Château des ducs de Bretagne
Le château des ducs de Bretagne est un château défensif et de plaisance situé à Nantes, dans le département de la Loire-Atlantique en France. Classé monument historique depuis 1840, il a principalement été construit au XVe siècle mais il comprend aussi des éléments datant du XIVe au XVIIIe siècle.
Château des ducs de Bretagne | |||
Vue générale aérienne. | |||
PĂ©riode ou style | Gothique, Renaissance | ||
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Type | Château fort | ||
Début construction | XIIIe siècle | ||
Fin construction | XVIIIe siècle | ||
Propriétaire initial | François II de Bretagne | ||
Destination initiale | RĂ©sidence ducale | ||
Propriétaire actuel | Nantes Métropole | ||
Destination actuelle | Musée | ||
Protection | Classé MH (1840) | ||
Coordonnées | 47° 12′ 56″ nord, 1° 32′ 59″ ouest | ||
Pays | France | ||
RĂ©gion historique | Bretagne | ||
RĂ©gion | Pays de la Loire | ||
DĂ©partement | Loire-Atlantique | ||
Commune | Nantes | ||
GĂ©olocalisation sur la carte : Nantes
GĂ©olocalisation sur la carte : Loire-Atlantique
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Site web | http://www.chateaunantes.fr/fr | ||
Fondé par Guy de Thouars[1] au XIIIe siècle pour constituer une base défensive à Nantes, le château est devenu, sous François II, la principale résidence ducale bretonne. Sa fonction militaire est également utilisée par le duc lors de la Guerre folle au cours de laquelle il s'oppose au roi de France. Sa fille, la duchesse Anne, est plus tard contrainte d'épouser deux rois de France successifs, Charles VIII et Louis XII. Ces mariages entraînent l'union de la Bretagne à la France, définitivement scellée par un édit signé au château en 1532, par François Ier. Dès lors, le château perd son statut de résidence ducale pour devenir une forteresse royale. Il voit passer la plupart des rois de France, lorsque ceux-ci visitent la Bretagne, et il est la résidence officielle des gouverneurs de la province. Néanmoins, les séjours de ces derniers sont généralement brefs, à l'exception notable du duc de Mercœur, un gouverneur qui y tient une cour pendant les guerres de Religion.
Sous l'Ancien Régime, le château sert aussi de prison d'État, et surtout de caserne et d'arsenal militaire. Il ne subit aucune dégradation pendant la Révolution, mais l'explosion des réserves de poudre, en 1800, détruit une bonne part du monument. Au XIXe siècle, le château conserve sa fonction militaire, mais son intérêt patrimonial est peu à peu découvert et quelques restaurations sont entreprises. Propriété de la ville de Nantes à partir de 1915, il devient un musée en 1924. De 1990 à 2007, il bénéficie d’une rénovation de grande ampleur et il accueille, depuis 2007, le musée d'Histoire de Nantes.
Localisation
Le château des ducs de Bretagne est situé à l'angle sud-est du centre-ville de Nantes et de la vieille ville médiévale (actuel quartier du Bouffay). Son entrée principale s'ouvre sur la place Marc-Elder, et il est aussi bordé au nord par la rue Prémion, à l'ouest par la rue des États, au sud par le cours John-Kennedy, et à l’est par la place Duchesse-Anne[2].
Jusqu'aux années 1930, il était bordé au sud par un bras de la Loire, le bras de l'Hôpital[JSG 1], depuis comblé et remplacé par le cours John-Kennedy. La Loire alimentait les douves du château ; tout près de lui, côté ville, se trouvait le port Maillard (l’actuelle « allée du Port-Maillard ») et côté faubourg, le quai de Richebourg (l’actuelle « allée Commandant-Charcot »)[3].
La moitié nord du château repose sur un ensemble de micaschistes albitiques, qui s'étend également sous le Bouffay, la cathédrale et la place Maréchal-Foch, tandis que la moitié sud est construite sur des alluvions fluviatiles anciennes[4].
Le château, situé sur la première ligne d’omnibus en 1826[5], puis sur la première ligne de tramway en 1879[6], est desservi dans les années 1985 par la ligne 1 du nouveau tramway et en 2006 par la ligne 4 du Busway de Nantes à la station « Duchesse Anne - Château des Ducs de Bretagne »[7] - [8].
Histoire
Château de la Tour Neuve
Un premier château, dit « de la Tour Neuve », est bâti au XIIIe siècle au pied de l'enceinte gallo-romaine de la ville[SD 1]. En 937, le duc Alain Barbetorte avait déjà fait construire une tour dans ce secteur[GA 1]. Il semble y avoir élu résidence, mais la tour est néanmoins pillée par le comte Budic de Nantes peu après. Son emplacement précis n'est pas connu[GA 2].
Le château de la Tour Neuve est construit entre 1207 et 1248. Les travaux sont sans doute effectués sous la commande de Guy de Thouars, veuf de Constance, duchesse de Bretagne et à ce titre régent du duché. Les archives conservent en effet la trace de travaux de creusement d'une douve à l'emplacement du château en 1207[GA 3]. Néanmoins, le véritable commanditaire du château ne peut être connu précisément. Il pourrait s'agir du roi de France Philippe II Auguste[GA 4], qui vient à Nantes en 1206[BG 1] et qui a parfois fait construire des fortifications hors de son propre domaine[GA 3]. Guy de Thouars, issu des Capétiens, était en outre soutenu par Philippe Auguste dans son rôle de régent de la Bretagne. Le château doit son nom de « Tour Neuve » à son donjon, qui est une grosse tour circulaire, aujourd'hui disparue. Elle est bâtie sur le modèle des « tours philipiennes », donjons circulaires massifs construits par le roi pour protéger son royaume[BG 1], comme les donjons de Châteaudun, Lillebonne et Rouen (tour Jeanne-d'Arc). La Tour Neuve présente aussi d'autres caractéristiques typiques des châteaux de l'époque de Philippe Auguste, elle est notamment construite à cheval sur l'enceinte de la ville, comme le palais du Louvre ou le château d'Angers[GA 5].
Le donjon circulaire, qui doit faire au moins 35 mètres de haut[GA 6] pour une circonférence de 16,70 mètres, est en schiste gris, et il est complété par une enceinte de 30 mètres de côté, protégée par quatre petites tours et ouverte par deux portes[BG 1]. Une porte est tournée vers la ville, l'autre vers la campagne. L'ensemble est agrandi par Pierre de Dreux et par Jean Ier au cours du XIIIe siècle. Ceux-ci font construire une seconde cour du côté de la Loire, protégée par des tours polygonales[BG 1]. Pierre Ier semble être le duc qui a passé le plus de temps à la Tour Neuve, et il est même envisageable que ce soit lui, plutôt que Guy de Thouars, qui soit à l'origine de sa construction, qui aurait pu intervenir entre 1216 et 1237[GA 3]. En revanche, ses successeurs préfèrent résider dans leurs demeures à la campagne, comme le château de Suscinio, ou leurs hôtels de Paris et Longjumeau[GA 7]. Néanmoins, c'est au château de la Tour Neuve que les ducs entreposent leur trésor[SD 2].
Le château de la Tour Neuve n'est pas le premier château construit à Nantes, puisqu'il existe déjà celui du Bouffay, également construit au bord de la Loire, et dont les premières fortifications remontent au IIIe siècle. La construction d'un deuxième château intervient dans une période d'affrontement entre les Plantagenêts, qui possèdent notamment l'Anjou et l'Angleterre, et les Capétiens, soutenus par Guy de Thouars. La Tour Neuve est aussi une construction symbolique, qui affirme le pouvoir ducal sur la ville, notamment face au pouvoir de l'évêque. Le terrain de construction a d'ailleurs été pris à l'évêque, moyennant un dédommagement[GA 2]. Le nouveau château est également un moyen de signifier la puissance ducale face aux comtes de Nantes, qui résident au Bouffay. Au cours du XIIIe siècle enfin, bien que les ducs bretons de l'époque soient d'origine capétienne, ils cherchent de plus en plus à affirmer leur autonomie vis-à -vis du roi de France, ce qui motive sûrement l'ajout de la seconde cour[BG 2]. La Tour Neuve permet en outre une protection supplémentaire de la ville, notamment du port sur la Loire[PG 1].
Durant le XIVe siècle, la Bretagne connaît une guerre de succession, qui oppose la dynastie de Penthièvre à celle des Montfort. Cette guerre s'achève par la victoire de Jean IV de Montfort, en 1365[BG 3]. Il prend alors possession du château de la Tour Neuve, et il y effectue des travaux de grande ampleur, qui permettent de renforcer le caractère défensif de l'édifice. Les accès sont bouchés ou mieux protégés, la distribution des bâtiments est modifiée, les tours polygonales sont probablement reprises, et une plateforme est construite contre la courtine qui borde la Loire. Le château devient un élément de première importance dans l'ensemble défensif breton. Il permet de contrôler l'accès à la Bretagne depuis la Loire, et de surveiller les marches situées au sud du fleuve[BG 4]. Sous les Montfort, la Cour de Bretagne reste itinérante, mais le château de la Tour Neuve est déjà un lieu de pouvoir, puisque c'est l'une des résidences ducales. À ce titre, les ducs y rendent justice, par exemple lors du procès de Gilles de Rais en 1440[BG 5]. La tour dite du « Vieux Donjon » est le seul vestige de cette époque qui est encore visible au XXIe siècle[PG 1] - [BG 5].
Château de François II
En 1466, François II de Bretagne écrit que son château de Nantes est en décadence et en grand besoin de réparation[BG 5]. Il décide de le reconstruire entièrement, et il fait appel aux meilleurs architectes du duché, comme Mathurin Rodier, déjà maître d'œuvre de la reconstruction de la cathédrale de Nantes[BG 6]. Les travaux commencent dès 1466 par les caves des logis et par les terrassements, puis les premières élévations et les courtines sont entamées. Initialement, le projet conservait la déclivité du terrain qui descendait vers la Loire, mais à mi-chantier, il est décidé de remblayer toute la cour intérieure pour la niveler complètement. Par conséquent, les rez-de-chaussée du Grand Logis, déjà construits, sont enfouis et deviennent des caves, tandis qu'un nouveau rez-de-chaussée est conçu au-dessus[NF 1] - [NF 2]. Ainsi, le château n'est plus soumis aux inondations de la Loire dans sa partie la plus basse. La cour et les rez-de-chaussée du nouveau château sont par conséquent plus haut d'environ 3,5 mètres par rapport au château de la Tour Neuve[BG 7].
La double fonction défensive et résidentielle du château est marquée, côté cour, par un palais résidentiel de tuffeau blanc aux façades raffinées et, côté ville, par les murs massifs de schiste et de granit des tours et des courtines. Les travaux, et leur ampleur, répondent d'abord à un besoin défensif, mais aussi à une volonté pour François II de montrer son indépendance politique et la richesse de son duché. Alors que sa cour est toujours itinérante, voyageant entre Rennes, Vannes et Nantes, il essaie à Nantes d'établir une capitale fixe capable de rivaliser avec les capitales des autres pays européens. Le port de Nantes sur la Loire fait alors de la ville, la plus riche de Bretagne et aussi sa principale porte d'entrée. La reconstruction du château et l'installation de la cour à Nantes achèvent un processus plus vaste de création d'institutions ducales dans la ville. Alors que Nantes est déjà le siège de la Chambre des comptes de Bretagne, elle reçoit en plus la chancellerie, le Conseil ducal et une nouvelle université, créée par François II en 1460[BG 8]. Le nouveau château est plus vaste que la Tour Neuve, et il est aussi beaucoup plus ambitieux puisqu'il doit contenir la cour et l'administration ducales ainsi que leurs personnels. Néanmoins, il ne couvre que trois hectares, à cause de la contrainte foncière, et la place laissée aux servitudes et aux jardins est donc très limitée[NF 3]. À la fin du règne de François II, les travaux ne semblent pas totalement terminés ; celui-ci souhaitait d'ailleurs édifier une aile supplémentaire le long de la Loire, afin que les bâtiments forment un U[BG 9]. Toutefois, après 1480, la menace française se fait plus présente, et les fonds du duché sont affectés sur d'autres châteaux[BG 7]. En 1486, François II encourage même les bourgeois de Nantes à agrandir et embellir leur résidence pour qu'ils puissent recevoir sa cour[GA 8].
Au cours de son règne, François II participe à la guerre de Bretagne, succession de conflits qui l'oppose au roi de France ainsi qu'à certains de ses seigneurs vassaux. Le roi de France souhaite établir sa suzeraineté sur la Bretagne, tandis que le duc veut au contraire assurer son indépendance. En 1487, appelé par Françoise de Dinan et les barons bretons, le roi Charles VIII envahit la Bretagne. Il assiège le château de Nantes le 19 juin, mais les troupes nantaises résistent, et il abandonne le siège le 6 août[BG 10]. Pendant le siège, un boulet de canon aurait atterri dans la chambre du duc, mais celui-ci avait déjà quitté Nantes pour se mettre à l'abri[CB 1].
Château d'Anne de Bretagne
François II meurt d'une chute de cheval peu après le siège, et sa couronne passe à sa fille, Anne de Bretagne. Le château tombe aux mains des Français en 1491, lorsqu'Alain d'Albret, qui en avait la garde, trahit la duchesse et l'offre au roi de France[BG 10]. Après le siège de Rennes où elle s'était réfugiée, la duchesse Anne est contrainte d'épouser Charles VIII. Elle devient par conséquent reine de France et, par ce mariage, débute l'union de la Bretagne à la France[GA 9].
Le siège de 1487 a occasionné des dégâts sur le château : les parties hautes des bâtiments ont été attaquées par l'artillerie, et des pans de rempart sont effondrés. Une partie de l'enceinte est reconstruite, voire doublée, après le mariage d'Anne et de Charles VIII[BG 11]. Le couple royal ne vient qu'une seule fois à Nantes, en 1493[GA 9], et il réside habituellement dans plusieurs des châteaux de la Loire, notamment Amboise, où le roi meurt en 1498. Selon le contrat de mariage, et afin de sécuriser l'union franco-bretonne, Anne restée sans postérité de sa première union, doit épouser le successeur de Charles VIII, le roi Louis XII. Ce nouveau mariage offre plus de liberté à la duchesse, qui revient à Nantes et fait exécuter des transformations sur le château. Anne souhaite alors probablement continuer l'œuvre de son père, et se doter d'une résidence à la hauteur de son rang de reine. En 1495, sa cour féminine comprend trente-neuf dames, qu'elle doit loger lors de ses déplacements[GA 9].
