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Baie de Douarnenez

La baie de Douarnenez est une baie de l’ouest de la France, à l'est de la mer d'Iroise, dans le département du Finistère. La baie est incluse dans le Parc naturel marin d'Iroise.

Baie de Douarnenez
Vue sur la pointe de Tal ar Grip.
Vue sur la pointe de Tal ar Grip.
GĂ©ographie humaine
Pays cĂ´tiers Drapeau de la France France
Subdivisions
territoriales
Finistère (Bretagne)
GĂ©ographie physique
Type Baie
Localisation Mer d'Iroise (océan Atlantique)
CoordonnĂ©es 48° 10′ 00″ nord, 4° 26′ 00″ ouest
Subdivisions Anse d'Ar VĂ©chen, anse de Kervijen, anse de Ty Mark, anse du Caon, anse de Morgat, anse Saint-Nicolas
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Baie de Douarnenez
Géolocalisation sur la carte : Finistère
(Voir situation sur carte : Finistère)
Baie de Douarnenez

GĂ©ographie

Situation

La Baie de Douarnenez vue du sommet du Petit Ménez-Hom ("Hielc'h") : à droite la plage de Pentrez-Lestrevet et à gauche celle de Sainte-Anne-la-Palud ; à l'arrière-plan la presqu'île du Cap Sizun.
Carte de la baie de Douarnenez (par Jacques-Nicolas Bellin, 1764).

Cette baie, située entre la presqu'île de Crozon au nord et le cap Sizun au sud, dessine un immense bassin demi-circulaire de plus de 16 kilomètres de large sur 20 kilomètres de profondeur.

Le relief de son littoral

Bien qu’à demi fermée à l’ouest par le cap de la Chèvre, elle s’ouvre encore de ce côté de la mer d'Iroise sur une largeur de 9 kilomètres. Ce trait de côte est en recul rapide sous l'action de l'érosion marine, surtout lors des fortes tempêtes coïncidant avec de grandes marées, car elle prend les vents d'ouest de plein fouet. Cette côte n'offre aucun abri naturel susceptible de servir de port entre Morgat et Douarnenez.

Des plages (Le "Caon" en Telgruc-sur-Mer, la "Lieue de Grève" [plages de Pentrez et Lestrevet] à cheval sur les communes de Saint-Nic et Plomodiern, "Kervijen" en Plomodiern, Sainte-Anne-la-Palud, "Kervel" en Plonévez-Porzay, "Trezmalaouen" en Kerlaz, le "Ris" en Douarnenez) en bordure de petits plateaux de schistes briovériens qui constituent l'essentiel de la plaine du Porzay constituent le fond de la baie, l'arc de cercle dessiné par le littoral étant toutefois entrecoupé de quelques promontoires modestes formés de falaises de 20 à 40 mètres de haut. Ces plages prennent appui pour partie sur un cordon littoral, constitué par endroits de petites dunes, qui ont régularisé le trait de côte, mais gênent l'écoulement des modestes cours d'eau, d'où la formation de "palues" ou "palud", c'est-à-dire de marais maritimes dont le toponyme Sainte-Anne-la-Palud est une illustration[1].

Au sud-est, se trouve le port sardinier de Douarnenez qui lui a donné son nom, seule agglomération d'importance située sur ses rivages. La station balnéaire de Morgat se situe, elle, au nord, sur la presqu'île de Crozon.

Le littoral sud, entre Douarnenez et la pointe du Van (celui du cap Sizun), marqué par l'omniprésence du granite, est très inhospitalière en raison d'une suite quasi ininterrompue de hautes falaises, avec de rares criques d'accès difficile et donc presque sans vie maritime en dépit de la présence de tout petits ports et de grèves à éboulis, mais presque sans plages ; le tronçon du GR 34 qui le parcourt est "sportif", mais superbe.

GĂ©ologie

Cadre géologique de la baie de Douarnenez.

