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MĂ©moires

Les mĂ©moires (uniquement au masculin pluriel, Ă©ventuellement avec une majuscule dans cette acception[alpha 1]) sont des Ɠuvres historiques et parfois littĂ©raires, ayant pour objet le rĂ©cit de sa propre vie, considĂ©rĂ©e comme rĂ©vĂ©latrice d’un moment de l’histoire. Plus prĂ©cisĂ©ment, il s’agit d’un recueil de souvenirs qu’une personne rĂ©dige Ă  propos d’évĂ©nements historiques ou anecdotiques, publics ou privĂ©s. Les auteurs de mĂ©moires sont appelĂ©s mĂ©morialistes.

Ces Ă©crits rĂ©trospectifs laissĂ©s par des acteurs gĂ©nĂ©ralement importants, de l’histoire, ont Ă©tĂ© Ă©crits depuis l’AntiquitĂ©, comme l’illustre l’emblĂ©matique Commentaires sur la guerre des Gaules de Jules CĂ©sar. Puis, le genre s’est Ă©tabli au Moyen Âge avec Geoffroi de Villehardouin, Jean de Joinville ou Philippe de Commynes, avant de se dĂ©velopper Ă  la fin de la Renaissance, essentiellement en France (exemple : Blaise de Monluc) et jusqu’à l’ñge classique, avec La Rochefoucauld, Retz, Saint-Simon. Le genre des mĂ©moires s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui avec de grands textes au XXe siĂšcle (Churchill, De Gaulle), mais aussi avec des tĂ©moignages de toutes sortes et des rĂ©cits de vie de cĂ©lĂ©britĂ©s souvent Ă©crits avec l’aide de collaborateurs (Philippe Noiret, MĂ©moire cavaliĂšre). Il en va de mĂȘme pour les rĂ©cits de moments hors du commun qui, sans mĂ©riter le nom de mĂ©moires parce que la pĂ©riode considĂ©rĂ©e reste limitĂ©e, relĂšvent de l’« Ă©criture mĂ©morialiste » et ont parfois produit de grands textes littĂ©raires comme ceux d’Ernst JĂŒnger avec Orages d'acier et de Roland DorgelĂšs avec Les Croix de bois sur la PremiĂšre Guerre mondiale, ou de Primo Levi avec Si c'est un homme et Elie Wiesel avec La Nuit sur leur expĂ©rience concentrationnaire.

Le genre des mĂ©moires est proche de l'autobiographie qui associe Ă©criture de soi et rĂ©cit de vie mais il s'en distingue Ă©tant donnĂ© qu'il met l’accent sur le contexte historique de la vie de l’auteur et sur ses actes plus que sur l’histoire de sa personnalitĂ© et sa vie intĂ©rieure. Les mĂ©moires relĂšvent donc de l’histoire et de l’historiographie ; la qualitĂ© littĂ©raire de certains de ces textes les a fait reconnaĂźtre comme appartenant Ă  la littĂ©rature et, dans ce sens, on peut parler du genre littĂ©raire des mĂ©moires. Certains mĂ©moires sont d’ailleurs considĂ©rĂ©s comme des chefs-d’Ɠuvre littĂ©raires : c’est le cas des Ɠuvres citĂ©es prĂ©cĂ©demment ou des MĂ©moires d'outre-tombe de Chateaubriand, qui montrent la difficultĂ© de la catĂ©gorisation entre mĂ©moires et autobiographie. Le travail sur le style, le questionnement de la mĂ©moire et le souci de parler de l’humanitĂ© entiĂšre Ă  travers le rĂ©cit de sa vie sont la marque des mĂ©moires que la littĂ©rature place Ă  l’égal des grandes Ɠuvres des romanciers qui ont d’ailleurs souvent Ă©tĂ© fascinĂ©s par les mĂ©morialistes et qui se sont nourris de leurs lectures, comme Stendhal, Balzac, Dumas ou Marguerite Yourcenar.

Pages d'une Ă©dition des Commentaires sur la guerre des Gaules de 1783.

Caractéristiques du genre

Une Ɠuvre autobiographique

Les mĂ©moires sont un genre littĂ©raire au croisement de l’autobiographie et de l’histoire[1]. Ils sont constituĂ©s de notes prises sur le vif, de piĂšces historiques (extraits de journaux, tĂ©moignages, correspondance
), de rĂ©cits rĂ©trospectifs en prose dans lesquels l’auteur assume son propre rĂ©cit et prĂ©tend restituer la vĂ©ritĂ© des Ă©vĂ©nements vĂ©cus.

La diffĂ©rence majeure entre l’autobiographie et les mĂ©moires rĂ©side dans la nature des faits racontĂ©s : dans le premier cas, le rĂ©cit est centrĂ© sur la vie privĂ©e de l’auteur ; dans le second, sur son Ă©poque. Dans les mĂ©moires, l’auteur raconte sa propre vie mais en axant son rĂ©cit sur des faits historiques auxquels il a assistĂ© en qualitĂ© de tĂ©moin ou pris part en tant qu’acteur. Les mĂ©moires permettent donc Ă  celui qui les compose de mĂȘler vie privĂ©e et vie publique mais en donnant plus de relief Ă  la seconde. L’auteur emploie ce biais pour apporter son propre tĂ©moignage et Ă©clairage sur une pĂ©riode historique dĂ©terminĂ©e – et bien souvent, profiter de l’occasion pour rappeler son action et privilĂ©gier son point de vue.

Une source historique majeure

Clio, muse de l’Histoire

Bien qu’ils ne soient pas toujours d’une exactitude irrĂ©prochable – les mĂ©morialistes ne sont pas des modĂšles d’impartialitĂ© – les mĂ©moires ont une valeur indĂ©niable pour la connaissance des faits historiques. La production des mĂ©moires se dĂ©veloppe en dehors de l’historiographie officielle et contre elle. C’est un tĂ©moignage direct de la haute noblesse, le compte rendu d’une expĂ©rience personnelle, dans la politique et dans la guerre[2]. Les mĂ©morialistes sont par nature plus proches des Ă©vĂ©nements dĂ©crits que les historiens. Ils fournissent des dĂ©tails sur les faits vĂ©cus et les paroles entendues - circonstances Ă©vanouies et donc hors de portĂ©e de qui rapporte l'histoire.

Les mĂ©moires ne doivent pas ĂȘtre confondus avec les chroniques. Les chroniqueurs sont contemporains des Ă©vĂ©nements qu’ils relatent, mais ils ne sont pas intervenus dans les affaires publiques. Ils consignent les faits historiques dans l’ordre de leur dĂ©roulement tandis que les mĂ©morialistes sont beaucoup plus libres dans la forme de leur Ɠuvre.

Les mémorialistes

Les premiers mĂ©morialistes de l’AntiquitĂ© Ă©taient issus du monde politique ou militaire, milieux lettrĂ©s de l’époque. Au Moyen Âge, les mĂ©morialistes appartiennent Ă  la haute noblesse. La rĂ©daction de mĂ©moires est un coup d’Ɠil rĂ©trospectif et la consĂ©quence d’une retraite, subie ou volontaire. C’est aussi trĂšs souvent une Ɠuvre de maturitĂ©. Les mĂ©morialistes s’opposent aux historiographes de profession, souvent de basse extraction, dont la plume est infĂ©odĂ©e Ă  leur commanditaires[2]. Au fur et Ă  mesure de la dĂ©mocratisation de la culture, la base des mĂ©morialistes s’est considĂ©rablement Ă©largie et le genre s’est banalisĂ©. Aujourd’hui on confond mĂ©moires et souvenirs. Nombre de ces textes fleurissent chaque annĂ©e sous cette Ă©tiquette (ce sont en rĂ©alitĂ© des autobiographies) Ă©crites (ou dictĂ©es) par des personnalitĂ©s du monde de la chanson, du cinĂ©ma, de la tĂ©lĂ©vision.

