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Vancomycine

La vancomycine est un antibiotique de la famille des glycopeptides. Volumineuse (1 500 Ă  2 000 daltons) et complexe, cette molĂ©cule est, au mĂŞme titre que les β-lactamines, une inhibitrice de la synthèse du peptidoglycane de la paroi bactĂ©rienne (c'est-Ă -dire qu'elle tue la bactĂ©rie en l'empĂŞchant de construire son enveloppe).
Cependant, du fait de son poids élevé, elle ne peut emprunter les pores (porines) de la membrane externe des bactéries Gram négatifs. Son spectre d’action est donc limité aux Gram positifs.
La vancomycine est bactéricide, mais cette bactéricidie est lente à apparaître ; sa biodisponibilité par voie orale est négligeable, la voie intraveineuse s’impose donc dans toutes les indications sauf une, le traitement par voie orale de la colite pseudomembraneuse.
Les principaux effets secondaires sont une atteinte rénale et auditive, il est donc justifié d’entreprendre une surveillance régulière des taux plasmatiques de vancomycine.
Enfin, son coût n'est pas négligeable et elle est souvent un traitement de dernier recours.

Vancomycine
Image illustrative de l’article Vancomycine
Identification
No CAS 1404-90-6
No ECHA 100.014.338
No CE 215-772-6
Code ATC A07AA09, J01XA01
DrugBank DB00512
PubChem 14969
SMILES
InChI
Apparence Solide
Propriétés chimiques
Formule C66H75Cl2N9O24 [Isomères]
Masse molaire[1] 1 449,254 ± 0,071 g/mol
C 54,7 %, H 5,22 %, Cl 4,89 %, N 8,7 %, O 26,5 %,
Écotoxicologie
DL50 430 mg·kg-1 souris i.v.
5 000 mg·kg-1 souris s.c.
1 734 mg·kg-1 souris i.p.
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité ~0 % par voie orale
Métabolisme Non métabolisée
Demi-vie d’élim. 4 à 11 h (adultes)
6 à 10 h (insuff. rénaux)
Excrétion

RĂ©nale

Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique Antibiotique glycopeptide
Voie d’administration Intraveineuse
Grossesse Utilisable
en cas de nécessité

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Après l'apparition de nombreux cas d'antibiorésistance, une variante vancomycine 2.0., puis vancomycine 3.0. (2017) ont été mises au point. La version n°3 associe 3 propriétés antibiotiques différentes dans la même molécule, ce qui devrait rendre plus difficile l'apparition de résistances chez les bactéries. En 2017, elle est annoncée par le fabricant comme étant 25 000 fois plus puissante que la précédente[2].

Indications des glycopeptides

En curatif, elles se limitent aux situations suivantes :

  • infections sĂ©vères aux germes rĂ©sistant aux β-lactamines, ou lorsque le patient est allergique Ă  ces dernières ;
  • colite pseudomembraneuse Ă  Clostridium difficile.

Deux situations prophylactiques sont Ă©ventuellement possibles :

  • antibioprophylaxie de l’endocardite bactĂ©rienne chez des patients porteurs d’une cardiopathie Ă  risque, allergiques aux β-lactamines et devant subir un geste Ă  risque ;
  • antibioprophylaxie des infections du site opĂ©ratoire dans des chirurgies Ă  risque staphylococcique (chirurgie cardiaque, vasculaire, orthopĂ©dique, neurochirurgie), dans des circonstances oĂą le risque d’infection Ă  staphylocoque rĂ©sistant Ă  la mĂ©ticilline est accru (reprise chirurgicale prĂ©coce surtout) ou chez des patients allergiques aux β-lactamines.

