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Harpon

Un harpon est une arme constituĂ©e d'une lance dont la pointe est munie de crochets (barbelures ou barbillons). Comme l'ardillon d'un hameçon, ces crochets sont destinĂ©s Ă  empĂȘcher le harpon de ressortir de la proie une fois qu'elle a Ă©tĂ© frappĂ©e.
Le harpon est gĂ©nĂ©ralement employĂ© pour la pĂȘche, tant aux poissons qu'aux grands mammifĂšres marins tels que la baleine, mais son usage peut ĂȘtre envisagĂ© pour la chasse.

Harpon Unaaq MHNT

Historique

Préhistoire et Inuits

Canoes, kayaks esquimaux et harpons, région de la baie d'Hudson, 1722.
Harpon San.

La premiĂšre tĂȘte de harpon dĂ©couverte (par le milieu scientifique) est celle trouvĂ©e par François Mayor en 1833 Ă  EtrembiĂšres dans un abri du Mont SalĂšve (Haute-Savoie), abri qui prend par la suite le nom de « abri Mayor Â». Mais cette dĂ©couverte n'est publiĂ©e qu'en 1873[1]. Entre-temps, Keller publie en 185 une premiĂšre illustration d'une tĂȘte de harpon provenant de Moosseedorf en Suisse (canton de Berne)[2] ; et Édouard Lartet publie en 1861 des figurations de harpon dans ses Nouvelles recherches sur la cohabitation de l'Homme et des grands mammifĂšres fossiles. Cependant, le premier Ă  utiliser le mot « harpon » pour ces objets serait P. MĂ©rimĂ©e en 1851[1].

Les plus anciennes tĂȘtes de harpons connues ont Ă©tĂ© datĂ©es du dĂ©but du MagdalĂ©nien (fin du PalĂ©olithique supĂ©rieur), au 14e millĂ©naire : 15400 ans BP au Tito Bustillo (Espagne) et au Rond-du-Barry (Polignac, Haute-Loire, Auvergne, France[3]). Elles connaissent leur dĂ©veloppement maximal pendant le MagdalĂ©nien supĂ©rieur entre le Bölling et la fin du Dryas III (entre 13 000 et 10 200 BP)[1]. En Europe occidentale (Espagne, France, Belgique), elles sont particuliĂšrement nombreuses Ă  la fin du PalĂ©olithique supĂ©rieur (MagdalĂ©nien) et pendant l'ÉpipalĂ©olithique. Elles deviennent plus rares pendant le NĂ©olithique, oĂč elles sont pratiquement rĂ©servĂ©es aux milieux lacustres et palustres[4]. En 1990, le nombre de harpons prĂ©historiques connus est de 1 500 Ă  2 000, dont environ 90 % viennent de la zone franco-espagnole ; en France ils sont principalement trouvĂ©s dans les PyrĂ©nĂ©es et en Aquitaine[1].

Les tĂȘtes de harpon sont rĂ©alisĂ©es en os, en bois de cervidĂ© ou en ivoire[5] et comportent un ou deux rangs de barbelures. Ces tĂȘtes de harpons sont dĂ©tachables de la hampe, Ă  laquelle elles sont reliĂ©es par une ligne permettant de rĂ©cupĂ©rer la proie. De tels harpons Ă©taient encore utilisĂ©s rĂ©cemment par les Inuits, qui les actionnaient Ă  l'aide de propulseurs.

  • Inuit lançant un harpon Ă  tĂȘte dĂ©tachable Ă  l'aide d'un propulseur.
    Inuit lançant un harpon Ă  tĂȘte dĂ©tachable Ă  l'aide d'un propulseur.

Antiquité

L'historien grec Polybe (env. 203-120 av. J.-C.), dans ses Histoires, dĂ©crit la pĂȘche Ă  l'espadon Ă  l'aide d'un harpon dont la tĂȘte est dĂ©tachable[6].

La chasse Ă  la baleine

Pendant plus de 1 000 ans, le harpon Ă  deux barbelures a Ă©tĂ© l'arme de base de la pĂȘche Ă  la baleine dans le monde entier. Les groupes humains de l'Arctique utilisaient toutefois une version plus Ă©laborĂ©e Ă  tĂȘte pivotante. Au dĂ©but du XIXe siĂšcle, le harpon Ă  une barbelure fait son apparition, rĂ©duisant le nombre d'Ă©checs liĂ©s Ă  la libĂ©ration de la proie due Ă  une blessure trop large. Au milieu du XIXe siĂšcle, le harpon Ă  tĂȘte pivotante est adaptĂ© par Lewis Temple en utilisant du fer. Son invention est largement utilisĂ©e et se gĂ©nĂ©ralise rapidement pour la pĂȘche Ă  la baleine.

Dans les annĂ©es 1860, Svend Foyn commercialise successivement le harpon explosif (qu'avait inventĂ© Erik Eriksen) et le canon. En mĂȘme temps que le bateau de pĂȘche Ă  vapeur, cette innovation dĂ©clenche l'Ăąge moderne de la pĂȘche Ă  la baleine commerciale. Les baleiniers sont dĂ©sormais Ă©quipĂ©s pour chasser des espĂšces plus rapides et plus puissantes, particuliĂšrement les rorquals, qui Ă©taient invulnĂ©rables aux harpons tenus Ă  la main.

Un harpon moderne se compose habituellement d'un lanceur montĂ© sur une plate-forme (la plupart du temps un canon) et d'un projectile qui est une grande lance reliĂ©e Ă  une corde Ă©paisse. Le fer de lance est formĂ© de telle sorte qu'il pĂ©nĂštre les couches Ă©paisses de la graisse de baleine et qu'il reste plantĂ© dans la chair. Il prĂ©sente des barbelures pointues pour empĂȘcher la lance de ressortir. Ainsi, en tirant la corde avec un moteur, les baleiniers peuvent ramener la baleine vers leur bateau.

  • Harpon Ă  baleine
    Harpon Ă  baleine

Articles connexes

Bibliographie

  • [Averbouh et al. 1995] Aline Averbouh, Claire Bellier, AndrĂ© Billamboz, Pierre Cattelain, Jean-Jacques Cleyet-Merle, MichĂšle Julien, Lucette Mons, Denis Ramseyer, M.-Roger SĂ©ronie-Vivien et Anne-Catherine WeltĂ©, Cahier VII : ÉlĂ©ments barbelĂ©s et apparentĂ©s, Treignes, Belgique, Ă©d. du Cedarc, coll. « Fiches topologiques de l'industrie osseuse prĂ©historique », (ISBN 2-87149-020-1, lire en ligne [PDF] sur prehistoire.org). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Liens externes

Notes et références

  1. Averbouh et al. 1995, p. 13.
  2. Averbouh et al. 1995, p. 47.
  3. [Lafarge et al. 2018] Audrey Lafarge, Vincent Delvigne, Marc Aulanier, Daniel Chomette, Emmanuelle Defive, E. Desclaux, Paul Fernandes, Jean-Luc Guadelli, Jeanne-Marie Le Pape, RenĂ© Liabeuf, M. Piboule, D. Remy et J.-P. Raynal, « La grotte du Rond-du-Barry (Sinzelle Ă  Polignac, Haute-Loire) », Actes de JournĂ©es rĂ©gionales de l’ArchĂ©ologie, DRAC Auvergne RhĂŽne-Alpes, juin 2017, Clermont-Ferrand, France,‎ (lire en ligne [PDF] sur hal.archives-ouvertes.fr, consultĂ© le ).
  4. Averbouh et al. 1995, p. 5.
  5. Averbouh et al. 1995, p. 10.
  6. Polybius, Histories
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