Premiers mémoires

Les premiers mĂ©moires datent de la GrĂšce antique. Dans l'Anabase, XĂ©nophon (426 ou -v. ) raconte l'expĂ©dition de Cyrus le Jeune et de la retraite des Dix-Mille, campagne Ă  laquelle il prit part[3]. On sait que le roi Pyrrhus Ier (v. 318 - ) rĂ©digea plusieurs mĂ©moires sur l'art de la guerre qui ont Ă©tĂ© perdus. Les mĂ©moires Ă©taient trĂšs rĂ©pandus chez les Romains depuis les Gracques, selon Tacite (Agricola, I, 2). Les Romains les appelaient « commentaires », mais la mauvaise transmission empĂȘche de cerner le genre. On peut Ă©galement les qualifier d'autobiographie politique, genre littĂ©raire propre aux Romains : les plus illustres citoyens consignaient dans ces Ă©crits les souvenirs de leur vie publique ou militaire. Sylla, Lucullus, CĂ©sar ont rĂ©digĂ© des Commentaires. Les vingt-deux livres de commentaires de Sylla, terminĂ©s la veille de sa mort, ainsi que ceux de Lucullus, sont perdus ; les autres ouvrages du genre, concernant des consuls, ne sont connus que par des fragments, des citations postĂ©rieures[4] - [5].

Les Commentaires sur la guerre des Gaules de Jules CĂ©sar sont un modĂšle du genre[6]. LittĂ©ralement aide-mĂ©moires, ils sont rĂ©digĂ©s dĂšs la fin de la campagne en en rĂ©ponse aux attaques et aux intrigues de ses adversaires[7]. C'est une Ɠuvre de propagande, bien que le dictateur n'ait pas trahi la vĂ©ritĂ©. Le style clair et concis a Ă©tĂ© louĂ© par les grands orateurs romains CicĂ©ron et Quintilien. Les Commentaires sur la guerre civile, Ă©galement de la main du futur Imperator, rapportent les Ă©vĂ©nements des annĂ©es 49 et 48 av. J.-C. lors de la guerre civile qui opposa Jules CĂ©sar et ses partisans Ă  PompĂ©e[8].

ValĂšre Maxime (Ier siĂšcle av. J.-C.), contemporain de TibĂšre, est l'auteur Des faits et des paroles mĂ©morables[9]. Ce recueil d'anecdotes en neuf livres pille les Ɠuvres d'historiens de l'Ă©poque. Libanios (314–394) est un auteur grec tardif et un grand rhĂ©toricien. Son 1er discours[10], Ă©crit en 374, repris, rĂ©visĂ©, augmentĂ© tout au long de sa vie, mĂȘle la peinture d'Ă©poque au rĂ©cit autobiographique. Procope (v. 500-560) est l’auteur de rĂ©cits dĂ©taillĂ©s du rĂšgne de l'empereur Justinien (483-565), notamment de Discours sur les Guerres[11] et de l'Histoire secrĂšte[12]. Ces mĂ©moires Ă  la paternitĂ© incertaine et Ă  l'authenticitĂ© douteuse sont une charge violente contre l'Empereur et sa femme ThĂ©odora[13].

MĂ©morialistes du Moyen Âge

Les premiers mĂ©moires en langue française sont des rĂ©cits de la quatriĂšme croisade (1202-1204). On les doit Ă  Robert de Clari et Geoffroi de Villehardouin. Robert de Clari est un petit propriĂ©taire pĂ©ronnais. Il prit part Ă  la croisade avec son seigneur Pierre d’Amiens. Sa ConquĂȘte de Constantinople, Ă©crite en dialecte picard, relate les choses vues ou entendues au cours de l’expĂ©dition[14]. Geoffroi de Villehardouin, marĂ©chal de Champagne au moment oĂč il prend la croix, est Ă©galement l’auteur d’une Histoire de la conquĂȘte de Constantinople. Contrairement Ă  Clari, Villehardouin est de la noblesse et occupe un rĂŽle de premier plan dans les Ă©vĂ©nements qu’il dĂ©crit, ce qui donne Ă  son ouvrage une grande valeur historique[15].

Jean de Joinville (1224-1317) est l’auteur d’une Vie de Saint Louis[16], hagiographie entreprise Ă  la demande de Jeanne Ire de Navarre. Cet ouvrage est achevĂ© en 1309. Joinville, qui fut l’ami de saint Louis, honore la mĂ©moire du roi en puisant dans ses souvenirs. De nombreux Ă©pisodes sont des rĂ©cits personnels de la 7e croisade Ă  laquelle a pris part Joinville[17]. Olivier de La Marche (1425-1501 ou 1502) est un officier bourguignon. Ses mĂ©moires[18] couvrent les Ă©vĂ©nements majeurs de l’histoire de France du XVe siĂšcle : entrevue de Montereau entre le futur Charles VII et Jean sans Peur, la succession de Philippe le Bon, le traitĂ© d’Arras, la fin de la guerre de Cent Ans. Il est aussi tĂ©moin du ballotage des Flandres entre le royaume de France et la dynastie des Habsbourg.

Philippe de Commynes (1445-1511) en prologue de ses mĂ©moires[19] publiĂ©s en 1524 et 1528, justifie ses intentions de mĂ©morialiste : « Écrire ce que j’ai su et connu des faits du roi Louis OnziĂšme ». L’indĂ©pendance de jugement, l’impartialitĂ© de l’observation ont fait la fortune de cet ouvrage[20]. Commynes est moins un mĂ©morialiste faisant Ɠuvre de tĂ©moignage qu’un historien et un juge des hommes et des faits de son temps. Sa dĂ©marche n’est pas trĂšs Ă©loignĂ©e de celle d’un moraliste[21].

MĂ©morialistes de la Renaissance

Fleuranges (1491-1537), dit le « Jeune Adventureux », est de toutes les campagnes sous François Ier. Il se distingue Ă  Marignan puis partage la captivitĂ© du roi, qu’il met Ă  profit pour Ă©crire ses MĂ©moires, Ă©ditĂ©s seulement en 1735. La naissance du protestantisme est une rĂ©volution spirituelle, et le prĂ©lude aux guerres de Religion. Les mĂ©moires de Martin Luther (1483-1546), le pĂšre de la RĂ©forme, sont apparus en 1835 grĂące au travail de Michelet[22]. Blaise de Monluc (1500-1577) est seigneur de Montluc, homme de lettres et gouverneur de Guyenne. Ayant participĂ© aux guerres d'Italie et aux guerres de religion, il Ă©crit Ă  la fin de sa vie ses Commentaires, qualifiĂ©s par Henri IV de « Bible du soldat ».

Pierre de L'Estoile (1546-1611), magistrat au Parlement de Paris, commence le , jour de la mort de Charles IX, la rĂ©daction de ses Registres journaux. Pendant 30 ans, sa plume infatigable consigne les Ă©vĂ©nements des rĂšgnes d’Henri III et d’Henri IV, jusqu’à sa mort. BrantĂŽme, Agrippa d'AubignĂ© se collent eux aussi Ă  la fin de leur vie au jeu des mĂ©moires. Marguerite de Valois (la Reine Margot), tĂ©moin de la Saint-BarthĂ©lemy et du soulĂšvement des Pays-Bas contre le roi d’Espagne, laisse des mĂ©moires Ă©clairants sur la cour des Valois. Guillaume de Saulx, lieutenant du roi Henri III en Bourgogne, se distingua pendant la Ligue. Ses MĂ©moires historiques couvrent les annĂ©es 1560 Ă  1596 et sont imprimĂ©s Ă  Paris en 1625. Les MĂ©moires de Sully, ministre d’Henri IV, sont des leçons d’économie[23]. Ils sont rĂ©digĂ©s Ă  la deuxiĂšme personne. Ces mĂ©moires contiennent Le Grand Dessein, un plan complet de rĂ©organisation des États europĂ©ens dirigĂ©s par un Conseil gĂ©nĂ©ral[24].

