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Hamiltonien moléculaire

En optique et en chimie quantique, « l'hamiltonien molĂ©culaire Â» est l'opĂ©rateur hamiltonien de l'Ă©nergie des Ă©lectrons et des noyaux d'une molĂ©cule. Cet opĂ©rateur hermitien et l'Ă©quation de Schrödinger associĂ©e sont Ă  la base du calcul des propriĂ©tĂ©s des molĂ©cules et des agrĂ©gats de molĂ©cules, comme la conductivitĂ©, les propriĂ©tĂ©s optiques et magnĂ©tique, ou encore la rĂ©activitĂ©.

Introduction

On peut considĂ©rer que les briques d'une molĂ©cule sont les noyaux, caractĂ©risĂ©s par leurs numĂ©ros atomiques Z, et les Ă©lectrons de cƓur, alors que les Ă©lectrons dits « de valence Â», qui possĂšdent une charge Ă©lĂ©mentaire -q, en constituent le mortier (le liant). La charge d'un noyau de numĂ©ro atomique Z est Zq. Les Ă©lectrons et les noyaux sont, dans une trĂšs bonne approximation, des charges et masses ponctuelles. Le hamiltonien molĂ©culaire est une somme de nombreux termes : ses termes majeurs sont l'Ă©nergie cinĂ©tique des Ă©lectrons et les interactions coulombiennes Ă©lectrostatiques entre les deux types de particules chargĂ©es. Le hamiltonien qui contient seulement ces termes est appelĂ© hamiltonien coulombien. Le hamiltonien molĂ©culaire est complĂ©tĂ© par des termes moins importants, la plupart d'entre eux dĂ©pendants des spins Ă©lectroniques et nuclĂ©aires.

Bien qu'il soit généralement postulé que la solution de l'équation de Schrödinger dépendante du temps associée au hamiltonien de Coulomb prédise la plupart des propriétés d'une molécule, y compris sa forme (structure tridimensionnelle), les calculs basés sur un hamiltonien coulombien complet sont trÚs rares, la raison principale étant que son équation de Schrödinger est trÚs difficile à résoudre. Les applications sont donc restreintes aux petits systÚmes comme la molécule de dihydrogÚne.

La grande majorité des calculs de fonctions d'ondes moléculaires est basée sur la séparation du hamiltonien coulombien selon l'approximation de Born-Oppenheimer. Les termes d'énergie cinétique nucléaire[1] sont omis du hamiltonien coulombien et on considÚre le hamiltonien restant comme un hamiltonien purement électronique. Les noyaux stationnaires sont alors considérés dans le problÚme seulement comme générateurs d'un potentiel électrique dans lequel les électrons se meuvent selon les lois de la mécanique quantique. Dans ce cadre, le hamiltonien moléculaire a été simplifié en ce que l'on appelle le hamiltonien à noyau fixé ou encore hamiltonien électronique, qui agit selon des fonctions des coordonnées électroniques.

Une fois l'Ă©quation de Schrödinger du hamiltonien Ă©lectronique rĂ©solue pour un nombre suffisant des « constellations Â» des noyaux, une valeur propre appropriĂ©e (en gĂ©nĂ©ral la plus faible) peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme fonction des coordonnĂ©es nuclĂ©aires, ce qui conduit de fait Ă  une surface d'Ă©nergie potentielle. Dans les calculs pratiques, la surface est habituellement lissĂ©e en termes de fonctions analytiques. Dans la seconde Ă©tape de l'application de l'approximation de Born-Oppenheimer, la partie du hamiltonien coulombien complet qui dĂ©pend des Ă©lectrons est remplacĂ©e par la surface d'Ă©nergie potentielle. Cela transforme le hamiltonien molĂ©culaire en un autre opĂ©rateur hamiltonien qui agit seulement sur les coordonnĂ©es nuclĂ©aires. Dans le cas de la non-applicabilitĂ© de l'approximation de Born-Oppenheimer, ce qui se produit lorsque les Ă©nergies des diffĂ©rents Ă©tats Ă©lectroniques sont proches, les surfaces d'Ă©nergies potentielles avoisinantes sont nĂ©cessaires (se reporter Ă  l'article pour plus de prĂ©cisions).

