Accord de Nauru
L'Accord de Nauru concerne les ressources halieutiques, et particuliĂšrement le thon. Il est en vigueur depuis 1982 entre huit pays ocĂ©aniens : Ătats fĂ©dĂ©rĂ©s de MicronĂ©sie, Kiribati, Ăles Marshall, Nauru, Palaos, Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, Ăles Salomon et Tuvalu[1]. La zone concernĂ©e par l'accord comprend 25 Ă 30% de l'approvisionnement mondial en thon[2], et environ 60% de celui du Pacifique occidental et central[3]. L'abrĂ©viation PNA (anglais : Parties to the Nauru Agreement, en français Parties Ă l'accord de Nauru) est couramment utilisĂ©e pour dĂ©signer ses membres.
Historiquement, l'Accord de Nauru concerne principalement la limitation de la pĂȘche Ă la senne. Depuis 2008, il rĂ©gule les quantitĂ©s de thon pĂȘchĂ©es.
Situation antérieure
Avant la mise en place de l'accord de Nauru, les huit nations membres ne percevaient qu'environ 50 millions de dollars, soit 2,5 % de la valeur, de la pĂȘche au thon dans leurs eaux. les pĂȘcheurs dĂ©claraient la quantitĂ© de poisson pĂȘchĂ©e, et devaient reverser cinq pour cent de sa valeur. Cependant, les quantitĂ©s Ă©taient grossiĂšrement sous-Ă©valuĂ©es[4].
Ă partir des annĂ©es 2000, les dispositifs de concentration de poisson sont utilisĂ©s. En plus de capturer thons adultes comme juvĂ©niles, ces dispositifs permettent la capture de requins, tortues, et d'autres espĂšces de poissons, qui sont rejetĂ©s Ă la mer. La surpĂȘche Ă©tait pratiquĂ©e, rĂ©duisant la population des poissons[4]. Selon une Ă©tude menĂ©e Ă Palau, un tiers de la capture des palangriers hauturiers est composĂ©e d'autres espĂšces que le thon[5].
Histoire
L'accord est signé en 1982 et a connu plusieurs évolutions.
En 2008 est mis en place le Vessel Day Scheme consistant Ă accorder des journĂ©es de pĂȘche[2].
En 2021 est annoncĂ©e la mise en place de technologies de surveillance Ă©lectronique de la pĂȘche, permettant d'identifier les espĂšces pĂȘchĂ©es et la localisation jour et nuit[5].
RĂšgles de pĂȘche
Depuis la mise en place de l'accord, les PNA vendent aux enchĂšres des journĂ©es de pĂȘche et non plus des quantitĂ©s de poisson. Le prix minimum d'une journĂ©e est fixĂ© Ă 8 000 $, en pratique il est proche de 12 000 $[4]. En 2015, les Ătats-Unis payent ainsi 90 millions de dollars pour 8 300 jours de pĂȘche, soit 10 843 $ par jour[6].
En octobre 2010, les huit Ătats membres parties Ă l'Accord de Nauru (PNA) ont Ă©tendu leur interdiction de la pĂȘche du thon Ă la senne coulissante en haute mer, dans leurs zones Ă©conomiques exclusives combinĂ©es , soit environ 4,5 millions de kilomĂštres carrĂ©s[7].
Parmi les autres actions rĂ©centes des Parties Ă l'Accord de Nauru, citons l'interdiction de poser des sennes coulissantes autour des requins-baleines, une interdiction de pĂȘcher Ă proximitĂ© des dispositifs de concentration de poissons pendant les mois de juillet, aoĂ»t et septembre afin d'Ă©viter la capture de Thunnus obesus juvĂ©niles[4] (avec une option de prolongation jusqu'Ă trois mois supplĂ©mentaires si les avis scientifiques suggĂšrent que les stocks de thon en bĂ©nĂ©ficieraient), une exigence de la prĂ©sence d'observateurs Ă bord des senneurs 100 % du temps, une taille minimale des mailles des filets et une exigence de rĂ©tention de toutes les captures de thon Ă bord (pas de rejets).
Bien que Tokelau, territoire sous souverainetĂ© nĂ©o-zĂ©landaise, ne fasse pas partie de l'accord de Nauru, un accord de participation est signĂ© en 2019. Tokelau participe aux rĂ©unions mais n'a pas de droit de vote, et autorise les bateaux ayant une licence de pĂȘche des PNA Ă pĂȘcher dans sa zone Ă©conomique exclusive[8]. En contrepartie, il reçoit sa part de l'argent des droits de pĂȘche[6].
Conséquences
En 2020, la région du Pacifique occidental et central est la seule région à avoir une population de thon soutenable[2].
Certification MSC
Depuis dĂ©cembre 2011, la pĂȘcherie des PNA a Ă©tĂ© certifiĂ©e durable selon les normes du Marine Stewardship Council[9] - [10].
Les PNA ont également créé leur propre certification, Pasifical[11].
RĂ©compenses
L'accord de Nauru a été nommée Organisation de l'année 2010 par le magazine d'information régional Islands Business[12].
L'accord de Nauru a remportĂ© le Seafood Champion Award for Vision au Global Seafood Summit Ă Malte en 2016[13]. Selon l'Environmental Justice Foundation, la PNA a remportĂ© le prix pour «avoir constatĂ© la nĂ©cessitĂ© de gĂ©rer la pĂȘche au thon du Pacifique occidental et central sur le long terme et de prendre rapidement des mesures efficaces».
Références
- Emmanuel Perrin, « Thon : huit pays du Pacifique tentent de protéger leurs ressources », sur maxisciences.com, (consulté le ).
- (en) « The Nauru Agreementâtuna and the power of the collective », sur abc.net.au, (consultĂ© le ).
- (en) Evangelia G.Drakou, John Virdin et Linwood Pendleton, « Mapping the global distribution of locally-generated marine ecosystem services: The case of the West and Central Pacific Ocean tuna fisheries », Ecosystem Services, vol. 31,â , p. 278 (lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) Christopher Pala, « How Eight Pacific Island States Are Saving the Worldâs Tuna », sur foreignpolicy.com, (consultĂ© le ).
- Mark Zimring (The Nature Conservancy), « SurpĂȘche du thon dans le Pacifique : la technologie au service de la protection des stocks », sur ideas4development.org, .
- mtehieura, « Pacifique : le traitĂ© de pĂȘche le plus cher du monde », sur actu.fr, La DĂ©pĂȘche de Tahiti, .
- (en) Jemima Garrett, « Pacific Nations Extend Tuna Fishing Ban », sur pireport.org, Radio Australia, (consulté le ).
- (en) « Tokelau to allow more fishing in its waters », sur rnz.co.nz, (consulté le ).
- (en) Marine Stewardship Council, « PNA Western and Central Pacific skipjack, yellowfin and bigeye tuna purse seine fishery (FAD and non-FAD sets) » (consulté le ).
- (en) « The PNA Western & Central Pacific skipjack tuna fisheryâs âfree schoolâ set operations gains MSC certification », sur msc.org, (consultĂ© le ).
- Elodie Largenton et ABC Radio Australia, « Grùce au Pacifique, l'Australie est un exemple en matiÚre de consommation de thon « durable » », sur La PremiÚre, (consulté le ).
- (en) Samisoni Pareti, « PNA Business Organization Of The Year 2010ff », sur atuna.com, (consulté le ).
- (en) Lucy Towers, « SeaWeb Announces Winners of 2016 Seafood Champion Awards », sur thefishsite.com, (consulté le )