François de Bassompierre (1579-1646), marĂ©chal de France sous les rĂšgnes d’Henri IV et de Louis XIII, se distingue par ses faits d’armes et son goĂ»t pour la chasse. Ses MĂ©moires pleins d’anecdotes et d’esprit ont plus tard rĂ©vĂ©lĂ© sa vocation de mĂ©morialiste Ă  Saint-Simon. Barbey d’Aurevilly les lisait avec dĂ©lices. Le marĂ©chal Louis de Pontis (1583-1670) a servi dans les armĂ©es 56 ans, sous les rĂšgnes de Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. Il se retire Ă  Port-Royal des Champs pour Ă©crire ses mĂ©moires. On y trouve un tableau trĂšs noir du ministĂšre Richelieu.

En Italie, Benvenuto Cellini (1500-1571) sculpteur florentin de la Renaissance, est l’auteur de mĂ©moires sur sa vie intitulĂ©s Vie de Benvenuto Cellini par lui-mĂȘme. Ces mĂ©moires servent Ă  « complĂ©ter » Le Vite de Vasari, oĂč Cellini n’est pas mentionnĂ© parmi les meilleurs peintres, sculpteurs et architectes italiens.

MĂ©morialistes de l’Ancien RĂ©gime

MĂ©morialistes du Grand SiĂšcle

Le Grand SiĂšcle est une Ă©poque faste pour les mĂ©morialistes. Autour de 1675, beaucoup d’acteurs de la Fronde, vieillis et mis Ă  l’écart par Louis XIV, rĂ©digent leurs souvenirs[25]. La publication de mĂ©moires devient une mode littĂ©raire : on recense pas moins de 260 titres[26]. Ce fleurissement s’explique par l’histoire de France : la Fronde, la rĂ©gence d’Anne d’Autriche, la politique de Mazarin puis la montĂ©e en puissance du jeune Louis XIV sont des Ă©vĂ©nements riches en intrigues, complots, histoires secrĂštes, qui font le sel des mĂ©moires de cette Ă©poque. DĂšs leur parution « pirate » en 1662, les MĂ©moires de La Rochefoucauld (1613-1680) sont unanimement applaudis. Ces mĂ©moires, dont la composition prĂ©cĂšde les fameuses Maximes, commencent comme une autobiographie sous le rĂšgne de Louis XIII et s’achĂšvent Ă  la fin de la Fronde en 1653. Ils dĂ©crivent une histoire digne d’un roman d'aventures et un pays au bord de la guerre civile. L’auteur narre ses exploits romanesques au service de la reine Anne d’Autriche, sa rivalitĂ© avec Richelieu puis Mazarin. La Fronde y est analysĂ©e avec une luciditĂ© de moraliste.

Éditions de 1731 (chez Bernard Ă  Amsterdam) des mĂ©moires du cardinal de Retz.

Les MĂ©moires de l’ambitieux cardinal de Retz (1613-1679), entrepris peut-ĂȘtre Ă  la demande de Madame de SĂ©vignĂ©[27], paraissent aprĂšs sa mort en 1717. Ces MĂ©moires, dont le projet initial Ă©tait une simple autobiographie[28], font alterner portraits, Ă©tudes psychologiques, rĂ©cit d’évĂ©nements, analyses politiques. PlutĂŽt que d’expliquer les ressorts de l’histoire, la volontĂ© de Retz a Ă©tĂ© de tĂącher de comprendre pourquoi il a Ă©chouĂ© si complĂštement[29]. Les contre-vĂ©ritĂ©s sont nombreuses[30] mais l’ouvrage continue de jouir d’une grande rĂ©putation pour ses qualitĂ©s littĂ©raires et la plume assassine de l’auteur. Françoise de Motteville (1615-1689), premiĂšre femme de chambre d’Anne d’Autriche, est l’auteur de mĂ©moires[31] trĂšs factuels. Françoise de Motteville, qui fut le tĂ©moin quotidien de la vie de la reine, a tenu journal de ce qu’elle voyait et entendait. C’est ce journal qui a Ă©tĂ© publiĂ© sous le titre de MĂ©moires. Ceux-ci ont une valeur historique importante : du fait de la position privilĂ©giĂ©e de l’auteur, les faits, rapportĂ©s avec franchise et bonne foi, sont nombreux, authentiques et de premiĂšre main. Ce souci tyrannique de tout dire, de tout Ă©clairer, fait le mĂ©rite et le dĂ©faut de son ouvrage : l’auteur ne recule pas devant le dĂ©tail bavard, ce qui en rend la lecture fastidieuse et aride.

Roger de Bussy-Rabutin (1618-1693), le cousin turbulent de Madame de SĂ©vignĂ©, auteur d’un scandale avec son Histoire amoureuse des Gaules, qui lui valent en 1665 la disgrĂące royale et l’embastillement, est libĂ©rĂ© un an plus tard puis exilĂ© pendant 16 ans dans ses terres de Bourgogne. Pour se consoler d’avoir interrompu sa carriĂšre militaire et son ascension Ă  la Cour, Bussy-Rabutin y rĂ©dige ses MĂ©moires, qui reflĂštent bien son caractĂšre aventureux et son goĂ»t pour la galanterie. Tallemant des RĂ©aux (1619-1692) est l’auteur des Historiettes, recueil de courtes biographies d’hommes et femmes illustres de son temps (Ă©crivains, hommes d’État, courtisanes), prĂ©cieux pour l’histoire littĂ©raire du XVIIe siĂšcle. D’abord publiĂ©s clandestinement, ils seront rĂ©vĂ©lĂ©s en intĂ©gralitĂ© en 1834. Nicolas Fontaine (1625-1709) est l’auteur de prĂ©cieux MĂ©moires pour servir Ă  l’histoire de Port-Royal publiĂ©s en 1725.

Le mémorialiste Saint-Simon

La liste des mĂ©morialistes de cette Ă©poque est sans fin : Marie de Nemours, Gourville, Boulainvilliers, Hortense et Marie Mancini, la Grande Mademoiselle, MontrĂ©sor, La Fare, la princesse Palatine, Saint-RĂ©al, Primi Visconti, Le Nain de Tillemont, Madame de La Fayette, la marquise de Caylus, les MĂ©moires de l’abbĂ© de Choisy dĂ©guisĂ© en femme.

La mode est Ă©galement aux pseudo-mĂ©moires, dont Gatien de Courtilz de Sandras s’est fait une spĂ©cialitĂ©. Les MĂ©moires de D’Artagnan est son ouvrage le plus connu. Antoine Hamilton est l’auteur des MĂ©moires de la vie du comte de Grammont qui retrace le parcours de son beau-frĂšre Philibert de Gramont, aristocrate français, Ă  la Cour d’Angleterre sous le rĂšgne de Charles II. Les mĂ©moires donnent Ă©galement naissance Ă  un autre genre littĂ©raire : le roman-mĂ©moires, dont Marie-Catherine de Villedieu est l’inventrice avec ses MĂ©moires de la vie de Henriette-Sylvie de MoliĂšre (1671).

Torcy (1665-1746), secrĂ©taire d'État aux Affaires Ă©trangĂšres sous Louis XIV, est l’auteur de MĂ©moires qui sont des leçons de politique[23]. Saint-Simon les fait recopier pour son usage, et Voltaire s’en servira pour son SiĂšcle de Louis XIV. Le marquis de Dangeau (1638-1720) est l’auteur d’un vaste Journal oĂč il dĂ©crit pendant 30 ans la vie Ă  la cour de Versailles Ă  la fin du rĂšgne de Louis XIV. Ces mĂ©moires mĂ©diocres sont plus connus pour avoir servi de point de dĂ©part Ă  ceux du grand mĂ©morialiste Saint-Simon (Additions au Journal de Dangeau)[32].

