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Parlement de Bretagne

Le parlement de Bretagne est l'assemblée constituée dès le XIIIe siècle par le duc de Bretagne. Initialement sous le nom de « parlement général » il devient un parlement de l'Ancien Régime créé — sous sa forme finale — en mars 1554[1] par un édit d'Henri II, à la demande des Bretons. Il est financé intégralement par la province. L'assemblée siège de manière permanente dans le palais du Parlement de Bretagne à Rennes à partir de 1655 jusqu'à sa dissolution par la Révolution française en février 1790 (sauf un exil à Vannes de 1675 à 1690). Le Parlement de Bretagne disparaît avec la Révolution lors de la suppression générale des institutions judiciaires d'ancien régime.

Parlement de Bretagne
Logo de l'organisation
Situation
Création
Type Parlement
Siège Palais du Parlement de Bretagne (Rennes)
Langue Français
Organisation
En-tête d'un arrêt de règlement du parlement de Bretagne (1679).

Chronologie

  • Dès le XIIIe siècle : le nom de « parlement » est donnĂ© aux assemblĂ©es de vassaux du duc de Bretagne (barons, Ă©vĂŞques, abbĂ©s) se rĂ©unissant pour dĂ©libĂ©rer, le « parlement gĂ©nĂ©ral » Ă©tant l'assemblĂ©e de tous les nobles du duchĂ©, rĂ©unie pour rĂ©gler des affaires d'ordre judiciaire ou fiscal.
  • 1382 : apparition auprès du duc d'une charge de « prĂ©sident de Bretagne » ou « prĂ©sident en parlement »[2].
  • 1398 : un corps de conseillers spĂ©cialement affectĂ©s aux questions judiciaires est distinguĂ© du grand conseil.
  • 1408 : le « parlement gĂ©nĂ©ral » (assemblĂ©e la plus large) prend le nom d'« Ă©tats de Bretagne », se distinguant du « parlement ordinaire »[2].
  • 1477 : le duc François II dĂ©fend contre le roi de France les privilèges des « Grands Jours que on dit le parlement de Bretagne ».
  • 1485 () : afin de ne plus permettre les appels au parlement de Paris, François II dĂ©cide l'Ă©tablissement d'une cour souveraine qui doit siĂ©ger invariablement Ă  Vannes du au de chaque annĂ©e (en fait il semble qu'elle n'ait siĂ©gĂ© qu'une fois, en 1486). Le nom de parlement de Bretagne, prĂ©cĂ©demment utilisĂ© pour nommer les Ă©tats de Bretagne, s'impose bientĂ´t pour cette cour* [3].
  • 1492 () : devenu maĂ®tre de la Bretagne, le roi Charles VIII prend le contrĂ´le de ses structures administratives : soumission du parlement de Bretagne, dĂ©sormais appelĂ© « Grands Jours », Ă  l'appel Ă  celui de Paris; suppression de la chancellerie en . Cette cour est appelĂ©e dans une ordonnance royale de novembre 1493 : « nostre parlement et Grand Jours en icelui pays ». Une bataille s'enclenche sur l'appellation, pour savoir s'il s'agit d'un « parlement » comme le parlement de Paris, c'est-Ă -dire d'une « cour souveraine » statuant en dernier ressort, sans appel ni cassation (et aussi s'il s'agit d'une cour permanente).
  • 1493 : première session du premier jeudi de carĂŞme au samedi de Pâques (deuxième en septembre 1494, troisième en septembre 1495, sessions rĂ©unies Ă  la convenance du roi, et sur convocation). La composition, au choix du souverain, est 8 conseillers clercs (ecclĂ©siastiques) et 12 conseillers lais, plusieurs pris dans le Parlement de Paris. Les deux prĂ©sidents Ă©taient Jean de Ganay, prĂ©sident au parlement de Paris, et Roland du Breil, sĂ©nĂ©chal de Dinan puis de Rennes, prĂ©sident du parlement de Bordeaux (frère d'Olivier du Breil, sĂ©nĂ©chal de Rennes, juge universel de Bretagne (1466), procureur gĂ©nĂ©ral Ă  la chambre des comptes de Bretagne (1444), prĂ©sident au parlement du duc de Bretagne en 1466).
