Bataille de Chaudron-en-Mauges
La bataille de Chaudron-en-Mauges se déroule lors de la guerre de Vendée. Le , les armées vendéennes en marche pour attaquer Saint-Florent-le-Vieil rencontrent une colonne républicaine à Chaudron-en-Mauges.
Date | 24 avril 1794 |
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Lieu | Chaudron-en-Mauges |
Issue | Indécise |
Républicains | Vendéens |
• Dusirat | • François-Athanase Charette • Jean-Nicolas Stofflet • Charles Sapinaud de La Rairie |
Coordonnées | 47° 17′ 18″ nord, 0° 59′ 01″ ouest |
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Prélude
Le , les principaux généraux vendéens, qui combattaient de façon autonome depuis le début l'année, se réunissent au château de La Boulaye, à Treize-Vents, afin d'agir de façon concertée. Charette propose d'élire un généralissime. Stofflet semble d'abord approuver, puis il change d'avis sur les conseils de l'abbé Bernier. Finalement, les quatre principaux généraux s'entendent pour agir de concert. Charette, Stofflet, Sapinaud et Marigny prêtent serment, le sabre haut, de s'assister mutuellement, sous peine de mort. Ils décident ensuite de marcher sur Saint-Florent-le-Vieil, Marigny repart pour la Gâtine mobiliser ses troupes, tandis que les trois autres généraux se mettent en marche. En chemin, le 24 avril, ils rencontrent les troupes républicaines de Dusirat à Chaudron-en-Mauges[2].
La bataille
Dusirat dispose sous ses ordres de sa colonne et de la garnison de Saint-Florent-le-Vieil, soit dit-il dans son rapport à Turreau, 3 500 hommes[1]. Dusirat évalue également les forces vendéennes à 3 000 ou 4 000 hommes, « presque tous habillés de bleu[1]. » Il estime avoir affronté les forces de Stofflet, car le combat a lieu sur son territoire[1], en réalité ce sont les troupes de Charette et de Sapinaud qui soutiennent l'essentiel des combats[2].
Le 23 avril, les Vendéens occupent Chemillé où ils s'arrêtent pour attendre l'armée de Marigny, cependant le lendemain cette dernière n'est toujours pas signalée, les généraux décident donc d'attaquer Saint-Florent sans attendre davantage[3]. Une partie des forces vendéennes occupe le bourg de Chaudron-en-Mauges mais la colonne de l'adjudant-général Dusirat est signalée et les Vendéens évacuent le bourg et rejoignent le gros de leurs forces à Jallais[3]. Informés, les généraux vendéens rassemblent leurs armées et attaquent la colonne républicaine sur deux[1] points ou trois points[3], près de Chaudron-en-Mauges[3]. Charette attaque par le flanc gauche, Sapinaud au centre et Stofflet sur la droite[3]. Le combat dure jusqu'à la tombée de la nuit, le flanc droit des Républicains est enfoncé et la colonne se replie[1], Charette se lance à leur poursuite et les suit jusque sur les bords de la rivière de l'Èvre[4]. Dusirat, alors à Saint-Florent, gagne le champ de bataille et rallie les fuyards, il a cependant de la peine à entraîner la totalité de ses troupes car, dit-il dans son rapport, beaucoup de ses soldats restent à Saint-Florent, terrorisés aux cris de « Voilà les brigands[1] ! » Mais Charette doit renoncer en constatant que les autres armées ne l'ont pas suivi[4], Stofflet dont les forces se sont désorganisées s'est perdu dans l'obscurité[2]. Les chefs vendéens préfèrent se replier sur Jallais, Dusirat se lance un temps à leur poursuite, mais renonce rapidement à cause du crépuscule[3].
Dans son rapport, Dusirat écrit que ses pertes sont d'une vingtaine de tués et 30 blessés, il reconnaît que les pertes vendéennes sont inférieures aux siennes[1].
Conséquences
L'issue de cette bataille est surtout funeste à l'union vendéenne. À l'issue de la bataille, Charette ne cache pas sa colère, particulièrement contre Stofflet, qu'il accuse presque de trahison[4]. Cette dispute marque le début de la rivalité entre les deux généraux vendéens[2]. À ce moment, Marigny arrive à Jallais avec ses 2 000 hommes et la colère des trois généraux vendéens se tourne aussitôt contre lui[2]. Marigny ne s'excuse pas et réclame des vivres pour ses hommes qui sont épuisés mais on lui rétorque que tout a été distribué et qu'il ne reste rien pour lui[3], en outre il n'est pas invité au repas organisé pour les généraux[2]. Marigny s'emporte à son tour et sa colère redouble lorsque les autres généraux lui annoncent qu'ils ont décidé de le rétrograder pour sa faute, de faire passer ses troupes sous le commandement de Sapinaud, et de ne laisser pour lui que le commandement de l'artillerie de l'armée du Centre qui n'a pas le moindre canon[2] - [3]. Furieux, Marigny quitte aussitôt le conseil, rassemble ses Haut-Poitevins et donne l'ordre de repartir pour son quartier-général de Cerisay[3].
Informé, Charette envoie à sa poursuite le chef de sa cavalerie, Prudent de La Robrie, à la tête d'un détachement. Celui-ci parvient à le rattraper, mais menacé par l'escorte de Marigny, La Robrie préfère faire demi-tour et retourne à Jallais[3]. Les généraux réunissent alors le conseil de guerre, présidé par Stofflet, Marigny est accusé d'avoir violé son serment[3]. Le 29 avril, les officiers passent au vote et Marigny est reconnu coupable et condamné à la peine de mort par contumace par 22 voix, dont celles de Charette et Stofflet, contre 10, parmi lesquelles celles de Sapinaud, Poirier de Beauvais et La Bouëre[2] - [3] - [4].
