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Camp de rassemblement de Malines

Le camp de transit de l'ancienne caserne « Lieutenant-GĂ©nĂ©ral Dossin de Saint-Georges » Ă  Malines (Mechelen en nĂ©erlandais, Mecheln en allemand), en Belgique, fut ouvert par les Allemands le pour concentrer les Juifs de Belgique en vue de leur dĂ©portation vers les camps de la mort. En allemand : SS Juden Sammellager Mecheln. Le mois prĂ©cĂ©dent en juin, tous les Juifs devaient porter l'Ă©toile jaune et des milliers d'entre eux raflĂ©s et envoyĂ©s au travail forcĂ© pour l'organisation Todt[1]. Puis Heinrich Himmler fixa pour la Belgique un quota de 10 000 Juifs Ă  dĂ©porter vers les camps d'extermination, ce qui entraĂźna la police de sĂ©curitĂ© Ă  installer ce camp de transit.

Camp de rassemblement de Malines
Binnenplaats kazerne dossin.jpg
La cour intérieure du SS Juden Sammellager Mecheln (fonds Kummer).
Présentation
Nom local Caserne Dossin
Type Camp de transit
Gestion
Dirigé par SS
Victimes
Nombre de dĂ©tenus 25 787 personnes ayant transitĂ©
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Localité Malines
CoordonnĂ©es 51° 02â€Č 02″ nord, 4° 28â€Č 42″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Camp de rassemblement de Malines

Il Ă©tait situĂ© entre les deux plus grandes concentrations de Juifs en Belgique (Anvers et Bruxelles) et Ă©tait idĂ©alement reliĂ© au rĂ©seau dense des chemins de fer belges. Au total, 24916 Juifs de Belgique (soit 44 % de ceux rĂ©sidant dans le pays) et 351 tziganes transitent par Malines pour ĂȘtre dĂ©portĂ©s vers Auschwitz. Il faut y ajouter 520 juifs du Nord-Pas-de-Calais victimes de la rafle du 11 septembre 1942.

Historique

La Caserne Dossin en 1943, peinte par le peintre Kopel Simelovitz avant sa déportation vers Auschwitz.

Entre le 28 octobre 1940 et le 1er juin 1942, 17 ordonnances anti-juives sont promulguĂ©es par le Gouverneur allemand pour la Belgique et le Nord de la France. Les Juifs sont recensĂ©s, exclus de la fonction publique, de l’enseignement, de la magistrature et des mĂ©dias; les entreprises juives sont liquidĂ©es. Les Juifs sont enfermĂ©s dans un ‘ghetto administratif’, ils sont confinĂ©s Ă  domicile pendant le couvre-feu qui les vise, leurs enfants sont exclus de l’enseignement. Le port de l’étoile jaune est obligatoire. L’occupant charge les Administrations belges (SecrĂ©taires gĂ©nĂ©raux, provinces, villes, communes) de l'application de ces ordonnances et donc du dispositif prĂ©parant la dĂ©portation des Juifs[2]. Le , Adolf Eichmann rĂ©unit Ă  Berlin les Judenreferents de Paris, Amsterdam et Bruxelles, Theodor Dannecker, Willy Zoepf et Kurt Assche[3].

Le 15 juillet 1942, Harry von Craushaar, vice-chef de l’Administration militaire, charge le SS-SturmbannfĂŒhrer Philipp Schmitt, d’organiser dans la caserne Dossin un camp de rassemblement pour Juifs (SS Juden Sammellager) avec pour seule finalitĂ© la dĂ©portation vers le camp d'extermination Auschwitz-Birkenau. Schmitt est vraisemblablement choisi du fait de son adhĂ©sion au parti nazi depuis 1925 mais surtout Ă  cause de sa rĂ©putation de brutalitĂ© et d'efficacitĂ© nazie comme commandant de camp au Fort de Breendonk (Auditorat Militaire, ProcĂšs Schmitt, Attestation relative Ă  la mise sur pied du camp de rassemblement de Malines sous la direction de Philipp SCHMITT, Bruxelles, 15 juillet 1942)[2].