  • 1495 () : une ordonnance Ă©tablit dĂ©finitivement l'institution, qui se rĂ©unit chaque annĂ©e du 1er septembre au , en mĂŞme temps que les Ă©tats de Bretagne.
  • 1499 lors de l'union avec Anne de Bretagne Louis XII signe une lettre-traitĂ© de 13 clauses publiĂ©e le ou il rĂ©tablit le parlement de Bretagne comme « cour souveraine » ainsi que la chancellerie, le conseil, la chambre des comptes, la trĂ©sorerie et la justice[4].
  • 1500 () : une ordonnance de Louis XII fixe le lieu des sessions Ă  Vannes, qui est Ă©galement le lieu de rĂ©union le plus frĂ©quent des Ă©tats (le nom employĂ© est « parlement » et non « Grands Jours »).
  • 1512 : le second prĂ©sident (breton) du Parlement, Maure de Quenec'hquivilly, reprend le titre de « prĂ©sident de Bretagne ».
  • 1515 () : François Ier confirme « les ordonnances et constitutions du parlement dans leur forme et teneur » et le privilège de Vannes de l'hĂ©berger.
  • 1522 : les Ă©tats de Bretagne font remontrance au roi d'une infraction aux engagements pris : « nul ne doibt estre receu au parlement de Bretagne qu'il ne soit originaire du pays ou conseiller en la cour du parlement de Paris ».
  • 1526 () : un Ă©dit de François Ier ajoute 10 conseillers aux 29 existant Ă  l'Ă©poque, et un troisième prĂ©sident. Il y a deux chambres siĂ©geant « concurremment » et ayant les mĂŞmes pouvoirs. Les effectifs doivent ĂŞtre partagĂ©s Ă  peu près Ă©galement entre ecclĂ©siastiques et laĂŻcs et entre Bretons et non-Bretons. La durĂ©e des sessions est portĂ©e de 35 Ă  50 jours.
  • 1532 : union de la Bretagne Ă  la France (en septembre, François Ier s'engage Ă  entretenir la justice « en la forme et manière accoutumĂ©e, c'est Ă  savoir le parlement, conseil et chancellerie, chambre des comptes, assemblĂ©e des Ă©tats »).
  • 1547 () : Henri II supprime 13 charges (les faisant passer de 39 Ă  26) et revalorise fortement les gages (qui Ă©taient très bas, entraĂ®nant un fort absentĂ©isme), mais il crĂ©e une troisième chambre.
  • 1549 : une nouvelle rĂ©forme de la justice provoque le transfert du parlement de Vannes Ă  Nantes.
  • 1552 () : les Ă©tats de Bretagne revendiquent clairement la crĂ©ation d'un « parlement ordinaire » (c'est-Ă -dire ne siĂ©geant pas que 50 jours par an) avec des pouvoirs Ă©gaux Ă  ceux du parlement de Paris (sans possibilitĂ© d'appel de l'un Ă  l'autre).
  • 1554 (mars) : crĂ©ation du parlement de Bretagne (cour souveraine) par l’édit de Fontainebleau, siĂ©geant alternativement Ă  Rennes (aoĂ»t – octobre) et Ă  Nantes (fĂ©vrier – avril). Les magistrats de l'ancien « parlement » sont intĂ©grĂ©s de droit au nouveau. Le Roi Henri II ordonne une consultation gĂ©nĂ©rale sur le siège des villes ayant dĂ©putation aux Ă©tats de Bretagne. Ces dernières prĂ©fèrent Nantes Ă  57 %[5].
  • 1554 () : première session Ă  Rennes suivie de la deuxième Ă  Nantes le .
  • 1557 (juin) : fixation Ă  Nantes des deux sessions : chaque session partagĂ©e entre la Grand-Chambre et la Chambre des enquĂŞtes. Soixante juges.
  • 1561 () : fixation Ă  Rennes des deux sessions (couvent des Cordeliers).
  • 1575 (dĂ©cembre) : crĂ©ation de la chambre criminelle, la Tournelle.
  • 1580 (septembre) : crĂ©ation de la chambre des requĂŞtes, rendant des sentences elles-mĂŞmes sujettes Ă  appel devant le parlement.
  • 1591 : dĂ©but des prolongations des sessions, sans augmentation des gages.
