Baleine Ă bosse
Megaptera novaeangliae âą MĂ©gaptĂšre, Jubarte, Rorqual Ă bosse
RĂšgne | Animalia |
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Embranchement | Chordata |
Classe | Mammalia |
Ordre | Cetacea |
Sous-ordre | Mysticeti |
Famille | Balaenopteridae |
Genre | Megaptera |
Statut CITES
La baleine Ă bosse, mĂ©gaptĂšre, jubarte ou, au Canada francophone, rorqual Ă bosse[1] - [2] (Megaptera novaeangliae) est une espĂšce de cĂ©tacĂ©s Ă fanons. Elle mesure habituellement environ 14 mĂštres de long et pĂšse en moyenne 30 tonnes. La baleine Ă bosse peut effectuer des sauts spectaculaires hors de lâeau. Ses nageoires pectorales sont de grande taille contrairement Ă celles des autres cĂ©tacĂ©s et son chant trĂšs Ă©laborĂ© est aussi une de ses caractĂ©ristiques. Elle vit dans les ocĂ©ans et les mers du monde entier. Elle est un sujet privilĂ©giĂ© pour le tourisme dâobservation des baleines.
Description
Mensurations et longévité
Les baleines Ă bosse adultes atteignent en gĂ©nĂ©ral une longueur comprise entre 13 et 15 mĂštres, parfois jusqu'Ă 17 mĂštres et pĂšsent en moyenne 30 tonnes[3]. Les femelles sont plus grosses que les mĂąles[4]. Les femelles portent un lobe (qui fait dĂ©faut chez les mĂąles) dâenviron 15 centimĂštres de diamĂštre dans leur rĂ©gion gĂ©nitale. Cela permet de distinguer les mĂąles des femelles si lâon peut voir le dessous de la baleine, car le pĂ©nis du mĂąle reste en revanche presque toujours cachĂ© dans la fente gĂ©nitale. Les baleines mettent gĂ©nĂ©ralement bas tous les deux ou trois ans. La gestation dure onze mois environ[4]. Il arrive parfois que certaines femelles se reproduisent deux annĂ©es de suite.
Le baleineau mesure dĂšs la naissance 4 Ă 4,5 mĂštres et pĂšse environ 700 kilogrammes. Il est exclusivement allaitĂ© par sa mĂšre pendant les six premiers mois, puis il continue Ă ĂȘtre allaitĂ© tout en commençant Ă se nourrir par lui-mĂȘme pendant les six mois suivants. Les baleineaux quittent leur mĂšre au dĂ©but de leur seconde annĂ©e, quand ils mesurent classiquement 9 mĂštres de longueur.
Les juvĂ©niles peuvent atteindre la maturitĂ© sexuelle vers lâĂąge de cinq ans[4], allant jusqu'Ă 10 ans[5]. La taille adulte dĂ©finitive est atteinte entre 8 et 12 ans[6], aprĂšs la maturitĂ© sexuelle. Celle-ci est communĂ©ment de 15 Ă 16 mĂštres pour les mĂąles et de 16 Ă 17 mĂštres pour les femelles, pour un poids de 40 tonnes. Le plus grand spĂ©cimen dĂ©couvert mesurait 19 mĂštres et ses nageoires pectorales 6 mĂštres[7]. Certaines sources parlent mĂȘme d'un spĂ©cimen de 27 mĂštres pour 90 tonnes tuĂ© aux caraĂŻbes, bien que ce record demeure invĂ©rifiable[8]. Les baleines Ă bosse peuvent vivre de 40 Ă 60 ans[9].
Morphologie générale
La baleine Ă bosse est facilement reconnaissable Ă de nombreux critĂšres. Son corps est massif. Le dessus de lâanimal est entiĂšrement noir avec parfois quelques traces blanches ou grises qui sont souvent des cicatrices. Le ventre est plutĂŽt blanchĂątre. La tĂȘte et la mĂąchoire infĂ©rieure sont couvertes de petites protubĂ©rances appelĂ©es tubercules, qui sont en fait des follicules pileux et sont caractĂ©ristiques de lâespĂšce.
La grande nageoire caudale, noire et blanche, sort largement hors de lâeau quand la baleine plonge en profondeur. Le bord postĂ©rieur de cette nageoire est ondulĂ©[10]. Les motifs sur la face ventrale de cette nageoire sont propres Ă chaque individu et ne changent pas au cours de la vie. Ils servent notamment Ă leur identification individuelle[11] - [12].
