Gland (fruit)
Le gland est le fruit du chĂȘne.
Les jeunes chĂȘnes ne produisent pas de glands, et les productions annuelles dites « glandaies » sont chez le chĂȘne particuliĂšrement irrĂ©guliĂšres, ce qui peut avoir des rĂ©percussions sur la santĂ© des populations de sangliers ou d'autres animaux se nourrissant de glands.
Fruits de loin les plus abondants des forĂȘts de basse altitude en Europe occidentale, ils produisent Ă intervalles irrĂ©guliers des glandĂ©es d'une abondance parfois prodigieuse, ce qui explique qu'autrefois, on menait les cochons manger les glands en forĂȘt, mais cette activitĂ© Ă©tait rĂ©glementĂ©e ou taxĂ©e, plus ou moins selon les rĂ©gions (droit de glandage).
La récolte des glands a lieu entre fin septembre et fin octobre[1]. La meilleure période étant entre le et le 1er novembre[2].
Un animal qui se nourrit essentiellement de glands est appelé balanophage[3].
Ătymologie
« Gland » vient du latin glans, glandis à ne pas confondre avec glandula qui signifie glande, organe sécrétoire.
Le fruit
Sur le plan botanique, le gland est un akÚne, c'est-à -dire un fruit sec indéhiscent ne contenant qu'une seule graine. Il est enveloppé partiellement à sa base par une cupule, qui est en fait un involucre modifié, formé de bractées soudées.
Le gland est riche en amidon et fait partie de la nourriture habituelle des sangliers et des Ă©cureuils. Il peut en temps de famine se rĂ©vĂ©ler une alimentation acceptable pour les hommes (« pain de gland »), mais la prĂ©sence de tanins, substance astringente, en quantitĂ© apprĂ©ciable, en limite naturellement l'absorption, de mĂȘme que l'afflux d'anthocyane au printemps qui colore le gland en rouge ou orange. Cette coloration permet aussi de le camoufler aux yeux des herbivores qui confondent rouge et noir.
Les cupules de glands peuvent fournir d'excellentes teintures naturelles : beige, gris, noir pour le chĂȘne velani, dont en particulier Quercus macrolepis, prĂ©sent en Turquie et en GrĂšce, Albanie, AlgĂ©rie, Chypre et CrĂšte. Leurs cupules, de la taille d'une pomme, sont rĂ©coltĂ©es aprĂšs deux ans de maturation.
Dans les pays du Maghreb, le gland est connu sous le nom de belot ou baloute[4] (en arabe) et ablud (en kabyle, prononcĂ© « avelodh »), peut-ĂȘtre en relation avec l'espagnol bellota ; le jambon ibĂ©rique issu de porcs nourris exclusivement aux glands porte ainsi l'appellation de jamĂłn ibĂ©rico de bellota.
Impact des animaux frugivores dans la rĂ©gĂ©nĂ©ration naturelle des chĂȘnes
De nombreuses publications scientifiques mettent en avant l'impact nĂ©gatif des ravageurs (champignons, insectes) et prĂ©dateurs (rongeurs, oiseaux, voire sangliers, cervidĂ©s et leporidĂ©s capables de neutraliser les phytotoxines des glands)[note 1] dans la rĂ©gĂ©nĂ©ration naturelle des chĂȘnes. Dans ce cadre, ils sont considĂ©rĂ©s comme des organismes nuisibles agissant au dĂ©triment de la survie des glands et des communautĂ©s de chĂȘne[6]. Dans les forĂȘts tempĂ©rĂ©es, la production de glands atteint en moyenne 600 kg/ha pendant la pĂ©riode automno-hivernale, soit 60 glands/m2[7]. Un chĂȘne mature produit 100 000 glands et jusqu'Ă 5 millions pour les arbres les plus grands, mais la dĂ©prĂ©dation contribue[note 2] au fort taux de mortalitĂ© (prĂšs de 95 %) des graines, si bien que seule une trĂšs faible fraction donne des semis viables. Un taux de survie aussi faible affecte les plantules issus de germination des graines au cours de la premiĂšre annĂ©e, mais aussi les jeunes pousses au pied de l'arbre qui vĂ©gĂštent Ă l'ombre quelques annĂ©es, voire quelques dĂ©cennies. Bien que ces chiffres soient trĂšs variables selon les annĂ©es et les sites, on peut considĂ©rer, par extrapolation statistique, qu'un gland sur un million donne un chĂȘne mature, un arbre ne pouvant engendrer qu'un seul et unique successeur[8].