Saint-Simon (1675-1755) a frĂ©quentĂ© la cour du roi Soleil sans jouer de rĂŽle politique majeur, Ă  son grand regret et malgrĂ© plusieurs tentatives pour occuper des postes. RĂ©duit Ă  l’observation, il enregistre tout et restitue en un grand « miroir historial » les derniĂšres dĂ©cennies du temps de Louis XIV, la RĂ©gence et l’histoire de sa vie. La premiĂšre Ă©dition complĂšte des MĂ©moires de Saint-Simon ne paraĂźt qu'en 1829-1830. Ces MĂ©moires sont l’Ɠuvre monumentale d’un gĂ©nie, moraliste virulent et peintre incomparable. L’occasion est belle de prendre sa revanche, et l’auteur rĂ©pand sa hargne dans un style passionnĂ© jusqu’à la violence (nombreux portraits-charges). Leur influence s’étend sur des personnalitĂ©s aussi diverses que Chateaubriand, Proust, Stendhal, les Goncourt, Barbey d’Aurevilly, Jules Renard, Colette, Marguerite Yourcenar.

MĂ©morialistes de la fin de l’Ancien RĂ©gime

Un grand nombre de mĂ©moires sont issus du XVIIIe siĂšcle. Si beaucoup sont des tĂ©moignages intĂ©ressants et prĂ©sentent un intĂ©rĂȘt historique, aucun ne peut prĂ©tendre au rang de chef-d’Ɠuvre littĂ©raire. C’est l’époque des salons et nombre de ces ouvrages sont des reflets de la vie littĂ©raire.

Le Journal et mĂ©moires du marquis d’Argenson reflĂšte l’histoire politique du rĂšgne de Louis XV. Le mĂ©morialiste se fait volontiers moraliste. Le comte de Saint-Priest occupe des postes sous Louis XV et Louis XVI. Ses MĂ©moires variĂ©s font alterner campagnes militaires et vie de cour. Les MĂ©moires sur Louis XV et Madame de Pompadour de Madame du Hausset dĂ©crivent les corruptions Ă  la tĂȘte du royaume. Les mĂ©moires inachevĂ©s de Duclos[33] portent sur les premiĂšres dĂ©cennies du XVIIIe siĂšcle ; ceux d’Alexandre de Tilly[34] peignent les mƓurs de la fin du XVIIIe siĂšcle. Besenval, membre du cercle privĂ© de la Reine, est un tĂ©moin intĂ©ressant de la vie de la Cour sous Louis XVI, et de l’agonie de l’Ancien RĂ©gime. Il laisse des mĂ©moires scandaleux[35], tout comme le cardinal de Bernis[36]. La baronne d’Oberkirch Ă©crit des MĂ©moires sur la cour de Louis XVI et la sociĂ©tĂ© française avant 1789. Lauzun laisse des MĂ©moires sur la cour riches en histoires galantes.

Les grands Ă©crivains de l’époque ont laissĂ© des mĂ©moires souvent anecdotiques. Les MĂ©moires de jeunesse de Marguerite de Staal-Delaunay concernent les annĂ©es de RĂ©gence. Voltaire, Ă  la suite de sa brouille avec FrĂ©dĂ©ric II de Prusse, rĂ©dige des mĂ©moires pleins de ressentiment et d’admiration[37]. Marmontel est l’auteur de MĂ©moires d’un pĂšre pour l’éducation de ses enfants publiĂ©s aprĂšs sa mort. Les Contre-confessions. Histoire de Madame de Montbrillant de Louise d'Épinay[38] sont un roman Ă  clefs autobiographique, rĂ©digĂ© Ă  l’aide de Grimm et de Diderot, en rĂ©ponse aux Confessions de Rousseau. Les MĂ©moires de Beaumarchais sont louĂ©s par Voltaire[39].

FĂ©licitĂ© de Genlis (1746-1830) brosse avec nostalgie les mƓurs et les rĂȘves de la sociĂ©tĂ© aristocratique d’Ancien RĂ©gime Ă  la veille de la RĂ©volution[40]. Dans son salon de la rue de Bellechasse Ă  Paris, elle reçoit les Ă©crivains de son temps et des opposants Ă  la monarchie absolue : on croise dans ses mĂ©moires Madame du Deffand, Voltaire, Rousseau, Madame du Barry, Talleyrand. Son ouvrage entremĂȘle anecdotes et analyses, et tĂ©moigne de la « douceur de vivre » : art raffinĂ© de la fĂȘte et du divertissement, art de la conversation, rituels mondains, vie littĂ©raire animĂ©e.

Madame Campan (1752-1822), femme de chambre de Marie-Antoinette qu’elle sert jusqu’en 1792, est l’auteur de mĂ©moires qui se prĂ©tendent ĂȘtre un tĂ©moignage unique sur l’Ancien RĂ©gime, la RĂ©volution, la vie quotidienne et la personnalitĂ© de la Reine[41]. Mais Mme Campan Ă©crit ses MĂ©moires sous la Restauration, avec le dĂ©sir de se faire pardonner d'avoir servi NapolĂ©on Ier (en tant que directrice de la Maison d'Ă©ducation d'Ecouen), et plusieurs faits qu'elle cite sont improuvĂ©s par les documents et par le rappel des limites au pouvoir du Roi dans la Constitution de 1791. Les mĂ©moires d’Henriette-Lucie Dillon, marquise de La Tour du Pin Gouvernet, Ă©pouse du comte de Gouvernet (marquis de La Tour du Pin en 1825) informent sur la fin de l’Ancien RĂ©gime, la RĂ©volution, la vie sous le Consulat et l’Empire. Des pages relatent l’aventure de l’exil en AmĂ©rique, oĂč Henriette-Lucie mĂšne briĂšvement une vie de campagne et se lie d’amitiĂ© avec les Indiens[42].

MĂ©morialistes de la RĂ©volution et du Directoire

Rivarol, Mémoires contre-révolutionnaires.

La rĂ©volutionnaire Madame Roland (1754-1793), victime de la purge de 1793, a composĂ© ses mĂ©moires dans l’urgence[43]. Les MĂ©moires de Madame la duchesse de Tourzel, gouvernante des enfants de France de 1789 Ă  1795 relatent la fuite de Varennes et la dĂ©tention Ă  la tour du Temple.

Rivarol (1753-1801), esprit fin et mordant, a le goût de la polémique. Il prend la défense de la monarchie dans ses Mémoires contre-révolutionnaires, recueil de ses articles du Journal politique et national.

La marquise de La Rochejaquelein (1772-1857) est l’auteur des mĂ©moires les plus cĂ©lĂšbres consacrĂ©s Ă  la guerre de VendĂ©e[44]. Ils inspireront Balzac pour ses Chouans et Barbey d'Aurevilly pour son Chevalier Des Touches.

Les Mémoires de Paul Barras (1755-1829) couvrent la Révolution et la période du Directoire. Mathieu Molé (1781-1855) a écrit ses Souvenirs de jeunesse, 1793-1803.

MĂ©moires d'artistes, d'agents du roi et d'aventuriers

Parmi les mĂ©moires notables de ce temps, il faut citer l'Ɠuvre de trois aventuriers : Giuseppe Gorani[45], Casanova (Histoire de ma vie) et le prince de Ligne.

On peut aussi avoir une forme originale telle Les Voyages fameux du sieur Vincent Le Blanc marseillois de Vincent Le Blanc, des mémoires sous la forme d'un carnet de voyage, bien que les publications originales furent détruites, ne laissant la place qu'à des éditions trÚs remaniés[46].

Élisabeth VigĂ©e Le Brun (1755-1842), la cĂ©lĂšbre artiste, peintre officiel ayant fui la RĂ©volution, est aussi l'auteur des MĂ©moires d'une portraitiste. Lorenzo da Ponte, librettiste de l'opĂ©ra de Vienne, ayant collaborĂ© avec Mozart, a Ă©crit les siens.

Certains agents du roi, comme Claude de Forbin et Scipion de Castries (tous deux de la Marine royale), le marquis de La Maisonfort (Mémoires d'un agent royaliste), Canler (chef du service de sûreté) ont laissé des mémoires qui éclairent sur leurs fonctions.