Chaque nageoire pectorale peut atteindre jusqu'au tiers de la longueur du corps. C'est beaucoup plus que chez n'importe quel autre cĂ©tacĂ©. Pour expliquer cette nette diffĂ©rence de longueur, plusieurs hypothĂšses ont Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©es. Il pourrait s'agir d'un avantage Ă©volutif significatif assurant une meilleure manĆuvrabilitĂ©. Cela pourrait aussi permettre, grĂące Ă une plus grande surface de contact, de mieux rĂ©guler la tempĂ©rature interne lors des migrations entre les zones de climat chaud et celles de climat froid. Chez les baleines Ă bosse vivant dans l'ocĂ©an Atlantique, ces nageoires sont blanches alors qu'une baleine vivant dans l'ocĂ©an Pacifique a des nageoires pectorales plutĂŽt sombres.
Quand la baleine Ă bosse fait surface et expulse par son Ă©vent l'air provenant des poumons, le souffle provoque un nuage pouvant atteindre 3 mĂštres, en forme de chou-fleur.
Lâaileron dorsal, trapu, apparaĂźt hors de l'eau peu aprĂšs l'Ă©mission de ce souffle. Il continue Ă ĂȘtre visible quand l'animal fait le dos rond pour amorcer une plongĂ©e, mais disparaĂźt avant que la nageoire caudale Ă©merge.
Comme les autres balĂ©noptĂ©ridĂ©s, la baleine Ă bosse possĂšde des sillons ventraux et des fanons. Les sillons sont en fait des replis qui courent parallĂšlement entre eux de la mĂąchoire infĂ©rieure jusquâau nombril (Ă peu prĂšs jusqu'Ă la moitiĂ© du ventre de lâanimal). Ils permettent un trĂšs large dĂ©ploiement de la gueule (un peu Ă la façon dont s'ouvre un accordĂ©on). D'un nombre gĂ©nĂ©ralement compris entre 16 et 20, ils sont moins nombreux et aussi moins prononcĂ©s que chez les autres rorquals. Les fanons sont des productions cornĂ©es de la lĂšvre qui filtrent et retiennent les proies alimentaires. La baleine Ă bosse possĂšde 270 Ă 400 fanons de couleur sombre disposĂ©s de chaque cĂŽtĂ© de la bouche.
Ăcologie et comportement
Organisation et comportement sociaux
Les baleines à bosse sont migratrices. Pendant l'été, elles fréquentent les eaux froides polaires et subpolaires à la recherche de nourriture. Pendant l'hiver, elles rejoignent les eaux chaudes tropicales et subtropicales pour s'accoupler et se reproduire[13]. Bien qu'on puisse les rencontrer en plein océan pendant leurs transits ou prÚs des monts sous-marins, on les observe le plus souvent au-dessus des plateaux continentaux[14].
Leur organisation sociale est assez lĂąche. Habituellement, les individus vivent seuls ou s'assemblent en groupes transitoires pour quelques heures. En Ă©tĂ©, ces groupes peuvent se maintenir plus longtemps Ă l'effet de coopĂ©rer pour chasser les crustacĂ©s ou les poissons. Des relations durables de plusieurs mois ou mĂȘme plusieurs annĂ©es, de couples ou de petits groupes, ont Ă©tĂ© dĂ©crites, mais elles sont rares.
De grands rassemblements (jusqu'à 200 animaux) sont parfois observés. Ceux-ci ont notamment été documentés en 2011, 2014 et 2015 au large de l'Afrique du Sud. On ignore s'il s'agit d'un comportement ancien réapparu à la faveur du moratoire sur la chasse à la baleine et de la reconstitution progressive des populations (celles des baleines à bosse avaient diminué d'environ 90 %) ou s'il s'agit d'une adaptation récente à des changements dans la disponibilité des proies[15].
En raison de son extension mondiale, l'aire de rĂ©partition des baleines Ă bosse recouvre celles de nombreuses espĂšces de cĂ©tacĂ©s. Il n'est pas extraordinaire d'observer des baleines Ă bosse cĂŽtoyer dâautres dauphins ou baleines, par exemple des baleines de Minke[16], mais les interactions sociales sont trĂšs limitĂ©es.