Pourtant, certaines espĂšces frugivores ont un impact positif, essentiellement le Geai des chĂȘnes et le mulot sylvestre qui sont les deux plus grands disperseurs de glands. La plupart des autres espĂšces qui se nourrissent de glands sont principalement des prĂ©dateurs de graines ou seulement des disperseurs occasionnels[9].
Afin de constituer des rĂ©serves pour l'hiver, les rongeurs, attirĂ©s sur des distances considĂ©rables par les composĂ©s volatils Ă©mis par les glands[note 3], les transportent et les stockent dans un grenier central ou les rĂ©partissent un peu partout (comportement d'amassage centralisĂ©, semi-centralisĂ© ou dispersĂ© chez les mulots, les campagnols, chez les Ă©cureuils adoptant la stratĂ©gie du chunking (en))[note 4]. Les pigeons les rĂ©gurgitent lorsqu'ils sont trop gourmands. Plusieurs espĂšces de corvidĂ©s (en Europe de l'ouest la pie bavarde, la corneille noire et surtout le geai des chĂȘnes qui sĂ©lectionne des glands de 11 Ă 19 mm de large en moyenne)[13] perdent les graines les plus grosses en route et enfouissent les autres en creusant le plus souvent un trou Ă coups de bec sous une litiĂšre qu'elles recouvrent de dĂ©bris ou de terre, pouvant ainsi enterrer plusieurs milliers de glands chaque annĂ©e[14]. Une forte proportion de recrutement des plantules provient de ces glands mis en cache et qui ne sont pas rĂ©cupĂ©rĂ©s (les trois quarts chez le geai)[15], et assure la rĂ©gĂ©nĂ©ration naturelle des chĂȘnes. Les glands peuvent ĂȘtre ainsi dispersĂ©s sur quelques centaines de mĂštres au maximum par des animaux terrestres, quelques kilomĂštres (parfois jusqu'Ă dix) par des oiseaux, des corvidĂ©s particuliĂšrement[16] - [17].
Semis pour reboisement
Compte tenu de sa bonne rĂ©sistance aux incendies, le chĂȘne pubescent est avec le chĂȘne vert une des principales espĂšces de chĂȘne utilisĂ©es pour les reboisements artificiels.
Pour le semis de reboisement, mieux vaut cueillir les glands plutÎt que les récolter au sol. Commencer la cueillette des glands de teinte brune quinze jours aprÚs que les premiers glands (généralement tarés) sont tombés au sol. Ne pas conserver les glands en sacs ou autre contenant en plastique. Préférer des sacs de jute ou des contenants en bois ajouré (cagettes). Les glands se conservent au frais et à l'humidité dans du sable pendant deux mois. Pour une conservation plus longue, on peut placer un sac perforé (pas de sac fermé hermétiquement) empli de glands mélangés à du sable au réfrigérateur entre 1 et 4 °C.
L'idĂ©al est de planter dĂšs la rĂ©colte dans un trou de 30 cm ameubli en tous sens. Pour la plantation en masse, on peut utiliser une canne Ă semer. Le gland est Ă semer entre 3 et 5 cm de profondeur. Pour protĂ©ger le semis des prĂ©dateurs (rats, sangliers), on peut placer par-dessus le gland un carrĂ© de grillage fin de 20 cm de cĂŽtĂ© Ă mailles de 1 cm. Celui-ci pourra ĂȘtre laissĂ© en place et se dĂ©gradera avec le temps.
