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Otto Siegburg

Otto Siegburg, né à Oberhausen en Allemagne, le [1] et mort le à Bottrop en Allemagne, est un criminel de guerre nazi qui fut particulièrement zélé dans l'arrestation et la déportation des Juifs de Belgique. Membre de la SIPO-SD à Bruxelles où il assumait la charge de kriminal sekretar (policier judiciaire[2]), il procéda aux arrestations domiciliaires, fréquemment violentes, de centaines de Juifs. Il sera le seul à être condamné par une juridiction belge en 1949 au motif de crime contre l'humanité[3].

Otto Siegburg
Naissance
Oberhausen (Allemagne)
Décès (à 56 ans)
Bottrop (Allemagne)
Origine Allemagne
Allégeance Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand

Drapeau de l'Allemagne nazie Allemagne nazie
Arme
Schutzstaffel
Grade SS-Sturmscharführer
Années de service 19331945
Commandement Kriminal sekretar de la SIPO-SD à Bruxelles
Conflits Seconde Guerre mondiale

Éléments biographiques

Otto Siegburg rejoint le NSDAP en 1933 et la toute récente Gestapo d'Hermann Göring qui le base à Bottrop en Allemagne. En , il intègre les einsatzgruppen IV qui sévirent dans la Province de Poznań et à Lodz en éliminant les élites polonaises et les populations juives.

Otto Siegburg y acquiert une expérience qui sera déterminante pour la suite en matière de meurtres collectifs[3].

En , il intègre la SIPO-SD de Bruxelles au sein de la section IV-B-3 jusqu'en décembre puis la section IV-C, la surveillance des étrangers. Il est sous les ordres de Fritz Erdmann, Kurt Asche puis de Felix Weidmann. Il travaille fréquemment avec Icek Glogowski, le "Gros Jacques" et d'autres membres de la judenabteilung. Il interpelle ainsi, en équipe de 3 à 6, des centaines de Juifs dans le cadre d'arrestations domiciliaires. Arrêtés, ils font un court séjour au siège de la Gestapo, avenue Louise, où il est fréquent qu'ils soient battus et torturés avant que d'être transférés à la caserne Dossin à Malines, le SS Juden Sammellager Mecheln, antichambre d'Auschwitz[3].

En , à la veille de la libération de Bruxelles, il réintègre ses fonctions au sein de la Gestapo à Bottrop en Allemagne.

En , il se livre aux autorités britanniques qui l'interrogent une première fois. Il est interné au no 4 Civilian Internment Camp (CIC) à Recklinghausen. Le , il est extradé vers la Belgique.

Instruction

Deux juges d'instruction belges vont se succéder dans ce dossier, Jacques Warnant instruira le dossier de à , à sa suite, Edgard Dubois reprendra les investigations[3].

D'emblée, l'arsenal judiciaire belge se heurte à sa propre législation qui a érigé en principe la non rétroactivité des lois. À ce titre, le Statut de Nuremberg qui a défini le crime contre la paix, le crime de guerre et le crime contre l'humanité doivent trouver à s'articuler avec la législation belge. Le procureur général, Walter Ganshof van der Meersch étudie la possibilité d'opposer l'article 118bis du code pénal belge qui punit de mort toute personne « qui aura sciemment servi la politique ou les desseins de l’ennemi ». Hélàs, en le jugement en cassation du procès de la SIPO-SD de Charleroi annule les décisions prises sur cette base en raison du fait que le 118bis envisage la haute trahison et ne peut par conséquent être opposé à des ressortissants Nazis. L'instruction est à reprendre depuis le début et il sera désormais impératif de trouver à qualifier des crimes in specie aux termes de la loi belge[3] - [4].

L'instruction va alors s'intéresser à des faits précis: une fusillade survenue lors du convoi n° 21 du 31 juillet 1943 qui acheminait 1 553 détenus vers Auschwitz. 4 des dix évadés furent abattus et deux autres seront repris. Otto Siegburg qui était l'accompagnateur du train aurait été l'un des auteurs. L'instruction s'intéresse également au meurtre d'un cambrioleur juif qui pourrait également lui être attribué mais ces pistes se révèlent peut concluantes tant les preuves font défaut[3].

En , l'instruction connait un rebondissement au travers des témoignages de Max Brunner et de Sacher Hellman qui furent tous deux battus violemment par Otto Siegburg. Max Brunner avait été arrêté place Stéphanie, puis battu dans les caves de la Gestapo, avenue Louise avant d'être transféré à Malines et déporté à Ravensbrück via le convoi Z1 du 13 décembre 1943 dont Otto Siegburg assurait la direction. Sacher Hellman quant à lui avait été arrêté le et avait également connu les violences bestiales d'Otto Siegburg. Le , Max Brunner souhaite faire une déposition complémentaire au cours de laquelle il explique que lorsqu'il était incarcéré avenue Louise, Otto Siegburg avait jeté dans sa cellule un homme battu à mort, s'adressant à Max Brunner il lui dit : « regarde ce qui t'attend ». L'homme meurt une heure plus tard. L'instruction découvre alors que ce meurtre a fait l'objet d'une enquête de la police de Wemmel en 1946. On retrouve les dépositions, les témoins, tout accable Otto Siegburg qui lors d'une arrestation domiciliaire, le , a battu d'abord à mains nues puis avec des manches d'outils, Erner Hillel qui était hébergé dans la famille Duvivier. Le pauvre homme racontèrent-ils saignait des yeux et des oreilles. Otto Siegburg jettera même trois manches cassés sur la table de la cuisine en lançant aux Duvivier : « en souvenir de votre Juif »[3].

Le procès peut avoir lieu, Otto Siegburg sera poursuivi pour coups et blessures et assassinat.

Le procès

Le procès s'ouvre le devant le conseil de guerre du Brabant. Le procureur général est Walter Ganshof van der Meersch, les juges sont Achille Maréchal et Joseph Dautricourt. Le ministère public est assuré par Edgard Dubois. En première instance, Otto Siegburg est reconnu coupable de l'ensemble des chefs d'accusation et partant de là de crime contre l'humanité. Il est condamné à mort. Il fait appel de cette décision et obtient une requalification des faits en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort. En seconde instance, il est condamné à 15 années de travaux forcés[1]. À aucun moment, lors de son procès, Otto Siegburg ne reconnut avoir commis quoi que ce fut[3].

Otto Siegburg meurt deux années plus tard à Bottrop, le .

Bibliographie

  • Marie-Anne Weisers, sous la direction de Pieter Lagrou, Juger les crimes contre les Juifs : des Allemands devant les tribunaux belges, 1941-1951, thèse de doctorat, ULB, .

Liens externes

Notes et références

  1. La Belgique docile, rapport final du CEGES à la demande du Sénat, p. 964 et sq.
  2. Maxime Steinberg, La persécution des Juifs en Belgique (1940-1945, Bruxelles, Editions Complexe, coll. « Questions à l'histoire », , 316 p. (ISBN 978-2-8048-0026-0, OCLC 255094611, lire en ligne)
  3. Marie-Anne Weisers, Un chasseur de Juifs au tribunal. Otto Siegburg, conférence donnée dans le cadre de la Fondation Auschwitz, le . Actes du colloque, consulté le 5 août 2016
  4. Jean-Marc Berlière, Justices Militaires Et Guerres Mondiales (Europe 1914-1950) / Military Justices and World Wars (Europe 1914-1950), Presses universitaires de Louvain, 14 janvier 2014 - 424 pages
  5. A-t-on jugé la Shoah en Belgique ?, interview de Marie-Anne Weisers, in Regards no 825, septembre 2015
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