  • 1598 () : amnistie des parlementaires ligueurs de la Cour Ă©tablie Ă  Nantes en 1589 par le Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de MercĹ“ur.
  • 1599-1600 : interdiction des magistrats de la sĂ©ance d'aoĂ»t.
  • 1600 (juillet) : les sessions deviennent semestrielles : fĂ©vrier Ă  juillet et aoĂ»t Ă  janvier.
  • 1631 : conflit avec Richelieu Ă  la suite de la restauration du droit d'ancrage.
  • 1668 () : crĂ©ation de la chambre de rĂ©formation de la noblesse de Bretagne (qui siège jusqu'en 1671).
  • 1675 () : Louis XIV transfère la cour Ă  Vannes pour punir Rennes d'avoir participĂ© Ă  la rĂ©volte du papier timbrĂ©.
  • 1690 (1er fĂ©vrier) : première sĂ©ance Ă  la suite du retour de la cour Ă  Rennes.
Carte des Parlements en 1789.
  • 1704 (fĂ©vrier) : crĂ©ation d'une chambre d'appel des affaires concernant les eaux et forĂŞts ; chambre rĂ©unie peu de temps après au corps des officiers.
  • L’incendie de Rennes de 1720 Ă©pargne le bâtiment grâce au premier prĂ©sident du Parlement de Bretagne, Pierre de Brilhac, qui a fait remplir les plombs entourant le bâtiment d'eau[6].
  • 1724 (mars) : une seule sĂ©ance annuelle du au et crĂ©ation d'une chambre des vacations pour certaines affaires durant les vacances ; une deuxième chambre des enquĂŞtes est crĂ©Ă©e ainsi qu'une deuxième chambre des requĂŞtes pour une courte durĂ©e.
  • 1769 () : rĂ©tablissement du parlement dans son intĂ©gritĂ© après l'affaire du Duc d'Aiguillon (1766).
  • 1771 (septembre) : suppression du parlement en consĂ©quence du coup de majestĂ© suggĂ©rĂ© Ă  Louis XV par le chancelier de Maupeou.
  • 1774 (septembre) : rappel du parlement Ă  la suite de l'avènement de Louis XVI.
  • 1788 : très forte opposition du parlement aux Ă©dits fixant la crĂ©ation de « grands bailliages ». Le parlement refuse de nommer des dĂ©putĂ©s aux Ă©tats gĂ©nĂ©raux.
  • 1789 : dernière sĂ©ance.
  • 1790 () : fin de l'existence lĂ©gale. Cependant l'annulation, du seul fait de l'AssemblĂ©e Constituante française, par un acte unilatĂ©ral, n'a jamais Ă©tĂ© entĂ©rinĂ©e par les parlementaires bretons, qui l'ont dĂ©clarĂ©, le mĂŞme jour « de nullitĂ© absolue et Ă  perpĂ©tuitĂ© » par la voix du prĂ©sident Ă  Mortier du Parlement Jean-Baptiste Le Vicomte de la Houssaye convoquĂ© Ă  l'AssemblĂ©e le dĂ©clarant que celle-ci Ă©tait illĂ©galement constituĂ©e et que les dĂ©putĂ©s bretons n'avaient pas Ă©tĂ© lĂ©galement mandatĂ©s (Thèse Toublanc) et par la voix de RenĂ©-Jean de Botherel du Plessis, procureur gĂ©nĂ©ral des Ă©tats de Bretagne qui a publiĂ© un texte (Protestations)[7] oĂą il dĂ©clare formellement s'opposer aux dĂ©crets de l'AssemblĂ©e[8]. Il charge les citoyens de l'Europe future de la promulguer. La protestation[9] Ă©tant un acte de droit public pour s'opposer officiellement Ă  un acte unilatĂ©ral contraire au droit des traitĂ©s.
  • 1804 : le palais du Parlement abrite la cour d'appel de Rennes.
  • 1994 () : incendie du palais du Parlement Ă  la suite d'une manifestation de marins pĂŞcheurs durant la visite du Premier ministre, M. Édouard Balladur. Le centre-ville de Rennes est par ailleurs gravement endommagĂ©, le service d'ordre dont l'essentiel Ă©tait mobilisĂ© pour assurer la sĂ©curitĂ© du Premier ministre, n'ayant pu contenir les troubles.
  • 1999 : après cinq ans de travaux Ă  la suite d'un incendie, la cour d'appel peut reprendre son activitĂ© dans le Parlement.
Incendie de Rennes de 1720Révolte du papier timbréÉdit de Fontainebleau (1554)Grands JoursCour souveraine