Anne fait notamment ajouter des loggias et une flèche au-dessus de la principale tour d'escalier, et les lucarnes du Grand Logis, édifiées dans un style flamboyant, sont ornées du chiffre d'Anne et de Louis XII. Les loggias, inspirées par l'architecture italienne de l'époque, sont le premier signe de la Renaissance à Nantes[BG 12]. Plusieurs éléments défensifs, comme les tours de Rivière, du Port et du Fer-à -Cheval semblent également avoir été achevés à l'époque d'Anne de Bretagne[SD 1], même si l'ensemble de l'enveloppe du château devait déjà être en place avant la mort de François II[NF 4]. Malgré ces travaux, Anne passe peu de temps à Nantes. À la mort de Charles VIII, elle vit d'abord dans sa résidence parisienne, l'hôtel d'Étampes, et ne retrouve le château de Nantes qu'à la fin 1498. Elle y épouse Louis XII en janvier, et le couple regagne le val de Loire en février. Anne séjourne à nouveau à Nantes en 1500, en 1503 ou 1504, en 1505 au début de son tour de la Bretagne, et le couple royal y fait un dernier séjour en 1510[NF 5] - [NF 6]. Elle semble s'être davantage servi du château comme d'un garde-meuble que comme une véritable résidence[BG 13]. Le mobilier, dispersé en 1491, a en effet été reconstitué après son second mariage. Le château comprend par exemple sous Anne de Bretagne une bibliothèque de près de mille cinq cents ouvrages[GA 9]. La duchesse y entrepose aussi ses trésors avant son départ à Lyon en 1500, afin qu'ils soient à l'abri lorsqu'elle sera en voyage. Le château accueille de cette façon des tissus liturgiques, des boiseries de lit et des tapisseries de Milan et de Mehun-sur-Yèvre[NF 7]. Espérant jusqu'à sa mort que le duché de Bretagne retrouve un duc souverain, Anne a enfin probablement envisagé que le château redevienne une résidence ducale permanente, ce qui peut expliquer les nombreux embellissements qu'elle y a fait faire[NF 8].
RĂ©sidence royale en Bretagne
Anne meurt en 1514 à Blois, laissant deux filles. L'aînée, Claude de France, à qui revient le titre de duchesse de Bretagne, épouse François d'Angoulême, qui devient François Ier à la mort de Louis XII en 1515. Le château revient donc à Claude et François Ier, puis à leur fils François, qui est fait duc de Bretagne à la mort de sa mère en 1524. Le duc meurt jeune, et François Ier conserve l'usufruit du château. Ce dernier devient définitivement une possession royale en 1532, lors de la signature par le roi de l'édit d'union de la Bretagne à la France, dans la cour du château[BG 13].
À partir de 1532, le château de Nantes est la résidence royale en Bretagne. Cette fonction en fait un lieu de prestige qui place Nantes au rang des grandes villes de province, mais elle est surtout un moyen d'affirmer la mainmise de la monarchie française sur ce lieu symbolique[PG 1]. Le château reçoit ainsi jusqu'au XVIIe siècle la plupart des rois de France, lorsqu'ils font leur entrée royale en Bretagne. Les souverains ont pour habitude d'arriver par la Loire, et d'entrer au château par la poterne de Loire. Ils passent la nuit au château, puis le lendemain ils repartent par la même porte pour faire leur entrée triomphale à la Fosse[ACD 1]. Néanmoins, la ville perd la majeure partie de sa fonction administrative, à l'exception de la Chambre des comptes, et Rennes devient la véritable capitale de la province de Bretagne[9]. François Ier effectue quelques transformations sur le château : on lui attribue l'achèvement de la courtine de Loire, qui porte son monogramme et celui de sa femme[BG 13], ainsi que le remblaiement final de la partie la plus basse de la cour[NF 2], et il fait construire un nouveau bâtiment, alors appelé « Logis du Roy », adossé à cette courtine de Loire[BG 14]. L'édifice est peut-être l'œuvre de Philibert Delorme[BG 14]. Le château accueille Henri II et Catherine de Médicis en 1551 et Charles IX en 1565[BG 14].
Pendant les guerres de Religion, le château connaît une nouvelle campagne de travaux, menée par Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur et gouverneur de Bretagne. Celui-ci, mécontent de la politique modérée d'Henri III, rejoint la Ligue catholique et forme même une petite « Ligue bretonne » pour défendre les intérêts catholiques en Bretagne. Soutenu par la plupart des cités bretonnes ainsi que par l'Espagne, le gouverneur fait du château une forteresse moderne, prête à se défendre contre les forces du roi. Il fait construire deux bastions, l'un au nord, l'autre au sud sur la Loire, ainsi qu'une grande terrasse d'artillerie à l'est. Il appose son emblème, la croix de Lorraine, sur les murs du château, et il y tient sa propre cour[BG 15]. Sa femme est descendante des ducs de Bretagne, et il titre son fils « prince et duc de Bretagne », songeant rétablir l'indépendance bretonne[PG 2].
Le duc de Mercœur doit néanmoins se rendre à Henri IV en 1598, après la déroute de son armée. Le nouveau roi vient à Nantes et il y signe l'édit de Nantes, édit de tolérance qui accorde des droits aux protestants français[BG 16]. À la vue du château, Henri IV se serait exclamé : « Ventre Saint-Gris, les ducs de Bretagne n'étaient pas de petits compagnons[10] ». Une tradition populaire dit que l'édit a été signé dans la maison des Tourelles, édifice situé quai de la Fosse et détruit en 1944[11], mais il semble en fait avoir été signé au château, dans le Petit Gouvernement[12].
Au début du XVIIe siècle, la défense du château est améliorée par Louis XIII et le cardinal de Richelieu, qui est gouverneur de Bretagne. Ce dernier fait d'ailleurs apposer ses armoiries sur les murs et les vitraux de la chapelle. Les travaux de fortification consistent principalement à aménager les terrasses des quatre tours d'entrée en plateformes d'artillerie, et ils ont vocation à renforcer le poids du château dans la défense royale contre le parti protestant, dont le Poitou voisin est un bastion[BG 17]. Le roi Louis XIII séjourne à Nantes en 1614, pour une cérémonie des écrouelles qui se tient dans la cour du château à la suite de son couronnement. Son frère Gaston d'Orléans se marie au château en 1628, en plein jugement de la conspiration de Chalais dirigée contre le roi[BG 18].
Prison et caserne royales
Au cours du XVIIe siècle, le château de Nantes perd son rôle politique et son prestige royal. Les rois viennent peu à Nantes, et le château n'a plus grand intérêt stratégique. Les gouverneurs de Bretagne, représentants du roi dans la province, ne résident plus à Nantes, mais ils se font remplacer par un intendant qui loge à Rennes. Le château est surtout occupé par des militaires retirés du service et des invalides[BG 19]. Il fait aussi office de prison, et notamment pour les prisonniers de marque, car la prison pour le droit commun se trouve au château du Bouffay. Des chefs de conspiration ou des intrigants politiques sont ainsi enfermés au château, comme Henri de Talleyrand-Périgord, enfermé dans la tour des Espagnols avant son exécution[BG 18], et en 1719, les coupables de la conspiration de Pontcallec[BG 19]. Le théologien Jean Le Noir, accusé d'hérésie, meurt dans sa geôle du château en 1692. Le janséniste François Louvard est enfermé au château en 1728, mais il est transféré à la Bastille la même année[PC 1]. Le chef de la Fronde, le cardinal de Retz, est lui aussi détenu au château, en 1654. Davantage placé en résidence surveillée qu'en cellule, il parvient à s'évader[BG 17], et ce fait inspire vraisemblablement la chanson populaire Dans les prisons de Nantes[PC 2].
Le château est aussi une prison militaire, 129 prisonniers de guerre espagnols sont ainsi détenus entre 1643 et 1654[BG 19], après avoir été capturés lors des batailles de Rocroi et Mardyck[PC 3]. À la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, les prisonniers militaires sont surtout des marins anglais, venant des ports de Bristol, Londres, Dublin, Philadelphie ou Boston, et capturés lors de combats navals[PC 4]. La fonction carcérale du château remonte probablement à son origine, et l'historiographie conserve la mémoire de l'enfermement de Gilles de Rais dans la Tour Neuve en 1440[PC 5]. Le duc de Mercœur a aussi écroué au château le maire de Nantes, Charles Harouys, et d'autres seigneurs loyalistes en 1589[PC 3].
Le dernier roi venu au château est Louis XIV. Lors d'un séjour en 1661, alors qu'il est venu assister aux États de Bretagne, il profite de son éloignement de Paris pour faire arrêter Nicolas Fouquet[BG 20]. En 1670, un incendie d'origine inconnue détruit une partie du Grand Gouvernement, et le roi fait reconstruire l'édifice dans le goût du XVIIe siècle, en créant un grand escalier d'honneur à la place de l'escalier à vis extérieur, et en plaçant ses armes au-dessus de cet escalier. Il fait aussi construire un campanile au sommet de l'entrée principale, côté douves[BG 21]. L'incendie est très mal documenté, et sa cause n'est pas connue, tout comme son envergure et sa date exacte. L'année 1670 est généralement admise, mais uniquement parce qu'elle apparaissait sur une tablette commémorant la reconstruction, depuis disparue ; 1670 ne pourrait donc être que l'année d'achèvement des travaux[GA 10].
En 1784, le château est transformé en arsenal sur ordre de Louis XVI et du maréchal de Ségur. Ceux-ci veulent suivre les leçons données par la guerre d'indépendance des États-Unis, et disposer de dépôts d'artillerie prêts à ravitailler les forts de la côte en cas d'attaque par la mer. La terrasse construite par Mercœur au XVIe siècle est détruite pour faire place au Harnachement, nouveau bâtiment servant à entreposer les canons et à fabriquer l'artillerie[BG 22].
Révolution française
Pendant la Révolution française, le château échappe aux destructions. Le 19 juillet 1789, son capitaine en remet les clés à la Ville de Nantes, qui les redonne aussitôt au capitaine, un geste symbolique qui exprime que c'est la Nation et non plus le roi qui place le château sous le commandement du capitaine[BG 22]. Néanmoins, le lendemain, la population, au courant de la prise de la Bastille, investit le château. Les Nantais, apeurés par les événements, veulent savoir si le château ne renferme pas des caches d'armes ou de munitions qui pourraient être utilisées contre eux[PC 6]. La démolition du château est demandée par les sections révolutionnaires locales, qui voient en lui un moyen de contrôler la ville, et un lieu qui coûte cher à entretenir[BG 22]. Cette démolition est refusée, et la Ville l'achète en 1791 pour 12 millions de livres. Il est repris par l'État l'année suivante, car le déclenchement des guerres révolutionnaires peut à nouveau le rendre utile à l'armée. Les symboles ducaux et royaux présents sur les façades sont martelés en avril 1793, et remplacés par les emblèmes de la Révolution. Ainsi, un bonnet phrygien est placé sur le bastion Mercœur, et la devise de la république est inscrite au-dessus du porche d'entrée[BG 23]. Pendant la Révolution, le nombre de prisonniers au château explose. Alors qu'aucun n'est mentionné en 1789, en 1793 les autorités déplorent la surpopulation du lieu et ses conditions d'hygiène terribles[PC 7]. Des prêtres réfractaires sont notamment détenus dans la tour des Jacobins[BG 23].
Alors que, contrairement à la Bastille, il a échappé au démantèlement en 1789, le château connaît la plus grande catastrophe de son histoire le . À midi, un plafond vermoulu de la tour des Espagnols s'effondre sur les réserves de poudre qui y sont stockées. Elles explosent. La déflagration fait entièrement sauter la tour, ainsi que les édifices voisins. Une bonne part du Grand Gouvernement s'effondre, faisant disparaître la salle des archives, la chapelle et l'ancien logement du lieutenant du roi. Les archives des ducs de Bretagne échappent à la catastrophe, car elles ont été transférées aux archives départementales peu avant. L'explosion détruit aussi largement le quartier situé près du château. Soixante cadavres sont retrouvés dans les ruines du château. La tour des Espagnols et la partie détruite du Grand Gouvernement ne sont jamais reconstruites. La tour du Fer-à -Cheval, où se trouvait l'essentiel des réserves de poudre, n'est pas atteinte par l'explosion[BG 24]. En 1808, Napoléon Ier, en visite à Nantes, ne visite pas le château, mais il ordonne la construction d'un quai le long du monument, ce qui a pour effet de l'isoler de la Loire[ACD 2]. Lors de la guerre de Vendée et Chouannerie de 1815, le château retrouve brièvement un rôle défensif, et la brèche est refermée par un mur percé de créneaux de fusillade[GA 11].
Redécouverte du château
Le château reste aux mains de l'armée jusqu'après la Première Guerre mondiale. Il est classé en tant que poste militaire dans la liste des places fortes en 1821, et l'artillerie doit désormais le partager avec le génie. Dans les années 1840, l'armement du château est constitué de quatre canons et de six obusiers[GA 11]. Après l'explosion de 1800, ses murs sont trop fragilisés pour qu'il serve de prison efficace, mais il accueille encore quelques prisonniers jusqu'en 1830. Les derniers détenus civils du château sont dix-huit manifestants arrêtés place Graslin, au cours des Trois Glorieuses. D'abord enfermés au Bouffay, le commandant les transfère discrètement au château alors que la foule réclame leur libération. Une échauffourée s'ensuit et entraîne la mort d'une quinzaine de personnes[PC 8]. Après cet événement, et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, les seuls prisonniers du château sont des soldats en punition[PC 8], à l'exception de la duchesse de Berry, détenue en 1832[ACD 3].
Dès le XIXe siècle, l'intérêt historique et architectural du château est peu à peu découvert et mis en valeur. Les premiers travaux de restauration ont lieu en 1853, lors de la destruction du bastion Mercœur, qui empêchait la construction de la voie ferrée vers Saint-Nazaire. Au cours de la destruction, la tour du Port est redécouverte, puis sa partie supérieure, arasée par Mercœur, est reconstruite[GA 12]. Les premiers vrais travaux de restauration sur le reste du château sont ensuite conduits en 1855[BG 25], et le château fait partie des premiers monuments historiques désignés par Prosper Mérimée en 1840[13]. D'autres campagnes de travaux sont réalisées, permettant la restauration de la tour de la Couronne d'Or et des lucarnes des logis. Cette restauration n'est pas totalement fidèle à l'original, car des monogrammes d'Anne de Bretagne et des gargouilles néogothiques sont ajoutées[BG 26]. Les maîtres d'œuvre font gommer les traces postérieures à la Renaissance, pour figer le château dans une époque comprise entre le XVe siècle et le XVIe siècle, c'est-à -dire sa période de construction et d'habitation par la famille ducale[CO 1]. Henri Deverin, architecte des monuments historiques chargé notamment du département de la Loire-Inférieure au début du XXe siècle, projette en vain de reconstruire la partie disparue en 1800, et de la réinterpréter à la façon de Viollet-le-Duc pour faire du château un nouvel hôtel de ville néogothique[CO 2] - [14].
