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Sadi Carnot (homme d'État)

Marie François Sadi Carnot, plus souvent appelé Sadi Carnot, est un homme d'État français, né le à Limoges et mort assassiné le à Lyon. Il est président de la République du à sa mort.

Sadi Carnot
Illustration.
Portrait du président Sadi Carnot (1887).
Fonctions
Président de la République française
–
(6 ans, 6 mois et 22 jours)
Élection
Président du Conseil Maurice Rouvier
Pierre Tirard
Charles Floquet
Charles de Freycinet
Émile Loubet
Alexandre Ribot
Charles Dupuy
Jean Casimir-Perier
Prédécesseur Jules Grévy
Successeur Jean Casimir-Perier
Ministre des Finances
–
(1 an, 7 mois et 25 jours)
Président Jules Grévy
Gouvernement Brisson I
Freycinet III
Prédécesseur Jean-Jules Clamageran
Successeur Albert Dauphin
Ministre des Travaux publics
–
(10 jours)
Président Jules Grévy
Gouvernement Brisson I
Prédécesseur David Raynal
Successeur Charles DemĂ´le
–
(1 an, 1 mois et 22 jours)
Président Jules Grévy
Gouvernement Ferry I
Prédécesseur Henri Varroy
Successeur David Raynal
Député
–
(16 ans, 9 mois et 21 jours)
Élection 8 février 1871
RĂ©Ă©lection 1876
1877
1881
1885
Circonscription CĂ´te-d'Or
Législature Assemblée de 1871
Ire, IIe, IIIe et IVe (Troisième République)
Groupe politique Gauche républicaine
Union démocratique
Union républicaine
Biographie
Nom de naissance Marie François Sadi Carnot
Date de naissance
Lieu de naissance Limoges (France)
Date de dĂ©cès (Ă  56 ans)
Lieu de décès Lyon (France)
Nature du décès Assassinat
Sépulture Panthéon (Paris)
Nationalité Française
Parti politique Républicains modérés
Père Hippolyte Carnot
Fratrie Adolphe Carnot
Conjoint CĂ©cile Dupont-White
Enfants Sadi Carnot
Ernest Carnot
François Carnot
Diplômé de Lycée impérial Bonaparte
École polytechnique
École des ponts et chaussées
Profession Ingénieur des ponts et chaussées
Haut fonctionnaire
Religion Catholicisme

Sadi Carnot (homme d'État)
Présidents de la République française

Respectivement fils et petit-fils des hommes politiques Hippolyte et Lazare Carnot, il effectue ses études supérieures à l’École polytechnique et à l’École nationale des ponts et chaussées (dont il sort major de promotion), puis devient ingénieur en Haute-Savoie.

Engagé en politique à partir de 1871 comme républicain modéré, il est député de la Côte-d'Or, préfet de la Seine-Inférieure, sous-secrétaire d'État puis ministre des Travaux publics et ministre des Finances. Il est également vice-président de la Chambre des députés et président de la commission du Budget.

À la fin de l’année 1887, à la suite de la démission du président Jules Grévy en raison du scandale des décorations, l’Assemblée nationale le place en tête du premier tour de l’élection présidentielle anticipée avec 36 % des suffrages, devant Jules Ferry, dont la candidature divise les parlementaires républicains. Au second tour, après le retrait de ce dernier, Sadi Carnot est élu face au général Saussier avec 74 % des voix.

Le président Carnot est rapidement confronté à une forte remise en cause des institutions républicaines avec la montée de l’antiparlementarisme, les succès électoraux du boulangisme et les attentats anarchistes, alors que se poursuit l’instabilité ministérielle et qu’éclate le scandale de Panama. Son mandat est également marqué par le centenaire de la Révolution française et l'Exposition universelle de Paris. En politique étrangère, il favorise la signature de l’alliance franco-russe avec l’empereur Alexandre III.

Ă€ quelques mois de la fin de sa prĂ©sidence, alors qu’ont Ă©tĂ© votĂ©es des lois contre l’anarchisme et qu’il a refusĂ© la grâce Ă  plusieurs figures de ce mouvement (Ravachol, Vaillant, Henry), Sadi Carnot est mortellement poignardĂ© par l’anarchiste italien Sante Geronimo Caserio au cours d’un dĂ©placement officiel Ă  Lyon, Ă  l’âge de 56 ans. Ă€ l’issue de funĂ©railles nationales Ă  Notre-Dame de Paris, il est inhumĂ© au PanthĂ©on.

Famille, études, carrière

Origines

NĂ© le Ă  Limoges, Marie François Sadi Carnot est le fils aĂ®nĂ© d’Hippolyte Carnot (1801-1888) et de Claire Dupont (1816-1897), mariĂ©s depuis un an au moment de sa naissance[1]. Par son père, il appartient Ă  la famille Carnot, une lignĂ©e bourgeoise d’origine bourguignonne[2].

