AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Parité (physique)

La symétrie P ou parité, appelée aussi inversion de l'espace, est une opération au cours de laquelle le vecteur position subit le changement suivant[1] :

ou encore, pour les trois coordonnées cartésiennes

En mĂ©canique quantique, les fonctions d'onde qui sont inchangĂ©es par l'opĂ©ration de paritĂ© sont dites fonctions paires, tandis que celles qui changent de signe sous la mĂȘme transformation sont dites fonctions impaires.

L'électrodynamique quantique et la chromodynamique quantique possÚdent la symétrie P. En revanche, l'interaction faible viole la symétrie de parité[1] - [2].

Parité et symétrie miroir

Dans une vision tridimensionnelle du monde, la symĂ©trie P consiste Ă  remplacer chacune des trois coordonnĂ©es cartĂ©siennes spatiales (x,y,z) par son opposĂ©, donc prendre les valeurs (-x,-y,-z). D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, cette opĂ©ration diffĂšre d'une simple opĂ©ration miroir et revient Ă  non seulement prendre l'image dans un miroir mais Ă  faire en plus un demi-tour dans le mĂȘme plan que celui du miroir. Pourtant, on trouve souvent comme dĂ©finition de la symĂ©trie P « prendre l'image dans un miroir » uniquement. Cela vient du fait que toutes les thĂ©ories physiques actuelles admettent l'isotropie de l'espace. En particulier, le fait que les lois de la physique sont invariantes par une rotation d'un demi-tour dans n'importe quel plan ne fait pas dĂ©bat.

SystÚmes à plusieurs particules: atomes, molécules, noyaux

La paritĂ© globale d'un systĂšme Ă  plusieurs particules est le produit des paritĂ©s des Ă©tats Ă  une particule. Elle est –1 en prĂ©sence d'un nombre impair des particules en Ă©tats de paritĂ© impaire, et +1 autrement. Des notations diffĂ©rentes sont Ă  l'emploi pour indiquer la paritĂ© des atomes, des molĂ©cules et des noyaux.

Atomes

Une orbitale atomique possĂšde la paritĂ© (−1)ℓ, oĂč l'exposant ℓ est le nombre quantique secondaire (ou azimutal). La paritĂ© est impaire pour les orbitales p, f, ... avec ℓ = 1, 3, ...,et un Ă©tat atomique possĂšde la paritĂ© impaire si un nombre impair d'Ă©lectrons occupent ces orbitales. Par exemple, la configuration Ă©lectronique de l'Ă©tat fondamental de l'atome d'azote est 1s22s22p3, et le terme spectroscopique de cet Ă©tat est 4So, oĂč l'indice o indique impair (en anglais: o pour "odd"). Par contre le troisiĂšme Ă©tat excitĂ© vers 83,300 cm−1 au-dessus de l'Ă©tat fondamental avec configuration Ă©lectronique 1s22s22p23s est paire parce qu'il n'y a que deux Ă©lectrons 2p, et son terme spectroscopique est 4P sans indice o[3].

Molécules

L'hamiltonien molĂ©culaire complet (rotationnel, vibrationnel, Ă©lectronique et spin nuclĂ©aire) de toute molĂ©cule est inchangĂ© par l'opĂ©ration de paritĂ© P, et on attribue Ă  chaque fonction propre l'indice + si elle est paire ou – si elle est impaire. L'opĂ©ration de paritĂ© implique l'inversion des coordonnĂ©es spatiales Ă©lectroniques et nuclĂ©aires Ă  travers le centre de masse molĂ©culaire.

Les molécules qui sont centrosymétriques à l'équilibre ont un centre de symétrie au centre de masse nucléaire. Ceci inclut toute molécule diatomique ainsi que certaines molécules symétrique telles que l'éthylÚne, le benzÚne, le tétrafluorure de xénon et le hexafluorure de soufre.

Les états électroniques et vibrationnels des molécules centrosymétriques sont ou bien inchangés par l'opération d'inversion i, ou bien ils changent leur signe sous cette opération. Les premiers sont indiqués g pour gerade (allemand: pair), tandis que les derniers sont indiqués u pour ungerade (allemand: impair)[4].