Cette avancĂ©e rocheuse Ă©levĂ©e se situe dans la presqu'Ă®le de Crozon qui correspond au prolongement occidental du synclinorium mĂ©dio-armoricain. La rĂ©gion est constituĂ©e d'un socle de schistes briovĂ©riens (-550 Ma) sur lequel reposent des sĂ©ries palĂ©ozoĂŻques du dĂ©but de l'ordovicien (-480 Ma) Ă  la fin du dĂ©vonien (-360 Ma), avec notamment les grès armoricains (cette formation peut atteindre 1 000 m dans le Sud de la presqu'Ă®le qui a Ă©tĂ© marquĂ©e par une forte subsidence). De grands plis hercyniens affectent toute la rĂ©gion formant des anticlinaux et des synclinaux[2]. Le trait dominant de la gĂ©omorphologie de cette rĂ©gion est l'inversion de relief rĂ©sultat de l'Ă©rosion diffĂ©rentielle[3].

Histoire

Les cuves de salaison

Des cuves de salaison jalonnent la baie de Douarnenez (17 sites identifiés dont l'Aber en Crozon, Le Caon à Telgruc-sur-Mer, Porz-ar-Vag en Plomodiern, Tréfeuntec en Plonévez-Porzay, Plomarc'h-Pella en Douarnenez[4], Kerandraon en Poullan-sur-Mer...) ainsi que les estuaires de petits fleuves côtiers proches (Odet, Goyen, Blavet). Ce sont de petits appareils de pierre enduits de mortier rouge, de telles structures plus nombreuses et plus vastes jalonnent en grand nombre le pourtour de la Méditerranée.

Ces « cuves de salaison », généralement construites vers la fin du Ier siècle, fabriquaient différents produits à base de poisson : salaisons ; garum ou allec[5]…

Des restes de structures liées à ces cuves de salaison ont été trouvés à proximité : restes d'habitat précaire ou saisonnier, hypocaustes, villa romaine et thermes près de la plage du Ris.

PĂŞche Ă  la sardine

La baie de Douarnenez a été et reste un haut lieu de la pêche à la sardine.

L’Atlas Maior de Blaue de 1665 portait la mention « pêche de sardines » sur la baie de Douarnenez faisant ressortir l’importance de cette activité au XVIIe siècle.

À la fin du XIXe siècle, des centaines de chaloupes sardinières ont traqué le poisson dans la baie, alimentant les 32 conserveries de Douarnenez.

Les difficultés des pêcheurs de Douarnenez étaient accrues par les dégâts provoqués par les marsouins, alors nombreux en Baie de Douarnenez : Jacques Gloaguen, président du syndicat des marins-pêcheurs de Douarnenez, expose en 1901 que « les marsouins et autres gros poissons pullulent dans la baie ; que ces poissons voraces consomment des quantités considérables de sardines, détruisent les filets des pêcheurs et les mettent souvent dans l'impossibilité de continuer leur pêche ; qu'il est urgent d'aviser aux moyens d'arriver à la destruction de ces poissons »[6]. La Marine nationale participa entre 1910 et 1930 à des campagnes d'extermination des bélugas, marsouins et autres gros poissons, y compris des dauphins, en envoyant des navires garde-pêche et même des torpilleurs les tuer à coups de mitrailleuses et de canons ; les pêcheurs menèrent eux-mêmes des campagnes d'extermination jusqu'aux Îles Scilly[7].

La chapelle de Sainte-Anne-la-Palud

La légende prétend que la première chapelle remonterait au temps de saint Guénolé. La chapelle actuelle date de 1864 et est un lieu célèbre de pèlerinage : chaque année, le petit Pardon a lieu fin juillet et surtout le grand Pardon le dernier week-end du mois d'août.

Épaves et séquelles de guerre

Le littoral abrite d'anciens forts, dont celui de Morgat.

En raison de sa configuration et de la proximité du port de Brest, la baie a souvent servi de lieu d'exercices militaires et elle abrite selon l'OSPAR un dépôt immergé de munitions [8].

La baie abrite aussi plusieurs épaves, dont un navire de guerre, coulé lors d'un exercice et un avion.

Le chalutier semi-industriel et à pêche arrière Castel-Meur, construit en 1975 à Courseulles-sur-Mer, en chantier pour carénage à Douarnenez, bascule lors de sa remise à l'eau le ; il fallut faire venir une grue spécialisée d'Allemagne pour le remettre d'aplomb, mais les dégâts étant considérables, le bateau fut abandonné dans le port, devenant une épave encombrante. Il fut finalement remorqué et coulé au milieu de la Baie de Douarnenez le pour servir de site d'abri pour les poissons[9].