MĂ©morialistes du XIXe siĂšcle

Mémoires évoquant Napoléon Ier

L’exil Ă  Sainte-HĂ©lĂšne de NapolĂ©on Ier donne lieu Ă  des confidences de l’empereur dĂ©chu, recueillies par ceux qui l’accompagnent : Henri-Gatien Bertrand, Gaspard Gourgaud, Charles-Tristan de Montholon, AndrĂ© Pons de l'HĂ©rault et surtout Emmanuel de Las Cases. Le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne[47] est le fruit d’entretiens quasi-quotidiens de Las Cases avec l’Empereur. L’ouvrage, qui jouit d’une notoriĂ©tĂ© immense, est plus fidĂšle Ă  NapolĂ©on qu’à la vĂ©ritĂ© historique[48].

Les guerres napolĂ©oniennes et la vie militaire sont documentĂ©es par le colonel Marcellin Marbot, le gĂ©nĂ©ral Hugo (MĂ©moires sur la guerre d’Espagne), Lavalette. La vie intime du Corse est racontĂ©e dans les mĂ©moires de Bourrienne, intime de NapolĂ©on, et dans ceux de Louis Constant Wairy, son valet de chambre. L’impĂ©ratrice JosĂ©phine est le sujet des MĂ©moires de Georgette Du Crest (1789-1882) et des MĂ©moires de Mademoiselle Avrillion, sa premiĂšre femme de chambre. La reine Hortense, belle-fille de NapolĂ©on, a pris la plume pour ses propres MĂ©moires. Notons aussi les mĂ©moires de Joseph FouchĂ©, le grand maĂźtre de la police sous le Consulat et l'Empire, ceux de Louis Fauche-Borel et du Chevalier Bernard de Fontvielle. Quatre femmes de talent ont Ă©galement publiĂ© leurs mĂ©moires : Madame de Genlis, Madame de Campestre (cousine du comte Ange Achille de Neuilly), la duchesse d'AbrantĂšs, veuve du gĂ©nĂ©ral Junot, et Ida Saint-Elme qui a fait paraĂźtre, sans doute avec l'aide de collaborateurs, un ouvrage Ă  succĂšs intitulĂ© MĂ©moires d'une contemporaine. À cela s'ajoutent deux livres parus anonymement : MĂ©moires d'une femme de qualitĂ© et MĂ©moires d'un pair de France, sans doute l'Ɠuvre du petit atelier d'Ă©criture d'Étienne Lamothe-Langon. En 1848, au tout dĂ©but de la Monarchie de Juillet, Ă©taient publiĂ©s Ă  titre posthume (il Ă©tait mort peu avant) les MĂ©moires d'outre-tombe de Chateaubriand[49]. En 1865 est publiĂ© Dix annĂ©es d'Ă©migration : Souvenirs et Correspondance du comte de Neuilly, par son neveu Maurice de Barberey.

Mémoires littéraires et souvenirs

À l'Ă©tranger certains auteurs de qualitĂ© ont soin d'Ă©crire leur vie. En Italie nous avons les mĂ©moires de Goldoni, de Pellico (Mes prisons), de Leopardi, et la Vita d'Alfieri. En Allemagne ceux de Goethe (PoĂ©sie et vĂ©ritĂ©). En Angleterre, Thomas Moore rĂ©dige les mĂ©moires posthumes de Lord Byron en marge du journal et de la correspondance du grand poĂšte.

NĂ© sous Louis XV, mort sous Louis-Philippe, Talleyrand (1754-1838) incarne le cynisme et l'ambition dans les affaires publiques. Il connaĂźt huit rĂ©gimes, six souverains et devient six fois ministre des Affaires Ă©trangĂšres. Son parcours est cousu de trahisons (contre le clergĂ©, contre NapolĂ©on, contre Charles X) et de reniements pour s'accrocher au pouvoir et durer. Son talent de parfait opportuniste l'amĂšne Ă  composer des MĂ©moires, qui le montrent soucieux de la grandeur de l'État. Talleyrand n'Ă©crit pas pour raconter sa vie ou les Ă©vĂ©nements de son Ă©poque, mais pour le temps prĂ©sent. C'est le contraire de Chateaubriand (1768-1848), homme d'État manquĂ©, dont les imposants MĂ©moires d'outre-tombe (son chef-d'Ɠuvre) visaient d'abord Ă  une publication posthume[alpha 2]. L'Ɠuvre hĂ©site en plusieurs endroits entre mĂ©moire et fiction. Leur rĂ©daction s'Ă©tale sur plus de trente ans. Chateaubriand met en scĂšne sa vie d'Ă©crivain voyageur, d'exilĂ©, de professeur, d'ambassadeur, de ministre. Il s'y montre royaliste convaincu et grand admirateur de NapolĂ©on, auquel il consacre une partie importante de son livre.

Les Récits d'une tante, mémoires de la comtesse de Boigne née d'Osmond (1781-1866) reflÚtent les évolutions de la vie mondaine entre la fin de l'Ancien Régime et la fin de la monarchie de Juillet. Durant sa longue existence, elle voit défiler onze rÚgnes et régimes différents. Son salon parisien de l'hÎtel de Lannion, puis de la rue d'Anjou, ses dßners du dimanche soir à Chùtenay, ont accueilli les grands acteurs de la vie littéraire, politique et diplomatique de son temps. Proust s'est inspiré d'elle pour sa duchesse de Guermantes et de ses mémoires pour décrire la vie des salons. Leur premiÚre publication date de 1907.

La princesse DorothĂ©e de Courlande (1793-1862), duchesse de Dino, est rĂ©putĂ©e pour sa haute intelligence et sa grande beautĂ©. Elle relate son existence haute en couleur dans les sphĂšres de l'aristocratie europĂ©enne dans des MĂ©moires qui la rĂ©vĂšlent Ă©crivain. Les gloires de l’époque ne manquent pas d’écrire leurs mĂ©moires : Alexandre Dumas (Mes MĂ©moires), George Sand (Histoire de ma vie). Victor Hugo laisse des mĂ©moires Ă  l'image de sa personne, Choses vues, une Ɠuvre dĂ©cousue allant de 1830 Ă  1885. Stendhal, ignorĂ© de son vivant, masque Ă  peine les siens dans Vie de Henry Brulard. Il laisse en outre des Souvenirs d'Ă©gotisme. Les mĂ©moires des cĂ©lĂšbres criminels Lacenaire et Vidocq sont de vrais feuilletons et rencontrent le succĂšs.

Les Mémoires de Vidocq, malgré le fait qu'ils furent écrites par des « teinturiers »[46] - [50] - [51], influencent notamment les personnages de Vautrin (dans Balzac), de Dupin (Edgar Poe), et de Jean Valjean (Victor Hugo).

Les recueils de souvenirs fleurissent en cette pĂ©riode : Marie d'Agoult, Tocqueville, Maxime Du Camp, Ernest Renan, Barbey d'Aurevilly (Memorandum). Gustave Flaubert avec MĂ©moires d'un fou livre une autobiographie lyrique et anticipĂ©e - il l’écrit Ă  18 ans - et Novembre, qui participe de la mĂȘme inspiration.

Les compositeurs Hector Berlioz et Charles Gounod ont laissĂ© des mĂ©moires, qui mĂȘlent l'autobiographie aux considĂ©rations artistiques et Ă  l'esthĂ©tique musicale. Horace de Viel-Castel rĂ©dige des mĂ©moires caustiques sur le Second Empire[52]. La fin de siĂšcle et la Belle Époque sont abondamment commentĂ©es. Jules et Edmond de Goncourt ont laissĂ© un monumental Journal, mĂ©moires de la vie littĂ©raire devenu cĂ©lĂšbre pour son fiel. LĂ©on Daudet a tracĂ© des centaines de portraits, illustrĂ©s d'autant d'anecdotes dans ses Souvenirs des milieux littĂ©raires, politiques, artistiques et mĂ©dicaux en six volumes. Louise Michel (1830-1905), Ă©crivain et militante anarchiste, a rĂ©digĂ© La Commune, Histoire et souvenirs et des MĂ©moires. Judith Gautier a Ă©crit Le Collier des jours, Robert de Montesquiou Les Pas effacĂ©s. Les cĂ©lĂšbres danseuses ClĂ©o de MĂ©rode et Isadora Duncan ont rĂ©digĂ© leurs souvenirs. Enfin, il convient de citer les mĂ©moires de Jean-Marie DĂ©guignet, unique dans le sens oĂč elles ont Ă©tĂ© Ă©crites par un homme du peuple : un paysan breton autodidacte passionnĂ© et anticonventionnel qui nous livre un tĂ©moignage prĂ©cieux sur le second empire et la troisiĂšme rĂ©publique tel qu'ils Ă©taient vĂ©cu dans les classes populaires.

