AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Acides aminés D

Les acides aminés D sont une classe d'acides aminés, ou pour ce qui intéresse le plus la biologie, les acides α-aminés, pour lesquels les groupes fonctionnels carboxyle (-COOH) et amine (-NH2) sont liés à un carbone α en configuration D par rapport d'une part à une chaßne latérale dépendant du type d'acide et d'autre part à un atome d'hydrogÚne. Ce sont les énantiomÚres des acides aminés L.

Dans tous les systĂšmes biologiques, les acides aminĂ©s D sont bien plus rares que leurs isomĂšres L, qui sont les briques de construction importantes de la matiĂšre vivante, sous la forme des 22 acides aminĂ©s protĂ©inogĂšnes. C'est pourquoi on en a longtemps dĂ©duit que les acides aminĂ©s D n'ont pas de fonction biologique, et ne sont pas « naturels ». Ce tableau s'est complĂštement modifiĂ© Ă  partir du dĂ©but des annĂ©es 1990. Aujourd'hui, on sait que des acides aminĂ©s D sont contenus par exemple dans des antibiotiques peptidiques sĂ©crĂ©tĂ©s par des bactĂ©ries, ou bien diverses plantes, telles le riz, l'ail ou les pois.

Certains acides aminés D remplissent aussi d'importantes fonctions physiologiques chez l'homme. En particulier, dans le systÚme nerveux central, ce sont la D-sérine et le D-aspartate. Mais les acides aminés D semblent aussi jouer un rÎle dans certaines maladies, comme dans la schizophrénie. Ce domaine de recherche est relativement nouveau, et beaucoup de fonctions des acides aminés D libres ou liés dans des peptides ou des protéines sont encore largement inconnues, ou incomprises.

Au moyen de procédés d'analyse chromatographiques, on a pu mettre en évidence des acides aminés D dans une série d'aliments et d'organismes. Une application en est la datation par racémisation des acides aminés pour la détermination de l'ùge des fossiles.

Selon l'état actuel des recherches, les acides aminés D libres absorbés journellement avec la nourriture, ne sont pas dangereux pour l'homme. Beaucoup de médicaments importants contiennent des acides aminés D. Des acides aminés D produits artificiellement sont utilisés comme éléments pour la fabrication d'antibiotiques (semi-)synthétiques et d'un grand nombre de produits de la vie courante, et notamment de médicaments.

Fondements

Chiralité

Les deux Ă©nantiomĂšres d'un acide aminĂ©. Les 20 acides aminĂ©s protĂ©inogĂšnes ne se distinguent que par leur chaĂźne latĂ©rale R. Dans les formes D et L d'un acide aminĂ©, ces radicaux sont les mĂȘmes, cependant ils ne sont pas placĂ©s au mĂȘme endroit par rapport aux autres ligands, si bien que les deux Ă©nantiomĂšres ne sont pas superposables. Ceci correspond Ă  l'exemple quotidien des deux mains. Elles sont semblables comme un objet et son image dans le miroir, mais ne sont pas superposables.

Tous les acides aminés protéinogÚnes (spécifiés par le code génétique), à l'exception de la glycine, le plus simple d'entre eux, possÚdent un atome de carbone, lié à quatre radicaux différents. Ces radicaux occupent dans l'espace les quatre sommets d'un tétraÚdre. Cet arrangement cause une asymétrie, ce qui a pour conséquence deux possibilités pour leur arrangement relatif. Ces deux formes, appelées énantiomÚres ou isomÚres par réflexion, se comportent comme un objet et son image dans le miroir. L'atome de carbone asymétrique y forme le centre asymétrique. L'énantiomÚre et son image miroir ne sont pas superposables. Ceci arrive aussi pour des objets de la vie courante qui n'ont pas de plan de symétrie. Un exemple en est les deux mains. Les mains droite et gauche sont comme un objet et son image dans le miroir, mais elles ne sont pas superposables. Leur différence devient particuliÚrement importante quand ils interagissent avec d'autres systÚmes chiraux (du mot grec pour main). Par exemple quand une main droite tente de prendre une autre main droite ou gauche, ou essaie d'enfiler un mauvais gant. Dans des environnements chiraux, les différences entre énantiomÚres moléculaires apparaissent particuliÚrement clairement.

Projection de Fischer sur l'exemple de L- et D-sĂ©rines . À gauche, la L-sĂ©rine . Au milieu de la molĂ©cule, le centre asymĂ©trique, atome C-α, avec quatre ligands diffĂ©rents.

Le Prix Nobel de chimie Emil Fischer a mis au point un procédé de projection, la projection de Fischer, par laquelle on peut décrire de façon univoque en deux dimensions la structure spatiale d'une liaison chimique chirale. Pour cela, il a choisi une substance de référence (le glycéraldéhyde). Selon les rÚgles de la projection de Fischer, le groupe acide (carboxyle) est toujours représenté en haut, et le radical R qui fait la différence entre acides aminés toujours en bas. Si le groupe amine se situe dans cette projection à gauche (en latin laevus), on parle d'un acide aminé L. Si le groupe amine est à droite (latin : dexter) en projection de Fischer, il s'agit d'un acide aminé D. Les adjectifs gauche et droit ne se rapportent qu'à la configuration en projection de Fischer.

Dans leurs propriĂ©tĂ©s physiques, comme le point de fusion, la masse spĂ©cifique, la solubilitĂ© dans l'eau ou autres milieux, le pH isoĂ©lectrique, les acides aminĂ©s D et L sont totalement identiques. De plus, dans un milieu achiral, c'est-Ă -dire dans un environnement dĂ©pourvu d'autres molĂ©cules chirales, ils se comportent exactement de la mĂȘme maniĂšre, Ă  une exception prĂšs : Ă  conditions identiques, deux Ă©nantiomĂšres font tourner le plan de polarisation de la lumiĂšre polarisĂ©e linĂ©airement d'une quantitĂ© Ă©gale en valeur absolue, mais en sens opposĂ©. S'ils la font tourner dans le sens des aiguilles d'une montre (pour un observateur faisant face Ă  la source de lumiĂšre), on parle de forme dextrogyre ou forme (+). Dans le cas opposĂ©, il s'agit de forme lĂ©vogyre, ou (-). Ces distinctions ne jouent pratiquement aucun rĂŽle dans la vie courante. Dans la littĂ©rature, des confusions arrivent mĂȘme entre formes L et formes (-). De plus, la valeur du pouvoir rotatoire, et mĂȘme son signe, dĂ©pendent fortement des conditions. Par exemple, l'acide aminĂ© L-leucine Ă  tempĂ©rature ambiante en solution de molaritĂ© 6 M d'acide chlorhydrique a un pouvoir rotatoire spĂ©cifique de +15,1° (Ă  droite), et dans l'eau pure de -10,8° (Ă  gauche). En solution de soude de molaritĂ© 3 M, elle est Ă  nouveau Ă  +7,6° (Ă  droite)[1].

Un mélange de 50 % d'énantiomÚre D et de 50 % de L s'appelle un racémique. Les racémiques sont notamment fabriqués dans les opérations de synthÚse artificielle d'acides aminés. Ils n'ont pas d'activité optique, c'est-à-dire qu'ils ne changent pas le plan de polarisation de la lumiÚre. Les racémiques ont en partie des propriétés physiques différentes des énantiomÚres purs (par exemple, le point de fusion), mais couramment des propriétés physiologiques différentes.

Conventions de dénomination et nomenclature

La projection de Fischer est jusqu'Ă  prĂ©sent le systĂšme prĂ©fĂ©rĂ© de projection pour les acides aminĂ©s et les glucides. À cĂŽtĂ©, il existe pour les acides aminĂ©s la convention de Cahn-Ingold-Pregold (SystĂšme CIP), qui dĂ©crit la configuration de molĂ©cules chirales. Dans ce systĂšme, la plupart des acides aminĂ©s L protĂ©inogĂšnes sont des acides aminĂ©s S. Leurs Ă©nantiomĂšres, les acides aminĂ©s D sont pour la plupart en configuration R. Les exceptions sont la L-cystĂ©ine, la L-cystine et la L-sĂ©lĂ©nocystĂ©ine, parce que le soufre ou le sĂ©lĂ©nium a dans la nomenclature CIP une prioritĂ© plus Ă©levĂ©e que l'oxygĂšne. Ces trois acides aminĂ©s L sont dans une configuration R. Leurs Ă©nantiomĂšres ont par contre une configuration S.

Dans les séquences d'acides aminés, les acides aminés D sont notés dans l'abréviation à 3 lettres par un préfixe D en petite capitale.

Par exemple, l'heptapeptide dermorphine :

H-Tyr-D-Ala-Phe-Gly-Tyr-Pro-Ser-NH2 .

Dans les codes canoniques à une lettre, les acides aminés D sont représentés par la minuscule de la lettre correspondant à l'acide aminé L correspondant.

Par exemple, la dermorphine :

YaFGYPS-NH2.

Présence naturelle et histoire de la découverte

Les acides aminĂ©s D sont bien plus rares dans la nature que leurs Ă©nantiomĂšres L, qui forment, avec les acides nuclĂ©iques, les pierres de construction de la vie. Une asymĂ©trie du mĂȘme genre, avec l'apparition de deux Ă©nantiomĂšres, se prĂ©sente pour les glucides. Dans ce dernier cas, c'est la forme D, par exemple le D-glucose, qui est la configuration « naturelle ». On estime la quantitĂ© de D-glucose sur Terre Ă©gale Ă  1015 fois celle de L-glucose[2]. Pour les acides aminĂ©s, il n'y a pas encore d'estimation fiable.

Pendant longtemps, on est parti du fait que seuls les acides aminĂ©s L avaient Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s au cours de l'Ă©volution pour la formation de peptides et de protĂ©ines[3]. Depuis les annĂ©es 1980, des mĂ©thodes d'analyse amĂ©liorĂ©es ont conduit Ă  rĂ©viser cette hypothĂšse. Des acides aminĂ©s D ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans toujours plus d'ĂȘtres vivants, si bien qu'ils ont une diffusion et une variĂ©tĂ© bien plus grande que ce qui avait Ă©tĂ© supposĂ© tout d'abord. Dans la littĂ©rature rĂ©cente, les acides aminĂ©s D sont maintenant considĂ©rĂ©s comme composants ordinaires de plantes et d'aliments[2]. Et mĂȘme chez des ĂȘtres vivants supĂ©rieurs, jusque chez l'homme, les acides aminĂ©s D sont impliquĂ©s dans des processus physiologiques importants, qui sont encore largement incompris[4].

Le dĂ©veloppement de la vie sur Terre supposait une homochiralitĂ©, c'est-Ă -dire une configuration homogĂšne des acides aminĂ©s et des autres pierres de construction de la vie. Dans un milieu racĂ©mique, il ne peut y avoir aucune rĂ©plication[2] - [5] - [6]. Il y a toute une sĂ©rie d'hypothĂšses sur la cause du dĂ©sĂ©quilibre extrĂȘme entre les quantitĂ©s des deux formes Ă©nantiomĂšres des acides aminĂ©s. Il y a unanimitĂ© sur le fait qu'il y aurait eu dans la nature un premier dĂ©sĂ©quilibre entre acides aminĂ©s D et L. À partir de lĂ , on peut trĂšs bien expliquer l'extrĂȘme enrichissement de l'une des deux formes, par amplification chirale, c'est-Ă -dire un effet d'auto-amplification qui conduit dans une rĂ©action chimique, en prĂ©sence d'un lĂ©ger excĂšs d'une des formes Ă©nantiomĂšres, Ă  un rĂ©sultat encore plus dĂ©sĂ©quilibrĂ©. Il reste nĂ©anmoins totalement Ă  rĂ©soudre le problĂšme du fait qu'une symĂ©trie initiale aurait Ă©tĂ© brisĂ©e, trĂšs probablement bien avant le dĂ©but de la vie sur Terre. On a discutĂ©, parmi les sources possibles, de la brisure de la symĂ©trie de paritĂ© dans la radioactivitĂ© ÎČ (hypothĂšse de Vester-Ulbricht)[7] - [8] ou la contamination de la soupe primordiale par des excĂšs d'acides aminĂ©s L extraterrestres.

En faveur de cette derniĂšre thĂ©orie, parle le fait que dans la mĂ©tĂ©orite de Murchison, on a mis en Ă©vidence un excĂšs d'acides aminĂ©s L non protĂ©inogĂšnes : acide 2-Amino-2,3-dimĂ©thylpentanoĂŻque[9] et isovaline[10] - [11]. Dans la mĂ©tĂ©orite de Murchison, l'excĂšs en L-isovaline Ă©tait d'environ 18,5 %, et dans celle d'Orgueil, de 15,2 %[12]. Ces excĂšs ont pu ĂȘtre provoquĂ©s par un rayonnement UV polarisĂ© circulairement, qui — comme on le confirme expĂ©rimentalement — dĂ©truit prĂ©fĂ©rentiellement les acides aminĂ©s D[13].

Formation d'acides aminés D par racémisation

De grandes quantitĂ©s d'acides aminĂ©s D peuvent provenir d'acides aminĂ©s L par racĂ©misation. La formation d'un racĂ©mique d'acides aminĂ©s, c'est-Ă -dire d'un mĂ©lange Ă  parties Ă©gales d'acides aminĂ©s D et L, est privilĂ©giĂ©e thermodynamiquement. Certes, l'enthalpie reste inchangĂ©e, mais le degrĂ© supĂ©rieur de « dĂ©sordre » conduit Ă  une augmentation de l'entropie, ce qui amĂšne une diminution de l'enthalpie libre G de ΔG. La valeur de cette dĂ©croissance est de -1,6 kJ/mole Ă  25 °C[14].

Des tempĂ©ratures supĂ©rieures conduisent Ă  une plus grande perte d'enthalpie libre, ce pourquoi la racĂ©misation est substantiellement accĂ©lĂ©rĂ©e. La demi-vie de la racĂ©misation, dĂ©finie comme le temps dans lequel la valeur de l'excĂšs d'Ă©nantiomĂšre diminue de moitiĂ©, dĂ©pend, Ă  cĂŽtĂ© de la tempĂ©rature, du pH, du type d'acide aminĂ©, du milieu solvant, de l'humiditĂ© et de la prĂ©sence de catalyseurs. Dans des conditions constantes, la racĂ©misation peut bien se calculer, et inversement, du degrĂ© de racĂ©misation, on peut tirer des conclusions sur l'Ăąge de l'Ă©chantillon. Ce procĂ©dĂ©, dĂ©signĂ© par « datation par racĂ©misation des acides aminĂ©s » peut ĂȘtre utilisĂ© pour la datation de fossiles, mais aussi pour des organismes vivants. À la mort, tous les processus qui luttent contre la racĂ©misation des acides aminĂ©s dans l'organisme concernĂ© s'arrĂȘtent. La vie est une lutte contre l'entropie[15], et les processus qui vont Ă  l'encontre de la racĂ©misation s'arrĂȘtent au plus tard Ă  la mort. Dans certains tissus, oĂč le mĂ©tabolisme des protĂ©ines est trĂšs faible, ce processus commence dĂ©jĂ  avant la fin de la formation du tissu. Un exemple en est le collagĂšne de la dentine des dents, ou le cristallin de l'Ɠil[16]. La tempĂ©rature et le pH relativement constants dans les dents permettent de dĂ©finir l'Ăąge d'un organisme vivant par le degrĂ© de racĂ©misation de l'aspartate avec une prĂ©cision de ±4 ans environ[17] - [18]. Ce procĂ©dĂ© est notamment utilisĂ© en mĂ©decine lĂ©gale[19]. Un exemple pour la performance de cette mĂ©thode est la recherche faite en 1996 sur les ossements de l'empereur Lothaire de Supplinbourg (1075–1137)[20]. Dans cette Ă©tude, on a trouvĂ© chez Lothaire un degrĂ© de racĂ©misation notablement plus Ă©levĂ© que pour son Ă©pouse Richenza von Northeim et de son gendre Henri X de BaviĂšre, ce qui correspondrait Ă  un Ăąge d'environ 9000 ans de plus. Le taux de racĂ©misation des deux tĂ©moins correspondait par contre trĂšs bien Ă  leur Ăąge d'environ 850 ans. Dans les trois cas, c'est le taux de racĂ©misation de l'aspartate qui a Ă©tĂ© mesurĂ©. Le degrĂ© Ă©levĂ© de racĂ©misation de Lothaire est Ă  rapporter aux circonstances particuliĂšres de sa mort. Il est mort prĂšs de Breitenwang dans le Tyrol, Ă  peu prĂšs Ă  700 km de son siĂšge Ă  Königslutter am Elm. Pour protĂ©ger son corps de la pourriture pour ce long trajet, le cadavre a Ă©tĂ© traitĂ© selon le Mos Teutonicus (« usage teuton »). Ceci consiste Ă  cuire le cadavre, Ă  enlever la chair des os, et Ă  ne transporter que les ossements. La cuisson a racĂ©misĂ© le L-aspartate, mesurĂ© 859 ans plus tard, notablement plus fort que pour les cadavres normalement enterrĂ©s de sa femme et de son gendre. Par le degrĂ© de racĂ©misation, on a pu estimer la durĂ©e de cuisson Ă  environ six heures[2].

