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Top of the Lake

Top of the Lake (ou Au bout du lac au Québec) est une série américano-australo-britannique créée et écrite par Jane Campion et Gerard Lee, coproduite par BBC Two, Sundance Channel et UKTV, et diffusée à partir du .

Top of the Lake
Description de l'image Top of the Lake Logo.png.
Autres titres
francophones
Au bout du lac (Québec)
Genre Drame
Policier
Création Jane Campion
Gerard Lee
Production Lucy Richer
Philippa Campbell
Iain Canning
Emile Sherman
Acteurs principaux Elisabeth Moss
Peter Mullan
David Wenham
Holly Hunter
Pays d'origine Drapeau de l'Australie Australie
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
ChaĂźne d'origine BBC Two (UK)
Sundance Channel (US)
UKTV (AU et NZ)
Nb. de saisons 2
Nb. d'Ă©pisodes 6 (7 sur Sundance)
Durée 60 minutes (45 sur Sundance)
Diff. originale –
Site web http://www.sundancechannel.com/series/top-of-the-lake/

La premiĂšre saison raconte l'enquĂȘte d'une jeune inspectrice sur la disparition d'une fillette de douze ans, enceinte, dans une petite ville lacustre du sud de la Nouvelle-ZĂ©lande. Elle aborde la question des violences faites aux femmes et la lutte entre le bien et le mal dans un « Paradis du bout du monde ». Les acteurs Elisabeth Moss, Peter Mullan, David Wenham et Holly Hunter interprĂštent les rĂŽles principaux et la rĂ©alisation est assurĂ©e par Jane Campion et Garth Davis.

D'une durĂ©e totale de six heures, elle est prĂ©sentĂ©e au public dans les festivals de cinĂ©ma de Sundance, Berlin puis Cannes en 2013 avant d'ĂȘtre diffusĂ©e Ă  la tĂ©lĂ©vision. Top of the Lake a reçu un grand nombre de critiques positives, notamment sur la qualitĂ© de la rĂ©alisation et du jeu des acteurs, saluant le rythme lent, la beautĂ© des dĂ©cors et le scĂ©nario travaillĂ©. En France, la sĂ©rie est diffusĂ©e sur Arte du 7 au , et au QuĂ©bec, Ă  partir de sur ARTV[1] et sur l'interface TOU.TV de Radio-Canada[2].

La seconde saison, Top of the Lake: China Girl, est diffusĂ©e du au [3], et Elisabeth Moss reprend son rĂŽle de Robin Griffin aux cĂŽtĂ©s de Nicole Kidman et Gwendoline Christie[4]. Également dĂ©coupĂ©e en 6 Ă©pisodes d'une heure chacun, cette nouvelle histoire est une suite directe de la premiĂšre saison, avec des liens narratifs, une continuitĂ© thĂ©matique ainsi qu'une Ă©volution : Ă  la recherche d'une jeune fille enceinte succĂšde la maternitĂ©, et ce qu'ĂȘtre femme et mĂšre signifie dans un monde masculin oĂč le viol est la base psychologique de la protagoniste, Robin.

Synopsis

Laketop est une petite ville nĂ©o-zĂ©landaise situĂ©e dans les Alpes du Sud, en bordure d'un lac de montagne. La sĂ©rie commence lorsque la jeune Tui Mitcham, douze ans, est retrouvĂ©e par une institutrice Ă  moitiĂ© immergĂ©e dans le lac. EmmenĂ©e Ă  l'infirmerie du collĂšge, on dĂ©couvre qu'elle est enceinte de cinq mois. L'inspectrice Robin Griffin, ayant quittĂ© son fiancĂ© restĂ© Ă  Sydney, revient dans sa ville natale pour rendre visite Ă  sa mĂšre malade. SpĂ©cialisĂ©e en protection infantile, elle est sollicitĂ©e par la police locale pour enquĂȘter sur le probable viol de Tui. Lorsqu'elle l'interroge sur l'identitĂ© de son violeur, la fillette Ă©crit sur un papier les mots « NO ONE »[N 1]. RamenĂ©e chez son pĂšre et dĂ©sorientĂ©e, Tui disparait peu aprĂšs.

Le pĂšre de Tui, Matt Mitcham, rĂšgne sur la ville Ă  la tĂȘte d'un certain nombre de petits trafics, notamment de drogue. Plein de certitudes et Ă©tabli depuis plusieurs dĂ©cennies, il voit son environnement envahi et sa tranquillitĂ© menacĂ©e par un groupe de femmes formant une communautĂ© New Age et rĂ©unies autour de leur gourou, GJ, une grande femme mystĂ©rieuse aux longs cheveux gris. AbĂźmĂ©es par la vie et blessĂ©es par les hommes, elles se sont installĂ©es sur une parcelle ironiquement nommĂ©e « Paradise » situĂ©e au bord du lac, encadrĂ©e par marais et montagnes, sur un terrain que Mitcham considĂšre comme le sien.

Au fil de son enquĂȘte, Robin dĂ©couvre petit Ă  petit des indices prouvant qu'il y a dans la ville un certain nombre de viols, commis Ă  l'aide d'une apparente facilitĂ© d'accĂšs au Rohypnol. Mais en remuant passĂ© et prĂ©sent, Robin rouvre des blessures qu'elle croyait guĂ©ries : elle a quittĂ© la ville adolescente aprĂšs avoir elle-mĂȘme subi un viol en rĂ©union, dont les auteurs se promĂšnent librement dans les rues. FrĂ©quemment en conflit avec son supĂ©rieur, le Detective Sergeant[N 2] Al Parker, qui a vis-Ă -vis d'elle une attitude gĂ©nĂ©ralement paternaliste teintĂ©e de dĂ©sir inassouvi, Robin doit aussi faire face au pĂšre de Tui, Matt, qui fait tout pour l'impressionner et la dĂ©stabiliser. Il apparaĂźt rapidement comme le principal suspect du viol de Tui, ainsi que des divers crimes qui font surface. Robin enquĂȘte plus profondĂ©ment sur les Ă©vĂ©nements qui entachent la rĂ©putation de la ville. Alors que son enquĂȘte piĂ©tine et que la santĂ© de sa mĂšre dĂ©cline, elle renoue avec son ancien petit ami, Johnno Mitcham, l'un des fils de Matt.

Matt semble quant Ă  lui s'inquiĂ©ter, Ă  sa maniĂšre, de ce qui est arrivĂ© Ă  Tui. RepĂ©rĂ©e quelque part dans les bois, Tui est aidĂ©e dans son entreprise par Jamie, un adolescent mutique qu'elle a rencontrĂ© dans le programme de rĂ©habilitation de jeunes dĂ©linquants menĂ© par Parker dans un cafĂ©. RassurĂ©e, mais dans l'incapacitĂ© de la ramener, Robin en profite pour se poser et tente de prendre du recul, mais sa mĂšre meurt peu aprĂšs de son cancer. Robin se perd dans ses sentiments contradictoires et accumule les erreurs et les signes de faiblesse. Un soir, elle rencontre l'un de ses violeurs, Sarge, dans un bar, et alors qu'il ne la reconnaĂźt pas, elle lui enfonce le tesson d'une bouteille de biĂšre dans la poitrine, Ă  la suite de quoi Al la renvoie temporairement. À bout de patience, Matt engage un groupe de chasseurs pour ramener sa fille, traque qui conduit Ă  la mort accidentelle de Jamie.

Alors que Matt semble prĂȘt Ă  avouer Ă  Robin, rĂ©cemment rĂ©-embauchĂ©e par la police, ce dont elle l'accuse – les trafics de drogue, les meurtres, son emprise sur les habitants de la ville, voire le viol de sa fille – il lui confie qu'il est en fait son pĂšre biologique, son aveu Ă©tant d'autant plus crĂ©dible que la mĂšre de Robin lui avait interdit de frĂ©quenter Johnno, son demi-frĂšre. La relation entre Robin et Johnno s'effrite peu Ă  peu devant ces rĂ©vĂ©lations. Par ailleurs, celui-ci a reconnu sa participation passive et contrainte au viol de Robin : il a Ă©tĂ© forcĂ© par les violeurs de regarder sa petite amie d'alors se faire violemment agresser. AprĂšs son aveu, Johnno retrouve l'instigateur du viol, Sarge, et le tabasse avant de l'obliger Ă  quitter la ville.

Quatre mois plus tard, Tui accouche seule dans les bois. Matt la localise, mais sa fille l'abat d'un coup de fusil lorsqu'il tente de s'emparer du bĂ©bĂ©. Robin et Johnno recueillent Tui et son fils et tentent de former la famille qu'aucun d'entre eux n'a jamais eu, s'installant pour un temps dans le camp des femmes. Mais Tui, du haut de ses douze ans, n'est pas prĂȘte Ă  ĂȘtre une mĂšre. Peu aprĂšs, Al annonce Ă  Robin et Johnno que d'aprĂšs les rĂ©sultats des tests ADN effectuĂ©s sur le bĂ©bĂ© et le cadavre de Matt, ce dernier serait bien le pĂšre de l'enfant. Il ajoute qu'en revanche, il ne serait pas le pĂšre biologique de Johnno. En partant, Al emmĂšne Tui et ses amis pour une soirĂ©e avec son groupe de rĂ©habilitation. PlongĂ©e dans ses pensĂ©es, Robin ne peut s'empĂȘcher de trouver des lacunes dans la rĂ©solution de l'affaire. Le lendemain matin, sans nouvelles de Tui, elle se rend chez Al qui l'accueille en tenue dĂ©braillĂ©e aprĂšs une soirĂ©e arrosĂ©e. Alors qu'il refuse de la laisser entrer et qu'il tente de l'approcher, elle lui tire dessus puis pĂ©nĂštre dans la maison. Elle y retrouve Tui, amnĂ©sique de la nuit prĂ©cĂ©dente, ainsi qu'un certain nombre d'hommes occupĂ©s Ă  dĂ©shabiller des adolescents inconscients dans le sous-sol.

La série se termine quelques minutes aprÚs, laissant en suspens de nombreuses questions. Robin, accompagnée par Tui, lave son tee-shirt ensanglanté dans le lac. Quant à GJ, elle quitte Paradise en laissant derriÚre elle le groupe de femmes.

Fiche technique

Portrait de Campion en conférence de presse en 2010.
Jane Campion, créatrice, scénariste et réalisatrice.

Note : sauf mention contraire, les informations ci-dessous sont issues de la page de la série sur l'Internet Movie Database[5].

Distribution

Source V. F. : Doublage SĂ©ries Database[8]

Épisodes

  1. Paradis vendus (Paradise Sold)
  2. Recherches (Searchers Search)
  3. Aux confins de l’univers (The Edge of the Universe)
  4. Sous l’arc-en-ciel (A Rainbow Above Us)
  5. Le Masque du créateur (The Dark Creator)
  6. Pas d’adieux, merci (No Goodbyes Thanks)

Personnages

Robin Griffin

Robin est une enquĂȘtrice inexpĂ©rimentĂ©e mais dĂ©terminĂ©e spĂ©cialisĂ©e dans la protection infantile ; elle enquĂȘte sur la disparition de Tui. Elle habitait avec son fiancĂ© Ă  Sydney avant de revenir au dĂ©but de la sĂ©rie dans sa ville natale, prĂšs de Queenstown en Nouvelle-ZĂ©lande, pour rendre visite Ă  sa mĂšre mourante[10]. En revenant Ă  Laketop, elle retourne sur les lieux de son passĂ© traumatisĂ© des annĂ©es plus tĂŽt. Personnage plein de dichotomies, Robin est Ă  la fois perspicace et naĂŻve, forte et vulnĂ©rable ; elle a beaucoup appris de son passĂ© mais reste Ă©motionnellement endommagĂ©e[10]. Elle est devenue une femme indĂ©pendante et forte, mais son passĂ© rĂ©miniscent la met Ă  genoux alors qu'elle a tout tentĂ© pour le renier ou l'oublier[7]. QuĂȘte initiatique, son enquĂȘte va la confronter Ă  ses dĂ©mons, qu'ils soient imaginaires ou rĂ©els, mais aussi lui donner l'excuse qu'elle attendait pour fuir la maladie de sa mĂšre[11] : en s'identifiant si profondĂ©ment Ă  Tui et en cherchant avec tant d'acharnement son violeur/meurtrier, Robin cherche Ă  cicatriser la blessure qui n'a jamais guĂ©ri[12].