Le le chalutier en fer à pêche arrière La Perle, utilisé par l'état comme navire-école pour la formation des futurs lieutenants de pêche, parti de Concarneau, heurte la "Basse Jaune", une roche située entre la Pointe du Van et le Cap de la Chèvre. Le navire, qui prend l'eau, est remorqué par le Ville de Paris, canot de sauvetage de l'Île-de-Sein, mais coule à l'entrée du port de Douarnenez. L'épave fut peu après déplacée et coulée en Baie de Douarnenez[10].

LĂ©gendaire

C'est également dans la baie que la ville d'Ys aurait été engloutie selon la célèbre légende.

Sécurité maritime

Morgat et Douarnenez (selon la direction des vents) sont aussi des ports-refuges pour des navires en difficulté ou souhaitant s'abriter du mauvais temps.

Il y a eu plusieurs accidents ou catastrophes évitées de peu. Le 27 février 2004, le cargo turc Kaptan Aslan Fatoglu s'est échoué de nuit à une vitesse de 11 nœuds au pied des falaises de la pointe du Millier[11].

De nuit, trois phares Ă©clairent essentiellement la baie de Douarnenez : ceux de Morgat, de l'ĂŽle Tristan et du Millier.

Activités sportives

La baie a accueilli les championnats de France Kitesurf freestyle en 2008, en 2009/2010 le championnat d'Europe, en 2011 le championnat du monde senior et junior.

Écologie, environnement

Nettoyage mécanique des plages qui se sont ensablées et se recouvrent périodiquement d'importantes laisses de mer, comprenant de plus en plus d'ulves (plage de Morgat)

Bien que ventée et animées d'une courantologie permettant un certain renouvellement de l'eau, cette baie est particulièrement bien fermée et donc vulnérable aux phénomènes d'eutrophisation ou de dystrophisation, aux marées noires ou à l'accumulation de polluants pas ou peu dégradables.

Après un fort recul des populations de sardines qui ont autrefois permis l'expansion du port de Douarnenez et qui donnaient du travail à des milliers de personnes dans les conserveries, la baie a vu le tourisme se développer. Les aménagements touristiques n'ont pas été sans conséquences sur la baie, comme la construction d'un deuxième puis d'un troisième port à Crozon-Morgat, avec modification des courants et ensablement de la baie de Morgat et perte de sable côté Crozon, disparition et recul de l'herbier de zoostères, recul des populations de crabes, langoustes à Morgaz, alors que la zone s'urbanisait, disparition des remontées de saumons, puis de civelles, etc.

Le bassin-versant de la Baie de Douarnenez, d'une superficie de 27 841 hectares, compte 34 000 habitants ; en moyenne de 2002 à 2019, entre avril et octobre, la surface occupée sur l'estran par les algues vertes, a été de 33 hectares[12].

Parce que concernée par une forte augmentation du phénomène de marée verte[13], dont les coûts de nettoyages pèsent sur les collectivités (qui, à titre d'exemple, ont dû ramasser durant la saison touristique estivale de 1998 9.836 m3 d'ulves, soit 2,2 fois plus que les 4 475 m3 de 1997 - à titre de comparaison, le total des ulves ramassées en Bretagne en 1998 était estimé à 51 200 m3), la baie de Douarnenez a été étudiée par IFREMER et le CEVA, en plus d'une série d'autres sites faisant l'objet d'un suivi des pullulations d'ulves.