L'Ă©quation de Schrödinger du mouvement nuclĂ©aire peut ĂȘtre rĂ©solue dans un rĂ©fĂ©rentiel fixe (le laboratoire), mais les Ă©nergies de translation et de rotation ne sont pas alors prises en compte. Seules les vibrations atomiques (internes) font partie du problĂšme. De plus, pour des molĂ©cules plus importantes que des molĂ©cules triatomiques, il est relativement commun d'introduire l'approximation harmonique, qui approxime la surface d'Ă©nergie potentielle par une fonction quadratique des dĂ©placements atomiques. Ceci donne le hamiltonien harmonique de mouvement nuclĂ©aire. Moyennant l'approximation harmonique, on peut convertir le hamiltonien en une somme de hamiltoniens monodimensionnels d'oscillateurs harmoniques. L'oscillateur harmonique monodimensionnel est l'un des rares systĂšmes permettant une rĂ©solution exacte de l'Ă©quation de Schrödinger.

L'Ă©quation de Schrödinger pour le mouvement nuclĂ©aire (rovibrationnel) peut ĂȘtre rĂ©solue de maniĂšre alternative dans un rĂ©fĂ©rentiel spĂ©cial, dit rĂ©fĂ©rentiel d'Eckart, qui translate et tourne avec la molĂ©cule. FormulĂ© dans ce rĂ©fĂ©rentiel centrĂ© et fixĂ© sur le corps Ă©tudiĂ©, le hamiltonien prend en compte la rotation, la translation et la vibration des noyaux. Depuis que Watson eut introduit une importante simplification de cet hamiltonien en 1968, on y rĂ©fĂšre parfois sous le nom de hamiltonien de mouvement nuclĂ©aire de Watson, mais il est aussi connu sous le nom de hamiltonien d'Eckart.

Hamiltonien coulombien

La forme algébrique de nombreuses observables (c'est-à-dire des opérateurs hermitiques représentant les quantités observables) est obtenue par les rÚgles de quantification suivantes :

  • Ă©criture de la forme classique de l'observable dans la forme hamiltonienne (comme fonction du moment p et des positions q). Les deux vecteurs sont exprimĂ©s dans un rĂ©fĂ©rentiel galilĂ©en, habituellement dĂ©signĂ© comme rĂ©fĂ©rentiel du laboratoire ou rĂ©fĂ©rentiel invariant dans l'espace.
  • remplacement de p par et interprĂ©tation de q comme un facteur multiplicatif. Ici est l'opĂ©rateur nabla, opĂ©rateur vectoriel de dĂ©rivation au premier ordre. Les relations de commutations bien connues pour les opĂ©rateurs p et q dĂ©coulent directement des rĂšgles de diffĂ©rentiation.

De maniÚre classique, les électrons et les noyaux d'une molécule ont une énergie cinétique de la forme : p2/(2m) et interagissent par les forces de Coulomb, qui sont inversement proportionnelles à la distance rij entre la particule i et la particule j.

Dans cette expression ri dĂ©signe le vecteur de coordonnĂ©es de n'importe quelle particule (Ă©lectron ou noyau). À partir d'ici, la lettre majuscule R reprĂ©sentera les coordonnĂ©es nuclĂ©aires, et la minuscule r les Ă©lectrons du systĂšme. Les coordonnĂ©es peuvent ĂȘtre prises dans n'importe quel repĂšre cartĂ©sien centrĂ© n'importe oĂč dans l'espace, car la distance, comme produit interne, est invariante par rotation du rĂ©fĂ©rentiel et, comme norme d'un vecteur diffĂ©rentiel, Ă©galement invariante par translation dudit rĂ©fĂ©rentiel.

En quantifiant l'énergie classique sous forme hamiltonienne, on obtient un opérateur hamiltonien moléculaire parfois appelé hamiltonien coulombien. Ce hamiltonien est la somme de cinq classes de termes :

  1. les opérateurs d'énergie cinétique pour chaque noyau du systÚme ;
  2. les opérateurs d'énergie cinétique pour chaque électron du systÚme ;
  3. les opérateurs d'énergie potentielle entre électrons et noyaux - attraction coulombienne totale dans le systÚme ;
  4. les opérateurs d'énergie potentielle de répulsions coulombiennes entre électrons ;
  5. les opérateurs d'énergie potentielle de répulsions coulombiennes entre noyaux - aussi connue sous le nom d'énergie de répulsion nucléaire. Voir potentiel électrique.