Matt Mitcham

Matt est le pĂšre de Tui et Johnno. Baron de la drogue, il est narcissique, violent et manipulateur, capable d'ĂȘtre un charmeur dĂ©grossi avant de tomber dans d'effrayants accĂšs de rage[13]. Il vit selon ses propres rĂšgles et est empĂȘtrĂ© dans l'auto-apitoiement et un sens tordu de la propriĂ©tĂ©. Agressif et narquois, il Ă©mane de lui une perpĂ©tuelle aura de menace[13]. Il est trĂšs liĂ© Ă  sa mĂšre dĂ©funte et lui porte une adoration masochiste ; il semble aussi avoir des instants de confusion mentale allant jusqu'Ă  la paranoĂŻa oĂč il s'exclut de la rĂ©alitĂ©, ce qui l'amĂšne Ă  faire des choses sans en avoir rĂ©ellement conscience[11]. Il devient rapidement le suspect numĂ©ro un pour le viol de sa fille, formant un candidat trop Ă©vident pour ĂȘtre coupable. Il affiche cependant mĂ©pris et indiffĂ©rence pour la vie humaine et les atteintes Ă  l'intĂ©gritĂ© physique ou morale des personnes qui l'entourent, comme le montre son attitude lors de la mort du promoteur Bob Platt ou lorsqu'il apprend que sa fille de douze ans est enceinte. Tout en ambivalence, il la traite de « traĂźnĂ©e », mais ajoute plus tard Ă  Robin : « Comprend bien une chose : personne ne l'aime plus que moi. Personne[N 3] »[14]. À deux reprises, il montre un profond instinct de protection pour ce qui lui est cher : outrĂ© de l'intrusion par Anita dans les « lieux sacrĂ©s » que sont la tombe de sa mĂšre et la chambre de Tui, il entre dans une colĂšre pleine de violence[15]. Peter Mullan dĂ©clare que « [Matt] est au dĂ©but assez Ă©trange, et ensuite, il devient encore plus Ă©trange ! Il ne s'arrange pas[16]. »

Al Parker

Al est le chef de la police de la ville et le mentor de Robin lorsqu'elle dĂ©barque pour enquĂȘter sur le cas de Tui. Il est trĂšs impliquĂ© dans la communautĂ©, et a crĂ©Ă© dans un cafĂ©, sur un modĂšle danois, un programme de rĂ©habilitation pour les adolescents dĂ©linquants de la ville[17]. Il semble satisfait de sa position Ă  la tĂȘte de la police locale, qui ressemble par son atmosphĂšre masculine Ă  un club. Il a une approche trĂšs personnelle du travail de policier, plus concernĂ© par le rĂ©sultat que par une procĂ©dure d'enquĂȘte correcte et conforme aux rĂšgles[17]. Au fil des Ă©pisodes, sous sa personnalitĂ© apparemment irrĂ©prochable transparaissent des desseins moins glorieux[15] - [18]. Personnage ambigu – un mĂ©lange Ă©nigmatique de professionnel doucereux et de golden boy macho[19] –, il s'intĂ©resse Ă  Robin depuis qu'il l'a rencontrĂ©e et entretient avec elle une relation mĂȘlĂ©e d'autoritĂ©, de jalousie et de dĂ©sir.

GJ

Leader spirituel charismatique d'un groupe New Age, GJ est Ă  la tĂȘte d'une tribu de femmes blessĂ©es, oubliĂ©es et dĂ©senchantĂ©es qui recherchent bonheur et rĂ©ponses. Ses longs cheveux argentĂ©s et son air perpĂ©tuellement dĂ©tachĂ© en font un personnage Ă©nigmatique et androgyne rĂ©putĂ© pour sa sagacitĂ© cinglante[20]. Sa conception de la gentillesse est atypique, puisqu'elle cherche toujours Ă  couper court aux illusions de ses protĂ©gĂ©es[20]. Mais d'une certaine maniĂšre, ses commentaires crus et corrosifs – sous la forme d'aphorismes philosophiques[14] dĂ©bitĂ©s sans une trace d'Ă©motion – semblent attirer et satisfaire ses disciples. Elle ne croit pas forcĂ©ment Ă  l'illumination des esprits, ni que chacun peut trouver l'aide qu'il cherche ; cependant, la confiance en soi et l'absence de doute qui Ă©manent d'elle sont rassurantes : elle est compatissante sans ĂȘtre rĂ©confortante. Par exemple, elle rĂ©pond Ă  la mĂšre de Robin, Jude, qui vient la questionner Ă  propos de sa mort prochaine qu'elle « ne va pas faire l'expĂ©rience de sa propre mort. Lui, le fera[N 4] », dit-elle en pointant du doigt le compagnon Maori de Jude[21], ou s'exclame simplement « Boom ! » en dĂ©signant le ventre de Tui au dĂ©but de la sĂ©rie, aprĂšs quoi celle-ci disparaĂźt[22]. Holly Hunter explique que GJ est une personne que les autres veulent suivre, mais qu'elle refuse de se considĂ©rer comme un gourou[16]. GJ est inspirĂ©e d'un homme appelĂ© UG Krishnamurti, que Campion a rencontrĂ© Ă  Sydney[23].

Johnno Mitcham

Johnno, l'un des fils de Matt, revient dans son pays aprĂšs huit annĂ©es de prison en ThaĂŻlande pour consommation de drogue. À l'instar de Robin, il revient sur les pas de ses traumatismes passĂ©s et reste tourmentĂ© par ses dĂ©mons. MĂȘme s'il n'entretient pas de relation avec son pĂšre et ses demi-frĂšres, il s'implique profondĂ©ment dans l'enquĂȘte de Robin Ă  la recherche de sa demi-sƓur Tui. TourmentĂ© par sa participation passive au viol de Robin, Johnno est finalement libĂ©rĂ© lorsqu'il lui avoue son secret et qu'il est enfin libre de la venger[24].

Tui Mitcham

Tui est une jeune fille renfrognĂ©e, rebelle et intelligente – non pas intellectuelle, mais prudente. À l'opposĂ© des nombreuses reprĂ©sentations de filles fragiles et dĂ©licates qui sont assassinĂ©es dans d'autres sĂ©ries, Tui ne se laisse pas faire. Elle ne semble pas avoir peur de son pĂšre, et va jusqu'Ă  le menacer avec un fusil au dĂ©but de la sĂ©rie, et Ă  l'abattre lorsqu'il devient une rĂ©elle menace. ImprĂ©visible, elle a vis-Ă -vis des autres un rapport Ă©nigmatique et hostile. « Tui » signifie en thaĂŻ « oiseau nomade », allusion qui est vĂ©rifiĂ©e Ă  la fin du premier Ă©pisode lorsqu'elle disparaĂźt : elle vole de ses propres ailes. La mĂšre de Tui a immigrĂ© en Nouvelle-ZĂ©lande avec les nombreux exilĂ©s thaĂŻlandais qui s'y sont installĂ©s[25].

Production

La ville est à gauche, au bord du lac, et ils sont entourés par des montagnes (les Alpes du Sud).
La ville de Queenstown et le lac Wakatipu au Sud de la Nouvelle-Zélande : les lieux de tournages de la série.

Conception

Jane Campion dit avoir eu l'idĂ©e de faire un drame policier (criminal drama) en regardant la sĂ©rie amĂ©ricaine The Killing diffusĂ©e depuis 2011 sur AMC[N 5], adaptĂ©e de la sĂ©rie danoise Forbrydelsen (2007-2012)[26] - [27]. En effet, la mini-sĂ©rie partage avec The Killing une atmosphĂšre froide oĂč le soleil se fait rare (la pluie est omniprĂ©sente dans The Killing qui se dĂ©roule Ă  Seattle), ainsi que la base du scĂ©nario : une jeune fille a disparu et une enquĂȘtrice est chargĂ©e de la retrouver. Cependant, Top of the Lake diffĂšre de la premiĂšre sĂ©rie par le fait qu'elle introduit la fille vivante dans le premier Ă©pisode et que le sujet n'est pas tant « qui l'a tuĂ©e ? » mais « qui l'a mise enceinte ? »[25]. Campion cite aussi Deadwood et Mad Men comme sources d'inspiration[28] - [29] - [23] - [30], ainsi que la sĂ©rie-documentaire The Staircase[31].

« C'est une histoire de six heures que je considÚre comme un roman, dont les épisodes seraient des chapitres. Le plaisir du romancier est la possibilité d'explorer différents personnages, et chaque personnage apporte une saveur différente à l'ensemble. »

— Jane Campion[16]

Il ne s'agit pas de la premiĂšre Ɠuvre tĂ©lĂ©visuelle de la rĂ©alisatrice nĂ©o-zĂ©landaise : elle avait dĂ©jĂ  crĂ©Ă© et rĂ©alisĂ© An Angel at My Table en 1990, adaptĂ© de l'autobiographie de Janet Frame, une malade mentale devenue romanciĂšre, et remontĂ© pour former le film Un ange Ă  ma table[14] - [32] - [27]. Elle collabore ici pour la troisiĂšme fois avec Gerard Lee, avec qui elle a coĂ©crit le court mĂ©trage Passionless Moments en 1983 et le film Sweetie en 1989.

Casting et tournage

RĂ©sultant d'une coproduction amĂ©ricano-britannico-australienne, l'Ă©quipe de tournage est composĂ©e en majoritĂ© de techniciens australiens et nĂ©o-zĂ©landais, ainsi que la majoritĂ© du casting, Ă  l'exception de certains rĂŽles principaux[23] : si David Wenham (Al) et Thomas M. Wright (Johnno) sont des acteurs australiens, ils sont accompagnĂ©s par les actrices amĂ©ricaines Elisabeth Moss (Robin) et Holly Hunter (GJ), alors que le rĂŽle de Matt est attribuĂ© au Britannique Peter Mullan[33]. Celui-ci dĂ©clare qu'il a « trouvĂ© le projet trĂšs honnĂȘte, trĂšs surprenant, trĂšs drĂŽle aussi. Et merveilleusement diffĂ©rent. [...] Ce n'est pas juste une recette toute prĂȘte ; il y a lĂ  un cƓur qui bat[16]. » Par ailleurs, si Mullan a gardĂ© son accent Ă©cossais[34], Moss a Ă©tĂ© aidĂ©e par une linguiste pour parler avec l'accent australien de Sydney et l'accent nĂ©o-zĂ©landais (surnommĂ© accent « kiwi »[14]) de sa ville d'origine, Laketop[33] - [35] - [36] - [23]. L'actrice Jennifer Ehle avait d'abord auditionnĂ© pour le rĂŽle de GJ qui a finalement Ă©tĂ© attribuĂ© Ă  Holly Hunter, alors que Jane Campion avait d'abord proposĂ© celui de Robin Ă  Anna Paquin qui avait dĂ©jĂ  travaillĂ© avec elle et Hunter sur La Leçon de piano (The Piano)[37]. La rĂ©alisatrice avait pensĂ© engager une actrice australienne pour le rĂŽle de Robin, mais a estimĂ© que Toni Collette, l'actrice qu'elle avait en tĂȘte, Ă©tait un peu trop ĂągĂ©e pour faire fonctionner l'histoire parentale avec Matt[23].