Consommation humaine des glands doux et non doux
Gland cru 100 g | |
Valeur nutritionnelle moyenne pour 100 g |
|
Apport énergétique | |
---|---|
Joules | 1,619 kJ |
(Calories) | (387 kcal) |
Principaux composants | |
Glucides | 40,75 g |
â Amidon | ? g |
â Sucres | ? g |
Fibres alimentaires | ? g |
Protéines | 6,15 g |
Lipides | 23,85 g |
â SaturĂ©s | 3,102 g |
Eau | 27,9 g |
Minéraux et oligo-éléments | |
Calcium | 41 mg |
Fer | 0,79 mg |
Magnésium | 62 mg |
ManganĂšse | 1,337 mg |
Phosphore | 79 mg |
Potassium | 539 mg |
Sodium | 0 mg |
Zinc | 0,51 mg |
Vitamines | |
Vitamine A | 0,002 mg |
Vitamine B1 | 0,112 mg |
Vitamine B2 | 0,118 mg |
Vitamine B3 (ou PP) | 1,827 mg |
Vitamine B5 | 0,715 mg |
Vitamine B6 | 0,528 mg |
Vitamine B9 | 0,087 mg |
Vitamine B12 | 0 mg |
Vitamine C | 0 mg |
Acides aminés | |
Acide aspartique | 635 mg |
Acide glutamique | 986 mg |
Alanine | 350 mg |
Arginine | 473 mg |
Cystine | 109 mg |
Glycine | 285 mg |
Histidine | 170 mg |
Isoleucine | 285 mg |
Leucine | 489 mg |
Lysine | 384 mg |
MĂ©thionine | 103 mg |
Phénylalanine | 269 mg |
Proline | 246 mg |
SĂ©rine | 261 mg |
Thréonine | 236 mg |
Tryptophane | 74 mg |
Tyrosine | 187 mg |
Valine | 345 mg |
Acides gras | |
Source : lien entrée USDA | |
Les glands typiques contiennent jusqu'Ă 8-9 % de tannins (en poids sec), ce qui explique leur forte astringence. S'ils « tannent » la bouche et sont immangeables sans une cuisson soigneuse, ils auraient aussi, pour peu qu'on arrive Ă les consommer crus, des effets rapidement toxiques (constipation, lĂ©sions rĂ©nales et du foie, troubles neurologiques, perturbation de l'Ă©pithĂ©lium intestinal et de l'assimilation des aliments[18] - [19] (en grandes quantitĂ©s, les tanins sont toxiques pour l'homme et les ruminants, notamment dans les glands du chĂȘne rouvre et du chĂȘne pĂ©donculĂ© s'ils sont consommĂ©s en quantitĂ© et sans prĂ©paration spĂ©cifique pour en ĂŽter les tanins.
Certains chĂȘnes produisent naturellement des glands trĂšs peu taniques, Ă la saveur douce et directement consommables, mais ils sont rares.
Pour débarrasser les glands de leurs tanins, il existe plusieurs méthodes : on peut effectuer une lixiviation (extraction par un solvant, souvent improprement appelée lessivage) des tanins à froid ou à chaud[20], et/ou utiliser l'argile[21] - [22].
- la lixiviation à froid se fait par trempage de la farine de glands (glands sans "peau" broyés) dans un sac suspendu dans de l'eau courante ou dans une eau réguliÚrement changée, durant plusieurs jours (jusqu'à suppression de l'amertume) ; les tanins se dissolvent dans l'eau et sont dispersés à travers le linge.