RĂ´le du Parlement sous l'Ancien RĂ©gime

Comme les autres parlements de France sous l'Ancien Régime, le Parlement de Bretagne est une cour de justice, cour souveraine rendant principalement des arrêts sur appel des sentences de juridictions inférieures.

Les parlements possédaient également des prérogatives législatives les autorisant à affirmer une certaine autonomie à l'égard du pouvoir royal. Les Bretons étant intéressés à défendre les droits de la province préservés par le traité d'union avec la France, les « libertés bretonnes », l'exercice de ce pouvoir de contestation par le parlement breton tint une place dans la vie de cette institution et par conséquent dans la vie de toute la province. Il est également un organe de contrôle royal car l’organisation hiérarchisée des justices royales et les fonctions administratives qui lui reviennent lui donnent une autorité sans précédent et longtemps sans équivalent sur la société bretonne[10].

À cette motivation de résistance aux innovations royales, s'est mêlée la défense de ses attributions institutionnelles et comme corporation aristocratique celle des privilèges de la noblesse. Il est selon les moments et les situations le rival ou l’allié de la seconde grande institution locale des États de Bretagne.

Compétence judiciaire

Si par sa vocation première, le Parlement de Bretagne est essentiellement occupé par les appels des jugements rendus dans son ressort tant en matière civile qu'en matière criminelle, il avait à instruire et à intervenir comme juridiction de première instance dans une large palette de procès et questions particulières qui échappaient pour des motifs divers aux compétences des autres juridictions de la province.

Les officiers des amirautés doivent être reçus par la Chambre des requêtes (examen de la loi et information de « bonnes vie et mœurs », sentence de réception).

Première instance

  • affaires relatives aux « privilèges, prĂ©rogatives et prĂ©Ă©minences des anciens barons de Bretagne »
  • affaires concernant les chapitres ; les fiefs des Ă©vĂŞques (rĂ©gaires)
  • affaires concernant les officiers royaux et les ecclĂ©siastiques (Ă  la suite de « lettres de committimus »)
  • affaires survenues dans l'enceinte du parlement
  • abus ou malversation des greffiers, huissiers et procureurs
  • affaires concernant les privilèges des villes, communautĂ©s et paroisses
  • Ă©tablissement des règlements des foires et marchĂ©s
  • questions de police gĂ©nĂ©rale (sur demande du parquet)
  • affaires de « prises Ă  partie »
  • contestations des juges relatives Ă  leurs charges
  • conflits de juridiction
  • contestations contre les taxes et Ă©pices
  • questions de choix de la juridiction pour les affaires de saisie dans plusieurs ressorts
  • questions de tutelle, ou concernant les « interdits » et insensĂ©s