Dans les cheveux du cadavre ĂągĂ© d'environ 5300 ans de l'homme des Alpes de l'Ötztal, mieux connu sous le surnom d'« Ötzi », 37 % de l'hydroxyproline apparaissent en configuration D. Dans une momie vieille de 3000 ans, c'Ă©tait 31 %, dans des cheveux du Moyen Âge (environ 1000 ans) 19 % et dans des Ă©chantillons modernes de 4 %[21].

Pendant la prĂ©paration de la nourriture, les acides aminĂ©s L peuvent aussi ĂȘtre racĂ©misĂ©s dans les protĂ©ines, en raison de la tempĂ©rature et de valeurs extrĂȘmes du pH. Les acides aminĂ©s diffĂ©rents se racĂ©misent diffĂ©remment vite. La vitesse de racĂ©misation dĂ©pend fortement de la chaĂźne latĂ©rale de l'acide aminĂ© et des acides aminĂ©s voisins. Les groupes qui attirent les Ă©lectrons facilitent la protonation de l'atome C α, ce qui facilite la racĂ©misation[22] - [23]. Ceci est notamment pertinent pour la sĂ©rine et l'aspartate. En outre, des effets stĂ©riques jouent un rĂŽle[24]. L'asparagine et l'aspartate se racĂ©misent particuliĂšrement vite quand ils sont au voisinage d'une glycine dans la sĂ©quence peptidique. Il peut alors se produire un succinimide cyclique, ce qui, du point de vue thermodynamique, favorise fortement la transformation d'un Ă©nantiomĂšre dans l'autre[25] - [26]. Pour des basses valeurs du pH, par exemple dans une solution 6M d'acide chlorhydrique, l'aspartate se racĂ©mise le plus vite. La proline et la glutamine se racĂ©misent notablement plus lentement, tandis que dans ces conditions, l'isoleucine, la valine, la sĂ©rine et la thrĂ©onine ne se racĂ©misent que trĂšs peu. Dans une solution de soude 1M, la sĂ©rine se racĂ©mise le plus vite, puis l'aspartate, la phĂ©nylalanine, le glutamate et la valine[26] - [27].

Sous l'influence catalytique de bases fortes concentrĂ©es, comme une solution de soude, les acides aminĂ©s peuvent se racĂ©miser : Ă  gauche sur la figure, un acide aminĂ© L, Ă  droite son Ă©nantiomĂšre D. Le groupe nuclĂ©ophile hydroxyde (OH−) enlĂšve un proton (atome d'hydrogĂšne positivement chargĂ©) du carbone α, ce qui provoque la formation d'un carbanion de charge nĂ©gative et planaire. Dans la rĂ©action inverse, un proton peut se placer avec des probabilitĂ©s Ă©gales des deux cĂŽtĂ©s du carbanion prochiral. Il se produit un racĂ©mique, c'est-Ă -dire un mĂ©lange Ă  parties Ă©gales d'acides aminĂ©s L et D. L'information stĂ©rĂ©ochimique est perdue dans ce processus[28].
Les acides forts, comme l'acide chlorhydrique, catalysent aussi la racémisation des acides aminés. La protonation du groupe carboxyle provoque l'éloignement de l'atome d'hydrogÚne du carbone α et la naissance d'une double liaison par transfert au carbone de l'hydroxyle. La symétrie entre les deux groupes hydroxyles fait que cet état n'a plus de chiralité. Dans la réaction inverse, l'addition d'un atome d'hydrogÚne sur la double liaison peut donc avoir lieu d'un cÎté ou de l'autre, si bien qu'autant d'acides aminés L que D se forment. Il y a racémisation[28].

La racĂ©misation catalysĂ©e par les bases ou les acides nĂ©cessite des conditions trĂšs drastiques pour obtenir une racĂ©misation complĂšte en quelques heures. Par opposition, la racĂ©misation catalysĂ©e par des enzymes dans les systĂšmes biologiques est notablement plus rapide et se dĂ©roule dans des conditions plus douces : pH Ă  peu prĂšs neutre, et tempĂ©rature ambiante ou corporelle. Les racĂ©mases catalysent la dĂ©protonation du carbone α de l'acide aminĂ©. Dans cette position, l'atome d'hydrogĂšne n'est plus que trĂšs faiblement acide. La constante d'aciditĂ© de la forme protonĂ©e a un pKs ≈ 21, et est au point isoĂ©lectrique encore plus faible avec ≈ 29[29] - [30]. La dĂ©protonation est facilitĂ©e pour la plupart des racĂ©mases par le phosphate de pyridoxal (PALP). Sur le centre actif de ces enzymes, le PALP est liĂ© Ă  un rĂ©sidu de lysine. Le groupe amino de l'acide aminĂ© L se lie alors au groupe aldĂ©hyde du PALP et forme alors une imine (aldimine, ou base de Schiff). Comme catalyseur Ă©lectrophile, le PALP tire sur le cycle aromatique des Ă©lectrons extraits du carbone α de l'acide aminĂ©, qui est alors plus facile Ă  dĂ©protoner. En outre, l'anion restant est stabilisĂ© par effet mĂ©somĂšre. Une reprotonation avec addition d'eau libĂšre alors l'acide aminĂ© racĂ©misĂ© comme produit de la rĂ©action par hydrolyse de la base de Schiff[31].

Outre cela, il y a aussi des racĂ©mases indĂ©pendantes du PALP, dans le centre actif desquelles les groupes thiol de deux cystĂ©ines catalysent la protonation[32] - [33]. Dans un mĂ©canisme Ă  deux bases, un thiolate dĂ©protonĂ© (R-S−) jouant le rĂŽle de base, capte le proton du carbone α. Le groupe thiol de l'autre cystĂ©ine est chargĂ© de la reprotonation[31]. Ces processus de racĂ©misation catalysĂ©s par des enzymes produisent la plus grande partie des acides aminĂ©s D dans les organismes.

Des acides aminĂ©s peuvent se racĂ©miser biochimiquement sous l'action de phosphate de pyridoxal (1) mĂȘme dans des conditions trĂšs douces. D'un acide aminĂ© L (2) se forme dans cet exemple un acide aminĂ© D (3)[28]. La boule rouge reprĂ©sente le radical phosphatĂ©.

Antibiotiques peptidiques et autres médicaments peptidiques d'origine naturelle

La vancomycine, utilisée jusqu'au début du siÚcle comme antibiotique de dernier recours, consiste en tout de sept acides aminés. Parmi ceux-ci (en bleu), quatre sont en configuration D. La vancomycine est produite par des bactéries de l'espÚce Amycolatopsis orientalis par synthÚse peptidique non ribosomique.
La D-cyclosérine est nettement plus simple que la vancomycine. Elle est produite par les streptomycÚtes à partir de D-sérine.

Un grand nombre d'antibiotiques peptidiques sont construits à partir d'acides aminés D. Ce sont des substances naturelles, fabriquées par des procaryotes au moyen de synthÚses non-ribosomiques[31]. Le groupe trÚs important du point de vue pharmacologique des pénicillines contient comme élément de structure élémentaire la D-pénicillamine, un acide aminé non protéinogÚne. Les polymyxines et les actinomycines sont aussi construites autour d'acides aminés D (respectivement D-phénylalanine et D-valine). La bacitracine produite par le Bacillus subtilis consiste notamment d'aspartate, de glutamate, d'ornithine et de phénylalanine en configuration D. La valinomycine produite par Streptomyces fulvissimus contient de la D-valine, et la circuline A formée par le bacillus circulans contient de la D-leucine. Parmi les antibiotiques à acides aminés D, on compte encore notamment : la fongisporine (D-phénylalanine et D-valine), la gramicidine et la tyrocidine (D-phénylalanine), la malformine C (D-leucine et D-cystéine ), la mycobacilline (D-aspartate et D-glutamate)[34].

Des champignons ascomycÚtes produisent aussi des médicaments naturels contenant des acides aminés D, comme le tolypocladium inflatum, produisant l'immunosuppresseur ciclosporine avec de la D-alanine, ou le penicillium chrysogenum, produisant la pénicilline M avec de la D-valine.

La cyclosérine utilisée dans le traitement de la tuberculose, relativement simple chimiquement, est produite par des streptomycÚtes, comme Streptomyces garyphalus, avec de la D-sérine.

Acides aminés D et peptides contenant des acides aminés D

Toutes les bactéries, ici des bactéries du choléra (Vibrio cholerae) au microscope électronique à balayage, contiennent dans leur paroi cellulaire des acides aminés D.

Pendant longtemps, on est parti de l'hypothÚse que, dans la nature, domine un seul énantiomÚre des acides aminés, c'est-à-dire la forme L. Jusqu'aux années 1960, les acides aminés D étaient considérés comme des artéfacts de laboratoire (erreurs dépendant du systÚme), et rangés parmi les « isomÚres non-naturels ». Aujourd'hui encore on trouve cette désignation d'« isomÚres non-naturels » pour les énantiomÚres D[35].

Le tétrapeptide Val-Gly-D-Ser-Ala contient, reliés par des liaisons peptidiques, de gauche à droite, L-valine, glycine, D-sérine (marquée en bleu) et L-alanine. Pour une meilleure orientation, la configuration des trois acides aminés chiraux est indiquée sur la formule structurelle.

Oxydases des acides aminĂ©s D – enzymes sans substrat ?

En 1933, le médecin et chimiste allemand, futur Prix Nobel de physiologie ou médecine, Hans Adolf Krebs découvre l'enzyme oxydase des acides aminés D[36], et la décrit en détail deux ans plus tard[37] - [38]. Krebs établit que les acides aminés D, qui « n'apparaissent pas dans la nature » sont désaminés nettement plus vite que leurs isomÚres « naturels » L en présence de rein ou de foie de porc frais pressé. Avec un inhibiteur choisi, par exemple avec de l'octan-1-ol, il pouvait désactiver l'oxydase d'acide aminé L, et aboutir ainsi à ne plus désaminer sélectivement que les acides aminés D. Krebs en conclut que dans les organes utilisés, ou dans leurs extraits, il se trouvaient deux oxydases d'acides aminés, qui agissaient respectivement sur les acides aminés L et sur les D. Krebs se montra étonné qu'il y ait une enzyme qui n'agisse exclusivement que sur des substances non naturelles. Mais il fit remarquer que Félix Ehrlich en 1914[39], Edmund von Lippmann en 1884[40] et Sigmund FrÀnkel en 1923/24[41] avaient signalé l'apparition occasionnelle d'acides aminés D dans la nature[37]. La D-alanine isolée du cÚpe de Bordeaux par E. Winterstein et al en 1913[42], a été une de ces preuves précoces[43].

Acides aminés D dans les plantes

Dans les plantes, on peut montrer l'existence d'acides aminés D tant libres que liés dans des chaßnes peptidiques[44]. Ils sont souvent contenus dans les plantes sous forme de dérivés N-malonyle ou N-acétyle.

Par exemple, dans la racide de tournesol (Helianthus annuus) 40 % de l'alanine est en configuration D. La D-alanine et le dipeptide D-Ala-D-Ala se trouvent dans diverses herbes[45] ; de mĂȘme dans le riz (Oryza australiensis), oĂč environ 10 % de la sĂ©rine est dans la conformation D. Elle est fabriquĂ©e par la plante elle-mĂȘme avec une racĂ©mase de la sĂ©rine. Le gĂšne correspondant pour cette enzyme, chez l'Oryza sativa ssp. Japonica cv. Nipponbare, se situe sur le chromosome 4[46]. On a montrĂ© des acides aminĂ©s D en plus faibles concentrations dans une multitude de plantes alimentaires. On y compte notamment les pois (Pisum sativum)[47], l'ail, diverses espĂšces de chou et de fruits[48] - [49]. Il n'est encore pas du tout clair de savoir quelle fonction ces acides aminĂ©s D libres et peptidiques jouent dans les plantes[26].

Représentation schématique des peptidoglycanes dans la paroi cellulaire de la bactérie Escherichia coli. Les peptidoglycanes sont réticulés par des D-alanines. La réticulation est une conséquence de l'influence catalytique de la transpeptidase.

Bactéries et acides aminés D

Avant la découverte d'acides aminés D libres, on a identifié des acides aminés D dans une série de composés d'origine microbienne. Par exemple, la pénicilline G, formée dans des cultures de moisissures penicillium notatum, découverte en 1928 par Alexander Fleming, contient comme élément notable la D-pénicillamine (ou 3-mercapto-D-valine).

Le Texan Esmond E. Snell a remarquĂ© en 1943 dans des expĂ©riences sur les cultures d'enterococcus faecalis et de lactobacillus casei que pour la croissance de ces espĂšces de bactĂ©ries, on peut remplacer complĂštement la pyridoxine (vitamine B6) nĂ©cessaire par de la D-alanine dans l'alimentation[50] - [51] - [52]. Il Ă©tablit en outre que la D-alanine est notablement plus efficace dans ce rĂŽle que la L-alanine[53]. Quand on a pu dĂ©montrer ensuite que de grandes quantitĂ©s de D-alanine Ă©taient prĂ©sentes dans les peptidoglycanes - les biopolymĂšres qui donnent Ă  la paroi cellulaire des bactĂ©ries leur soliditĂ© - il a Ă©tĂ© clair pourquoi les cellules avaient besoin de ces acides aminĂ©s « non-naturels. » L'inclusion de D-alanine, et surtout de D-glutamate, empĂȘche la destruction des peptidoglycanes par les peptidases. De façon intĂ©ressante, c'est prĂ©cisĂ©ment cette « digue de protection » d'acides aminĂ©s D qui forme le point d'attaque pour les antibiotiques ÎČ-lactame, comme la pĂ©nicilline. Ces antibiotiques inhibent l'enzyme transpeptidase de la D-alanine, qui se trouve exclusivement dans les bactĂ©ries, et qui catalyse la rĂ©ticulation des peptidoglycanes, spĂ©cialement par la D-alanine[54].

En 1951, Irwin Clyde Gunsalus et Willis A. Wood ont isolé de l'enterococcus faecalis une racémase de l'alanine, enzyme qui catalyse la racémisation de la L-alanine naturelle[55]. Le gÚne alr qui code la racémase de l'alanine est présent chez toutes les bactéries[56]. La D-alanine formée à l'aide de la racémase de l'alanine est essentielle pour la synthÚse des peptidoglycanes chez pratiquement toutes les bactéries[57]. Outre la D-alanine et le D-glutamate, on trouve aussi chez certaines espÚces d'entérocoques de la D-sérine dans la paroi cellulaire[58] - [59]. Cette D-sérine y forme avec la D-alanine à l'extrémité C-terminale un dipeptide D-Ala-D-Ser, qui est responsable de la résistance de ces espÚces de bactéries aux glycopeptides, comme la vancomycine[60] - [61].

Acides aminés D dans les éponges

On a pu trouver dans les éponges des polythéonamides. Ce sont des toxines peptidiques dont les acides aminés alternent entre formes D et L. Ils sont apparemment synthétisés par les ribosomes sous forme de peptides L, puis, aprÚs la traduction, un acide aminé sur deux est épimérisé. Ceci se produit au moyen de quelques enzymes, dont les gÚnes, provenant apparemment de bactéries, sont arrivés chez les éponges par transfert horizontal de gÚnes[62] - [63].

