâaryen qui s'imposa durant tout le XIXe siĂšcle. Ce choix est renforcĂ© par le rapprochement du nom de l'Irlande, Eire, Eriu, au terme Ärya, formant de la sorte un autoethnonyme indo-irano-celtique. Les Ă©tudes modernes font plutĂŽt remonter le nom de l'Irlande Ă iweria. Ce terme proviendrait Ă son tour de piweria (« gras pays »), par la chute du p- initial qui caractĂ©rise les langues celtiques. On remarque Ă l'Ă©poque que les hommes libres sont appelĂ©s airig en irlandais (aire au singulier), mais l'avancĂ©e ultĂ©rieure des Ă©tudes celtiques a fait abandonner tout rapprochement avec le terme Ärya.
Cette utilisation du terme « Aryen » a décliné durant la premiÚre moitié du XXe siÚcle. Les nazis reprirent cette appellation pour bùtir une entreprise idéologique et raciste à partir de deux hypothÚses. La premiÚre a été avancée par le comte Joseph Arthur de Gobineau, dans son Essai sur l'inégalité des races humaines, publié en 1855. Il théorise sur l'hypothÚse qu'un peuple dit « Aryen » aurait constitué une race présumée biologiquement pure ayant vécu en Asie, axiome biologique extrapolé à partir de la conjecture philologique du sanskrit comme langue-mÚre. La deuxiÚme hypothÚse, formulée par Ludwig Geiger en 1871 et par Karl Penka entre 1883 et 1891, situait l'origine de ce peuple en Allemagne.
Appropriation nazie du terme « Aryen »
Dans la lignée des essais de Houston Stewart Chamberlain, les propagandistes nazis empruntÚrent le terme d'Aryen et lui donnÚrent une couleur biologique dans le but d'en faire un concept idéologique. Ils associÚrent ce terme à une « race germanique » qu'ils considéraient comme supérieure aux autres.
Idéologue totalitaire et raciste, Adolf Hitler voyait en cette « race aryenne » la source des progrÚs de l'humanité. Afin de maintenir une prétendue pureté biologique, il décréta que le peuple allemand devait se prémunir de tout mélange génétique. Les lois de Nuremberg associaient les populations dites « indo-aryennes » de l'Inde, l'Iran et l'Afghanistan à la « race » dite allemande. Au nom notamment de cette idéologie, sous prétexte de théories pseudo-scientifiques, les nazis avaient mis en place un processus d'extermination de tous ceux qui pouvaient menacer leur hypothétique « race allemande » (cf. : Shoah) : Juifs, Tsiganes, homosexuels, handicapés, malades psychiatriques, malades héréditaires, etc.
Selon le linguiste Viktor Klemperer, dans son ouvrage Lingua Tertii Imperii, l'appropriation du terme d'« Aryen » par un groupe politique sur une base prétendument biologique est une des caractéristiques de la maniÚre dont les nazis ont déformé la langue allemande en mélangeant les catégories de pensée historique, biologique et idéologique. Le terme Aryen dépasse aujourd'hui la réalité scientifique historique et démographique, il est couramment utilisé comme marqueur pour les groupes extrémistes racistes.
Notes et références
- Meyer 2007, p. 70 sq.
- Fussman et al. 2005, p. 198 sq.
- Fussman et al. 2005, p. 204.
- DĂ©finition d'aryen Sur le site universalis.fr.
- Fussman et al. 2005, p. 206.
- Jean Haudry, Les Indo-Européens, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1985, p. 118.
- Jacques Rifflet, Les mondes du sacré, éditions Mols, année 2000, page 464-465.
- André Martinet, Des steppes aux océans : l'indo-européen et les indo-européens, Paris, Payot, 1986, p. 68.
- Alexandre Langlois, Ćuvre citĂ©, page 61, note 2 Ă droite.
- Alexandre Langlois, op. cit., page 61, note 3 Ă droite.
- Alexandre Langlois, Ćuvre citĂ©, page 265, Section 3, Lecture 8, Hymne 10, Verset 12.
- Alexandre Langlois, op. cit., page 268, Section 3, Lecture 8, Hymne 15, Verset 10.
- Alexandre Langlois, op. cit., page 311, Section 4, Lecture 8, Hymne 9, Verset 7.
Bibliographie
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