Appels omisso medio

  • appels « comme de juge incompĂ©tent »
  • appels de juridictions royales concernant le « possessoire » des bĂ©nĂ©fices (hors prĂ©sidiaux)
  • appels de « dĂ©ni de justice » et de « renvoi »
  • appels des jugements rendus par le juge prĂ©vĂ´t, conservateur des privilèges de l'universitĂ© de Nantes
  • appels des juridictions des rĂ©gaires ou des chapitres
  • appels « comme d'abus »
  • appels des « saisies rĂ©elles » et simples permissions de saisir
  • appels des baux judiciaires, des « bannies », des adjudications d'immeubles
  • appels des sentences rendues sur la qualitĂ© d'« hĂ©ritier bĂ©nĂ©ficiaire »
  • appels des sentences consulaires et arbitrales

Procès civils

En ce qui concerne les arrêts de la Grand-Chambre et si on ne tient pas compte de quelques procès ayant duré plus de dix ans, le délai entre la sentence de première instance (présidial) et l'arrêt d'appel est de deux à trois ans jusqu'au début du XVIIIe siècle, mais augmente régulièrement et dépasse cinq années à la fin du siècle[11].

Pour le même échantillon d'arrêts, le parlement confirme le jugement dans 60 % des cas ; il est cassé dans 30 % des cas, quelques-uns étant l'objet d'une évocation devant la Cour (restent moins de 10 % d'arrêt avant faire droit…). Plus de la moitié des procédures concernent des questions de successions, de propriété et d'obligation[11].

Compétence administrative

Le Parlement de Bretagne possédait quelques prérogatives administratives telle que la tutelle des paroisses ou la police générale. Les contentieux et doléances dont il était instruit lui permettaient d'être informé des difficultés assez générales pour justifier des arrêts dits de règlement dépassant le cadre strictement judiciaire. De même, les ordonnances et édits royaux pouvaient demander une adaptation plus ou moins immédiate. Une des grandes innovations des lois des 16 et sera d'ailleurs la distinction des tribunaux judiciaires et administratifs.

Les paroisses devaient demander son accord avant toute levée de deniers destinée à ses besoins propres (réparations) : on dénombre ainsi quarante demandes de paroisses bretonnes pour un semestre de 1693.

Les recteurs devaient faire la publicité de ces arrêts, les plus généraux étant parfois appelés « arrêts de règlement », ainsi beaucoup des arrêts rendus sur remontrance du procureur général du roi se terminaient-ils par la formule : « lequel sera imprimé, lu, publié, enregistré et affiché à l'issue des grandes messes paroissiales et partout où besoin sera. » sans qu'on sache d'ailleurs qui décidait cette répartition.

Composition

Le nombre et le rôle de parlementaires a varié au cours du temps.

Sous les ducs de Bretagne, la composition était très variable. D’abord composés essentiellement des personnages importants, ils sont remplacés par des juristes.

Effectifs

La composition initiale est fixée par l’édit de Fontainebleau de mars 1554 : 4 présidents et 32 conseillers (plus un procureur général et 2 avocats généraux), recrutés pour moitié parmi les « originaires » (c'est-à-dire les Bretons) et pour moitié parmi des « non-originaires » (appelés aussi les conseillers « françois », venant pour la plupart de Normandie, d'Anjou, de Touraine ou de Poitou), ceci afin d'éviter que l'institution ne devienne un foyer de particularisme provincial. Les « originaires » sont pour la plupart des gentilshommes bretons appartenant à la noblesse d'épée, les « non-originaires » étant plutôt issus de la noblesse de robe ou de la bourgeoisie. 8 nouveaux offices de conseillers sont ajoutés dès 1556, et 4 offices « non-originaires » en 1557 (réservés à des maîtres des requêtes et conseillers du Parlement de Paris). En 1570, le roi Charles IX supprima des offices pour exclure les huguenots de la Cour (en principe 13 offices, mais certains se maintinrent par une profession de foi catholique). En 1575, une chambre criminelle, la « Tournelle », étant constituée, 2 présidences et 12 offices de conseillers, dont 7 non-originaires, sont ajoutés. 2 présidences furent ajoutées en 1580. En 1581, pour des raisons surtout fiscales (l'accès aux offices étant conditionné par l'acquittement de la « finance », d'ailleurs très élevée), 16 nouveaux offices sont créés, dont en principe 8 de conseillers-clercs (c'est-à-dire ecclésiastiques), mais la Cour oppose sa force d'inertie à cet élargissement, et finalement seuls les 8 offices laïcs sont vraiment créés en 1588[12].