Mi est ici la masse du noyau i, Zi le numéro atomique du noyau i, et me la masse de l'électron. L'opérateur laplacien de la particule i est : . L'opérateur d'énergie cinétique étant un produit interne, il est invariant par rotation dans un repÚre cartésien par rapport aux xi, yi, et zi exprimés. L'opérateur d'énergie cinétique, cependant, n'est pas invariant par translation (et donc du choix de l'origine du référentiel).

Termes secondaires

Dans les années 1920, de nombreuses preuves spectroscopiques ont mis en évidence que le hamiltonien coulombien ne prenait pas en compte certains termes, qui bien que plus petits que les énergies cinétiques et coulombiennes, n'en sont pas moins non négligeables. Les observations spectroscopiques ont ainsi conduit à l'introduction d'un nouveau degré de liberté pour les électrons et noyaux, le spin. Ce concept empirique fut doté d'une base théorique par Paul Dirac lorsqu'il introduisit une forme relativiste correcte (invariance de Lorentz) dans l'équation de Schrödinger à une particule. L'équation de Dirac prédit que le spin et le mouvement spatial d'une particule interagissent via un couplage spin-orbite. Par analogie, le couplage spin-autre-orbite fut également introduit. Le fait qu'un spin de particule possÚde certaines caractéristiques d'un dipÎle magnétique conduisit à proposer le couplage spin-spin. D'autres termes sans pendant classique sont : le terme de contact de Fermi (interaction de la densité électronique d'un noyau de taille finie avec un noyau) et le couplage quadrupolaire nucléaire (interaction d'un quadrupÎle nucléaire avec le gradient d'un champ électrique dû aux électrons).
Pour finir, un terme de violation de paritĂ© prĂ©dit par le modĂšle standard doit Ă©galement ĂȘtre mentionnĂ©. Bien qu'il s'agisse d'une interaction extrĂȘmement faible, elle a attirĂ© l'attention des chercheurs comme le prouve la littĂ©rature scientifique car elle dote les Ă©nantiomĂšres des molĂ©cules chirales d'Ă©nergies diffĂ©rentes.

La suite de cet article ignorera les termes de spin et considÚrera la solution de l'équation (de Schrödinger dépendante du temps) aux valeurs propres du hamiltonien coulombien.

Équation de Schrödinger liĂ©e au hamiltonien coulombien

Le hamiltonien coulombien a un spectre continu en raison du mouvement du centre de masse de la molécule dans un espace homogÚne. En mécanique classique, il est facile de distinguer le mouvement du centre de masse d'un systÚme de masses ponctuelles. Son mouvement est classiquement découplé des autres mouvements. Il se déplace uniformément (avec une vitesse constante) dans l'espace comme s'il était une particule ponctuelle de masse égale à la somme Mtot des masses de toutes les particules.

En mécanique quantique, une particule libre possÚde comme fonction d'état une fonction d'onde plane, qui est une fonction qui n'est pas intégrable quadratiquement d'un moment clairement défini. L'énergie cinétique de cette particule appartient à . La position du centre de masse est uniformément probable dans tout l'espace, selon le principe d'incertitude de Heisenberg.

La sĂ©paration particuliĂšre du mouvement du centre de masse est, en mĂ©canique quantique, beaucoup plus lourde qu'en mĂ©canique classique. en introduisant le vecteur coordonnĂ©es du centre de masse comme trois des degrĂ©s de libertĂ© du systĂšme et en Ă©liminant le vecteur coordonnĂ©e d'une particule (arbitraire), le nombre total de degrĂ©s de libertĂ© restant donc le mĂȘme, on peut obtenir par transformation linĂ©aire un nouvel ensemble de coordonnĂ©es ti. Ces coordonnĂ©es sont des combinaisons linĂ©aires des anciennes coordonnĂ©es de toutes les particules (noyaux et Ă©lectrons). En appliquant le thĂ©orĂšme de dĂ©rivation des fonctions composĂ©es, on peut montrer que :

