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SurpĂȘche

La surpĂȘche est la pĂȘche excessive (lĂ©gale ou illĂ©gale) ou pĂȘche destructive de la ressource, pratiquĂ©e par l'homme sur certains poissons, crustacĂ©s ou mollusques. C'est une tendance observĂ©e dans presque toutes les pĂȘcheries de la planĂšte, qui prĂ©occupe la FAO et l'ONU car menaçant la sĂ©curitĂ© alimentaire[1] et les Ă©quilibres Ă©cologiques marins. Selon la Banque mondiale et la FAO, en 2009 le coĂ»t de « la sous-performance annuelle des pĂȘcheries mondiales reprĂ©sentait 50 milliards de dollars » perdus (par comparaison Ă  un scĂ©nario de pĂȘche durable[2]).

Le concept de pĂȘche durable dĂ©signe les modes de pĂȘche visant Ă  ne pas surexploiter la ressource ; certains auteurs, face au constat que la libre concurrence et les subventions ont aggravĂ© la surpĂȘche, plaident Ă©galement pour une « altermondialisation halieutique »[3].

Graphique reprenant les couleurs conventionnelles des « feux rouges » et du code de la route, appliquĂ©es aux zones de risque et de prĂ©caution (jaune) pour le concept de pĂȘcheries gĂ©rĂ©es et contrĂŽlĂ©es, montrant quand un plan de reconstitution est obligatoire en termes de prĂ©caution, et montrant les points critiques (danger, et limite dĂ©passĂ©e) pour ;
1) la biomasse du stock reproducteur et
2) le taux de mortalitĂ© induit directement et collatĂ©ralement par les actions de pĂȘche (incluant donc les prises rejetĂ©es en mer ou le dĂ©gĂąts collatĂ©raux des chaluts sur les habitats, les impacts des filets perdus, les impacts de la destruction des rapports prĂ©dateurs/proies, la privation de nourriture pour les oiseaux et animaux piscivores[4], etc.

ÉlĂ©ments de dĂ©finition

On parle de surpĂȘche quand l’augmentation des capacitĂ©s de capture entraĂźne :

  • une diminution du nombre de prises, voire la disparition plus ou moins locale de certaines espĂšces
  • une diminution de la taille moyenne et de l'Ăąge des prises (qui correspond Ă  une perte de niveaux trophiques)
  • une diminution du poids moyen des prises (individus plus jeunes, ou Ă©ventuellement sous-alimentĂ©s)
  • la rĂ©gression du stock d'individus aptes Ă  se reproduire (sachant que le nombre d'Ɠufs fĂ©condĂ©s et pondus est bien plus Ă©levĂ©s chez les poissons ayant atteint leur pleine maturitĂ©)

Lorsque ces signes sont groupĂ©s, ils indiquent que l’espĂšce est pĂȘchĂ©e plus vite qu’elle ne peut se reproduire et se maintenir. Mais il n’est pas toujours facile de prĂ©cisĂ©ment distinguer un mort d'un vivant quand un seuil critique est dĂ©passĂ©, ni les rĂŽles respectifs de la pĂȘche et d'autres facteurs environnementaux (surtout climatiques ou liĂ©s Ă  la pollution ou Ă  l'introduction d'espĂšces invasives ou de parasites) dans la baisse de certains stocks de poissons. De plus les dĂ©rĂšglements climatiques induisent des modifications (naturelles ou non) des courants ou des apports terrigĂšnes via les estuaires, et certaines populations de poissons ou de crustacĂ©s peuvent se dĂ©placer, pouvant localement laisser croire Ă  une amĂ©lioration de la situation ou au contraire Ă  une rĂ©gression. On observe par exemple une remontĂ©e vers le nord de certaines populations de poissons. Des poissons peuvent ainsi donner localement l'impression de disparaĂźtre ou de rĂ©apparaĂźtre dans une rĂ©gion pour d'autres raisons que la pression de pĂȘche. Seules une gestion partagĂ©e et une surveillance scientifique gĂ©nĂ©rale des « stocks » peuvent donner une idĂ©e globale des ressources marines halieutiques. PĂȘche excessive conduisant Ă  un Ă©puisement de stocks de poissons.

Modélisation

DiffĂ©rents modĂšles biomathĂ©matiques (Ecopath, Ecosim, Ecospace..) permettent de mieux analyser et prĂ©dire les effets (niveaux trophiques en particulier, ou rĂ©ponse des communautĂ©s animales Ă  la surpĂȘche[5]) de la surpĂȘche[6].

Situation mondiale de la surpĂȘche

400 tonnes de chinchard du Chili pĂȘchĂ©es par un senneur chilien.

Selon une Ă©tude de 2001[7], que d'autres ont confirmĂ©e depuis[8], tous les ocĂ©ans sont aujourd'hui touchĂ©s par la surpĂȘche. Et l'« extinction Ă©cologique provoquĂ©e par la surpĂȘche prĂ©cĂšde en ampleur toutes les autres sources humaines de perturbations, omniprĂ©sentes, pour les Ă©cosystĂšmes cĂŽtiers, y compris la pollution, la dĂ©gradation de la qualitĂ© des eaux et la part anthropique du changement climatique. Les abondances historiques des espĂšces de grands prĂ©dateurs ont Ă©tĂ© fantastiquement Ă©levĂ©es par comparaison avec les observations rĂ©centes. Des donnĂ©es palĂ©oĂ©cologiques, archĂ©ologiques et historiques montrent que des dĂ©calages temporels en dĂ©cennies ou siĂšcles ont eu lieu entre le dĂ©but de la surpĂȘche et des modifications consĂ©quente dans les communautĂ©s Ă©cologiques, car les espĂšces non pĂȘchĂ©es du niveau trophique similaires ont assumĂ© les rĂŽles Ă©cologiques des espĂšces surexploitĂ©es jusqu'Ă  ce qu'elles soient elles-aussi surexploitĂ©es ou au contraire meurent de maladies Ă©pidĂ©miques liĂ©s Ă  la surpopulation ». Les auteurs de l'Ă©tude de 2001 estiment[7] que les donnĂ©es d'Ă©cologie rĂ©trospective aident Ă  clarifier les causes profondes des changements Ă©cologiques, et leur ampleur
 Et qu'elles dĂ©montrent aussi des objectifs rĂ©alisables de restauration et gestion des Ă©cosystĂšmes cĂŽtiers, qui ne pouvaient mĂȘme pas ĂȘtre envisagĂ©es sur la seule perspective limitĂ©e des observations rĂ©centes[7].

Une autre Ă©tude[9] rĂ©cente (2011) a dans sept Ă©cosystĂšmes (en Atlantique, dans le Pacifique et les ocĂ©ans de l'hĂ©misphĂšre sud) et pour 14 espĂšces d'oiseaux marins observĂ© les effets du manque de nourriture, induit par la surpĂȘche. Elle a montrĂ© que les relations prĂ©dateur-proie sont essentielles pour comprendre la dynamique des Ă©cosystĂšmes marins[9]. Sur la base des bases de donnĂ©es mondiales les plus complĂštes, les chercheurs ont quantifiĂ© l'effet des fluctuations d'abondance de nourriture sur le succĂšs de reproduction des oiseaux marins ; ils ont montrĂ© qu'existait un « seuil critique » de nombre de proies (poissons et krill accessibles, dits « forage fish / poisson fourrage ») sous lequel l'abondance des oiseaux marins dĂ©cline systĂ©matiquement[9]. Cette « rĂ©ponse au manque de nourriture » a Ă©tĂ© commune dans tous les cas Ă©tudiĂ©s. Ce seuil critique est d'environ un tiers de la biomasse maximale en proie observĂ©e dans les Ă©tudes Ă  long terme[9]. Ce seuil est selon les auteurs un nouvel indicateur du minimum de biomasse en proies nĂ©cessaire Ă  la survie Ă  long terme des populations d'oiseaux marins[9]. De plus, en consommant prĂ©fĂ©rentiellement les poissons malades ou plus lents, les oiseaux prĂ©dateurs contribuent probablement eux-mĂȘmes Ă  long terme au maintien de stocks halieutiques en meilleure santĂ©.

Une Ă©quipe de recherche internationale a passĂ© au crible plus de 200 modĂšles d’écosystĂšmes ocĂ©aniques sur l’ensemble de la planĂšte, pour Ă©valuer l’évolution de la biomasse mondiale en poissons de 1880 Ă  2007 : elle conclut, en , que les stocks de gros poissons (thons, mĂ©rous, requins et autres prĂ©dateurs supĂ©rieurs) ont chutĂ© de deux tiers en un siĂšcle ; et ce dĂ©clin s’accĂ©lĂšre : plus de la moitiĂ© (54 %) de cette perte de biomasse s’est produite au cours de ces 40 derniĂšres annĂ©es, soit depuis le dĂ©but de la pĂȘche industrielle dans les annĂ©es 1970[10].

Histoire

Carte topographique, les plateaux continentaux, habitat de la grande majorité des poissons, y apparaissent en bleu cyan. On voit que la mer du Nord est située entiÚrement sur un plateau.