Spectre d’action

La vancomycine exerce donc son action uniquement sur les Gram positifs :

  • staphylocoques, tel le Staphylococcus aureus ou les staphylocoques Ă  coagulase nĂ©gative, mĂŞme rĂ©sistant Ă  la mĂ©ticilline. Les rĂ©sistances restent exceptionnelles ;
  • streptocoques, quels qu’ils soient, y compris les souches de sensibilitĂ© diminuĂ©e Ă  la pĂ©nicilline ;
  • les entĂ©rocoques. On peut toutefois rencontrer en clinique humaine des souches d’entĂ©rocoques (surtout chez E faecium) rĂ©sistant aux glycopeptides ;
  • anaĂ©robies stricts Ă  Gram positifs : cocci anaĂ©robies, Clostridium (C perfringens et C difficile). La vancomycine par voie orale est active dans le cas des colites pseudomembraneuses Ă  C difficile ;
  • Listeria monocytogène : activitĂ© bactĂ©riostatique in vitro, mais la diffusion de la vancomycine est alĂ©atoire dans le liquide cĂ©phalorachidien lorsque les mĂ©ninges sont enflammĂ©es ; en clinique, ces mĂ©ningites sont donc traitĂ©es Ă  l'ampicilline, et mĂŞme si le traitement empirique en dĂ©but de prise en charge d'une mĂ©ningite inclut dĂ©jĂ  de la vancomycine IV, on y ajoutera de l'ampicilline si les circonstances (patient âgĂ© ou immunosupprimĂ© par exemple) font suspecter Listeria comme agent causal.

Pharmacodynamie

Comme pour les β-lactamines, la vancomycine est inhibitrice de la synthèse du peptidoglycane de la paroi bactérienne. Son mécanisme d’action est toutefois différent : elle se fixe au niveau des extrémités peptidyl-D-Ala-D-Ala des précurseurs lipopeptidiques lorsqu'ils émergent de la membrane cytoplasmique, durant leur transport à travers celle-ci, et inhibe ainsi les étapes de transglycosylation et de transpeptidation, nécessaires à la bonne synthèse du peptidoglycane, action subséquente de la transpeptidase (qui catalyse l'enlèvement du D-Ala terminal et la réticulation du peptidoglycane).
Plus prosaïquement, elle agit en se liant aux composants de la paroi des bactéries à Gram positifs et en provoquant la dégradation de celle-ci.

Pharmacocinétique

  • La biodisponibilitĂ© orale est nĂ©gligeable. Par voie parentĂ©rale, l'administration intraveineuse d'une dose de g permet d'obtenir, deux heures après l'injection, des taux sĂ©riques moyens de 25 ÎĽg·ml-1. Vers la 11e heure, la concentration est de 3 Ă  12 ÎĽg·ml-1.
  • La liaison aux protĂ©ines plasmatiques est de 30 Ă  60 % aux concentrations thĂ©rapeutiques.
  • La demi-vie sĂ©rique, très variable d'un sujet Ă  l'autre, est de 4 Ă  11 heures.
  • La diffusion de la vancomycine est bonne dans les liquides pleural, synovial, pĂ©ritonĂ©al et pĂ©ricardique ; par contre, elle est nulle dans le liquide cĂ©phalorachidien lorsque les mĂ©ninges sont saines et alĂ©atoire lorsque celles-ci sont enflammĂ©es.
  • La vancomycine n'est pas mĂ©tabolisĂ©e dans l'organisme et son excrĂ©tion se fait Ă  environ 90 % par le rein sous forme active (dont 75 % en 24 heures).