La méthode utilisée par les Indiens Yosemite consiste dans un premier temps à enlever la coquille et la peau des glands qui sont ensuite broyés en farine. Sur un linge (par exemple un drap) étendu sur du sable, la farine est étalée en une mince couche puis de l'eau est versée sur la farine, jusqu'à ce que l'amertume et l'astringence de la farine ait disparu[23] ;
L'urine a également été utilisée pour lessiver les tanins[24] - [25], les glands aprÚs 4 à 5 mois étaient appelés des « Chinook olives » (en) ; - la lixiviation à chaud se fait en faisant bouillir le gland écorcé 10-15 minutes (éventuellement cassé en morceaux, et laissés à tremper quelques dizaines de minutes). L'opération est répétée avec changement de l'eau (eau remplacée qui est remplacée par une eau déjà chaude (pour que le tanin ne se fixe pas dans le gland sous l'effet du froid), jusqu'à ce que l'eau soit claire dans une eau changée (en recueillant les glands dans un linge s'ils ont été écrasés) jusqu'à ce qu'elle soit claire[26]. Certains placent
Traditionnellement, la farine de glands Ă©tait faite avec un pilon et un mortier en pierre puis au moulin Ă cafĂ© [27] - [28] - [29] - [30] - [31] avec meule plate ou conique, Ă©lectrique ou manuel ; ou un mixeur[27]. Pour passer dans le moulin Ă cafĂ©, les glands doivent ĂȘtre bien secs. Un moulin Ă cafĂ© Ă©lectrique avec un couteau, et non une meule, donnera une mouture non homogĂšne[32] avec des gros morceaux et des petits morceaux ce qui est problĂ©matique pour la lixiviation. Les meules permettent une mouture homogĂšne[33] et une farine trĂšs fine.
Les glands à faible teneur en tanins sont appelés des « glands doux ».
Isidore de SĂ©ville, au VIIe siĂšcle de notre Ăšre, dit de l'yeuse ou chĂȘne vert que son nom latin, ilex, signifie « Ă©lu », « choisi » « parce que son fruit est le premier cueilli par l'homme pour sa nourriture »[34]
Les hommes il y a 12 000 Ă 15 000 ans mangeaient des glands[35] - [36] et avaient des caries dentaires.
On recense aujourd'hui une vingtaine d'espĂšces de chĂȘnes Ă glands doux[37] dont notamment :
- une variĂ©tĂ© de chĂȘne vert : Quercus ilex âballottaâ et certaines variĂ©tĂ©s de chĂȘne tauzin (Quercus pyrenaica), chĂȘne liĂšge (Quercus suber) et chĂȘne pubescent (Quercus pubescens),
- Quercus virginiana dont les Indiens extraient une huile de cuisine.
- et aussi le chĂȘne de Mongolie (Quercus mongolica au goĂ»t trĂšs doux), Quercus macrolepis (syn. Quercus aegilops), Quercus michauxii (en), Quercus trojana.
Les glands étaient parfois considérés meilleurs que le pain noir[38].
« Les glands, mĂȘme ceux des chĂȘnes communs, peuvent offrir des ressources alimentaires quand la famine fait peser son flĂ©au»[39].
Les glands des espÚces suivantes ont été consommés :
Quercus cerris[40] (chĂȘne chevelu), Quercus coccifera[40] (chĂȘne kermes), Quercus frainetto[40], Quercus fruticosa (en) [40], Quercus ilex[40] (chĂȘne vert, yeuse), Quercus infectoria[40], Quercus macrolepsis[40] (aegilops), Quercus petraea[40] (sessiliflora), Quercus pubescens[40] (chĂȘne pubescent), Quercus pyrenaica[40] (toza, chĂȘne angoumois), Quercus robur[40] (pedunculata, chĂȘne rouvre), Quercus rotundifolia[40], Quercus suber[40] (chĂȘne liĂšge), Quercus trojana, Quercus rubra[40] (chĂȘne rouge d'AmĂ©rique), Quercus alba[41], Quercus ellipsoidalis[41].
Les glands de certains chĂȘnes verts ont le goĂ»t de noisette[42].
Quelques entreprises vendent des produits à destination de l'alimentation humaine à base de glands (gùteaux, pùte à tartiner, pain, farine, restaurant, etc.)[43] - [44] - [45] - [46] - [47]. Le gland préparé et torréfié peut aussi produire un succédané de café[48].