La prise de conscience par le plus grand nombre de l'existence d'une surexploitation des ressources halieutiques de l'ocĂ©an est relativement rĂ©cente. En 1609 dans son Mare Liberum (en), le juriste Grotius, fondateur d'un droit international basĂ© sur le droit naturel, pouvait encore Ă©crire : « La pĂȘche en mer est libre, car il est impossible d’en Ă©puiser les richesses ». On sait aujourd'hui qu'en fait, la majoritĂ© des poissons (peut-ĂȘtre 90 %) habite la zone pĂ©lagique de l'ocĂ©an, soit les zones de moindre profondeur ; ce n'est que depuis les annĂ©es 1980 — et en raison de la rarĂ©faction des poissons cĂŽtiers — qu'on commença Ă  pĂȘcher en eaux profondes (Ă  plus de 400 mĂštres de profondeur) des poissons relativement peu connus avant, tels que le flĂ©tan noir, l'empereur, la lingue bleue, le sabre noir, ou le grenadier[11], mais qui vivent en densitĂ© plus faible et constituent tous des ressources non-durables du fait des trĂšs faibles taux de reproduction et de croissance des espĂšces de grande profondeur.

Toutefois, dĂšs le XVIIIe siĂšcle, la rarĂ©faction des poissons commence Ă  inquiĂ©ter dans l'Atlantique europĂ©en[12], et le mĂ©decin Tiphaigne de La Roche dĂ©crit les mers europĂ©ennes comme « Ă©puisĂ©es » et « ne fournissant de poisson que ce qu'il n'en faut pour faire regretter leur ancienne fĂ©conditĂ© », accusant notamment les filets traĂźnants, ancĂȘtres de nos chaluts modernes[13]. Son hypothĂšse est reprise quelques annĂ©es plus tard par le naturaliste Henri Louis Duhamel du Monceau dans sa « Dissertation sur ce qui peut occasionner la disette du poisson principalement de mer »[14], mais Ă  l'Ă©poque la principale rĂ©ponse apportĂ©e sera d'Ă©tendre le rayon d'action des navires et de dĂ©velopper les pĂȘches profondes, australes ou outre-mer.

La surpĂȘche n'est donc pas un phĂ©nomĂšne rĂ©cent, mĂȘme si elle s'est accentuĂ©e, systĂ©matisĂ©e et mondialisĂ©e aprĂšs la Seconde Guerre mondiale. A titre d'exemple :

  • la surpĂȘche du saumon date au moins de plusieurs siĂšcles, comme en tĂ©moignent certaines des gravures illustrant l'EncyclopĂ©die de Diderot (au XVIIIe siĂšcle). Ces illustrations dĂ©crivent prĂ©cisĂ©ment des systĂšmes sophistiquĂ©s de filets ou de barrages posĂ©s sur toute la largeur d'un cours d'eau, permettant dĂ©jĂ  de capturer la quasi-totalitĂ© des saumons remontant ces cours d'eau[15] - [16]. Un peu plus tard, la pĂȘche intensive de la sardine en Baie de Douarnenez (France) a montrĂ© les limites de mĂ©thodes si efficaces qu'elles ont en quelques dĂ©cennies fait rĂ©gresser ou localement disparaĂźtre une ressource qui paraissait antĂ©rieurement inĂ©puisable.
    Une Ă©tude rĂ©cente (2019) basĂ©e sur l'ADN d'Ă©cailles collectĂ©es Ă  partir des annĂ©es 1910 montre que le dĂ©clin du saumon rouge a Ă©tĂ© plus gĂ©nĂ©ralisĂ©s et brutal qu’on ne le pensait jusqu'alors : les 13 principales populations de saumon rouge sauvage de la riviĂšre (l'un des deux cours d'eau encore es plus « riches » en saumon du canada) ont chutĂ© de 56% Ă  99% de 1913 Ă  2014, principalement Ă  cause de la surpĂȘche selon les auteurs[17].
  • DĂšs 1889, le Parlement britannique vote une loi autorisant le Fisheries Board Ă  interdire la pĂȘche au chalut (beam trawling) dans le Moray Firth, en Écosse, afin de prĂ©server la population de harengs. NĂ©anmoins, les chalutiers Ă©trangers continuĂšrent Ă  pĂȘcher dans cette rĂ©gion. En septembre 1925, le Conseil international pour l'exploration de la mer nomma une commission ad hoc chargĂ©e de rĂ©soudre le problĂšme, qui publia un rapport en 1927. Cette mĂȘme annĂ©e, l'AssemblĂ©e de la SociĂ©tĂ© des Nations vota une rĂ©solution concernant la possibilitĂ© d'Ă©tablir "une protection internationale de la faune maritime".
  • Au XIXe siĂšcle, les pĂȘcheurs du nord de la France sont sauvĂ©s par la pĂȘche hauturiĂšre et la morue de Terre-Neuve, mais ils voyaient dĂ©jĂ  la ressource halieutique locale se rarĂ©fier. (« On fait ici la pĂȘche de la morue, du hareng, du maquereau ; mais tous ces poissons, qui se tenaient volontiers jadis sur nos cĂŽtes, se rejettent depuis plusieurs annĂ©es sur la cĂŽte d'Angleterre. Nos pĂ©cheurs en souffrent beaucoup » commentait en 1825 F. J. Grille[18] qui cite (en 1925) quelques hypothĂšses d'explication ayant cours Ă  l'Ă©poque :

« Divers systĂšmes se sont Ă©levĂ©s les uns contre les autres, tous fondĂ©s (ce qui est singulier) sur des faits faciles Ă  constater. Les uns ont dit : Nous trouvons la cause de la disparition des poissons dans la tendance des mers Ă  s'Ă©loigner de nos rivages pour se porter sur les rives opposĂ©es. Les harengs ont suivi les courants et, en rassemblant lĂ -dessus les observations, on trouve que la mer se retire insensiblement depuis Dunkerque jusqu'Ă  Cherbourg ; elle a quittĂ© successivement les dunes du Rosenthal, de Mardyck, les plaines de Bourbourg, d'Ardres, de Saint-Omer. Entre les caps Blanez et Grinez, elle a dĂ©laissĂ© l'ancien port de Wissant ; l'embouchure de la Liane, Ă  Boulogne-sur-Mer, forme des atterrissements, et les travaux qu'on fait Ă  Saint-Valery et au Crotoy parlent en faveur de notre systĂšme. Il faut toute la force des eaux de la Seine pour empĂȘcher les bancs de sable de s'Ă©tendre en face du Havre. Mais des sables s'entassent Ă  l'embouchure de l'Orne. Ouistreham, qui voyait les marĂ©es battre les murs de son Ă©glise, en est maintenant sĂ©parĂ© par une large prairie. Les marais d'Hermanville sont dessĂ©chĂ©s et cultivĂ©s. La mer se retire du Calvados ; elle a abandonnĂ©, prĂšs de BerniĂšres, Ă  trois lieues de Caen, un vaste territoire qui fut autrefois une forĂȘt... Tous ces faits sont trĂšs-graves et paraissent concluants. Mais d'autres, remontant moins haut, signalent les envahissements des mers aux caps Gris et Blanc nez mĂȘme, dĂ©jĂ  citĂ©s, et que rongent les vagues ; ils montrent du cĂŽtĂ© d'Etaples, et plus Ă  l'est, vers le Portel, des invasions rĂ©centes, et qui sembleraient annoncer le retour des eaux vers nos cotes. Entre ces phĂ©nomĂšnes, notre esprit demeure incertain, et, tout ce que nous pouvons faire, c'est de livrer nos remarques Ă  l'Ă©tude des physiciens et Ă  l'attention des gĂ©ographes. »

— F. J. Grille, Description du dĂ©partement du Nord, 1825-1830.

Des poissons encore aussi communs dans les annĂ©es 1950-1960 que le cabillaud de l’Atlantique, l'aiglefin de la mer du Nord et le Thon rouge du Nord ou que l'anguille d'Europe figurent aujourd'hui avec une centaine d'autres sur la liste des espĂšces menacĂ©es.

La surpĂȘche n'a pu prendre une dimension planĂ©taire qu'au XXe siĂšcle, avec les moyens industriels et Ă©nergĂ©tiques le permettant.

Sont actuellement concernĂ©s par la surpĂȘche la sardine en Californie, l'anchois au PĂ©rou, la morue Ă  Terre-Neuve ou le hareng en mer du Nord. Dans la remontĂ©e d'eau (« upwelling ») du Nord Benguela (ou front Angola-Benguela au large de la Namibie), la surexploitation a provoquĂ© un spectaculaire effondrement des populations de sardines (Sardinops sagax) (tonnages passĂ© d'1,5 million de t/an de sardines en 1960 Ă  seulement deux sardines pĂȘchĂ©es lors d'une campagne scientifique en 2007). Il en va de mĂȘme pour les anchois (Engraulis encrasicolus, ex E. capensis) et le merlu qui ont laissĂ© la place Ă  un Ă©cosystĂšme appauvri peuplĂ© d'espĂšces primitives telles que bactĂ©ries, Ă©ponges, macro-algues, mĂ©duses, oursins. Ailleurs, les populations de flĂ©tans et de thons rouges ont diminuĂ© de 90 %. 95 % de la population des anguilles d'Europe ont disparu. Cette espĂšce, considĂ©rĂ©e autrefois comme la plus rĂ©sistante, est depuis 2007 classĂ©e comme espĂšce menacĂ©e et protĂ©gĂ©e en Europe. Le braconnage des civelles n'est qu'une des causes de sa rĂ©gression.