Ouverture au public
En 1911, alors qu'il est une propriété de l'État, une convention entre le ministère de la Guerre et la municipalité permet d'échanger le château contre l'ensemble « Couvent de la Visitation- Caserne Bedeau » appartenant à la ville, et qui abrite déjà un régiment d'artillerie[15]. La Ville entre officiellement en possession du château en 1915, mais à cause de la Première Guerre mondiale, celui-ci reste techniquement occupé par l'armée jusqu'en 1920[CO 3]. De 1916 à 1920, les magasins et hangars élevés dans la cour par les militaires sont détruits[JSG 2]. Le maire Paul Bellamy décide d'installer un musée dans le château. Joseph Stany Gauthier (1883-1969), professeur aux Beaux-Arts de Nantes, imagine un musée des arts décoratifs, fondé en 1921, et dont il devient le conservateur l'année suivante[GA 13]. Le musée ouvre au public en 1924[BG 27], et rapidement, il élargit ses collections vers l'art populaire régional[GA 13]. En 1939, douze salles sur dix-neuf sont ainsi consacrées à l'art populaire. Ces salles se concentrent surtout sur la côte bretonne sud, de la Cornouaille à la presqu'île guérandaise, avec aussi une collection provenant du marais breton en Vendée. Le musée participe au rayonnement de la culture bretonne, par exemple en organisant une grande exposition sur la région en 1936, et en contribuant aux expositions universelles de 1937 et 1939[GA 13]. Le comblement du bras de la Loire dans les années 1930 a bouleversé les abords du château : désormais, il n'est plus bordé par le fleuve. Néanmoins, étant donné que le boulevard peut être déplacé sur le terre-plein comblé, la douve le long de la courtine de Loire peut être recreusée, ce qui redonne à cette courtine toute sa hauteur et découvre sa poterne, qui était auparavant masquée par cinq mètres de terre[JSG 1].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le musée est peu à peu fermé et ses collections mises en caisse. En Mai 1942, les pièces les plus précieuses sont envoyées au château de Beaupréau en Maine-et-Loire[GA 13] et au château d'Azay-le-Ferron dans l'Indre. Dès 1939, le château accueille le service de santé de la défense passive, tandis que les Allemands réquisitionnent une partie du monument en 1941 pour y loger un central téléphonique dans les sous-sols. Ils y enferment également les requis du Service du travail obligatoire en 1943[GA 14].
Le 8 mai 1943, la Feldkommandantur émet un ordre de réquisition totale du château. En Août le Generalmajor Fritz Reinhardt, nouvellement nommé Feldkommandant de Nantes, décide loger au château, au premier étage du Petit Gouvernement. En effet, le château est un lieu sûr, épargné par les bombardements et les alliés connaissent sa valeur historique. C'est un lieu privilégié pour y établir un poste de commandement. La Feldgendarmerie, transférée dans le bâtiment de la Conciergerie, y assure la garde. Durant l'été 1943 commence la construction d'un bunker dans la cour (Regelbau 622) semi-enterré le long du rempart, au pied de la tour du Vieux Donjon. Les fouilles archéologiques entreprises dans la cour sont en partie ensevelies par les terres de déblais du bunker. Cet abri, affecté à la protection du Generalmajor et de son administration contre les bombardements, est doté de deux salles ; normalement destinées au logement de deux groupes de combat (20 hommes). L'abri est équipé d'un central téléphonique et est renforcé par la suite d'une dalle de béton supplémentaire d'un mètre d'épaisseur qui se rajoute aux deux mètres de béton du toit initial[16] !
Les 16 et 23 Septembre 1943, Nantes subit de violents bombardements qui épargnent le château où seules quelques vitres sont soufflées. Sur ordre du Generalmajor Fritz Reinhardt certaines parties du château sont bétonnées (sous la voute d'entrée, sous les tours du Châtelet, du Pied de Biche et de la Boulangerie). Aucun autre bombardement alliés ne touchera le château et il retrouve sa vocation muséale à la Libération[GA 15].
À cette occasion, la présentation des collections est revue, et deux musées distincts voient le jour : le musée d'Art populaire régional dans le Grand Gouvernement, et le musée d'Art décoratif dans le Grand Logis[JSG 2]. Le musée des Salorges rejoint le bâtiment du Harnachement en 1956, car ses locaux d'origine ont été détruits par les bombardements[BG 28]. Consacré aux industries portuaires de Nantes, ce musée avait été fondé rue des Salorges en 1934[CO 4]. Le Petit Gouvernement accueille en outre le syndicat d'initiative nantais[JSG 2]. Des années 1960 aux années 1980, les collections d'art populaire croissent encore en envergure, tandis que le musée d'Art décoratif, souffrant de sa vétusté et de l'état de délabrement du Grand Logis, ferme en 1972[GA 16]. En 1971, un nouveau directeur, Pierre Chaigneau, remplace Stany-Gauthier et offre un nouveau souffle au musée d'Art populaire, qui est peu à peu modernisé[GA 16].
Restaurations et nouveau musée
Après 1945, de nombreux travaux sont effectués sur le monument, mais les budgets alloués ne permettent pas d'opérations de grande envergure. La démolition du Harnachement est proposée, afin de redonner à la cour toute sa superficie, mais le bâtiment est conservé par vœu de la municipalité. Les courtines sont restaurées juste après la guerre, et la poterne sud est condamnée par sécurité. Les lucarnes et la toiture du Grand Logis sont rénovées dans les années 1950[GA 17]. Les douves, comblées au XIXe siècle, sont remises en eau après la guerre[ACD 4]. De 1964 à 1974, des travaux de restauration sont entrepris, notamment sur le dernier niveau du Grand Logis[GA 16]. Dans les années 1980, d'autres rénovations portent sur le Vieux Donjon, la tour de la Rivière et les façades du Harnachement[GA 18]. À la fin du XXe siècle, le château montre pourtant des signes d'usure profonde. Plusieurs espaces sont fermés au public pour des raisons de sécurité, l'accumulation successive des collections dans les musées nuit à leur cohérence, et les sculptures en tuffeau sont très abîmées[BG 29].
Une campagne de travaux en profondeur est décidée dans les années 1980, et la municipalité choisit dans le même temps de regrouper à terme les collections des musées municipaux pour former un unique musée d'histoire locale. Les premiers travaux débutent en 1989, et ils s'accompagnent de fouilles archéologiques, qui permettent de mieux comprendre l'histoire du site[BG 30]. Le musée des Salorges ferme en 1994 et le Harnachement connaît une campagne de restauration intérieure de trois ans, au bout de laquelle il devient un espace consacré aux expositions temporaires, tandis que le musée d'art populaire régional ferme ses portes en 1997[BG 31]. Les travaux s'étalent jusqu'à la réouverture du monument en 2007, et ils nécessitent une fermeture totale du site pendant trois ans. Le parti de cette restauration a été de préserver les différents ajouts successifs, qu'ils soient du XVIIe siècle ou du XIXe siècle, pour présenter le château dans sa continuité historique[CO 5]. Les travaux ont parfois été radicaux, car il fallait adapter des édifices du XVe siècle pour en faire un musée moderne. Des poutres métalliques ont été insérées dans les logis, des trous percés dans les murs pour passer des fils et un ascenseur ajouté en plein milieu[17]. Certaines décisions, notamment le choix de reconstruire des éléments disparus depuis plusieurs siècles, ont provoqué des controverses[SD 3]. Un parcours en accès libre et un éclairage nocturne sont imaginés pour aider le visiteur à mieux comprendre les lieux, et le château est considéré comme le premier objet exposé du musée[17]. Conséquence de la transformation de la communauté urbaine de Nantes en métropole, le château devient un équipement métropolitain le [18].
Dates clés de l'histoire du château.
■Épisode de construction
■Épisode de destruction
Architecture et intérieur
- XIVe siècle
- XVe siècle
- XVIe siècle
- XVIIe siècle
- XVIIIe siècle
- XIXe siècle
Dispositions générales
Les bâtiments les plus grands et les plus imposants du château sont les logis. Ils étaient destinés à loger la famille ducale et l'administration du duché, mais aussi à accueillir avec faste les visiteurs de marque, et à abriter les centaines de courtisans du duc. Adossés à la courtine, le Grand Logis et le Grand Gouvernement, logis les plus anciens, ont été construits par François II au XVe siècle. Le duc ne les a jamais vus achevés, et à chaque séjour qu'il fait à Nantes, sa Cour doit se loger ailleurs dans la ville[GA 8]. La disposition générale des logis, regroupés le long de la muraille, semble inspirée par le château de Langeais ou par celui de Châteaudun, tous deux construits dans les années 1460[GA 19]. Après le mariage d'Anne de Bretagne et de Charles VIII, ces logis sont occupés de façon discontinue, et leur aménagement intérieur à la Renaissance est très mal connu. Aucun meuble ou décor de cette période n'a été conservé, alors qu'en 1491, les secrétaires de Charles VIII mentionnaient des tapisseries, des livres, des étoffes, des tableaux, des bijoux, des coffres de vaisselle ou encore des chandeliers[CO 6]. Après l'union de la Bretagne à la France, le château devient une résidence royale rarement visitée. L'occupation militaire du château, qui dure plusieurs siècles, altère fortement les logis, et leur transformation en musée rend difficile la lecture des intérieurs[GA 20].
Plans des logis du château en 1752, montrant leur état avant l'explosion de 1800, et l'usage de chaque pièce :
- Sous-sol.
- Rez-de-chaussée.
- Premier Ă©tage.
- Deuxième étage.
- Troisième étage.
Grand Logis
Le Grand Logis est l'édifice le plus imposant au sein du château. Il offre une façade assez rustique, aux portes d'entrée petites et au ras du sol. La surface du mur est plane et la seule décoration vient de l'accolade et des corniches des fenêtres. Le style est tout à fait gothique, avec un décor sculpté grotesque[ME 1]. Les pierres d'attente visibles à l'extrémité sud de la façade rappellent que François II avait projeté une aile en retour qui se serait étendue le long de la courtine de Loire[GA 21]. Le caractère imposant du monument réside dans ses grandes lucarnes, qui évoquent celles de Blois[ME 2], d'Amboise, de Meillant et du Verger[GA 22]. Exécutées dans un style gothique flamboyant, elles adoptent un plan uniforme, avec une fenêtre inscrite dans une arche surmontée d'un gâble, le tout encadré par deux piliers terminés par des pinacles, qui sont reliés au gâble par un réseau de pierre transparent[GA 22]. Malgré cette unité dans la disposition générale, les lucarnes sont toutes différentes les unes des autres, par la taille et les motifs de décor[ME 1]. Ainsi, la quatrième en partant de la gauche présente des piliers à double torsade, motif rare dans l'art flamboyant. Une balustrade à jour relie les lucarnes et accentue leur effet aérien[ME 2], et le tout est posé sur une corniche ornée de feuillage et de masques servant à évacuer les eaux de pluie[GA 22]. À l'origine, les tympans des lucarnes portaient les symboles de Louis XII et d'Anne de Bretagne : des L et des A accompagnés des armes de France et de Bretagne[GA 22], décor disparu puis partiellement recréé lors d'une restauration en 1861[ME 2].
Sous François II, le Grand Logis n'était pas, comme son nom pourrait le suggérer, l'habitation ducale. Il était plutôt dévolu au logement et à l'entretien de la suite et des domestiques[GA 21]. Les salles du premier étage étaient peut-être destinées à l'administration du duché, l'une aurait été la salle du Grand Conseil de Bretagne, et l'autre la salle de réunion des clercs[BG 9]. Dans l'hypothèse où l'aile sud en retour aurait été construite, ces salles auraient également pu être les premières pièces d'une suite[NF 9]. Le rez-de-chaussée comprend deux vastes salles, qui étaient des cuisines. Elles possédaient toutes les deux un plafond à voûtes d'ogive retombant sur un pilier central, mais ce plafond a été détruit dans la cuisine sud. Les deux cuisines étaient séparées par un escalier droit qui descend jusqu'à une porte qui ouvrait sur les douves. Cet accès permettait le déchargement de cargaisons de bateaux directement dans le château. L'escalier est encadré par deux murs porteurs, qui contiennent les conduits de cheminée des cuisines, et ces deux murs ont dû être prolongés jusqu'au dernier étage. Par conséquent, le logis présente à chacun de ses étages un plan peu commun, avec deux grandes pièces séparées par une pièce plus étroite[GA 23]. Au XVIIIe siècle, sous l'administration militaire, l'étage noble correspondait aux appartements du major, le reste de l'édifice étant partagé entre des soldats subalternes[19].
Le rez-de-chaussée est particulièrement haut de plafond (7,65 m), et le premier étage est bien plus bas (4,95 m) tout comme le deuxième (4,30 m). Cette disposition inhabituelle s'explique par l'importance donnée aux cuisines, qui devaient nourrir un grand nombre de personnes et qui se trouvaient au sein d'un bâtiment à fonction plutôt utilitaire. Cette grande hauteur de plafond posait cependant des contraintes au niveau de l'escalier à vis qui dessert les étages. Pour rejoindre le premier étage, il fallait qu'il fasse soit une révolution et demie, soit deux révolutions et demie. La première solution, qui oblige à avoir un étage plutôt bas de plafond (3 m) fut choisie, mais corrigée par une astuce. En effet, le plancher de l'étage est plus bas de 36 cm par rapport au palier de l'escalier. Une astuce similaire a aussi permis d'avoir un deuxième étage un peu plus haut que le palier, permettant de rehausser encore la hauteur de plafond du premier étage[GA 23]. Les caves du logis étaient initialement destinées à devenir les deux cuisines, mais pendant le chantier de construction, le rehaussement de la cour du château a nécessité leur déplacement au rez-de-chaussée[GA 21].