Une vingtaine de SS allemands et par la suite des SS flamands encadrent le camp sous les ordres du SS-HauptsturmfĂŒhrer Rudolf Steckmann, l'adjoint de Schmitt. À partir d', un contingent de 25 hommes de la FlĂ€misch Wachzug (une compagnie flamande de garde SIPO-SD) remplacera la Wehrmacht pour la surveillance extĂ©rieure du camp. En , tandis que Schmitt et Steckmann sont Ă©cartĂ©s Ă  la suite de leurs exactions, ils sont remplacĂ©s par le SS-SturmscharfĂŒhrer Johannes Frank de la Judenabteilung. Il fut Ă  l'origine d'un certain assouplissement des conditions de dĂ©tention au sein de la caserne. En revanche, Max Boden reste chargĂ© de l'accueil des arrivants (l'Aufnahme) ainsi que l'expert-comptable Erich Krull qui sera Ă  son tour limogĂ© en Ă  la suite de ses actes de spoliation. Au total, 24 916 juifs transitĂšrent par le camp, ils reprĂ©sentent 44 % de la population juive vivant sur le territoire belge, seules 1 203 personnes survĂ©curent Ă  la dĂ©portation[4].

Conditions de vie

La caserne Dossin Ă©tait un camp de transit : on n'y passait en gĂ©nĂ©ral que quelques jours en attendant la formation d'un nouveau convoi ; certains individus y ont sĂ©journĂ© nĂ©anmoins plusieurs semaines. Les conditions de vie y Ă©taient rudes, les dĂ©tenus Ă©tant brusquement plongĂ©s dans la complĂšte incertitude. Les biens Ă©taient confisquĂ©s, les piĂšces d'identitĂ© enlevĂ©es. Chaque prisonnier Ă©tait muni d'une carte en carton portĂ©e autour du cou avec une ficelle contenant les dĂ©tails suivants : n° personnel, date de naissance et n° du transport dĂ©signĂ©. Les conditions hygiĂ©niques y Ă©taient mauvaises, surtout Ă  cause de sa surpopulation Ă  partir de 1943. Il est nĂ©anmoins difficile de faire des gĂ©nĂ©ralitĂ©s au sujet des conditions de vie, tant est particulier le vĂ©cu des diffĂ©rentes familles qui y ont transitĂ©. Paul Sobol (nĂ© en 1926)[5] se souvient de ces jours du mois de durant lesquels il est emprisonnĂ© avec quatre autres membres de sa famille : « La caserne Dossin est notre prison : nous sommes privĂ©s de libertĂ©, mais pas brutalisĂ©s. (...) À la caserne Dossin, il y a un rĂšglement que nous devons suivre Ă  la lettre. Une organisation trĂšs germanique : rĂ©veil avec le soleil, appel dans la cour (rĂ©unis par chambrĂ©e), puis distribution de cafĂ© et de pain. Dans la chambrĂ©e, nous sommes une trentaine de personnes de tous Ăąges, dont plusieurs familles. TrĂšs vite, mon pĂšre, grĂące Ă  son dynamisme naturel, prend les choses en main. Il devient responsable de la chambrĂ©e. Devant les autoritĂ©s de la caserne, c'est lui qui distribue le pain et la soupe, qui est, par ailleurs, relativement bonne. De nombreuses familles reçoivent des colis de vivres de l'extĂ©rieur... et tout est mis en commun dans notre chambrĂ©e. »

Fin du camp

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 1944, les 527 dĂ©tenus du camp de Malines sont abandonnĂ©s par les SS et leurs auxiliaires, en fuite devant l’arrivĂ©e des troupes alliĂ©es[2].

Le 25 novembre 1949, le premier commandant du camp, Philipp Schmitt, arrĂȘtĂ© aux Pays-Bas en 1945, est jugĂ© et condamnĂ© Ă  mort par le Conseil de guerre d'Anvers, tribunal militaire. Il sera le dernier condamnĂ© Ă  mort exĂ©cutĂ© en Belgique.

