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Bataille de Torfou

La bataille de Torfou ou bataille de Torfou-Tiffauges, qui a eu lieu le , est une bataille de la première guerre de Vendée. Elle vit la défaite des Républicains commandés par Kléber et récemment arrivés de Mayence.

Bataille de Torfou
Description de cette image, également commentée ci-après
Bataille de Torfou-Tiffauges : les femmes de Tiffauges barrent le chemin aux Vendéens épouvantés à la vue des Mayençais conduits par Kléber, peinture de Alfred de Chasteignier.
Informations générales
Date
Lieu Torfou, Tiffauges, Boussay et Gétigné
Issue Victoire vendéenne
Belligérants
RépublicainsDrapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Forces en présence
2 000 hommes20 000 hommes
Pertes
200 morts ou blessés[1]200 morts[2]
400 blessés[2] - [3]

Guerre de Vendée

CoordonnĂ©es 47° 02′ 18″ nord, 1° 06′ 53″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille de Torfou
GĂ©olocalisation sur la carte : Pays de la Loire
(Voir situation sur carte : Pays de la Loire)
Bataille de Torfou
GĂ©olocalisation sur la carte : Maine-et-Loire
(Voir situation sur carte : Maine-et-Loire)
Bataille de Torfou

Prélude : l'arrivée des Mayençais dans l'Ouest

Le , la garnison française qui occupe Mayence depuis 1792 capitule après une défense héroïque et est laissée libre contre la promesse de ne plus combattre les armées de la coalition. Comme les Vendéens ne sont pas mentionnés dans les termes de la capitulation, les représentants Turreau, Tallien et le général Beauharnais proposent d'envoyer ces troupes dans l'Ouest de la France.

Mais les reprĂ©sentants en mission se disputent cette "ArmĂ©e de Mayence", 16 000 hommes qui ont une grande rĂ©putation : Pierre Philippeaux pour l'ArmĂ©e des cĂ´tes de Brest, commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Canclaux, et RenĂ©-Pierre Choudieu pour l'ArmĂ©e des cĂ´tes de La Rochelle, dirigĂ©e par Rossignol et les gĂ©nĂ©raux sans-culottes. Les dĂ©bats agitent le conseil de guerre, prĂ©sidĂ© par Jean-François Reubell, pendant toutes les journĂ©es des 2 et . Les soldats mayençais font savoir qu'ils leur rĂ©pugnent d'ĂŞtre intĂ©grĂ©s Ă  l'armĂ©e de La Rochelle, « absolument dĂ©shonorĂ©e aux yeux de l'Europe »[4]. Finalement, lassĂ©, Rossignol, qui propose mĂŞme Canclaux au commandement des deux armĂ©es, se retire. Les gĂ©nĂ©raux de division passent au vote et l'envoi des Mayençais Ă  l'armĂ©e de Brest est dĂ©cidĂ©.

Le , l'Armée de Mayence défile à Nantes sous les acclamations de la population. Elle est commandée par le général Jean-Baptiste Annibal Aubert du Bayet, secondé par les généraux Kléber, commandant de l'avant-garde, Vimeux chef de la première brigade, Beaupuy, chef de la seconde, et Haxo, de la réserve.

La campagne de septembre 1793

Le plan de campagne

Selon le plan républicain, les Mayençais et les soldats de l'Armée des côtes de Brest doivent marcher de Nantes vers le sud puis gagner Mortagne-sur-Sèvre à l'est où leur jonction avec l'armée des côtes de La Rochelle, partie au nord-est et à l'est, est prévue pour le . Vaincus, les Vendéens seront alors rejetés sur les forteresses de l'armée de la Rochelle.

Alertés, les chefs vendéens de l'Armée catholique et royale d'Anjou et du Haut-Poitou se rassemblent à la Tremblaye, près de Cholet. Bonchamps et Talmont proposent à nouveau de faire traverser la Loire à une partie de l'armée pour insurger les Bretons mais ce plan est rejeté par la majorité des autres généraux.

Premiers combats dans le sud de la Loire-Inférieure

Le , les troupes républicaines sortent de Nantes et entrent dans le territoire de la Vendée militaire.

Déjà, les décrets de destruction de la Vendée sont appliqués, les villages sont incendiés et de nombreux massacres sont commis contre les civils.

C'est l'Armée catholique et royale du Bas-Poitou et du Pays de Retz qui affronte la première les Mayençais. Le , la division de La Cathelinière est battue à Port-Saint-Père. Pour la première fois, les Républicains emploient des obus qui éclatent, contrairement aux boulets, et provoquent des incendies. Puis c'est Couëtus qui est battu le , près de Saint-Jean-de-Corcoué. De son côté, Beysser repousse Lyrot aux Naudières et entre dans Machecoul. Les Républicains marchent ensuite sur Legé. Charette se sait désavantagé, il fait mine d'accepter le combat et déploie sa cavalerie. Pendant que les Républicains prennent position, les fantassins et les civils prennent la fuite. Charette se retire à son tour, laissant Legé, totalement abandonnée, aux Républicains.