À la mort de François II en 1488, le Grand Logis n'est probablement pas terminé. Ainsi, lorsque Charles VIII séjourne au château en 1491, un pont en bois doit être construit entre le bâtiment et sa chambre située dans la tour des Jacobins, ce qui indique que les planchers ne sont pas encore posés entre les deux édifices. La construction s'est sans doute arrêtée au troisième étage, et elle n'a repris qu'après la mort de Charles VIII, lorsqu'Anne de Bretagne retrouve le plein contrôle des affaires bretonnes. La duchesse fait alors terminer les fenêtres du troisième étage, qui sont plus petites que les autres, et moins ornementées. La fenêtre centrale est élargie pour être surmontée d'une grande lucarne, et initialement, chaque fenêtre devait recevoir un gâble comme dans les étages inférieurs. Finalement, le projet fut altéré, et Anne décida d'aménager un étage supplémentaire dans les combles, sûrement pour loger la nombreuse suite que son titre de reine de France autorisait. De nouvelles fenêtres furent ajoutées, accompagnées des fameuses grandes lucarnes[GA 24].
Au fil des siècles, le bâtiment s'est fortement dégradé, et il a progressivement perdu ses cheminées, ses lucarnes côté douve, et tout son décor interne. Les lucarnes des douves ont été rétablies en 1970. La même année, il fut décidé de restaurer les charpentes, et notamment de restituer le lambris en berceau qui servait de plafond au quatrième étage. Cette restitution est néanmoins erronée, car elle masque de l'intérieur les fenêtres en lucarne, alors qu'à l'origine le lambris contournait les fenêtres pour qu'elles puissent éclairer l'étage[GA 25] - [SD 4].
- Lucarnes du Grand Logis côté douves.
- Le Grand Logis vu du chemin de ronde.
- Fenêtre ornée d'un gâble.
- Latrines du Grand Logis .
- Lambris du dernier Ă©tage.
- Voûtes détruites d'une des deux cuisines.
Tour de la Couronne d'Or
La tour de la Couronne d'Or se trouve entre le Grand Gouvernement et le Grand Logis. Elle contient deux escaliers à vis qui desservent ces bâtiments. Les niveaux supérieurs comprennent deux loggias. La tour a été restaurée une première fois entre 1892 et 1907, les travaux portant sur la conservation du décor sculpté, la restauration des baies, et la réouverture des loggias qui avaient été condamnées. Lors de la campagne de restauration des années 2000, l'une des grandes décisions a porté sur la reconstruction ou non des flèches qui surmontaient la tour à la Renaissance. Ces flèches avaient disparu entre 1660 et 1720, probablement victimes d'un défaut de conception[CO 7]. À l'époque, l'architecture classique et surtout les considérations militaires privilégiaient l'horizontalité, et l'existence de ces flèches avait peu d'importance. La reconstruction a finalement été décidée par l'architecte des monuments historiques, pour qui les flèches avaient une valeur architecturale forte, puisqu'elles inscrivaient le château dans le paysage de la ville. Les documents historiques étant lacunaires, il est d'abord suggéré de construire une structure moderne en verre, mais les flèches sont reconstruites en définitive dans une optique de restitution historique, selon les principes de la Renaissance[CO 8].
La tour doit probablement son nom au puits qui se trouve devant et dont la ferronnerie évoque une couronne. Placée à un angle obtus entre les deux grands logis, elle offre une délicate transition entre les deux, grâce à son aspect très ornementé et à ses lignes élancées. Moins austère que les logis, elle est aérée par ses nombreuses fenêtres, ses loggias et les arcatures du bandeau du sommet[ME 3]. Les deux loggias, situées dans les niveaux supérieurs, figurent parmi les rares loggias Renaissance de France. Dans l'Ouest, on en trouve d'autres sur l'hôtel Goüin de Tours et l'hôtel d'Alluye de Blois[ME 2]. Les loggias de Nantes, commandées par Anne de Bretagne, sont peut-être l'œuvre de Jean Perréal, architecte de son époux Charles VIII. Murées par la suite, elles servirent de cellules de prison à l'époque moderne, et les murs présentent de nombreux graffitis de prisonniers[ME 4]. Bien qu'inspirées par la Renaissance italienne, les loggias de Nantes ne suivent pas l'architecture antique, mais elles sont au contraire purement gothiques dans leur décoration, mêlant des motifs rayonnants à des motifs flamboyants. Les gâbles à deux ressauts concaves de la loggia supérieure forment un motif rare dans les années 1500, mais qui devient courant dans les années 1510 et 1520[GA 26]. Les hermines et les A couronnés qui ornent la loggia sont une création du début du XXe siècle[GA 27].
Le grand escalier, du côté du Grand Logis, s'arrête au dernier étage de ce bâtiment. Il est coiffé à son sommet d'une voûte en palmier qui repose sur la vis. Le petit escalier, du côté du Grand Gouvernement, est plus haut et il dessert le toit en terrasse de la tour[ME 4]. À l'origine, le grand escalier devait lui aussi desservir le toit, et la tour se terminait probablement par des lucarnes. L'ajout des loggias a détruit cette disposition. La première loggia permet de relier les deux escaliers, et la seconde, au-dessus, n'est desservie que par le petit escalier. Elle offre un accès à la « chambre haute », une pièce ajoutée par Anne de Bretagne au-dessus du grand escalier, suivant la mode de la fin du XVe siècle. Cette pièce, directement accessible depuis les appartements ducaux, était vraisemblablement réservée à l'usage de la duchesse, comme en témoigne le décor raffiné de la cheminée. Anne a également montré à Loches le même intérêt pour les pièces offrant des espaces ouverts et des vues étendues[GA 28]. La disposition rappelle aussi Amboise, où l'appartement d'Anne de Bretagne s'ouvrait sur une galerie surmontant deux escaliers[GA 29]. Le petit escalier de la tour, qui ne commence qu'à partir du premier étage, semble avoir été rajouté au moment même de la construction sans avoir été projeté plus tôt. Il avait une fonction privative[GA 30].
- Le grand escalier.
- La voûte du grand escalier.
- Les deux flèches.
- Monogramme d'Anne sur une loggia.
- Vue sur la loggia inférieure.
- FenĂŞtres de la chambre haute.
Grand Gouvernement
Le Grand Gouvernement, achevé au début des années 1480, était destiné à loger le duc et sa famille[GA 23]. C'est le logis qui a subi le plus d'altérations au fil de son histoire. En partie détruit par un incendie au XVIIe siècle, il est reconstruit dans le goût de l'époque par Louis XIV, mais l'explosion de la tour des Espagnols en 1800 l'ampute largement[CO 3]. En effet, la catastrophe entraîne la disparition de quatre travées du logis, ainsi que de la totalité de son aile en retour. Cette aile était construite le long de la muraille nord, et elle permettait de relier le Grand Gouvernement à la Conciergerie et au Vieux Donjon. Elle comprenait notamment la chapelle[19].
À l'époque de son achèvement, le bâtiment présentait une architecture entièrement gothique. Sa façade sur cour, munie de dix travées symétriques, était marquée en son centre par la tour du grand escalier à vis extérieur[GA 31]. Les fouilles archéologiques des années 2000 ont montré que cet escalier était identique en taille à celui de la Couronne d'Or, avec un diamètre de 4,20 mètres[GA 32]. De plan hexagonal, il se terminait par des lucarnes, de la même façon que sur l'escalier de Montreuil-Bellay. Il était vraisemblablement richement orné[GA 33] - [NF 10]. Une tour d'escalier secondaire se trouvait à l'angle du Grand Gouvernement et de l'aile en retour, faisant écho à la tour de la Couronne d'Or située à l'autre extrémité du logis[GA 34]. Les trois travées de gauche du Grand Gouvernement, qui sont les seules à avoir échappé à l'incendie de 1670, montrent encore leur apparence du XVe siècle. Le rez-de-chaussée offre des ouvertures simples et disposées de façon irrégulière, mais les ouvertures des étages sont organisées en travées, avec un décor feuillagé présent sous l'appui, dans l'ébrasement, et surtout dans le gâble qui couronne chaque fenêtre. De tels gâbles sont rares en Val de Loire, mais ils sont présents sur la cathédrale de Nantes[GA 33]. Le Grand Gouvernement est à cheval sur l'entrée principale du château, qui passe à travers son rez-de-chaussée. Cette disposition n'est pas courante parmi les châteaux de la Loire, mais elle apparaît sur d'autres châteaux bretons comme Vitré et Suscinio[GA 32].
Après l'incendie de 1670, le logis a subi une transformation à la fois interne et externe. À l'intérieur, un grand escalier a notamment été ajouté et, à l'extérieur, la façade a été remodelée dans le style classique. Les fenêtres à meneaux ont fait place à des fenêtres à la française, les lucarnes gothiques ont été supprimées au profit de lucarnes arrondies plus simples, et surtout, l'escalier à vis extérieur a été détruit puis remplacé par un grand escalier d'honneur en fer à cheval, qui conduit à un perron à l'étage, protégé par un baldaquin sur colonnes. Un fronton en plein cintre, contenant les armes royales, est placé au sommet du bâtiment, dans l'axe du perron, et accentue sa monumentalité. L'aile en retour, dont il ne reste que deux travées après l'incendie, est elle aussi reconstruite dans le style classique. Cette campagne de travaux fait écho à la reconstruction partielle du château de Blois quelques décennies plus tôt. Le décor des nouvelles façades rappelle en outre le parlement de Bretagne à Rennes et les réalisations de François Mansart. Malgré les trois travées de gauche restées de style gothique, le Grand Gouvernement devait offrir un visage monumental. L'explosion de 1800 ayant détruit l'aile latérale ainsi que six travées du bâtiment principal, il est désormais difficile de mesurer cette monumentalité, l'escalier se trouvant par exemple désaxé par rapport au milieu de la façade[GA 34].
La première restauration du Grand Gouvernement, qui date du XIXe siècle, a tenté de gommer les ajouts classiques[CO 5]. Des lucarnes gothiques ont ainsi été replacées sur chaque travée en 1877, dans un style cependant trop rigide pour être authentique[ME 5]. Lors de la campagne de restauration des années 1990 et 2000, les architectes ont opté pour revenir à l'état du XVIIe siècle : les lucarnes gothiques ont été conservées dans la partie qui n'avait pas été reconstruite après l'incendie, mais les autres ont retrouvé leur aspect classique. Le décor d'origine des lucarnes classiques, qui représentait des trophées militaires, n'a pas été restitué, car les sources manquaient à son sujet. En revanche, l'escalier extérieur a retrouvé son baldaquin, et les armoiries de Louis XIV, disparues à la Révolution, ont été replacées au-dessus[CO 5]. Une travée supplémentaire a enfin été ajoutée à l'édifice, côté nord, afin de pouvoir y loger des équipements techniques et un ascenseur qui permet de rejoindre le chemin de ronde en évitant les escaliers[20].
Le Grand Gouvernement comprend trois pièces à chaque étage, alors qu'il y en avait quatre avant l'explosion de 1800. À l'époque de François II, l'étage principal accueillait la salle de parement où se trouvait le trône, la grande salle, qui servait aux réceptions, et une chambre, certainement celle du duc, suivie d'une deuxième plus petite. Des latrines étaient situées dans des renfoncements du côté des douves[BG 9]. Les pièces avaient de très grands volumes, avec une hauteur sous plafond de 6 mètres, et le décor devait être raffiné, même s'il ne reste qu'un soffite d'embrasure sculpté. Le deuxième étage devait être réservé à la duchesse Anne, et il était relié au premier par un escalier privé. Au rez-de-chaussée, les cuisines ducales devaient se trouver dans la pièce qui est la plus au sud, et qui conserve trois cheminées ainsi que de grandes voûtes d'ogive reposant sur un pilier central[GA 35]. L'aile nord, entièrement détruite en 1800, comprenait la salle des archives au rez-de-chaussée, la chapelle qui se trouvait juste au-dessus, et d'autres pièces qui servirent de logement au lieutenant du château sous l'Ancien Régime. Au XVIIIe siècle, le premier et le deuxième étage du Grand Gouvernement étaient affectés au logement du gouverneur, les pièces du rez-de-chaussée ayant été transformées en chambres pour les prisonniers[19]. À cette période, on pouvait accéder au premier étage directement depuis l'extérieur grâce à l'escalier d'honneur, et la porte principale ouvrait tout de suite sur l'escalier intérieur ajouté après 1670 et détruit au XIXe siècle. Cet escalier séparait en deux l'étage, avec d'un côté l'appartement du gouverneur, de l'autre celui de sa femme, tous les deux organisés à la mode de l'époque, avec une chambre, une antichambre et un cabinet[GA 36].
- L'ancienne cuisine du logis.
- Autre salle du rez-de-chaussée.
- Fenêtre classique et fenêtre gothique vues de l'intérieur.
- La charpente du logis.
- Vue du pignon fermé après l'explosion de 1800.
Conciergerie
La Conciergerie est aujourd'hui un élément isolé du château, adossé à la tour du Vieux Donjon. Construite au XVIIIe siècle, elle était à l'origine reliée au Grand Gouvernement par son aile en retour, qui abritait le logement du lieutenant du château. Cette aile a disparu lors de l'explosion de 1800. Derrière la Conciergerie, le pignon occidental du Vieux Donjon était en fait un mur interne, et ses ouvertures correspondaient aux portes qui reliaient l'aile au Donjon et à la Conciergerie[GA 37]. La Conciergerie est desservie par un escalier à vis du XVe siècle, qui servait originellement à l'aile détruite en 1800[21]. Cet escalier a été largement remanié dans les années 2000. Avant la campagne de restauration, il ne possédait plus extérieurement d'éléments architecturaux gothiques. Celle-ci a entrepris de lui restituer son toit conique et la décoration des fenêtres[SD 5].
- La Conciergerie et sa tour d'escalier.
- La Conciergerie accolée au Vieux Donjon.
- L'une des gargouilles de la tour d'escalier.
Petit Gouvernement
Le Petit Gouvernement, appelé « Logis du Roy » à l'époque de sa construction sous François Ier, est un petit logis situé près de la tour de la Rivière. Il est isolé des autres logis, puisqu'il est situé à l'opposé dans la cour du château. Mal documentée, son histoire n'est pas bien connue. Il aurait servi de logement au lieutenant du roi, alternativement au Grand Logis, avant d'être transformé en prison au XVIIIe siècle[GA 38]. Henri IV, qui aurait fait effectuer des travaux dessus, l'aurait habité. Son attrait architectural réside dans ses grandes lucarnes à cintre et à pilastres recoupés de losanges, et dans ses cheminées décorées d'un jeu de brique et d'ardoise[ME 6]. Il est caractéristique de l'architecture de la Première Renaissance française, marquée par l'influence italienne, mais moins aboutie que celle qui apparaît après 1540. Ainsi, le logis présente une relative symétrie dans sa façade, mais la porte d'entrée est désaxée et placée entre deux travées[CN 1]. Le Petit Gouvernement est peut-être l'œuvre de Philibert Delorme, architecte des fortifications de Bretagne de 1545 à 1558[ME 6].