Par la suite, l'institution résista toujours à l'élargissement de ses effectifs. Il y eut quand même 4 offices de conseillers créés en 1631, et 9 présidences et 10 offices de conseillers (dont 8 charges pour les « originaires ») lors d'une grande réforme qui eut lieu en 1704.

Au milieu du XVIIIe siècle, la composition donnée par l'Encyclopédie Diderot-D'Alembert est la suivante : un premier président, neuf présidents à mortier, six présidents aux enquêtes, deux aux requêtes, quatre-vingt-quatorze conseillers, douze commissaires aux requêtes, un procureur général, deux avocats généraux ; plus cinq greffiers, dix-neuf huissiers, et cent quarante avocats et cent huit procureurs.

Divisions

En 1557, les effectifs étant répartis entre session de février (de février à avril) et session d'août (d'août à octobre), on distingua une grand-chambre, avec deux présidents et quinze conseillers dont huit non-originaires, et une chambre des enquêtes, avec deux présidents et onze conseillers (six français et cinq bretons). En 1575 s'ajouta la Chambre criminelle (la « Tournelle »), composée d'un personnel pris à tour de rôle dans la Grand-Chambre et la Chambre des Enquêtes. Une chambre spéciale pour les affaires d'eaux et forêts, pêche et chasse, fut créée par la réforme de 1704. Celle de 1724, qui supprima les deux sessions et rendit le parlement annuel, comme celui de Paris (du lendemain de la Saint-Martin, le , à la Saint-Barthélémy, le ), créa une seconde chambre des enquêtes et une chambre des requêtes pour le service ordinaire et une chambre des vacations pour la période des vacances.

Liste des premiers présidents

Voici la liste des premiers présidents (d'origine extérieure à la Bretagne sauf le dernier ; de 1493 à 1554, présidents au parlement de Paris, sauf Antoine Le Viste qui ne l'est qu'à partir de 1523, venant en Bretagne seulement pour la session de 35, puis 50 jours, et pas tous les ans)[13]

Liste des seconds présidents, « présidents de Bretagne », de 1493 à 1554

Le titre de « président de Bretagne », qui existait depuis 1382, disparaît avec la création du parlement souverain en 1554.

Liste des présidents à mortier du parlement de Bretagne

Liste des présidents des enquêtes du parlement de Bretagne

Liste des présidents des requêtes du parlement de Bretagne

Archives

Les archives du parlement de Bretagne n'ont pas subi de destructions particulières ; réparties entre les nombreuses sections de la sous-série 1 B, elles sont conservées par les archives départementales d'Ille-et-Vilaine. Si les fonds du criminel (appels ; 1 B g et 1 B n) ont été la base de nombreux mémoires et thèses d'histoire, les fonds des chambres civiles n'ont à peu près pas été exploités.