Illustration (« version mer du Nord ») d'un des impacts de la surpĂȘche ; la modification des rĂ©seaux trophiques, qui se traduit par des taux anormaux d'espĂšces et d'individus, avec effondrement des populations de grande taille au profit de petits poissons ou d'organismes sans intĂ©rĂȘt halieutique tels que les mĂ©duses qui occupent alors massivement les niches Ă©cologiques laissĂ©es libres.
Thonier senneur congĂ©lateur, de 116 m de longueur, aux Seychelles

La FAO (organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation) estime Ă  77 % la proportion d’espĂšces de poissons impactĂ©es Ă  diffĂ©rents degrĂ©s. 8 % serait Ă©puisĂ©es, 17 % surexploitĂ©es et 52 % exploitĂ©es Ă  leur maximum.

Les prises de poissons ont atteint un maximum de 100 millions de tonnes en l’an 2000 mais la production stagne depuis 1990 alors que les capacitĂ©s de pĂȘche ne cessent d’augmenter. Les individus capturĂ©s sont de moins en moins gros et de plus en plus jeunes. La proportion des prises de niveaux trophiques bas a augmentĂ©.

Les navires-usines exploitent de plus en plus de zones (ouest de l’Afrique, ocĂ©an Indien, Pacifique du sud-est
), pĂȘchent toujours plus profond, capturant de nombreuses espĂšces et endommageant des Ă©cosystĂšmes (via les chaluts notamment). La pĂȘche technologique a entraĂźnĂ© une augmentation rapide des prises accessoires. 25 % des poissons (27 millions de tonnes) qui sont pĂ©chĂ©s sont rejetĂ©s morts Ă  la mer car ils n’appartiennent pas aux espĂšces souhaitĂ©es. Des dauphins, des tortues et des oiseaux marins (albatros) sont aussi capturĂ©s et tuĂ©s par les filets. Les lignes appĂątĂ©es ou les filets perdus ou abandonnĂ©s en mer sont autant de piĂšges mortels pour ces animaux.

Les espĂšces prĂ©fĂ©rentiellement pĂȘchĂ©es sont des carnivores apicaux (qui occupent le sommet des chaĂźnes alimentaires) qui ont une forte valeur ajoutĂ©e sur les marchĂ©s des pays dĂ©veloppĂ©s, mais qui sont aussi ceux qui ont le plus bioconcentrĂ©s les polluants, dont le mĂ©thylmercure. Cette spĂ©cialisation de la pĂȘche a des consĂ©quences graves sur les rĂ©seaux trophiques, jusqu’aux mammifĂšres marins et aux oiseaux, par exemple :

  • Au large de Terre-Neuve, la rarĂ©faction des poissons a entraĂźnĂ© une diminution de la taille moyenne des baleines Ă  bosses qui frĂ©quentent ces eaux.
  • On a vu des migrations de phoques affamĂ©s depuis le Groenland vers les cĂŽtes du Canada. En Europe, dauphins et marsouins semblent descendre vers le sud alors que l'Atlantique nord est surexploitĂ©.
  • La disparition de la morue et d’autres prĂ©dateurs au large des États-Unis a entraĂźnĂ© une prolifĂ©ration d'herbivores qui a provoquĂ© un fort dĂ©clin des forĂȘts d’algues.
  • On observe une modification de la structure des communautĂ©s et de la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique par la sĂ©lection d’espĂšces ou de classes de taille. Cette pression sur les habitats les rend plus sensibles aux invasions biologiques, aux perturbations et aux pollutions.
  • Les oiseaux piscivores marins (hormis quelques rares espĂšces (telles mouettes ou goĂ©lands) qui ont appris Ă  se nourrir Ă  terre) rĂ©gressent corrĂ©lativement Ă  la surpĂȘche[9] - [19] et ils doivent s'adapter en pĂȘchant des proies plus petites ou d'un niveau trophique infĂ©rieur[20].

En [21], le PNUE a conclu sur la base d’un rapport intitulĂ© « In Dead Water »[22] que le rĂ©chauffement climatique exacerbait l'impact de la pollution, des espĂšces invasives et de la surpĂȘche dans les principales zones de pĂȘche de la planĂšte, ce qui peut engendrer un triple problĂšme ; Ă©cologique, Ă©conomique et de dĂ©veloppement.

10 Ă  15 % de l’ocĂ©an mondial est directement concernĂ© par la surpĂȘche selon l'ONU mais avec des impacts qui affectent ou affecteront « au moins les 3/4 des principales zones de pĂȘche du monde ». On observe dĂ©jĂ  une dĂ©gradation des ocĂ©ans, alerte l’ONU (qui avait en 2004 dĂ©jĂ  signalĂ© plus de 100 « marines dead zones » dans les baies ou en aval d’estuaires ou en mers fermĂ©es.

Toujours selon l'ONU, des millions de personnes dĂ©pendent de la pĂȘche, surtout dans les pays pauvres, et prĂšs de 2,6 milliards consomment couramment des protĂ©ines issues des produits de la mer (et l’écobilan de la pisciculture industrielle reste discutĂ©). De plus, 80 Ă  100 % des rĂ©cifs coralliens du monde sont menacĂ©s de blanchiment, dĂ©gradation ou disparition par la montĂ©e des ocĂ©ans[23].

La lutte contre la surpĂȘche, la pĂȘche illicite non dĂ©clarĂ©e et non rĂ©glementĂ©e et les pratiques de pĂȘche destructrices fait l'objet d'une cible de l'Objectif de dĂ©veloppement durable n° 14 de l'ONU.

On craint enfin une accélération de l'acidification des océans induite par le CO2, qui pourrait aggraver ces problÚmes en affectant aussi les petits organismes planctoniques à la base de la chaßne alimentaire.

Mesure et Ă©valuation

Captures de requins dans le monde. L'un des problÚmes qui préoccupe les scientifiques est la raréfaction des espÚces prédatrices (ici les requins par exemple) qui ne peuvent plus jouer leur rÎle de sélection naturelle, et qui se traduit par une proportion croissante d'espÚces de petites tailles, incitant à l'utilisation de filets à mailles fines, qui ne laissent pas survivre de nombreux reproducteurs jusqu'à leur maturité.

Sur la base d'indicateurs[24] qualitatifs et quantitatifs, des scientifiques produisent depuis quelques décennies des rapports de plus en plus précis, par pays et par régions (Europe), mais des données précises permettant de dégager des tendances ne sont disponibles que depuis 1950 environ. Des ONG telles que le WWF et Greenpeace s'intéressent aussi aux questions de protection et restauration des ressources halieutiques.

Depuis peu, des bases de données internationales se constituent, avec notamment :