Acides aminés D chez les organismes multicellulaires

Dankwart Ackermann et M. Mohr ont pu trouver en 1937 dans le foie du requin épineux de la D-ornithine[64]. L'oxydase des acides aminés D découverte par Krebs a été découverte dans les années suivantes chez tous les mammifÚres. H. Blaschko et Joyce Hawkins l'ont trouvée pour la premiÚre fois en 1951 chez des invertébrés. Mais la fonction de cet enzyme dans les divers organismes est restée encore non clarifiée[38]. Vers la fin des années 1960, on a spéculé que l'enzyme servait dans le tube digestif à la destruction des composants des parois cellulaires des bactéries gram-positives, qui contiennent de grandes quantités d'acides aminés D[65]. La théorie que l'oxydase des acides aminés D ne servait qu'à la destruction d'acides aminés apportés de l'extérieur (exogÚnes) a persisté jusqu'au début des années 1990.

C'est en 1950 qu'Auclair et Patton[66] ont trouvé pour la premiÚre fois de la D-alanine chez un organisme multicellulaire, dans l'hémolymphe de la punaise Oncopeltus fasciatus. Ils ont utilisé pour faire l'analyse une chromatographie sur papier à deux dimensions. AprÚs l'élution, ils ont pulvérisé les chromatogrammes séchés avec de l'oxydase des acides aminés D, qui ne désamine que la D-alanine en acide cétocarbonique, que l'on identifie facilement avec de la phénylhydrazine[52]. On supposa la présence de D-alanine due à la flore microbienne, à une contamination par la nourriture, ainsi qu'une racémisation spontanée due à l'ùge[67].

La biosynthÚse de D-sérine a été démontrée en 1965 par un groupe de travail autour de John J. Corrigan à l'Université Tufts au Massachusetts. Les vers à soie alimentésavec du D-glucose marqué radioactivement produisent aussi bien de la D-sérine que de la L-sérine[68]. Plus tard, on a trouvé des acides aminés D dans d'autres insectes[69] et mammifÚres[70].

La peau de la Phyllomedusa sauvagii contient de la dermorphine composĂ©e de sept acides aminĂ©s, dont une D-alanine. La dermorphine est un opioĂŻde Ă  efficacitĂ© trĂšs sĂ©lective, qui peut ĂȘtre de 30 Ă  40 fois plus puissant que la morphine[71].

En 1962, un groupe italien autour de Vittorio Erspamer a isolĂ© dans la l'anoure sud-amĂ©ricain Physalaemus fuscomaculatus la tachykinine physalĂ©mine[72]. Ce polypeptide est composĂ© de douze acides aminĂ©s, et commence de l'extrĂ©mitĂ© N-terminale, par une D-proline. En code Ă  une lettre, la sĂ©quence s'Ă©crit pEADPNKFYGLM-NH2[73]. C'est le premier peptide naturel dĂ©couvert avec un acide aminĂ© D qui ne soit pas d'origine microbienne. Mais mĂȘme, trois ans aprĂšs, le biochimiste amĂ©ricain Alton Meister Ă©crivait par exemple dans son ouvrage standard Biochemistry of the amino acids, « qu'il n'y a actuellement aucune preuve dĂ©cisive de l'existence d'acide aminĂ© D dans les protĂ©ines des plantes et des animaux[74] - [21]. » On n'a tout d'abord fait Ă  peine attention Ă  la dĂ©couverte d'Erspamer. Ce n'est que quand le mĂȘme groupe a, 19 ans plus tard, isolĂ© la dermorphine chez la Phyllomedusa sauvagii, aussi originaire d'AmĂ©rique du Sud[75] - [76], que l'on a commencĂ© lentement Ă  reconnaĂźtre la portĂ©e de cette dĂ©couverte. À partir de l'extrĂ©mitĂ© N-terminale, la dermorphine, constituĂ©e de sept acides aminĂ©s contient en position 2 une D-alanine. La configuration D de cette alanine est indispensable pour l'activitĂ© pharmacologique. La dermorphine se lie au rĂ©cepteur ”1 et y est nettement plus sĂ©lective et puissante que les endorphines endogĂšnes (dynorphine et enkĂ©phaline) et que la morphine trĂšs rĂ©pandue, d'origine vĂ©gĂ©tale[77]. La dĂ©couverte contredisait un certain nombre de paradigmes, si bien qu'Erspamer a eu des difficultĂ©s certaines Ă  trouver un journal spĂ©cialisĂ© qui accepte de publier ses travaux[78] - [79]. Un de ces paradigmes est que, dans la biosynthĂšse des protĂ©ines, l'ADN d'un organisme ne code que les 22 acides aminĂ©s protĂ©inogĂšnes, qui sont tous en conformation L. Il n'y a pas de gĂšne pour coder des acides aminĂ©s D. Ce n'est que plus de dix ans plus tard que la contradiction fut rĂ©solue : c'est une modification post-traductionnelle stĂ©rĂ©osĂ©lective catalysĂ©e par des Ă©pimĂ©rases qui est responsable de l'apparition d'acides aminĂ©s D dans des peptides d'eucaryotes. C'est-Ă -dire qu'aprĂšs la traduction, la conformation d'un acide aminĂ© L dĂ©terminĂ© est modifiĂ©e par une enzyme spĂ©cifique endogĂšne[80].

Acides aminés D chez les mammifÚres

Jusqu'en 1992, il était exclu que les acides aminés D aient une fonction biologique chez lez mammifÚres[67]. Par amélioration des procédés de mesure analytique comme la chromatographie en phase gazeuse[81] ou liquide à haute performance[82] - [49], il est devenu possible à partir des années 1980 de séparer proprement les acides aminés D de leurs énantiomÚres L, et de les mettre encore en évidence en trÚs petite quantité. Atsushi Hashimoto et al ont trouvé ainsi en 1992 dans le cerveau de rats domestiques de relativement grandes quantités de D-sérine libre. Ils indiquÚrent une concentration d'environ 0,27 ”mol/g de masse cérébrale, ce qui impliquait un rapport de D-sérine/L-sérine de 0,23[83]. Il était déjà connu auparavant que de la D-sérine apportée de l'extérieur (exogÚne) était un agoniste allostérique puissant et sélectif du récepteur NMDA (NMDA = N-méthyl-D-aspartate)[84]. La source de concentration relativement élevée en D-sérine, qui a été démontrée par la suite aussi dans le cerveau d'autres mammifÚres, y compris l'homme, est tout d'abord restée incertaine. Des spéculations, comme l'absorption ciblée de L-sérine racémisée dans la nourriture, et son transport vers le cerveau à travers la barriÚre hémato-encéphalique, ont cessé en 1999 avec la découverte de l'enzyme sérine racémase dans le cerveau des rats par Herman Wolosker et al[85]. La sérine racémase catalyse la racémisation de la sérine. On ne connaissait précédemment les racémases d'acides aminés que chez les bactéries et quelques insectes. L'enzyme a été trouvée dans les cellules gliales, qui montrent comparativement de hautes concentrations en D-sérine. Avec la découverte de la sérine racémase, on a pu montrer que ce métabolisme archaïque des acides aminés D a été conservé au cours de l'évolution jusqu'aux mammifÚres[85], et qu'il y exerce encore une fonction importante dans la neurotransmission - comme cela devrait apparaßtre dans l'avenir[86]. Il faut abandonner le dogme que les acides aminés D n'ont pas de fonction particuliÚre chez les eucaryotes. On sait aujourd'hui que la D-sérine joue un rÎle important dans de nombreux processus du systÚme nerveux central, comme l'apprentissage et la mémoire, mais aussi dans des troubles psychiques[87], des neuropathies et des maladies neurodégénératives[88] - [61] - [89].

Importance physiologique

Acides aminés D libres

ModÚle en bandes de l'enzyme oxydase des acides aminés D, qui est en particulier responsable de la décomposition de la D-sérine dans le cerveau. Selon la théorie de l'hypofonction du récepteur NMDA, une activité élevée de cette enzyme est responsable des symptÎmes de la schizophrénie, en conduisant à une décomposition excessive de la D-sérine[90].

Jusqu'à la fin des années 1990, on est parti de l'hypothÚse que les acides aminés D n'avaient aucune fonction physiologique chez les vertébrés. Avec la découverte de relativement grandes quantités de D-sérine et de D-aspartate dans le cerveau des mammifÚres, l'étude de l'action physiologique de ces deux acides aminés inhabituels a commencé. Cette étude est une discipline relativement jeune, avec encore beaucoup de questions ouvertes.

La D-sérine

La D-sérine se trouve outre les cellules gliales également dans les neurones[91] - [92]. Elle provient de la L-sérine sous l'action catalytique de l'enzyme sérine racémase (EC 5.1.1.18), qui est exprimée par ces cellules. La destruction est catalysée par l'oxydase des acides aminés D (EC 1.4.3.3). La concentration de D-sérine est déterminée par ces deux processus de formation et de destruction. La D-sérine est un co-agoniste du récepteur NMDA, dont le ligand naturel est la glycine[84]. Ce récepteur est de grande importance pour une série de processus physiologiques, et aussi pathologiques. La D-sérine renforce l'activité du récepteur NMDA. C'est pourquoi elle est aussi nommée neuromodulateur[93].

Une surexpression d'oxydase d'acides aminés D, conduisant à une augmentation de la dégradation de la D-sérine, réduit en conséquence l'activité des récepteurs NMDA. Cette activité diminuée est mise en relation avant tout avec la schizophrénie[94]. Déjà de faibles quantités d'antagonistes du récepteur peuvent déclencher chez des sujets sains des symptÎmes comme de faibles troubles cognitifs et physiologiques, qui correspondent à ceux d'une schizophrénie[95].

En 2002, un grand groupe de recherche international a établi que le gÚne nouvellement découvert G72 (gÚne DAOA, activateur de l'oxydase des acides aminés) est en lien étroit avec la schizophrénie. Le produit de G72 active l'oxydase des acides aminés D, ce qui fait diminuer la concentration de D-sérine dans le cerveau. Mais ils n'ont trouvé qu'une faible corrélation entre l'activité de l'oxydase des acides aminés D et la survenue de la schizophrénie. C'est pourquoi la combinaison de l'oxydase des acides aminés D et de l'activateur G72 les soutenait mutuellement (synergie)[96]. Les auteurs en ont conclu que finalement la concentration en D-sérine libre joue un rÎle notable dans la schizophrénie. D'autres études ont montré également une relation génétique entre l'oxydase des acides aminés D et la schizophrénie[97] - [98]. Ces découvertes s'accordent avec les résultats de groupes qui ont pu montrer que la concentration de D-sérine dans le sérum sanguin[99] et dans le liquide cérébrospinal[100] - [101] de patients schizophréniques, par comparaison avec une cohorte de sujets sains, est significativement réduite. En outre, on a trouvé dans les cerveaux de patients schizophréniques décédés une expression plus élevée de l'oxydase des acides aminés D[102] - [103] - [104] - [105]. L'administration en supplément de D-sérine pendant le traitement de patients schizophréniques a présenté dans des études cliniques de nombreux résultats encourageants[106] - [107]. Dans une méta-analyse de 18 études cliniques, on a établi la réduction des symptÎmes de la schizophrénie. Cependant, l'amélioration n'était que modérée[108].

Les dĂ©couvertes sur la fonction de la D-sĂ©rine et de l'oxydase des acides aminĂ©s D ont conduit Ă  la mise au point de divers inhibiteurs de l'oxydase des acides aminĂ©s D, qui pourraient ĂȘtre des mĂ©dicaments potentiels pour le traitemement de la schizophrĂ©nie[109] - [110] - [111]. Les inhibiteurs de l'oxydase des acides aminĂ©s D se trouvent encore dans une phase de mise au point trĂšs prĂ©coce[112] - [113], si bien qu'en 2012, aucun mĂ©dicament sur ce principe n'a encore reçu d'autorisation de mise sur le marchĂ© (AMM).

On Ă©tudie, dans l'autre sens, si une concentration trop Ă©levĂ©e de ces acides aminĂ©s dans les cellules gliales, et l'excitotoxicitĂ© allant de pair, peut ĂȘtre une cause de la sclĂ©rose latĂ©rale amyotrophique, une maladie dĂ©gĂ©nĂ©rative du systĂšme nerveux[114] - [115].

Le D-aspartate

C'est en 1986 que le groupe autour de l'AmĂ©ricain David S. Dunlop a trouvĂ© des quantitĂ©s substantielles de D-aspartate dans le cerveau de rongeurs et dans le sang humain. C'est dans le tĂ©lencĂ©phale de rats nouveau-nĂ©s qu'ils ont trouvĂ© la plus haute concentration, avec 164 nmol/g de D-aspartate. Ceci correspondait Ă  8,4 % de l'aspartate total. Cette concentration dĂ©passe celle de nombreux acides aminĂ©s L essentiels dans le cerveau[116]. En dehors du cerveau, ils ont pu aussi mettre en Ă©vidence des concentrations relativement Ă©levĂ©es de D-aspartate dans la glande pinĂ©ale, l'hypophyse, les surrĂ©nales et les testicules[117] - [118]. De maniĂšre analogue Ă  la D-sĂ©rine, le D-aspartate est produit dans l'organisme par racĂ©misation enzymatique de L-aspartate, et dans ce cas par la racĂ©mase du D-aspartate (EC 5.1.1.13), et la dĂ©gradation est produite par l'oxydase du D-aspartate (EC 1.4.3.1). Avec l'Ăąge, la concentration de D-aspartate diminue drastiquement[119]. Les hautes activitĂ©s en racĂ©mase du D-aspartate se trouvent dans les organes oĂč on trouve Ă©galement de hautes concentrations en D-aspartate. L'activitĂ© est maximale dans l'hypophyse. Une dĂ©sactivation de la racĂ©mase du D-aspartate, par exemple par un rĂ©trovirus, qui suscite une perte de fonction ciblĂ©e dans l'acide ribonuclĂ©ique (ARN) complĂ©mentaire de la racĂ©mase du D-aspartate, conduit Ă  une diminution substantielle de la concentration en D-aspartate. La consĂ©quence en est que le dĂ©veloppement dendritique est massivement perturbĂ©, ce qui conduit alors Ă  des dommages marquĂ©s pour la neurogĂ©nĂšse dans l'hippocampe[120]. Sur la base de ces rĂ©sultats expĂ©rimentaux, on part de l'hypothĂšse que le D-aspartate est un rĂ©gulateur important du dĂ©veloppement neuronal[119]. L'action physiologique dĂ©taillĂ©e du D-aspartate est encore largement inconnue. Ce domaine de recherche est tout Ă  fait nouveau. C'est ainsi que ce n'est qu'en 2010 que la racĂ©mase de l'aspartate a Ă©tĂ© clonĂ©e chez les mammifĂšres[120].

Peptides contenant des acides aminés D

Les plaques de bĂȘta-amyloĂŻde (reprĂ©sentation schĂ©matique) de la maladie d'Alzheimer prĂ©sentent un taux de racĂ©misation Ă©levĂ©, en particulier en aspartate. On suppose que la racĂ©misation favorise la formation de ces dĂ©pĂŽts insolubles et toxiques.

Au cours du vieillissement d'un organisme, la multiplication de la racĂ©misation, en particulier de l'aspartate, amĂšne une perte croissante d'homochiralitĂ©. Le stress oxydant et les rayons UV[121] peuvent accĂ©lĂ©rer cette perte. La racĂ©misation de l'aspartate se dĂ©roule particuliĂšrement facilement en raison de la formation d'un intermĂ©diaire, un succinimide, qui n'a besoin que d'une trĂšs faible Ă©nergie d'activation[122]. Cette racĂ©misation in vivo des protĂ©ines non enzymatique est un processus de vieillissement autonome, qui concerne avant tout les protĂ©ines Ă  longue vie, comme le collagĂšne de la dentine ou le cristallin[123]. Par exemple, 0,14 % de l'aspartate du cristallin est racĂ©misĂ© par an. Un homme de 30 ans a ainsi en moyenne 4,2 % de l'aspartate dans son cristallin qui est racĂ©misĂ©[124]. En outre d'autres protĂ©ines fonctionnelles, comme des enzymes ou des sĂ©miochimiques, sont aussi touchĂ©es par la racĂ©misation. Les peptides qui contiennent des acides aminĂ©s D sont notablement plus stables vis-Ă -vis de la dĂ©gradation enzymatique par des protĂ©ases que ceux dont les acides aminĂ©s ne sont qu'en conformation L. Dans bien des cas, la racĂ©misation d'une protĂ©ine endogĂšne conduit Ă  des problĂšmes physiologiques. La racĂ©misation conduit Ă  une perte de fonction et Ă  une accumulation de la protĂ©ine dans les tissus les plus divers, oĂč l'organisme ne peut pas les dĂ©grader. Dans certains tableaux cliniques, on observe un accroissement de la racĂ©misation. Dans l'athĂ©rome, l'emphysĂšme pulmonaire, la presbytie, la cataracte, les manifestations dĂ©gĂ©nĂ©ratives des cartilages et du cerveau, on considĂšre la racĂ©misation de l'aspartate comme un facteur pathologique pertinent[125].