Le premier terme de est l'Ă©nergie cinĂ©tique du mouvement du centre de masse, qui peut ĂȘtre traitĂ© sĂ©parĂ©ment, ne dĂ©pendant pas de . Comme indiquĂ© plus haut, ses Ă©tats propres sont des ondes planes. Les constantes 1/ÎŒij sont positives et sont des combinaisons linĂ©aires de toutes les masses inversĂ©es 1/mi. Elles constituent les masses rĂ©duites gĂ©nĂ©ralisĂ©es. Le potentiel rassemble les termes de Coulomb exprimĂ©s dans les nouvelles coordonnĂ©es. Le premier terme de est similaire de maniĂšre habituelle Ă  un opĂ©rateur Ă©nergie cinĂ©tique. Le second terme est connu sous l'appellation de terme de polarisation massique. Le hamiltonien invariant par translation peut ĂȘtre dĂ©montrĂ© comme Ă©tant auto-adjoint et liĂ© Ă  ce qui suit. Ceci Ă©tant dit, sa valeur propre la plus basse est rĂ©elle et finie. Bien que soit nĂ©cessairement invariant par permutations de particules identiques (car et l'Ă©nergie cinĂ©tique du centre de masses sont invariants), son invariance n'est pas manifeste.

Peu d'applications moléculaires de existent actuellement. On pourra cependant se référer au travail fondamental sur la molécule d'hydrogÚne pour les premiÚres applications[2]. Dans la grande majorité des calculs de fonctions d'ondes moléculaires le problÚme électronique est résolu grùce au hamiltonien à noyau fixé provenant de la premiÚre étape de l'approximation de Born-Oppenheimer.
On pourra se reporter à la référence[3] pour une discussion approfondie sur les propriétés mathématiques du hamiltonien coulombien. Dans ce papier, est aussi discuté ce qui peut arriver a priori au concept de molécule (comme systÚme stable de noyaux et d'électrons avec une géométrie bien définie) à partir des propriétés du seul hamiltonien coulombien.

Hamiltonien à noyau fixé

Le hamiltonien Ă  noyau fixĂ© dĂ©crit l'Ă©nergie des Ă©lectrons dans le champ Ă©lectrostatique des noyaux, oĂč les noyaux sont postulĂ©s comme Ă©tant stationnaires par rapport Ă  un rĂ©fĂ©rentiel galilĂ©en.

La forme du hamiltonien Ă©lectronique est :

Les coordonnĂ©es des Ă©lectrons et noyaux sont exprimĂ©s par rapport au rĂ©fĂ©rentiel qui se meut avec les noyaux, ce qui rend les noyaux immobiles par rapport Ă  ce rĂ©fĂ©rentiel. Le rĂ©fĂ©rentiel reste parallĂšle Ă  un rĂ©fĂ©rentiel fixĂ© dans l'espace. Il s'agit d'un rĂ©fĂ©rentiel galilĂ©en car les noyaux sont postulĂ©s comme non-accĂ©lĂ©rĂ©s par des forces ou couples externes. L'origine du rĂ©fĂ©rentiel est arbitraire, habituellement positionnĂ©e sur un noyau central oĂč sur le centre de masse nuclĂ©aire. Parfois, il est postulĂ© que les noyaux sont « au repos dans un rĂ©fĂ©rentiel fixe Â». Ce postulat implique que les noyaux sont des particules classiques, car une particule quantique ne peut ĂȘtre au repos, ce qui signifierait qu'il aurait une quantitĂ© de mouvement nulle et une position dĂ©finie, ce qui contredit le principe d'incertitude d'Heisenberg.
Les positions nucléaires étant constantes, l'opérateur énergie cinétique est invariant par translation selon tout vecteur nucléaire. Le potentiel coulombienne, dépendant des différences vectorielles, est aussi invariant. Dans la description des orbitales atomiques et pour le calcul des intégrales sur les orbitales atomiques, cette invariance est utilisée en dotant tous les atomes de la molécule avec leurs référentiels propres localisés parallÚles au référentiel fixe.