Notes et références

  1. Du Rusquec 2007, p. ??
  2. Armand Rébillon, Les États de Bretagne de 1661 à 1789. Leur organisation, l'évolution de leurs pouvoirs, leur administration financière (thèse, Faculté des lettres, Paris), Imprimeries Réunies, (BNF 34139961, lire en ligne), p. 20
  3. Ernest Texier 1905.
  4. dom.Morice tome III articles 815 à 818 Mémoires pour servir de preuves à l'histoire ecclésiastique et civile de Bretagne.
  5. Nantes et la Bretagne, Ă©ditions Skol Vreizh
  6. Michel de Mauny, L’ancien comté de Rennes ou pays de Rennes, p. 42.
  7. jean rené de Botherel du Plessis, Protestations, Nantes, (lire en ligne)
  8. René-jean De Botherel Du Plessis, "Protestations" 13 février 1790 , publiées à Nantes et Southampton 1791
  9. Robert kolb, La bonne foi en droit international public, Genève, (lire en ligne), de l'acte unilatéral en droit international - et - de la Protestation :- la bonne foi et les sources du droit international - section III - Bonne foi et actes unilatéraux (p323/338)Les actes unilatéraux ont-ils une force obligatoire ?La "Protestation officielle" relève de la troisième catégorie, car elle préserve les droits menacés par les principes du silence qualifié ou de la prescription.la théorie de l'absence de force obligatoire : ".... En droit international l’acte unilatéral n’est pris en compte que dans le contexte conventionnel, car on ne saurait créer une norme internationale sans le consentement des sujets parties au rapport juridique."
  10. Jean Quéniart, « Les États de Bretagne au carrefour des pouvoirs », Liame. Histoire et histoire de l’art des époques moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, no 23,‎ (ISSN 1291-7206, DOI 10.4000/liame.140, lire en ligne, consulté le )
  11. Séverine Debordes-Lissillour, Les sénéchaussées royales de Bretagne, Presses universitaires de Rennes, 2006.
  12. Xavier d'Haucourt, « Une dynastie de "non-originaires" au Parlement de Bretagne : la famille Des Cartes (1585-1736) », Annales de Bretagne, vol. 44-3-4, 1937, p. 408-432.
  13. Saulnier 1991, p. 1

Voir aussi

Bibliographie

  • Collectif, « Parlements de l'Ouest », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, PUR, t. 122, no 3,‎ (ISSN 0399-0826, lire en ligne).
  • Henri CarrĂ©, Le Parlement de Bretagne après la ligue (1598-1610), Paris, Maison Quantin, .
  • Fleury Vindry, Les parlementaires français au XVIe siècle, Librairie HonorĂ© Champion, Paris, 1910, tome 1, 2e fascicule, Parlements d'Aix, Rouen, Rennes, Turin, (lire en ligne)
  • Alain Croix (dir.), Le Parlement de Bretagne, histoire et symboles, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, (ISBN 2-909275-35-3).
  • Jean Egret, Louis XV et l'opposition parlementaire (1715-1774), Paris, Armand Colin, .
  • Marie-Laure Legay, Les États provinciaux dans la construction de l'État moderne aux XVIIe et XVIIIe siècles, Genève, Droz, .
  • J. de La Martinière, Annales de Bretagne, , « Le parlement de Bretagne sous les rois de France », p. 219.
  • J. de La Martinière, Annales de Bretagne, 1930, Volume 39, no 39-2, p. 187-222.
  • Arthur le Moy, Le parlement de Bretagne et le pouvoir royal au XVIIIe siècle, Angers, Burdin, .
  • Emmanuel Du Rusquec, Le Parlement de Bretagne, Rennes, Ouest-France, , 187 p. (ISBN 978-2-7373-4272-1).
  • FrĂ©dĂ©ric Saulnier, Le Parlement de Bretagne : 1554-1790, Mayenne, Imprimerie de la Manutention, , 29 p. (ISBN 2-85554-047-X).
  • Werner Szambien, Simona Talenti et Yannis Tsiomis, Le parlement de Bretagne, naissance et renaissance d'un palais, Marseille, Éditions Parenthèses, , 122 p. (ISBN 2-86364-083-6, lire en ligne).
  • Ernest Texier, Des appels du parlement de Bretagne au parlement de Paris, .
  • Ernest Texier, Étude sur la Cour ducale et les origines du Parlement de Bretagne (thèse de droit), Rennes, J. Plihon et L. Hommay, (BNF 31448054, prĂ©sentation en ligne).
  • Dominique Irvoas-Dantec et Philippe Bohuon, Le parlement de Bretagne, Rennes, Paris, Monum, Éd. du patrimoine, coll. « ItinĂ©raires », , 64 p. (ISBN 2-85822-852-3, ISSN 1159-1722).
  • Le Goarnig Kozh, L'affaire du Parlement de Bretagne (rĂ©sumĂ© du livre), Rennes, Éditions des États de Bretagne,1995 (ISBN 2-910-94700-9).

Articles connexes

Liens externes

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