MĂ©moires et souvenirs du XXe siĂšcle

MĂ©moires d'hommes d'État et leaders politiques

La frontiĂšre devient floue entre journal, mĂ©moires, souvenirs et rĂ©cits autobiographiques. Certaines Ɠuvres restent des mĂ©moires de tradition. Charles de Gaulle (1890-1970) est l'auteur de MĂ©moires de guerre et de MĂ©moires d'espoir, Ɠuvres consciencieuses, ornĂ©es d'un grand style. Son homologue britannique Winston Churchill (1874-1965), laurĂ©at du prix Nobel de littĂ©rature en 1953, est mĂ©morialiste reconnu et historien respectĂ©. ValĂ©ry Giscard d'Estaing est l'auteur de mĂ©moires sur son septennat (Le Pouvoir et la Vie). Certains leaders spirituels et politiques, comme Gandhi, Nehru, Thomas Edward Lawrence, Tenzin Gyatso (l'actuel DalaĂŻ-lama) ou Malcolm X, ont laissĂ© des autobiographies engagĂ©es.

Les mĂ©moires peuvent quelquefois servir Ă  la propagande et au culte de la personnalitĂ©. C'est le cas des mĂ©moires, en trilogie, de LĂ©onid Brejnev, dirigeant de l'URSS. Les confidences, Ă©crites par des journalistes « nĂšgres » lui valent un succĂšs considĂ©rable, des tirages consĂ©quents, une critique Ă©logieuse, des Ă©tudes et le prix LĂ©nine de la littĂ©rature. La trilogie exagĂšre grandement le rĂŽle de Brejnev durant la Grande Guerre patriotique, le dirigeant n'Ă©tant pas impliquĂ© dans l'Ă©criture de « son » Ɠuvre[53].

AndrĂ© Malraux (1901-1976) est l'auteur d'AntimĂ©moires, premiĂšre partie du Miroir des limbes, publiĂ©s en 1967. Les AntimĂ©moires sont un genre en soi. L'auteur dĂ©finit son ouvrage comme des mĂ©moires en nĂ©gatif : « J'appelle ce livre « AntimĂ©moires », parce qu'il rĂ©pond Ă  une question que les mĂ©moires ne posent pas, et ne rĂ©pond pas Ă  celles qu'ils posent. » Les AntimĂ©moires mĂȘlent rĂ©cits fictifs, vrais et faux souvenirs, rĂȘveries et mĂ©ditations[54]. Malraux publie aussi en 1971 Les ChĂȘnes qu'on abat, ouvrage de souvenirs et de rĂ©flexions, fruits d'entretiens avec le gĂ©nĂ©ral de Gaulle.

RĂ©cits et carnets de guerre

La PremiĂšre Guerre mondiale mobilise toute une gĂ©nĂ©ration d’écrivains. Les Ɠuvres autobiographiques et parfois romancĂ©es de Henri Barbusse (Le Feu), Ernst JĂŒnger (Orages d'acier), Louis-Ferdinand CĂ©line (Casse-pipe, Carnet du cuirassier Destouches), Roland DorgelĂšs (Les Croix de bois), Blaise Cendrars (La Main coupĂ©e), Maurice Genevoix (Ceux de 14) font Ă©tat de cette expĂ©rience traumatisante.

Des polĂ©miques naissent Ă  propos de ces Ɠuvres qui mĂ©langent tĂ©moignage et littĂ©rature, la plus importante d’entre elles Ă©tant dĂ©clenchĂ©e par la publication en 1929 du monumental essai de Jean Norton Cru intitulĂ© TĂ©moins[55] : les livres de DorgelĂšs et de Barbusse notamment sont vivement critiquĂ©s, provoquant de virulentes rĂ©actions de la part des intĂ©ressĂ©s[56].

MĂ©moires de la Seconde guerre mondiale

L’expĂ©rience des camps de concentration a donnĂ© lieu Ă  de nombreux tĂ©moignages. Primo Levi a Ă©crit Si c’est un homme, rĂ©cit de son expĂ©rience Ă  Auschwitz. Elie Wiesel relate la sienne dans La Nuit. Citons Ă©galement Le Grand Voyage de Jorge SemprĂșn, Le sang de l’espoir de Samuel Pisar, Le Requiem de Terezin de Joseph Bor, L’EspĂšce humaine de Robert Antelme, les Ɠuvres de Charlotte Delbo et celles de Imre KertĂ©sz. WƂadysƂaw Szpilman a Ă©crit Le pianiste, rĂ©cit de sa vie dans le ghetto de Varsovie et dans la ville de Varsovie.

Proches des mĂ©moires, on trouve les rĂ©cits de combattants de l’ArmĂ©e de l’air Pierre Clostermann (Le Grand Cirque), Antoine de Saint-ExupĂ©ry (Pilote de guerre, Lettre Ă  un otage), ceux de l’ArmĂ©e de terre Sven Hassel (La lĂ©gion des damnĂ©s) et Joseph Kessel (Le Bataillon du Ciel) ou de l’US Air Force avec Moritz Thomsen (Mes deux guerres). La RĂ©sistance française est documentĂ©e dans les Ɠuvres de Louis Aragon (Le MusĂ©e GrĂ©vin, La Diane française), Marc Bloch (L’Étrange dĂ©faite) et Joseph Kessel (L’ArmĂ©e des ombres). Alain Robbe-Grillet (Le Miroir qui revient) et François Cavanna (Les Russkoffs) ont livrĂ© des tĂ©moignages Ă  propos du Service du travail obligatoire. Lors de sa dĂ©tention, le SS commandant d’Auschwitz Rudolf Höss a rĂ©digĂ© des mĂ©moires publiĂ©s en 1958[57]. Ernst JĂŒnger a livrĂ© dans ses journaux de guerre publiĂ©s en 1949 un tableau personnel de la campagne de France de 1940 du cĂŽtĂ© allemand ainsi que de son expĂ©rience d’officier d’Occupation Ă  Paris.

RĂ©cits autobiographiques

Le mĂ©lange des genres s’accentue. La distinction entre mĂ©moires, souvenirs, autobiographie (et parfois la fiction) devient floue. Les Ă©crivains entreprennent des rĂ©cits autobiographiques plutĂŽt que des mĂ©moires : François Mauriac (MĂ©moires intĂ©rieurs, Nouveaux MĂ©moires intĂ©rieurs), Blaise Cendrars (L’Homme foudroyĂ©, La Main coupĂ©e, Bourlinguer, Le Lotissement du ciel), Simone de Beauvoir (MĂ©moires d’une jeune fille rangĂ©e, La Force de l’ñge), Sartre (Les Mots), Bianca Lamblin (MĂ©moires d’une jeune fille dĂ©rangĂ©e), Charles Bukowski (Souvenirs d'un pas grand-chose), FrĂ©dĂ©rick Tristan (RĂ©fugiĂ© de nulle part).

De nombreux rĂ©cits se concentrent sur les annĂ©es d’apprentissage. Les Ă©crivains n’hĂ©sitent pas Ă  donner une tournure romanesque aux souvenirs de leur enfance : Marguerite Yourcenar (trilogie Le Labyrinthe du monde), Marcel Pagnol (romans autobiographiques des Souvenirs d'enfance), Albert Cohen (Ô vous, frĂšres humains), Julien Green (Souvenirs des jours heureux). Georges Perec dans W ou le Souvenir d'enfance fait alterner un chapitre sur deux une fiction et un rĂ©cit autobiographique.

