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Regelbau

Regelbau (qui peut être traduit par construction normalisée) est un terme allemand désignant sous le Troisième Reich un modèle standard de construction de bunkers depuis leurs fondations jusqu'à leur équipement intérieur et leur armement éventuel.

Plan d'un bunker

Il fut utilisé notamment pendant la construction de la ligne Siegfried et du mur de l’Atlantique.

Contexte

Dès 1933, le commandement de l’armée allemande commence à travailler sur la standardisation des ouvrages défensifs avec la publication de l’« Ordre pour la construction de fortifications permanentes » (Vorschrift zum Bau ständiger Befestigungsanlagen ou B. st. B).

En plus des instructions générales, il contenait également des règlements très spécifiques sur les composants blindés (Panzerungsteilenou P-Teile) et les composants de ventilation (LüftungsteilenouML-Teile) à utiliser. L’aspect le plus important de la normalisation était l’épaisseur de construction (Ausbaustärke). Cela faisait référence à l’épaisseur des murs et des plafonds du bunker. Au cours de la construction de la ligne Siegfried, des modifications ont été apportées à plusieurs reprises à la liste des composants à utiliser. Cela s’explique par l’évolution continue de la technologie des armes ainsi que par la disponibilité des composants blindés et des matières premières en général.

Développement des bâtiments standards de 1936 à 1940

Après la remilitarisation de la Rhénanie, les ingénieurs se penchèrent sur la construction d'une ligne de défense de long de la frontière ouest en 1936. À partir de fortifications déjà existantes, les ingénieurs développèrent rapidement des bâtiments améliorés, qui seront construits à partir de 1937. Ce programme de construction portait alors le nom de programme de construction pionnier (en allemand : Pionier-Bauprogramm) et se caractérisait par des bâtiments dans la force d’expansion B1. Étant donné que la résistance à l’expansion des structures achevées a rapidement été jugée trop faible et qu’il y avait un nombre important et donc déroutant de bâtiments standard, de nouveaux bâtiments standard tels que le bâtiment standard de type 10 ont été développés et exécutés à partir de 1938. Ces bâtiments se caractérisaient avant tout par une simplification et une réduction des types de construction standard. Le programme de construction a été nommé Limes-Programm.

C'est à cette époque que la construction des blockhaus fut confiée à l’organisation Todt (OT), un groupe de génie civil fondé par Fritz Todt initialement pour la construction des autoroutes et qui va alors uniquement se consacrer au génie militaire avec la construction de fortifications. L'OT répondait directement à Hitler.

Les plans du ne prévoyaient pas encore de protéger les villes d’Aix-la-Chapelle et de Sarrebruck. Un nouveau programme fut créé en 1939 pour remédier à ce problème. À partir de cette année, de nouveaux types de construction standard ont été conçus et les épaisseurs des murs ont augmenté. Désormais, seuls les bâtiments B neufs et A devaient être érigés.

Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale le , les priorités pour la construction du mur ouest changèrent. En raison de pénuries de matières premières, le dernier programme de construction a été dominé par des bâtiments standards qui ont souffert de mesures d’austérité massives. Ainsi, les cloches d’observation et les systèmes d’accompagnement n’ont plus été fournis et les salles sont devenues plus petites.

Bâtiments standard au mur de l’Atlantique de 1940 à 1944

Lors de l'occupation de l'Europe de l'Ouest et avec la menace d'un dĂ©barquement alliĂ©, 8 119 bunkers ont Ă©tĂ© construits pour le mur de l’Atlantique.

Pour des raisons d’efficacité, des bâtiments spécifiques pour chaque branche armée furent également développés. Le type d’arme nécessitait l’armement des installations individuelles, de sorte que le radar de Würzburg était exploité par la Luftwaffe, les batteries de canons particulièrement lourdes et les batteries anti-navires étaient elles souvent par la Kriegsmarine. Les différents bâtiments standard ont été construits en modules, à des fins de protection et disposés en fonction de la topographie. Par exemple, les batteries anti-navires étaient situées près de la plage, les postes de contrôle des incendies ont été surélevés et les installations de munitions et d’équipage ont été déplacées plus en arrière. Les modules individuels étaient reliés soit par des tranchées plus ou moins fortifiées, soit par des chemins couverts.