C'est en 1988 que l'on a trouvĂ© pour la premiĂšre fois dans les plaques sĂ©niles de bĂȘta-amyloĂŻde du cerveau de patients dĂ©cĂ©dĂ©s avec la maladie d'Alzheimer un taux Ă©levĂ© de racĂ©misation[126]. C'Ă©taient avant tout du D-aspartate et de la D-sĂ©rine qui ont Ă©tĂ© mis en Ă©vidence[127]. Plus tard, on a reconnu qu'une racĂ©misation de l'aspartate en position 23[128] conduisait Ă  une accĂ©lĂ©ration de l'agrĂ©gation des peptides[129] qui est considĂ©rĂ©e comme un Ă©lĂ©ment substantiel de la pathogenĂšse de la maladie d'Alzheimer. Contrairement Ă  la racĂ©misation en position 23, la racĂ©misation en position 7 conduit Ă  une diminution de l'agrĂ©gation des peptides[129]. Dans la survenue de la maladie d'Alzheimer, on attribue un rĂŽle important aux processus de racĂ©misation de la bĂȘta-amyloĂŻde par vieillissement de la protĂ©ine, qui se dĂ©roulent comme ceux de la dentine. La racĂ©misation accĂ©lĂšre l'agrĂ©gation des peptides et rend plus difficile leur dĂ©sagrĂ©gation par des protĂ©ases[130] - [131].

Propriétés

Propriétés chimiques et physiques

Dans un environnement achiral, les acides aminĂ©s L et D sont identiques dans leurs propriĂ©tĂ©s chimiques et physiques, Ă  l'exception de leur action sur la direction de polarisation de la lumiĂšre. Par contre, dans un environnement chiral, des diffĂ©rences notables peuvent ĂȘtre Ă©tablies. Ceci est vrai en particulier dans les processus biochimiques, qui sont naturellement chiraux. Un exemple pratique pour cela est la diffĂ©rence de goĂ»t entre des Ă©nantiomĂšres d'acides aminĂ©s. Les chĂ©morĂ©cepteurs gustatifs construits d'acides aminĂ©s L forment un environnement chiral, qui interagissent diffĂ©remment vis-Ă -vis des Ă©nantiomĂšres. C'est ainsi que le goĂ»t de la plupart des acides aminĂ©s L est dĂ©crit comme amer, tandis que celui des acides aminĂ©s D l'est comme doux[132] - [133]. Un exemple extrĂȘme est le D-tryptophane, le plus sucrĂ© de tous les acides aminĂ©s D, plus de 37 fois plus que le saccharose. Par contre, le L-tryptophane, est, avec la L-tyrosine, le plus amer[134]. De la mĂȘme maniĂšre, les interactions avec d'autres rĂ©cepteurs ou enzymes peuvent se dĂ©rouler de façon diffĂ©rente dans les processus biochimiques. Ceci est en particulier valable pour les peptides et les protĂ©ines qui contiennent un ou plusieurs acides aminĂ©s D.

L'inclusion d'un acide aminĂ© D, ou en particulier l'Ă©pimĂ©risation d'un acide aminĂ© L au sein d'une protĂ©ine produit du point de vue stĂ©rĂ©ochimique la formation d'un diastĂ©rĂ©oisomĂšre, qui donne Ă  l'ensemble de la protĂ©ine des propriĂ©tĂ©s chimiques et physiques complĂštement nouvelles[31]. Cette intervention biochimique sur la structure primaire du peptide a des consĂ©quences notables sur ses structures secondaire, tertiaire et quaternaire. Son effet biochimique est alors fortement modifiĂ©. Dans les cas extrĂȘmes, elle peut soit perdre complĂštement sa fonction, soit prendre une fonction totalement nouvelle, Ă©ventuellement toxique. Les acides aminĂ©s D empĂȘchent la constitution d'une hĂ©lice alpha au sein d'un peptide constituĂ© d'acides aminĂ©s L. Ce sont des briseurs d'hĂ©lice. Seules des protĂ©ines constituĂ©es entiĂšrement soit d'acides aminĂ©s D soit d'acides aminĂ©s L peuvent construire des hĂ©lices avec les acides aminĂ©s susceptibles de les construire (valine, glutamine, isoleucine, alanine, mĂ©thionine, leucine, glutamate ou tryptophane). Ces hĂ©lices tournent en sens inverse. Ceci n'est pas possible avec un mĂ©lange d'acides aminĂ©s de conformations diffĂ©rentes[14].

Toxicologie

IsomÚres D d'acides aminés protéinogÚnes

L'emmental contient, à cause de ses processus de fabrication microbiologiques, relativement beaucoup d'acides aminés D.

Dans des Ă©tudes oĂč la prise orale d'acides aminĂ©s, par exemple sous la forme de complĂ©ments nutritifs, a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e, il a Ă©tĂ© montrĂ© que tous les acides aminĂ©s sauf la sĂ©rine et l'aspartate ont des effets toxiques plus marquĂ©s en configuration L « naturelle » qu'en configuration D[135] - [26]. Les acides aminĂ©s D forment une partie normale d'un nombre d'aliments. Ils ont pour origine avant tout des processus de racĂ©misation d'acides aminĂ©s L. Dans les nourritures qui ont subi une fermentation, comme les produits lactĂ©s, on trouve des quantitĂ©s Ă©levĂ©es d'acides aminĂ©s D. Par exemple, l'emmental contient environ 0,7 g/kg d'acides aminĂ©s D[136]. DĂ©jĂ  dans le lait de vache frais, environ 1,5 % des acides aminĂ©s sont en configuration D[137].

On estime qu'environ un tiers des acides aminĂ©s D pris dans la nourriture sont d'origine microbienne[138]. Pour pouvoir utiliser dans l'organisme les acides aminĂ©s contenus dans la nourriture et insĂ©rĂ©s dans les protĂ©ines, les protĂ©ines doivent ĂȘtre dĂ©composĂ©es dans leurs Ă©lĂ©ments, les acides aminĂ©s libres. S'il se trouve dans une protĂ©ine des acides aminĂ©s D, l'accĂšs de la protĂ©ine aux enzymes protĂ©olytiques peut ĂȘtre notablement limitĂ©. Les enzymes de l'appareil digestif humain ne peuvent pas briser les liaisons entre acides aminĂ©s D et L. La dĂ©gradation en acides aminĂ©s libres, ou en dipeptides ou tripeptides, nĂ©cessaire pour l'absorption dans la muqueuse intestinale en est rendue plus difficile[139]. Les parties plus importantes de peptides ne peuvent pas ĂȘtre assimilĂ©es et sont excrĂ©tĂ©es avec les matiĂšres fĂ©cales. La disponibilitĂ© biologique, et Ă©galement la valeur nutritive est alors fortement diminuĂ©e[140]. Les dipeptides ou tripeptides contenant des acides aminĂ©s D, et les acides aminĂ©s D libres peuvent ĂȘtre rĂ©sorbĂ©s par des transporteurs de peptides. Une grande partie des acides aminĂ©s D ainsi absorbĂ©s sont Ă©liminĂ©s par les reins. Selon l'offre de nourriture et le type d'acide aminĂ©, une partie des acides aminĂ©s D peut ĂȘtre transformĂ©e par Ă©pimĂ©risation en acides aminĂ©s L, et donc ĂȘtre mise Ă  la disposition de la biosynthĂšse des protĂ©ines[141].

L'inclusion d'acides aminés D dans la paroi cellulaire des bactéries a pour effet leur résistance aux protéases. Cette résistance est trÚs importante pour l'homme, puisqu'il y a dans l'intestin d'un adulte plusieurs centaines de grammes de bactéries intestinales, qui sont nécessaires à la digestion, avec une multiplicité de protéases.

La plus grande partie des acides aminés D dans la nourriture trouve son origine par sa préparation. Les hautes températures ou des conditions fortement acides ou basiques conduisent à une racémisation partielle. Par exemple, dans les chips, environ 14 % de l'aspartate est sous forme D ; dans l'ersatz de lait à mettre dans le café, ce sont 17 %, et dans une tranche de bacon pour le petit-déjeuner, 13 %. Les acides aminés L libres se racémisent environ dix fois plus lentement que s'ils sont liés dans une protéine. Le taux de racémisation en outre dépend fortement de l'acide aminé. Par exemple, la sérine, en raison de son groupe hydroxyle se racémise particuliÚrement facilement[140] - [142] - [143]. Les conditions drastiques nécessitées par la production de gélatine - fusion acide ou basique à haute température - conduisent à une forte racémisation, en particulier de l'aspartate, dans le collagÚne de la gélatine. La fraction de D-aspartate sur aspartate total peut facilement dépasser 30 % dans des gélatines disponibles dans le commerce[144].

La désamination d'acides aminés D sous l'action catalytique de l'oxydase des acides aminés D sert à la dégradation des acides aminés D dans l'organisme. Dans ce processus se forment outre des cétoacides des ions ammonium et du peroxyde d'hydrogÚne.

Les acides aminés D pris par les mammifÚres ne sont pas incorporés dans des protéines ou des peptides, ou d'autres (macro-)molécules du métabolisme. On ne constate pas d'enrichissement des tissus corporels. Les acides aminés D sont éliminés en partie dans l'urine, et en partie par désamination par l'enzyme oxydase des acides aminés D présente dans le foie et les reins, et oxydés en produits normaux du métabolisme, les cétoacides. En ce qui concerne la toxicité des infusions d'acides aminés D, on possÚde de longues années d'expérience plus ou moins volontaire, qui amÚnent à conclure qu'ils ne sont pas nuisibles à la santé[145]. La base pour cette affirmation est la bonne tolérance de l'alimentation par voie parentérale qui a consisté pendant de nombreuses années de racémates d'acides aminés à haute dose. Ces solutions d'infusion étaient obtenues par hydrolyse acide de protéines, ce qui conduit forcément à une forte racémisation[146]. La méthionine racémique, DL-méthionine, constitue une partie de beaucoup d'aliments de l'élevage bovin. Chez les vaches laitiÚres, on a pu montrer que plus de 75 % de la D-méthionine était transformée en L-méthionine, et ainsi rendue biodisponible[147].

IndĂ©pendamment de ces valeurs tirĂ©es de l'usage, il faut considĂ©rer les rĂ©sultats expĂ©rimentaux sur le modĂšle animal du rat. De hautes doses (dans la gamme des 0,8 g/kg) de D-sĂ©rine conduisent dans ces organismes modĂšles Ă  une nĂ©crose tubulaire aiguĂ«[148] - [149] - [150] - [151], rĂ©versible aprĂšs la suppression de l'administration de D-sĂ©rine[152]. Au bout d'environ six jours, la rĂ©gĂ©nĂ©ration complĂšte de la fonction du rein est acquise[153]. Les modifications pathologiques sont largement similaires Ă  une lĂ©sion des reins due Ă  de la lysinoalanine (combinaison de lysine et de dĂ©shydroalanine, un acide aminĂ© non protĂ©inogĂšne). On n'a pas encore d'explication sĂ»re de la raison pour laquelle la D-sĂ©rine Ă  ces hautes concentrations est toxique pour le rein. Il est possible que la D-sĂ©rine rĂ©duise la concentration en glutathion rĂ©nal, dont la fonction est de protĂ©ger les cellules du tubule distal des influences nĂ©fastes dus aux dĂ©rivĂ©s rĂ©actifs de l'oxygĂšne (ROS). Dans la dĂ©gradation enzymatique de la D-sĂ©rine par l'oxydase des acides aminĂ©s D, il se forme comme sous-produit du peroxyde d'hydrogĂšne[154], qui abaisse notablement la rĂ©serve de glutathion au sein de la cellule[140] - [155].

Les fours à micro-ondes ne font pas de quantités d'acides aminés D supérieures à la moyenne, qui dans les concentrations usuelles sont sans danger pour l'organisme humain.

Une communication publiĂ©e en dĂ©cembre 1989 dans le pĂ©riodique spĂ©cialisĂ© de renom The Lancet a suscitĂ© une grande attention. Elle Ă©tait signĂ©e de trois mĂ©decins viennois, qui avaient chauffĂ© du lait dans un four Ă  micro-ondes, et trouvĂ© de grandes quantitĂ©s de D-proline, apparemment due Ă  la racĂ©misation de la L-proline du lait. À la suite, ils ont attribuĂ© Ă  cette D-proline des propriĂ©tĂ©s toxiques pour les nerfs, les reins et le foie[156]. Cette publication Ă©tait une lettre aux rĂ©dacteurs, et non une publication soumise Ă  critique par les pairs, ni mĂȘme Ă  une Ă©tude contrĂŽlĂ©e[157]. Les auteurs n'ont pas prĂ©cisĂ© les conditions de l'expĂ©rience qui avait conduit Ă  ce point de racĂ©misation. IndĂ©pendamment de ces restrictions, cette annonce a Ă©tĂ© publiĂ©e dans la presse quotidienne et hebdomadaire avec des formules dramatiques et des avertissements sur l'usage des fours Ă  micro-ondes. En , le bureau fĂ©dĂ©ral de la santĂ© a publiĂ© une mise au point, qui n'a pratiquement eu aucun impact dans le public. D'autres scientifiques ont soulignĂ© que la D-proline fait normalement partie de la nourriture quotidienne, et qu'elle est vite dĂ©gradĂ©e et Ă©liminĂ©e aprĂšs son absorption orale[158]. Cependant, en , un journal est paru avec la manchette « Les micro-ondes empoisonnent les nerfs, le foie et les reins[146]. » Des affirmations semblables se trouvent toujours aujourd'hui sur des sites web correspondants[159] - [160] - [161].

Les tentatives d'autres groupes pour retrouver les rĂ©sultats des mĂ©decins viennois ont commencĂ© par Ă©chouer. Ainsi, aprĂšs 30 minutes de cuisson du lait sur une cuisiniĂšre, aucune augmentation de la D-proline n'a pu ĂȘtre mesurĂ©e[162] - [163]. Deux ans plus tard, les conditions de l'expĂ©rience ont Ă©tĂ© publiĂ©es. Les auteurs de la lettre au Lancet avaient chauffĂ© le lait dans un rĂ©cipient Ă  pression fermĂ© pendant 10 minutes Ă  174−176 °C, un domaine de tempĂ©rature que les rĂ©cipients domestiques pour le chauffage du lait ne peuvent pas atteindre[164] - [165]. En ce qui concerne leur affirmation sur la neurotoxicitĂ© de la D-proline, les auteurs de la lettre au Lancet se fondaient sur des expĂ©riences de 1978, oĂč l'on avait injectĂ© la substance directement dans les ventricules cĂ©rĂ©braux[166]. Des expĂ©riences ultĂ©rieures sur la toxicitĂ© de la D-proline chez les rats ont montrĂ© que ce composĂ© est sans danger, mĂȘme Ă  haute concentration[167] - [146].

Le vrai danger du chauffage du lait dans les fours à micro-ondes provient - spécialement pour les enfants en bas ùge - du chauffage inégal du contenu du biberon, ce qui conduit couramment à des brûlures de gravité clinique[168].

IsomÚres D d'acides aminés non protéinogÚnes

On ne peut pas donner d'indication gĂ©nĂ©rale sur la toxicitĂ© des isomĂšres D des acides aminĂ©s non-protĂ©inogĂšnes. Elle dĂ©pend trĂšs individuellement du type d'acide aminĂ© concernĂ©. De façon intĂ©ressante, certaines combinaisons contenant des acides aminĂ©s D sont notablement moins toxiques que leurs isomĂšres L : par exemple, la cyclosĂ©rine et la pĂ©nicillamine. C'est ainsi que par exemple, la dose lĂ©tale mĂ©diane pour l'absorption orale du racĂ©mique de pĂ©nicillamine D et L chez le rat est de 365 mg/kg. Pour la D-pĂ©nicillamine, on ne note aucun signe de toxicitĂ© mĂȘme pour une dose de 1 200 mg/kg[169].