  • Le Sea Around Us Project, qui depuis 1999 met en place une base de donnĂ©es mondiales sur l'impact des pĂȘcheries sur la biodiversitĂ©, en partenariat avec le Centre des pĂȘches de Philadelphie et du « Pew Charitable Trusts », pour fournir aux chercheurs du monde entier, aux pĂȘcheurs et au public intĂ©ressĂ©, des donnĂ©es quantitatives et qualitatives sur l'impact de la pĂȘche sur les Ă©cosystĂšmes marins du monde depuis 1950. Ces donnĂ©es sont gĂ©orĂ©fĂ©rencĂ©es sur un SIG (systĂšme d'information gĂ©ographique) pour dresser une « carte mondiale des captures de pĂȘches de 1950 Ă  aujourd'hui », nĂ©cessaire Ă  une bonne gestion des ressources halieutiques et Ă  sa restauration.
    Contrairement Ă  d'autres bases, celle-ci ne s'intĂ©resse pas qu'aux poissons de valeur commerciale, mais aussi aux poissons rejetĂ©s, prises accessoires, invertĂ©brĂ©s marins, mammifĂšres marins, et d'autres composants de la biodiversitĂ© marine. Ce projet aborde aussi les impacts de la pĂȘche (chalut en particulier) sur les habitats marins et cĂŽtiers. Cette base fournit des donnĂ©es sur les zones de pĂȘche des pays, sur le type de poissons pĂȘchĂ©s[25]. Des modĂšles[26] - [27] plus prĂ©cis vont pouvoir s'appuyer sur des Ă©tudes rĂ©gionales, notamment pour la Malaisie[28], l'AmĂ©rique du Sud[29], l'OcĂ©an Indien[30], le Japon[31]. Il s'agit aussi de mesurer les impacts directs et indirects sur la biodiversitĂ© et en particulier sur le rĂ©seau trophique qui alimente la pĂȘche[32]. Cette base a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par le biologiste Daniel Pauly, directeur du Centre de recherche sur les pĂȘches de l'UniversitĂ© de la Colombie-Britannique Ă  Vancouver qui dirige toujours ce projet en 2009. Il compte parmi les premiers scientifiques Ă  avoir alertĂ© le grand public sur les consĂ©quences de la surexploitation de l'ocĂ©an par les pĂȘcheries industrielles et il estime qu'une rĂ©duction de l'effort de pĂȘche des grandes flottes industrielles permettraient de conserver un nombre d'emploi plus important dans la pĂȘche artisanale, qui si cette derniĂšre utilise sans excĂšs des engins passifs et non tractĂ©s (c'est-Ă -dire moins consommateurs d'Ă©nergie que les chaluts et la pĂȘche industrielle qui pourrait ainsi durablement perdurer. Il estime aussi que si le chalut de fond n'avait jamais Ă©tĂ© utilisĂ©, et qu'on devait aujourd'hui rĂ©flĂ©chir Ă  son utilisation, il serait assurĂ©ment interdit en raison de son effet trĂšs destructeur sur l'Ă©cosystĂšme. Le chalut contribue Ă  la transformation de la colonne d'eau en une « soupe microbienne »[33]. L'eau verdie par les engrais et la remise en suspension des sĂ©diments par les chaluts meurent quand elles manquent d'oxygĂšne pourrissent et tombent au fond. (??)
    Cette base de données valorise aussi les données scientifiques rapportées par des expéditions anciennes[34].
  • FishBase, autre grande base de donnĂ©es mondiale, dĂ©veloppĂ©e par le Centre mondial sur le poisson avec la FAO et de nombreux autres partenaires (dont le MusĂ©um national d'histoire naturelle en France), avec le soutien de l'ONU et de la Commission europĂ©enne (CE) et d'un consortium de sept grandes institutions de recherche. Elle concerne la quasi-totalitĂ© des poissons ayant actuellement fait l'objet d'une description scientifique. Elle vise Ă  aider les pĂȘcheurs et vendeurs de poissons Ă  mieux identifier et dĂ©nommer les poissons et espĂšces qu'ils pĂȘchent ou rejettent (la bonne identification des espĂšces Ă©tant nĂ©cessaire Ă  la traçabilitĂ© du poisson et Ă  sa bonne gestion et Ă  la fiabilitĂ© et intercomparabilitĂ© des statistiques). Plus largement, elle offre une information utile aux professionnel du monde de la pĂȘche (des scientifiques aux gestionnaires en passant par les pĂȘcheurs amateurs). La version 2004 de FishBase est disponible sur DVD ou CD-ROM pour 28 500 espĂšces de poissons. Cette base de donnĂ©es est pour partie collaborative (ex : appel Ă  collaborateurs (pour la rĂ©vision des donnĂ©es notamment), Ă  photos et Ă  donnĂ©es scientifiquement sourcĂ©es sur les profondeurs maximales auxquelles chaque espĂšce de poisson a Ă©tĂ© pĂȘchĂ©e ou rencontrĂ©e).

Causes et conséquences socio-économiques

Le poisson est une source importante de protéine pour l'homme.

Le poisson, avec 16 % des protĂ©ines absorbĂ©es par l’homme, est une source de nourriture importante pour l’alimentation d’un milliard de personnes, surtout dans les pays du Sud. La pĂȘche est capitale pour l’économie et la sĂ©curitĂ© alimentaire de beaucoup de pays pauvres, particuliĂšrement en Asie du Sud-Est. Les consommateurs Ă  fort pouvoir d’achat demandent surtout des poissons Ă  chair blanche, frais ou congelĂ©s. Les espĂšces Ă  faible valeur ajoutĂ©e sont consommĂ©es sur place, essentiellement de petites espĂšces pĂ©lagiques sous forme salĂ©e. En 2012, la quasi-totalitĂ© de ces espĂšces (qui reprĂ©sentent 37 % des prises totales contre 8 % en 1960) est transformĂ©e en farine de poisson ou en huile de poisson[35]. En 2010 la demande en poisson devrait ĂȘtre entre 100 et 120 millions de tonnes ce qui provoquera une augmentation des coĂ»ts.

200 millions de personnes travaillent dans le secteur de la pĂȘche qui compte 3,5 millions de bateaux. Mais la pĂȘche industrielle avec seulement 1 % des bateaux prĂ©lĂšve 50 % des poissons pĂȘchĂ©s.

« La croissance incontrĂŽlĂ©e de la pĂȘche et des flottes vient d’une surcapitalisation de l’industrie dont les performances ont dĂ©passĂ© l’optimum » indique un rapport de la FAO. Par exemple, l’Atlantic Dawn mis en service en 2000, irlandais puis rachetĂ© par des NĂ©erlandais, pouvait traiter 15 % de la capacitĂ© irlandaise de pĂȘche et peut traiter 25-35 t/heure, 400 t/jour de poisson (pour une capacitĂ© totale de 7 millions de kg de poisson surgelĂ© en moins de 30 jours, avec chambre froide de 3000 t[36] - [37].

La rarĂ©faction des ressources pousse les grandes firmes Ă  aller pĂȘcher dans les eaux des pays du Sud. La FAO distingue trois Ă©tapes dans l’évolution du secteur de la pĂȘche :

  • aborigĂšne : exploitation de survivance cĂŽtiĂšre avec des bateaux et des outils rudimentaires ;
  • coloniale : exploitation systĂ©matique des cĂŽtes et des eaux territoriales par des capitaux Ă©trangers. La ressource est envoyĂ©e sur un marchĂ© d’économie dĂ©veloppĂ©e ;
  • globale : exploitation intensifiĂ©e et gĂ©nĂ©ralisĂ©e des cĂŽtes, des eaux territoriales et internationales.

L’arrivĂ©e de grosses flottes prĂšs des cĂŽtes prive les autochtones d’une ressource importante et pousse les pĂȘcheurs Ă  aller pĂȘcher plus loin en mer pour une rentabilitĂ© moindre et de plus grands risques. Les conflits sont frĂ©quents lorsque se retrouvent sur la mĂȘme zone des artisans-pĂȘcheurs autochtones obĂ©issant Ă  des traditions d’exploitation et d’amĂ©nagement de la pĂȘcherie et des pĂȘcheurs industriels agissant Ă  des fins de gĂ©nĂ©ration de revenus, qui ne soucient pas des traditions locales. Les conflits existent aussi entre les groupes autochtones et les organisations de dĂ©fense des animaux, les entreprises aquacoles, touristiques et les pollueurs agricoles ou industriels.

Les gouvernements de pays endettĂ©s sont tentĂ©s de vendre des permis de pĂȘche Ă  des investisseurs Ă©trangers et plusieurs pays du sud dĂ©veloppent eux aussi des flottes modernes. De plus, la diminution des prises entraĂźnera une augmentation des prix dĂ©favorable au consommateur pauvre. Une baisse de la consommation a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© observĂ©e en Asie du sud.

Dans les annĂ©es 1960, la Mauritanie, aux eaux trĂšs poissonneuses Ă©tait le pays dont la plus grande part des protĂ©ines consommĂ©es provenait de la mer. À la suite de la vente des droits de pĂȘche par le gouvernement, les poissons mauritaniens sont vendus sur les marchĂ©s occidentaux et ne sont plus accessibles au consommateur local.

Il faut aussi tenir compte de la piraterie, soit par la violation de la lĂ©gislation nationale dans les eaux territoriales, soit par des pĂȘches illĂ©gales en haute mer, faites sans l’autorisation de l’organisme rĂ©gional des pĂȘches, la CCAMLR.

Un des exemples les plus connus de braconnage est la pĂȘche Ă  la lĂ©gine australe (Dissostichus eleginoides). Une lĂ©gine vendue sur deux serait pĂȘchĂ©e illĂ©galement, ce qui sera la cause probable de l'extinction de l'espĂšce d’ici Ă  trois ans. La plaque tournante de ce commerce est Port-Louis Ă  l’üle Maurice oĂč accostent de nombreux bateaux sous pavillon de complaisance (Honduras, Sierra Leone, CĂŽte d’Ivoire, Libye
)

En Europe

La MĂ©diterranĂ©e est considĂ©rĂ©e comme « la mer la plus surpĂȘchĂ©e du monde » : 90 % des stocks halieutiques y sont pĂȘchĂ©s au-dessus des niveaux durables[38] ; l'Atlantique nord-est subit Ă©galement des pressions intenses et nombreuses, la surpĂȘche s'additionnant Ă  la pollution, au rĂ©chauffement climatique et Ă  la perturbation gĂ©nĂ©ralisĂ©e des Ă©cosystĂšmes.

La Commission europĂ©enne a prĂ©vu en 2009[39] que les futurs quotas attribuĂ©s Ă  un État-membre ayant dĂ©passĂ© ses quotas de pĂȘche se verront rĂ©duits (« en appliquant les coefficients multiplicateurs »[39]), mais elle peine Ă  faire accepter par certains États-membres (dont l'Espagne et la France) ses propositions de quotas, pourtant Ă©tablis sur des bases scientifiques.

Elle tente depuis les annĂ©es 1990 de rĂ©duire le nombre d’embarcations, mais en subventionnant par ailleurs la construction de superchalutiers. Lors du Sommet mondial sur le dĂ©veloppement durable en 2002, Ă  Johannesburg, les États de l'UE se sont mis d'accord pour fixer l'objectif de reconstitution des ressources halieutiques pour 2015, avec l'aide de plafonds fixĂ©s dans le cadre de la politique commune de la pĂȘche. Toutefois, une Ă©tude du centre de recherches OcĂ©an du futur de Kiel, publiĂ©e en 2010, a montrĂ© que cet objectif, compte tenu des plafonds actuels, ne pourrait pas ĂȘtre atteint avant 2030. En ce qui concerne douze espĂšces (dont le cabillaud, la plie et le flĂ©tan), mĂȘme en arrĂȘtant totalement leur pĂȘche, on ne pourrait pas reconstituer leur stock d'ici 2015[40].