À l'origine, la chaĂźne Australian Broadcasting Corporation (ABC) devait participer Ă  la coproduction, mais elle s'en est retirĂ©e lorsque le rĂŽle principal de Robin a Ă©tĂ© attribuĂ© Ă  l'AmĂ©ricaine Elisabeth Moss[38] - [23]. La chaĂźne australienne et nĂ©o-zĂ©landaise UKTV, appartenant au groupe BBC Worldwide, a pris le relais[33]. Avec le succĂšs de la sĂ©rie, plusieurs commentateurs ont raillĂ© ABC[39] et ont fait remarquer que son abandon de la production avait Ă©tĂ© une erreur[33].

Avec un budget de 2 millions de dollars par Ă©pisode[40], le tournage a durĂ© dix-huit semaines[37] et la sĂ©rie a entiĂšrement Ă©tĂ© tournĂ©e en Nouvelle-ZĂ©lande, dans la rĂ©gion de l'Otago, Ă  Queenstown et Glenorchy[33], deux villes situĂ©es en bordure du lac Wakatipu. Celui du camp des femmes est le lac Moke[37] - [27] - [41]. Par ailleurs, mĂȘme si ce n'est jamais mentionnĂ© dans la sĂ©rie, Paradise (qui renvoie au nom de la parcelle des femmes de GJ) est un lieu-dit situĂ© Ă  proximitĂ© de Glenorchy, Ă  l'endroit oĂč la Dart River se jette dans le lac Wakatipu. RĂ©putĂ©e pour sa beautĂ©, la rĂ©gion est rĂ©guliĂšrement utilisĂ©e pour des tournages, notamment pour ceux des films de Peter Jackson, Le Seigneur des anneaux et Le Hobbit[42]. Alors que Jane Campion a rĂ©alisĂ© trois des six Ă©pisodes, les trois autres l'ont Ă©tĂ© par Garth Davis, surtout connu en Australie pour son travail sur des publicitĂ©s. Le directeur de la photographie, Adam Arkapaw, a pour sa part travaillĂ© sur les films australiens Animal Kingdom, Les Crimes de Snowtown et Lore[43].

DĂ©veloppement

« Top of the Lake est un projet trÚs personnel que je revendique de bout en bout. »

— Jane Campion, TĂ©lĂ©rama[43]

BBC Two, la chaĂźne britannique qui a coproduit le film et qui est rĂ©putĂ©e pour la libertĂ© laissĂ©e Ă  ses crĂ©atifs, a demandĂ© Ă  Campion et Lee : « ce que nous voulons, c'est entendre votre voix. [...] On veut que vous soyez le plus possible vous-mĂȘmes... Ne vous retenez pas », les laissant ĂȘtre aussi ambitieux et audacieux qu'ils le souhaitaient. Campion ajoute « cela a Ă©tĂ© une merveilleuse provocation ! Pour nous, en tant qu'artistes
 Ils ne nous demandaient pas de nous censurer, au contraire. Ils nous disaient « Allez aussi loin que vous pouvez[16] - [44] - [43] ! » Le producteur Iain Canning de See-Saw Films, oscarisĂ© pour Le Discours d'un roi, explique au dĂ©but de la production en 2012 que « nous voulons ĂȘtre sĂ©lectif. Nous voulons choisir des projets uniques, comme Top of the Lake. Nous sommes encore en train de dĂ©velopper la sociĂ©tĂ© [aprĂšs le succĂšs de Shame] et nous cherchons Ă  travailler avec des scĂ©naristes et des rĂ©alisateurs de qualitĂ©. Nous souhaitons crĂ©er une branche pour la tĂ©lĂ©vision, mais avec les bons projets[N 6] - [40]. »

Campion déclare qu'elle a trouvé à la télévision « plus de liberté » qu'au cinéma : « l'industrie cinématographique est aujourd'hui plutÎt conservatrice. Moins de contraintes, un arc narratif plus long : c'est un luxe qui est depuis quelque temps absent des films[N 7] »[28] - [29]. Pendant deux décennies depuis le début des années 1990, les scénaristes des séries télévisées ont été particuliÚrement mis en valeur au détriment des réalisateurs (à l'inverse du cinéma), notamment par la promotion des show runners de « séries d'auteur » comme The Wire (David Simon) et The Sopranos (David Chase), représentant l'« ùge d'or d'HBO », ou encore Mad Men (Matthew Weiner) sur AMC. Les années 2010 renversent quelque peu cet état de fait, avec non seulement des cinéastes qui utilisent leur réputation d'artistes du septiÚme art pour lancer des séries, mais aussi une plus grande place laissée à la réalisation télévisuelle. Si David Lynch fait office d'exception en 1990 pour Twin Peaks, les années 2010 voient l'apparition à la télévision de Martin Scorsese sur Boardwalk Empire (2010), Michael Mann sur Luck (2011) et David Fincher sur House of Cards (2013), etc. Ainsi, Jane Campion fait partie de cette nouvelle vague de réalisateurs de cinéma passés à la télévision[45] - [43]. Elle explique que « si l'on veut trouver aujourd'hui des regards décalés, une exploration intime de nos existences, voire des styles visuels trÚs marqués, c'est vers les séries qu'il faut se tourner. Chez moi, comme dans la plupart des pays, les salles d'arts et d'essai ont quasiment disparu et les producteurs sont de plus en plus inquiets, frileux, obnubilés par les études de marché[44] - [30]. »

DeuxiĂšme saison

En , au cours du MIPCOM de Cannes, la sociĂ©tĂ© de production See-Saw Films a annoncĂ© la commande d'une deuxiĂšme saison (China Girl)[3] - [46] prĂ©vue pour 2017. Le tournage a dĂ©butĂ© en [47]. Elizabeth Moss y reprend son rĂŽle et enquĂȘte entre Sydney et Hong Kong, accompagnĂ©e cette fois par Nicole Kidman[4], Alice Englert (fille de Jane Campion), Gwendoline Christie et David Dencik.

Diffusions

La sĂ©rie est pour la premiĂšre fois prĂ©sentĂ©e en au cours du festival de Sundance pendant un programme de sept heures d'affilĂ©e[48]. C'est la premiĂšre fois que le festival de cinĂ©ma indĂ©pendant crĂ©Ă© par Robert Redford Ă  Park City diffuse une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e[49] - [50], de la mĂȘme façon que la mini-sĂ©rie française Carlos avait Ă©tĂ© diffusĂ©e hors-compĂ©tition au festival de Cannes en 2010 avant de l'ĂȘtre sur Canal+, ou que les tĂ©lĂ©films britanniques The Red Riding Trilogy de Channel 4 l'ont Ă©tĂ© au festival de Telluride en 2009[28] - [27] - [44]. Top of the Lake est Ă©galement prĂ©sentĂ©e pendant la Berlinale en [51]. Enfin, les deux premiers Ă©pisodes sont diffusĂ©s le lors d'une sĂ©ance spĂ©ciale de la Quinzaine des rĂ©alisateurs du festival de Cannes 2013[52], sĂ©ance au cours de laquelle Campion reçoit le Carrosse d'or « pour les qualitĂ©s novatrices de ses films, pour son audace et son intransigeance dans la mise en scĂšne et la production »[53].

Top of the Lake est diffusĂ©e en sept Ă©pisodes de 45 minutes sur Sundance Channel aux États-Unis du au [54]. En Australie, elle est diffusĂ©e sur UKTV en six Ă©pisodes d'une heure, du au [49] et en Nouvelle-ZĂ©lande avec un jour de diffĂ©rence[55]. Elle est par ailleurs disponible depuis le mois de mai sur la plateforme de vidĂ©o Ă  la demande Netflix aux États-Unis et au Canada[56]. Au Royaume-Uni, la diffusion de la sĂ©rie sur BBC Two dĂ©bute le , Ă  raison d'un Ă©pisode par semaine tous les samedis pendant six semaines[57]. Les Ă©pisodes, sous le format australien (six Ă©pisodes d'une heure), sont aussi disponibles sur la plateforme de VOD BBC iPlayer peu aprĂšs. Alors qu'ils sont simplement numĂ©rotĂ©s aux États-Unis et en Australie (Episode One, Episode Two, etc.), les Ă©pisodes comportent un titre sur la BBC[57].

En France et en Allemagne, Top of the Lake est diffusée à l'automne 2013 sur la chaßne Arte[58] - [59] - [60].

Diffusion internationale :

ThĂšmes

Lac à l'eau bleu clair entouré de hautes montagnes.
Les lieux de tournage de la série : le Nord-est du Lac Wakatipu, et les Alpes du Sud au fond.

Le bien et le mal

La sĂ©rie aborde rĂ©guliĂšrement la question d'une opposition entre le bien et le mal[61] dans ce qui est appelĂ© un « Paradis du bout du monde ». Au sens littĂ©ral, « Paradise[23] - [42] » est le nom de la parcelle oĂč GJ et les femmes ont installĂ© leur campement. Matt Mitcham, l'ancien propriĂ©taire, raconte que malgrĂ© le fait que l'endroit ait l'air d'un paradis paisible, une famille y a Ă©tĂ© massacrĂ©e, et que le lieu jouit depuis d'une mauvaise rĂ©putation ; il y reste cependant trĂšs attachĂ©, expliquant que « [sa] mĂšre est enterrĂ©e au Paradis[26] ». Dans un sens plus symbolique, le « Paradis » renvoie Ă  l'apparente beautĂ© hypnotisante qui se dĂ©gage du lac et de ses environs, mais qui, de par ses habitants, son histoire et sa culture, a plutĂŽt des allures d'Enfer, lieu de toutes les souffrances qu'endurent les personnages[23] - [42]. Le terme « bout du monde » est largement utilisĂ© dans la presse pour qualifier la ville et le lac, la rĂ©alisation ayant reprĂ©sentĂ© ces lieux de façon Ă  Ă©voquer une barriĂšre au-delĂ  de laquelle aucune vie n'est possible[62] - [63] - [64] - [26] - [65] - [66].

Toute la série repose sur de multiples contradictions entre deux termes souvent antonymes. En partant de l'habituelle lutte entre le bien et le mal, Top of the Lake est basée sur une dualité dont les ingrédients s'opposent : homme / femme ; beauté / laideur ; adulte / enfant ; innocence / culpabilité ; paix / violence ; vérité / ignorance ; protection / pouvoir
 Cependant, elle n'apporte de réponse manichéenne à aucune de ces questions, laissant le soin à son spectateur de se faire sa propre idée[25] - [67].

