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Bataille des Essarts

La bataille des Essarts se déroule le lors de la deuxième guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des Vendéens qui prennent par surprise le camp républicain des Essarts.

Bataille des Essarts
Description de cette image, également commentée ci-après
Le château des Essarts, gravure de Thomas Drake, vers 1850.
Informations générales
Date
Lieu Les Essarts
Issue Victoire vendéenne
Forces en présence
500 hommes[1]1 500 Ă  3 000 hommes[2] - [1]
Pertes
112 à 120 morts ou prisonniers[3] - [4]4 blessés[5]

Guerre de Vendée

Batailles

CoordonnĂ©es 46° 46′ 28″ nord, 1° 13′ 37″ ouest
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Bataille des Essarts
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Bataille des Essarts

Prélude

Le , le général vendéen François Athanase Charette de La Contrie rassemble ses divisions à son quartier-général de Belleville[6]. Il annonce alors à ses hommes qu'il rompt le traité de La Jaunaye et que la guerre reprend[6]. Cette décision est prise par Charette sans qu'il ait consulté ni ses officiers, ni les généraux des autres armées vendéennes[7] - [8]. Cette annonce est accueillie dans le silence par son armée, sans protestations ni enthousiasme[9]. Certains officiers, comme Couëtus et Rezeau, tentent dans les jours qui suivent de rester conciliants avec les républicains mais ils n'osent s'élever contre leur général en chef[9].

Le jour même du rassemblement de Belleville, un détachement républicain venu de L'Oie, constitué de 24 à 40 hommes, arrive dans la localité, semble-t-il pour remettre une lettre des représentants en mission, ainsi qu'un arrêté du Comité de salut public ordonnant de « disperser par la force tout rassemblement illégal »[6] - [3] - [A 1]. Charette fait emprisonner les soldats républicains et fait mettre à mort leur guide, un patriote du pays, qui est sabré par un cavalier[6]. Le chef du détachement, le capitaine Marion, du 7e régiment de chasseurs à cheval, sera remis en liberté le 7 juillet pour négocier un échange de prisonniers, sans succès[6] - [3]. Certains cavaliers républicains accepteront de rallier les rangs des royalistes, les autres seront fusillés[6] - [3].

Le 25 juin, sans déclaration de guerre, Charette attaque le camp des Essarts, situé à une dizaine de kilomètres à l'est de Belleville[1].

Forces en présence

Le camp des Essarts est occupé par 500 hommes du bataillon de chasseurs de Saône-et-Loire et 30 cavaliers du 7e régiment de chasseurs à cheval[1].

Les VendĂ©ens sont au nombre de 1 500 Ă  1 800 d'après les rapports des gĂ©nĂ©raux Canclaux et Legros[10] - [4] - [2]. L'historien Lionel Dumarcet Ă©voque quant Ă  lui 2 000 Ă  3 000 hommes, dont 200 cavaliers[1].

La question de la participation de Charette à cette bataille est débattue[1]. Dans ses mémoires, le chef vendéen Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière affirme que celui-ci ne prend pas part à l'attaque[1]. En revanche, un combattant vendéen nommé François Eriau, 18 ans et originaire de Touvois, capturé en juillet 1795, affirme lors de son interrogatoire par le district de Challans que Charette commande bien les insurgés lors de la prise du poste des Essarts[1] - [11]. Le général Legros indique également dans son rapport « qu'une femme a rapporté vaguement que Charette y commandait »[3]. L'historien Lionel Dumarcet penche en faveur de la présence de Charette[1]. D'après Eriau, les Vendéens engagent la division du Pays de Retz commandée par Louis Guérin, la division du Marais commandée par François Pajot, la division de Vieillevigne commandée par Jean Guérin, dit Guérin le jeune, et la division de Machecoul, dont il ignore le nom du commandant car Victor Eriau « qui la commandoit cy devant a été cassé de sa charge »[1]. Les rapports républicains signalent quant à eux la présence de Charles Caillaud[1], chef de la division de Chantonnay[12], et de Pierre Rezeau[1], chef de la division de Montaigu[12].