  • Les ulves pullulent pĂ©riodiquement depuis quelques annĂ©es en Bretagne, mais gĂ©nĂ©ralement Ă  faible profondeur. L'Ifremer a mis en Ă©vidence en baie de Douarnenez qu'un stock d'ulves existe parfois dans des zones plus profondes (-2 Ă  -18 m), comme sur quelques autres sites du littoral breton, ce qui pourrait traduire - comme l'extension des surfaces, et du nombre de sites touchĂ©s - une extension de l'eutrophisation des cĂ´tes bretonnes, et expliquer des Ă©pisodes d'anoxie marine (zones marines mortes, phĂ©nomène Ă©galement en augmentation dans le monde).
  • Une zone morte (anoxie) y a Ă©tĂ© observĂ©e Ă  partir de l'an 2000, signalĂ©e par Google Earth, avec OSPAE 2003 comme source, et le Virginia Institute of Marine Science, se basant sur les travaux du Pr Robert Diaz et de Rutger Rosenberg de l'universitĂ© de Göteborg en Suède.
  • Les nitrates agricoles semblent expliquer une grande partie du problème : le flux maximum de nitrates a Ă©tĂ© en 1998 celui du Kerharo (41 mg/l en moyenne). Les taux moyens et globaux de nitrates en fin de printemps et dĂ©but d'Ă©tĂ© Ă©taient respectivement de 2 066 kg/jour en 1998 (annĂ©e pluvieuse) contre 608 kg/jour en 1997 (annĂ©e sèche), soit 3,4 fois plus l'annĂ©e pluvieuse, ce qui s'explique par le fait que les nitrates sont très solubles dans l'eau.
  • Il a aussi Ă©tĂ© plusieurs fois signalĂ© que les marĂ©es vertes (Ă©chouages d'ulves) dĂ©pendaient aussi dans la baie des conditions de vent : un vent de secteur nord-est (vent de terre) favorise les dĂ©pĂ´ts, alors que des vents d'ouest assez soutenus pouvaient "nettoyer" les plages de leurs dĂ©pĂ´ts[13].
La bonne exposition aux vents de la baie et de ses abords a justifié la construction de quelques éoliennes.

Notes et références

  1. André Guilcher, "Le relief de la Bretagne méridionale, de la baie de Douarnenez à la Vilaine", Paris, 1948
  2. Carte géologique simplifiée de Crozon.
  3. S. Durand et H. Lardeux, Bretagne, Masson, , p. 16.
  4. J.-P. Barrdel, « Une usine antique de salaison:l'établissement des Plomarc'h-Pella à Douarnenez (Finistère) », rapport de fouille, SRA de Bretagne, Rennes.
  5. Aude Leroy, « Les ateliers de salaison antiques en baie de Douarnenez (Finistère) », Revue archéologique de Picardie, vol. 1,‎ , p. 65-75 (lire en ligne).
  6. La Dépêche de Brest et de l'Ouest, « Une pétition des marins-pêcheurs de Douarnenez », sur Gallica, (consulté le ).
  7. « Extermination des bélugas par les pêcheurs et la Marine nationale », sur https://www.presqu-ile-de-crozon.com/, (consulté le ).
  8. (en) Rapport OSPAR sur les munitions immergées - (carte en page 9 pour l'UE et la zone OSPAR) Titre : Overview of Past Dumping at Sea of Chemical Weapons and Munitions in the OSPAR Maritime Area / Version 2005 - (ou en format compressé)
  9. Bruno Jonin et Paul Marc, "Mémoires englouties. Plongées. Histoires sur les épaves du Finistère", ASEB éditions, 1995, (ISBN 2-9508434-0-9)
  10. Alexis Deniau, Benjamin Pepy et Emmanuel Gourvil, "Les trésors engloutis de Bretagne", tome 1 (de Brest à Lorient), Cristel éditions, 2013, (ISBN 978-2-84421-101-9)
  11. (fr) Bureau d'enquêtes sur les événements de mer, « Rapport d’enquête technique Kaptan Aslan Fatoglu », sur www.beamer-france.org (consulté le )
  12. Flore Limantour, Peut-on mettre un point final aux échouage d'algues vertes ?, journal Le Télégramme de Brest et de l'Ouest, n° du 10 février 2021.
  13. Michel MERCERON, IFREMER, Agence de l'eau ; Inventaire des ulves en Bretagne, année 1998 ; Rapport de synthèse ; ref : R.INT.DEL/99.15/Brest

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Claude Augris (dir.), Atlas thĂ©matique de l'environnement marin de la baie de Douarnenez (Finistère), IFREMER, PlouzanĂ©, 2005, 134 p. (ISBN 2-84433-139-4)

Liens externes

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