Des scientifiques ont observé que cette espÚce de cétacés, en particulier, avait un comportement assez singulier : on a vu par exemple en Californie un groupe de baleines à bosse protéger une baleine grise et son petit d'un groupe d'épaulards, ceux-ci ont malgré tout réussi à achever le baleineau[17].
Cycle de vie et reproduction
La maturité sexuelle est atteinte entre 5 et 10 ans, ou à une longueur de 11 mÚtres chez le mùle, et de 12 mÚtres chez la femelle. L'accouplement s'effectue en eaux tropicales ou chaudes (supérieures à 20 °C) tandis que la gestation qui suit est d'un an.
La mise bas se fait elle aussi en eaux chaudes.
Le baleineau est sevrĂ© du trĂšs riche lait de sa mĂšre au bout d'environ 10 Ă 12 mois, au bout desquels il aura doublĂ© voire triplĂ© en poids et en taille. Cependant, il n'est rĂ©ellement indĂ©pendant de sa mĂšre qu'au bout de 5 Ă 6 ans. Durant toute cette pĂ©riode, il reste prĂšs de sa mĂšre ou dans le groupe de celle-ci, et apprend Ă parfaire sa technique de pĂȘche et Ă reconnaĂźtre les dangers et Ă s'en tenir Ă©loignĂ©. C'est Ă cet Ăąge-lĂ aussi qu'il devient suffisamment gros et grand pour ne plus ĂȘtre une proie facile pour les orques.
Les parades nuptiales se dĂ©roulent pendant lâhiver en eaux plus chaudes. La compĂ©tition entre mĂąles est souvent intense. Des groupes de mĂąles de deux Ă douze, voire vingt individus se rassemblent autour dâune seule femelle et se livrent Ă des exhibitions variĂ©es pour Ă©tablir la domination. La joute dure plusieurs heures et la taille du groupe fluctue avec les dĂ©parts de mĂąles dĂ©pitĂ©s ou les arrivĂ©es de nouveaux prĂ©tendants. Les parades rĂ©alisĂ©es comprennent des sauts qui peuvent atteindre 5 m, des dressements verticaux, des frappements de lâeau avec les nageoires (pectorales ou caudale), des charges et des esquives. On prĂ©sume que les chants jouent Ă©galement un rĂŽle important dans cette compĂ©tition, mais les spĂ©cialistes ne savent pas sâils servent aux mĂąles pour sâidentifier et se comparer, sâils sont un appel Ă lâaccouplement entre le mĂąle et la femelle, ou les deux. Toutes ces manifestations vocales et physiques ont aussi Ă©tĂ© observĂ©es en lâabsence de partenaires potentielles et constituent aussi probablement des outils gĂ©nĂ©raux de communication.
Alimentation
LâespĂšce se nourrit exclusivement pendant lâĂ©tĂ© et vit sur ses rĂ©serves de graisse pendant lâhiver. Câest un prĂ©dateur actif qui chasse ses proies. Les baleines Ă bosse de l'hĂ©misphĂšre sud se nourrissent principalement de krill, celles de l'hĂ©misphĂšre nord recherchent les bancs de petits poissons[14] tels les harengs, les capelans, les sardines ou les lançons[18] - [19] - [20], usant de lâattaque directe ou Ă©tourdissant leurs proies en frappant lâeau avec leurs nageoires.
La technique de pĂȘche la plus originale des baleines Ă bosses est certainement celle du filet de bulles. Plusieurs baleines forment un groupe, nagent rapidement autour et au-dessous dâun banc de poissons et larguent de lâair par leurs Ă©vents. Les bulles forment une barriĂšre visuelle qui confine le banc dans un espace de plus en plus restreint[21]. Soudain, les baleines se prĂ©cipitent vers le haut Ă travers le rideau de bulles, gueule grande ouverte, avalant des milliers de poissons dâune seule goulĂ©e. Le diamĂštre du filet Ă bulles peut atteindre 30 m et nĂ©cessiter la coopĂ©ration de jusqu'Ă douze animaux[22].