Marigny ne s’inquiète pas du verdict et est persuadé que ses rivaux n'oseront pas exécuter la sentence[3]. Mais le 10 juillet, malade, il est surpris à Combrand par quatre chasseurs allemands envoyés par Stofflet et est aussitôt fusillé[3]. Sa mort n'est pas un avantage pour la cause vendéenne puisqu'elle met presque fin à la guerre dans le Haut-Poitou. En effet, mis à part quelques hommes qui rejoignent Sapinaud, la plupart de ses soldats regagnent leurs foyers et ne reprennent pas les combats[2].
« J'ai attaqué Chaudron, conjointement avec la garnison de Saint-Florent; les brigands l'ont évacué à mon approche et j'ai pris position à cinq quarts de lieue de Saint-Florent pour en recevoir mes vivres aujourd'hui. Quatre heures après, la troupe de Stofflet, réunie à celle qui avait évacué Chaudron, est venue attaquer ma colonne sur deux points. Ma gauche a plié et a été mise en fuite ; j'arrive de Saint-Florent, je la rallie, je mets à mon tour les brigands en fuite ; je les fais poursuivre par mes éclaireurs et ma cavalerie, et je prends poste à une lieue de Saint-Florent.
Tu vois que dans les parages que je parcours on n'est pas le maître de n'avoir pas une affaire générale j la preuve de cela, c'est que sur six affaires que j'ai eues les brigands m'ont attaqué quatre fois.
J'ai eu trente blessés et une vingtaine de tués, les brigands n'ont pas perdu autant que moi.
On a évalué le rassemblement qui m'a attaqué hier à trois ou quatre mille hommes, ils étaient presque tous habillés de bleu. Je ne crois pas qu'une seule colonne puisse venir à bout de Stofflet. Il faut de nouvelles troupes, les nôtres sont intimidées, je ne cesserai de te le répéter[1]. »
— Rapport de l'adjudant-général Dusirat, le 24 avril au camp près de Saint-Florent-le-Vieil, au général en chef Turreau.
« Comme je te le mandais ce matin, je devais recevoir aujourd'hui mon pain de Saint-Florent, et je devais partir demain, après avoir reçu des cartouches de cette place.
Le pain ne m'a été fourni aujourd'hui que pour un jour, et je ne recevrai celui qui m'est nécessaire pour me mettre en route que cette nuit ou demain.
Je te l'avoue, citoyen général, ces contrariétés et ces retards rendent ma besogne bien pénible, bien dégoûtante; mais tu peux compter toujours sur mon zèle et sur mon dévouement à la chose publique; et, quoique je regarde comme impossible d'anéantir le rassemblement de Stofflet avec les troupes que tu peux me donner à commander, je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour y parvenir, et si tu trouves que la colonne n'agit pas avec toute l'activité que tu pourrais désirer, n'en attribue la cause qu'aux difficultés que je rencontre dans mes différentes stations.
Je te parle vrai, citoyen général, le cri de voilà les brigands inspire une telle terreur à nos soldats, que, même à Saint-Florent, derrière des retranchement, on éprouve l'effet de ces termes magiques, et je puis t'assurer que s'il est quelque lieu au monde où la terreur soit à l'ordre du jour, c'est à Saint-Florent et dans quelques bataillons de ma colonne. Si hier mes trois mille cinq cents hommes eussent voulu se battre, il ne serait peut-être plus question de Stofflet et de sa bande[1]. »
— Rapport de l'adjudant-général Dusirat, le 25 avril au camp près de Saint-Florent-le-Vieil, au général en chef Turreau.
« Chemin faisant, l'ennemi fut rencontré près de Bazauge ; deux fois l'armée Vendéenne fut repoussée ; la troisième attaque décida la victoire, les républicains furent battus. Arrivé à Jallais, M. Charette apprit que l'ennemi campé entre le bourg de Chaudron et celui de Baux incendiait les environs ; il marcha sur lui, mais à son approche les républicains se retirèrent à Saint-Florent.
Ce fut à Chemillé que les trois armées de Charette, Stofflet et Marigny furent réunies. On traça là le plan de campagne : les trois chefs avec leurs forces combinées devaient descendre le long des bords de la Loire et faire ainsi le tour du pays catholique ; mais M. de Marigny ne se trouva point au rendez-vous ; en conséquence le conseil de guerre assemblé le condamna à mort pour avoir manqué à sa parole et sa sentence de mort fut lue publiquement au Cerisais.
Dans la même assemblée on divisa le pays en trois armées ; celle de Stofflet fut appelée l'armée du pays haut, celle du centre fut commandée par M. Sapineau et l'armée de Charette prit le nom d'armée du bas-Poitou[5]. »
— Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.
Bibliographie
- Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, Robert Laffont, 1912-1931 (réimpr. 2009), p. 394-395.
- Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, t. III, p. 431-432. texte en ligne sur google livres
- Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Lucas de La Championnière, Mémoires d'un officier vendéen 1793-1796, Les Éditions du Bocage, , p. 88-89.
- Jean Tabeur, Paris contre la Province, les guerres de l'Ouest, Economica, , p. 196.
- Yves Gras, La guerre de Vendée : 1793-1796, Paris, Economica, coll. « Campagnes et stratégies », , 184 p. (ISBN 978-2-7178-2600-5),p. .133.
Références
- Jean Julien Michel Savary, Guerre des Vendéens et des chouans, par un officier supérieur de l'armée de Vendée (1824-1827), t. III, p. 431-432.
- Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, p. 394-395.
- Jean Tabeur, Paris contre la Province, les guerres de l'Ouest, p. 196-197.
- Yves Gras, La Guerre de Vendée, p. 133.
- Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Mémoires d'un officier vendéen, p. 88-89.