Objectif

Les objectifs de la standardisation de la conception et de la construction des bunkers présentait plusieurs avantages :

  1. Maintien de caractéristiques de conception éprouvées lors de la construction de nouveaux bunkers ;
  2. Fabrication simplifiée de grandes quantités, par exemple es composants : ventilation, blindages (portes, créneaux de tir, cloche blindée) alimentation et distribution électrique, chauffage, ameublements (lit, table, armoire, etc.) auprès des industriels concernés ;
  3. Amélioration de l’arpentage des chantiers de construction en fonction de la situation tactique ;
  4. Processus de construction simplifié par un chiffrage précis des besoins (terrassement, béton, ferraillage) et donc amélioration des délais de construction ;
  5. Approvisionnement plus facile en matériaux sur le chantier.

Des plans sont établis sur lesquels il est noté la masse de béton à utiliser, le volume de terre remuée pour le terrassement, la masse de fer à fournir. Pour la construction ce sera l’affaire de l’organisation Todt[1].

Épaisseurs des murs

L'épaisseur des murs était divisée en plusieurs catégories :

  • A = 3,5 m
  • A1= 2,5 m
  • B nouveau = 2,0 m
  • B ancien= 1,5 m
  • B 1= 1,0 m
  • C= 0,6 m
  • D= 0,3 m

Catégories

Plusieurs catégories de bâtiments existent et sont répertoriés par des chiffres et des lettres : du numéro 1 au numéro 704 pour les installations de l’armée de terre (en allemand Heer)[2].

Plusieurs publications de Regelbauten se sont succédé depuis 1938. Le Regelbau principalement utilisé par les ouvriers de l’OT pour la construction du mur de l’Atlantique correspond à la série 600, disponible à partir de novembre 1942 et comprenant 108 modèles de construction[2].

Typologie

Plus de 700 types d'ouvrages furent ainsi dĂ©finis pour les trois armĂ©es (Heer, armĂ©e de terre, Luftwaffe, armĂ©e de l'air et Kriegsmarine, marine) : casemate de tir, poste de commandement, abri pour le personnel, centre de secours, cuisines, rĂ©servoirs d'eau, soute pour munitions, etc. Sauf pour les ouvrages de la Heer, le numĂ©ro de la construction est prĂ©cĂ©dĂ© d'une lettre identifiant l'armĂ©e ou la catĂ©gorie. Ainsi un M pour la Kriegsmarine, un L pour la Luftwaffe. Le S dĂ©signe des ouvrages lourds (Schwere en allemand) comme les batteries lourdes du Pas-de-Calais, du Danemark ou de Norvège par exemple. Les lettres Fl dĂ©signent les types d'ouvrages de la DCA de marine, c'est-Ă -dire celles servies par des unitĂ©s de marine autour des grands ports ou des bases pour U-Boot par exemple.

Ainsi, le type M 272 désigne un type de casemate abritant un canon que l'on retrouve à la batterie de Longues-sur-Mer en Normandie mais aussi à la batterie Heerenduin aux Pays-Bas. Le type S 414 quant à lui, est un poste de direction de tir pour batterie lourde sur objectif marin. Le Grand Blockhaus à Batz-sur-Mer est l'exemplaire unique en France de ce type et est aujourd'hui un musée.