Dans Top of the Lake, les apparences sont trompeuses[25] et chaque personnage cache enfoui plus ou moins profondĂ©ment une blessure ou un secret[68] : le viol traumatique de Robin et l'abandon de son enfant nĂ© du viol ; les sĂ©ances de flagellation de Matt ; le mutisme inexpliquĂ© de Jamie, etc[64]. Parfait exemple de l'ambivalence de la sĂ©rie, Al Parker apparaĂźt d'abord comme un alliĂ© de Robin, tout en suivant ses propres buts ; au contraire, Matt est un personnage considĂ©rĂ© comme nĂ©gatif (mĂȘme s'il ne l'est pas autant que prĂ©vu), alors que Robin, GJ et Johnno, s'ils ont de nombreux dĂ©fauts, sont des personnages positifs. Le spectateur a d'ailleurs un temps d'avance sur Robin Ă  propos de la vraie nature de Al, puisqu'elle ne semble pas dĂ©coder les signaux d'alerte qui Ă©manent de lui : il la soutient dans son enquĂȘte puis lui met des bĂątons dans les roues ; il l'invite chez lui et « s'occupe d'elle » alors qu'elle s'Ă©vanouit ; il la renvoie avant de la rĂ©-embaucher ; il la demande en mariage[N 8] avant de trahir sa confiance en forçant sa rencontre avec Matt lors de leur sortie en bateau. Al joue un rĂŽle tout au long de la sĂ©rie, et il n'en sort qu'Ă  la fin, aidĂ© par l'alcool qu'il a avalĂ©, oĂč sa maĂźtrise de soi disparaĂźt et oĂč il se laisse entraĂźner par ses pulsions[67].

La religion est Ă©galement briĂšvement abordĂ©e par Robin. Elle explique Ă  Al qu'Ă©tant donnĂ© la culture catholique de sa mĂšre, celle-ci n'a pas voulu que sa fille avorte de l'enfant qu'elle a eu aprĂšs son viol. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les thĂšmes bibliques sont trĂšs prĂ©sents dans la sĂ©rie. Le bĂ©bĂ© de Tui est appelĂ© NoĂ© (Noah en version originale) alors que d'autres prĂ©noms issus de la culture judĂ©o-chrĂ©tienne sont aussi mentionnĂ©s, notamment les ÉvangĂ©listes : Marc (Mark), Luc (Luke) et Jean (Johnno), les fils de Matt (Matthieu). La sĂ©rie propose aussi l'idĂ©e rĂ©currente d'un paradis au sens propre comme au sens figurĂ© ; la reprĂ©sentation d'une ville fictive situĂ©e dans les limbes entre paradis et enfer, entre bien et mal ; la « purification » apportĂ©e par l'immersion des corps dans l'eau rappelant le baptĂȘme chrĂ©tien, le MikvĂ© juif, voire les ablutions musulmanes avant la priĂšre ; etc[18].

La famille et le pouvoir

Les parents sont censĂ©s protĂ©ger leurs enfants du mal et des dangers, leur permettant de grandir dans les meilleures conditions possibles. C'est un Ă©lĂ©ment qui manque chez pratiquement tous les personnages de la sĂ©rie. Il n'y a pas de famille « traditionnelle » reprĂ©sentĂ©e, aucune famille avec un pĂšre et une mĂšre. La mĂšre de Tui n'habite pas avec elle chez Matt et elle ne rencontre pas sa fille une seule fois au cours des Ă©pisodes. Jamie vit avec sa mĂšre cĂ©libataire, mais dans une caravane dans le jardin de leur maison. La mĂšre de Johnno n'est pas mentionnĂ©e. Le « pĂšre » de Robin s'est noyĂ© dans le lac lorsqu'elle Ă©tait enfant. La figure du pĂšre est presque intĂ©gralement occupĂ©e par Matt Mitcham qui se rĂ©vĂšle ĂȘtre le pĂšre de cinq des personnages. Cependant, il semble avoir Ă©tĂ© incapable de protĂ©ger Tui des dangers et des traumatismes – ni Robin Ă  l'Ă©poque oĂč elle a Ă©tĂ© agressĂ©e (mĂȘme s'il lui a rendu une certaine forme de justice). Mais bien que Matt ait Ă©tĂ© dĂ©passĂ© Ă  de nombreuses reprises, il semble rĂ©ellement se prĂ©occuper de sa famille, mĂȘme si sa relation avec les membres qui la composent soit « dangereusement tordue[11]. »

Deux hommes exercent un pouvoir sur l'ensemble des personnages de la sĂ©rie : Matt Mitcham et Al Parker[69] - [18] - [25] - [70] - [15]. Les gens de la communautĂ© craignent Matt Mitcham et celui-ci rĂšgne en maĂźtre sur ses fils, un groupe de bikers, ses employĂ©s dans le trafic de drogue qu'il entretient et sur ses chiens. Al Parker est Ă  la tĂȘte de la police de la ville, et il a aussi l'autoritĂ© sur le groupe d'adolescents qui travaille dans son cafĂ©. Matt a l'air de contrĂŽler Parker pendant une grande partie de la sĂ©rie, mais la fin semble sous-entendre qu'Al est le principal antagoniste et donc celui qui a le plus de pouvoir. Matt est le symbole du patriarcat, rĂ©gnant en maĂźtre sur sa famille comme sur la ville, alors que la sĂ©rie est parsemĂ©e de symboles phalliques faisant rĂ©sonner la supĂ©rioritĂ© de l'homme sur la femme[26] - [27].

La violence des Ă©changes entre les personnages est motivĂ©e par les concepts de soumission / domination. Ce n'est pas tant un instinct de sadisme, de vengeance ou de passion qu'un besoin de contrĂŽle sur l'autre qui dĂ©finit les rapports de pouvoir entre eux et cela se retrouve non seulement dans leurs rapports sociaux mais aussi sexuels, notamment par les viols[21]. Par exemple, la description faite par Johnno de la soumission que lui ont imposĂ© les violeurs de Robin – ils lui ont attachĂ© une laisse autour du cou et l'ont fait marcher comme un chien – rappelle le film Cul-de-sac de Roman Polanski, dont les thĂšmes sont similaires Ă  ceux de Top of the Lake : une histoire de sexe(s) et de pouvoir[21].

Le viol et la violence

La ville de Laketop semble entretenir une « culture du viol[67] - [71] - [18]. » En effet, Robin a Ă©tĂ© violĂ©e adolescente par une bande d'adultes ivres ; Tui tombe enceinte Ă  douze ans Ă  la suite d'un viol dont elle ne garde aucun souvenir. Enfin, Robin dĂ©couvre l'organisation de rĂ©habilitation corrompue qu'a mis en place Al, impliquant plusieurs hommes et du Rohypnol (« Roofie ») pour violer de façon systĂ©matique tout un groupe d'adolescents censĂ©s ĂȘtre sous sa protection. De plus, et malgrĂ© ses dĂ©nĂ©gations, il est probable qu'Al a abusĂ© de Robin au cours de la soirĂ©e chez lui aprĂšs l'avoir droguĂ©e[67]. Par ailleurs, la gravitĂ© des crimes mentionnĂ©s (viol et viol sur mineur, sans parler du meurtre) est prise Ă  la lĂ©gĂšre par la plupart des hommes des forces de police[14] et accentue l'impression d'une certaine banalitĂ© et minorisation de ce genre de crime dans la ville[25] - [68].

« La communautĂ© de Laketop est un univers Ă  part entiĂšre oĂč les hommes font ce qu'ils veulent ; la police dĂ©tourne le regard (lorsqu'elle n'est pas ouvertement complice), la criminalitĂ© et la violence font simplement partie de la vie quotidienne. Les femmes ont quant Ă  elles compris qu'elles devaient soit faire avec, soit souffrir d'innombrables chagrins et humiliations[N 9]. »

— Michael Sicinski, Cinema Scope[70]

La violence est omniprĂ©sente dans la sĂ©rie, qu'elle soit physique ou, bien plus souvent, psychologique[64] - [54] - [70]. PassĂ©e de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, elle est la seule solution que trouvent les personnages pour s'en sortir, comme une Ă©chappatoire virile aux traumatismes : Robin enfonce un tesson de bouteille dans la poitrine de son violeur ; Matt et ses fils mettent en scĂšne le suicide de Zanic lorsqu'ils le suspectent d'avoir violĂ© Tui ; celle-ci abat son pĂšre qui menaçait son enfant ; etc. La violence est Ă©galement le seul langage parlĂ© et compris par tous : lorsque Al questionne Jamie dans la salle d'interrogatoire, il dit agir « comme son pĂšre » et sa stratĂ©gie se rĂ©sume Ă  l'humilier et Ă  le frapper, lui imposant sa stature dominante (Al est debout et Jamie assis), sa force physique (un adulte entraĂźnĂ© et un adolescent mutique) et son autoritĂ© (de « pĂšre » et d'officier de police)[21]. En ce sens, la sĂ©rie est « dĂ©sagrĂ©ablement dĂ©terministe[18] », puisque les adultes masculins transmettent leur culture de violence et de domination – de l'homme sur la femme, du fort sur le faible – Ă  la gĂ©nĂ©ration suivante : Johnno imite son modĂšle paternel pourtant reniĂ© en tabassant Sarge ; plutĂŽt que de faire marcher la vraie justice, Matt, Al et d'autres rendent leur propre justice aux violeurs de Robin
 La notion de connaissance et d'apprentissage prend un sens mimĂ©tique : « mon garçon, prend modĂšle sur ton pĂšre – celui qui t'a frappĂ© – et frappe Ă  ton tour ». L'ensemble de ces comportements rappellent le film de Michael Haneke, Le Ruban blanc (Das weiße Band) : des pĂšres dominateurs qui battent et manipulent leurs enfants alors que ceux-ci grandissent dans la RĂ©publique de Weimar, dĂ©terminant ce qu'ils deviendront dans le futur TroisiĂšme Reich[21].

Les personnages fĂ©minins n'ont quant Ă  eux que deux options : « fight or flight » (la lutte ou la fuite)[18]. La violence auto-infligĂ©e est Ă©galement rĂ©currente, en particulier pour les sĂ©ances de flagellation de Matt face Ă  la tombe de sa mĂšre ou la façon dont Jamie se cogne la tĂȘte contre les murs, incapable d'exprimer autrement les Ă©motions qui le traversent.

La vérité et l'ignorance

La sĂ©rie pose rĂ©guliĂšrement la question de l'importance de la vĂ©ritĂ©, de la connaissance, en mĂȘme temps que de son antonyme, l'ignorance[15]. L'Ă©pisode 3 est Ă  cet Ă©gard particuliĂšrement centrĂ© sur la question. C'est Ă  cette unique occasion que Robin Ă©voque l'enfant auquel elle a donnĂ© naissance aprĂšs le viol en rĂ©union dont elle a Ă©tĂ© victime Ă  quinze ans. Elle raconte Ă  Al qu'elle a reçu une lettre de sa fille qui veut connaĂźtre ses parents : elle a le choix entre ne pas lui rĂ©pondre, lui mentir ou lui dire que son pĂšre est un violeur et qu'elle n'aurait jamais dĂ» naĂźtre. La vĂ©ritĂ© occupe alors une place bien faible par rapport Ă  la portĂ©e dramatique qu'elle pourrait avoir. Robin dĂ©clare finalement « Fuck the truth, Al »[68]. L'identitĂ© du pĂšre est et reste incertaine (tout comme celle de celui de l'enfant de Tui Ă  la fin de la sĂ©rie), Ă©tant donnĂ© la multiplicitĂ© des agressions. De mĂȘme, Robin apprend que Johnno, son petit-ami de l'Ă©poque, Ă©tait prĂ©sent au cours de son viol, et elle ne peut se rĂ©soudre Ă  ce qu'il lui raconte s'il a participĂ© ou non, ou s'il n'a Ă©tĂ© qu'un spectateur contraint[15]. Le mot « NO ONE » de Tui rĂ©vĂšle par ailleurs sa propre ignorance de la vĂ©ritĂ©, mais il est aussi implicitement dĂ©nonciateur : dans cet environnement machiste et sexiste, « n'accuser aucun homme revient Ă  les accuser tous[12]. » En effet, comme l'explique Robin dans l'Ă©pisode 3, « no one » peut signifier en anglais Ă  la fois « personne » et « plus d'un ».

