AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

PĂȘche durable

La pĂȘche durable (anciennement soutenable, en traduction littĂ©rale de l'anglais sustainable) est l'application Ă  la pĂȘche des principes du dĂ©veloppement durable ou soutenable tels que reconnus par la communautĂ© internationale Ă  Rio de Janeiro en .

Les images du capteur satellitaire SeaWiFS illustrant l'évolution de la production primaire océanique ont permis d'évaluer que les zones désertiques de l'océan ont progressé depuis 1998 de 6,6 millions de km2 (15 %), soit douze fois la superficie de la France[1].

Elle s'appuie sur des disciplines thĂ©oriques, telle que la dynamique et gestion des pĂȘcheries et des mĂ©thodes de capture qui visent Ă  attĂ©nuer la surpĂȘche, les prises accessoires et la destruction des fonds.

Historique

Les questions de surexploitation des ressources halieutiques et de dynamique et gestion des pĂȘcheries prĂ©occupent les sociĂ©tĂ©s depuis des siĂšcles. Une rĂ©glementation de la pĂȘche existe ainsi en NorvĂšge depuis le XVIIe siĂšcle[2]. En 1609 dans son Mare Liberum (en), le juriste Grotius, fondateur d'un droit international basĂ© sur le droit naturel, Ă©crit : « La pĂȘche en mer est libre, car il est impossible d’en Ă©puiser les richesses ». En 1851, on peut lire dans le Moby Dick d'Herman Melville Ă  propos des baleines : « Bien qu’il y ait si peu de temps — la valeur d’une courte vie d’homme — la population des bisons en Illinois ait dĂ©passĂ© la population humaine actuelle de Londres, et bien qu’il n’en reste plus ni une corne ni un sabot, et bien que cette extermination soit due Ă  la lance des chasseurs, la nature si diffĂ©rente de la chasse Ă  la baleine interdit absolument une fin aussi indigne au LĂ©viathan ». Lors de l’ouverture de l’exposition internationale sur la pĂȘche (en) tenue Ă  Londres en 1883, le biologiste Thomas Henry Huxley dĂ©clare : « Je crois pouvoir affirmer avec confiance que, avec nos modes de pĂȘche actuels, un bon nombre des plus importantes pĂȘcheries de mer — comme celles de la morue, du hareng et du maquereau — sont inĂ©puisables »[3]. Le zoologiste Ray Lankester lui rĂ©torque : « une erreur serait de croire que l'ocĂ©an Ă©tait un vaste grenier dont les ressources sont infinies »[4]. En 1900, le professeur de zoologie Walter Garstang (en) publie un article intitulĂ© The impoverishment of the sea[5] dans lequel il dĂ©montre que la pression de pĂȘche rĂ©duit les abondances des espĂšces capturĂ©es mais aussi celles des autres espĂšces par des effets indirects. Son travail sur les pĂȘches en Mer du Nord, montre que les poissons sont des ressources non renouvelables qui sont vouĂ©es inexorablement Ă  l'Ă©puisement en cas de surexploitation[6].

La prise de conscience des risques de surexploitation qu'engendrent l'accroissement du tonnage des navires et de leur nombre ainsi que le perfectionnement des engins de pĂȘche, se manifeste par la constitution d'organes scientifiques, en premier lieu le Conseil international pour l'exploration de la mer[7] qui attire l'attention des États industriels au dĂ©but des annĂ©es 1930 sur ces risques, et contribue Ă  la signature d'accords bilatĂ©raux ou multilatĂ©raux (Convention de GenĂšve du 21 septembre 1931 sur la pĂȘche Ă  la baleine, Convention de Londres du 23 mars 1937 sur la rĂ©glementation des mailles des filets et la taille minimale des poissons en Mer du Nord)[8].

