Zoochorie
La zoochorie est le mode de dissémination des graines ou des diaspores des végétaux se faisant grâce aux animaux. Les biologistes parlent d'anthropochorie lorsque l'homme est l'agent de propagation, mode de plus en plus efficace en raison de l'accroissement des échanges de matériel et des voyages[1]. Ce processus qui présente l'avantage de faire franchir de grandes distances aux graines, favorise l'extension de l'espèce et la diversification de son patrimoine génétique.
Épizoochorie, exozoochorie ou ectozoochorie
C'est le transport externe et passif des semences (graines, spores ou fruits) par accrochage dans les phanères des animaux.
C'est le cas pour les fruits qui présentent des crochets ou des aiguillons pour s'accrocher aux toisons (poils, plumes, etc.) des animaux. C'est le cas chez la bardane (Arctium lappa), les lampourdes (Xanthium), l'eupatoire (Agrimonia eupatoria), des Uncarina.
Le mélèze s'est implanté le long des routes de régions d'Europe en ayant été involontairement transporté par les colporteurs du XIXe siècle (anthropochorie).
La littérature scientifique rapporte un cas de spores d'algues transportées sur la coquille d'un gastéropode, Theodoxus fluviatilis (malacochorie)[2].
Endozoochorie
Certaines graines sont recouvertes d'un péricarpe charnu qui incite les animaux frugivores à les ingérer (ingestion par les mammifères : mammiochorie ou mammaliochorie ; par les oiseaux : ornithochorie ou avichorie ; par les poissons : ichthyochorie ; par les reptiles : saurochorie ; par chauves-souris : chiroptérochorie). De même, les spores peuvent être ingérées par des insectes (entomochorie). Elles transitent alors le long du système digestif en résistant aux sucs et sont disséminées, intactes, dans les déjections de l'animal. C'est notamment le cas des groseilles, des cerises, des fraises, des mûres, de l'if. Et c'est surtout le cas du gui, qui ne peut germer que sur les branches d'un arbre et dispose pour cela de graines équipées de filaments visqueux.
Certaines plantes ne germent qu'après que les sucs digestifs des animaux aient ramolli les coques durcies de leurs graines par le processus de ligno-subérification[3]. Dans les cas d'ornithochorie (geais, sittelles, bec-croisé des sapins et surtout les pies[4] qui oublient souvent les graines collectées), le rôle joué par l'oiseau disséminateur sur la germination de la semence semble plus consister en une accélération de celle-ci via le dépulpage du fruit qu'en une levée de la dormance à la suite du passage dans le tractus digestif. Parfois ce sont des poissons, qui peuvent ainsi transporter des graines dans une plaine d'inondation ou en remontant le courant, contribuant fortement à l'entretien d'une forte diversité génétique sur les berges et dans les annexes hydrauliques des cours d'eau[5], en complément de l'hydrochorie. Dans le cas des poissons, la taille (la graine doit être assez petite pour être mangée par un canard[6] ou un poisson), mais aussi la forme de la graine semble avoir une importance, par exemple pour leur transport par des carpes[7].
Myrmécochorie ou zoochorie à élaïosome
Le transport par les fourmis des graines de certaines plantes myrmécophiles est appelé myrmécochorie et est un cas particulier d’entomochorie (dispersion par les insectes). Ces graines sont munies d'une petite hernie, appelée élaïosome, riche en substances grasses appréciées des fourmis. Elles emportent les graines dans leur nid, consomment l'élaïosome et se débarrassent de la graine encore apte à germer.
Voici quelques espèces concernées : Luzula pilosa, la violette odorante (Viola odorata), Pseudofumaria alba, la chélidoine, et surtout le ricin commun (Ricinus communis).
Dyszoochorie et synzoochorie
Ce mode de dispersion concerne les diaspores qui sont recherchées par les animaux pour leur alimentation mais qui sont perdues accidentellement par ceux-ci lors du transport. On retrouve par exemple, l'Agouti qui permet la dissémination du Noyer du Brésil ou encore le Cassenoix moucheté qui dissémine les cônes de l'Arole, Pinus cembra[8].
À l'inverse de cette dispersion accidentelle, la synzoochorie désigne le mode de dispersion intentionnel, les graines étant transportées par un animal sans être ingérées, afin de faire des réserves (rongeurs tels que les écureuils ou les muscardins)[9]. Lorsque l'animal meurt, qu'il oublie sa cachette ou égare sa récolte, les graines peuvent germer.
Références
- Roger Corbaz, Principes de phytopathologie et de lutte contre les maladies des plantes, Presses polytechniques et universitaires romandes, (lire en ligne), p. 21
- (en) Žuljević, A. et al., « First freshwater coralline alga and the role of local features in a major biome transition », Sci. Rep., no 6,‎ (DOI 10.1038/srep19642).
- (en) L. Russi et al., « The Fate of Legume Seeds Eaten by Sheep from a Mediterranean Grassland », Journal of Applied Ecology, vol. 29, no 3,‎ , p. 772 (DOI 10.2307/2404487).
- De plus, en brisant les pignons contre les rochers, la pie en perd souvent dans des anfractuosités.
- Pollux, B.J.A., Santamaria, L. & Ouborg, N.J. (2005) Differences in endozoochorous dispersal between aquatic plant species, with reference to plant population persistence in rivers. Freshwater Biology, 50, 232–242.
- Soons, M.B., van der Vlugt, C., van Lith, B., Heil, G.W. & Klaassen, M. (2008) Small seed size increases the potential for dispersal of wetland plants by ducks. Journal of Ecology, 96, 619–627.
- Pollux, B.J.A., de Jong, M., Steegh, A., Ouborg, N.J., van Groenendaal, J.M. & Klaassen, M. (2006) The effect of seed morphology on the potential dispersal of aquatic macrophytes by the common carp (Cyprinus carpio). Freshwater Biology, 51, 2063–2071
- Documentaire "The private life of Plants - Travelling" - David Attenborough
- Gestion de l'écosystème forestier et aménagement de l'espace régional, Conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement-Conseil régional de Guyane, , p. 113.
Bibliographie
- P. Lanzara (trad. de l'italien), L'univers inconnu des plantes, Bruxelles, Elsevier-Sequoia, coll. « Multiguide nature », , 254 p. (ISBN 2-8003-0203-8)
- (en) Dirzo, R., Dominguez, C.A. (1986), Seed shadows, seed predation and the advantages of dispersal. In: Estrada, A., Fleming, T.H. (eds.): Frugivory and seed dispersal - ecological and evolutionary Aspects. Dr. W. Junk Publishers, Dordrecht, 237–249.
- Engel, T. (2000), Seed dispersal and forest regeneration in a tropical lowland biocoenosis (Shimba Hills, Kenya). Ph.D. thesis, University of Bayreuth. Logos-Verlag, Berlin, (ISBN 3-89722-423-2).
- SCHUPP, E.W. (1993), Quantity, quality and and the effectiveness of seed dispersal by animals. Vegetatio 107/108: 15–29