Le chĂȘne rouge d'AmĂ©rique[49] et chĂȘne pĂ©donculĂ© sont trĂšs riches en tanins. Le chĂȘne blanc et Quercus phellos contiennent moins de tanins[49].
Selon Hildegarde de Bingen, les fruits du chĂȘne ne sont pas bon Ă manger pour l'homme[50], le chĂȘne Ă©tant froid, dur et amer.
France
La farine de gland est l'ingrédient de base du racahout, poudre pour enfants commercialisée en France au début du XXe siÚcle ("Racahout des Arabes")[51] - [52]. Un brevet avait été déposé à Paris concernant le racahout[53] - [54].
En période de disette, on mangeait des glands non doux notamment en 1709[39] - [42] - [55].
Avant la domestication des cĂ©rĂ©ales productives comme le blĂ©, on consommait des glands, chĂątaignes et fruits des bois. La sĂ©dentarisation opposa forĂȘt et civilisation. Autrefois, les personnes qui se nourrissaient des fruits de la forĂȘt (chĂątaigne, glands) et non fruits du labeur par culture, Ă©taient mal vues, jugĂ©es paresseuses. Ceux qui se nourrissaient de chĂątaignes en France, Ă©taient aussi mal considĂ©rĂ©s que ceux qui se nourrissaient de glands au Maghreb[56]. RĂ©colter c'Ă©tait inciter au repli sur soi, Ă l'indĂ©pendance et Ă la rĂ©bellion[57] - [58] - [56], permettant Ă la population ainsi nourrie de se consacrer Ă autre chose[59]. Ainsi, les habitants des pays Ă chĂątaigne ne sont pas amis du travail, n'offrant que paresse[58] - [60] - [57] - [61] - [56], ignorance et misĂšre[58]. La richesse naturelle entraine pauvretĂ© et misĂšre[62]. En Corse, dans plusieurs parties des montagnes, les habitants ne se nourrissaient que de farine de chĂątaigne et de laitages[62], une douzaine de chĂątaigniers et autant de chĂšvres suffisant Ă une famille corse pour ne pas mourir de faim[62]. Il Ă©tait mĂȘme conseillĂ© aux humains de laisser les chĂątaignes aux cochons[63].
Portugal
Les habitants vivaient uniquement de glands plusieurs mois[39].
Espagne
On y mangeait les glands Ă©galement, notamment des glands de chĂȘne vert[39]. Ces glands Ă©taient vendus au marchĂ©[42]. Les Espagnols mangeaient des bellotas[64].
Afrique du Nord
Maures et Arabes se nourrissaient de glands de variété balotte pendant une partie de l'année[39].
Les glands du chĂȘne-liĂšge (Q. suber L.) sont traditionnellement commercialisĂ©s et consommĂ©s au Maroc et en AlgĂ©rie[65].
Europe
« Séchés, décortiqués, puis finement moulus, ils fournissaient un pain trÚs pùteux qui fut consommé en Europe jusqu'au XVIIIe lors des périodes de disette[66].»
En Europe, les glands ont Ă©tĂ© utilisĂ©s comme substitut du cafĂ© jusquâau milieu du XXe siĂšcle[19].
Amérique
Les Indiens d'AmĂ©rique (notamment en Californie) vivaient essentiellement d'un rĂ©gime Ă base de glands de chĂȘne (Quercus alba L, Quercus agrifolia NĂ©e, Quercus chrysolepis Liebm. et Quercus undulata Torr.) et de poissons[67].
Les Indiens d'AmĂ©rique prĂ©fĂ©raient les glands de chĂȘne non doux aux glands de chĂȘne doux car ils se conservent mieux. NĂ©anmoins les glands non doux nĂ©cessitent un lessivage / une lixiviation des tanins avant consommation[23]. Les glands peuvent ainsi se conserver jusqu'Ă 12 ans grĂące aux tanins[23].
Le Wiiwish (en) est une bouillie de gland qui constituait un aliment de base des Indiens de Californie[68].