Avec la rarĂ©faction des harengs au large de Boston dans les annĂ©es 1980, les baleines Ă bosse ont adoptĂ© une nouvelle technique de pĂȘche pour se nourrir de lançons, espĂšces d'anguilles des sables de la cĂŽte est des Ătats-Unis qui viennent frayer dans le secteur. PratiquĂ©e par prĂšs de 40 % de la population locale qui se transmet ce comportement par son rĂ©seau social, cette tactique de chasse consiste Ă frapper la surface de l'eau avec la face ventrale de leur nageoire caudale (lobtail feeding) de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e, suivie par une sĂ©quence de capture avec un filet de bulles[23].
Chant
Les baleines Ă bosse sont autant rĂ©putĂ©es pour leurs acrobaties que pour leurs longs chants complexes. Elles Ă©mettent pendant des heures, parfois des jours, des motifs de notes graves qui varient dâamplitude et de frĂ©quence, en rĂ©pĂ©tant des sĂ©quences cohĂ©rentes et emboĂźtĂ©es. Les baleines ne chantent que pendant la saison dâaccouplement : on suppose donc quâil sâagit de chants de sĂ©duction. On notera aussi que le chant personnel dâune baleine Ă©volue lentement au cours des annĂ©es et ne revient jamais Ă la mĂȘme sĂ©quence de notes mĂȘme aprĂšs des dĂ©cennies[24].
Prédation
L'orque sâattaque rĂ©guliĂšrement Ă la baleine Ă bosse, plus spĂ©cifiquement aux baleineaux. Dans leur souci de dĂ©fendre leur progĂ©niture, il n'est pas rare que les mĂšres sâen sortent avec quelques cicatrices sans toutefois toujours rĂ©ussir Ă sauvegarder leur baleineau[25].
Il y a Ă©galement eu des cas d'attaques de grand requin blanc et de requin de sable sur des baleines Ă bosse[26] .
Systématique
Histoire Ă©volutive
Les Ă©tudes molĂ©culaires les plus rĂ©centes indiquent que les premiĂšres baleines sâalimentant par filtration (dont sont issues les baleines Ă bosse) sont apparues Ă la fin de lâĂocĂšne il y a 35 Ă 36 Ma. Les espĂšces ont ensuite peu Ă©voluĂ© pendant une longue pĂ©riode. Une nouvelle phase de spĂ©ciation est alors survenue au milieu du MiocĂšne, il y a 12 Ă 15 Ma. On ne sait pas si les premiĂšres baleines Ă bosse datent de cette Ă©poque.
Les rĂ©sultats dâanalyse molĂ©culaire montrent cependant que les lignĂ©es de la baleine bleue et du rorqual commun se sont sĂ©parĂ©es il y a plus de 5 millions dâannĂ©es et que la baleine Ă bosse sâĂ©tait dĂ©jĂ diffĂ©renciĂ©e. On peut en conclure que la baleine Ă bosse est une espĂšce vieille de 5 Ă 12 Ma. LâĂ©tude des fossiles ne permet pas de prĂ©ciser ce chiffre car les fossiles de cĂ©tacĂ©s au-delĂ de 2,5 Ma sont trĂšs fragmentaires.
- Balaenopteridae et Eschrichtiidae
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- B. musculus
- Megaptera novaeangliae
- Eschrichtius robustus
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Taxonomie
La baleine Ă bosse est le seul reprĂ©sentant actuel du genre Megaptera, constituant sa propre sous-famille des Megapterinae dans la famille des Balaenopteridae (ou Balaenoptiidae) qui comprend 8 autres espĂšces de baleines. Cette baleine a pour la premiĂšre fois Ă©tĂ© identifiĂ©e sous le nom de « baleine de la Nouvelle Angleterre » par Mathurin Jacques Brisson dans Regnum Animale paru en 1756. En 1781, le naturaliste allemand Georg Heinrich Borowski l'a dĂ©crite pour la premiĂšre fois Ă partir d'observations faites en Nouvelle-Angleterre et lui donne pour nom scientifique la traduction latine du nom donnĂ© par Brisson : Balaena novaeangliae. DĂšs le dĂ©but du XIXe siĂšcle, Bernard-Germain de LacĂ©pĂšde replace cette espĂšce dans le genre des Balaenoptera sous le nom de jubartes. En 1846, John Edward Gray crĂ©e un nouveau genre monotypique de Megaptera Ă partir du grec mega-/ÎŒÎ”ÎłÎ±- grande, et ptera/ÏÏΔÏα aile pour faire rĂ©fĂ©rence Ă ces grandes nageoires pectorales[27]. L'espĂšce est alors dĂ©nommĂ©e Megaptera longpinna. Remington Kellogg renomme l'espĂšce en Megaptera novaeangliae[28].