Comme indiqué dans l'article approximation de Born-Oppenheimer, un nombre suffisant de solutions à l'équation de Schrödinger de conduit à une surface d'énergie potentielle (SEP) . Il est postulé que la dépendance fonctionnelle de V sur ses coordonnées est telle que :

pour

oĂč t et s sont des vecteurs arbitraires et Δφ est un angle infinitĂ©simal, Δφ >> Δφ2. Cette condition d'invariance sur la SEP est automatiquement remplie lorsque la SEP s'exprime en termes de diffĂ©rences de, et d'angles entre, les Ri, ce qui est habituellement le cas.

Hamiltonien de mouvement nucléaire harmonique

Dans la suite de cet article, on considÚrera la molécule comme semi-rigide. Dans la seconde étape de l'approximation de Born-Oppenheimer, l'énergie cinétique nucléaire Tn est réintroduite et l'équation de Schrödinger avec le hamiltonien :

est alors considérée. On pourra repérer dans sa solution : le mouvement du centre de masse nucléaire (3 degrés de liberté), la rotation globale de la molécule (3 degrés de liberté), et les vibrations nucléaires. En rÚgle générale, ce n'est pas possible de le faire avec l'énergie cinétique nucléaire indiquée, cette derniÚre ne séparant pas explicitement les six degrés externes de liberté (rotation et translation globales) des 3N-6 degrés de liberté internes. En fait, l'opérateur d'énergie cinétique est ici défini par rapport à un référentiel fixe. Si l'on déplaçait l'origine du référentiel spatial fixe au centre de masse nucléaire, alors, par application de la loi de dérivation des fonctions composées, des termes de polarisation de masse nucléaire apparaitraient. Il est habituel d'ignorer ces termes dans leur globalité, ce qui sera fait par la suite.

Afin de parvenir à une séparation on devra distinguer les coordonnées internes et externes, ce pour quoi Eckart introduisit les conditions à remplir par les coordonnées. On montrera comment ces conditions apparaissent de maniÚre naturelle à partir d'une analyse harmonique dans des coordonnées cartésiennes pondérées par masse.

Afin de simplifier l'expression pour l'énergie cinétique, on introduit les coordonnées pondérées de déplacement :

.

Puisque :

l'opérateur d'énergie cinétique devient :

Si l'on effectue un développement de Taylor de V au voisinage de la géométrie d'équilibre,

et que l'on effectue une troncature aprĂšs trois termes (c'est-Ă -dire que l'on effectue une approximation harmonique), on peut dĂ©crire V avec seulement le troisiĂšme terme. Le terme V0 peut ĂȘtre absorbĂ© dans l'Ă©nergie (donnant un nouveau zĂ©ro). Le deuxiĂšme terme disparaĂźt en raison de la condition d'Ă©quilibre. Le terme restant contient la matrice hessienne F de V, qui est symĂ©trique et peut ĂȘtre diagonalisĂ©e avec une matrice orthogonale 3N x 3N avec des Ă©lĂ©ments constants :

Il peut ĂȘtre montrĂ© Ă  partir de l'invariance de V par rotation et translation que six des vecteurs propres de F (les six derniĂšres lignes de Q) ont pour valeur propre 0 (sont des modes de frĂ©quence nulle). Ils dĂ©crivent l'espace extĂ©rieur.
Les premiĂšres 3N-6 lignes de Q sont - pour des molĂ©cules dans leurs Ă©tats fondamentaux - des vecteurs propres Ă  valeurs propres non nulles ; elles sont les coordonnĂ©es internes et forment une base orthonormĂ©e pour un sous-espace de dimension 3N - 6 de l'espace des configurations nuclĂ©aires R3N, l'espace interne. Les vecteurs propres de frĂ©quence nulle sont orthogonaux aux vecteurs propres de frĂ©quences non nulles. Il peut ĂȘtre dĂ©montrĂ© que ces orthogonalitĂ©s correspondent en fait aux conditions d'Eckart. L'Ă©nergie cinĂ©tique exprimĂ©e dans les coordonnĂ©es internes est l'Ă©nergie cinĂ©tique interne (vibrationnelle).