Si la mise en place d'une pĂȘche durable respectueuse de l'environnement et subvenant aux besoins alimentaires des hommes est une prĂ©occupation de plus en plus partagĂ©e depuis la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, la transition vers ce type de pĂȘche peut ĂȘtre diffĂ©rente d'un pays Ă  l'autre, d'une rĂ©gion Ă  l'autre, et d'une pĂȘche Ă  l'autre[9]. Ainsi, selon les chiffres rendus publics par l’Ifremer en 2019, 48 % des volumes pĂȘchĂ©s en France en 2018 proviennent de stocks de poissons (en) exploitĂ©s de maniĂšre durable, 27 %[10] des volumes proviennent de stocks surpĂȘchĂ©s[11].

Principales causes de la chute de la biodiversité marine

Les principales causes de la chute de la biodiversitĂ© marine sont la surpĂȘche, la destruction des habitats, les impacts du changement climatique (acidification des ocĂ©ans, rĂ©chauffement et de la couche de surface et plus forte stratification qui entraĂźne une dĂ©sertification des ocĂ©ans, un dĂ©placement des espĂšces et des dĂ©phasages chronobiologiques), la pollution marine, les maladies et parasites des poissons (en)

Critiques

En 2021, le film Seaspiracy[12] Ă©pingle les labels de pĂȘche durable et notamment le Marine Stewardship Council pour leur inefficacitĂ© Ă  rĂ©duire les terribles dĂ©gĂąts produits par la pĂȘche industrielle, dont ils ne contribuent selon l'auteur qu'Ă  amĂ©nager l'acceptabilitĂ©. Quasiment aucun contrĂŽle n'a lieu en mer, oĂč le bycatch extermine des millions de cĂ©tacĂ©s, tortues, requins, oiseaux et poissons non-commerciaux, et aucune dĂ©finition consensuelle de la pĂȘche durable n'existe.

Pour des chercheurs du Leibniz-Institut fĂŒr Meereswissenschaften, le label MSC n'aurait quasiment aucune consĂ©quence sur l'Ă©volution du stock de poisson[13].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Filmographie

Notes et références

  1. (en) Jeffrey J. Polovina, Evan A. Howell, Melanie Abecassis, « Ocean's least productive waters are expanding », Geophysical Research Letters, vol. 35, no 3,‎ (DOI 10.1029/2007GL031745)
  2. Affaire des pĂȘcheries (Royaume-Uni C. NorvĂšge), International Court of Justice, , p. 247.
  3. « Quand le poisson se fait rare
 », sur echomagazine.ch, .
  4. Philippe Cury, « Une mer sans poissons ? Vers des pĂȘches lentes », dans Jean-François Toussaint, Bernard Swynghedauw, Gilles BƓuf, L’homme peut-il s’adapter Ă  lui-mĂȘme, QuĂŠ, , p. 101.
  5. (en) W. Garstang, « The impoverishment of the sea: A Critical Summary of the Experimental and Statistical Evidence Bearing upon the Alleged Depletion of the Trawling Grounds », Journal of the Marine Biological Association, vol. 6, no 1,‎ , p. 1–69 (DOI 10.1017/S0025315400072374).
  6. (en) Alasdair McIntyre, Life in the World's Oceans. Diversity, Distribution, and Abundance, Wiley, , p. 5.
  7. En France, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, l'ancĂȘtre de l'Ifremer, est crĂ©Ă© en 1918 afin de rĂ©pondre aux problĂšmes posĂ©s par l'industrialisation croissante de la pĂȘche.
  8. Jean-GrĂ©goire Mahinga, La pĂȘche maritime et le droit international, Ă©ditions L'Harmattan, , p. 26.
  9. OCDE, Les mĂ©canismes du marchĂ© au service de la pĂȘche, OECD Publishing, , p. 227.
  10. Les 25% restants correspondent à des stocks pour lesquels il manque des données.
  11. Franck Stassi, « Moins de la moitiĂ© des poissons dĂ©barquĂ©s en France sont issus de la pĂȘche durable », sur usinenouvelle.com, .
  12. « Seaspiracy : La PĂȘche en Question », sur allocine.fr, .
  13. « PĂȘche durable : le label crĂ©Ă© par le WWF pour protĂ©ger les ocĂ©ans est-il efficace ? », sur francetvinfo.fr, .
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.