Blason de la famille Carnot.

Exilé avec ses parents sous la Restauration et un temps figure du saint-simonisme, Hippolyte Carnot est alors rentier, vivant des biens reçus de sa mère et de la fortune de son épouse. Il est par la suite député républicain de la Seine durant la monarchie de Juillet, ministre de l’Instruction publique et des Cultes aux débuts de la Deuxième République, avant de perdre en influence dans les années 1860 et d’être élu sénateur inamovible sous la Troisième République[2].

C’est à son grand-père paternel régicide Lazare, grand admirateur du poète persan Saadi, que Sadi Carnot doit son troisième prénom, qui sera son prénom usuel. Cependant, il est fréquent qu’il soit désigné par tous ses prénoms (le futur chef de l’État signe d’ailleurs « M F S Carnot »), ce qui permet de le distinguer de son oncle Sadi Carnot, un physicien célèbre qui posa notamment les bases de la thermodynamique[2].

La famille paternelle de Sadi Carnot, initialement composée de petits notables vivant à Épertully (Saône-et-Loire) puis à Nolay (Côte-d'Or), gagne véritablement en importance à partir de la Révolution française, avec Lazare Carnot : surnommé le « Grand Carnot » ou l’« organisateur de la Victoire », celui-ci vote l’exécution de Louis XVI, puis appartient au Comité de salut public et préside la Convention nationale sous la Terreur, avant d’exercer la fonction de directeur, d’être deux fois ministre de Napoléon et de mourir en exil sous Louis XVIII[3].

La représentation graphique suivante présente succinctement les principaux membres de la famille Carnot aux XVIIIe – XXe siècles :

Du fait de cette parenté et de la profession de Sadi Carnot, la consécration d’une « république des ingénieurs » — à l’instar de la fameuse république des professeurs[alpha 1] — est évoquée par Robert Germinet et Patrick Harismendy avec son élection à la présidence du pays[6]. Alphonse Barbou, l'un de ses biographes, écrit qu’« en élevant M. Sadi Carnot aux fonctions présidentielles, [la République] a consacré le triomphe d’un personnage nouveau, fils de la Révolution et de la science moderne : l’Ingénieur, véritable roi du siècle finissant »[7].

De son côté originaire de la Charente et de la Haute-Vienne, la famille maternelle de Sadi Carnot possède une demeure à Limoges, où naît le futur président. Sa mère, Claire, est la fille de Marie-Thérèse Nieaud (1781-1866) — dont le père est un riche négociant et un révolutionnaire, maire de Limoges de 1790 à 1791[alpha 2] — et du colonel François Dupont-Savignat (1769-1845), inspecteur général des haras et frère du général Pierre Dupont de l'Étang. La famille possède une propriété (appelée « château de Savignac ») à Grenord, hameau de la commune charentaise de Chabanais[2] - [8].

Sadi Carnot a un frère cadet, Adolphe Carnot, chimiste et géologue, également engagé en politique (il sera à l’origine de l’Alliance démocratique, l’un des principaux partis centristes puis de droite sous la Troisième République).


De gauche à droite : Lazare Carnot, grand-père paternel de Sadi Carnot ; Hippolyte Carnot, son père ; Sadi Carnot, son oncle homonyme ; Adolphe Carnot, son frère.

Formation

Baptisé en l'église de Grenord (Charente), Sadi Carnot grandit au domicile de ses parents, au 2 rue du Cirque à Paris. Pendant ses vacances scolaires, il se rend au château de Savignac de ses grands-parents maternels et voyage en province ainsi qu’à l’étranger, un privilège pour l’époque[8] - [9].

Avec son frère, il est élevé dans un milieu républicain et patriote, où son grand-père paternel Lazare est présenté comme un modèle à suivre, tant sur le plan scientifique que politique. Les deux enfants reçoivent de leur père une éducation centrée sur la littérature et la philosophie des XVIIe et XVIIIe siècles, tandis qu’un précepteur est chargé de leur dispenser des cours de latin, grec ancien et italien. En parallèle, craignant de voir les biens familiaux confisqués par les autorités du Second Empire, qui le considèrent avec méfiance, Hippolyte Carnot apprend des métiers manuels à ses enfants[alpha 3].

Sadi Carnot en tenue de polytechnicien à la fin des années 1850.

À partir de la sixième, Sadi Carnot est scolarisé au très réputé lycée impérial Bonaparte (futur lycée Condorcet), où il choisit la filière littéraire, qui est alors la plus prisée de la bourgeoisie parisienne. Plusieurs fois récompensé au concours général, particulièrement doué en grec, il obtient un baccalauréat ès lettres en 1854, puis l’année suivante, grâce notamment à des cours particuliers, un baccalauréat ès sciences[9] - [10].