Exemples de modèles de construction

  • 229 : support de radars FuMo 214[3]
  • 270 : batterie de tir adapter Ă  la configuration des batteries françaises dĂ©jĂ  en place[4]
  • 400 : plateforme de tir pour canon antiaĂ©rien
  • 410 : plateforme de tir pour canon antiaĂ©rien destinĂ©s protĂ©ger des installations radars[5]
  • 479 : poste de commandement de la chasse nocturne et diurne[6]
  • 600 : encuvement pour 50 mm KwK sur abri/soute
  • 601 : abri pour Pak avec toit blindĂ©
  • 602 : abri pour vĂ©hicule blindĂ©
  • 603 : abri pour deux engins blindĂ©s
  • 604 : abri pour canon I
  • 605 : abri pour canon II
  • 606 : abri pour projecteur de 600 mm et machines
  • 607 : soute Ă  munitions II
  • 608 : poste de commandement de bataillon ou de rĂ©giment (1 Ă©tage)
  • 609 : poste de commandement de bataillon ou de rĂ©giment (2 Ă©tages)
  • 610 : poste de commandement de compagnie renforcĂ©e ou de batterie
  • 611 : casemate pour canon de campagne
  • 612 : casemate pour canon de campagne, sans locaux annexes
  • 613 : poste d’observation d’artillerie avec cloche
  • 614 : poste d’observation d’artillerie avec cloche (2 Ă©tages)
  • 615 : poste d’observation d’artillerie avec toit blindĂ©
  • 616 : grand poste de liaisons
  • 617 : poste de transmissions
  • 618 : centre de transmissions pour Ă©tat-major
  • 619 : abri pour machines
  • 620 : casemate pour MG sous blindage sur pente
  • 621 : abri pour un groupes de combat
  • 622 : abri pour deux groupes de combat
  • 623 : casemate pour MG sous blindage
  • 623 : casemate pour MG sous blindage
  • 624 : casemate pour MG sous casemate blindĂ©e
  • 625 : casemate pour 75 mm Pak 40
  • 625b : casemate pour 75 mm Pak 40
  • 626 : casemate pour 75 mm Pak 40 avec toit blindĂ©
  • 627 : poste d’observation d’artillerie avec crĂ©neau blindĂ©
  • 628 : abri pour un groupe sur pente
  • 629 : abri pour Pak
  • 630 : casemate pour MG sous blindage
  • 630b : casemate pour MG sous blindage
  • 631 : casemate pour 47 mm Pak K 36(t)
  • 631b : casemate pour 47 mm Pak K 36(t) avec entrĂ©e arrière
  • 632 : abri avec cloche Ă  3 embrasures pour MG
  • 633 : abri pour M19
  • 634 : abri avec cloche Ă  6 embrasures pour MG
  • 635 : abri pour deux groupes sur pente
  • 636 : poste de direction de tir pour batterie cĂ´tière
  • 636a : poste de direction de tir pour batterie cĂ´tière
  • 637 : poste de mesure pour batterie cĂ´tière
  • 638 : petit abri sanitaire
  • 639 : grand abri sanitaire
  • 640 : casemate pour 37 mm Pak sous blindage
  • 641 : soute a munitions III
  • 642 : casemate pour 47 mm Pak 36(t) et MG (mitrailleuse)
  • 643 : abri avec cloche Ă  3 embrasures pour MG en A
  • 644 : abri avec cloche Ă  6 embrasures pour MG en A
  • 645 : abri pour une cuisine
  • 646 : abri avec citerne
  • 647 : abri avec 2 cloches Ă  1 embrasure pour MG
  • 648 : abri avec cloche Ă  1 embrasure pour MG
  • 649 : casemate pour canon sur affĂ»t avec embrasure de 90°
  • 650 : casemate pour canon sur affĂ»t avec embrasure de 120°
  • 651 : casemate pour canon sur affĂ»t avec embrasure de 90°, sans logement
  • 652 : casemate pour canon sur affĂ»t avec embrasure de 120°, sans logement
  • 653 : casemate pour 50 mm KwK
  • 653b : casemate pour 50 mm KwK
  • 654 : casemate pour 50 mm KwK, sans locaux annexes
  • 655 : abri pour 6 hommes avec soute
  • 656 : abri pour 15 hommes
  • 657 : abri pour deux cuisines
  • 658 : abri avec citerne
  • 659 : abri avec citerne en A
  • 660 : abri pour chargeurs de batteries
  • 661 : abri sanitaire
  • 662 : casemate pour canon de campagne en A
  • 663a : casemate pour 100 mm KK et MG – flanquement Ă  droite en A
  • 663b : casemate pour 100 mm KK et MG – flanquement Ă  gauche en A
  • 664 : abri avec cloche pour obusier lĂ©ger en A
  • 665 : poste d’observation d’infanterie avec cloche
  • 666 : poste d’observation d’infanterie avec petite cloche
  • 667 : petite casemate pour 50 mm KwK[7]
  • 668 : petit abri pour 6 hommes
  • 669 : casemate pour canon de campagne, sans locaux annexes
  • 670 : casemate pour canon sur affĂ»t avec embrasure de 90°, sans locaux annexes
  • 671 : casemate pour canon sur affĂ»t avec embrasure de 120°, sans locaux annexes
  • 672 : abri pour canon I, sans locaux annexes
  • 673 : abri pour canon II, sans locaux annexes
  • 674 : petite soute Ă  munitions
  • 675 : petit abri avec citerne
  • 676 : petite casemate pour 47 mm Pak K 36(t)
  • 677 : casemate pour 88 mm Pak 43/41, sans locaux annexes
  • 678 : casemate pour canon sur affĂ»t avec embrasure de 90°, sans locaux annexes
  • 679 : casemate pour canon sur affĂ»t avec embrasure de 120°, sans locaux annexes
  • 680 : casemate pour 75 mm Pak 40, sans locaux annexes
  • 681 : casemate pour MG sous blindage, sans locaux annexes
  • 682 : petit abri pour machines
  • 683 : casemate pour 210 mm avec embrasure de 120°, sans locaux annexes en A
  • 684 : casemate pour 210 mm avec embrasure de 120°, sans locaux annexes
  • 684a : casemate pour 210 mm avec embrasure de 120°, sans locaux annexes en A
  • 685 : casemate pour 210 mm avec embrasure de 60°, sans locaux annexes en A
  • 686 : casemate pour 194 mm avec embrasure de 120°, sans locaux annexes
  • 687 : petit abri avec tourelle de char Panther
  • 688 : casemate pour 170 mm L/50 avec embrasure de 120°, sans locaux annexes en A
  • 689 : casemate pour 170 mm L/50 avec embrasure de 120°, sans locaux annexes en A
  • 690 : casemate pour 170 mm L/50 avec embrasure de 90°, sans locaux annexes en A
  • 691 : centre de transmissions pour haut commandement
  • 692 : casemate pour 76,2/88 mm Flak(r), sans locaux annexes
  • 693a : petit abri pour signalisation optique
  • 693b : petit abri pour signalisation optique
  • 694 : casemate pour canon sur affĂ»t, sans locaux annexes
  • 695 : petite casemate pour MG
  • 696 : petite casemate pour MG sur pente, sans locaux annexes
  • 697 : petit poste de mesure pour batterie cĂ´tière
  • 698 : casemate pour 105 mm K408(i) sur affut, sans locaux annexes
  • 699 : casemate pour 88 mm Pak 43 sur affĂ»t, sans locaux annexes