D-Peptides

On ne peut pas faire d'assertion générale sur les propriétés toxicologiques des D-peptides. Leur sensibilité vis-à-vis des protéases est notablement plus faible et leur potentiel immunogÚne significativement plus petit que celui des L-peptides correspondants[170] - [171].

Analyse

Procédés classiques

PolarimĂštre moderne

Avec un polarimĂštre, on peut dĂ©terminer l'angle de rotation de la polarisation d'une solution d'acides aminĂ©s, d'oĂč l'on peut calculer le contenu en Ă©nantiomĂšres D et L. Pour cela, il faut que des conditions standardisĂ©es soient rĂ©alisĂ©es (avant tout, concentration, tempĂ©rature et solvant). En outre, ce procĂ©dĂ© n'est applicable qu'Ă  des acides aminĂ©s seuls, et non Ă  des mĂ©langes d'acides aminĂ©s diffĂ©rents. Dans les annĂ©es 1960 Ă  1980, la chromatographie Ă  Ă©change d'ions a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour la sĂ©paration d'acides aminĂ©s dĂ©rivĂ©s. Pour cela, les acides aminĂ©s Ă  analyser sont transformĂ©s avant la sĂ©paration en dipeptides diastĂ©rĂ©oisomĂšres avec des acides aminĂ©s L[172]. Également des procĂ©dĂ©s enzymatiques, qui reposent sur des transformations avec des enzymes spĂ©cifiques comme les oxydases des acides aminĂ©s D ou L[173] font partie des procĂ©dĂ©s classiques de dĂ©termination des Ă©nantiomĂšres des acides aminĂ©s[26].

Procédés chromatographiques

Des analyses quantitatives, mĂȘme de mĂ©langes complexes d'acides aminĂ©s, peuvent ĂȘtre accomplies au moyen de procĂ©dĂ©s chromatographiques. Ceci suppose de sĂ©parer les composants individuels du mĂ©lange sur la phase stationnaire du chromatographe, puis de les mesurer avec un dĂ©tecteur. Ces derniers sont surtout des spectroscopes ou des spectomĂštres de masse, ou encore en chromatographie en phase gazeuse par dĂ©tection d'ionisation en flamme (en). Pour la sĂ©paration du mĂ©lange sur la phase stationnaire, on utilise deux stratĂ©gies. Dans le cas le plus simple, cette sĂ©paration des deux Ă©nantiomĂšres a lieu sur une phase stationnaire chirale, qui interagit diffĂ©remment avec les deux isomĂšres, et donc est Ă©luĂ©e Ă  une vitesse diffĂ©rente. La sĂ©paration Ă  une phase stationnaire achirale n'est possible que quand les Ă©nantiomĂšres sont remplacĂ©s par des diastĂ©rĂ©oisomĂšres. Les procĂ©dĂ©s d'analyse qui se sont imposĂ©s sont la chromatographie en phase gazeuse (GC) et la chromatographie en phase liquide Ă  haute performance (HPLC). Comme procĂ©dĂ© non-chromatographique, on utilise notamment l'Ă©lectrophorĂšse capillaire pour l'analyse des acides aminĂ©s D[26]. Ce n'est que la mise au point de mĂ©thodes chromatographiques spĂ©ciales qui a permis de trouver et de quantifier les acides aminĂ©s D dans les organes des organismes supĂ©rieurs[174] - [175].

Chromatographie en phase gazeuse

Un chromatographe couplé à un spectromÚtre de masse (GC-MS)

Les acides aminĂ©s ne peuvent pas ĂȘtre vaporisĂ©s sans se dĂ©composer. Pour leur sĂ©paration et leur analyse en chromatographie en phase gazeuse, ils doivent ĂȘtre transformĂ©s en composĂ©s vaporisables sans dĂ©composition. À cette fin, ils sont en gĂ©nĂ©ral soumis Ă  une rĂ©action chimique en deux Ă©tapes. Par exemple, dans une premiĂšre Ă©tape, on peut transformer le groupe carboxyle en ester avec de l'Ă©thanol, puis dans une deuxiĂšme Ă©tape, transformer le groupe amino en trifluoracĂ©tyle sous l'action de l'anhydride trifluoroacĂ©tique. Le dĂ©rivĂ© N-TFA/O-Ă©thyl- de l'acide aminĂ© peut alors ĂȘtre vaporisĂ© dans le chromatographe sans se dĂ©composer, et ĂȘtre sĂ©parĂ© sur une phase stationnaire chirale[176]. La rĂ©action sĂ©parĂ©e sur chacun des ligands du carbone α protĂšge du danger d'une racĂ©misation, et garantit que la rĂ©action aura la mĂȘme cinĂ©tique pour les deux Ă©nantiomĂšres. L'une ou l'autre de ces possibilitĂ©s pourrait altĂ©rer le rĂ©sultat de la mesure[26].

Chromatographie en phase liquide Ă  haute performance

Un systĂšme d'HPLC, comme il peut ĂȘtre utilisĂ© pour des mĂ©langes d'acides aminĂ©s.

En HPLC, contrairement Ă  la chromatographie en phase gazeuse, il est usuel de combiner le produit Ă  analyser avec des rĂ©actifs chiraux, et d'utiliser une phase non-chirale. Comme rĂ©actif chiral, on peut utiliser la L-N-acĂ©tylcystĂ©ine avec du benzol-1,2-dicarbaldĂ©hyde[177]. La paire de diastĂ©rĂ©omĂšres (D - L et L - L) ont des propriĂ©tĂ©s physiques et chimiques diffĂ©rentes, si bien qu'ils peuvent ĂȘtre sĂ©parĂ©s et dĂ©tectĂ©s sur une colonne conventionnelle (achirale).

SynthĂšse

Le procédé à l'hydantoïnase pour la production d'acides aminés D.

La plupart des acides aminés L protéinogÚnes sont obtenus par fermentation. Ce procédé microbiologique n'est pas approprié pour la production d'acides aminés D[178]. Pour couvrir les besoins croissants en acides aminés D, divers processus de production ont été mis au point.

Les synthÚses chimiques classiques, comme la synthÚse de Strecker conduisent toujours à des racémiques d'acides aminés. On peut séparer les énantiomÚres de ce mélange, ce qui est coûteux, ou bien on y transforme enzymatiquement les acides aminés L en cétoacides au moyen de désaminases d'acides aminés L, et on peut les séparer alors facilement[179] - [180].

Une mĂ©thode plus Ă©lĂ©gante est la synthĂšse d'acides aminĂ©s D par la substitution d'hydantoĂŻnes. Les hydantoĂŻnes se produisent par des techniques de grands volumes selon la rĂ©action de Bucherer-Bergs Ă  partir d'aldĂ©hydes, de cyanure de potassium et de carbonate d'ammonium. Selon le choix de l'aldĂ©hyde utilisĂ©, on obtiendra l'acide aminĂ© souhaitĂ©. L'hydantoĂŻne ainsi prĂ©parĂ©e peut ensuite ĂȘtre transformĂ©e par le procĂ©dĂ© Ă  l'hydantoĂŻnase en acide aminĂ© D. Ce procĂ©dĂ© Ă  plusieurs enzymes a Ă©tĂ© mis au point par Degussa (maintenant Evonik), et consiste en trois Ă©tapes. Tout d'abord, le dĂ©rivĂ© d'hydantoĂŻne racĂ©mique est hydrolysĂ© sous l'influence catalytique d'une D-hydantoĂŻnase en N-carbamoyl-D-acide aminĂ©. Dans une deuxiĂšme Ă©tape, le N-carbamoyl-D-acide aminĂ© est hydrolysĂ© au moyen d'une D-carbamoylase en un acide aminĂ© Ă©nantiomĂšre pur. Dans la troisiĂšme Ă©tape, l'Ă©nantiomĂšre non transformĂ© du composĂ© de l'hydantoĂŻne est racĂ©misĂ© chimiquement ou enzymatiquement. La racĂ©misation chimique a lieu pour un pH > 8, et peut ĂȘtre substantiellement accĂ©lĂ©rĂ©e par l'addition d'une racĂ©mase. En comparaison avec les autres processus, le processus Ă  l'hydantoĂŻne produit Ă  partir d'un racĂ©mique des acides aminĂ©s Ă©nantiomĂšres purs avec un rendement thĂ©orique de 100 %[181].

Utilisation

Formule structurelle du cetrorelix (en). Ce décapeptide contient cinq acides aminés D, et est notamment utilisé comme médicament en médecine de l'appareil génital.

La demande mondiale en acides aminĂ©s D a continuellement augmentĂ© au cours des derniĂšres annĂ©es. Pour l'annĂ©e 2017, on pronostique un marchĂ© d'environ 3,7 milliards de US $[182].

Les acides aminés D sont utilisés comme constituants importants par exemple dans des édulcorants, des insecticides, des cosmétiques et avant tout dans une multiplicité de médicaments, qui représentent un facteur de croissance important pour le développement du marché[183].

C'est ainsi que chaque année, on a besoin de plusieurs milliers de tonnes de D-4-hydroxyphénylglycine et de D-phénylglycine pour la synthÚse des pénicillines (par exemple l'amoxicilline) et des céphalosporines (par exemple le Céfaclor).

Non seulement les acides aminés D élÚvent la stabilité des parois cellulaires des bactéries vis-à-vis de la dégradation protéolytique, mais leur inclusion bien dirigée dans les médicaments améliore leur stabilité, en particulier face à l'administration orale. En outre, le changement de l'ordonnancement des groupes fonctionnels dans leur conformation offre pour la construction de nouvelles molécules un nouveau degré de liberté qui peut conduire à de meilleures propriétés[184]. Le cetrorelix (en), utilisé en médecine de l'appareil génital, pour inhiber l'hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires, dont il est un analogue, consiste par exemple en dix acides aminés, dont cinq sont en configuration D[185] - [186]. Le cetrorelix est entiÚrement fabriqué synthétiquement à partir des acides aminés individuels. D'autres médicaments similaires, comme leuproreline, buserelin, degarelix, histrelin, nafarelin ou abarelix contiennent au moins un acide aminé D.

Le tadalafil, utilisé dans le traitement de la dysfonction érectile, mieux connu sous sa marque commerciale Cialis, contient dans sa structure un D-tryptophane[187]. L'antidiabétique natéglinide, du groupe des glinides est fait de D-phénylalanine et d'acide cis-4-isopropyl-cyclohexane-carbonique. La phénylalanine est utilisée depuis les années 1970 comme antidépresseur[188]. Pour l'utilisation comme médicament, on utilise le racémique, bien moins onéreux. Une fraction substantielle de l'action antidépressive et analgésique est due à la D-phénylalanine, qui n'est pas métabolisée, comme la L-phénylalanine en L-tyrosine, L-DOPA ou noradrénaline qui améliorent l'humeur, mais elle bloque de façon primaire l'enzyme enképhalinase[189]. Ce blocage conduit à augmenter la concentration d'enképhalines dans le sang, ce qui suscite l'effet analgésique. Ultérieurement, la D-phénylalanine est métabolisée principalement en phényléthylamine[190] - [191]

L'insecticide fluvalinate utilisé pour la lutte contre le varroa[192] du groupe des pyréthrinoïdes contient dans sa composition de la D-valine.

La D-alanine est un composant de l'Ă©dulcorant alitame.

Pour aller plus loin

  • (de) Hans-Dieter Belitz, Werner Grosch et Peter Schieberle, Lehrbuch der Lebensmittelchemie, Springer Verlag, , 5e Ă©d. (ISBN 3-540-41096-1, lire en ligne)
  • (en) Ryuichi Konno, Hans BrĂŒckner, Antimo D'Aniello, George Fisher, Noriko Fujii et Hiroshi Homma, D-amino acids: a new frontier in amino acids and protein research – practical methods and protocols., Nova Science Publishers, , 629 p. (ISBN 1-600-21075-9)
  • (en) Loredano Pollegioni et Stefano Servi (dir.), Unnatural Amino Acids, Humana Press, , 409 p. (ISBN 1-617-79330-2)
  • (en) Gyula PĂĄlyi, Luciano Caglioti et Claudia Zucchi (dir.), Advances in BioChirality, Elsevier, (ISBN 0-080-43404-5, ModĂšle:Google Buch)