Noyaux

Aux noyaux atomiques, l'Ă©tat de chaque nuclĂ©on (proton ou neutron) possĂšde de la paritĂ© soit paire soit impaire, et la configuration des nuclĂ©ons peut ĂȘtre prĂ©dite Ă  l'aide du modĂšle en couches qui dĂ©crit la structure nuclĂ©aire. Comme pour les Ă©lectrons aux atomes, l'Ă©tat du noyau entier possĂšde la paritĂ© impaire globale si et seulement s'il y a un nombre impair de nuclĂ©ons en Ă©tats de paritĂ© impaire. La paritĂ© est habituellement Ă©crit comme un + (pair) ou – (impair) suivant la valeur du spin nuclĂ©aire.

Par exemple, un isotope de l'oxygĂšne est le 17O(5/2+). La notation indique que le spin est 5/2 est la paritĂ© est paire. Le modĂšle en couches explique ceci parce que les 16 premiers nuclĂ©ons sont appariĂ©s de sorte que chaque paire possĂšde le spin zĂ©ro est la paritĂ© paire, tandis que le dernier nuclĂ©on est Ă  la couche 1d5/2, ce qui possĂšde la paritĂ© paire parce que ℓ = 2 pour une orbitale d[5].

Non-conservation de la parité par l'interaction faible

Quoique la paritĂ© est conservĂ©e par l'Ă©lectromagnĂ©tisme et par la gravitation, la conservation de la paritĂ© est brisĂ©e par l'interaction faible et peut-ĂȘtre aussi par l'interaction forte dans une certaine mesure[6] - [7]. Selon le modĂšle standard de la physique des particules, seules les composants gauchers des particules et les composants droitiers des antiparticules participent aux interactions faibles chargĂ©es. Ceci implique que la paritĂ© n'est pas une symĂ©trie de notre univers.

En 1956 les physiciens théoriques Tsung-Dao Lee et Chen-Ning Yang[8] à l'Université Columbia analysent les expériences pertinentes jusqu'à date et démontrent que la conservation de la parité avait déjà été vérifiée aux désintégrations des particules par l'interaction forte ou par l'interaction électromagnétique, mais non par l'interaction faible. Ils proposent alors plusieurs tests expérimentaux directs possibles. La premiÚre expérience est faite par Chien-Shiung Wu, collÚgue de Lee et Yang à Columbia, qui effectue son expérience au National Bureau of Standards à l'aide de leur installations et leur expertise en cryogénie. En 1957 Wu, Ambler, Hayward, Hoppes, and Hudson (1957) trouvent en effet que la parité n'est pas conservée à la désintégration béta du cobalt-60[9].

En 2010, une Ă©quipe de physiciens qui travaillent avec le Collisionneur d'ions lourds relativistes annoncent l'observation d'une bulle transiente dans un plasma quarks-gluons, ce qui suggĂšre que la paritĂ© peut aussi ĂȘtre brisĂ©e dans l'interaction forte[7].

Notes et références

  1. Dictionnaire de physique. Richard Taillet, LoĂŻc Villain, Pascal Febvre. 2e Ă©dition. De Boeck, 2009, page 407.
  2. « La violation de parité dans les interactions faibles - Un miroir brisé qui fait le bonheur des physiciens », CEA, Lhuilier, 8 décembre 2006 télécharger
  3. NIST Atomic Spectrum Database Pour lire les niveaux d'Ă©nergie de l'atome d'azote, taper N I Ă  la boĂźte Spectrum et cliquer sur Retrieve data.
  4. P. R. Bunker and P. Jensen (2005), Fundamentals of Molecular Symmetry (CRC Press) (ISBN 0-7503-0941-5)
  5. W.N. Cottingham et D.A. Greenwood, An introduction to nuclear physics, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-31960-9, lire en ligne), 57
  6. (en) Martin Gardner, The Ambidextrous Universe; Left, Right, and the Fall of Parity, New York, New American Library, , rev. Ă©d., 213 p. (lire en ligne)
  7. Suzanne Taylor Muzzin, « For one tiny instant, physicists may have broken a law of nature », Phys.org,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  8. T.D. Lee et C.N. Yang, « Question of Parity Conservation in Weak Interactions », Physical Review, vol. 104, no 1,‎ , p. 254–258 (DOI 10.1103/PhysRev.104.254, Bibcode 1956PhRv..104..254L)
  9. C.S. Wu, E Ambler, R.W. Hayward, D.D. Hoppes et R.P. Hudson, « Experimental test of parity conservation in beta decay », Physical Review, vol. 105, no 4,‎ , p. 1413–1415 (DOI 10.1103/PhysRev.105.1413 AccĂšs libre, Bibcode 1957PhRv..105.1413W)

Liens externes

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.