Dans un autre registre, il semble que retrouver le meurtrier de Bob Platt, Wolfgang Zanic et April Stephens n'est pas trĂšs important pour le chef de la police, qui prĂ©fĂšre l'ignorance et le confort du quotidien Ă  la vĂ©ritĂ© et au chamboulement de ses habitudes[15]. La rĂ©action de la police Ă  la disparition et au viol de Tui est choquante de la part d'un service public censĂ© faire respecter la loi : « d'une part, ils prennent l'enquĂȘte pour nĂ©gligeable, et d'autre part, ils se moquent du fait qu'Ă  12 ans, elle ait bien pu tomber enceinte, allĂ©guant qu'elle l'avait sĂ»rement cherchĂ©[12]. » PlutĂŽt que d'enquĂȘter sur ces crimes, la police porte un jugement – erronĂ© qui-plus-est – et les classe au rang des infractions[12]. Comme Robin va s'en rendre compte, l'enquĂȘte sur la disparition de Tui va l'amener Ă  faire sortir les cadavres du placard de la ville[15], ce qu'elle va faire en y laissant des plumes, confirmant l'adage « ignorance is bliss[72] » (l'ignorance est une bĂ©nĂ©diction). L'« incertain » est Ă©galement caractĂ©ristique de Top of the Lake, car beaucoup de questions restent sans vĂ©ritable rĂ©ponse Ă  la fin de la sĂ©rie[18] - [67].

Enfin, le choc des cultures entre la brutalité du clan Mitcham et le groupe des femmes blessées de GJ rappelle à certains commentateurs des fictions comme La neige tombait sur les cÚdres (Snow falling on cedars, 1999), film adapté du roman de David Guterson ou Smilla et l'Amour de la neige (FrÞken Smillas fornemmelse for sne, 1992), roman de Peter HÞeg[73].

Les tĂȘtes de cerfs

Portrait d'une tĂȘte de cerf sur fond rouge/marron.
Une tĂȘte de cerf empaillĂ©e.

Les tĂȘtes de cerfs montĂ©es sur les murs des diffĂ©rents endroits filmĂ©s de la sĂ©rie sont nombreuses. Elles reprĂ©sentent habituellement une forme de trophĂ©e, symbolisant le pouvoir du chasseur sur l'animal, du fort sur le faible[22]. Ces tĂȘtes empaillĂ©es sont prĂ©sentes entre autres dans le gĂ©nĂ©rique, dans le bureau de Al, le salon de Matt, la salle de bal du lycĂ©e et la chambre marron oĂč ont lieu les viols des adolescents[18]. De la mĂȘme maniĂšre que ces « trophĂ©es de chasse », Al a affichĂ© les photos encadrĂ©es des enfants qu'il a « aidĂ©s » Ă  se rĂ©habiliter dans son cafĂ© aprĂšs leurs dĂ©lits, tout en profitant d'eux. Les tĂȘtes d'animaux puissants sont depuis longtemps considĂ©rĂ©es comme des emblĂšmes ; le cerf symbolise, Ă  l'instar du lion ou de l'ours, la royautĂ©[74]. De plus, les cerfs sont interprĂ©tĂ©s par certains chrĂ©tiens comme des signes divins ou des symboles du Christ. Ils sont aussi, d'aprĂšs saint Eustache et saint Hubert, une image de l'innocent condamnĂ© Ă  ĂȘtre sacrifiĂ©, comme JĂ©sus sur sa croix ou simplement par la chasse, alors que les bois du cerf, repoussant chaque annĂ©e aprĂšs ĂȘtre tombĂ©s, apparaissent comme des images de la rĂ©surrection[75]. Mais comme dans un film de Lars von Trier, ces trophĂ©es d'animaux morts ont ici une connotation sombre et tĂ©nĂ©breuse ; en spectateurs muets, ils assistent impuissants aux crimes, aux abus, aux violences et aux luttes des personnages, tel le dĂ©nominateur commun de chaque Ă©quation que pose la sĂ©rie[18].

L'eau

Tui et Robin s'immergent respectivement dans l'eau du lac au cours de la sĂ©rie, une façon de purifier leurs corps violĂ©s et/ou d'apaiser leur esprit en manque de foi ou d'avenir heureux. L'eau du lac, qui semble pure et paisible, cache dans ses trĂ©fonds une noirceur d'encre, symbolisant ainsi l'Ăąme humaine[59]. Le lac, mystĂ©rieux et dangereux, est le point central de la sĂ©rie – Ă  la fois le point de dĂ©part et le point final, au sens propre comme au sens figurĂ© (la sĂ©rie commence avec Tui qui s'immerge dans le lac et elle se termine lorsque Robin y lave son tee-shirt)[70]. Robin l'a fui une bonne partie de sa vie (fuyant le souvenir de son viol et celui de son pĂšre qui s'y est noyĂ©), mais le lac exerce une attraction malsaine sur elle et les autres personnages, comme une fascination funeste[54]. L'eau, qui est dans la culture occidentale l'ingrĂ©dient du baptĂȘme, symbolise la purification, la guĂ©rison et le renouveau, et c'est aussi, dans la tradition musulmane par exemple, le symbole de la vie[76] - [77]. Cependant, Ă  l'inverse de ces idĂ©es, l'eau du lac semble ici avoir des propriĂ©tĂ©s malĂ©fiques[78].

La série propose également d'autres récurrences, comme les os (collectionnés par Jamie, parce que « les os ne mentent pas »), les tatouages (sur les corps de Johnno et de Mark, les fils de Matt, et sur le visage du compagnon Maori de Jude), ainsi que les chiens.

Format

Une série policiÚre ou un film en six parties ?

La sĂ©rie est basĂ©e sur un banal scĂ©nario policier de meurtre et/ou de disparition[79]. Mais son traitement diffĂšre des autres sĂ©ries du mĂȘme genre, notamment des « police procedurals » (des enquĂȘtes rĂ©solues dans l'Ă©pisode) diffusĂ©s sur les rĂ©seaux publics amĂ©ricains en particulier (Columbo, Law and Order, Les Experts, NCIS
)[59] - [25]. Sur Slate.com, un critique Ă©crit que « Top of the Lake est une curiositĂ© parmi les sĂ©ries criminelles. C'est une tragĂ©die psychologique qui se prend pour un thriller policier, tout en dĂ©construisant ces genres en un essai fĂ©ministe[N 10] - [26]. » Sur un rythme beaucoup plus lent que d'autres sĂ©ries du genre[63], et avec un nombre d'Ă©pisodes Ă  la fois plus grand (l'enquĂȘte se dĂ©roule sur les sept Ă©pisodes) et plus petit (une saison de sĂ©rie habituelle compte entre 13 et 24 Ă©pisodes)[11], l'enquĂȘte policiĂšre devient le fil rouge autour duquel gravitent les personnages. La rĂ©alisatrice s'emploie ainsi Ă  creuser la psychologie des personnages plutĂŽt qu'Ă  rĂ©soudre rapidement le mystĂšre de la disparition de la fillette – et de la dĂ©couverte de son violeur[59] - [64] - [80]. ConsidĂ©rĂ© par sa crĂ©atrice comme un « anti-CSI », Top of the Lake s'intĂ©resse moins aux sciences criminelles et lĂ©gales qu'Ă  une enquĂȘte cohĂ©rente et un personnage central tourmentĂ© : « en fait, nous avons essayĂ© d'aller contre l'esthĂ©tique des police procedurals[N 11] »[29].

Alors que les histoires impliquant violence et oppression, surtout envers les femmes et les enfants, sont utilisĂ©es dans de nombreuses sĂ©ries, elles le sont surtout dans le but d'accĂ©lĂ©rer le scĂ©nario d'un procedural ou pour initier un cliffhanger mĂ©lodramatique. PlutĂŽt que de traiter directement la question du viol, la sĂ©rie analyse les consĂ©quences de la violence et des agressions, qui se rĂ©vĂšlent ĂȘtre des voies complexes et nuancĂ©es qu'empruntent Ă  la fois les personnages masculins et fĂ©minins. « Examiner les effets de la brutalitĂ© sur ceux qui en font usage et sur ceux qui les subissent semble ĂȘtre la raison d'ĂȘtre de la sĂ©rie[N 12], » explique une chroniqueuse du Huffington Post amĂ©ricain[64]. Dans The Hollywood Reporter, un commentateur ajoute que « Top of the Lake prĂ©sente un affreux portrait de la condition humaine, dans la mĂȘme veine que d'autres sĂ©ries liant crime et famille ces derniĂšres annĂ©es. Et celle-ci grimpe dĂ©jĂ  sur le podium des meilleures d'entre elles[N 13] - [54]. »

Le format « mini-sĂ©rie » choisi pour Top of the Lake est prĂ©cisĂ©ment Ă  la mode depuis le dĂ©but des annĂ©es 2010 dans les pays anglo-saxons, avec des Ɠuvres comme Hatfields and McCoys (2012) et La Bible (The Bible) (2013) de History Channel ou encore Mildred Pierce (2011) et Parade's End (2012) de HBO. Les rĂ©seaux cĂąblĂ©s amĂ©ricains ont programmĂ© pour 2013 plusieurs autres sĂ©ries de ce format : Hindenburg: The Last Flight (Encore), Barabbas (Reelz), Bonnie and Clyde (Lifetime et History), alors que Steven Spielberg travaille sur l'adaptation Napoleon du film abandonnĂ© de Kubrick sur l'empereur français[50]. Ce choix permet de dĂ©velopper une intrigue cinĂ©matographique (ici, celle d'un film policier et/ou noir) tout en bĂ©nĂ©ficiant d'un contenu plus long et donc propice Ă  l'approfondissement des dĂ©tails et des personnages, sans tomber dans la surenchĂšre des multiples saisons des sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es « normales », qui s'essoufflent parfois au bout d'un temps plus ou moins long[81] - [82]. De plus, Top of the Lake profite du succĂšs critique international de la mini-sĂ©rie australienne The Slap diffusĂ©e sur ABC en 2011. Arte a d'ailleurs annoncĂ© presque au mĂȘme moment l'achat des droits de diffusion des deux sĂ©ries[83].