Avec l'introduction des coordonnées normales :

la partie vibrationnelle (interne) du hamiltonien pour le mouvement nucléaire devient dans l'approximation harmonique

L'équation de Schrödinger correspondante est aisément résolue, en étant factorisée en 3N-6 équations pour des oscillateurs harmoniques mono dimensionnels. La difficulté principale dans cette approximation de la solution de l'équation de Schrödinger du mouvement nucléaire est le calcul du hessien F de V et sa diagonalisation.
Cette approximation du problÚme du mouvement nucléaire, décrit dans les 3N coordonnées pondérées cartésiennes, est devenu standard en chimie quantique depuis (années 1980-1990) que les algorithmes pour des calculs précis du hessien F sont disponibles. En dehors de l'approximation harmonique, il est problématique que les mouvements externes (rotation et translation) de la molécule ne soient pas considérés. Ils sont pris en compte dans un hamiltonien rovibrationnel qui est parfois appelé hamiltonien de Watson.

Hamiltonien du mouvement nucléaire de Watson

Afin d'obtenir un hamiltonien pour les mouvements externes (translation et rotation) couplés aux mouvements internes (vibration), il est usuel de faire un retour à ce niveau à la mécanique classique et de formuler l'énergie cinétique classique correspondant à ces mouvements des noyaux. Il est facile de séparer de maniÚre classique le mouvement de translation (du centre de masse) des autres mouvements. Cependant, séparer le mouvement de rotation du mouvement vibrationnel est plus difficile, et en réalité, pas entiÚrement possible. Cette séparation rovibrationelle fut pour la premiÚre fois réalisée par Eckart[4] en 1935 en imposant ce qui est maintenant connu sous le nom de conditions d'Eckart. Lorsque le problÚme est décrit dans un référentiel (dit d'Eckart) qui tourne avec la molécule, et donc non galiléen, les énergies associées aux forces d'inertie (force centrifuge et force de Coriolis) apparaissent dans l'énergie cinétique.

En général, l'énergie cinétique classique T définit le tenseur métrique g = (gij) associé avec les coordonnées curvilignes s = (si) par la relation :

.

L'Ă©tape de quantification est la transformation de cette Ă©nergie cinĂ©tique classique en un opĂ©rateur de chimie quantique. Il est usuel de suivre la mĂ©thode proposĂ©e par Podolsky[5] en rĂ©Ă©crivant l'opĂ©rateur de Laplace-Beltrami dans les mĂȘmes coordonnĂ©es s (gĂ©nĂ©ralisĂ©es, curvilignes) utilisĂ©es pour la forme classique. L'Ă©quation pour cet opĂ©rateur nĂ©cessite l'inversion du tenseur mĂ©trique g et son dĂ©terminant. La multiplication de l'opĂ©rateur de Laplace-Beltrami par procure l'opĂ©rateur d'Ă©nergie cinĂ©tique quantique requis. Lorsque l'on applique cette mĂ©thode aux coordonnĂ©es cartĂ©siennes, qui ont une mĂ©trique unitaire, la mĂȘme Ă©nergie cinĂ©tique est obtenue par application des rĂšgles de quantification.

Le hamiltonien de mouvement nucléaire a été décrit par Wilson et Howar en 1936[6], qui suivirent cette méthode, puis il fut redéfini plus tard par Darling et Dennison en 1940[7]. Cette méthode resta le standard jursqu'en 1968, lorsque Watson[8] fut capable de le simpflier de maniÚre drastique en commutant par les dérivées le déterminant du tenseur métrique. On donnera par la suite le hamiltonien rovibrationnel obtenu par Watson, parfois appelé hamiltonien de Watson. On se doit de préciser que la dérivation de ce Hamiltonien est aussi possible en commençant depuis l'opérateur laplacien dans sa forme cartésienne, en appliquant les transformations de coordonnées, puis en utilisant les rÚgles des dérivations des fonctions composées[9]. Le hamiltonien de Watson, décrivant tous les mouvements des N noyaux, est :

Le premier terme est celui du centre de masse

Le second terme est le terme rotationnel semblable à l'énergie cinétique du rotateur rigide. Ici, est la composante α de l' opérateur de moment angulaire du rotateur rigide fixe[10]. L'opérateur est une composante de l'opérateur dconnu sous le nom d'opérateur de moment angulaire vibrationnel (bien qu'il ne satisfasse pas aux relations de commutation du moment angulaire),

avec la constante de couplage de Coriolis :

Ici, ΔαÎČÎł est le symbole de Levi-Civita. Les termes quadratiques dans sont des termes centrifuges, les termes bilinĂ©aires dans et sont des termes de Coriolis.
Les quantités Q s, iγ sont des composantes des coordonnées normales introduites ci-dessus.