DĂ©roulement

Le 25 juin, à 10 heures du matin, les Vendéens s'avancent sur le camp des Essarts[1]. Pour tromper leurs adversaires, certains sont vêtus d'uniformes bleus[1] - [3]. Les républicains ne sont pas sur leurs gardes et jouent à la boule lorsque débute l'attaque[1] - [13] - [14].

Les Vendéens entrent dans le camp presque sans rencontrer de résistance[1]. Totalement surpris, les républicains s'enfuient en direction du camp des Quatre-Chemins, à L'Oie[1]. Certains fuyards sont sabrés par les cavaliers vendéens, tandis que les cavaliers républicains n'ont pas le temps d'arriver à leurs chevaux, alors au pacage[1].

Les Vendéens raflent 500 paires de souliers, que les républicains venaient de recevoir, et une partie des équipages de la cavalerie[1]. Ils incendient ensuite le camp[1].

Les rescapés républicains gagnent le camp de L'Oie, dirigé par le général Legros qui recevait alors deux officiers vendéens, les frères Béjarry, émissaires de l'armée de Sapinaud alors en partance pour Paris afin d'y rencontrer le Comité de salut public[1]. Confronté à la colère et aux menaces de ses soldats contre les deux royalistes, le général Legros les fait sortir du camp sous bonne escorte[7].

Pertes

Les pertes ne sont pas connues avec précision. Le 26 juin, le général Legros écrit au représentant en mission Gaudin[A 2] que 117 volontaires du bataillon de Saône-et-Loire manquent à l'appel[10]. Dans son rapport[A 3], rédigé le 27 juin à Nantes, le général Canclaux affirme que 112 à 120 hommes sur 500 sont manquants[4] - [2] - [3]. Le chef d'escadron Michalon donne quant à lui un bilan de 150 à 200 tués, ce qui est vraisemblablement exagéré selon l'historien Lionel Dumarcet[3].

Dans ses mémoires[A 4], l'officier vendéen Lucas de La Championnière écrit qu'« il y eut peu des Républicains de tués, nous les fîmes presque tous prisonniers suivant l'ordre que nous avions reçu »[5]. François Eriau ne fait quant à lui mention que de 38 prisonniers[3].

Du côté des Vendéens, Lucas de La Championnière ne fait mention que de deux soldats[5] et de deux officiers blessés : Pajot, qui est touché par un coup de baïonnette, et Dumontier — ou Desmortiers ou encore du Moutier de Rhedon[3] —, qui a la mâchoire fracassée par une balle[1].

Les prisonniers républicains sont conduits à Belleville, où Charette les fait fusiller le 9 août, en représailles de l'exécution de 748 émigrés et chouans capturés lors de l'expédition de Quiberon[15].