Les Républicains se lancent à la poursuite de Charette : le ils attaquent et écrasent son arrière-garde à Montaigu, la ville est pillée. Le lendemain, une partie de l'armée occupe Clisson.

Cependant, si la progression des Armées de Mayence et des côtes de Brest est impressionnante, il n'en est pas de même de l'armée des côtes de La Rochelle, qui à l'est et au sud a été presque partout repoussée. Rossignol ordonne la retraite générale mais n'en prévient même pas Canclaux.

La bataille de Torfou-Tiffauges

Combat de Torfou, illustration de Yan' Dargent, 1866.

Le , KlĂ©ber s'avance sur Torfou avec une avant-garde de 2 000 hommes[5]. La LĂ©gion des Francs et les chasseurs de Cassel marchent en tĂŞte sous les ordres de Jean FortunĂ© BoĂĽin de Marigny. En chemin, Ă  9 heures du matin, il est brièvement attaquĂ© près de Boussay par des cavaliers vendĂ©ens qui tirent quelques coups de feu, puis se replient. ArrivĂ© en vue de la ville, KlĂ©ber charge les chasseurs et l'infanterie lĂ©gère de s'emparer des hauteurs. Marigny se heurte aux Paydrets et aux Bas-Poitevins commandĂ©s par Charette, Joly et Savin. Dans un premier temps, les RĂ©publicains sont contenus mais KlĂ©ber arrive avec l'infanterie de ligne et met les VendĂ©ens en fuite. Les collines de Torfou sont prises.

Les Vendéens paniquent, s'enfuient en direction des bois mais leurs femmes restées à l'arrière les arrêtent. À force d'insultes et d'exhortations, les Vendéens repartent au combat, menés par Charette qui s'écrie : « Qui m'aime me suive ! Puisque vous m'abandonnez, je vais moi-même vaincre ou mourir ».

Cependant au moment oĂą Charette combat sur les hauteurs, l'armĂ©e d'Anjou et du Haut-Poitou, commandĂ©e par d'ElbĂ©e, Lescure et Bonchamps — ce dernier placĂ© sur un brancard en raison de ses blessures — gagne Tiffauges et arrive Ă  son tour sur le champ de bataille. Les VendĂ©ens ont dĂ©sormais 20 000 hommes[5] dĂ©ployĂ©s de Torfou Ă  Tiffauges et lancent une contre-attaque gĂ©nĂ©rale sur le plateau. Sur leur flanc gauche, deux bataillons rĂ©publicains reculent, KlĂ©ber en dĂ©tache un sur son flanc droit pour aller les remplacer. Mais Ă  la vue de ce mouvement, les autres soldats pensent Ă  une retraite et reculent Ă  leur tour. KlĂ©ber tente de redresser la situation et prend la direction du flanc gauche qui, dans un ultime effort, essaye de repasser Ă  l'attaque. Mais après un combat acharnĂ©, avançant et reculant tour Ă  tour, les RĂ©publicains, totalement dĂ©passĂ©s par le nombre et sur le point d'ĂŞtre encerclĂ©s par les troupes de Royrand, doivent battre en retraite. KlĂ©ber, lĂ©gèrement blessĂ© Ă  l'Ă©paule, charge Chevardin, commandant des chasseurs de SaĂ´ne-et-Loire, de protĂ©ger la retraite de l'armĂ©e au pont de Boussay. « ArrĂŞte l'ennemi, ne fĂ»t-ce qu'une heure et tu sauves tes camarades. Meurs s'il le faut. » Chevardin obĂ©it, tient le pont pendant une heure avec 100 hommes et deux canons et se fait tuer ainsi que presque tous ses hommes.

Le pont pris, les VendĂ©ens de Charette se lancent Ă  la poursuite des RĂ©publicains. MenacĂ© d'ĂŞtre dĂ©bordĂ© Ă  GĂ©tignĂ©, KlĂ©ber dĂ©ploie ses troupes sur les hauteurs de Garennes, oĂą il est bientĂ´t rejoint par Aubert du Bayet et Vimeux Ă  la tĂŞte de 4 000 hommes venus de Clisson. Mais les VendĂ©ens tardent Ă  lancer l'attaque ; une fois entrĂ©s dans GĂ©tignĂ©, certains d'entre eux se sont enivrĂ©s et Charette a le plus grand mal Ă  les mettre en bataille. Canclaux arrive Ă  son tour sur le champ de bataille avec la cavalerie et lance la charge. BousculĂ©s, les VendĂ©ens se replient hors de GĂ©tignĂ© oĂą ils se rallient dans l'attente d'une nouvelle attaque qui ne vient pas. Aucun des deux camps ne repasse Ă  l'offensive et la bataille prend fin.