« Tourner une série est une expérience intéressante mais compliquée. Il fallait préserver une unité de ton et de style sur la durée des sept épisodes et j'ai souvent eu le sentiment que nous courions à la catastrophe. C'est comme piloter un gros avion en luttant en permanence pour garder le cap. Il me fallait maintenir la forme du thriller tout en développant l'univers trÚs particulier que j'avais choisi, creuser les personnages, trouver leur vérité, soigner le style, tenir le rythme. »

— Jane Campion, TĂ©lĂ©rama[43]

DĂ©cor, style et rythme

La rĂ©alisation installe une atmosphĂšre mystĂ©rieuse[26], Ă©touffante et envoĂ»tante[63], froide et organique[80], avec des paysages Ă  la beautĂ© rude et sauvage[59], Ă  la fois fascinants et menaçants[14]. À la limite du surnaturel[78], le dĂ©cor est un personnage Ă  part entiĂšre[33] - [84], le scĂ©nario intĂ©grant la nature Ă  la diĂ©gĂšse de la sĂ©rie[12]. Jane Campion explique que l'histoire policiĂšre qui dĂ©finit la sĂ©rie est largement influencĂ©e par le dĂ©cor : « la magnificence et l'ampleur du paysage sont si gigantesques par rapport Ă  n'importe quel petit problĂšme personnel que l'on peut avoir[N 14] - [42] ! » Toute la sĂ©rie est emplie d'une ambivalence entre la beautĂ© extĂ©rieure et la laideur intĂ©rieure, oĂč l'eau qui dort n'est qu'une illusion de la paix et du bonheur[54] - [70]. Un commentateur Ă©crit Ă  ce propos que « autant la beautĂ© de ces paysages exotiques nous estomaque ; autant ils nous rappellent constamment que nous sommes Ă©loignĂ©s du monde civilisĂ© et que la loi de la jungle, avec toute sa cruautĂ©, prime[12]. » Enfin, le style cinĂ©matographique rappelle certaines productions nordiques, en particulier pour la reprĂ©sentation du climat – le givre, le brouillard et l'eau glacĂ©e, l'ensemble Ă©tant exempt de couleurs – projetant Top of the Lake dans la plus pure tradition des drames scandinaves lugubres[85].

Avec un rythme qualifiĂ© de contemplatif[86], des critiques comparent la sĂ©rie Ă  un western pour sa reprĂ©sentation d'une nature hostile dont va faire son alliĂ©e une jeune fille traumatisĂ©e[79] - [25] et la rapprochent Ă  cet Ă©gard de la sĂ©rie Deadwood (2004-2006)[87], influence revendiquĂ©e par la rĂ©alisatrice[87]. Par ailleurs, l'image de Tui entrant dans le lac[63] rappelle une scĂšne de L'Intendant Sansho (ć±±æ€’ć€§ć€«, SanshĂŽ dayĂ», 1954) de Kenji Mizoguchi, oĂč la jeune Anju se suicide en disparaissant dans l'eau pour protĂ©ger la fuite de son frĂšre ZushiĂŽ, dans un dernier acte dĂ©sespĂ©rĂ© de refus de la condition d'esclave et d'amour fraternel. L'appel Ă  l'aide de Tui au dĂ©but de la sĂ©rie rappelle ce sentiment Ă©crasant d'impuissance et de dĂ©sillusion, tout en reliant son retour en arriĂšre Ă  une certaine forme d'amour filial pour l'ĂȘtre qui grandit en elle[14]. La scĂšne fait aussi penser au mythe d'OphĂ©lie, retrouvĂ©e morte au clair de lune sur les rives d'un lac dans Hamlet[88].

« Il ne s'agit pas de saisir le spectateur et de l'entraĂźner dans une histoire policiĂšre Ă  rebondissements, mais de l'inviter Ă  se fondre tranquillement dans le lac de montagne qui borne l'horizon et Ă  se couler dans le quotidien d'individus qui peuplent ses rives. Ils y ont plantĂ© leurs obsessions, leurs peurs, leurs blessures et leurs violences car ils n'avaient pas d'autre endroit oĂč se rĂ©fugier. DĂšs les premiĂšres scĂšnes, on Ă©prouve le sentiment de se trouver quelque part au bout du monde, Ă  l'une de ces extrĂ©mitĂ©s qui se dresse Ă  la maniĂšre d'une barriĂšre au-delĂ  de laquelle on n'imagine pas aller. »

— Pierre SĂ©risier, Le Monde des sĂ©ries[63]

Analyse

« Personne ne peut survivre dans cette eau. »

— (en) « No one can survive in that water[70]. »

Des personnages atypiques

MĂȘme si la base du scĂ©nario est digne d'un film policier, d'un « whodunit »[36], elle contraste avec le genre non seulement dans le traitement de l'enquĂȘte, plutĂŽt inconventionnelle vis-Ă -vis du « canon » des sĂ©ries criminelles, mais aussi dans sa reprĂ©sentation des personnages. Tui en est l'exemple type : elle disparaĂźt, mais elle n'est pas morte ; Ă  douze ans, elle est plus mĂ»re que bien des adolescents de son Ăąge et elle dĂ©cide, devant toutes les menaces qu'elle identifie, de mettre au monde son enfant seule dans la forĂȘt, dĂ©montrant une capacitĂ© d'analyse et un instinct de protection rare ; physiquement, elle ne correspond pas non plus aux stĂ©rĂ©otypes habituels des sĂ©ries amĂ©ricaines : elle n'est pas une « reine du bal blonde et blanche » – comme Laura Palmer dans Twin Peaks par exemple – mais une dĂ©linquante sauvage et solitaire d'origine asiatique[89] - [25].

Le personnage de Robin est, dans l'histoire de la tĂ©lĂ©vision, atypique. Cependant, il rejoint les personnages devenus populaires et qui tendent Ă  se dĂ©velopper avec la place prise par la femme dans la sociĂ©tĂ© et Ă  l'Ă©cran. Robin Griffin est en effet comparĂ©e Ă  Clarice Starling (Jodie Foster), agent du FBI dans le Silence des agneaux (The Silence of the Lambs, 1991) qui doit se mettre psychologiquement Ă  nu devant Hannibal Lecter pour rĂ©soudre son enquĂȘte[37] - [14], ainsi qu'au commissaire Jane Tennison (Helen Mirren) de la sĂ©rie britannique Suspect numĂ©ro 1 (Prime Suspect, 1991-2006) et Ă  son homologue amĂ©ricaine Brenda Leigh Johnson (Kyra Sedgwick) de The Closer (2005-2012), des femmes dans un monde d'hommes[90] - [50] - [22].

Elle est Ă©galement rapprochĂ©e des enquĂȘtrices Sarah Lund (Sofie GrĂ„bĂžl) et Saga NorĂ©n (Sofia Helin), hĂ©roĂŻnes respectives des sĂ©ries danoises et suĂ©doises The Killing (Forbrydelsen, 2007-2012) et Bron (2011-), ainsi qu'Ă  Sarah Linden (Mireille Enos) dans The Killing (2011-), adaptation amĂ©ricaine de la premiĂšre. Elles ont en commun leur complĂšte dĂ©votion au mĂ©tier de policier, une apparence androgyne (trĂšs marquĂ©e pour Lund) et un Ă©tat d'esprit – couplĂ© Ă  une relation aux autres – proche de l'asociabilitĂ© (jusqu'au syndrome d'Asperger pour NorĂ©n)[89] - [19]. Enfin, Ă©tant donnĂ© les nombreux rapprochements entre Top of the Lake et Twin Peaks, Robin est associĂ©e Ă  l'agent Cooper, interprĂ©tĂ© par Kyle MacLachlan[78].

De multiples niveaux de lecture

« Les multiples niveaux de lecture sont ce qui rend la série intéressante. Un camp de femmes, un baron de la drogue et un mystÚre à résoudre, tout-en-un[N 15]. »

— Jane Campion, The Hollywood Reporter[29]

Sur la ligne familiĂšre et traditionnelle de l'enquĂȘte policiĂšre vient se greffer une histoire parallĂšle, celle de l'installation d'un groupe de femmes brisĂ©es dans la rĂ©gion. Si la sĂ©rie commence avec le mystĂšre du viol de Tui, c'est vĂ©ritablement l'intrusion des femmes dans la communautĂ© de Laketop qui va servir d'Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur Ă  l'action[78].

La sĂ©rie joue beaucoup sur le symbolisme des choses qui sont reprĂ©sentĂ©es Ă  l'Ă©cran. Les tĂȘtes de cerf sont les trophĂ©es, symbolisant la victoire du puissant sur le faible, et de l'homme sur la femme dans cet environnement sexiste[18]. Les femmes se sont installĂ©es dans cet endroit appelĂ© « Paradise », que Matt revendique comme Ă©tant sa propriĂ©tĂ© ; symbole suprĂȘme de son pouvoir revendiquĂ©, celui-ci enfonce avec sa voiture les « Portes du Paradis » dans le quatriĂšme Ă©pisode[91] - [15]. De mĂȘme, lorsqu'une amie de Tui demande Ă  Jamie qui est le pĂšre de l'enfant qu'elle porte, celui-ci rĂ©pond : « c'est le Noir CrĂ©ateur
 le serpent du Paradis[N 16] », allusion au mot « NO ONE[N 1] » laissĂ© par Tui pour dĂ©signer son violeur, et Ă  l'impossibilitĂ© de comprendre la cause de son Ă©tat. Puisqu'il faut bien trouver une raison et un coupable, Tui et Jamie accusent un sombre inconnu allĂ©gorique[92]. Le paradoxe entre l'utilisation rĂ©currente du terme « Paradis » et le dĂ©sespoir des personnages qui y vivent, ainsi qu'Ă  l'absence d'avenir qui se dĂ©gage de la ville, fait de la sĂ©rie une tragĂ©die dans le sens antique du terme : les personnages sont impuissants face aux forces supĂ©rieures, qui ne sont ici pas des dieux, mais une sorte de mystĂ©rieux pouvoir et une culture patriarcale inĂ©branlable bien rĂ©elle, et le dĂ©nouement relĂšve d'une fatalitĂ© implacable et injuste. Le dĂ©cor de lac de montagne est qualifiĂ© de stupĂ©fiant et d'idyllique, mais il est rapidement manifeste que ce lieu magnifique grouille de corruption, de haine et d'horreur[93].

« Le plus grand mystĂšre de la sĂ©rie s'avĂšre ĂȘtre la question de ce qui porte Robin – ses dĂ©mons intĂ©rieurs et ses secrets enfouis – et pourquoi elle s'identifie aussi profondĂ©ment Ă  la fille disparue ; c'est d'ailleurs moins un mystĂšre Ă  rĂ©soudre qu'une Ă©tude de personnage. Et malgrĂ© son titre, Top of the Lake, tout l'intĂ©rĂȘt de la mini-sĂ©rie gĂźt loin en dessous de la surface[N 17]. »

— David Bianculli, NPR[87]

À propos du scĂ©nario, Campion et Lee ont choisi de communiquer avec le public, en donnant au spectateur des indices inaccessibles pour les personnages, mais aussi en lui laissant le soin de rĂ©flĂ©chir lui-mĂȘme aux questions non rĂ©solues qui parsĂšment les Ă©pisodes[25] - [89]. Experte dans l'art de jouer avec les Ă©motions du public, Campion lance des fausses pistes tout au long de la sĂ©rie (comme la culpabilitĂ© presque Ă©vidente de Matt) et bouleverse ces certitudes en un retournement de situation brutal. Par exemple, dans l'Ă©pisode 6, lorsque les chasseurs repĂšrent Tui et Jamie, ils prennent en chasse Tui et son manteau blanc alors que Jamie la couvre ; la poursuite s'engage dans les montages du Sud de la Nouvelle-ZĂ©lande, abruptes et dĂ©sertiques, entre un groupe d'hommes armĂ©s et des enfants. Finalement, Tui s'approche des falaises (rappelant le sens littĂ©ral de cliffhanger), dĂ©rape et chute de plusieurs dizaines de mĂštres aux pieds de Robin restĂ©e en bas. Elle s'approche et dĂ©couvre la dramatique supercherie montĂ©e par les adolescents : Jamie a enfilĂ© le manteau de Tui pour lui permettre de s'enfuir[18]. De mĂȘme, l'identitĂ© du pĂšre de l'enfant de Tui reste mystĂ©rieuse jusqu'Ă  la fin, puisqu'aprĂšs avoir soupçonnĂ© Matt, puis Jamie, il s'avĂšre, mĂȘme si cela n'est jamais explicitement dit, que ce serait Al ou un de ses amis qui l'auraient violĂ©e au cours d'une de leurs « soirĂ©es » au Rohypnol (de la mĂȘme façon que Robin ne peut dĂ©signer formellement lequel de ses violeurs est le pĂšre de sa fille)[67].