RĂ©partition et habitat
La baleine Ă bosse peut ĂȘtre retrouvĂ©e dans tous les ocĂ©ans et mers situĂ©s entre les parallĂšles 71 Nord, visible dans les fjords au nord de la NorvĂšge lors de la reproduction des harengs, et 60 Sud.
Les baleines Ă bosse sont observĂ©es notamment au large des cĂŽtes amĂ©ricaines de l'ocĂ©an Pacifique au large de lâĂtat de Washington, de l'Ăźle de Vancouver et de lâAlaska, dans le golfe de Gascogne en France, dans la baie de Byron au large de Sydney, au large de la Nouvelle-Angleterre, au large de la presquâĂźle de SnĂŠfellsnes et surtout dans la baie de SkjĂĄlfandi Ă HĂșsavĂk en Islande, dans le golfe du Saint-Laurent au QuĂ©bec (une baleine Ă©tant mĂȘme remontĂ©e de maniĂšre inĂ©dite jusqu'Ă MontrĂ©al en mai-juin 2020, provoquant la curiositĂ© de la population et des scientifiques[29] - [30] - [31]), dans le golfe de GuinĂ©e le long des cĂŽtes du Gabon, Ă l'Ăźle Sainte-Marie sur la cĂŽte est de Madagascar, Ă La RĂ©union (surtout depuis 2008), ou encore Ă Mayotte[32].
Ătymologie et dĂ©nomination
La bosse (au singulier) de la baleine Ă bosse fait rĂ©fĂ©rence Ă son dos car l'animal, avant de sonder (câest-Ă -dire avant d'entreprendre une plongĂ©e), fait le dos rond (la « bosse ») nettement au-dessus de la surface de l'eau. Ăventuellement, la bosse peut dĂ©signer l'aileron dorsal lui-mĂȘme (anatomiquement une bosse) qui couronne la courbure du dos lors de ce mouvement[33].
Le fait que la baleine porte des tubercules sur la tĂȘte et la mĂąchoire, entraĂźne parfois un faux-sens et une orthographe incorrecte avec l'emploi du pluriel : baleine Ă bosses.
MégaptÚre vient du grec. Ce nom vernaculaire signifie « grandes ailes » et fait référence aux nageoires pectorales particuliÚrement longues qui caractérisent la baleine à bosse.
L'autre nom vernaculaire issu de l'ancien français Gibbar, aujourd'hui peu employé et devenu jubarte, est apparenté au portugais jubarte ou à l'espagnol yubarta. Ce terme pourrait dériver du latin gibbus qui signifie « bosse »[34].
Les Canadiens francophones l'appellent aussi rorqual Ă bosse[35] Cette appellation a Ă©tĂ© retenue du fait que ces animaux, comme tous les rorquals, dont ils font partie, ont des sillons sur leurs gorges ainsi quâune nageoire dorsale[36] - [37].
La baleine Ă bosse et l'homme
Chasse Ă la baleine
Le premier tĂ©moignage Ă©crit de mise Ă mort dâune baleine Ă bosse date de 1608 au large de Nantucket. On a sans doute tuĂ© des baleines de cette espĂšce lorsque lâoccasion sâen prĂ©sentait bien avant cette date et on a continuĂ© Ă le faire ensuite Ă un rythme croissant au cours des siĂšcles suivants. Au XVIIIe siĂšcle, on a rĂ©alisĂ© la valeur marchande des baleines Ă bosse, elles sont alors devenues des proies communes pour les baleiniers pendant de nombreuses annĂ©es.
Au XIXe siĂšcle, beaucoup de pays (en particulier les Ătats-Unis) les chassaient en masse dans lâOcĂ©an Atlantique et dans une moindre mesure dans les ocĂ©ans Indien et Pacifique. Lâintroduction du harpon explosif Ă la fin du XIXe siĂšcle a encore accĂ©lĂ©rĂ© les prises. Avec lâouverture des mers antarctiques en 1904, le dĂ©clin est devenu dramatique pour toutes les populations de baleines Ă bosse du monde.