Le shawii est la bouillie de gland qui était mangée quotidiennement par les Indiens Kumeyaay[69] - [70]
Les Indiens de tribus kumeyaay[71], Pomo, Kahuia[72], Ohlone[73], et Yosemite[23] (Ahwahnechee) se nourrissaient de glands de chĂȘne.
Les indiens Yosemite prĂ©fĂšrent les glands de chĂȘne noir de Californie ou chĂȘne de Kellogg pour leurs propriĂ©tĂ©s (couleur, goĂ»t, capacitĂ© de conservation, etc.)[23]. Les indiens Pomo et les indiens Hupa utilisaient les glands de chĂȘne rouge d'AmĂ©rique[49](Quercus rubra), ces glands Ă©tant trĂšs riches en tanin.
En l'absence de lixiviation /lessivage, les indiens Pomo de Californie et les paysans de Sardaigne (Italie) ont mis au point la mĂȘme recette : ils ajoutent de lâargile Ă la farine de glands dans une proportion de 10 Ă 15 %[74] - [22].
Cuire les glands mélangés à l'argile réduit la toxicité des glands jusqu'à 77 %[22].
Sardaigne et Corse
à Baunei, en Sardaigne, le pain de gland (confectionné avec de l'argile et des cendres) constituait une nourriture essentielle en 1834[75].
Les Corses consommaient des glands doux autrefois[76].
Rome (Italie actuelle)
Les glands Ă©taient comestibles et Pline l'Ancien enseignait comment faire du pain, il indique que c'est une source de richesse mĂȘme en temps de paix[77] - [39].
Proche-Orient
Galien écrit que les glands ont sauvé la population de son pays natal (Asie mineure) pendant les périodes de famine[39].
On vendait des glands sur les marchés[39].
La variété ballota du Q. ilex = Quercus rotundifolia, serait la seule de l'espÚce à avoir de gros glands doux toujours trÚs consommés comme des chùtaignes notamment en Turquie.
Une recette turque se nomme Racahout et consiste en un mélange de glands, sucre et aromates[39]. Le racahout aurait été utilisé pour donner de l'embonpoint aux sultanes[39].
Au Liban, On mange des glands quand les récoltes sont mauvaises[39].
Ăcosse et NorvĂšge
On mange les glands des chĂȘnes communs sous forme de pain[39].
Allemagne
En période de disette au Mecklembourg les gens mangeaient des glands[39].
Corée
Le Dotori-muk (en) est une gelée faite avec de la fécule de gland.
- Pain de gland.
- Dotorimuk.
Gland et maladie de Lyme
Un lien inattendu a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence par une Ă©tude nord-amĂ©ricaine[78] rĂ©cente (1996) entre la densitĂ© de chĂȘnes et le risque de maladie de Lyme ;
- Cette Ă©tude - fondĂ©e sur 13 ans de donnĂ©es prĂ©levĂ©es au cĆur de la zone d'endĂ©mie nord-amĂ©ricaine et de la zone de croissance de la maladie de Lyme - a montrĂ© qu'il existait (dans cette zone et au-delĂ des variations annuelles ou saisonniĂšres) un faible lien avec la prĂ©sence de cervidĂ©s (Odocoileus virginianus), un lien assez bref avec le climat (chaleur, pluviomĂ©trie) et un lien bien plus fort avec la densitĂ© de souris, de tamias et - ce qui Ă©tait plus inattendu - de chĂȘne (Quercus spp.) ;
- En Amérique du Nord, la souris à pattes blanches jouerait, devant le Tamia, le rÎle le plus important pour la croissance et diffusion ou le maintien de cette zoonose.
- Or les bonnes glandaies favorisent les Tamias et souris, dont les populations augmentent alors, au profit des larves de tiques qu'elles nourrissent plus facilement, en étant plus nombreuses, ceci d'autant que la chasse et le piégeage, ou des empoisonnements par pesticides, collisions avec les véhicules, etc. ont fait diminuer le nombre et la densité de leurs prédateurs (loups, renards, lynx, cougars, rapaces, etc.).