Fin 2007, un rapport de la Cour des comptes europĂ©enne pointe la « surpĂȘche » et l’inefficacitĂ© des systĂšmes de contrĂŽle dans le cadre de la politique commune de la pĂȘche. Le rapport Ă©voque des donnĂ©es nationales peu fiables, des procĂ©dures d’inspection inefficaces et des sanctions non dissuasives qui limitent l’efficacitĂ© de la politique europĂ©enne de la pĂȘche fondĂ©e sur une protection d'un stock suffisant de reproducteurs. Elle a annoncĂ© une rĂ©flexion sur ce point en 2008[41] - [42] Des actions sont Ă©galement prĂ©vues avant fin 2008 pour limiter les captures accidentelles de cĂ©tacĂ©s dans les filets (marsouin commun en particulier) et dĂ©finir et protĂ©ger des zones Natura 2000 en mer.

En Espagne : les quotas ne sont pas toujours respectĂ©s, par exemple, le pays est pĂ©nalisĂ© par l'Europe pour un dĂ©passement de quota de capture de maquereau (Scomber scombrus) qui en 2010 a atteint 19 621 tonnes (dĂ©passement de 79,7 % du quota)[43]. Dans ce cas, selon la Commission, « le stock de maquereau dont il s'agit se situe actuellement Ă  l'intĂ©rieur des limites biologiques de sĂ©curitĂ© » et la surpĂȘche est telle que « les dĂ©ductions Ă  appliquer en raison de la surpĂȘche pratiquĂ©e en 2010 sont supĂ©rieures au quota attribuĂ© Ă  l'Espagne pour 2011 pour le stock concernĂ© », de qui impliquerait normalement « la fermeture totale de cette pĂȘcherie en 2011 ». L'Europe autorise exceptionnellement un remboursement Ă©chelonnĂ© sur 5 ans de cette « dette », pour ne pas trop pĂ©naliser la filiĂšre et l'industrie de transformation qui lui est associĂ©e.

En France : fin 2008, un rapport du SĂ©nat intitulĂ© « MarĂ©e amĂšre ; Pour une gestion durable de la pĂȘche »[44] rĂ©alerte avec force sur la gravitĂ© de la situation, qui menace l'alimentation mondiale. Selon ce rapport, la pĂȘche a « trĂšs certainement » dĂ©jĂ  atteint les limites de l’exploitation halieutique alors que la capacitĂ© de pĂȘche augmente encore « du seul fait du progrĂšs technique de l’ordre de 4 % par an ». Et, parmi les perturbations qui affectent les ocĂ©ans, outre le changement climatique, « la pĂȘche occupe dĂ©sormais une place prĂ©pondĂ©rante. Il y a peu de zones maritimes oĂč elle n’exerce pas une influence qui dĂ©passe tous les facteurs naturels » et alors qu'il n’y « a plus de stock pouvant soutenir une nouvelle croissance des captures » et que l'aquaculture telle qu'elle existe « accroĂźt la pression sur les espĂšces sauvages et contribue Ă  la destruction des milieux naturels », gĂ©rer la pĂȘche est devenu un « dĂ©fi scientifique ». Ce rapport propose de :

  1. Renouer le dialogue entre pĂȘcheurs, scientifiques et dĂ©cideurs ;
  2. « Construire les outils de la décision politique », sur la base d'une approche écosystémique et d'aires marines protégées ;
  3. Donner aux pĂȘcheurs les moyens d'ĂȘtre les premiers acteurs et gestionnaires d’une pĂȘche responsable et durable, en arrĂȘtant la surexploitation et acceptant des quotas et luttant contre les fraudes ;
  4. Des pouvoirs publics qui exercent leurs prérogatives de contrÎle et respectent enfin les avis scientifiques.
  5. Mieux informer les citoyens pour les rendre responsables, qu'ils puissent choisir des poissons affectant moins la ressource, de taille lĂ©gale, Ă©colabellisĂ©s MSC ou Ă©quivalent, en favorisant les initiatives de pĂȘche durable mises en place par avec les pĂȘcheurs, sans oublier de rĂ©duire l'impact de la pĂȘche rĂ©crĂ©ative « qui ne doit plus ĂȘtre mĂ©sestimĂ© ».

Le Commissariat général au développement durable a dans un rapport[45] de 2011 rappelé l'importance des importations de poissons dans la part consommée, et le fait qu'on ne payait pas le « vrai prix » de ces produits, qui augmentent aussi l'empreinte environnementale du pays.

En , les quotas ayant Ă©tĂ© atteints, l'Union europĂ©enne a fermĂ©, pour ses bateaux, la pĂȘche au thon rouge en MĂ©diterranĂ©e et dans l'Atlantique Est[45].

DĂ©pendance aux exportations

L’Europe et de nombreux pays sont devenus trĂšs dĂ©pendants de leurs importations de poissons (dont la consommation en Europe augmente tous les ans de 2 %). La New Economics Foundation (NEF) calcule la date Ă  laquelle, chaque annĂ©e, un territoire commence Ă  manger le poisson des autres[46], et cette date ne cesse d'avancer, prĂ©viennent la NefNEF et OcĂ©an 2012 (rapport du ) ; si les EuropĂ©ens devaient ne manger que des ressources halieutiques provenant de leurs eaux, ils manqueraient en 2011 de poisson dĂšs le (moyenne europĂ©enne), contre le en 2010 (ce qui traduit un dĂ©ficit de 200 000 tonnes de produits de la mer en 12 mois selon la NEF qui a instituĂ© une « journĂ©e de la dĂ©pendance aux poissons » (« fish dependance day »)[47].

En France (consommation : 37,3 kg/an de poisson par Français contre 17 kg/an en moyenne mondiale), le poisson pĂȘchĂ© dans les eaux territoriales manque en 2011 Ă  partir du (contre le en 2010)[47]. Seules l’Estonie, l’Irlande, et les Pays-Bas sont auto-suffisants. Le Danemark ne l'est plus 4 mois par an. De plus les poissons plus petits et plus rares demandent un effort de pĂȘche plus important. La coalition Ocean 2012 (123 membres), mise en place aprĂšs la publication du Livre vert de la Commission europĂ©enne () sur la rĂ©forme de la PCP, souhaite une rĂ©elle « durabilitĂ© Ă©cologique » comme cadre Ă  la PCP, ainsi qu'une socioĂ©coĂ©ligibilitĂ© des subventions, avec une meilleure application des recommandations faites par les scientifiques[47].

En Asie

Conséquences sur l'environnement

Les deux plus gros pays producteurs mondiaux de poissons se situent dans le Pacifique Nord-Ouest: la Chine suivie du Japon. Les consĂ©quences sur l’environnement sont multiples. Comme dans les autres rĂ©gions du monde, la plus Ă©vidente est sans aucun doute la diminution de poissons avec les effets induits qui en dĂ©coulent ; la disparition des poissons augmente la vulnĂ©rabilitĂ© des Ă©cosystĂšmes et a un impact direct sur les autres espĂšces maritimes (oiseaux et certains mammifĂšres) dont la population dĂ©croĂźt elle aussi. Les captures en masse telles que pratiquĂ©es en Asie influencent nĂ©gativement le taux de reproduction de certaines espĂšces qui n’ont plus le temps de se rĂ©gĂ©nĂ©rer, ce qui accentue le phĂ©nomĂšne de disparition. La pĂȘche industrielle pose d’autres problĂšmes : un quart des prises totales ne sont pas visĂ©es (prises accidentelles d’espĂšces Ă  faible valeur marchande) et sont perdues. De surcroĂźt, les techniques de pĂȘche asiatique sont trĂšs destructrices : la pĂȘche au cyanure est trĂšs rĂ©pandue pour les poissons de rĂ©cif capturĂ©s vivants pour le marchĂ© des aquariums et des restaurants. Elle paralyse les poissons, empoisonne les rĂ©cifs et est nocive pour les organismes fragiles du milieu aquatique. La pĂȘche Ă  l’explosif qui, elle, crĂ©e des cratĂšres de 10 Ă  20 m2 dans les fonds marins est tout aussi dĂ©vastatrice (Baum et Davies, 2012)[48].