Liens web

Notes et références

  1. Belitz2001, p. 15.
  2. (en) Uwe Meierhenrich, Amino Acids and the Asymmetry of Life: Caught in the Act of Formation, Springer, (ISBN 3-540-76885-8, lire en ligne), p. 47, 53–54.
  3. (en) V. S. Lamzin, Z. Dauter et K. S. Wilson, « How nature deals with stereoisomers », Current opinion in structural biology, vol. 5, no 6,‎ , p. 830–836 (ISSN 0959-440X, PMID 8749373).
  4. (en) S. A. Fuchs, R. Berger et al., « D-amino acids in the central nervous system in health and disease », Molecular genetics and metabolism, vol. 85, no 3,‎ , p. 168–180 (ISSN 1096-7192, PMID 15979028, DOI 10.1016/j.ymgme.2005.03.003) (Review)
  5. (en) G. F. Joyce, G. M. Visser et al., « Chiral selection in poly(C)-directed synthesis of oligo(G) », Nature, vol. 310, no 5978,‎ , p. 602–604 (ISSN 0028-0836, PMID 6462250)
  6. (en) V. V. Avetisov et V. I. Goldanskii, « Homochirality and stereospecific activity: evolutionary aspects », Bio Systems, vol. 25, no 3,‎ , p. 141–149 (ISSN 0303-2647, PMID 1912384).
  7. (en) W. A. Bonner, « Experimental evidence for beta-decay as a source of chirality by enantiomer analysis », Origins of life, vol. 14, nos 1–4,‎ , p. 383–390 (ISSN 0302-1688, PMID 11536584) (Review)
  8. (en) W. A. Bonner, « Parity violation and the evolution of biomolecular homochirality », Chirality, vol. 12, no 3,‎ , p. 114–126 (ISSN 0899-0042, PMID 10689289, DOI 10.1002/(SICI)1520-636X(2000)12:3<114::AID-CHIR3>3.0.CO;2-N) (Review)
  9. (en) J. R. Cronin et S. Pizzarello, « Enantiomeric excesses in meteoritic amino acids », Science, vol. 275, no 5302,‎ , p. 951–955 (ISSN 0036-8075, PMID 9020072).
  10. (en) S. Pizzarello, M. Zolensky et K. A. Turk, « Nonracemic isovaline in the Murchison meteorite: chiral distribution and mineral association », Geochimica et Cosmochimica Acta, vol. 67, no 8,‎ , p. 1589–1595 (DOI 10.1016/S0016-7037(02)01283-8)
  11. (en) P. Schmitt-Kopplin, Z. Gabelica et al., « High molecular diversity of extraterrestrial organic matter in Murchison meteorite revealed 40 years after its fall », PNAS, vol. 107, no 7,‎ , p. 2763–2768 (ISSN 1091-6490, PMID 20160129, PMCID 2840304, DOI 10.1073/pnas.0912157107).
  12. (en) D. P. Glavin et J. P. Dworkin, « Enrichment of the amino acid L-isovaline by aqueous alteration on CI and CM meteorite parent bodies », PNAS, vol. 106, no 14,‎ , p. 5487–5492 (ISSN 1091-6490, PMID 19289826, PMCID 2667035, DOI 10.1073/pnas.0811618106).
  13. (en) P. W. Lucas, J. H. Hough et al., « UV circular polarisation in star formation regions: the origin of homochirality? », Origins of life and evolution of the biosphere, vol. 35, no 1,‎ , p. 29–60 (ISSN 0169-6149, PMID 15889649).
  14. (de) Thomas Carell, « Vorlesung Stereochemie : chap. 9 : Racemisierungen », sur LMU MĂŒnchen (consultĂ© le ), p. 150.
  15. (de) Elizabeth R. Neswald, Thermodynamik als kultureller Kampfplatz: zur Faszinationsgeschichte der Entropie, 1850–1915, Rombach, (ISBN 3-793-09448-0), p. 335.
  16. (de) A. S. KekulĂ©, « Ach wie gut, dass niemand weiß 
 », Tagesspiegel,‎ (lire en ligne).
  17. (en) T. Ogino et H. Ogino, « Application to forensic odontology of aspartic acid racemization in unerupted and supernumerary teeth », Journal of dental research, vol. 67, no 10,‎ , p. 1319–1322 (ISSN 0022-0345, PMID 3170888).
  18. (en) T. Ogino, H. Ogino et B. Nagy, « Application of aspartic acid racemization to forensic odontology: post mortem designation of age at death », Forensic science international, vol. 29, nos 3–4,‎ , p. 259–267 (ISSN 0379-0738, PMID 4076954)
  19. (en) S. Ohtani et T. Yamamoto, « Strategy for the estimation of chronological age using the aspartic acid racemization method with special reference to coefficient of correlation between D/L ratios and ages », Journal of forensic sciences, vol. 50, no 5,‎ , p. 1020–1027 (ISSN 0022-1198, PMID 16225206) (Review)
  20. (en) J. L. Bada, B. Herrmann et al., « Amino acid racemization in bone and the boiling of the German Emperor Lothar I », Applied Geochemistry, vol. 4, no 3,‎ , p. 325–327 (DOI 10.1016/0883-2927(89)90036-X).
  21. (en) Chris McManus, Right Hand, Left Hand – The Origins of Asymmetry in Brains, Bodies, Atoms and Cultures, Harvard University Press, (ISBN 0-674-01613-0, lire en ligne), p. 130-132.
  22. (en) P. M. Masters et M. Friedman, « Racemization of amino acids in alkali-treated food proteins », Journal of agricultural and food chemistry, vol. 27, no 3,‎ , p. 507–511 (ISSN 0021-8561, PMID 447924).
  23. (en) J. L. Bada, « Kinetics of racemization of amino acids as a function of pH », Journal of the American Chemical Society, vol. 94, no 4,‎ , p. 1371–1373 (ISSN 0002-7863, PMID 5060280).
  24. (en) H. Frank, W. Woiwode et al., « Determination of the rate of acidic catalyzed racemization of protein amino acids », Liebigs Ann Chem., no 3,‎ , p. 354–365 (DOI 10.1002/jlac.198119810303).
  25. (en) T. Geiger et S. Clarke, « Deamidation, isomerization, and racemization at asparaginyl and aspartyl residues in peptides. Succinimide-linked reactions that contribute to protein degradation », The Journal of biological chemistry, vol. 262, no 2,‎ , p. 785–794 (ISSN 0021-9258, PMID 3805008)
  26. (de) Thorsten Erbe (Dissertation), « Die Quantifizierung von AminosĂ€urenisomeren in Lebensmitteln mittels chiraler Gaschromatographie-Massenspektrometrie im Hinblick auf die Relevanz und die Entstehungsmechanismen von D-AminosĂ€uren », sur Justus-Liebig-UniversitĂ€t Gießen, (consultĂ© le ).
  27. (en) A. Paquet et M. Ching-Yung, « Racemization assessment in alkali treated dietary proteins using high-performance liquid chromatography », Nutrition Research, vol. 9, no 9,‎ , p. 1053–1065 (DOI 10.1016/S0271-5317(89)80066-1).
  28. (en) M. Friedman, « Chemistry, nutrition, and microbiology of D-amino acids », Journal of agricultural and food chemistry, vol. 47, no 9,‎ , p. 3457–3479 (ISSN 0021-8561, PMID 10552672) (Review)
  29. (en) J. P. Richard et T. L. Amyes, « Proton transfer at carbon », Current opinion in chemical biology, vol. 5, no 6,‎ , p. 626–633 (ISSN 1367-5931, PMID 11738171) (Review)
  30. (en) J. P. Richard, et T. L. Amyes, « On the importance of being zwitterionic: enzymatic catalysis of decarboxylation and deprotonation of cationic carbon », Bioorganic chemistry, vol. 32, no 5,‎ , p. 354–366 (ISSN 0045-2068, PMID 15381401, DOI 10.1016/j.bioorg.2004.05.002) (Review)
  31. (de) Daniel Björn Stein, « SubstratspezifitÀt und FunktionalitÀt von EpimerisierungsdomÀnen in der nichtribosomalen Peptidsynthese », Dissertation, sur Philipps-UniversitÀt Marburg, (consulté le ), p. 29.
  32. (en) S. Glavas et M. E. Tanner, « Active site residues of glutamate racemase », Biochemistry, vol. 40, no 21,‎ , p. 6199–6204 (ISSN 0006-2960, PMID 11371180).
  33. (en) L. M. Fisher, J. G. Belasco et al., « Energetics of proline racemase: transition-state fractionation factors for the two protons involved in the catalytic steps », Biochemistry, vol. 25, no 9,‎ , p. 2543–2551 (ISSN 0006-2960, PMID 3521738).
  34. (en) Geoffrey Zubay, Origins of Life: On Earth and in the Cosmos, Academic Press, (ISBN 0-127-81910-X, lire en ligne), p. 296
  35. (de) Emil Abderhalden, Fermentforschung, t. 16–17, S. Hirzel, , p. 301
  36. (de) H. A. Krebs, « Untersuchungen ĂŒber den Stoffwechsel der AminosĂ€uren im Tierkörper », Hoppe-Seyler's Zeitschrift fĂŒr physiologische Chemie, vol. 217,‎ , p. 191
  37. (en) H. A. Krebs, « Metabolism of amino-acids: Deamination of amino-acids », The Biochemical journal, vol. 29, no 7,‎ , p. 1620–1644 (ISSN 0264-6021, PMID 16745832, PMCID 1266672)
  38. (en) H. Blaschko et J. Hawkins, « D-Amino acid oxidase in the molluscan liver », The Biochemical journal, vol. 52, no 2,‎ , p. 306–310 (ISSN 0264-6021, PMID 13018226, PMCID 1197987)
  39. (de) Felix Ehrlich, « Über asymmetrische und symmetrische Einwirkung von Hefe auf Racemverbindungen natĂŒrlich vorkommender AminosĂ€uren », Biochem Z., vol. 63,‎ , p. 379–401
  40. (de) Edmund Oskar von Lippmann, « Ueber das Vorkommen von Leucin und Tyrosin in der RĂŒbenmelasse », Ber Dtsch Chem Ges., vol. 17,‎ , p. 2835–2840 (DOI 10.1002/cber.188401702243)
  41. (de) S. FrĂ€nkel, H. Gallia, A. Liebster et S. Rosen, « Über die Produkte prolongierter tryptischer Verdauung des Caseins », Biochem Z., vol. 145,‎ , p. 225–241
  42. (de) E. Winterstein, C. Reuter et R. Korolew, « Ueber die chemische Zusammensetzung einiger Pilze und ĂŒber die bei der Autolyse derselben auftretenden Produkte », Landw Versuchsstat., vol. LXXIX - LXXX,‎ , p. 541–562
  43. (en) J. H. Birkinshaw, H. Raistrick et G. Smith, « Studies in the biochemistry of micro-organisms: Fumaryl-dl-alanine (fumaromono-dl-alanide), a metabolic product of Penicillium resticulosum sp.nov. », The Biochemical journal, vol. 36, nos 10–12,‎ , p. 829–835 (ISSN 0264-6021, PMID 16747516, PMCID 1266878)
  44. (en) T. Robinson, « D-amino acids in higher plants », Life sciences, vol. 19, no 8,‎ , p. 1097–1102 (ISSN 0024-3205, PMID 792607) (Review)
  45. (en) J. L. Frahn et R. J. Illman, « The occurrence of D-alanine and D-alanyl-D-alanine in Phalaris tuberosa », Phytochem, vol. 14,‎ , p. 1464–1465 (DOI 10.1016/S0031-9422(00)98674-6)
  46. (en) Y. Gogami, K. Ito et al., « Occurrence of D-serine in rice and characterization of rice serine racemase », Phytochemistry, vol. 70, no 3,‎ , p. 380–387 (ISSN 0031-9422, PMID 19249065, DOI 10.1016/j.phytochem.2009.01.003)
  47. (en) T. Ogawa, M. Fukuda et K. Sasaoka, « Occurrence of N-malonyl-D-alanine in pea seedlings », Biochimica et biophysica acta, vol. 297, no 1,‎ , p. 60–69 (ISSN 0006-3002, PMID 4144329)
  48. (en) H. BrĂŒckner, S. Haasmann et A. Friedrich, « Quantification of D-amino acids in human urine using GC-MS and HPLC », Amino Acids, vol. 6,‎ , p. 205–211 (DOI 10.1007/BF00805848)
  49. (en) R. H. Buck et K. Krummen, « High-performance liquid chromatographic determination of enantiomeric amino acids and amino alcohols after derivatization with o-phthaldialdehyde and various chiral mercaptans. Application to peptide hydrolysates », Journal of chromatography, vol. 387,‎ , p. 255–265 (ISSN 0021-9673, PMID 3558624).
  50. (en) E. E. Snell et B. M. Guirard, « Some Interrelationships of Pyridoxine, Alanine and Glycine in Their Effect on Certain Lactic Acid Bacteria », PNAS, vol. 29, no 2,‎ , p. 66–73 (ISSN 0027-8424, PMID 16588604, PMCID 1078561)
  51. (en) J. Olivard et E. E. Snell, « Growth and enzymatic activities of vitamin B6 analogues. I. D-Alanine synthesis », The Journal of biological chemistry, vol. 213, no 1,‎ , p. 203–214 (ISSN 0021-9258, PMID 14353919, PMCID 1078561, lire en ligne)
  52. (en) « D-amino acids in animals », Science, vol. 164, no 3876,‎ , p. 142–149 (ISSN 0036-8075, PMID 5774186).
  53. (en) E. E. Snell, « The vitamin B6 group: VII. Replacement of vitamin B6 for some microorganisms by d(−)-alanine and an unidentified factor from casein », J Biol Chem., vol. 158,‎ , p. 497–503 (lire en ligne)
  54. (de) Albert Gossauer, Struktur und ReaktivitĂ€t der BiomolekĂŒle, John Wiley & Sons, (ISBN 3-906-39029-2, lire en ligne), p. 347
  55. (en) W. A. Wood et I. C. Gunsalus, « D-Alanine formation; a racemase in Streptococcus faecalis », The Journal of biological chemistry, vol. 190, no 1,‎ , p. 403–416 (ISSN 0021-9258, PMID 14841188)
  56. (en) J. Ju, H. Misono et K. Ohnishi, « Directed evolution of bacterial alanine racemases with higher expression level », Journal of bioscience and bioengineering, vol. 100, no 3,‎ , p. 246–254 (ISSN 1389-1723, PMID 16243272, DOI 10.1263/jbb.100.246, lire en ligne)
  57. (en) R. J. Thompson, H. G. Bouwer et al., « Pathogenicity and immunogenicity of a Listeria monocytogenes strain that requires D-alanine for growth », Infection and immunity, vol. 66, no 8,‎ , p. 3552–3561 (ISSN 0019-9567, PMID 9673233, PMCID 108386)
  58. (en) D. Billot-Klein, L. Gutmann et al., « Modification of peptidoglycan precursors is a common feature of the low-level vancomycin-resistant VANB-type Enterococcus D366 and of the naturally glycopeptide-resistant species Lactobacillus casei, Pediococcus pentosaceus, Leuconostoc mesenteroides, and Enterococcus gallinarum », Journal of bacteriology, vol. 176, no 8,‎ , p. 2398–2405 (ISSN 0021-9193, PMID 8157610, PMCID 205365)
  59. (en) P. E. Reynolds, H. A. Snaith et al., « Analysis of peptidoglycan precursors in vancomycin-resistant Enterococcus gallinarum BM4174 », The Biochemical journal, vol. 301,‎ , p. 5–8 (ISSN 0264-6021, PMID 8037690, PMCID 1137133)
  60. (en) C. A. Arias, M. MartĂ­n-Martinez et al., « Characterization and modelling of VanT: a novel, membrane-bound, serine racemase from vancomycin-resistant Enterococcus gallinarum BM4174 », Molecular microbiology, vol. 31, no 6,‎ , p. 1653–1664 (ISSN 0950-382X, PMID 10209740)
  61. (de) Norma Christine StĂ€bler, « Untersuchungen zur Bildung von D-AminosĂ€uren mit Corynebacterium glutamicum », sur Dissertation, Heinrich-Heine-UniversitĂ€t DĂŒsseldorf, (consultĂ© le ), p. 7
  62. (en) M. F. Freeman, C. Gurgui et al. (Publication Ă©lectronique avant impression), « Metagenome Mining Reveals Polytheonamides as Posttranslationally Modified Ribosomal Peptides », Science (New York, N.Y.),‎ (ISSN 1095-9203, PMID 22983711, DOI 10.1126/science.1226121)
  63. (en) T. Hamada, S. Matsunaga et al., « Solution structure of polytheonamide B, a highly cytotoxic nonribosomal polypeptide from marine sponge », Journal of the American Chemical Society, vol. 132, no 37,‎ , p. 12941–12945 (ISSN 1520-5126, PMID 20795624, DOI 10.1021/ja104616z)
  64. (de) Dankwart Ackermann et M. Mohr, « Über stickstoffhaltige Bestandteile der Leber des Haifisches (Acanthias vulgaris) », Z Biol., vol. 98, no 37,‎ , p. 26
  65. (en) L. R. Lyle et J. W. Jutila, « D-amino acid oxidase induction in the kidneys of germ-free mice », Journal of bacteriology, vol. 96, no 3,‎ , p. 606–608 (ISSN 0021-9193, PMID 4389707, PMCID 252348)
  66. (en) J. L. Auclair et R. L. Patton, « On the occurrence of D-Alanine in the haemolymph of the milkweed bug, Oncopeltus fasciatus », Revue canadienne de biologie, vol. 9, no 1,‎ , p. 3–8 (ISSN 0035-0915, PMID 15417891)