Notes

  1. Certains auteurs royalistes affirment que le détachement s'était rendu à Belleville apporter l'ordre de remettre les armes et les magasins militaires[6]. Pour l'historien Lionel Dumarcet, « cette hypothèse reste grandement improbable. Les autorités républicaines n'auraient pas pris le risque d'exposer un si petit nombre d'hommes pour annoncer une nouvelle aussi importante »[6]. Le Bouvier-Desmortiers va jusqu'à affirmer que le détachement était chargé d'enlever Charette, ce que Dumarcet qualifie d'« affabulation »[6].
  2. « Citoyen reprĂ©sentant, le chef de brigade Spithal que j'avais envoyĂ© aux Essarts n'a pu atteindre ces scĂ©lĂ©rats ; il y en avait encore dans le bourg qui ont pris la fuite après avoir pillĂ© tout ce qu'ils ont pu emporter et emmener ; ils ont mis le feu au camp et brĂ»lĂ© le reste ; j'ignore encore la perte rĂ©elle de nos hommes, attendu qu'il est rentrĂ© ce soir fort tard des hommes du bataillon de chasseurs de Saöne et Loire qui formaient la garde du poste, et les derniers rentrĂ©s m'ont rapportĂ© qu'il en avait Ă©tĂ© emenĂ©s prisonniers et que plusieurs s'Ă©taient Ă©chappĂ©s comme ils avaient pu dans les campagnes ; il en manque Ă  l'appel, tant officiers, sous officiers, que volontaires, cent dix sept. Tous les renseignements m'apprennent que les coquins Ă©taient commandĂ©s par RĂ©zeau, Caillot et Dumoutier. Ces deux derniers ont Ă©tĂ© tuĂ©s, et ont payĂ© de leur vie leurs tĂ©mĂ©ritĂ©s. Si au moins il n'y avait que des scĂ©lĂ©rats comme eux de massacrĂ©s, mes regrets ne seraient pas si douloureux. Deux des ci-devant chef de la division de Sapineau sont arrivĂ©s ici, presque au moment de l'affaire (nommĂ©s BĂ©jarry) il a fallu que je les fasse escorter hors du camp pour empĂŞcher le soldat de violer le droit des gens, car les soldats les auraient immolĂ©s, tant les tĂŞtes Ă©taient Ă©chauffĂ©es de cette malheureuse affaire, et le dĂ©faut de paie qu'ils n'avaient point reçu n'y contribuait pas peu. Je crois que les administrations font tout ce qu'elles peuvent pour propager le dĂ©sordre parmi nos troupes. L'ennemi pouvait ĂŞtre au nombre de 15 Ă  1 800 hommes, plus (?) soi-disant trois cents hommes de cavalerie, et beaucoup habillĂ©e en en bleu. Le poste a Ă©tĂ© environnĂ© de toutes parts et toute retraite coupĂ©e, c'est en voulant se faire jour pour se retirer qu'ils ont Ă©tĂ© maltraitĂ©s par la cavalerie. Une femme a rapportĂ© vaguement que Charette y commandait ; n'en ayant d'autres preuves, cela demande d'autres attestations. 500 paires de souliers que le bataillon venait de recevoir et une partie des Ă©quipages de la cavalerie ont Ă©tĂ© pris. Dan cette attaque, le capitaine qui commandait en l'absence du chef a perdu de suite la tĂŞte et on ignore ce qu'il est devenu. Heureusement qu'il a Ă©tĂ© remplacĂ© par d'autres officiers courageux qui ont tenu autant qu'il Ă©tait possible dans leurs positions. Le peu de cavalerie que j'ai ici est très fatiguĂ©e, et n'a point de foin. Ce n'est cependant pas le moment de les faire pacager Ă  prĂ©sent. Cette administration me paraĂ®t aussi mauvaise que celle du pain. Je vous prie, citoyen reprĂ©sentant, de donner vos ordres sĂ©vères afin que par les approvisionnements l'armĂ©e soit toujours en Ă©tat d'agir surtout lorsque le cas est urgent. Salut et fraternitĂ©[10]. »

    — Rapport du général Legros au représentant en mission Gaudin, rédigé le 26 juin à L'Oie.

  3. « Citoyens reprĂ©sentants, j'ai reçu cette nuit la nouvelle de l'enlèvement d'un des postes de l'armĂ©e de l'Ouest par un rassemblement de 15 Ă  1 800 brigands. Ce poste placĂ© aux Essarts Ă©tait comme une grande avancĂ©e du camp du château de l'Oye, sur la route de La Rochelle Ă  Nantes. Il n'en Ă©tait qu'Ă  une lieue et occupĂ© par 500 hommes du bataillon de chasseurs de SaĂ´ne-et-Loire et 30 chasseurs Ă  cheval du 7e. Ils avaient ordre de se retirer sur le camp en cas d'attaque majeure. C'est ce qu'ils ont fait, mais avec perte, au premier appel d'environ 120 Ă  200 hommes. Cette perte pourra ĂŞtre diminuĂ©e. On assure que les brigands ont perdu beaucoup de monde, entre autres deux de leurs chefs, le cheval de l'un d'eux a Ă©tĂ© pris et emmenĂ© par un chasseur du 7e. Ces premiers coups de fusil doivent Ă©veiller, je ne dis pas notre surveillance, elle Ă©tait dĂ©jĂ  recommandĂ©e et observĂ©e, mais la vengeance que les troupes rĂ©publicaines brĂ»lent de prendre de cette infraction aux traitĂ©s que l'ont peut regarder sans doute comme une suite des arrestations qui ont eu lieu en conformitĂ© de votre arrĂŞtĂ© du 9 prairial et des mesures prises pour dissiper les rassemblements et recouvrer les chevaux enlevĂ©s depuis quelque temps Ă  la rĂ©publique. Cette infraction ne doit pas ĂŞtre moins vengĂ©e, elle le sera, Ă  coup sĂ»r et bientĂ´t. Je n'aurai que le regret de voir l'Ă©chec qu'a reçu ma santĂ© et dont je ne suis pas encore rĂ©tabli, s'opposer Ă  mon zèle, mais il sera servi par de bons et fidèles coopĂ©rateurs. En consĂ©quence je rassemble ici demain le gĂ©nĂ©ral Grouchy chef de l'Ă©tat-major, les gĂ©nĂ©raux Canuel et Cambray, et sous les yeux de votre collègue Jarry je prendrai les mesures que j'envirai les plus actives, les plus promptes, pour Ă©touffer ces Ă©tincelles que le succès ou l'impunitĂ© pourraient enflammer, mais qui je l'espère encore, ne produiront pas grand effet parmi les cultivateurs qui veulent la paix et leur rĂ©colte actuelle[4]. »