Au cours du XXe siĂšcle, au moins 200 000 baleines ont Ă©tĂ© capturĂ©es. La population globale a diminuĂ© de plus de 90 %. Pour empĂȘcher lâextinction de lâespĂšce, un moratoire gĂ©nĂ©ral sur la chasse des baleines Ă bosse a Ă©tĂ© instituĂ© en 1966. Il est toujours en vigueur aujourdâhui. Dans son livre sur les baleines Ă bosse Humpback Whales (1996), Phil Clapham, un scientifique du Smithsonian Institute, dĂ©clare que « cette destruction sans mesure dâune des plus magnifiques crĂ©atures de la Terre est lâun des plus grands de nos nombreux crimes contre lâenvironnement ».
Lorsquâen 1966, les membres de la commission baleiniĂšre internationale ont dĂ©cidĂ© dâun moratoire pour les baleines Ă bosse, celles-ci Ă©taient devenues tellement rares que leur chasse nâĂ©tait plus rentable. On dĂ©nombrait alors historiquement 250 000 prises enregistrĂ©es, mais le vrai chiffre dâanimaux tuĂ©s est trĂšs certainement beaucoup plus important. LâUnion soviĂ©tique Ă©tait bien connue pour dĂ©libĂ©rĂ©ment mentir sur ses chiffres, elle avait dĂ©clarĂ© 2 710 prises alors qu'on pense maintenant quâil y en a eu 48 000[38].
En 2004, une chasse limitée à quelques animaux est permise au large des ßles de Saint-Vincent-et-les-Grenadines dans la mer des Caraïbes[39]. On pense que le quota autorisé ne met pas en danger la population locale.
Le Japon a contournĂ© l'interdiction de la chasse Ă la baleine Ă bosse, en pratiquant des pĂȘches Ă but « scientifique », durant de longues annĂ©es. En , toutefois, le Japon a annoncĂ© que les bateaux pĂȘcheurs japonais allaient cesser la pĂȘche de la baleine Ă bosse[40].
Au titre des chasses aborigĂšnes de subsistance, la Commission baleiniĂšre internationale accorde aux populations autochtones de l'ouest du Groenland et aux habitants de Saint-Vincent-et-les-Grenadines des quotas de capture de baleines Ă bosse. Pour la pĂ©riode 2019-2025, ce quota est de 70 individus (en moyenne 10 par an avec un maximum annuel de 15) pour le Groenland et de 28 pour Saint-Vincent (en moyenne 4 par an)[41]. Au Groenland, les prises rĂ©elles s'Ă©taient Ă©levĂ©es entre 2010 (date officielle de reprise de la chasse) et 2018 Ă 61 (soit en moyenne 6,8 par an). Pendant la mĂȘme pĂ©riode elles Ă©taient de 15 Ă Saint-Vincent (en moyenne 1,7 par an)[42].
Populations et conservation
On rencontre la baleine Ă bosse dans tous les ocĂ©ans, dans une large bande allant des latitudes 60° S Ă 65° N[43]. Câest une espĂšce migratrice, passant les Ă©tĂ©s dans les eaux froides des hautes latitudes, sâaccouplant et se reproduisant dans les eaux tropicales ou subtropicales[24]. Avec des distances couramment parcourues de plus de 25 000 km par an, lâespĂšce dĂ©tient des records parmi les mammifĂšres. Faisant exception Ă la rĂšgle, les populations du golfe Persique ne migrent pas et restent dans des eaux chaudes toute lâannĂ©e[24]. Il nây a pas de baleines Ă bosse dans lâocĂ©an Arctique, ni dans la partie orientale de la mer MĂ©diterranĂ©e. Alors qu'elles Ă©taient rĂ©putĂ©es absentes de la mer Baltique, des baleines Ă bosse ont Ă©tĂ© observĂ©es en juillet 2006 au large de la Finlande.
Les effectifs de baleines Ă bosse semblent se reconstituer plus facilement que ceux des autres grandes baleines. La population est passĂ©e dâun minimum de 20 000 individus au moratoire de 1986 Ă environ 35 000 aujourdâhui. Par comparaison les populations de baleine bleue sont restĂ©es autour de 3 000 individus pendant la mĂȘme pĂ©riode. On estime Ă 11 600 les baleines Ă bosse dans lâAtlantique Nord, 7 000 dans le Pacifique Nord et au moins 17 000 dans lâhĂ©misphĂšre sud. La derniĂšre Ă©valuation de l'UICN indique un passage au statut de prĂ©occupation mineure, Ă l'exception de deux sous-espĂšces, la baleine Ă bosse dâOcĂ©anie et celle du golfe Persique[44].