sauf mention contraire source : www.dday-overlord.com[2]

Notes et références

  1. « Regelbau », sur Les bunkers de Saint-Pabu, (consulté le )
  2. « Typologie des bunkers – Mur de l’Atlantique - D-Day Overlord », (consulté le )
  3. Réseau radar allem et de la vallée du Rhône-C'est En France, « Regelbau V 229 » (consulté le )
  4. Batterie de Kerbonn-C'est En France, « Casemates M270SK de la Batterie de Kerbonn » (consulté le )
  5. « Le L410 », sur Les bunkers de Saint-Pabu, (consulté le )
  6. « Le L479 », sur Les bunkers de Saint-Pabu, (consulté le )
  7. CR-29/30/31/32 Telgruc-sur-Mer– C'est En France, « Regelbau 667 (AtlantikWall) » (consulté le )

Bibliographie

  • Dieter Bettinger, Martin BĂĽren: Der Westwall. Die Geschichte der deutschen Westbefestigungen im Dritten Reich. Band 2: Die technische AusfĂĽhrung des Westwalls. Biblio Verlag, OsnabrĂĽck 1990, (ISBN 3-7648-1458-6).
  • Harry Lippmann (Hrsg.): Die Regelbauten des Heeres im Atlantikwall, Köln 1986, (IBA-Informationen Sonderheft 10, Modèle:ZDB).
  • Rudi Rolf: Der Atlantikwall. Perlenschnur aus Stahlbeton. AMA-Verlag, Beetsterzwaag 1983, (ISBN 90-6474-025-9).

Voir aussi

Liens externes

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