Mémoires de célébrités

Par abus de langage, les mĂ©dias qualifient de mĂ©moires indiffĂ©remment tout texte autobiographique ou recueil de souvenirs. Les mĂ©moires de musiciens ou de leurs proches (amis, producteurs, managers) sont une tendance : Billie Holiday, Miles Davis, Johnny Cash, Nick Mason, Bill Wyman, Andrew Loog Oldham[58], Ronnie Spector[59], Dee Dee Ramone, Sting, Bob Dylan[60], Ronnie Wood, Eric Clapton, Keith Richards. De grands cinĂ©astes ont pris la plume et rĂ©digĂ© l’histoire de leur vie (Josef von Sternberg, Charlie Chaplin, Leni Riefenstahl), imitĂ©s par de nombreux comĂ©diens : Arletty, Marlene Dietrich, Jean Marais, Jean-Claude Brialy. Le monde de la tĂ©lĂ©vision et de la radio est aussi reprĂ©sentĂ© : Michel Drucker, Thierry Ardisson, Patrick SĂ©bastien, Claude Villers. Les sportifs ne sont pas en reste, avec Raymond Kopa, Michel Platini, Dominique Rocheteau.

MĂ©moires d’anonymes

RĂ©guliĂšrement des inconnus entreprennent d’écrire leurs mĂ©moires en raison de leur vie Ă©difiante, de la singularitĂ© de leur profession passĂ©e, de leur ancienne appartenance Ă  une organisation criminelle ou Ă  une organisation gouvernementale dont les rouages sont mal connus : mĂ©moires d’anciens agents de la CIA (Robert Baer
), mĂ©moires d’agents secrets (Pierre-Henri Bunel, Pierre Martinet
), mĂ©moires de yakuza, mĂ©moires de geisha (Yuki Inoue, Mineko Iwasaki), etc.

ƒuvres de fiction

Le genre des mĂ©moires a souvent influencĂ© les procĂ©dĂ©s dramatiques de l’écriture romanesque. De nombreux romans se prĂ©sentent comme les mĂ©moires (ou l’autobiographie) de personnages fictifs. Ce parti pris renforce la rĂ©alitĂ© de l’illusion. Quelques exemples :

N.B. Pour les mĂ©moires fictifs de personnages rĂ©els (comme les MĂ©moires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar); consulter l’article des pseudo-mĂ©moires.

Notes et références

Notes

  1. La majuscule pourrait distinguer le « genre littĂ©raire » des « ouvrages administratifs ou universitaires » (cf. Jean-Louis Jeannelle, Écrire ses MĂ©moires au XXe siĂšcle : dĂ©clin et renouveau, Gallimard, coll. « BibliothĂšque des idĂ©es », ). Ceci serait confirmĂ© par Le Petit Larousse (Ă  l'entrĂ©e « mĂ©moire » : « (Avec une majuscule.) [
] Les MĂ©moires de Saint-Simon »), mais infirmĂ© par Le Petit Robert (Ă  l'entrĂ©e « mĂ©moire » : « Écrire ses mĂ©moires », ce qui sous-entend que l'Ă©criture « les MĂ©moires » serait rĂ©servĂ©e Ă  un titre d'Ɠuvre, comme le font apparaĂźtre dans la mĂȘme entrĂ©e l'exemple prĂ©cĂ©dent « Les MĂ©moires d'outre-tombe, de Chateaubriand » et l'exemple suivant dĂ» Ă  Gide « Les MĂ©moires ne sont jamais qu'Ă  demi sincĂšres »).
  2. Voir la célÚbre préface testamentaire.

Références

  1. Et mĂȘme des lettres et de l’épopĂ©e, d’aprĂšs Gallica.
  2. Jean Lafond, La Rochefoucauld, MĂ©moires, p. 8.
  3. áŒˆÎœÎŹÏÎ±ÏƒÎčς (Anabasis) Anabase de XĂ©nophon : livre I.
  4. Imago Mundi.
  5. L'annalistique romaine. Tome III, L'annalistique rĂ©cente ; L'autobiographie politique : fragments, Les Belles Lettres, Collection des universitĂ©s de France, 2004, « Introduction gĂ©nĂ©rale ». Les autobiographies politiques Ă©tudiĂ©s dans l'ouvrage sont ceux de Sylla, Marcus Aemilius Scaurus, Publius Rutilius Rufus et Quintus Lutatius Catulus. Le premier autobiographe pourrait ĂȘtre l'un des Sempronius Gracchus mais les deux fragments conservĂ©s peuvent aussi ĂȘtre une biographie. Tous sont perdus, ne subsiste que les citations et tĂ©moignages postĂ©rieurs, notamment de CicĂ©ron, Pline, ValĂšre-Maxime, Quintilien.
  6. Commentarii de Bello Gallico, CĂ©sar, Guerre des Gaules, I.
  7. Maurice Rat, Jules CĂ©sar, La Guerre des Gaules, p. 5.
  8. De bello civile, CĂ©sar - Guerre civile - Livre I.
  9. Factorum dictorumque memorabilium libri IX, ValĂšre Maxime.
  10. Oration I.
  11. áŒčÏƒÏ„ÎżÏÎŻÎ±Îč / historĂ­ai ou ᜙πáœČρ Ï€ÎżÎ»Î­ÎŒÏ‰Îœ Î»ÏŒÎłÎżÎč / HupĂ©r tĂŽn polĂ©mĂŽn lĂłgoi ou De Bello Gottorum De bello gottorum (Reprod.) / ed. Jacobi Mazzochii ; per Christophorum Persona romanum priorem S. Balbinae traductus.
  12. ገΜέÎșÎŽÎżÏ„Î± / Historia arcana Gallica - Procope de CĂ©sarĂ©e (051.?-055.?). Anecdota, ou Histoire secrĂšte de Justinien / traduite de Procope. GĂ©ographie du VIe siĂšcle et rĂ©vision de la numismatique d'aprĂšs le livre de Justinien... / par M. Isambert. 1856..
  13. Laura Knight-Jadczyk, Vérité ou Mensonge.
  14. Pauphilet 1952, p. 3.
  15. Pauphilet 1952, p. 85.
  16. Jehans de Joinville, Livre des saintes paroles et des bons faiz de nostre roy saint Looys.
  17. Pauphilet 1952, p. 197.
  18. MĂ©moires de messire Olivier de la Marche, Lyon, 1562.
  19. Les MĂ©moires de messire Philippe de Comines, chevalier, seigneur d’Argenton, sur les principaux faicts et gestes de Louis onziĂšme & de Charles huictiĂšme son fils, roys de France.
  20. Marmontel, ÉlĂ©m. litt. ƒuv. t. VIII, p. 345 « La premiĂšre place entre les mĂ©moires expressĂ©ment Ă©crits pour servir Ă  l’histoire me semble due Ă  ceux de Commines, pour leur soliditĂ©, leur ingĂ©nuitĂ© et leur vĂ©ritĂ© lumineuse ».
  21. Pauphilet 1952, p. 947.
  22. MĂ©moires de Luther Ă©crits par lui-mĂȘme, traduits et mis en ordre par Jules Michelet.
  23. Marmontel, ÉlĂ©m. litt. ƒuv. t. VIII, p. 349.
  24. Sully sur Imago Mundi.
  25. Cardinal de Retz, p. 38.
  26. Contre 80 titres environ pour le XVIIe siÚcle Jean Lafond, La Rochefoucauld, mémoires, p. 7.
  27. Sur l’identitĂ© de la confidente, cf. Cardinal de Retz, p. 37.
  28. Ces mĂ©moires s’intitulent au dĂ©part Vie du cardinal de Rais, cf. Cardinal de Retz, p. 41.
  29. Cardinal de Retz, p. 39.
  30. Sur la sincérité de Retz, cf. Cardinal de Retz, p. 43.
  31. MĂ©moires pour servir Ă  l’histoire d’Anne d’Autriche, Ă©pouse de Louis XIII Roi de France & de Navarre, Par Madame de Motteville Une de ses Favorites.
  32. Mémoires de Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon Mémoires de Saint-Simon - texte intégral.
  33. MĂ©moires sur la vie de Duclos, Ă©crits par lui-mĂȘme, ƒuvres complĂštes, Paris, Ă©d. Auger, 1820-1821, t. I, p. lvij-cxxij.
  34. MĂ©moires du comte Alexandre de Tilly pour servir Ă  l’histoire des mƓurs de la fin du XVIIIe siĂšcle.
  35. MĂ©moires du baron de Besenval sur la cour de France.
  36. MĂ©moires et lettres de François-Joachim de Pierre, Cardinal de Bernis (1715-1758), publiĂ©s avec l’autorisation de sa famille, d’aprĂšs les manuscrits inĂ©dits par FrĂ©dĂ©ric Masson.
  37. MĂ©moires pour servir Ă  la vie de M. De Voltaire, Ă©crits par lui-mĂȘme.
  38. Également publiĂ© en 1818 dans une Ă©dition tronquĂ©e, sous le titre MĂ©moires et correspondance de Mme d’Épinay .
  39. « Les mĂ©moires de Beaumarchais sont ce que j’ai jamais vu de plus singulier, de plus fort, de plus hardi, de plus comique, de plus intĂ©ressant », Voltaire, lettre, .
  40. Stéphanie-Félicité du Crest, comtesse de Genlis, Mémoires inédits de la comtesse de Genlis, sur le XVIIIe siÚcle et la Révolution française, t. 7 : depuis 1756 jusqu'à nos jours, Paris, Hachette Livre BNF, , 402 p. (ISBN 2019305879 et 978-2019305871).
  41. Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, Reine de France et de Navarre, par Mme Campan, lectrice de Mesdames, premiÚre femme de chambre de la reine, Paris, Baudoin frÚres, 1823, 2e édition, 3 vol. Gallica
  42. La Tour du Pin, MĂ©moires. Journal d’une femme de cinquante ans 1778-1815.
  43. MĂ©moires particuliers de Madame Roland.
  44. MĂ©moires de madame la marquise de la Rochejaquelein.
  45. MĂ©moires secrets et critiques des cours, des gouvernemens, et des mƓurs des principaux États de l'Italie.
  46. GrĂ©goire Holtz, « Des textes ensauvagĂ©s ? L'Ă©criture collective des MĂ©moires », PoĂ©tique, no 165,‎ , p. 37-51 (lire en ligne).
  47. Sous-titrĂ© Journal oĂč se trouve consignĂ©, jour par jour, ce qu’a dit et fait NapolĂ©on durant dix- huit mois.
  48. Didier Le Gall, NapolĂ©on et le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne : Analyse d’un discours.
  49. Pour tout détail concernant les mémoires parus de 1815 à 1848, c'est-à-dire sous la Restauration et le rÚgne de Louis-Philippe Ier, voir l'ouvrage de Zanone 2006, p. 416.
  50. Rosemary A. Peters, Stealing Things : Theft and the Author in Nineteenth-Century France, « 2. Objects of Fiction, Affairs of State »
  51. Marie-Françoise Cachin et Laurel Brake, Au bonheur du feuilleton : naissance et mutations d'un genre
  52. Mémoires sur le rÚgne de Napoléon III : 1851-1864.
  53. Nikolaus Katzer, « Dans la matrice discursive du socialisme tardif. Les « MĂ©moires » de Leonid IlÂŽič BreĆŸnev », Cahiers du monde russe, no 54,‎ (lire en ligne)
  54. Jean-Louis Jeannelle, Malraux, mémoire et métamorphose, Paris, Gallimard, , 441 p.
  55. Jean Norton Cru, TĂ©moins. Essai d’analyse et de critique des souvenirs de combattants Ă©ditĂ©s en français de 1915 Ă  1928, Paris, Les Étincelles, 1929.
  56. Voir Ă  ce sujet FrĂ©dĂ©ric Rousseau, Le ProcĂšs des tĂ©moins de la Grande Guerre. L’Affaire Norton Cru, Paris, Éditions du Seuil, 2003, spĂ©cialement le chapitre 1 de la seconde partie : « Saines colĂšres et vaines polĂ©miques ».
  57. Rudolf Hoess, Le commandant d’Auschwitz parle.
  58. Andrew Loog Oldham, Rolling Stoned.
  59. Ronnie Spector, Vince Waldron, Be My Baby: How I Survived Mascara, Miniskirts, and Madness, or My Life as a Fabulous Ronette.
  60. Bob Dylan, Chronicles.