Conséquences sur la population

Les consĂ©quences pour l’homme ne s’avĂšrent pas moins dramatiques. En Asie, plus d’un milliard de personnes dĂ©pendent de la pĂȘche comme premiĂšre ressource alimentaire (en protĂ©ines animales), en particulier dans les pays Ă  faibles revenus. Lorsque les quantitĂ©s de poissons prises baissent, les prix augmentent, ce qui rend plus difficile l’accessibilitĂ© de cette denrĂ©e essentielle aux populations les plus pauvres et accroĂźt donc leur vulnĂ©rabilitĂ© (Biswas et al., 2010)[49].RĂ©sultat de ce cercle vicieux : ces populations doivent se contenter de consommer des « poissons-dĂ©chets » de faible valeur marchande et de qualitĂ© mĂ©diocre, capturĂ©s en grande quantitĂ© dans la rĂ©gion Asie-Pacifique pour les besoins de l’aquaculture (poissons d’élevage) ou utilisĂ©s notamment comme aliment pour le bĂ©tail. Le commerce de la pĂȘche favorise par ailleurs l’effet de concentration de la population sur les zones cĂŽtiĂšres dĂ©jĂ  densĂ©ment peuplĂ©es en amenant un nombre croissant de pĂȘcheurs sur des zones pourtant menacĂ©es (FA0, 2007)[50].

En Amérique du Nord (du cÎté de l'Atlantique)

Surexploitation du stock de morue de l'Atlantique (exemple de la zone Terre-Neuve, province du Canada).

Depuis toujours, le Nord-Ouest de l’ocĂ©an Atlantique a attirĂ© de nombreux navires de pĂȘche en raison de ses abondantes ressources halieutiques. Si les eaux maritimes canadiennes sont autant poissonneuses, c’est dĂ», entre autres, Ă  la confluence du courant chaud du Gulf Stream et du courant froid du Labrador[51]. Il est vrai que cet environnement marin permet Ă  de nombreuses espĂšces de poissons, et en particulier des espĂšces dĂ©mersales comme la morue, de se dĂ©velopper.

Cependant, l'attrait des pays Ă©trangers pour les eaux de l’Atlantique Nord-Ouest, ainsi que les progrĂšs technologiques des annĂ©es 1960-1970 et la concurrence internationale croissante, ont commencĂ©, dĂšs 1980, Ă  menacer sĂ©rieusement la faune marine de cette rĂ©gion du globe.

Au Canada, face au risque de voir certaines espĂšces exploitĂ©es disparaĂźtre, le gouvernement a mis en place toute une sĂ©rie de mesures rigoureuses, telles que l'extension de la zone Ă©conomique exclusive (ZEE) Ă  200 miles des cĂŽtes, destinĂ©es Ă  protĂ©ger la biodiversitĂ© marine de son littoral[52]. Pourtant, aucune baisse dans les captures n’a Ă©tĂ© observĂ©e malgrĂ© la gestion drastique des stocks. Au contraire, le secteur de la pĂȘche est depuis lors en situation de crise chronique[53]. Mais c’est en 1992 que la situation fut la plus catastrophique ; lorsque les stocks se sont vĂ©ritablement effondrĂ©s. En effet, les quantitĂ©s de poissons disponibles n’ont jamais Ă©tĂ© aussi basses que cette annĂ©e-lĂ . L’exemple le plus marquant est sans doute celui des rĂ©serves de morues (dans l’ensemble de l’Atlantique Nord-Ouest), qui ont Ă©tĂ© divisĂ©es par trois entre les annĂ©es 1980 et les annĂ©es 1990 puisqu’elles sont passĂ©es de 884 Ă  280 milliers de tonnes[54]. A l’heure actuelle (2022), certaines populations de poissons n’arrivent toujours pas Ă  revenir Ă  leur niveau des annĂ©es 1980 en raison du manque d’individus aptes Ă  procrĂ©er.

Les consĂ©quences sur la population humaine n’en sont pas moins importantes Ă©tant donnĂ© que les poissons de fond fournissaient la majeure partie des emplois du secteur de la pĂȘche atlantique et que donc un certain nombre de pĂȘcheries dĂ©mersales ont fermĂ©. Les autoritĂ©s du pays ont tentĂ© de compenser la crise en installant un programme d’assurance-chĂŽmage bien trop avantageux, ce qui a contribuĂ© Ă  renforcer les pertes d’emploi dans ce secteur d’activitĂ©[55]. Depuis quelques annĂ©es, des solutions plus performantes, telles que l'utilisation de quotas, ont Ă©tĂ© adoptĂ©es en vue d'assurer un avenir Ă  la pĂȘche canadienne, et notamment celle du poisson de fond.

En Amérique du Sud (zone sud-est du Pacifique)

L'Ă©tat des stocks de poissons dans le Pacifique Sud-Est (cĂŽte ouest de l’AmĂ©rique du Sud) varie fortement selon les alĂ©as climatiques et Ă©conomiques. L'intensitĂ© de la pĂȘche combinĂ©e au phĂ©nomĂšne climatique d'El Niño peut rĂ©duire de maniĂšre critique les stocks de certaines espĂšces avec des consĂ©quences Ă©conomiques importantes (concernant leur exploitation). Les captures d'anchois, par exemple, sont passĂ©es respectivement de 12,2Mt en 1970 Ă  4,4Mt en 1972, puis Ă  1Mt en 1980[56].

Au large de la Colombie et de l'Équateur, ce sont les crevettes, les petits pĂ©lagiques cĂŽtiers et les grands migrateurs pĂ©lagiques tropicaux qui alimentent les principales pĂȘcheries ; au large du PĂ©rou, du nord et du centre du Chili, les petits pĂ©lagiques sont de loin les espĂšces dominantes ; tandis qu'au sud du Chili, les poissons dĂ©mersaux et les invertĂ©brĂ©s benthiques alimentent les pĂȘcheries les plus importantes[57]. Le nombre impressionnant de lieux de pĂȘche le long des cĂŽtes de ces deux derniers pays explique le fait que cette rĂ©gion soit le deuxiĂšme producteur mondial de poissons. Notons que la pĂȘche dans la zone du Pacifique Sud-Est est principalement une pĂȘche industrielle minotiĂšre (utilisation du poisson comme matiĂšre premiĂšre dans l'Ă©levage)[58] qui s'est fortement dĂ©veloppĂ©e Ă  cause de l'essor de l’élevage intensif, terrien ou marin, provoquant une forte demande en farines animales, essentiellement celles de poissons.

À la suite de l'amĂ©lioration des techniques de pĂȘche, de conservation et de stockage, la rĂ©gion du Pacifique Sud-Est est passĂ©e d'une production nationale, limitĂ©e aux pays riverains, Ă  une pĂȘche mondiale : un exemple est l'exploitation intensive et dangereuse des stocks prĂ©sents dans cette zone par des grandes puissances telles que la Russie ou le Japon qui exploitent les pĂ©lagiques en se concentrant sur les upwellings de l'AmĂ©rique du Sud.

Ces Ă©lĂ©ments combinĂ©s Ă  une croissance dĂ©mesurĂ©e du nombre de navires de pĂȘche et d'usines de farine de poisson (on estimait que ces derniers dĂ©passaient d’au moins 30 % le niveau recommandĂ© en 1995)[56] ont provoquĂ© une explosion de la capacitĂ© de pĂȘche et amenĂ© les stocks de certaines espĂšces Ă  des seuils critiques. La zone du Pacifique Sud-Est est donc, selon la FAO, la zone oĂč l'on trouve le plus de stocks halieutiques exploitĂ©s Ă  un niveau non biologiquement durable[59].

Enfin, les fermes aquacoles requiĂšrent des droits exclusifs sur des terres littorales et aussi un accĂšs Ă  de l'eau propre. Dans beaucoup de cas, les exploitations appartiennent Ă  des multinationales qui dĂ©placent les pĂȘches artisanales pour des raisons d'espace et de valeur de production. Certains Ă©levages (tels que celui de la crevette) seraient Ă  l'origine de graves problĂšmes comme la destruction de mangroves, des pĂ©nuries d'eau, l'infiltration d'eau salĂ©e dans les champs et la pollution de cours d'eau[56].

En Antarctique (Océan Austral)

L’ocĂ©an austral correspond Ă  15 % de la superficie aquatique mondiale. Celui-ci entoure l’Antarctique et est constituĂ© d’une partie de l’OcĂ©an Indien, d'une partie de l’OcĂ©an Pacifique et enfin d'une partie de l’OcĂ©an Atlantique.

La FAO estime que l’exploitation de l'ocĂ©an austral a dĂ©butĂ© vers 1790, avec un pic de pĂȘche de phoques et de baleines en 1904. Mais la vĂ©ritable rĂ©colte de donnĂ©es n’a commencĂ© qu’en 1960 et on constate, depuis lors que les poissons surexploitĂ©s sont principalement le poisson lanterne, le poisson glace antarctique, la bocasse marbrĂ©e, la bocasse de Patagonie et le phoque. À prĂ©sent, les deux espĂšces les plus surexploitĂ©es sont les lĂ©gines australes et les krills[60].

Les causes les plus importantes de cette surexploitation sont les pĂȘches accidentelles, la technologie des bateaux qui ne cesse de s’amĂ©liorer permettant de pĂȘcher de plus en plus d’espĂšces, la surcapacitĂ© des bateaux dans des zones restreintes, l’insuffisance, l’incertitude et le manque de prĂ©cision des donnĂ©es concernant les quantitĂ©s pĂȘchĂ©es, la mauvaise identification des espĂšces ou encore les pĂȘches non dĂ©clarĂ©es[61].