Les coordonnĂ©es normales peuvent ĂȘtre introduites de maniĂšre alternative par l'application de la mĂ©thode GF de Wilson. La matrice symĂ©trique 3 x 3 est appelĂ©e tenseur effectif rĂ©ciproque d'inertie. Si tous les qs Ă©taient nuls (molĂ©cule rigide), le rĂ©fĂ©rentiel d'Eckart coĂŻnciderait avec le repĂšre des axes principaux (voir rotateur rigide) et serait diagonale, avec les moments d'inertie rĂ©ciproques d'Ă©quilibre sur la diagonale. Si tous les qs Ă©taient nuls, seules les Ă©nergies cinĂ©tiques de translation et de rotation rigide seraient exprimĂ©es.
Le terme U de type potentiel est le terme de Watson :

proportionnel Ă  la trace du tenseur effectif rĂ©ciproque d'inertie. Le quatriĂšme terme dans le hamiltonien de Watson est l'Ă©nergie cinĂ©tique associĂ©e aux vibrations atomiques (nuclĂ©aires) exprimĂ©e en coordonnĂ©es normales qs, qui comme indiquĂ© ci-dessus, sont donnĂ©es en termes de dĂ©placements nuclĂ©aires ρiα par :

Enfin, V est l'énergie potentiel non développée par définition dépendante des seules coordonnées internes. Dans l'approximation harmonique, elle prend la forme :

Notes et références

  1. Parfois qualifiĂ©e de « ionique Â», mais cette appellation est plus prĂ©sente en physique du solide.
  2. W. KoƂos and L. Wolniewicz, Nonadiabatic Theory for Diatomic Molecules and Its Application to the Hydrogen Molecule, Rev. Mod. Phys. vol. 35, p. 473-483 (1963)
  3. R. G. Woolley and B. T. Sutcliffe, P.-O. Löwdin and the Quantum Mechanics of Molecules in Fundamental World of Quantum Chemistry, E. J. BrÀndas and E. S. Kryachko (Eds.), Vol. 1, 21-65, Kluwer Academic Publshers, 2003.
  4. C. Eckart, Some studies concerning rotating axes and polyatomic molecules, Physical Review, vol. 47, p. 552-558 (1935).
  5. B. Podolsky, Quantum-mechanically correct form of Hamiltonian function for conservative system, Phys. Rev., vol. 32, p. 812 (1928)
  6. E. Bright Wilson, Jr. and J. B. Howard The Vibration-Rotation Energy Levels of Polyatomic Molecules I. Mathematical Theory of Semirigid Asymmetrical Top Molecules, J. Chem. Phys. vol. 4, p. 260-268 (1936)
  7. B. T. Darling and D. M. Dennison, The water vapor molecule, Phys. Rev., vol. 57, p. 128-139 (1940).
  8. J. K. G. Watson, Simplification of the molecular vibration-rotation Hamiltonian, Mol. Phys. vol. 15, 479-490 (1968)
  9. L. C. Biedenharn and J. D. Louck, Angular Momentum in Quantum Physics, volume 8 of Encyclopedia of Mathematics, Addison-Wesley, Reading, 1981.
  10. On pourra se référer à l'article Matrice D de Wigner pour avoir son expression en termes d'angles d'Euler.

Voir aussi

Bibliographie

  • Born, M. et Oppenheimer, R., « Zur Quantentheorie der Molekeln », Annalen der Physik, vol. 84,‎ , p. 457-484
  • Moss, R.E., Advanced Molecular Quantum Mechanics, Chapman and Hall,
  • Tinkham, M., Group Theory and Quantum Mechanics, Dover Publications, (ISBN 0-486-43247-5)
  • Discussion sur les termes de spin dans le hamiltonien molĂ©culaire : R. McWeeny, Methods of Molecular Quantum Mechanics, 2nd edition, Academic, London (1989).

Articles connexes

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