    — Rapport du général Canclaux, le 27 juin à Nantes, au Comité de salut public.

  4. « Nous nous mîmes aussitôt en marche pour approcher des Essarts qu'occupait un poste républicain. Nous en fîmes l'attaque le lendemain ; en passant auprès du camp nous vîmes les soldats occupés à nous regarder ; ils ne semblaient pas avoir de nous la moindre défiance. Cependant leurs avants-postes nous crièrent : « Qui vive ? » et sur notre réponse de « Royalistes », ils nous tirèrent plusieurs coups de fusils et nous blessèrent deux hommes. Nous poussâmes alors les cris ordinaires et nous courûmes vers le camp. Les Républicains, sans résistance, nous l'abandonnèrent et se sauvèrent du côté des Quatre-Chemins. On nous a dit que le commandant du poste était absent; ce fut fort heureux pour nous, car nos soldats ne montraient pas grande ardeur de se battre. Le camp était situé sur le bord d'un petit ruisseau ; il fallait traverser un pont pour y arriver ; il est certain que si les Bleus, mieux conduits, nous en eussent disputé le passage, nous aurions bientôt eu la déroute et il n'eût peut-être pas été facile de faire un second rassemblement ; mais la victoire et le pillage du camp rendirent à nos soldats l'envie de guerroyer qu'ils semblaient avoir perdue ; il y eut peu des Républicains de tués, nous les fîmes presque tous prisonniers suivant l'ordre que nous avions reçu et nous nous en retournâmes triomphants à Belleville. Le commandant Pajot fut blessé grièvement dans cette affaire d'un coup de baïonnette, ainsi qu'un officier nommé Dumoutier qui, s'abandonnant trop à son courage, piqua lui seul au milieu d'un peloton de Bleus qui fuyaient ; un coup de feu lui fracassa la mâchoire[5]. »

    — Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.

Références

Bibliographie

  • Lionel Dumarcet, François Athanase Charette de La Contrie : Une histoire vĂ©ritable, Les 3 Orangers, , 536 p. (ISBN 978-2-912883-00-1). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Émile Gabory, Les Guerres de VendĂ©e, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1504 p. (ISBN 978-2-221-11309-7). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Yves Gras, La guerre de VendĂ©e : 1793-1796, Paris, Economica, coll. « Campagnes et stratĂ©gies », , 184 p. (ISBN 978-2-7178-2600-5). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Anne Rolland-Boulestreau, Guerre et paix en VendĂ©e, 1794-1796, Librairie Arthème Fayard, 2019, 336 p. (ISBN 978-2-213-71219-2).
  • Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Lucas de La Championnière, MĂ©moires d'un officier vendĂ©en 1793-1796, Les Éditions du Bocage, , 208 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean Julien Michel Savary, Guerres des VendĂ©ens et des Chouans contre la RĂ©publique, t. V, Paris, Baudoin Frères, Libraires-Ă©diteurs, , 419 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean Tabeur (prĂ©f. Jean Tulard), Paris contre la province : les guerres de l'ouest, 1792-1796, Paris, Economica, coll. « Campagnes & stratĂ©gies / Les grandes batailles » (no 70), , 286 p. (ISBN 978-2-7178-5641-5). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
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