Plusieurs solutions ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© proposĂ©es. Parmi celles-ci la convention du CCAMLR, la Commission pour la conservation de la faune et la flore marine de l'Antarctique, qui a eu lieu en 1982, et qui a pris pour mesures la conservation des espĂšces de l’ocĂ©an austral et l’utilisation minimisĂ©e des espĂšces. Cette convention rĂ©glemente la pĂȘche dans cet ocĂ©an en essayant de limiter au maximum l’entrĂ©e des navires et en demandant de rendre des comptes concernant leur pĂȘche. Une autre solution est encore le TraitĂ© sur l’Antarctique avec la dĂ©termination de zones protĂ©gĂ©es[60].

Vers des solutions plus durables

Une pĂȘche artisanale basĂ©e sur une bonne gestion de quotas serait une des solutions envisagĂ©es Ă  la surpĂȘche.

Les solutions intuitives telles que rĂ©duire l'effort de pĂȘche quand on constate la diminution de la ressource diminue ne fonctionnent pas dans le domaine de la pĂȘche. Ainsi, depuis 1950, 25 % des populations de 1 519 espĂšces Ă©tudiĂ©es par Mullon et ses collĂšgues[62] - [63] se sont effondrĂ©es, dont un cinquiĂšme brutalement et sans signes avant-coureurs, aprĂšs un plateau de production. Contrairement aux apparences, la stabilitĂ© d'une pĂȘcherie n'est donc pas un indicateur de bonne santĂ© de la ressource, ni de sa bonne gestion[64] ; dĂšs qu'un certain seuil minimal de succĂšs de reproduction n'est plus atteint, la population pĂȘchĂ©e peut s'effondrer en quelques annĂ©es. Et cette rĂ©gression est souvent masquĂ©e pour le public par une efficacitĂ© accrue des moyens de pĂȘche, ou un effort de pĂȘche plus intense ou dĂ©placĂ© ailleurs. Pire, arrĂȘter de pĂȘcher une espĂšce ne suffit pas toujours Ă  en restaurer la population, mĂȘme aprĂšs plusieurs dĂ©cennies, et probablement pour toujours quand une autre espĂšce est devenue dominante et que les communautĂ©s animales et vĂ©gĂ©tales se sont rĂ©organisĂ©es selon d'autres rapports prĂ©dateur-proie[65].

Moratoires et principe de précaution

Le recul des glace de mer ouvre de nouveaux espaces polaires Ă  la pĂȘche qui presque partout dans le monde tend Ă  surexploiter sa ressource. La diminution de l’albĂ©do rĂ©chauffe l’eau, dans laquelle le soleil pĂ©nĂštre en outre mieux, au profit du plancton et d’une chaine alimentaire qui alimente notamment au nord de l'Alaska et de la Russie, et sur le plateau des Tchouktches la morue polaire et bien d’autres espĂšces (dont les emblĂ©matiques phoques et ours polaires) mais aussi les humains[66]. La mer de Barents (pĂȘchĂ©e par la Russie et la NorvĂšge) ont dĂ©jĂ  connu un accroissement de productivitĂ© primaire (presque 35 % de plus que la moyenne 2003-2015 en 2016[66]).

Neuf pays et l'Union europĂ©enne ont nĂ©anmoins signĂ© en 2017 un accord interdisant toute pĂȘche commerciale dans les eaux internationales du centre de l'ocĂ©an Arctique. L'accord vaut pour au moins les 16 prochaines annĂ©es[66]. ("CAO" pour « Central Arctic Ocean »).
Il s'agit de se donner le temps de mieux comprendre le fonctionnement Ă©cologique de cette rĂ©gion (de 2,8 millions de kilomĂštres carrĂ©s) et les effets du changement climatique - avant que les flottes de pĂȘche ne s'y prĂ©cipitent. La communautĂ© internationale veut Ă©viter de reproduire ce qui s’est passĂ© Ă  la fin des annĂ©es 1980 dans le dĂ©troit de BĂ©ring : lĂ  (entre la Russie et les États-Unis) des chalutiers industriels venus d’Asie et d’ailleurs ont envahi les eaux pour pĂȘcher le lieu noir (ou colin, dit goberge au Canada). En moins de 10 ans, ils ont causĂ© un effondrement de la population de ce poisson qui en 2017 n’a pas encore rĂ©cupĂ©rĂ©[66]. Le principe de prĂ©caution a cette fois Ă©tĂ© imposĂ© (aprĂšs 2 ans de nĂ©gociation entre nations cĂŽtiĂšres de l'Arctique et des pays tels que Chine, Japon et CorĂ©e du Sud dĂ©tenteurs de grandes flottes de pĂȘche industrielle[66]).

En 2012, prĂšs de 2 000 scientifiques demandaient un moratoire sur la pĂȘche dans cette rĂ©gion. Sur le principe, ce moratoire Ă©tait acquis en 2015 pour le Canada, le Danemark/Groenland, la NorvĂšge, la Russie et les États-Unis, mais il manquait les voix d’autres acteurs-clĂ© (Japon, Chine, CorĂ©e du Sud, Islande et Union europĂ©enne).

L’accord sera tacitement renouvelĂ© tous les 5 ans, sauf si un pays au moins s'y oppose ou jusqu'Ă  ce que des quotas de pĂȘche et des rĂšgles scientifiquement validĂ©es soient prescrites[66]. L'accord de 2017 prĂ©voit une surveillance et un programme recherche scientifique commun. Les espĂšces seront inventoriĂ©es ; leurs variations d'abondance seront suivies ; les relations prĂ©dateurs-proies et les pressions Ă©cologiques (dont changement climatique) seront Ă©tudiĂ©es[66].

De son cÎté (et alors qu'une étude basée sur le suivi satellitaire de 17 000 bouées a en 2017 montré que les courants tendant à emporter une part importante des déchets marins des cÎtes européennes et américaines vers l'arctique[67]) l'ONG Greenpeace souhaiterait que cet accord devienne permanent et qu'il interdise aussi dans cette région « les autres industries extractives »[68].

Vers de nouvelles gouvernances de la pĂȘche

Face Ă  l’exploitation gĂ©nĂ©ralisĂ©e des mers au profit des capitaux et bĂ©nĂ©fices de court terme, une pĂȘche soutenable voudrait prĂ©server l’économie de subsistance des populations locales pour assurer la sĂ©curitĂ© alimentaire, la survie Ă©conomique et la prĂ©servation des cultures.

  • Le label MSC (Marine Stewardship Council) affiche l'ambition d'identifier les pĂȘcheries rĂ©pondant aux critĂšres du dĂ©veloppement durable en matiĂšres environnementale, sociale et Ă©conomique. Mais la pertinence de ce label est remise en cause par plusieurs ONG qui jugent son attribution trop laxiste[69].
  • Un autre exemple en est le partage des prises[70], pour sortir du cercle vicieux de la concurrence qui pousse Ă  exploiter une ressource, de crainte que d'autres le fassent avant soi. Il s'agirait en quelque sorte de privatiser une part de la ressource.
    La thĂ©orie bioĂ©conomique et des Ă©tudes de cas (sur la base de donnĂ©es rĂ©coltĂ©es de 1950 Ă  2003) suggĂšrent en effet que des quotas raisonnables et des droits partagĂ©s de capture pourraient mieux inciter Ă  des rĂ©coltes individuelles plus durables et moins sujettes Ă  l'effondrement et qui pourraient mĂȘme inverser la tendance mondiale Ă  l'effondrement gĂ©nĂ©ralisĂ©[70]. Une difficultĂ© reste la gestion et surveillance de la ressource et des captures dans les eaux internationales.
  • Approches pluridisciplinaire et Ă©cosystĂ©mique : La complexitĂ© en halieutique nĂ©cessite une pluridisciplinaritĂ© dans la gestion de la ressource ; Ces disciplines peuvent ĂȘtre articulĂ©es dans un « modĂšle pluridisciplinaire de dynamique conjointe »[71].
  • Une action diplomatique est souvent nĂ©cessaire, car mĂȘme quand une politique de pĂȘche optimale a Ă©tĂ© dĂ©finie sur une base scientifique, son adoption peut encore se heurter dans certains pays (ou rĂ©gions) Ă  une rĂ©sistance de la part d'acteurs de la filiĂšre et du monde politique, qui essaient de la retarder[72] - [73].
  • Huit pays ocĂ©aniens ont mis en place l'accord de Nauru permettant de prĂ©server leurs ressources en thon.

Gestion restauratoire de la ressource

Quelques retours d'expérience positifs ont montré qu'une gestion rationnelle (prélÚvements raisonnables) permet parfois de restaurer et protéger une ressource.

Un cas particulier est celui des récifs artificiels, expérimentés depuis plusieurs décennies dans le monde.

Les aires marines protĂ©gĂ©es (AMP), quand elles sont respectĂ©es montrent aussi une efficacitĂ©. Par exemple autour de Sainte-Lucie, une AMP soutenue par le Fonds français pour l'environnement mondial a en 10 ans multipliĂ© par 4 la biomasse de poissons dans la rĂ©serve naturelle, et elle a triplĂ© aux alentours de cette derniĂšre, alors que la diversitĂ© des espĂšces se reconstituait Ă©galement ; cela a permis aussi de calmer les conflits qui opposaient les pĂȘcheurs Ă  ceux qui voulaient protĂ©ger les fonds et les poissons, notamment pour le tourisme, les pĂȘcheurs tirant ici aussi des avantages du tourisme[74]. Toutefois, un dispositif de concentration de poisson placĂ© dans un environnement appauvri risque de ne faire que dĂ©placer le poisson, voire faciliter sa surexploitation.