Le Petit Gouvernement a été profondément modifié au fil des siècles, et seul le sous-sol semble toujours présenter le plan d'origine. Il comprend deux pièces en enfilade, ouvrant sur une pièce centrale plus grande, qui elle-même donne dans deux réduits qui ne communiquent pas entre eux. Un escalier, probablement ajouté au XVIIe ou XVIIIe siècle et bouché depuis, permettait de relier directement ce sous-sol à l'extérieur. Le rez-de-chaussée présente le même plan, mais des cloisons et des portes ont été successivement ajoutées, et les deux petites pièces ont été réunies en une seule au début du XXe siècle. L'étage, bien plus haut que le rez-de-chaussée, comprend deux grandes pièces suivies d'une petite, qui se trouve au-dessus des réduits des niveaux inférieurs. Il est accessible par un escalier situé dans la tour de la Rivière[GA 39]. Les murs et les cheminées de cet étage présentent des moulures fines, et l'écoinçon du chanfrein d'une porte présente un décor floral qui ressemble à un autre décor présent dans la chambre du roi au Louvre. Ce motif daterait de l'aménagement effectué sous Henri IV. De nouvelles fenêtres sont ajoutées à cet étage au XIXe siècle. Les combles du deuxième étage ont été aménagés en bureaux dans les années 1970[GA 38]. À cette même époque, les deux lucarnes extérieures, qui avaient été détruites au XIXe siècle pour permettre le passage du chemin de ronde dans les combles, furent restituées d'après un dessin du peintre hollandais du XVIIe siècle Lambert Doomer[GA 40].
Le Petit Gouvernement est collé à un bâtiment plus petit de quatre étages. Ce bâtiment, construit au XVIe ou au XVIIe siècle, puis agrandi au début du XIXe siècle, renferme un escalier du XVe siècle, encastré dans la muraille. L'escalier, destiné au départ à la tour de la Rivière voisine, dessert aussi les étages du Petit Gouvernement[GA 38]. C'est dans cette partie que fut enfermée la duchesse de Berry en 1832[ACD 3].
- Le logis et la tour de la Rivière vus des douves.
- Cheminées ornées de brique et d'ardoise.
- Autre cheminée.
- Lucarne côté douves.
- Vue ancienne du Petit Gouvernement, avant la restauration de ses lucarnes côté douves.
- Les combles.
Dispositions générales
Le château des ducs de Bretagne est conçu pour être autant un palais résidentiel qu'un ouvrage défensif. Alors que depuis la cour le visiteur voit surtout les façades en tuffeau des logis, c'est un tout autre visage que le château offre de l'extérieur. Construit pour résister à l'artillerie du XVe siècle, il a toutes les caractéristiques de la forteresse de l'époque[GA 20]. Il était d'ailleurs défendu par un équipement important à l'époque de François II, qui comprenait notamment quinze canons[CN 1].
Le château est une place forte de transition, à mi-chemin entre le château fort du Moyen Âge et l'ouvrage bastionné de l'époque moderne[GA 41]. Les courtines et les tours, aux murs épais de schiste et de granit[GA 41], sont basses et munies de chambres de tir situées au niveau du sol, qui permettaient de tirer au ras des assaillants, tandis que les terrasses sur les tours pouvaient accueillir des canons qui tiraient en hauteur[CN 1]. En revanche, les mâchicoulis, présents tout autour du château, n'avaient qu'une fonction décorative. Débordant au-dessus des courtines, les façades en tuffeau des logis animent la silhouette extérieure du château. La hauteur des logis par rapport aux tours défensives inverse d'ailleurs le rapport traditionnel entre ces deux éléments[GA 20]. À la différence du château de Langeais, de structure similaire et exactement contemporain, le château des ducs de Bretagne demeure cependant une vraie forteresse, et l'extérieur est dépourvu de grandes fenêtres[NF 11].
Endommagées lors du siège de 1487, les défenses du château ont été restaurées sous Anne de Bretagne, et vraisemblablement aussi par son beau-fils François Ier[GA 41]. Ce dernier a pu envisager le château comme un point de défense face à une éventuelle attaque anglo-espagnole venue de la mer[GA 38]. Le château montre ainsi une certaine évolution dans son architecture défensive. Les tours achevées en dernier ont des murs plus épais que les autres, comme celle du Fer-à -Cheval, ou bien elles sont plus basses, comme celles du Port et de la Rivière, car la hauteur des tours n'est plus alors un facteur crucial pour la défense du château[CN 1]. À l'exception de la tour du Fer-à -Cheval, toutes les tours ont des toits en terrasse, mais ceux-ci résultent de travaux entrepris par Louis XIII en 1616. Auparavant, elles étaient vraisemblablement couronnées de flèches en retrait, comme sur le Fer-à -Cheval. Le roi a également fait couvrir le chemin de ronde qui passe derrière les logis[ME 7].
Courtines
Les courtines remontent toutes à la construction du château sous François II. Tout le système de fortification semble en place dès 1486. Il se caractérise partout par un appareil en assises de schiste et de granit alternées, qui permet un effet esthétique tout en renforçant le mur[GA 42]. L'aspect esthétique est appuyé par les mâchicoulis bretons, qui n'ont qu'une fonction décorative car ils ne sont pas percés d'ouverture[CN 1]. La courtine sud-ouest, située entre la tour du Port et celle des Jacobins, et sur laquelle s'appuie le Grand Logis, est particulièrement haute. Elle fait 18 mètres de haut pour 37 mètres de long et de 3,80 à 5,30 mètres d'épaisseur à sa base. Elle comportait autrefois une porte, fermée au XVIe siècle et qui se trouve désormais à moitié noyée par l'eau des douves. Cette porte donnait directement dans le Grand Logis[GA 42]. Une canonnière protégeait cette entrée. Les mâchicoulis qui couronnent la courtine semblent postérieurs et ils auraient été terminés par Anne de Bretagne au début du XVIe siècle. Près de la tour du Port, la courtine marque un fléchissement, qui traduit l'existence au moment des travaux d'un élément à contourner. Il a pu s'agir de l'enceinte de Pierre de Dreux, détruite à ce moment-là [GA 43].
Au sud, la courtine de Loire va de la tour du Port à la tour de la Rivière, et elle forme la façade la plus longue du château. Elle comprend en son centre une poterne. Haute de quinze mètres, la courtine a été réparée et améliorée à de nombreuses reprises[GA 44]. La courtine semble au départ avoir été beaucoup plus basse, car avant le nivellement de la cour intérieure, le sol était également plus bas de plusieurs mètres. Les cinq canonnières basses qui existaient sont devenues inaccessibles après le nivellement, à l'exception de celle proche de la poterne. Les mâchicoulis de cette courtine ont été ajoutés par François Ier, ils portent son monogramme, deux F affrontés, accompagné du C retourné de son épouse Claude[GA 45]. Le grand escalier qui relie la cour à la courtine, et qui jouxte le Grand Logis, a été ajouté au XVIe siècle par le duc de Mercœur[CN 1].
Entre la tour de la Rivière et la tour du Fer-à -Cheval s'étend la courtine du Levant, longue de 37 mètres et haute de 15 mètres. Cette courtine est composée de trois niveaux superposés, les deux premiers appartenant à la construction d'origine. Ils présentent le même appareil en schiste et granit que sur les autres courtines, et ils sont séparés l'un de l'autre par une rangée de mâchicoulis. Le deuxième niveau comprenait une galerie d'artillerie, condamnée, qui était ouverte par des fenêtres et des canonnières[GA 46]. Le troisième niveau, en haut, a été construit par le duc de Mercœur, lorsque celui-ci a fait ajouter une terrasse d'artillerie qui surplombait la Loire. La terrasse a disparu, mais ce côté a été conservé. Il porte des croix de Lorraine, symbole du duc[GA 47]. Au XVIIIe siècle, une porte avait été ouverte dans la courtine, pour fournir un accès direct à la Loire, mais elle a été rebouchée au début du XXe siècle[GA 46].
La courtine nord s'étend sur 48 mètres et elle est formée de trois pans désaxés. Elle fait 15 mètres de haut pour une épaisseur variant entre 5,60 et 7,30 mètres. Ses trois pans sont assez différents les uns des autres. Celui contigu à la tour du Fer-à -Cheval présente ainsi une ligne de mâchicoulis à mi-hauteur. Le pan central comprend la porte du Bon Secours, une entrée secondaire munie d'une guette de défense et autrefois d'un pont-levis, dont il reste le logement des bras[GA 48]. La courtine nord est reliée au châtelet d'entrée par un mur élevé au début du XIXe siècle, qui remplace la portion de courtine et la tour des Espagnols, disparus lors de l'explosion de 1800. Ce mur, muni de meurtrières, est de qualité médiocre par rapport au reste de l'enceinte[GA 11].
- La courtine sud-ouest.
- La poterne de Loire.
- La courtine sud-est et ses croix de Lorraine.
- La courtine nord.
- La poterne de Bon Secours.
- Mur construit après l'explosion de 1800.
Châtelet
Le châtelet, qui constitue l'entrée principale du château, comprend deux tours, celle du Pied de Biche au nord, et celle de la Boulangerie au sud. Elles portent chacune un bas-relief illustrant les armoiries ducales. Ces deux tours communiquent côté cour avec le Grand Gouvernement, et elles lui ont servi d'annexe. Ainsi au XVe siècle, leur pièce du premier étage servait de garde-robe[GA 49]. La tour du Pied de Biche doit son nom à la forme d'un cachot qu'elle contenait, tandis que la tour de la Boulangerie doit son nom à la boulangerie qui se trouvait dans son sous-sol. À l'époque moderne, ces deux tours, ainsi que les tours voisines des Jacobins et des Espagnols, ont principalement servi de cachots, et les geôles qui s'y trouvaient étaient réputées pour leur dureté[PC 9]. Ainsi, au XVIIIe siècle, le deuxième étage des tours du Pied de Biche et de la Boulangerie correspondait à des cellules appelées « chambres noires », et le sous-sol de la tour du Pied de Biche était appelé « l'Enfer »[PC 10]. Dès le XVIe siècle, la population nantaise craint ces cachots, et « se faire menacer du Pied de Biche » devient une expression consacrée[PC 11]. Les deux tours sont coiffées de pavillons carrés, qui renferment chacun une pièce, et le chemin de ronde qui contourne ces pavillons est couvert. La couverture du chemin de ronde, restituée dans les années 2000, est cependant un ajout du XVIIIe siècle, car à l'époque de la construction du château, les tours étaient couvertes en terrasse[SD 3].
La partie centrale du châtelet, située entre les deux tours, comprend les deux entrées : la grande, qui donne sur la cour intérieure du château, et la petite qui conduit directement à l'intérieur du châtelet. Les deux entrées sont munies de ponts-levis, restaurés dans les années 2000 pour retrouver leur aspect du XIXe siècle, c'est-à -dire leur dernière époque d'utilisation. Le pont-levis de la petite entrée a retrouvé sa configuration d'origine, et il est légèrement plus bas que le grand pont-levis, la cour du château étant 30 à 80 centimètres plus haute qu'au XVe siècle[20]. Le grand pont-levis est baptisé « pont de la Charretière », tandis que le petit est le « pont de la Piétaille ». À l'origine, une herse complétait le système de fermeture du châtelet[CN 1].
Au-dessus des entrées, le châtelet comprend un premier étage, ouvert par une fenêtre à meneau qui éclaire le chemin de ronde, puis un second étage, éclairé par une fenêtre plus petite, et dont la fonction est inconnue. Cette partie a été modifiée à plusieurs reprises depuis le XVe siècle. Lors de la campagne de restauration des années 2000, elle a retrouvé l'aspect qu'elle avait entre le XVIe et le XVIIIe siècle. D'après un dessin réalisé par Nicolas Poictevin en 1715, l'architecte des monuments historiques a pu restituer toute la partie qui avait été arasée ultérieurement, au-dessus de la fenêtre à meneau. Le clocheton couvert d'ardoise, ajouté au XVIIe siècle en même temps que la reconstruction du Grand Gouvernement, a ainsi pu être restitué, tout comme le fronton en plein cintre percé d'un oculus[20]. Le clocheton portait à l'origine une horloge publique, que les habitants pouvaient voir de l'extérieur du château. L'horloge n'a pas été replacée pendant la restauration, mais le clocheton a tout de même retrouvé sa girouette décorative, qui représente un drapeau à fleurs de lys et le soleil de Louis XIV[GA 50].
- Deuxième étage de la tour de la Boulangerie.
- Premier Ă©tage de la tour de la Boulangerie.
- Le chemin de ronde sur la tour du Pied de Biche.
- Le petit pont-levis.
- Les deux ponts-levis.
- Le porche sous le Grand Gouvernement.
Tour des Jacobins
La tour des Jacobins faisait face au couvent des Jacobins de Nantes. Positionnée au sud du châtelet et contre les logis ducaux, elle était en symétrie avec la tour des Espagnols. La tour n'a pas d'escalier, et chacun de ses étages communique avec les logis[GA 49]. La tour des Jacobins, construite au point de jonction entre le Grand Gouvernement et le Grand Logis, se trouve aussi à l'arrière de la tour de la Couronne d'Or. La tour est utilisée à la Révolution comme cachot, et l'un des murs du rez-de-chaussée est orné de nombreux graffitis de prêtres réfractaires[PC 6]. Le roi Charles VIII a dormi dans la chambre à l'étage en 1491[GA 24]. Elle fut parfois appelée « tour des Anglais », en référence aux Anglais qui y ont été détenus à l'époque moderne[ME 8].
L'espace entre la tour des Jacobins et celle de la Couronne d'Or est occupé au rez-de-chaussée par une salle rectangulaire. Dotée d'une cheminée, elle devait cependant être pauvrement éclairée. Elle a probablement servi initialement de salle de gardes, les soldats pouvant ainsi protéger les escaliers de la Couronne d'Or. Les étages au-dessus de cette pièce n'ont jamais été terminés, même si la cheminée du premier étage a été installée. Entre cette pièce et le Grand Gouvernement se trouve aussi une courette laissée vide. L'achèvement des étages de la courette et de la salle aurait permis de faire la liaison entre le Grand Logis et le Grand Gouvernement, sans passer par les escaliers à vis[GA 51]. Un couloir au premier étage a cependant été ajouté au XVIIIe siècle pour relier la tour des Jacobins au grand escalier de la Couronne d'Or[ME 8].
- Cheminée du rez-de-chaussée.
- Graffitis de prêtres réfractaires.
- Cheminée de l'étage inachevé.
- Vue sur les étages inachevés.
- Toit en terrasse.