Enfin, la noirceur du scénario est parfois atténuée par de brefs instants comiques (impliquant principalement « les femmes de GJ »)[63] - [90] - [25] ou de poésie, comme le trip (délire hallucinogÚne) de Matt et Anita[91].

La Campion's Touch

Les thÚmes chers à la réalisatrice sont retrouvés dans la série. Comme dans La Leçon de piano, elle prend comme héroïnes des femmes blessées[59] - [66] ; elle aborde également, à l'instar de In the Cut, la sexualité des femmes avec des personnages féminins qui se dénudent, physiquement ou émotionnellement, dans une histoire à la jonction entre sexe et violence[71] - [65].

Certains commentateurs se sont empressĂ©s de voir la sĂ©rie comme une allĂ©gorie – « les enfants innocents et les femmes brisĂ©es contre les mĂ©chants hommes » – mais la complexitĂ© des personnages appelle Ă©galement Ă  une vision plus terre-Ă -terre du message des scĂ©naristes[66], notamment en raison du fait qu'ils ont inclus dans leur Ɠuvre des questions raciales, gĂ©ographiques, sociologiques voire politiques[79]. En effet, plutĂŽt que de considĂ©rer l'Ă©quation simpliste « Femme = Bien » et « Homme = Mal »[19], il semble que la sĂ©rie Ă©tablisse un rapport du type « Étrangers = DiffĂ©rents » et « Locaux = Identiques »[25].

Cependant, Jane Campion est une grande dĂ©fenseuse du fĂ©minisme[37] - [43] et Top of the Lake, qualifiĂ© de « film noir fĂ©ministe », est un Ă©pisode cohĂ©rent au sein de sa filmographie[14] - [19] - [94]. MĂȘme si d'autres critĂšres entrent en ligne de compte, la sĂ©rie oppose les femmes et les hommes de la ville, enfermĂ©s dans leur vision sexiste du monde et ne dĂ©sirant aucunement en changer[25] - [66] - [79] - [27]. En effet, mĂȘme si le Mal ne se cache pas dans le cƓur de tous les hommes, il se tapit dans l'Ăąme de beaucoup de ceux de Laketop[68] - [66]. Les femmes reprĂ©sentĂ©es dans la sĂ©rie sont Ă  la fois des victimes, anciennes ou actuelles, et des rĂ©sistantes qui cherchent un refuge[14]. La sĂ©rie propose un regard polarisĂ© sur la façon dont les hommes et les femmes s'affrontent dans une situation extrĂȘme, une sorte de « jeu de pouvoir » allĂ©gorique[23] - [70].

« La disparition de Tui est un MacGuffin. C'est moins un Ă©lĂ©ment scĂ©naristique qu'une mĂ©taphore pour la rĂ©sistance armĂ©e Ă  l'hĂ©gĂ©monie masculine qui compose l'Ɠuvre de Mme Campion[N 18]. »

— Mike Hale, The New York Times[19]

Le personnage principal, Robin, doit mener son enquĂȘte dans un monde d'hommes, subissant moqueries de la part de ses subalternes et condescendance de ses supĂ©rieurs, alors qu'elle est intimidĂ©e et harcelĂ©e par les durs Ă  cuire comme Matt, des atteintes Ă  son autoritĂ© qu'un enquĂȘteur masculin n'aurait pas Ă  endurer[14] - [35] - [89] - [12]. Elle doit sans cesse opĂ©rer sur cette tĂ©nue limite entre autoritĂ©, irrĂ©vĂ©rence et sĂ©duction : lorsque Robin le confronte Ă  la fin de la sĂ©rie, Al l'appelle « mon ange » avant de la traiter de « petite fille » qu'il estime incapable de se servir de son arme[N 19]. Pour survivre dans ce monde masculin, Robin doit leur ressembler, ĂȘtre solide, au grand dam de sa mĂšre qui lui dit : « Tu peux ĂȘtre vraiment insensible. Et ce qui me dĂ©plaĂźt, c'est que tu penses que cela te rend plus forte. Ce n'est pas le cas[N 20] »[22]. Robin fait cependant preuve de nombreuses faiblesses – des faiblesses qui n'apparaissent pas dans le personnage de Tui, qui n'a que douze ans : elle est ivre devant son patron, fait des erreurs face Ă  son Ă©quipe et elle se dĂ©barrasse de son rĂŽle d'enquĂȘtrice lorsqu'elle regarde la vidĂ©o de Tui et Jamie dans les bois (qui rappelle une scĂšne de Twin Peaks avec la vidĂ©o de Laura Palmer qui danse avec son ami), se plongeant dans l'empathie pure et simple. Comme dans Forbrydelsen, l'hĂ©roĂŻne fait des choix destructeurs en s'impliquant personnellement trop dans l'enquĂȘte, malgrĂ© les conseils, plus ou moins avisĂ©s, de son entourage[89] - [15].

Season finale

Le twist final rĂ©vĂšle un peu de la vraie nature des personnages. Si Matt Ă©tait l'« ennemi » principal de Robin pendant les six premiers Ă©pisodes, alors qu'elle le tenait pour responsable de l'Ă©tat de Tui et du dĂ©sespoir des femmes de la ville, il se rĂ©vĂšle qu'il Ă©tait finalement un peu dĂ©passĂ© par les Ă©vĂšnements, et que son esprit lui jouait des tours. Al, qui Ă©tait apparu comme un ĂȘtre plutĂŽt protecteur et sĂ©duisant au dĂ©but de la sĂ©rie, devient de plus en plus suspect au fil des Ă©pisodes, pour finalement s'avĂ©rer ĂȘtre le « mĂ©chant » de l'histoire[18] - [67].

Cependant, la rĂ©solution de l'enquĂȘte, ainsi que l'Ă©limination de Matt et de Al, offrent un message assez fataliste sur le monde et sur la difficultĂ© pour les membres de la communautĂ© de vivre une vie exempte de violence[68]. Ignorant le happy end des films hollywoodiens, la fin est situĂ©e dans le registre tragique, oĂč l'espoir peine Ă  transparaĂźtre[67]. Dans la derniĂšre scĂšne, Robin lave son tee-shirt maculĂ© du sang de Al dans le lac : posant la question du rĂŽle de la femme (elle fait la lessive[18]), ce geste semble malgrĂ© tout la purifier, afin qu'elle puisse se lancer dans un futur incertain avec Tui et Johnno. Cependant, la sĂ©rie laisse en suspens plusieurs questions majeures : qui est le pĂšre biologique du fils de Tui ? Quelle a Ă©tĂ© la rĂ©elle participation de Johnno dans le viol de Robin ? est-ce qu'Al est mort des suites de ses blessures ou a-t-il Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© ? qu'est-ce qui s'est vraiment passĂ© le soir oĂč Robin s'est Ă©vanouie chez Al[67] - [18] - [95] ?

Finalement, mĂȘme si les responsables des viols et des trafics de la ville sont hors-jeu, la violence ne semble pas nĂ©cessairement tarie dans la rĂ©gion[67] - [68], comme une forme de vie inĂ©vitable, insĂ©parable de la « famille » que forme Laketop et profondĂ©ment ancrĂ©e dans les liens du sang[18]. La tradition de violence et de domination, qui occupe une place importante dans la communautĂ©, a de grandes chances de perdurer malgrĂ© la disparition des responsables. Dans un « cycle de la vie » pervers, la vie va reprendre son cours, comme avant[25] - [68]. EnfermĂ©s « au bout du monde », les personnages n'ont pas d'Ă©chappatoire.

« À l'issue de la sĂ©rie, les dĂ©gĂąts sont partout : Tui est une gamine avec un bĂ©bĂ©, qui a tuĂ© son pĂšre – trafiquant de drogue et meurtrier, mais finalement pas violeur d'enfant. Robin et Johnno vont toujours devoir envisager qu'ils sont peut-ĂȘtre frĂšre et sƓur. Robin aura toujours dans son passĂ© ce viol en rĂ©union. Comme GJ le dit : « Nous sommes dans un endroit appelĂ© « Paradis », mais est-ce que tout va vraiment pour le mieux ? Bien-sĂ»r que non[N 21]. »

— Willa Paskin, Salon.com[68]

Les questionnements que soulÚve la fin de la série ont fait l'objet de nombreuses élaborations et hypothÚses sur Internet, de la part des critiques comme des internautes[67] - [18] - [68] - [25].

Accueil

Audiences
Épisode Royaume-Uni France
1 2,7 millions[96] 800 000
2 1,9 million[97]
3 1,6 million[98]
4 1,3 million[99] 670 000
5 1,5 million[100]
6 1,7 million[101]

Les critiques de la sĂ©rie ont Ă©tĂ© extrĂȘmement positives[93]. Certains commentateurs l'ont qualifiĂ©e comme Ă©tant « magnifique », « magistralement rĂ©alisĂ©e », « mystĂ©rieuse », « captivante[102] », alors que plusieurs analystes parlent de « chef-d'Ɠuvre[90] - [103]. » Les critiques ont Ă©tĂ© particuliĂšrement enthousiastes Ă  propos du scĂ©nario, du jeu des acteurs, de la rĂ©alisation et du rythme[27] - [104] - [105] - [106] - [63] - [80] - [66]. Une journaliste du New Yorker rĂ©sume ainsi Top of the Lake : « drĂŽle, sexy, dĂ©routante et passionnĂ©e[45], » alors que le New York Magazine la qualifie de « film le plus ambitieux du festival de Sundance[44]. »

L'actrice Elisabeth Moss, rĂ©vĂ©lĂ©e par la sĂ©rie Mad Men, est largement fĂ©licitĂ©e pour son rĂŽle[90] - [79], confirmant son talent pour interprĂ©ter des « hĂ©roĂŻnes dĂ©terminĂ©es mais fragiles[80] », et apportant au personnage une captivante combinaison de sang-froid, de vulnĂ©rabilitĂ© et de rage[71] - [23], la menant parfois Ă  la limite de la dĂ©sintĂ©gration[93]. Certains critiques comparent ce rĂŽle et celui de Peggy Olson[37] - [107], en disant que mĂȘme si Robin est plus forte et courageuse que Peggy, elles partagent tĂ©nacitĂ©, ambition et intelligence, tout en entretenant des rapports ambigus avec leurs patrons respectifs (Al Parker et Don Draper)[64] - [35]. Alors que Robin est rapprochĂ©e de Clarice Starling dans Le Silence des agneaux, Moss est remarquĂ©e pour la façon dont l'actrice, comme Jodie Foster en 1991, a rĂ©ussi Ă  se fondre dans son personnage[26].