Musée et mémorial

Entrée actuelle de l'ancienne caserne Dossin, sur la Goswin de Stassartstraat, avec une plaque commémorative à droite sur l'édifice.

Une petite partie de l'ancienne caserne abrite le Musée juif de la Déportation et de la Résistance, inauguré par le roi Albert II le , ainsi que les archives de la déportation. La plus grande partie de l'édifice est par ailleurs aujourd'hui affectée à une fonction de logement.

AprÚs une visite inaugurale du Roi Albert II, le nouveau Mémorial, musée et centre de documentation sur l'Holocauste et les droits de l'Homme de Malines, qui jouxte la Caserne Dossin, est ouvert au public depuis le [6].

Références

  1. Raul Hilberg, la destruction des Juifs d'Europe Folio/Histoire Gallimard 1991 p.521
  2. « Le camp de rassemblement pour Juifs de Malines : L'antichambre de la mort | Sciences Po Violence de masse et Résistance - Réseau de recherche », sur www.sciencespo.fr, (consulté le )
  3. Laurence Schram, Le camp de rassemblement pour Juifs de Malines : L’antichambre de la mort, EncyclopĂ©die en ligne des violences de masse, publiĂ© le 29 mars 2010, consultĂ© le 10 aoĂ»t 2014, ISSN 1961-9898
  4. Paul Aron, José Gotovitch, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, éditions André Versaille, Bruxelles, 2008, (ISBN 9782874950018) p.144 et sq.
  5. Sobol 2010, p. 50-51.
  6. cclj.be

Annexes

Voir aussi

Bibliographie

  • W. Adriaens et al., Guide didactique pour une visite au MusĂ©e juif de la dĂ©portation et de la rĂ©sistance, Malines, MusĂ©e juif de la dĂ©portation et de la RĂ©sistance, s.d. (2000 ?). (ISBN 90-76109-02-8)
  • P. Aron et J. Gotovitch (sous la dir. de), Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, Bruxelles, AndrĂ© Versaille Éditeur, 2008. (ISBN 978-2-87495-001-8)
  • (de) Irene Awret, They'll have to catch me first. An artist's coming of age in the Third Reich, University of Wisconsin Press, 2004, 384 p. (ISBN 978-0299188306)
  • L. A. Bernardo y Garcia, Modus Operandi. Le livret pĂ©dagogique, Bruxelles, Les Films de la MĂ©moire asbl, s.d. (2008 ?).
  • A. Roekens, La Belgique et la persĂ©cution des Juifs, Bruxelles, SOMA-SEGES & Renaissance du Livre, 2010. (ISBN 978-2-507-00385-2)
  • Laurence Schram, Dossin : l'antichambre d'Auschwitz, Bruxelles, Racine, , 348 p. (ISBN 978-2-39025-006-7).
  • P. Sobol, Je me souviens d'Auschwitz. De l'Ă©toile de shĂ©rif Ă  la croix de vie - nouv. Ă©d. revue et corrigĂ©e, Bruxelles, Racine, (ISBN 978-2-87386-680-8) (complĂ©tĂ© d'un Dossier pĂ©dagogique d'É. B. Lauwers).
  • M. Steinberg et al., Mecheln-Auschwitz. 1942-1944. La destruction des Juifs de Belgique. De vernietiging van de Joden van BelgiĂ«. The destruction of the Jews from Belgium, Bruxelles, Vubpress, 2009. (ISBN 978-90-5487-537-6)
  • Rudi Van Doorslaer (dir.) et al., La Belgique docile : Les autoritĂ©s belges et la persĂ©cution des Juifs en Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale, Bruxelles, CegeSoma/Éditions Luc Pire, , 1545 p. (ISBN 978-2-87415-848-3, lire en ligne [PDF]).

Filmographie

  • B. Balteau et I. Christiaens (sous la dir. de), Moi Belgique. Annie Cordy raconte l'histoire des hommes et des femmes qui ont fait la Belgique, Ă©pisode 5 : Guerre et
 Paix ? (1940-1945), Bruxelles, production RTBF, 2006.
  • H. Lanneau, Modus Operandi, Belgique, coproduction, 2008.

Liens externes

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