DĂ©composition
Une partie des glands subit une décomposition et participe à la formation de l'humus. D'autres sont appréciés par quelques espÚces de champignons qui s'y développent plus ou moins spécifiquement à l'instar de Ciboria batschiana et dans une moindre mesure de Lanzia echinophila[79]. En tant qu'agent pathogÚne de la pourriture noire du gland, Ciboria batschiana peut provoquer la perte quasi totale des semences de glands d'une station[80].
Culture populaire
Dans L'Ăge de glace et ses suites, l'Ă©cureuil Scrat est obsĂ©dĂ© par les glands, qu'il tente, par tous les moyens, de cacher dans un endroit sĂ»r, au prix de nombreuses pĂ©ripĂ©ties, ce qui donne lieu Ă de longues suites de gags rĂ©currents.
Dans Mon voisin Totoro, les Totoros récoltent des glands. La journée, pendant que le grand Totoro dort, les deux plus petits ramassent des glands et les stockent dans des pots qui se trouvent sous les racines d'un grand camphrier.
Dans Draculi & Gandolfi de Guillaume Sanjorge, l'intrigue se dĂ©roule autour d'un gland sacrĂ©, une relique, un objet magique, un artefact que possĂšde la magicienne Madeloun (interprĂ©tĂ© par Magali Semetys). Ce gland est transmis Ă l'ouvrier Gamoche (interprĂ©tĂ© par Remi Barrero) puis rĂ©cupĂ©rĂ© par le chevalier Artufeli (interprĂ©tĂ© par Laurent Artufel) qui va s'en servir pour s'attirer les faveurs de la reine (interprĂ©tĂ© par Karine Lima) Ă©pouse du roi Gandolfi . Plus tard, le gland va ĂȘtre utilisĂ© par son possesseur pour envoyer ses adversaires en enfer (Ă la fin de la saison 2).
Dans L'Homme qui plantait des arbres de Jean Giono, Elzéard Bouffier plante 100 glands par jour.
Dans Histoire de ma vie, Fadhma AĂźt Mansour Amrouche raconte comment, en Kabylie au dĂ©but du XXĂšme siĂšcle, elle avait âgaulĂ© les glandsâ, âdes glands sucrĂ©sâ que l'on mettait Ă sĂ©cher.
Notes et références
Notes
- Les animaux développent des adaptations biochimiques de détoxification dans la cavité orale (protéines salivaires riches en proline qui se lie aux tanins), dans le ainsi que dans les organes postabsorption tels que le foie qui contient une batterie d'enzymes détoxifiantes[5].
- D'autres facteurs y contribuent : conditions climatiques (sĂ©cheresse, froid), chutes de dĂ©bris (branches), excavations, piĂ©tinement et retournement de sol par les mammifĂšres, maladiesâŠ
- Notamment des acides gras et des esters volatils issus de la dégradation enzymatique des lipides cellulaires du gland (leur oxydation conduit à des composés de faible poids moléculaire)[10].
- Deux grandes catĂ©gories de stratĂ©gies de stockage de nourriture sont observĂ©es : l'amassage centralisĂ© (« larder hoarding ») qui vise Ă entreposer l'ensemble des graines collectĂ©es dans un unique grenier central qui peut ĂȘtre le terrier. L'amassage dispersĂ© ou amassage par thĂ©saurisation (« scatter hoarding ») qui vise Ă rĂ©partir ces rĂ©serves dans de petites caches largement dispersĂ©es. Ces deux stratĂ©gies sont l'expression de compromis Ă©volutifs entre diffĂ©rents traits biologiques : coĂ»ts Ă©nergĂ©tiques de collecte et de manipulation, positionnement des caches pour minimiser les risques de pillage par des compĂ©titeurs (le taux de chapardage pouvant s'Ă©lever de 2 Ă 30 % par jour)[11] - [12].
Références
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- « glands ramassés lors de vos balades », sur lahulotte.fr (consulté le )
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Voir aussi
Article connexe
Liens externes
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