Tour du Port
La tour du Port se situe à l'angle sud-ouest du château. Englobée au XVIe siècle dans un bastion qui saillait sur la Loire, elle n'a été redécouverte qu'en 1854, lors de la démolition de ce bastion. Elle fait quinze mètres de haut pour une dizaine de mètres de diamètre. Elle devait comporter un étage couvert à l'origine, mais celui-ci correspond au toit en terrasse reconstruit en 1854. Extérieurement, la façade est marquée par l'alternance de schiste et de granit et par des mâchicoulis de type breton, ornés de motifs trilobés, reposant sur trois consoles positionnées en pyramide inversée. À l'intérieur se trouve une grande salle au rez-de-chaussée, couverte par une voûte d'ogive ornée des armes ducales. Une cheminée monumentale et deux fenêtres complètent la pièce[GA 44]. Plusieurs armoiries décorent cette salle, et notamment celles de Marguerite de Bretagne, première épouse de François II et morte en 1469[NF 4]. En dessous se trouvent les restes d'une autre salle qui était initialement prévue pour être au rez-de-chaussée, mais que le nivellement de la cour a rendu trop basse[GA 44].
- La terrasse de la tour.
- Voûte de la salle.
- Cheminée de la salle.
Tour de la Rivière
La tour de la Rivière, qui correspond à l'angle sud-est du château, est celle qui a été le moins altérée. Faisant onze mètres de diamètre pour quinze mètres de haut, elle est similaire à la tour du Port, et elle présente les mêmes mâchicoulis bretons. Le rez-de-chaussée, situé en dessous du niveau de la cour du château, n'a pas changé après le nivellement de celle-ci. Sa salle ne comprend qu'une fenêtre, ainsi qu'une grande cheminée gothique et un four à pain. Elle possédait autrefois deux casemates. L'étage comprend aussi une salle, voûtée sous Henri IV. Une canonnière, située sur le côté est de la tour, est encadrée par deux boulets de canon, l'un en fonte, l'autre en pierre. Ils rappellent une tradition du XVe siècle et ils auraient été placés par Anne de Bretagne pour rappeler le siège de 1487[GA 52]. La fenêtre de l'étage côté cour présentait autrefois un décor inhabituel et remarquable, détruit dans les années 2000. Désormais remplacée par une fenêtre à meneau entourée d'un décor feuillagé, cette fenêtre n'avait pas de meneau, et une retombée pendante en pierre faisait écho devant la fenêtre aux culots qui soutenaient l'archivolte[SD 5]. Au XVIIIe siècle, la tour a été surmontée d'une petite construction de deux étages, similaire à l'aile adjointe au Petit Gouvernement voisin. Ce bâtiment a été détruit en 1944 pour redonner à la tour son aspect d'origine[JSG 1]. La tradition populaire faisait de cette tour le lieu de naissance d'Anne de Bretagne, mais la duchesse est née dans le château de la Tour Neuve, le château tel qu'il existe étant encore en construction à cette époque[ME 9].
- La tour et l'ancien bâtiment au-dessus.
- L'ancienne fenêtre à retombée.
- La même fenêtre rénovée.
- Les boulets sur la façade.
Tour du Fer-Ă -Cheval
La tour du Fer-à -Cheval occupe l'angle nord-est du château. Elle a été construite suivant le plan classique des tours à canons bretonnes du règne de François II. Comme son nom l'indique, elle possède une forme en fer à cheval, et elle fait 30 mètres de long pour 18 mètres de large. Elle fait aussi 18 mètres de haut. Comme le reste du château, la tour a subi les conséquences du nivellement de la cour, et son sous-sol était destiné au départ à devenir un étage de plain-pied[GA 47]. Il est divisé en deux pièces, et il comprend six grandes casemates. Le rez-de-chaussée en comprend autant. Les trois étages, accessibles par un escalier à vis, ont été réaménagés plusieurs fois à partir du XVIe siècle[GA 53]. Dans les années 1950, les planchers du quatrième étage ont été supprimés et le troisième étage a été transformé en salle de conférence[GA 16]. La grande hauteur de la tour devait lui permettre de dominer la butte Saint-Pierre et les encorbellements de muraille du château. Son mur extérieur fait plus de sept mètres d'épaisseur[GA 53]. La tour possède deux chemins de ronde, l'un à l'intérieur, qui permettait de mieux coordonner les tirs, l'autre à l'extérieur, à ciel ouvert. La forme en fer à cheval permet d'éviter les angles morts et d'augmenter le nombre des axes de tir, faisant de la tour un véritable bastion arrondi[CN 1].
La tour du Fer-à -Cheval semble avoir été projetée après le début des travaux de reconstruction du château. Il est même possible qu'elle ait été édifiée après le siège de 1487, qui aurait montré la faiblesse de ce côté du château[GA 54]. La tour a cependant été terminée sous François II, même si c'est Anne de Bretagne qui a fait construire la façade côté cour. La tour est tournée vers l'ancien lit de la Loire, et elle permettait de battre en enfilade à la fois la boire de Mauves et le canal Saint-Félix, tout en donnant aussi sur le faubourg de Richebourg et sur la route venant de l'Est[GA 55]. Elle était renforcée par une puissante caponnière, dont subsistent des vestiges[GA 56]. Les éléments en tuffeau de la tour, c'est-à -dire sa façade sur cour et la lucarne placée à l'arrière, sont de style gothique flamboyant. La lucarne est amortie par un grand gâble, encadré par des pinacles et par la tourelle d'escalier. Le décor trahit l'épuisement du style gothique à la Renaissance : certains gâbles tendent par exemple à prendre la forme de bulbes. On trouve également des faisceaux de colonnettes décoratives tordues, comme au château de Blois[ME 10].
- Façade sur cour de la tour.
- Détail de la façade.
- Lucarne côté douves.
- Mâchicoulis de la tour.
Vieux Donjon
Le Vieux Donjon est une tour adossée à la courtine nord. C'est le seul élément survivant de l'ancien château de la Tour Neuve, et il marquait la jonction entre le château et les remparts de la ville. Contrairement à ce que son nom suggère, la tour n'a jamais été un donjon, mais elle a toujours servi de simple tour d'enceinte. Son plan polygonal irrégulier et ses murs en moyen appareil de granit tranchent avec le reste des éléments du château. Le Vieux Donjon englobe une tour d'enceinte datant du Bas-Empire romain, de 8,60 mètres de diamètre. Cette tour antique a été réemployée lors de la construction du château de la Tour Neuve au XIIIe siècle, puis elle a été reprise par Jean IV vers 1367, lorsqu'il a fait restaurer quatre tours du château. Ces tours adoptaient toutes un plan polygonal, mais le Vieux Donjon est la seule qui soit conservée lors de la reconstruction du château au XVe siècle. Elle est alors incorporée dans l'aile en retour du Grand Gouvernement, et ses étages font partie du logement du lieutenant du roi[GA 57].
Le Vieux Donjon fait partie d'un ensemble de tours reprises ou construites par Jean IV, tout comme la tour Solidor à Saint-Servan, la tour de Cesson, la tour du château de Hédé et la tour maîtresse du château de Dinan. Plus près de Nantes, le duc avait aussi fait construire des tours à Pirmil et Champtoceaux mais elles ont disparu depuis. Pour l'historien André Mussat, le Vieux Donjon présenterait peut-être la première occurrence de mâchicoulis bretons, caractérisés par des consoles en pyramide inversée, mais la tour a été transformée à plusieurs reprises, et son aspect remonte surtout au XVe siècle[SD 6].
- Le Vieux Donjon vu du chemin de ronde.
- Le Vieux Donjon vu des douves.
- La façade côté douves.
Bastion Saint-Pierre
Le bastion Saint-Pierre a été construit au XVIe siècle sur les ordres du duc de Mercœur, afin d'adapter le château à l'artillerie moderne. Le duc avait aussi fait construire un bastion côté Loire, et une terrasse à l'emplacement du Harnachement, mais ils ont été détruits ultérieurement. Le bastion Saint-Pierre est situé au nord du château, en direction de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Sa principale utilité était de protéger le point de jonction entre la muraille nord du château, et les remparts de la ville[22]. Arasé de moitié en 1904[CN 1], il a été aménagé en terrasse au XXe siècle. Dans les années 2000, des fouilles ont permis de découvrir un reste possible d'échauguette[22]. Selon l'architecture militaire de son époque, le bastion possède des formes carrées, qui évitent les angles morts présents sur les tours rondes médiévales. Il comprenait des salles basses et une terrasse d'artillerie qui pouvaient accueillir de nombreux canons[CN 1]. Ses façades, inspirées par le maniérisme, sont ornées de croix de Lorraine tenues par un boudin de granit blond, qui symbolise une ceinture de chasteté qui entoure une forteresse que l'on souhaite inviolable[GA 58].
Tour des Espagnols
Cette tour a disparu en 1800 et il n'en reste que les fondations, visibles dans les douves. Elle devait son nom aux prisonniers espagnols qui y avaient été enfermés au XVIIe siècle. Elle s'appelait à l'origine « tour de l'Épargne », et sa salle du premier étage était utilisée pour stocker le trésor ducal au XVe siècle. Comme la tour des Jacobins, elle n'avait pas d'escalier, et chacun de ses étages communiquait avec le Grand Gouvernement et avec son aile nord[GA 49]. La tour a servi d'entrepôt de poudre pendant la Révolution, et l'effondrement d'un plancher a provoqué son explosion en 1800[BG 24].
Puits
Le puits, situé au pied de la tour de la Couronne d'Or, date du XVe siècle. Il comprend une margelle en granit surmontée d'une grande structure en fer. La base forme un heptagone, et la structure en fer comprend sept poulies[ME 11]. Chaque angle de la margelle est orné d'une sculpture d'un animal ou d'un hybride, dans la tradition des gargouilles. Sur un côté apparaît également un blason, trop érodé pour être identifié. Les sculptures possèdent chacune un conduit d'évacuation, qui ne tient pourtant aucun rôle fonctionnel. Elles représentent des créatures choisies pour leur puissance symbolique : le lion, le sanglier, un animal à écailles qui est peut-être un dragon, et un corps de singe à visage humain[GA 59].
- Vue d'ensemble du puits.
- L'une des gargouilles.
- DĂ©tail de la ferronnerie.
Pont de Secours
Le pont de Secours est un pont secondaire, situé au nord du château. Construit à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle[23], en bois sur de hautes piles maçonnées, il permet de traverser les douves et de relier le château à l'extérieur. Ce pont, transformé de multiples fois, avait disparu en 1863, mais sa reconstruction a été décidée pendant la campagne de restauration des années 2000. Son environnement avait changé depuis, puisque le cours Saint-Pierre avait été créé de l'autre côté, et que la modification du niveau de la cour du château et la construction de la rue Prémion avaient bouleversé ses abords. Lors de la reconstruction du pont, il ne restait plus que la base de ses piles, et la poterne d'entrée dans l'enceinte du château avait également perdu ses éléments défensifs. Il a ensuite retrouvé son aspect de la Renaissance, avec des piles alternant schiste et granit et une surface en bois[CO 9].
Harnachement
Le Harnachement, construit en 1784 dans un style utilitaire, n'a aucun lien avec les bâtiments plus anciens du château. Vaste édifice rectangle haut de deux étages, il occupe un fond de cour, le long de la courtine sud-est. Sa construction est intervenue dans le contexte de la Guerre d'indépendance des États-Unis, le gouvernement français redoutant une grande revanche militaire de la part de l'Angleterre. Il devait servir à fabriquer et entreposer armes et munitions, qui pouvaient être envoyées dans les arsenaux de la côte en cas de besoin[GA 60]. Il accueillit le musée de la Marine en 1956[GA 61], et il sert depuis 2007 aux expositions temporaires du musée d'Histoire de Nantes. Avant sa construction, l'emplacement était occupé par la terrasse du Levant, élément bastionné construit par le duc de Mercœur au XVIe siècle. Des pierres d'accroche visibles sur la courtine témoignent de cet élément disparu[CN 1]. Dans les années 1950, la démolition du Harnachement, puis l'arasement de ses deux derniers niveaux, furent envisagés, afin de rendre à la cour toute sa superficie et de rendre à nouveau visible la tour du Fer-à -Cheval[GA 16]. D'autres constructions utilitaires du même type ont quant à elles disparu au début du XXe siècle, comme la halle aux engins qui s'étendait entre le Grand Logis et le Petit Gouvernement, le long de la courtine de Loire, et la laverie et la glacière qui se trouvaient en prolongement de la Conciergerie[GA 62] - [ME 12].
- Le Harnachement.
- L'arrière du bâtiment.
- Plafond du rez-de-chaussée.
Muraille gallo-romaine
Le château est construit à cheval sur l'ancienne enceinte gallo-romaine de Nantes, construite au IIIe siècle. Des fouilles archéologiques menées entre 1922 et 1945, en 1992 puis de 2001 à 2007, ont permis de retrouver ou de restituer la totalité du tracé du rempart sous l'emprise du château[GA 63]. Entre la cathédrale et le château, ce rempart correspondait d'ailleurs à l'enceinte médiévale, qui réemployait à cet endroit les bases des fortifications romaines. La muraille gallo-romaine passait précisément du Vieux Donjon à la tour des Jacobins, pour ensuite gagner la rive de la Loire[GA 64]. Deux tours ont été découvertes dans la cour, elles sont identiques, et elles ressemblent beaucoup à une autre tour qui existait plus au nord sur l'actuel cour Saint-Pierre. Elles font environ 8,60 mètres de diamètre, et elles forment un demi-cylindre solidaire de la muraille. Leur base était pleine à l'origine, mais elles semblent avoir été évidées au Moyen Âge. Elles comprenaient aussi une salle aveugle dont le plafond correspondait à la hauteur du chemin de ronde. Les deux tours du château sont distantes d'une trentaine de mètres, et elles sont situées à des points d'inflexion de la muraille[GA 65]. D'autres vestiges de l'Antiquité ou du Haut Moyen Âge ont été trouvés sous la tour des Jacobins ainsi que dans la cour d'honneur. Le sous-sol de la tour renferme une section gallo-romaine longue de 7 mètres et épaisse de 80 centimètres, arasée puis réemployée dans un mur antique postérieur. Près de l'escalier du Grand Gouvernement, les archéologues ont aussi découvert les vestiges de deux murs antiques qui reposent sur les restes d'un mur plus ancien. Il est impossible de dater précisément ces vestiges, ni de retrouver leur fonction d'origine, car ils sont trop petits et morcelés[GA 64].