  67. (en) Gianluca Molla, Luciano Piubelli et al., « Enzymatic Detection of D-Amino Acids », dans Loredano Pollegioni, Stefano Servi, Unnatural Amino Acids, vol. 794, (ISBN 978-1-61779-330-1, DOI 10.1007/978-1-61779-331-8_18), p. 273–289
  68. (en) N. G. Srinivasan, J. J. Corrigan et A. Meister, « Biosynthesis of D-Serine in the silkworm, Bombyx mori », The Journal of biological chemistry, vol. 240,‎ , p. 796–800 (ISSN 0021-9258, PMID 14275137, lire en ligne [PDF])
  69. (en) J. J. Corrigan et N. G. Srinivasan, « The occurrence of certain D-amino acids in insects », Biochemistry, vol. 5, no 4,‎ , p. 1185–1190 (ISSN 0006-2960, PMID 5958195)
  70. (en) Y. Nagata, K. Yamamoto et al., « The presence of free D-alanine, D-proline and D-serine in mice », Biochimica et biophysica acta, vol. 1115, no 3,‎ , p. 208–211 (ISSN 0006-3002, PMID 1346751)
  71. (en) P. Melchiorri et L. Negri, « The dermorphin peptide family », General pharmacology, vol. 27, no 7,‎ , p. 1099–1107 (ISSN 0306-3623, PMID 8981054) (Review)
  72. (en) A. Anastasi, V. Erspamer et J. M. Cei, « Isolatioan and amino acid sequence of physalaemin, the main active polypeptide of the skin of Physalaemus fuscumaculatus », Archives of biochemistry and biophysics, vol. 108,‎ , p. 341–348 (ISSN 0003-9861, PMID 14240587)
  73. (en) Rebecca Jo Jackway, « Biologically Active Peptides from Australian Amphibians », sur PhD Thesis, University of Adelaide, (consulté le ), p. 165
  74. (en) Alton Meister, Biochemistry of the amino acids, Academic Press, « At this time there is no conclusive evidence for the occurrence of D-amino acids in the proteins of plants and animals. (sic) »
  75. (en) M. Broccardo, V. Erspamer et al., « Pharmacological data on dermorphins, a new class of potent opioid peptides from amphibian skin », British journal of pharmacology, vol. 73, no 3,‎ , p. 625–631 (ISSN 0007-1188, PMID 7195758, PMCID 2071698)
  76. (en) V. Erspamer, P. Melchiorri et al., « Deltorphins: a family of naturally occurring peptides with high affinity and selectivity for delta opioid binding sites », PNAS, vol. 86, no 13,‎ , p. 5188–5192 (ISSN 0027-8424, PMID 2544892, PMCID 297583)
  77. (en) M. Amiche, A. Delfour et P. Nicolas, « Opioid peptides from frog skin. », dans Pierre JollĂšs, D-Amino Acids in Sequences of Secreted Peptides of Multicellular Organisms., Springer, (ISBN 3-764-35814-9, lire en ligne), p. 57–72
  78. (en) L. H. Lazarus et M. Attila, « The toad, ugly and venomous, wears yet a precious jewel in his skin », Progress in neurobiology, vol. 41, no 4,‎ , p. 473–507 (ISSN 0301-0082, PMID 8210414) (Review)
  79. (en) G. Kreil, « Peptides containing a D-amino acid from frogs and molluscs », The Journal of biological chemistry, vol. 269, no 15,‎ , p. 10967–10970 (ISSN 0021-9258, PMID 8157620, lire en ligne) (Review)
  80. (en) S. D. Heck, W. S. Faraci et al., « Posttranslational amino acid epimerization: enzyme-catalyzed isomerization of amino acid residues in peptide chains », PNAS, vol. 93, no 9,‎ , p. 4036–4039 (ISSN 0027-8424, PMID 8633012, PMCID 39482)
  81. (en) R. Liardon et R. Jost, « Racemization of free and protein-bound amino acids in strong mineral acid », International journal of peptide and protein research, vol. 18, no 5,‎ , p. 500–505 (ISSN 0367-8377, PMID 7341532)
  82. (en) H. BrĂŒckner, T. Westhauser et H. Godel, « Liquid chromatographic determination of D- and L-amino acids by derivatization with o-phthaldialdehyde and N-isobutyryl-L-cysteine. Applications with reference to the analysis of peptidic antibiotics, toxins, drugs and pharmaceutically used amino acids », Journal of chromatography. A, vol. 711, no 1,‎ , p. 201–215 (ISSN 0021-9673, PMID 7496491).
  83. (en) A. Hashimoto, T. Nishikawa et al., « The presence of free D-serine in rat brain », FEBS letters, vol. 296, no 1,‎ , p. 33–36 (ISSN 0014-5793, PMID 1730289)
  84. (en) N. W. Kleckner et R. Dingledine, « Requirement for glycine in activation of NMDA-receptors expressed in Xenopus oocytes », Science, vol. 241, no 4867,‎ , p. 835–837 (ISSN 0036-8075, PMID 2841759)
  85. (en) H. Wolosker, S. Blackshaw et S. H. Snyder, « Serine racemase: a glial enzyme synthesizing D-serine to regulate glutamate-N-methyl-D-aspartate neurotransmission », PNAS, vol. 96, no 23,‎ , p. 13409–13414 (ISSN 0027-8424, PMID 10557334, PMCID 23961)
  86. (en) H. Wolosker, E. Dumin et al., « D-amino acids in the brain: D-serine in neurotransmission and neurodegeneration », The FEBS journal, vol. 275, no 14,‎ , p. 3514–3526 (ISSN 1742-464X, PMID 18564180, DOI 10.1111/j.1742-4658.2008.06515.x) (Review)
  87. (en) S. Sacchi, M. Bernasconi et al., « pLG72 modulates intracellular D-serine levels through its interaction with D-amino acid oxidase: effect on schizophrenia susceptibility », The Journal of biological chemistry, vol. 283, no 32,‎ , p. 22244–22256 (ISSN 0021-9258, PMID 18544534, DOI 10.1074/jbc.M709153200)
  88. (en) H. J. Ryu, J. E. Kim et al., « Potential roles of D-serine and serine racemase in experimental temporal lobe epilepsy », Journal of neuroscience research, vol. 88, no 11,‎ , p. 2469–2482 (ISSN 1097-4547, PMID 20623543, DOI 10.1002/jnr.22415)
  89. (en) S. A. Fuchs, R. Berger et T. J. de Koning, « D-serine: the right or wrong isoform? », Brain research, vol. 1401,‎ , p. 104–117 (ISSN 1872-6240, PMID 21676380, DOI 10.1016/j.brainres.2011.05.039) (Review)
  90. (de) Julia Scharlau, « Untersuchungen zur Auswirkung von adoleszenter chronischer Cannabinoidbehandlung an einem Mausmodell der Schizophrenie » [PDF], sur Dissertation, Friedrich-Wilhelms-UniversitÀt Bonn, (consulté le ), p. 16 827 kB
  91. (en) E. Kartvelishvily, M. Shleper et al., « Neuron-derived D-serine release provides a novel means to activate N-methyl-D-aspartate receptors », The Journal of biological chemistry, vol. 281, no 20,‎ , p. 14151–14162 (ISSN 0021-9258, PMID 16551623, DOI 10.1074/jbc.M512927200)
  92. (en) K. Miya, R. Inoue et al., « Serine racemase is predominantly localized in neurons in mouse brain », The Journal of comparative neurology, vol. 510, no 6,‎ , p. 641–654 (ISSN 1096-9861, PMID 18698599, DOI 10.1002/cne.21822)
  93. (en) L. Pollegioni et S. Sacchi, « Metabolism of the neuromodulator D-serine », Cellular and molecular life sciences, vol. 67, no 14,‎ , p. 2387–2404 (ISSN 1420-9071, PMID 20195697, DOI 10.1007/s00018-010-0307-9) (Review)
  94. (en) J. T. Kantrowitz et D. C. Javitt, « 'N-methyl-d-aspartate (NMDA) receptor dysfunction or dysregulation: the final common pathway on the road to schizophrenia? », Brain research bulletin, vol. 83, nos 3–4,‎ , p. 108–121 (ISSN 1873-2747, PMID 20417696, PMCID 2941541, DOI 10.1016/j.brainresbull.2010.04.006) (Review)
  95. (en) J. T. Coyle, « Glutamate and schizophrenia: beyond the dopamine hypothesis », Cellular and molecular neurobiology, vol. 26, nos 4–6,‎ , p. 365–384 (ISSN 0272-4340, PMID 16773445, DOI 10.1007/s10571-006-9062-8) (Review)
  96. (en) I. Chumakov, M. Blumenfeld et al., « Genetic and physiological data implicating the new human gene G72 and the gene for D-amino acid oxidase in schizophrenia », PNAS, vol. 99, no 21,‎ , p. 13675–13680 (ISSN 0027-8424, PMID 12364586, PMCID 129739, DOI 10.1073/pnas.182412499)
  97. (en) A. Corvin, K. A. McGhee et al., « Evidence for association and epistasis at the DAOA/G30 and D-amino acid oxidase loci in an Irish schizophrenia sample », American journal of medical genetics, vol. 144B, no 7,‎ , p. 949–953 (ISSN 1552-4841, PMID 17492767, DOI 10.1002/ajmg.b.30452)
  98. (en) T. Ohnuma, N. Shibata et al., « Association analysis of glycine- and serine-related genes in a Japanese population of patients with schizophrenia », Progress in neuro-psychopharmacology & biological psychiatry, vol. 33, no 3,‎ , p. 511–518 (ISSN 0278-5846, PMID 19223009, DOI 10.1016/j.pnpbp.2009.02.004)
  99. (en) K. Hashimoto, T. Fukushima et al., « Decreased serum levels of D-serine in patients with schizophrenia: evidence in support of the N-methyl-D-aspartate receptor hypofunction hypothesis of schizophrenia », Archives of general psychiatry, vol. 60, no 6,‎ , p. 572–576 (ISSN 0003-990X, PMID 12796220, DOI 10.1001/archpsyc.60.6.572)
  100. (en) I. Bendikov, C. Nadri et al., « A CSF and postmortem brain study of D-serine metabolic parameters in schizophrenia », Schizophrenia research, vol. 90, nos 1–3,‎ , p. 41–51 (ISSN 0920-9964, PMID 17156977, DOI 10.1016/j.schres.2006.10.010)
  101. (en) K. Hashimoto, G. Engberg et al., « Reduced D-serine to total serine ratio in the cerebrospinal fluid of drug naive schizophrenic patients », Progress in neuro-psychopharmacology & biological psychiatry, vol. 29, no 5,‎ , p. 767–769 (ISSN 0278-5846, PMID 15939521, DOI 10.1016/j.pnpbp.2005.04.023)
  102. (en) L. Verrall, M. Walker et al., « d-Amino acid oxidase and serine racemase in human brain: normal distribution and altered expression in schizophrenia », The European journal of neuroscience, vol. 26, no 6,‎ , p. 1657–1669 (ISSN 0953-816X, PMID 17880399, PMCID 2121142, DOI 10.1111/j.1460-9568.2007.05769.x)
  103. (en) L. Verrall, P. W. Burnet et al., « The neurobiology of D-amino acid oxidase and its involvement in schizophrenia », Molecular psychiatry, vol. 15, no 2,‎ , p. 122–137 (ISSN 1476-5578, PMID 19786963, PMCID 2811712, DOI 10.1038/mp.2009.99) (Review)
  104. (en) R. Kapoor, K. S. Lim et al., « Preliminary evidence for a link between schizophrenia and NMDA-glycine site receptor ligand metabolic enzymes, d-amino acid oxidase (DAAO) and kynurenine aminotransferase-1 (KAT-1) », Brain research, vol. 1106, no 1,‎ , p. 205–210 (ISSN 0006-8993, PMID 16828464, DOI 10.1016/j.brainres.2006.05.082)
  105. (en) C. Madeira, M. E. Freitas et al., « Increased brain D-amino acid oxidase (DAAO) activity in schizophrenia », Schizophrenia research, vol. 101, nos 1–3,‎ , p. 76–83 (ISSN 0920-9964, PMID 18378121, DOI 10.1016/j.schres.2008.02.002)
  106. (en) J. T. Coyle, G. Tsai et D. C. Goff, « Ionotropic glutamate receptors as therapeutic targets in schizophrenia », Current drug targets, vol. 1, no 2,‎ , p. 183–189 (ISSN 1568-007X, PMID 12769626) (Review)
  107. (en) G. Tsai, P. Yang et al., « D-serine added to antipsychotics for the treatment of schizophrenia », Biological psychiatry, vol. 44, no 11,‎ , p. 1081–1089 (ISSN 0006-3223, PMID 9836012)
  108. (en) H. J. Tuominen, J. Tiihonen et K. Wahlbeck, « Glutamatergic drugs for schizophrenia », Cochrane database of systematic reviews (Online), no 2,‎ , p. CD003730 (ISSN 1469-493X, PMID 16625590, DOI 10.1002/14651858.CD003730.pub2) (Review)
  109. (en) D. V. Ferraris et T. Tsukamoto, « Recent advances in the discovery of D-amino acid oxidase inhibitors and their therapeutic utility in schizophrenia », Current pharmaceutical design, vol. 17, no 2,‎ , p. 103–111 (ISSN 1873-4286, PMID 21361869) (Review)
  110. (en) C. A. Strick, C. Li et al., « Modulation of NMDA receptor function by inhibition of D-amino acid oxidase in rodent brain », Neuropharmacology, vol. 61, nos 5–6,‎ , p. 1001–1015 (ISSN 1873-7064, PMID 21763704, DOI 10.1016/j.neuropharm.2011.06.029).
  111. (en) T. Sparey, P. Abeywickrema et al., « The discovery of fused pyrrole carboxylic acids as novel, potent D-amino acid oxidase (DAO) inhibitors », Bioorganic & medicinal chemistry letters, vol. 18, no 11,‎ , p. 3386–3391 (ISSN 1464-3405, PMID 18455394, DOI 10.1016/j.bmcl.2008.04.020)
  112. (en) J.F. Berry, D.V. Ferraris, B. Duvall et al., « Synthesis and SAR of 1-hydroxy-1H-benzo[d]imidazol-2(3H)-ones as Inhibitors of D-Amino Acid Oxidase », ACS Med Chem Lett., vol. 3, no 10,‎ , p. 839–843 (PMID 23243487, DOI 10.1021/ml300212a)
  113. (en) S. Sacchi, E. Rosini, L. Pollegioni et G. Molla, « D-Amino Acid Oxidase Inhibitors as a Novel Class of Drugs for Schizophrenia Therapy », Curr. Pharm. Des.,‎ (PMID 23116391)
  114. (en) P. Paul et J. de Belleroche, « The role of D-amino acids in amyotrophic lateral sclerosis pathogenesis: a review », Amino Acids, vol. 43, no 5,‎ , p. 1823–1831 (PMID 22890612, DOI 10.1007/s00726-012-1385-9)
  115. (en) J. Sasabe, T. Chiba, M. Yamada et al., « D-serine is a key determinant of glutamate toxicity in amyotrophic lateral sclerosis », EMBO J., vol. 26, no 18,‎ , p. 4149–4159 (PMID 17762863, PMCID 2230675, DOI 10.1038/sj.emboj.7601840)
  116. (en) D. S. Dunlop, A. Neidle et al., « The presence of free D-aspartic acid in rodents and man », Biochemical and biophysical research communications, vol. 141, no 1,‎ , p. 27–32 (ISSN 0006-291X, PMID 3801000)
  117. (en) H. Wolosker, A. D'Aniello et S. H. Snyder, « D-aspartate disposition in neuronal and endocrine tissues: ontogeny, biosynthesis and release », Neuroscience, vol. 100, no 1,‎ , p. 183–189 (ISSN 0306-4522, PMID 10996468).
  118. (en) M. Katane et H. Homma, « D-aspartate oxidase: the sole catabolic enzyme acting on free D-aspartate in mammals », Chemistry & biodiversity, vol. 7, no 6,‎ , p. 1435–1449 (ISSN 1612-1880, PMID 20564562, DOI 10.1002/cbdv.200900250) (Review)
  119. (en) H. Ohide, Y. Miyoshi et al., « D-Amino acid metabolism in mammals: biosynthesis, degradation and analytical aspects of the metabolic study », Journal of chromatography. B, vol. 879, no 29,‎ , p. 3162–3168 (ISSN 1873-376X, PMID 21757409, DOI 10.1016/j.jchromb.2011.06.028) (Review)
  120. (en) P. M. Kim, X. Duan et al., « Aspartate racemase, generating neuronal D-aspartate, regulates adult neurogenesis », PNAS, vol. 107, no 7,‎ , p. 3175–3179 (ISSN 1091-6490, PMID 20133766, PMCID 2840285, DOI 10.1073/pnas.0914706107)
  121. (en) Y. Mori, K. Aki et al., « UV B-irradiation enhances the racemization and isomerizaiton of aspartyl residues and production of N?-carboxymethyl lysine (CML) in keratin of skin », Journal of chromatography B, vol. 879, no 29,‎ , p. 3303–3309 (ISSN 1873-376X, PMID 21636332, DOI 10.1016/j.jchromb.2011.05.010)
  122. (en) N. Fujii, Y. Kaji et al., « Collapse of homochirality of amino acids in proteins from various tissues during aging », Chemistry & biodiversity, vol. 7, no 6,‎ , p. 1389–1397 (ISSN 1612-1880, PMID 20564552, DOI 10.1002/cbdv.200900337) (Review)
  123. (en) N. Fujii, « D-amino acid in elderly tissues », Biological & pharmaceutical bulletin, vol. 28, no 9,‎ , p. 1585–1589 (ISSN 0918-6158, PMID 16141520) (Review)