Pertes

Les Républicains ont subi de lourdes pertes. Le 2e bataillon du Jura et le 7e et le 8e des Vosges se sont distingués par leur résistance lors de la bataille. Kléber attribue la responsabilité de la défaite à Beysser pour être resté à Montaigu au lieu de venir le soutenir.

Bien qu'ils n'aient affronté qu'une avant-garde, cette victoire regonfle le moral des Vendéens qui surnomment bientôt l'Armée de Mayence, "Armée de faïence".

Selon le « bulletin de l'armĂ©e catholique », publiĂ© le par les VendĂ©ens, 3 000 rĂ©publicains ont Ă©tĂ© tuĂ©s lors de la bataille[6] - [7]. Dans ses mĂ©moires, l'officier vendĂ©en Bertrand Poirier de Beauvais chiffre les pertes rĂ©publicaines Ă  environ 1 500 tuĂ©s[2]. Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, officier de l'armĂ©e de Charette, parle de 1 200 morts[2]. Au dĂ©but du XIXe siècle, l'historien Alphonse de Beauchamp affirme que KlĂ©ber a perdu 2 000 hommes sur 6 000[6]. Le Bouvier-Desmortiers porte les pertes des rĂ©publicains Ă  3 000 hommes[3]. Pour Émile Gabory, KlĂ©ber a perdu la moitiĂ© de ses 2 000 hommes, ainsi que 6 canons et 2 obusiers[7]. Les registres du 3e bataillon de la Nièvre font Ă©tat de la perte de 70 hommes lors de la journĂ©e du [8]. Le 13e bataillon de volontaires des Vosges dĂ©plore quant Ă  lui 43 morts ou blessĂ©s[9].

KlĂ©ber ne donne pas de bilan prĂ©cis dans ses mĂ©moires : « Nous tuâmes, dans cette journĂ©e, beaucoup de monde Ă  l'ennemi ; mais nous en perdĂ®mes aussi un très grand nombre et surtout quantitĂ© de braves officiers »[10]. Il indique cependant que seulement 2 000 hommes ont pris part Ă  la bataille du [1] - [2] - [7] et qu'Ă  la date du sa colonne compte 1 800 hommes[1].

Du côté des Vendéens, les pertes sont de 200 morts selon Lucas de La Championnière[2]. Le Bouvier-Desmortiers avance pour sa part un bilan de 600 tués ou blessés[3] - [2]. Ce dernier bilan est également repris par Yves Gras[11].

Bibliographie

  • HervĂ© Coutau-BĂ©garie et Charles DorĂ©-Graslin (dir.), Histoire militaire des guerres de VendĂ©e, Economica, , 656 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Lionel Dumarcet, François Athanase Charette de La Contrie : Une histoire vĂ©ritable, Les 3 Orangers, , 536 p. (ISBN 978-2-912883-00-1). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Roger Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine, t. 2 : La RĂ©publique jacobine : Terreur, guerre et gouvernement rĂ©volutionnaire, 1792-1794, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 102), , 366 p. (ISBN 2-02-039818-4). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Émile Gabory, Les Guerres de VendĂ©e, Robert Laffont, Ă©dition de 2009, p. 254-265.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Yves Gras, La guerre de VendĂ©e : 1793-1796, Paris, Economica, coll. « Campagnes et stratĂ©gies », , 184 p. (ISBN 978-2-7178-2600-5), p. 71-74.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Marie-Louise Jacotey, Un volontaire de 1792 : Le GĂ©nĂ©ral Humbert ou la passion de la libertĂ©, Mirecourt, Imprimerie de la Plaine des Vosges, , 247 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean-Baptiste KlĂ©ber, MĂ©moires politiques et militaires 1793-1794, Tallandier, coll. « In-Texte », , 346 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Urbain-RenĂ©-Thomas Le Bouvier-Desmortiers, RĂ©futation des calomnies publiĂ©es contre le gĂ©nĂ©ral Charette commandant en chef les armĂ©es catholiques et royales dans la VendĂ©e : Extrait d'un manuscrit sur la VendĂ©e, , 630 p. (lire en ligne)
  • Jean Tabeur, Paris contre la Province, les guerres de l'Ouest, Economica, , p. 133-135.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Liens externes

Notes, sources et références

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  1. Kléber 1989, p. 102 et 111.
  2. Dumarcet 1998, p. 265.
  3. Le Bouvier-Desmortiers 1809, p. 159.
  4. Emile Gabory, La révolution et la Vendée d'après des documents inédits, vol. 2, Perrin et Cie, , 927 p. (lire en ligne), p. 62
  5. Dupuy 2005, p. 142.
  6. Dumarcet 1998, p. 273.
  7. Gabory 2009, p. 264.
  8. Coutau-Bégarie et Doré-Graslin 2010, p. 404.
  9. Jacotey 1980, p. 215-216.
  10. Kléber 1989, p. 104.
  11. Gras 1994, p. 71-74.
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