Château de la Tour Neuve
Des fouilles menées dans les années 1930, 1940 et 2000 ont permis de dégager les fronts nord, nord-est, sud-est et sud de l'ancien château. Les archéologues se sont cependant limités au sommet des maçonneries, n'explorant que très rarement les niveaux inférieurs. Lors de la construction du nouveau château par François II, la Tour Neuve n'a été que partiellement démolie, et le remblaiement sur plusieurs mètres de la cour a enfoui ses restes. Le sommet des maçonneries retrouvées correspond donc le plus souvent à la limite entre le premier étage et le rez-de-chaussée. Les rez-de-chaussée ainsi que les caves sont théoriquement conservés en dessous[GA 66]. Néanmoins, les niveaux les plus bas sont très difficiles à atteindre, en raison de leur profondeur, allant de cinq à neuf mètres, et parce qu'ils se trouvent sous le niveau de la nappe phréatique, maintenue artificiellement à un niveau élevé pour qu'elle alimente les douves[GA 67]. Les restes d'une tour d'angle polygonale, de 22 m de diamètre, se trouvent sous le Harnachement, et ils ont été redécouverts lors de la construction de ce dernier au XVIIIe siècle[ME 13].
Au cours de ses trois cents ans d'existence, le château de la Tour Neuve a été remanié à plusieurs reprises, et les fouilles ne peuvent restituer que son aspect du XVe siècle, avant sa démolition. Le gros donjon circulaire était construit juste derrière la muraille gallo-romaine, et il était entouré par une cour fortifiée probablement rectangulaire, elle aussi située à l'intérieur de l'enceinte antique. Cette cour ainsi que le donjon sont vraisemblablement les tout premiers éléments construits, au début du XIIIe siècle. Une deuxième cour a été ajoutée peu après du côté extérieur de la muraille, puis une troisième cour a été insérée entre la deuxième et le cours de la Loire. Une terrasse défensive a enfin été construite contre la dernière cour. Cette terrasse daterait de la fin du XIVe siècle, et elle serait la dernière partie à avoir été construite[GA 68].
Musée d'Histoire de Nantes
Conception et muséographie
La création du musée d'Histoire de Nantes est décidée en 1990. Le château accueille déjà à l'époque deux musées, l'un consacré aux arts populaires de la région, l'autre à l'histoire maritime et industrielle de Nantes, mais ceux-ci souffrent de leur vétusté. Les bâtiments sont en très mauvais état ; le Grand Logis est fermé depuis les années 1970 à cause de son délabrement, et seuls deux niveaux sont encore ouverts dans le Grand Gouvernement. Ces deux bâtiments sont rénovés et rouvrent en 2007 lors de l'inauguration du nouveau musée. Celui-ci choisit de présenter au visiteur à la fois un parcours de ses collections, et des bâtiments dans lesquelles elles se trouvent[CO 4]. Des éclairages et une signalétique particulière soulignent les détails remarquables au fil des salles, comme des cheminées, des chambres de tir, des graffitis de prisonniers ou des charpentes[CO 10].
Le musée est divisé en sept grandes séquences, qui présentent chacune un aspect ou une période de l'histoire nantaise. La première est consacrée à l'histoire de la ville et du château jusqu'au XVIIe siècle, la deuxième à l'image de la ville de Nantes et à ses symboles, la troisième au Commerce triangulaire, la quatrième à la Révolution française, la cinquième au port du XIXe siècle, la sixième aux deux guerres mondiales, et la septième à l'époque contemporaine et aux projets[CN 2]. Le musée comprend trente-deux salles. Dix-sept salles se trouvent dans le Grand Logis et la tour des Jacobins attenante, et quinze autres se trouvent dans le Grand Gouvernement. Tous les niveaux, des sous-sols aux combles, sont occupés[CO 10]. Les escaliers de la tour de la Couronne d'Or constituent le principal chemin d'accès d'un étage à l'autre, et le musée possède aussi un ascenseur[CN 2]. Celui-ci se trouve dans le vide des Jacobins, espace haut de 26 mètres qui est présenté comme une coupe architecturale, avec son empilement de cheminées conçues pour des étages jamais achevés[CO 11].
Le mobilier de présentation a été choisi pour sa sobriété, afin que le regard du spectateur reste concentré sur les objets et sur le château. Les salles étant relativement petites, une certaine parcimonie a aussi été privilégiée pour favoriser la visibilité[CO 12]. Les couleurs choisies sont des camaïeux et la seule vraie couleur, le rouge, indique les éléments non-muséaux, comme la boutique, l'accueil et les éléments techniques. Sa teinte sang de bœuf est inspirée du Moyen Âge. Les salles consacrées à l'esclavage offrent cependant une rupture dans la muséographie. Le décor des salles suggère, avec des cloisons en bois, les cales de bateaux négriers[CO 13]. Le musée accorde un grand rôle aux nouvelles technologies avec, par exemple, des bornes interactives, une visite virtuelle de la ville au XVIIIe siècle, et trois films, l'un racontant la vie d'Anne de Bretagne, un autre l'histoire du château, et un autre qui est un portrait de ville commandé à Pierrick Sorin[CN 3].
Collections
Le musée expose plus de 1 150 œuvres, choisies pour leur signification et leur capacité à traduire un thème. Les objets présentés sont très divers : peinture, sculpture, plans, maquettes de bateau, affiches, photographies, films, éléments architecturaux, mobilier, ou encore outils[CO 10]. Ces objets font partie des collections municipales nantaises, qui comptent un total de 50 000 objets, dont la vaste majorité est en réserve. Ces collections sont héritées des anciens musées municipaux, notamment ceux situés dans le château : musée d'Art décoratif, musée d'Art populaire régional et musée des Salorges, consacré au port et industries de Nantes, mais aussi le musée de Nantes par l'image, installé Porte Saint-Pierre de 1927 aux années 1960, le musée d'Art religieux situé à La Psallette de 1933 à 1969, et le musée colonial du Grand-Blottereau, existant de 1902 à 1954. Parmi tous les objets des collections municipales, aucun n'a de lien direct avec le château[CO 14] - [SD 7].
Certains objets sont le résultat d'acquisitions menées expressément pour l'ouverture du musée en 2007, par exemple les porcelaines de Chine, achetées pour illustrer la place de Nantes dans l'histoire de la Compagnie des Indes[CO 15]. Depuis l'ouverture du musée, d'autres acquisitions sont effectuées selon les opportunités, et un appel a été fait en 2008 auprès de la population nantaise pour retrouver des objets liés aux guerres mondiales[CN 4]. Ces objets sont venus étoffer la partie consacrée à l'histoire contemporaine, notamment lors d'une refonte partielle des salles en 2016[CN 5]. 30 % des objets exposés concernent la Traite des Noirs et l'esclavage, domaines d'expertise du musée. Ces objets comprennent des livres de compte, des gravures, tableaux, figures de proue de bateaux, des objets de torture, des meubles ou encore des colliers de perles[24]. Les périodes allant de l'Antiquité à la Renaissance sont traitées rapidement, car elles sont largement abordées par un autre musée de la ville, le musée Dobrée. Le château renferme cependant un bateau en bois du XIIIe siècle retrouvé dans le Brivet. Il possède aussi un plan-relief de Nantes au Moyen Âge, réalisé en 1859, et exposé dans la même salle que la tapisserie dite « des États de Bretagne », commandée en 1585. Le XVIIe siècle nantais est surtout illustré par des gravures et des documents écrits. L'importante séquence consacrée à l'image de la ville et à ses symboles regroupe des affiches publicitaires anciennes, des objets fabriqués pour des entreprises locales comme LU et Amieux Frères, ou encore une aquarelle de Turner et la partition de la chanson Nantes de Barbara. Plusieurs salles présentent la vie nantaise au XVIIIe siècle, avec des meubles, des étoffes, de la vaisselle, et la période révolutionnaire est notamment illustrée par une peinture anonyme représentant les Noyades de Nantes. Parmi les autres pièces remarquables se trouve une grande maquette représentant le port de Nantes, réalisée pour l'Exposition universelle de 1900[25].
- Maquette de Nantes à la fin du Moyen Âge et tapisserie des États de Bretagne.
- Exemplaire du Code noir, 1742.
- Nantes from the Ile Feydeau, Joseph Mallord William Turner, 1830.
- La Martiniquaise, anonyme, 1855.
- L'Antillaise, statuette publicitaire pour le chocolat Amieux.
- Partition inédite de Wolfgang Amadeus Mozart.
- Porcelaine de Chine, début du XVIIIe siècle.
Parcours des visiteurs
Le musée est organisé selon un système de cheminement unique, qui permet de passer dans chaque salle l'une après l'autre. Le temps de visite est estimé à trois heures par le musée, mais des circuits plus courts sont proposés selon des thématiques, par exemple le musée en vingt objets, le château d'Anne de Bretagne, visite familiale, ou encore l'esclavage. Les salles peuvent être découvertes avec un audio-guide multilingue (français, anglais, allemand, italien, espagnol et breton)[CN 2]. Des visites guidées sont organisées à heure fixe[CO 16].
La librairie-boutique, située au rez-de-chaussée du musée, est un point de passage au début et à la fin du parcours. Elle propose des objets et des livres en lien avec le musée et le château, et notamment les ouvrages édités par les Éditions du Château des Ducs de Bretagne. La Conciergerie et le Vieux Donjon accueillent un café-restaurant, Les Oubliettes[CN 2].
L'accès aux douves et à la cour intérieure du château sont gratuits. Côté douves et côté cour, un parcours de visite libre a été établi, avec des plaques informatives disposées régulièrement. Celles-ci permettent au visiteur de comprendre le château, ses éléments et son histoire. Les plaques sont multilingues et munies d'illustrations ainsi que de repères chronologiques. Le parcours est prolongé dans le reste du centre-ville par d'autres plaques similaires, installées à partir de 2005. Le programme de restauration achevé en 2007 a permis d'ouvrir pour la première fois au public la totalité du chemin de ronde. Long de 500 mètres, le parcours est entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à un ascenseur. Il permet d'obtenir des points de vue sur le monument, mais aussi sur la ville de Nantes et certains édifices emblématiques comme la cathédrale et la tour LU. Lors de la restauration, les douves ont été entièrement remises en eau, et intégralement réaménagées pour devenir un véritable jardin public. Des magnolias, arbres liés de près à l'histoire nantaise, y ont été plantés[SD 8].
Fréquentation
Le château des ducs de Bretagne est le site touristique le plus fréquenté à Nantes et dans tout le département de la Loire-Atlantique. Depuis la réouverture en 2007, il accueille en moyenne entre un million et un million et demi de visiteurs par an, tandis que le musée seul accueille autour de 200 000 visiteurs. L'année de réouverture, 2007, a également été une année record, puisque 1 562 000 personnes ont visité le château (284 550 pour le musée), soit le maximum annuel de visiteurs enregistré. Certains événements, comme Le Voyage à Nantes l'été et des expositions temporaires, entraînent une augmentation significative du nombre de visiteurs. L'exposition « Samouraï » en 2014 avait ainsi attiré un très grand nombre de visiteurs dans le musée (265 464 comparé à 180 072 en 2013) ainsi que dans la cour (1 448 212 contre 1 301 825 en 2013). Le nombre de visiteurs depuis 2007 est globalement en croissance constante[26]. Avant les travaux des années 2000, le château ne voyait que 330 000 visiteurs par an, et pour la réouverture de 2007, la ville ne projetait que 500 000 visiteurs annuels[27].
En 2016, la grande majorité des visiteurs venaient de France (45 % de visiteurs du département, 28 % du Grand Ouest, de l'arc atlantique et de la région parisienne), tandis que les étrangers représentaient 10 % des visiteurs. Les Espagnols formaient la nationalité la plus représentée. En été, la proportion de visiteurs étrangers avait atteint un pic de 19 %. Les visiteurs individuels avaient compté pour 82 % de la fréquentation, le reste correspondant aux groupes et visites scolaires[26]. En 2017, le musée d'Histoire de Nantes était avec ses 230 000 visiteurs le musée le plus visité de Nantes, devant le musée d'arts (220 000 visiteurs), le muséum d'histoire naturelle (140 000) ou encore le musée Jules-Verne (30 000)[28].
Événements et expositions temporaires
Depuis sa réouverture en 2007, le château a accueilli de nombreuses expositions temporaires, logées dans le bâtiment du Harnachement. Avant 2007, le site avait déjà présenté des expositions de grande envergure, comme « Les Anneaux de la mémoire », première grande exposition à Nantes sur le commerce triangulaire, qui s'est tenue au Harnachement en 1992. Elle est suivie par « Estuaire » en 1997, consacrée au port et à l'estuaire de la Loire, puis par « Jules Verne, les mondes inventés » en 2000[CN 6]. Entre 2007 et 2017, le musée présente successivement vingt expositions, parmi lesquelles « Nantaises au travail » et « Austria, une tragédie dans l'Atlantique » (2012), « En guerres 1914-1918 / 1939-1945 » (2013), « Samouraï, 1 000 ans d'histoire du Japon » (2014), « Tromelin, l'île des esclaves oubliés » (2016), « Aux origines du surréalisme » et « Les esprits, l'or et le chaman, chef-d'œuvre du musée de l'or de Colombie » (2017). En 2018, le musée a également présenté deux expositions marquantes, « Nous les appelons Vikings », coproduite avec le musée historique de Stockholm, et « Rock ! Une histoire nantaise », reconnue d'intérêt national. Les expositions présentent soit un aspect de l'histoire ou de la société nantaise, soit un rapport entre Nantes et une autre partie du monde[CN 3].
Le château accueille un grand nombre d'événements culturels, notamment le festival de chant Les Voix bretonnes et le fest-noz La Nuit bretonne, les Nocturnes, qui sont l'occasion une fois par mois de présenter les collections de manière décalée, avec des performances, des expériences sensorielles ou des installations sonores et lumineuses, et Noël au château, pendant lequel des artistes sont invités à investir le monument. Le château organise aussi des lectures et débats liés à l'histoire et l'actualité (Échos) et un festival pour enfants (À nous le château). Il participe enfin aux événements locaux et nationaux, comme les Journées du patrimoine, la Nuit des musées, Le Voyage à Nantes, Aux heures d'été ou encore le festival Scopitone[CN 3].