« Son accent kiwi hésitant mis à part, il n'y avait pas de meilleur choix pour le rÎle de Robin qu'Elisabeth Moss, qui sait parfaitement comment jouer une femme dynamique dans un monde d'hommes depuis son embauche chez Sterling Cooper dans Mad Men. Moss fait montre ici de plus d'assurance, d'une part parce que Top of the Lake se déroule aujourd'hui et pas dans les années 60, et d'autre part parce qu'elle se ferait bouffer toute crue si elle dévoilait ne serait-ce qu'une seule faiblesse. Mais dans les deux séries, elle demeure une énigme fascinante, poussée par des forces invisibles et hantée par de mystérieuses vulnérabilités[N 22]. »

— Scott Tobias, The A.V. Club[14]

Peter Mullan, habituĂ© des rĂŽles de rustres au cƓur blessĂ© (rĂ©cemment dans Tyrannosaur ou The Fear), « excelle » en brute alcoolique[80], alternant les accĂšs de violence, d'accalmie et de dĂ©mence[59] - [54]. Il joue son rĂŽle en gardant l'accent Ă©cossais pour lequel il est cĂ©lĂšbre[34] et il est comparĂ© au personnage de Harvey Keitel dans La Leçon de piano[26] - [67], accaparant l'attention du spectateur rien que par sa prĂ©sence dans chaque scĂšne oĂč il apparaĂźt[27]. Holly Hunter, dont le personnage est assimilĂ© Ă  la rĂ©alisatrice Jane Campion[80] - [66] - [27], « est irrĂ©sistible en gourou Ă  longs cheveux gris et Ă  l'esprit caustique et laconique[59]. » Enfin, David Wenham, connu au niveau international pour le rĂŽle de Faramir dans Le Seigneur des anneaux est qualifiĂ© d'« acteur subtil », et forme avec Moss un duo qui se comprend et se complĂšte de façon intuitive[64].

La réalisation de Campion et Davis est aussi encensée[95] - [25] - [66], non seulement pour son rythme[86] faisant l'« éloge de la lenteur[63] », mais aussi pour son style esthétique caractéristique : « rarement vous verrez tant de rigueur visuelle, d'intelligence émotionnelle et de narration maßtrisée portées à une série policiÚre[N 23] - [64]. » Enfin, certains commentateurs ajoutent que Top of the Lake est une série qui se concentre sur les détails plutÎt que sur les évÚnements, ce qui contraste avec les séries contemporaines[21]. La série est rapprochée par son traitement esthétique et son rythme à une autre série originale de Sundance Channel diffusée en , Rectify[86].

Quelques critiques moins positives, notamment sur The New York Times, font Ă©tat de lignes scĂ©naristiques qui s'essoufflent et dĂ©clarent que le twist final est dĂ©cevant[19], alors que le quotidien canadien The Globe and Mail titre sa critique « Top of the Lake : Lugubre et moralisateur, mais magnifique[93]. » Reprochant Ă  la sĂ©rie la mĂ©taphore Ă©vidente de la rĂ©sistance de la femme innocente face Ă  l'hĂ©gĂ©monie masculine, un journaliste du New York Times Ă©crit que « Top of the Lake est la derniĂšre version du point de vue de Campion sur le monde, oĂč il n'existe que deux types d'hommes – les brutes et les faibles, bien qu'ils soient tous uniformĂ©ment dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s – et un seul type de femme, la victime. [...] L'histoire progresse comme une sĂ©rie de tests auxquels les hommes vont inĂ©vitablement Ă©chouer[N 24] », et ajoute que la sĂ©rie donne Ă  la rĂ©alisatrice une munition de plus pour « sa guerre des sexes[19]. » D'autres commentateurs ajoutent que l'histoire impliquant Al ressemble Ă  une idĂ©e venue aprĂšs-coup, pour combler les trous du scĂ©nario, dĂ©clarant que le spectateur sait bien avant Robin qu'Al est le salaud qu'il est en rĂ©alitĂ©[67] - [68]. Un critique Ă©crit Ă©galement que la sĂ©rie Ă©tant « Ă©crite et rĂ©alisĂ©e par Jane Campion et Garth Davis, c'est une raison suffisante pour s'y intĂ©resser sĂ©rieusement, mais aussi pour ĂȘtre déçu du rĂ©sultat[N 25] - [34]. »

Top of the Lake reçoit un score de 86 sur 100 sur Metacritic[108] et 92 % sur Rotten Tomatoes[109]. Plusieurs commentateurs ont comparé la série à Twin Peaks (ABC)[90] - [78] et à The Killing (AMC) pour le genre et l'ambiance[71] - [82] - [64] - [79] - [89], ainsi qu'à la série suédoise Millenium (STV) pour la question de la violence faite aux femmes et pour l'impact d'une société patriarcale[59] - [15]. Certains voient une influence de l'ensemble du travail de David Lynch (créateur de Twin Peaks) : alors que Blue Velvet est évoquée dans la série, l'atmosphÚre surnaturelle qui se dégage de la ville est teintée de réalisme et d'étrangeté[82], à la fois belle et asphyxiante[26], caractéristique du cinéma de Lynch[14] - [78]. Un critique écrit à cet égard que Top of the Lake « fonctionne comme un catalogue de références à la pop culture de la guerre des sexes[18] - [70]. » En France, la série est aussi rapprochée des Revenants (Canal+) pour la façon dont elle « plonge le spectateur dans une communauté étrange, entre violence, consanguinité et loi du plus fort[94]. »

« Certains se sont demandĂ© si [Top of the Lake] allait faire pour Queenstown ce que The Killing a fait pour le Danemark[N 26] - [N 27]
 »

— Caroline Frost, The Huffington Post[73]

Distinctions

RĂ©compenses

Nominations

DVD et making-of

La série est annoncée pour une sortie en DVD édité par BBC Video à partir du [115] - [116].

Dans l'été 2013, un making-of de la série intitulé From the Bottom of the Lake[117], d'une durée de 52 minutes, a été diffusé au cours du Festival international du film de Wellington en juillet-août[118] et sur BBC Two le [119].

Notes et références

Notes

  1. « No one », signifiant en français « personne » ou « aucun », renvoyant à son amnésie totale des faits et à son incapacité d'expliquer son état par une réponse simple.
  2. Le grade Detective Sergeant (DS) de la police nĂ©o-zĂ©landaise (le systĂšme des grades en Nouvelle-ZĂ©lande est similaire avec ceux des polices australiennes et britanniques) a pour Ă©quivalent français le grade de brigadier-chef ou major. Le systĂšme anglo-saxon a pour particularitĂ© d'avoir deux systĂšmes parallĂšles. Les policiers en uniforme veillent au maintien de l'ordre public ; les agents en civil sont souvent spĂ©cialisĂ©s dans la gestion des enquĂȘtes, et ils sont ainsi nommĂ©s Detective (enquĂȘteur) tout en conservant l'anciennetĂ© de leur grade initial. Voir l'article (en) Police rank.
  3. MATT : « Just understand one thing: No one loves her more than me. No one. »
  4. GJ : « You’re not going to experience this death of yours. He will. »
  5. AMC, dont la maison-mĂšre, AMC Networks, possĂšde aussi Sundance Channel, coproductrice de Top of the Lake.
  6. Citation originale : « We will be selective about what we do. We want to pick unique projects like Top of the Lake. We are still developing the See-Saw brand as one which works with quality writers and directors so we will be building up our TV slate but with the right project. »
  7. Citation originale : « Feature filmmaking is now quite conservative. The lack of restraints, the longer story arc: It's a luxury not there generally in film. »
  8. AL : « Redeem me
 or exterminate me. »
  9. Citation originale : « The community of Laketop is a universe in which men do as they please, the police look the other way (when they are not openly complicit), criminality and violence simply comprise the public sphere, and women understand that they must either make nice or suffer untold misery and humiliation. »
  10. Citation originale : « Top of the Lake is a curiosity among crime dramas. It’s a mood piece posing as a detective thriller—and simultaneously deconstructing its genre like a feminist essay. »
  11. Citation originale : « Actually, we're trying to go against the police procedural aesthetic. »
  12. Citation originale : « Television often tells stories involving oppression and violence, especially violence toward women and children, but it most often uses them to juice up a procedural formula or to launch a melodramatic cliffhanger. It's rare for a television show to let the consequences of violence and assault play out in complex, nuanced ways for both male and female characters. Despite its relatively short running time, "Top of the Lake" does that. In fact, examining the effects of brutality on those who employ it and those who experience it appears to be one of the reasons for the miniseries' existence. »
  13. Citation originale : « To be sure, Top of the Lake presents a dire portrait of the human condition, very much in line with many of the other most popular crime-and-family-driven television series of recent years. It’s also right up there with the best of them. »
  14. Citation originale : « It's a detective story that's very much influenced by the landscape around Glenorchy and explores ideas about paradise and community... The magnificence and scale of the landscape tend to dwarf any personal worries I might have. »
  15. Citation originale : « The multiple layers are what make it interesting. A women's camp, a drug lord and a murder mystery all in one. »
  16. JAMIE : « It's the Dark Creator
 the snake of Paradise. »
  17. Citation originale : « The biggest mystery in Top of the Lake, it turns out, is what drives Robin — her own demons and hidden secrets, and why she connects so strongly with the missing girl. It's less a mystery than a character study — and despite the show's title, Top of the Lake, all the rewards in this miniseries lie way beneath the surface. »
  18. Citation originale : « Even Tui’s disappearance is a Macguffin, less a story element than a metaphor for the kind of armed resistance to male hegemony that constitutes the central idea of Ms. Campion’s body of work. »
  19. AL : « Hey Angel! [...] That's sexy isn't it? A big gun for a little girl! »
  20. JUDE : « You can be very hard. And what I don’t like is that you think it’s strength. It’s not. »
  21. Citation originale : « As the show ends, the damage is all around: Tui is a baby with a baby, who killed her father— a drug lord and a murderer, but not, actually a child rapist. Robin and Johnno will always have to think about the possibility they were related. Robin will always have been gang-raped. As GJ (Holly Hunter) says, “we’re up in a place called Paradise, but is everything okay? Of course not.” »
  22. Citation originale : « Wavering Kiwi accent aside, there’s no more ideal choice to play Robin than Elisabeth Moss, who knows well how to play an enterprising woman in a man’s world from her time at Sterling Cooper in Mad Men. Moss exudes more confidence here, in part because Top Of The Lake takes place in present-day and not the early ‘60s, and in part because Robin would be eaten alive if she failed to assert herself. Yet in both shows, Moss remains a fascinating enigma, driven by unseen forces and haunted by mysterious vulnerabilities. »
  23. Citation originale : « Rarely, however, will you see such visual rigor, emotional intelligence and assured storytelling brought to a mystery tale told in this kind of world. »
  24. Citation originale : « Top of the Lake is the latest expression of the Campion worldview, in which there are two kinds of men — brutes and weaklings, though they’re uniformly degenerate — and one kind of woman, the victim, who can come in a variety of guises: the flower child, the shaman, the neurotic, the armed avenger. The story progresses like a tournament: a series of tests that men inevitably fail. »
  25. Citation originale : « Top of the Lake is written and directed by Jane Campion and Garth Davis. That’s reason enough for taking it seriously, but for being disappointed too. No one could charge Campion with consistency. »
  26. Citation originale : « Of course, 't'hey're' already asking if this will do for Queenstown what The Killing's done for Denmark... »
  27. The Killing a initié une nouvelle vague de créations télévisuelles scandinaves, et elle a été suivie par Borgen (Danemark), Millenium (SuÚde), Bron (Danemark et SuÚde) et Real Humans : 100 % humain (SuÚde).

Références

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Annexes

Bibliographie

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