Observation
Les baleines Ă bosse sont gĂ©nĂ©ralement curieuses des objets de leur environnement. Elles sâapprochent souvent volontiers des bateaux et tournent autour. Elle a fait des baleines Ă bosse un support du tourisme dâobservation des baleines (whale watching) dans beaucoup dâendroits autour du monde depuis les annĂ©es 1990.
Les sites dâobservation comprennent par exemple la cĂŽte pacifique amĂ©ricaine au large de lâĂtat de Washington, de Vancouver et de lâAlaska, le golfe de Gascogne en France, la baie de Byron au large de Sydney, la Nouvelle-Angleterre, la presquâĂźle de Snaefelsnes et surtout la baie de SkjĂĄlfandi Ă HĂșsavĂk en Islande, le golfe du Saint-Laurent au QuĂ©bec, le golfe de GuinĂ©e le long des cĂŽtes du Gabon, l'Ăźle Sainte-Marie sur la cĂŽte est de Madagascar, lâĂle de la RĂ©union (surtout depuis 2008), Ă Mayotte, etc. La baleine Ă bosse est trĂšs populaire car elle saute rĂ©guliĂšrement, et manifeste une variĂ©tĂ© dâautres comportements sociaux qui peuvent captiver le public.
Comme les autres cĂ©tacĂ©s, les mĂšres sont le plus souvent extrĂȘmement protectrices envers leur petit et cherchent donc Ă se placer entre toute embarcation et le baleineau avant de sâĂ©loigner vivement. Les opĂ©rateurs touristiques sont donc invitĂ©s Ă suivre un code de bonne conduite, pour Ă©viter de stresser les mĂšres inutilement.
Une baleine Ă bosse albinos, prĂ©sumĂ©e nĂ©e en 1990, qui voyage rĂ©guliĂšrement le long de la cĂŽte est de lâAustralie est devenue cĂ©lĂšbre dans les mĂ©dias locaux Ă cause de sa couleur trĂšs rare. On lâa appelĂ©e Migaloo (en langue aborigĂšne le « garçon blanc ») mais on a longtemps spĂ©culĂ© sur son sexe, jusquâen juin 2004 quand il a trouvĂ© une compagne et prouvĂ© quâil Ă©tait bien un mĂąle. Ă cause du grand intĂ©rĂȘt portĂ© Ă cet individu, les environnementalistes ont craint quâil ne devienne perturbĂ© par le grand nombre de bateaux qui le suivaient chaque jour. Le gouvernement du Queensland a alors ordonnĂ© une zone dâexclusion de 500 mĂštres autour de lâanimal.
Recherche
Bien que lâon connaisse parfaitement lâanatomie des baleines Ă bosse Ă la suite des captures des baleiniers, les phĂ©nomĂšnes de migrations et le comportement social de lâespĂšce nâont Ă©tĂ© rĂ©ellement dĂ©crits que dans les annĂ©es 1960 grĂące Ă deux Ă©tudes sĂ©parĂ©es, pionniĂšres en la matiĂšre, celle de R. Chittleborough et celle de W.H. Dawbin.
Roger Payne et Scott McVEy ont Ă©tudiĂ© lâespĂšce en 1971. Leur analyse des chants a attirĂ© lâintĂ©rĂȘt mondial des mĂ©dias sur lâespĂšce et amenĂ© le public Ă lâidĂ©e dâune haute intelligence de lâanimal. Cette impression est probablement incorrecte, mais a contribuĂ© nĂ©anmoins Ă soutenir les mouvements dâopposition Ă la chasse Ă la baleine dans de nombreux pays
Les scientifiques rĂ©alisant que les motifs de la nageoire caudale pouvaient caractĂ©riser un individu, la baleine Ă bosse est devenue la baleine la plus Ă©tudiĂ©e car les autres espĂšces ne possĂ©daient pas un tel moyen dâidentification. Une Ă©tude, sâappuyant sur des donnĂ©es de 1973 Ă 1988 d'animaux de lâAtlantique Nord a fourni des informations dĂ©taillĂ©es sur les durĂ©es de gestation, de sevrage, sur les vitesses de croissance, etc. On a pu modĂ©liser prĂ©cisĂ©ment les dynamiques de population comme si lâon avait utilisĂ© des techniques de capture et de marquage. Un catalogue photographique rĂ©pertoriant toutes les baleines connues de lâAtlantique Nord a Ă©tĂ© mis en place Ă cette pĂ©riode ; il est suivi aujourdâhui par le Wheelock College[45]. Des projets similaires ont dĂ©butĂ© dans le Pacifique Nord et dans dâautres rĂ©gions du globe.