Dans la culture
Dans les arts
Images externes | |
The Château, Nantes, par JMW Turner, Tate. | |
Château de Nantes, par Frederick H. Evans, archives de Country Life Magazine. | |
La Loire devant le château, Justin Ouvrié. | |
Les plus vieilles représentations artistiques du château des ducs de Bretagne remontent au XVIIe siècle. Il apparaît alors sur des plans illustrés de la ville, et il est également le sujet d'un dessin du peintre hollandais Lambert Doomer qui effectue un long séjour à Nantes[GA 69]. Ce dessin, disparu, n'est connu qu'à travers une contre-épreuve. Dans ces représentations anciennes, le château est soit traité comme un objet d'intérêt, dont les attraits esthétiques sont mis en valeur, ou bien il est minoré, fondu dans les remparts de la ville, car on n'y voit qu'une prison, un espace clos qui ne se visite pas. De façon générale, le château est rarement représenté pour lui-même avant le XIXe siècle et la période romantique car les artistes s'attachent plus à retranscrire un paysage urbain général ou bien l'activité portuaire de la ville[GA 70]. Le peintre anglais Turner, qui visite Nantes en 1826, réalise ensuite plusieurs aquarelles de la ville, dont des vues extérieures du château. Vers 1900, le photographe Frederick H. Evans, amateur d'art gothique, fait plusieurs clichés du château[GA 71]. Le monument apparaît également sur une toile du peintre français Pierre Justin Ouvrié, La Loire devant le château[GA 72]. Le château a servi de décor pour le ciné-roman Jean Chouan de Luitz-Morat, sorti en 1926[29].
Madame de Sévigné est reçue au château en 1675 par le lieutenant du roi, et elle raconte son séjour dans une lettre à sa fille : « j’arrivai ici à neuf heures du soir, au pied de ce grand château que vous connoissez, au même endroit par où se sauva notre cardinal. On entendit une petite barque ; on demande : « Qui va là ? » J’avois ma réponse toute prête, et en même temps je vois sortir par la petite porte M. de Lavardin […] qui vient me donner la main, et me reçoit parfaitement bien […] Je soupai fort bien ; je n’avois ni dormi, ni mangé de vingt-quatre heures. J’allai coucher chez M. d’Harouys. Ce ne sont que festins au château et ici »[30]. Stendhal a séjourné à Nantes en 1837, et dans Mémoires d'un touriste, publiées en 1854, il rend compte de sa visite du château. Il note erronément qu'il a été construit au IXe siècle et que ses tours remontent au XIVe siècle. Il note également que « les fenêtres du bâtiment, à droite de l’entrée principale, ont des chambranles décorés avec grâce », et qu'« une grande salle gothique, située vers la Loire, contient quelques barils de poudre […] La voûte est ornée de nervures élégantes »[31]. Gustave Flaubert a visité Nantes et il a vu son château, qu'il décrit dans Par les champs et par les grèves. Il remarque notamment « un vieux et beau puits orné d’un élégant couronnement de fer pour y suspendre des poulies » et « des canons, cirés comme des bottes ». Il voit aussi « deux ou trois soldats couchés sur le dos [qui] dormaient tranquillement au soleil et sans doute rêvaient à quoi? probablement que ce n’était ni au duc de Mercœur […] ni au cardinal de Retz […], et pas davantage à la reine Anne […]. S’ils rêvaient, n’était-ce pas plutôt aux bonnes parties de boules que l’on faisait le dimanche après vêpres, au jour où ils apercevront le coq du clocher par-dessus les arbres de leur village ou à la payse qu’ils y ont laissée ? »[32]. Dans La Forme d'une ville, l'écrivain Julien Gracq fournit une vision peu favorable du château, qu'il n'a jamais visité malgré ses nombreuses années de jeunesse passées à Nantes : « Je n'ai visité la cathédrale de Nantes, pour y voir le tombeau de François II, qu'à vingt-cinq ans, et le château de Nantes, admiré par Henri IV (je ne sais si je dois rougir d'une telle indifférence aux trois étoiles du bâtiment), jamais »[33].
Dimension symbolique
Le château est considéré comme l'un des monuments emblématiques et incontournables de Nantes. Au XXe siècle, il a ainsi figuré à l'agenda de trois visites présidentielles, celle de Gaston Doumergue en 1930, et celles de Charles de Gaulle en 1948 et en 1960. La première visite du général de Gaulle est placée sous le signe de la nécessité de l'union nationale et du souvenir de la guerre, tandis que la seconde, qui fait partie d'un grand tour en province pour appuyer la politique du gouvernement en Algérie, s'accompagne d'un concert folklorique et de danses bretonnes dans la cour du château[GA 73].
Malgré les usages très variés qu'il a connus au fil de son histoire, le château demeure étroitement lié au souvenir de la Bretagne ducale, même s'il n'a été construit dans sa forme actuelle qu'à la toute fin de cette période de l'histoire bretonne. En 1925, lorsque la municipalité songe à édifier un monument commémorant les Nantais morts en 1914-1918, le rapporteur de la commission propose le château, car selon lui, « c'est là , en effet, que nos ancêtres luttèrent pour l'indépendance de cette Bretagne qui nous est toujours chère et nos régiments ont prouvé au monde entier qu'ils possédaient les hautes vertus ». Cependant, le site n'est finalement pas choisi car la municipalité craint que le monument ne devienne un simple accessoire du château. Jusque dans les années 1920, le monument était simplement appelé « château de Nantes », terme neutre qui le rattache simplement à sa ville. L'expression « château des ducs de Bretagne » a été imaginée par l'écrivain Marc Elder en 1923, et elle s'est désormais imposée comme l'appellation officielle[GA 74].
Au fil du XXe siècle, la charge symbolique bretonne du château s'est développée, notamment sous l'impulsion du conservateur Joseph Stany-Gauthier, en poste des années 1920 aux années 1960. Celui-ci en a fait un lieu voué à la préservation et au rayonnement de la culture bretonne, notamment à travers le musée d'Art populaire régional et l'organisation de diverses manifestations publiques[GA 13]. Après la Seconde Guerre mondiale, l'édifice est devenu pour les partisans du rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne une preuve du destin breton de la ville de Nantes[GA 75]. Une première « fête de l'Unité » est ainsi organisée au château en 1976, trois ans après la toute première manifestation nantaise en faveur de la réunification, et elle est suivie par une deuxième fête en 1981[GA 74]. Dès le XVe siècle, le château a en outre servi d'argument nantais dans la dispute opposant Nantes et Rennes pour le titre de capitale bretonne[GA 76].
D'un autre côté, avec ses façades en tuffeau de Saumur ainsi qu'à travers le destin royal d'Anne de Bretagne, le château tisse un lien entre Nantes et le Val de Loire. Une statue signée Jean Fréour représentant la duchesse Anne est d'ailleurs placée devant l'entrée du château pour rappeler la place qu'elle tient dans l'histoire du monument[GA 75]. En 1932, le château est choisi par le président du conseil Édouard Herriot pour commémorer les 400 ans de l'union de la Bretagne à la France. Il dévoile à cette occasion la plaque qui commémore l'union dans la cour du château[GA 77].
Personnalités liées au château
Hôtes et résidents
Du XIIIe au XVe siècle, le château de la Tour Neuve, commandé par Guy de Thouars[BG 1], figure parmi les nombreuses résidences des ducs de Bretagne. Pierre Ier, duc de Bretagne, y séjourne souvent (sept séjours documentés)[GA 7] tandis que Jean IV[CB 2] et Arthur III[CB 3] y sont morts. François II, duc de Bretagne, reconstruit le château et en fait sa résidence principale[BG 5]. Son mariage avec Marguerite de Foix est célébré dans la chapelle du château[CN 6]. Le duc y reçoit le roi Louis XI en 1461[JSG 3].
Le mariage d'Anne de Bretagne avec deux rois de France fait ensuite entrer le château dans le cercle des demeures royales et il accueille de nombreux souverains jusqu'à la Révolution française. La duchesse Anne, née et élevée au château, y fait plusieurs séjours à l'âge adulte, surtout dans les années 1500[GA 78]. Charles VIII, son premier époux, y séjourne seul en 1491[GA 24] et avec elle en 1493[GA 9]. Louis XII épouse Anne de Bretagne dans la chapelle du château en 1499[CN 6], la cérémonie étant conduite par le cardinal de Rouen[JSG 3]. En vue des préparatifs du mariage, et notamment pour régler l'annulation du premier mariage du roi, Nicolas Machiavel séjourne au château en 1498[GA 79]. Louis XII revient au château en 1504 et 1510[CB 4]. François Ier, son successeur, séjourne au château en 1518 et en 1532. Lors du premier séjour, il est accompagné de sa femme Claude, duchesse de Bretagne, et lors du second, par sa seconde épouse, Éléonore de Habsbourg[34]. Marie Stuart, reine d'Écosse, alors enfant, séjourne au château en 1548[35]. Henri II, sa femme Catherine de Médicis et le Dauphin François séjournent au château en 1551[CN 6]. Charles IX fait un séjour en 1565[CN 6], et pendant les guerres de Religion, Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, loge au château et y entretient une cour dans les années 1590[PG 2]. Après que Mercœur a rendu les armes, Henri IV passe le mois d'avril 1598 au château[ME 6] et il y aurait peut-être signé l'édit de Nantes[12]. Il est accompagné de sa maîtresse Gabrielle d'Estrées[CB 5].
Louis XIII et Marie de Médicis séjournent au château en 1614[CN 6]. Le roi y revient avec sa cour et Richelieu en 1628, à l'occasion du mariage de Gaston d'Orléans, célébré au château[CN 6]. Louis XIV, dernier roi de France à loger au château, y séjourne en 1661. À cette occasion, il fait arrêter Nicolas Fouquet par D'Artagnan devant l'entrée du monument[CN 6]. Madame de Sévigné est reçue au château en 1675, et le roi d'Angleterre Jacques II, déposé et contraint à l'exil, y loge en 1686. En 1777, le château accueille son dernier visiteur de rang royal, le comte d'Artois, futur Charles X[CB 6]. Dirk van Hogendorp est commandant au château pendant les Cent-Jours[36].
Prisonniers notoires
Gilles de Rais, dit « Barbe-Bleue », est détenu au château en 1440 avant son exécution au Bouffay[CN 6]. Henri de Talleyrand, comte de Chalais y est emprisonné en 1626, convaincu d'un complot contre le cardinal de Richelieu ; ce complot est déjoué lors du séjour de Louis XIII à Nantes[CN 6]. Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz, est enfermé au château en 1654[BG 17]. Son évasion serait à l'origine de la chanson populaire Dans les prisons de Nantes[PC 2]. Le théologien Jean Le Noir meurt dans sa cellule en 1692[PC 1]. Les quatre principaux meneurs de la Conspiration de Pontcallec (Pontcallec, Montlouis, Talhouët et du Couëdic) sont détenus au château en 1719[BG 19]. François Louvard, dissident janséniste, est détenu en 1728, avant son transfert à la Bastille[PC 1]. Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, mieux connue sous son titre de duchesse de Berry, est l'une des dernières prisonnières du château, où elle a été détenue après son arrestation lors de la Chouanerie de 1832[ACD 3].
Pour approfondir
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Bertrand Guillet et Aurélien Armide, Le château des ducs de Bretagne : entre grandeur et renouveau : huit siècles d'histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 2e éd. (ISBN 978-2-7535-4879-4).
- Alain Salamagne, Jean Kerhervé et Gérard Danet, Châteaux et modes de vie au temps des ducs de Bretagne, XIIIe-XVIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-2262-6).
- Nicolas Faucherre et Jean-Marie Guillouët, Nantes flamboyante (1380-1530), Nantes, Société archéologique de Nantes et de Loire-Atlantique, , 282 p. (ISBN 978-2953737431).
- Olivier Pétré-Grenouilleau, Nantes, histoire et géographie contemporaine, Plomelin, Éditions Palantines, , 2e éd., 299 p. (ISBN 978-2-35678-000-3).
- Bertrand Guillet, Le château des ducs de Bretagne, huit siècles d'histoire, Nantes, Éditions Château des Ducs de Bretagne, coll. « Les indispensables », (ISBN 978-2906519596).
- Pierre Chotard, Dans les prisons de Nantes…, Nantes, Éditions Château des Ducs de Bretagne, coll. « Les indispensables », (ISBN 978-2-906519-71-8).
- Collectif, Château des ducs de Bretagne ; Musée d'histoire de Nantes, Nantes, Musée d'histoire de Nantes, , 107 p. (ISBN 9782906519114)
- Guy Saupin, Le Château des ducs de Bretagne, Nantes, Musée d'histoire de Nantes, , 20 p. (ISBN 978-2906519077)
- Guy Saupin, « Le château des ducs », dans Collectif, La mémoire d’une ville, 20 images de Nantes, Morlaix, Nantes-Histoire/Skol Vreizh, (ISBN 978-2911447594), p. 34-41
- Ouvrage collectif, Le Patrimoine des communes de la Loire-Atlantique, vol. 2, Charenton-le-pont, Flohic Ă©ditions, , 1383 p. (ISBN 2-84234-040-X)
- Anne-Claire Déré, Visite historique du château des ducs de Bretagne à Nantes, Saint-Herblain, Impr. CID, , 54 p. (ISBN 2-904633-14-6).
- Luc Benoist, Le château des ducs de Bretagne et ses collections, Nantes, Imp. Chiffoleau, , 88 p.
- Armel de Wismes, Le vieux Nantes, Nantes, Infolio, , 65 p. (ISBN 9782909449005)
- Joseph Stany-Gauthier, Le Château des ducs de Bretagne et ses musées : art populaire breton, arts décoratifs, Salorges, marine, Nantes, Imp. de Bretagne, , 40 p.
- Marc Elder, Le château des ducs de Bretagne, Nantes, Imprimerie du Commerce, , 109 p.
- Charles Bourgouin, Notice historique sur le château de Nantes, Nantes, impr. de Vve Mellinet, , 149 p.
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Ressources relatives Ă l'architecture :
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative au tourisme :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Le château des ducs de Bretagne sur la base Mérimée
Références
Sources bibliographiques
- Bertrand Guillet et Aurélien Armide, Le château des ducs de Bretagne : entre grandeur et renouveau : huit siècles d'histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes,
- p. 40.
- p. 62.
- p. 92.
- p. 33.
- p. 86.
- p. 83.
- p. 43.
- p. 115.
- p. 127.
- p. 407.
- p. 474.
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- p. 351
- p. 546.
- p. 547.
- p. 550.
- p. 517.
- p. 523.
- p. 178.
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- p. 154.
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- p. 155.
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- p. 158.
- p. 191.
- p. 181.
- p. 159.
- p. 129.
- p. 145.
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- p. 142.
- p. 416.
- p. 104.
- p. 373.
- p. 372.
- p. 521.
- p. 277.
- p. 249.
- p. 250.
- p. 253.
- p. 257.
- p. 261.
- p. 265.
- p. 268.
- p. 194.
- p. 413.
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- Alain Salamagne, Jean Kerhervé et Gérard Danet, Châteaux et modes de vie au temps des ducs de Bretagne, XIIIe-XVIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes,
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