  124. (en) Graham C. Barrett et Donald Trevor Elmore, Amino Acids and Peptides, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-46292-4, lire en ligne), p. 15–16
  125. (en) S. Ritz-Timme et M. J. Collins, « Racemization of aspartic acid in human proteins », Ageing research reviews, vol. 1, no 1,‎ , p. 43–59 (ISSN 1568-1637, PMID 12039448) (Review)
  126. (en) H. Mori, K. Ishii et al., « Racemization: its biological significance on neuropathogenesis of Alzheimer's disease », The Tohoku journal of experimental medicine, vol. 174, no 3,‎ , p. 251–262 (ISSN 0040-8727, PMID 7761990)
  127. (en) R. Shapira, G. E. Austin et S. S. Mirra, « Neuritic plaque amyloid in Alzheimer's disease is highly racemized », Journal of neurochemistry, vol. 50, no 1,‎ , p. 69–74 (ISSN 0022-3042, PMID 3121789).
  128. (en) A. E. Roher, J. D. Lowenson et al., « Structural alterations in the peptide backbone of beta-amyloid core protein may account for its deposition and stability in Alzheimer's disease », The Journal of biological chemistry, vol. 268, no 5,‎ , p. 3072–3083 (ISSN 0021-9258, PMID 8428986, lire en ligne)
  129. (en) T. Tomiyama, S. Asano et al., « Racemization of Asp23 residue affects the aggregation properties of Alzheimer amyloid beta protein analogues », The Journal of biological chemistry, vol. 269, no 14,‎ , p. 10205–10208 (ISSN 0021-9258, PMID 8144598)
  130. (en) Patrick R. Hof et Charles V. Mobbs, Handbook of the Neuroscience of Aging, Academic Press, (ISBN 0-123-74898-4, lire en ligne), p. 41
  131. (en) M. L. Moro, M. J. Collins et E. Cappellini, « Alzheimer's disease and amyloid beta-peptide deposition in the brain: a matter of 'aging'? », Biochemical Society transactions, vol. 38, no 2,‎ , p. 539–544 (ISSN 1470-8752, PMID 20298218, DOI 10.1042/BST0380539) (Review)
  132. (de) GĂŒnter Westphal, Gerhard Gerber et Bodo Lipke, Proteine – Nutritive und funktionelle Eigenschaften, Springer, (ISBN 3-540-00232-4, lire en ligne), p. 125
  133. (de) Gerhard G. Habermehl, Peter E. Hammann et al., Naturstoffchemie, Springer, , 3e Ă©d. (ISBN 3-540-73732-4, lire en ligne), p. 252
  134. Belitz2001, p. 33.
  135. (en) N. J. Benevenga et R. D. Steele, « Adverse effects of excessive consumption of amino acids », Annual review of nutrition, vol. 4,‎ , p. 157–181 (ISSN 0199-9885, PMID 6235826, DOI 10.1146/annurev.nu.04.070184.001105) (Review)
  136. (en) J. Zagon, L.-I. Dehne et K.-W. Bögl, « D-Amino acids in organisms and food », Nutr Res., vol. 14,‎ , p. 445–463
  137. (de) Werner Baltes et Reinhard Matissek, Lebensmittelchemie, Springer, , 7e Ă©d. (ISBN 3-642-16538-9, lire en ligne), p. 164
  138. (en) W. Leuchtenberger, K. Huthmacher et K. Drauz, « Biotechnological production of amino acids and derivatives: current status and prospects », Applied microbiology and biotechnology, vol. 69, no 1,‎ , p. 1–8 (ISSN 0175-7598, PMID 16195792, DOI 10.1007/s00253-005-0155-y) (Review)
  139. (en) F. H. Leibach et V. Ganapathy, « Peptide transporters in the intestine and the kidney », Annual review of nutrition, vol. 16,‎ , p. 99–119 (ISSN 0199-9885, PMID 8839921, DOI 10.1146/annurev.nu.16.070196.000531) (Review)
  140. (en) M. Friedman, « Origin, microbiology, nutrition, and pharmacology of D-amino acids », Chemistry & biodiversity, vol. 7, no 6,‎ , p. 1491–1530 (ISSN 1612-1880, PMID 20564567, DOI 10.1002/cbdv.200900225) (Review)
  141. (en) W. Heine, K. Wutzke et U. Drescher, « D-amino acid utilization in infants measured with the 15N-tracer technique », Clinical nutrition (Edinburgh, Scotland), vol. 2, no 1,‎ , p. 31–35 (ISSN 0261-5614, PMID 16829405)
  142. (en) M. Friedman et R. Liardon, « Racemization kinetics of amino acid residues in alkali-treated soybean proteins », J Agric Food Chem., vol. 33,‎ , p. 666–672.
  143. (en) J. C. Crawhall et D. F. Elliott, « A note on the racemization of serine », The Biochemical journal, vol. 48, no 2,‎ , p. 237–238 (ISSN 1470-8728, PMID 14820833, PMCID 1275510).
  144. (en) M. LĂŒpke et H. BrĂŒckner, « Gas chromatographic evaluation of amino acid epimerisation in the course of gelatin manufacturing and processing », Zeitschrift fĂŒr Lebensmitteluntersuchung und -Forschung A, vol. 206, no 5,‎ , p. 323-328 (DOI 10.1007/s002170050266)
  145. (de) ErnĂ€hrungsbericht 1996, Deutsche Gesellschaft fĂŒr ErnĂ€hrung, (ISBN 3-921606-33-0), p. 149
  146. (de) Johannes Friedrich Diehl, Chemie in Lebensmitteln, John Wiley & Sons, (ISBN 3-527-66084-4, lire en ligne), p. 95
  147. (en) H. Lapierre, G. Holtrop et al., « Is D-methionine bioavailable to the dairy cow? », Journal of dairy science, vol. 95, no 1,‎ , p. 353–362 (ISSN 1525-3198, PMID 22192214, DOI 10.3168/jds.2011-4553)
  148. (en) W. H. Fishman et C. Artom, « Serine injury », J Biol Chem., vol. 145,‎ , p. 345–346
  149. (en) R. P. Morehead, C. Artom, et W. H. Fishman, « The nephrotoxic action of serine », Proceedings. American Federation for Clinical Research, vol. 2,‎ , p. 81 (PMID 20275626)
  150. (en) F. A. Carone et C. E. Ganote, « D-serine nephrotoxicity. The nature of proteinuria, glucosuria, and aminoaciduria in acute tubular necrosis », Archives of pathology, vol. 99, no 12,‎ , p. 658–662 (ISSN 0363-0153, PMID 1203037).
  151. (en) R. E. Williams et E. A. Lock, « D-serine-induced nephrotoxicity: possible interaction with tyrosine metabolism », Toxicology, vol. 201, nos 1–3,‎ , p. 231–238 (ISSN 0300-483X, PMID 15297036, DOI 10.1016/j.tox.2004.05.001).
  152. (en) D. R. Peterson et F. A. Carone, « Renal regeneration following d-serine induced acute tubular necrosis », The Anatomical record, vol. 193, no 3,‎ , p. 383–388 (ISSN 0003-276X, PMID 426302, DOI 10.1002/ar.1091930305)
  153. (en) C. E. Ganote, D. R. Peterson et F. A. Carone, « The nature of D-serine–induced nephrotoxicity », The American Journal of Pathology, vol. 77, no 2,‎ , p. 269–282 (ISSN 0002-9440, PMID 4447130, PMCID 1910915)
  154. (en) M. S. Pilone et L. Pollegioni, « D-amino acid oxidase as an industrial biocatalyst », Biocatalysis and Biotransformation, vol. 20, no 3,‎ , p. 145–159 (DOI 10.1080/10242420290020679).
  155. (en) A. W. Krug, K. Völker et al., « Why is D-serine nephrotoxic and alpha-aminoisobutyric acid protective? », American journal of physiology. Renal physiology, vol. 293, no 1,‎ , F382–F390 (ISSN 1931-857X, PMID 17429029, DOI 10.1152/ajprenal.00441.2006, lire en ligne)
  156. (en) G. Lubec, C. Wolf et B. Bartosch, « Aminoacid isomerisation and microwave exposure », Lancet, vol. 332, no 8676,‎ , p. 1392–1393 (ISSN 0140-6736, PMID 2574327)
  157. (en) Karl S. Kruszelnicki, « Microwaves damage food », sur ABC abcscience, (consulté le )
  158. (en) W. Segal, « Microwave heating of milk », Lancet, vol. 335, no 8687,‎ , p. 470 (ISSN 0140-6736, PMID 1968186)
  159. (de) « Die Wirkung von mit Mikrowellen bestrahltem Wasser auf Pflanzen » (consulté le ) Retiré le 24/8/2012
  160. (de) « Mikrowellennahrung macht dick und erzeugt Krebs », (consulté le ) Retiré le 28/9/2012
  161. (de) « GefÀhrliche Mikrowellen », (consulté le ) Retiré le 28/9/2012
  162. (de) P. Fritz, L. I. Dehne, J. Zagon et K. W. Bögl, « Zur Frage der AminosĂ€ureisomerisierung im Mikrowellenfeld: Ergebnisse eines Modellversuches mit Standardlösungen », Zeitschrift fĂŒr ErnĂ€hrungswissenschaft, vol. 31, no 3,‎ , p. 219–224.
  163. (en) L. I. Dehne et P. Fritz, « Isomerisierung von AminosĂ€uren durch Mikrowellenerhitzung? », Bundesgesundheitsblatt, no 35,‎ , p. 463–464.
  164. (en) P. Sieber, P. Eberhardt et P. U. Gallmann, « Heat treatment of milk in domestic microwave ovens », Int Dairy Journal, vol. 6,‎ , p. 231–246 (lire en ligne).
  165. (en) J. Zagon, L.-I. Dehne et K.-W. Bögl, « Isomerisierung von AminosĂ€uren in Lebensmitteln. Teil I: Mechanismen und Verbreitung der AminosĂ€urenisomerisierung in Organismen und Lebensmitteln. », ErnĂ€hrungs-Umschau, vol. 38,‎ , p. 275–278, 324–328
  166. (en) A. Cherkin, J. L. Davis et M. W. Garman, « D-Proline: stereospecificity and sodium chloride dependence of lethal convulsant activity in the chick », Pharmacology, biochemistry, and behavior, vol. 8, no 5,‎ , p. 623–625 (ISSN 0091-3057, PMID 674269)
  167. (en) A. Schieber, H. BrĂŒckner et al., « Evaluation of D-amino acid levels in rat by gas chromatography-selected ion monitoring mass spectrometry: no evidence for subacute toxicity of orally fed D-proline and D-aspartic acid », Journal of chromatography, vol. 691, no 1,‎ , p. 1–12 (ISSN 1387-2273, PMID 9140753)
  168. (en) S. N. Ali, G. O'Toole et M. Tyler, « Milk bottle burns », The Journal of burn care & rehabilitation, vol. 25, no 5,‎ , p. 461–462 (ISSN 0273-8481, PMID 15353942)
  169. (en) I. A. Jaffe, K. Altman et P. Merryman, « The antipyridoxine effect of penicillamine in man », The Journal of clinical investigation, vol. 43,‎ , p. 1869–1873 (ISSN 0021-9738, PMID 14236210, PMCID 289631, DOI 10.1172/JCI105060).
  170. (en) T. N. Schumacher, L. M. Mayr et al., « Identification of D-peptide ligands through mirror-image phage display », Science, vol. 271, no 5257,‎ , p. 1854–1857 (ISSN 0036-8075, PMID 8596952)
  171. (de) Katja Wiesehan, « Identifizierung und Charakterisierung eines spezifischen Liganden fĂŒr das Alzheimer Amyloid-ÎČ-Peptid (AÎČ) » [PDF], Dissertation, sur UniversitĂ€t Bayreuth,‎ (consultĂ© le ), p. 21 11,1 MB
  172. (en) J. M. Manning et S. Moore, « Determination of D- and L-amino acids by ion exchange chromatography as L-D and L-L dipeptides », The Journal of biological chemistry, vol. 243, no 21,‎ , p. 5591–5597 (ISSN 0021-9258, PMID 5699053)
  173. (en) K. Soda, « Microdetermination of D-amino acids and D-amino acid oxidase activity with 3,methyl-2-benzothiazolone hydrazone hydrochloride », Analytical biochemistry, vol. 25, no 1,‎ , p. 228–235 (ISSN 0003-2697, PMID 4387536)
  174. (en) D. L. Kirschner et T. K. Green, « Separation and sensitive detection of D-amino acids in biological matrices », Journal of separation science, vol. 32, no 13,‎ , p. 2305–2318 (ISSN 1615-9314, PMID 19569111, DOI 10.1002/jssc.200900101) (Review)
  175. (en) K. Hamase, A. Morikawa et al., « Analysis of small amounts of D-amino acids and the study of their physiological functions in mammals », Analytical sciences, vol. 25, no 8,‎ , p. 961–968 (ISSN 1348-2246, PMID 19667471) (Review)
  176. (de) Clarissa Dorothee Marzini, « Grenzen der quantitativen Enantiomeranalytik von a-AminosĂ€uren » [PDF], sur Dissertation, Eberhard-Karls-UniversitĂ€t TĂŒbingen, (consultĂ© le ), p. 20–21 1,7 MB
  177. (en) N. Nimura et T. Kinoshita, « O-Phthaldialdehyde N-acetyl-L-cysteine as a chiral derivatization reagent for liquid chromatographic optical resolution of amino acid enantiomers and ist application to conventional amino acid analysis », Journal of Chromatography A, vol. 352,‎ , p. 169–177 (DOI 10.1016/S0021-9673(01)83377-X)
  178. (de) Birgit Geueke (Dissertation (PDF; 9,6 MB)), « Neue AminosĂ€ureoxidasen aus Rhodococcus opacus und Arthrobacter protophormiae: Untersuchungen zur biochemischen Charakterisierung, Klonierung und Expression », sur Heinrich-Heine-UniversitĂ€t DĂŒsseldorf, (consultĂ© le ), p. 1
  179. (en) E. Takahashi, M. Furui et al., « D-lysine production from L-lysine by successive chemical racemization and microbial asymmetric degradation », Applied Microbiology and Biotechnology, vol. 47, no 4,‎ , p. 347–351 (ISSN 0175-7598, PMID 9163947).
  180. (en) K. Isobe, H. Tamauchi et al., « A Simple Enzymatic Method for Production of a Wide Variety of D-Amino Acids Using L-Amino Acid Oxidase from Rhodococcus sp. AIU Z-35-1 », Enzyme research, vol. 2010,‎ , p. 567210 (ISSN 2090-0414, PMID 21048866, PMCID 2962901, DOI 10.4061/2010/567210)
  181. (de) Kerstin Ragnitz, « Immobilisierung und Stabilisierung der Hydantoinase und L-N-Carbamoylase aus Arthrobacter aurescens DSM 3747 » [PDF], sur Dissertation, UniversitÀt Stuttgart, (consulté le ), p. 4 997 kB
  182. (en) « Global D-Amino Acids Market to Reach $3.7 Billion by 2017, According to a New Report by Global Industry Analysts, Inc. », sur prweb.com, (consulté le )
  183. (en) S. MartĂ­nez-RodrĂ­guez, A. I. MartĂ­nez-GĂłmez et al., « Natural occurrence and industrial applications of D-amino acids: an overview », Chemistry & biodiversity, vol. 7, no 6,‎ , p. 1531–1548 (ISSN 1612-1880, PMID 20564568, DOI 10.1002/cbdv.200900245) (Review)
  184. (en) Markus Werner, « Klonierung der D-Carbamoylase aus Arthrobacter crystallopoietes DSM 20117 », Dissertation, sur UniversitÀt Stuttgart, (consulté le )
  185. (de) B. Kutscher et M. Bernd, « Chemie und Molekularbiologie bei der Suche nach neuen LHRH-Antagonisten », Angew Chem., vol. 109, no 20,‎ , p. 2240–2254 (DOI 10.1002/ange.19971092005).
  186. (en) T. Beckers, M. Bernd et al., « Structure-function studies of linear and cyclized peptide antagonists of the GnRH receptor », Biochemical and biophysical research communications, vol. 289, no 3,‎ , p. 653–663 (ISSN 0006-291X, PMID 11726197, DOI 10.1006/bbrc.2001.5939)
  187. (en) Alaa A.-M. Abdel-Aziz, Yousif A. Asiri et al., « Tadalafil », dans Harry G. Brittain, Profiles of Drug Substances, Excipients and Related Methodology, Academic Press, , PDF (ISBN 0-123-87702-4, lire en ligne), p. 287–329 4,4 MB
  188. (en) E. Fischer, B. Heller et al., « Therapy of depression by phenylalanine : Preliminary note », Arzneimittel-Forschung, vol. 25, no 1,‎ , p. 132 (ISSN 0004-4172, PMID 1173765)
  189. (en) S. Ehrenpreis, « D-phenylalanine and other enkephalinase inhibitors as pharmacological agents: implications for some important therapeutic application », Substance and alcohol actions/misuse, vol. 3, no 4,‎ , p. 231–239 (ISSN 0191-8877, PMID 6301083)
  190. (en) Mitchell Bebel Stargrove, Jonathan Treasure et Dwight L. McKee, Herb, Nutrient, and Drug Interactions, Elsevier Health Sciences, (ISBN 0-323-02964-7, lire en ligne), p. 682
  191. (en) « Phenylalanine », sur University of Maryland Medical Center (consulté le ) Retiré le 21/9/2012
  192. (en) D. L. Williams, « A veterinary approach to the European honey bee (Apis mellifera) », Veterinary journal, vol. 160, no 1,‎ , p. 61–73 (ISSN 1090-0233, PMID 10950136, DOI 10.1053/tvjl.2000.0474) (Review)
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.