Aquaculture

Un Ă©levage de poissons-chats dans le delta du Mississippi.

L’aquaculture est l'une des rĂ©ponses Ă  la demande croissante en poissons, et elle peut accompagner l'amĂ©lioration d'habitats (rĂ©cifs artificiels). Cependant la plupart des poissons d’élevage des pays dĂ©veloppĂ©s sont des carnivores ; il faut pĂȘcher kg de poisson sauvage pour produire kg de poisson d'Ă©levage[75], et les produits de l’aquaculture ont un prix Ă©levĂ© ce qui n’amĂ©liore pas la sĂ©curitĂ© alimentaire. La pĂȘche minotiĂšre qu'elle utilise ne permet que de valoriser des poissons peu recherchĂ©s par les consommateurs (petits pĂ©lagiques), et elle participe Ă  la surpĂȘche et au risque de voir s'effondrer les populations de poissons s'en nourrissant[35].

La Chine et l'Inde pratiquent des Ă©levages de cyprinidĂ©s et de tilapias omnivores qui permettent de produire de grande quantitĂ© de poissons (10 millions de tonnes de carpes, 1,5 million de tonnes de Tilapia) sans utiliser de grandes quantitĂ©s de farines de poisson. Ces Ă©levages sont souvent intĂ©grĂ©s Ă  des systĂšmes d'Ă©levage de volailles oĂč de porcs, les Ă©tangs sont enrichis avec les effluents des Ă©levages (qui peuvent aussi bien ĂȘtre trĂšs modernes et trĂšs intensifs que familiaux).

L’aquaculture contribue aussi localement Ă  l'eutrophisation voire Ă  une anoxie locale des eaux ou Ă  une prolifĂ©ration de planctons toxiques (marĂ©e rouge) ou de pathogĂšnes antibiorĂ©sistants.

La fuite de saumons d’élevage met en pĂ©ril les populations sauvages en transmettant le pou du saumon et des infections contractĂ©es en captivitĂ© et en dĂ©plaçant les Ɠufs dĂ©posĂ©s sur le fond par les saumons autochthones car ils frayent plus tard. Chaque annĂ©e, 500 000 poissons s’échappent des Ă©levages d’aprĂšs le WWF.

Dans les zones tropicales, la construction massive de fermes aquacoles a entraßné une destruction des mangroves et des zones humides.

PĂȘche littorale

Mesures proposĂ©es par la FAO pour un dĂ©veloppement durable de la pĂȘche dans les zones cĂŽtiĂšres et sur le plateau continental :

  • PrĂ©lĂšvement de droits pour l’exploitation des ressources, assorties de pĂ©nalitĂ©s et de l’élimination des subventions incitant Ă  la surcapitalisation.
  • Zones ou saisons de pĂȘche fermĂ©e.
  • Incorporer dans des parcs marins les zones d’alevinage.
  • Encourager les installations aquacoles dans les environnements pouvant les supporter.
  • CrĂ©ation de mĂ©canismes de rĂ©solution des conflits entre usagers.
  • RĂ©duire le rejet de dĂ©bris emmĂȘlant.
  • AmĂ©liorer la sĂ©lectivitĂ© des engins de pĂȘche.
  • DĂ©finir des objectifs de gestion par rapport Ă  des rĂ©fĂ©rents et prĂ©ciser l’état des pĂȘcheries.
  • ContrĂŽle des rejets de matiĂšres eutrophisantes.

Des exemples de gestion rĂ©ussie avec les pĂȘcheurs existent comme en rade de Brest oĂč les restrictions Ă  la pĂȘche Ă  la coquille Saint-Jacques et l’ensemencement annuel de la rade par de jeunes coquillages nĂ©s en Ă©closerie ont permis de multiplier par 5 les prises qui avaient chutĂ© Ă  cause de la surpĂȘche.

PĂȘche hauturiĂšre

La pĂȘche Ă  la canne de thons obĂšses permet de limiter les prises accessoires et de pĂȘcher uniquement les spĂ©cimens matures.
  • Des recherches plus nombreuses et approfondies sur le rĂŽle des mammifĂšres marins et des prĂ©dateurs apicaux dans les Ă©cosystĂšmes.
  • RĂ©duire les captures accidentelles d’oiseaux, de tortues, de mammifĂšres marins et maintenir les prises accessoires Ă  des niveaux permettant le renouvellement des populations.
  • Tenir compte du faible taux de renouvellement et de la sensibilitĂ© des mammifĂšres marins.
  • Favoriser la gestion par des organismes rĂ©gionaux.
  • Appliquer les nouvelles technologies au contrĂŽle des stocks.
  • Combattre les pavillons de complaisance.

Choix du consommateur

Outre le problĂšme de surpĂȘche le consommateur doit faire attention Ă  la contamination par des polluants. Le thon (dĂ©graissĂ© ou non) accumule le mercure et/ou le mĂ©thylmercure et le saumon les pesticides et d'autres contaminants.

Vers une action concertĂ©e des États contre la pĂȘche illĂ©gale

Selon la FAO, les illĂ©galitĂ©s les plus frĂ©quentes sont la pĂȘche sans permis et l'utilisation d'engins de pĂȘche (ou de moyens de pĂȘches interdits (tels que la dynamite ou des poisons) ; viennent ensuite la pĂȘche hors des saisons autorisĂ©es ou dans des zones fermĂ©es Ă  la pĂȘche, ainsi que les captures de juvĂ©niles ou d'espĂšces dont la pĂȘche est interdite.

Longtemps les États ont protĂ©gĂ© leur marchĂ© intĂ©rieur au dĂ©triment de la ressource halieutique, mais sous l'Ă©gide de l'ONU et en particulier de la FAO, un projet de traitĂ© visant Ă  interdire l'accĂšs des ports aux navires pratiquant la pĂȘche illĂ©gale, non dĂ©clarĂ©e et non rĂ©glementĂ©e, a obtenu en 2009 l'accord de 91 pays[76]. Chaque pays devra dans sa zone de compĂ©tence et dans ce cadre renforcer la qualitĂ© des contrĂŽles et la frĂ©quence des inspections (dans ses ports et en mer), dĂ©livrer des autorisations aux navires de pĂȘche Ă©trangers, partager les informations sur les navires « illĂ©gaux » et aider les pays en dĂ©veloppement Ă  lutter contre la pĂȘche illĂ©gale. Ichiro Nomura (sous-directeur gĂ©nĂ©ral des pĂȘches et de l'aquaculture Ă  la FAO) a rappelĂ© que c'Ă©tait l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et des pĂȘcheurs eux-mĂȘmes, car « En entravant l'amĂ©nagement responsable des pĂȘches, la pĂȘche illĂ©gale nuit Ă  la productivitĂ© des pĂȘches ou porte Ă  leur effondrement». Le traitĂ© doit ĂȘtre adoptĂ© en ConfĂ©rence de la FAO en , puis entrera en vigueur 30 jours aprĂšs que 25 pays l'auront ratifiĂ©.

Les bateaux-pirates ne pourront alors plus thĂ©oriquement dĂ©barquer ni transborder leurs prises, ni se ravitailler en provisions et en carburant, et ils risqueront d'ĂȘtre contrĂŽlĂ©s plus souvent. Un peu comme la surpĂȘche en haute mer.

Des moyens spĂ©cifiques de surveillance sont nĂ©cessaires Ă  la lutte contre la pĂȘche illĂ©gale[77]. L'imagerie satellitale, le suivi de navire et parfois l'utilisation de drones y contribuent.

En 2017 la France a expĂ©rimentĂ© Ă  Saint-Brieuc un drone pour la « protection de la ressource halieutique et de l’environnement marin », jusqu'Ă  20 km de la cĂŽte[77]. Selon le ministre chargĂ© de la pĂȘche (StĂ©phane Travert, « cette nouvelle technologie, grĂące Ă  son dĂ©ploiement rapide sur les zones Ă  surveiller est un atout pour amĂ©liorer la connaissance des activitĂ©s de pĂȘche et assurer un ciblage affinĂ© des navires prĂ©sentant des risques. Elle participera Ă  la lutte contre la pĂȘche illĂ©gale, notamment dans les eaux de nos territoires d’outre-mer »[77].

Notes et références

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  22. Ce rapport « In Dead Water » est produit par les scientifiques du PNUE en collaboration avec des universitĂ©s et des instituts europĂ©ens et des États-Unis. Il s'appuie sur des donnĂ©es scientifiques rĂ©centes et souvent nouvelles, dont le dernier rapport d'Ă©valuation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'Ă©volution du climat (GIEC), qui a rĂ©uni plus de deux mille chercheurs sous l'Ă©gide du PNUE et de l'Organisation MĂ©tĂ©orologique mondiale (OMM)
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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  • Pascale KrĂ©mer, « Mode d’emploi pour manger du poisson sans (trop de) casse environnementale », sur Le Monde, .

Filmographie

Liens externes

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