Effets secondaires

  • Les rĂ©actions anaphylactoĂŻdes, induites par une histamino-libĂ©ration comportent des douleurs de type pulsatile dans les muscles du dos et du cou, des rĂ©actions de flush cutanĂ© du cou et des Ă©paules, avec une fine Ă©ruption transitoire, Ă©ventuellement urticarienne : c’est le syndrome de « l’homme-rouge ». Exceptionnellement, une hypotension, voire un collapsus cardiovasculaire (en particulier chez l'enfant et le nourrisson) ont Ă©tĂ© observĂ©s lors d'injections rapides. Dans la plupart des cas, ces rĂ©actions peuvent ĂŞtre Ă©vitĂ©es par une perfusion lente (en 60 min minimum) et une dilution suffisante.
  • NausĂ©es et vomissements sont des effets indĂ©sirables possibles.
  • La toxicitĂ© veineuse locale (endoveinite) est consĂ©cutive Ă  l'administration par voie pĂ©riphĂ©rique. Elle incite Ă  prĂ©fĂ©rer une voie centrale.
  • Les risques d'ototoxicitĂ© cochlĂ©aire et de nĂ©phrotoxicitĂ© (tubulopathie) sont accrus de façon sensible lorsque les concentrations plasmatiques de vancomycine sont Ă©levĂ©es ou le traitement prolongĂ©. Ils le sont d’autant plus que le patient prĂ©sente une insuffisance rĂ©nale. Quelques cas d'atteinte rĂ©nale irrĂ©versible ont Ă©tĂ© dĂ©crits. L'ototoxicitĂ©, surtout rencontrĂ©e lors de concentrations plasmatiques supĂ©rieures Ă  70–80 mg·l-1, et la nĂ©phrotoxicitĂ© sont potentialisĂ©es par l'administration conjointe Ă  d’autres molĂ©cules oto- et nĂ©phrotoxique, tels les aminosides.
  • Les rĂ©actions d’hypersensibilitĂ© s’observent principalement Ă  partir du 7e jour : Ă©ruption cutanĂ©e gĂ©nĂ©ralisĂ©e, hyperĂ©osinophilie, fièvre.
  • De rares cas de thrombopĂ©nies (de cause immuno-allergique, c'est-Ă -dire par formation d'anticorps antiplaquettes sanguines[3]) et de neutropĂ©nies, parfois sĂ©vères mais rapidement rĂ©versibles Ă  l'arrĂŞt du traitement, ont Ă©tĂ© signalĂ©s lors de traitements prolongĂ©s.
  • Une prise de poids a Ă©tĂ© dĂ©crite lors d'une Ă©tude dans le cadre du traitement des endocardites[4].

RĂ©sistance

Utilisée depuis 1956 et malgré son usage en dernier recours, la vancomycine n'en est pas pour autant à l'abri du développement de résistances. Il existe ainsi des ERV, entérocoques résistant à la vancomycine, chez lesquels la structure D-Ala-D-Ala des précurseurs du peptidoglycane est remplacée par une structure D-Ala-D-Lactate ne permettant pas la liaison de la vancomycine. Très peu de traitements de dernière ligne sont disponibles contre ces bactéries. On citera par exemple le linézolide. Le risque d'apparition de telles résistances parmi d'autres groupes de bactéries, dont les staphylocoques, en restreint d'autant plus l'usage.

Liens externes

  • Compendium suisse des mĂ©dicaments : spĂ©cialitĂ©s contenant Vancomycine

Références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. Robert Service (2017), Superantibiotic is 25,000 times more potent than its predecessor, 30 mai 2017
  3. Annette Von Drygalski, Brian R. Curtis, Daniel W. Bougie, Janice G. McFarland, Scott Ahl, Indra Limbu, Kelty R. Baker, Richard H. Aster, Vancomycin-induced immune thrombocytopenia, New Eng J Med, 2007;356:904-910
  4. Thuny F, Richet H, Casalta JP, Angelakis E, Habib G, Raoult D, Vancomycin Treatment of Infective Endocarditis Is Linked with Recently Acquired Obesity, PLoS ONE 5(2): e9074. doi:10.1371/journal.pone.0009074
  • Y Domart. Glycopeptides. Encycl MĂ©d Chir (Elsevier, Paris), EncyclopĂ©die pratique de mĂ©decine, 5-0060, 1998, 2 p
  • J. Tankovic, [Antibacterial antibiotics. General data on mode of action and mechanisms of resistance]. Rev Prat. 2000;50(4);425-32 PMID 10748677
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