Dans la culture
Les baleines Ă bosse apparaissent dans les rĂ©cits des marins de tous les temps. Le spectacle de ces gigantesques crĂ©atures bondissant hors de lâeau Ă©tait sans doute fascinant, peut-ĂȘtre mĂȘme effrayant. La baleine Ă bosse est probablement pour partie Ă lâorigine des mythes marins de monstres et de sirĂšnes qui charment par leurs chants les navigateurs et les entraĂźnent dans les eaux jusquâĂ la mort.
- Dans Star Trek 4 : Retour sur Terre, lâextinction des baleines Ă bosse est un des Ă©lĂ©ments centraux du film, une sonde inconnue d'origine extraterrestre s'approche de la Terre au XXIIIe siĂšcle et essaye dâentrer en communication avec les baleines, avec lesquelles « ils » auraient nouĂ© un dialogue depuis des temps reculĂ©s...
Mais comme les baleines avaient disparu au XXIe siĂšcle (dâaprĂšs Spock), la tentative de contact Ă©choue. Lâinsistance des « visiteurs » sâavĂšre alors menaçante pour la Terre, la sonde Ă©mettant un rayonnement ionisant toute l'atmosphĂšre et coupant toute communication humaine. Pour empĂȘcher le pire, lâĂ©quipage de lâUSS Enterprise (NCC-1701), Ă bord d'un vaisseau sidĂ©ral volĂ© aux Klingons lors de Star Trek III, remonte le temps jusqu'au XXe siĂšcle pour en ramener un couple de baleines Ă bosse, et sauver la Terre de la destruction. - Dans son roman de 1878 Un capitaine de quinze ans, Jules Verne dĂ©crit la jubarte et sa chasse.
- Dans la série télévisée Océane, une baleine à bosse mùle nommée "Jarli" ("Charley" dans la version originale) est la compagne de l'héroïne Néri.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Humpback Whale » (voir la liste des auteurs).
- Annalisa Berta, Baleines et dauphins, Ulmer, , 288 p. (ISBN 978-2-84138-851-6, lire en ligne), p. 102
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Annexes
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- (en) Référence World Register of Marine Species : espÚce Megaptera novaeangliae (Borowski, 1781)
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressources relatives au vivant :
- Convention de Bonn
- DORIS
- Global Biodiversity Information Facility
- NOAA Fisheries Species Directory
- Registre public des espÚces en péril
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- Threatened Species Link
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- (en) Species+
- (en) SystÚme d'information taxonomique intégré
- (en) Union internationale pour la conservation de la nature
- (en) World Register of Marine Species
- Ressource relative à la santé :
- (en) Référence CITES : espÚce Megaptera novaeangliae (Borowski, 1781) (+ répartition sur Species+) (consulté le )
- (fr) RĂ©fĂ©rence CITES : taxon Megaptera novaeangliae (sur le site du ministĂšre français de l'Ăcologie) (consultĂ© le )
- (en) Référence UICN : espÚce Megaptera novaeangliae (consulté le )
- (fr) Le Groupe de Recherche sur les Cétacés
- « La migration des baleines Ă bosse dans lâocĂ©an Austral », sur recherches polaires, CNRS,
- sur le site officiel du MinistĂšre des PĂȘches et des OcĂ©ans du Canada
- Fiche détaillée de la baleine à bosse du site cétacé.info
- Opération cétacés Nouvelle-Calédonie
- CetaMada Association pour la protection des mammifĂšres marins autour de Madagascar, recrutement d'ecovolontaires pour accompagner les safaris baleines et faire respecter le code d'approche
- Les baleines Ă bosse
- Baleines de la Polynésie Française
- Photos de Baleines Ă bosse - Source Jean Buet