Voir aussi

Bibliographie

  • Les Ă©ditions du Mercure de France rĂ©Ă©ditent rĂ©guliĂšrement des mĂ©moires dans la collection Le Temps retrouvĂ©.
  • Les Français vus par eux-mĂȘmes. Le siĂšcle de Louis XIV, une anthologie des mĂ©morialistes du siĂšcle de Louis XIV, Ă©ditĂ©e par A. Niderst, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 1997.
  • Les Français vus par eux-mĂȘmes. Le XVIIIe siĂšcle, anthologie des mĂ©morialistes du XVIIIe siĂšcle, Ă©tablie et commentĂ©e par Arnaud de Maurepas et Florent Bayard, coll. Bouquins, Paris, Robert Laffont, 1999.
  • Madeleine Bertaud et AndrĂ© Labertit, De l’Estoile Ă  Saint-Simon. Recherche sur la culture des mĂ©morialistes au temps des trois premiers Bourbon, Paris, Klincksieck, 1993.
  • Madeleine Bertaud, François-Xavier Cuche, Le Genre des mĂ©moires. Essai de dĂ©finition, Paris, Klincksieck, 1995. (ISBN 9782252030042).
  • FrĂ©dĂ©ric Briot, Usage du monde, usage de soi. EnquĂȘte sur les mĂ©morialistes d’Ancien RĂ©gime, Paris, Seuil, 1994. (ISBN 9782020197052).
  • FrĂ©dĂ©ric Charbonneau, Les Silences de l’Histoire. Les mĂ©moires français du XVIIe siĂšcle, Presses de l’UniversitĂ© Laval, 2000. (ISBN 9782763778259).
  • Robert Ferrieux, La LittĂ©rature autobiographique en Angleterre et en Irlande, ouvrage collectif, Paris, Ă©ditions Ellipses, , 383 p. (ISBN 978-2-7298-0021-5 et 2-7298-0021-2).
  • NoĂ©mi Hepp (dir.), La Cour au miroir des mĂ©morialistes, 1530-1682, Paris, Klincksieck, 1991. Colloque. (ISBN 9782252027813).
  • NoĂ©mi Hepp et J. Hennequin (dir), Les Valeurs chez les mĂ©morialistes français du XVIIe siĂšcle avant la Fronde, AC, 1978.
  • Marie-ThĂ©rĂšse Hipp, Mythes et rĂ©alitĂ©s, enquĂȘte sur le roman et les mĂ©moires, Paris, Klincksieck, 1976.
  • Jean-Louis Jeannelle, Écrire ses mĂ©moires au XXe siĂšcle : dĂ©clin et renouveau, Paris, Ă©ditions Gallimard, coll. « BibliothĂšque des idĂ©es », (ISBN 9782070779994).
  • EmmanuĂšle Lesne, La PoĂ©tique des mĂ©moires (1650-1685), Paris, Champion, 1996.
  • Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mĂ©moire, vol. 2, Paris, Gallimard, , « Les MĂ©moires d'État : de Commynes Ă  de Gaulle », p. 355-400.
  • Albert Pauphilet (Ă©dition Ă©tablie et annotĂ©e par), Historiens et chroniqueurs du Moyen Âge : Robert de Clari - Villehardouin - Joinville - Froissart - Commynes, Paris, Gallimard, , 1568 p. (ISBN 2070104281 et 978-2070104284)
  • Cardinal de Retz et Michel Pernot (Ă©dition de), MĂ©moires, Folio, , 1245 p. (ISBN 2070412911 et 978-2070412914).
  • Damien Zanone, Écrire son temps, les MĂ©moires en France de 1815 Ă  1848, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 416 p. (ISBN 978-2-7297-0788-0 et 2-7297-0788-3).

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