Renonçant Ă  son projet initial d’effectuer des Ă©tudes supĂ©rieures en droit, Sadi Carnot opte pour l'École polytechnique. Pour se prĂ©parer aux Ă©preuves d’admission de la prestigieuse Ă©cole d’ingĂ©nieur, il passe plus d’une annĂ©e Ă  travailler les matières scientifiques, dans lesquelles il n’a pas de facilitĂ©s, exception faite des mathĂ©matiques. Au concours d’entrĂ©e d’, il termine cinquième sur 592 candidats (dont 120 reçus), devant ses anciens camarades du lycĂ©e Bonaparte[11].

Au printemps 1858, il tombe sévèrement malade en raison d'une fièvre typhoïde ou d’une hépatite[alpha 4]. Manquant de peu de lui coûter la vie, sa maladie le conduit à suspendre ses études, l’empêchant de passer ses examens de fin d’année. En , sur proposition du jury de classement, le ministère de la Guerre l’autorise à doubler sa première année. Sadi Carnot se retrouve dès lors dans la classe de son frère, une situation inédite dans l'histoire de l’établissement[11].

Ă€ l’issue de ses trois annĂ©es Ă  Polytechnique, en 1860, Sadi Carnot finit septième sur les 91 Ă©tudiants de sa promotion et se voit offrir un poste dans les services publics. PĂ©nalisĂ© par ses notes en mĂ©canique et physique, il n’obtient cependant pas un classement suffisant pour le corps des mines, contrairement Ă  son frère. Il intègre alors l'École nationale des ponts et chaussĂ©es, alors considĂ©rĂ©e comme incontournable au milieu d'un siècle oĂą les besoins d’équipements de la France sont en pleine expansion[11].

Aux Ponts et ChaussĂ©es, Sadi Carnot entre major de promotion, le reste durant les trois annĂ©es de sa scolaritĂ© et l’est Ă©galement Ă  sa sortie[12]. Ses rĂ©sultats sont exceptionnels dans l'histoire de l’école, notamment grâce Ă  sa maĂ®trise des mathĂ©matiques et du graphisme : sur les 23 concours organisĂ©s durant ses Ă©tudes, il est ainsi primĂ© Ă  22 reprises. Il effectue sa mission de 1861 auprès de l’ingĂ©nieur en chef des Bouches-du-RhĂ´ne, celle de 1862 au service du port de Boulogne-sur-Mer et enfin celle de 1863 (qui se prolonge jusqu’en 1864) au très convoitĂ© secrĂ©tariat du conseil gĂ©nĂ©ral des ponts et chaussĂ©es[12] - [13].

Carrière d'ingénieur

Après deux baccalaurĂ©ats, une pĂ©riode de prĂ©paration aux Ă©preuves d’admission Ă  Polytechnique, trois ans au sein de cette dernière puis trois annĂ©es aux Ponts et ChaussĂ©es (quatre en incluant sa mission au conseil gĂ©nĂ©ral), Sadi Carnot commence sa carrière professionnelle Ă  27 ans, un âge très avancĂ© pour l’époque[13].

Pont franchissant le RhĂ´ne dont Sadi Carnot est le concepteur.

En , il devient ingĂ©nieur des ponts et chaussĂ©es de la Haute-Savoie, un territoire annexĂ© Ă  la France quatre ans plus tĂ´t, essentiellement rural et aux infrastructures peu dĂ©veloppĂ©es. Ă€ ses dĂ©buts, il se consacre principalement Ă  la construction et Ă  l’entretien des rĂ©seaux routier et ferroviaire ainsi qu’aux travaux publics, portant sur trois ans une sĂ©rie de travaux s’élevant Ă  quelque 1,3 million de francs[14].

Il conduit en 1868 les études du chemin de fer Annecy-Annemasse, qui suscite de vifs désaccords entre ses différentes parties prenantes[alpha 5]. S’appuyant sur un réseau d’anciens saint-simoniens comme son père, Sadi Carnot impose ses vues face à l’ingénieur de la compagnie PLM de Chambéry, défenseur des positions genevoises[15].

Sadi Carnot est le concepteur du pont de Collonges, rĂ©clamĂ© par les communes de Haute-Savoie et du pays de Gex riveraines du RhĂ´ne. Franchissant ce fleuve entre les dĂ©partements de l'Ain et de la Haute-Savoie, ce pont possède une arche de 40 mètres d’ouverture. TerminĂ© en 1874 et ouvert Ă  la circulation l’annĂ©e suivante, l’ouvrage est primĂ© Ă  l’Exposition universelle de 1878 pour sa conception innovante[alpha 6] et par la suite rebaptisĂ© pont Carnot[14] - [16].

Devenu ingĂ©nieur ordinaire de première classe puis ingĂ©nieur en chef de la Haute-Savoie, Sadi Carnot conçoit et fait construire vers 1874 le système de rĂ©gulation de la sortie des eaux du lac d'Annecy : prouesse technique et architecturale pour l’époque, ces installations, communĂ©ment appelĂ©es « vannes du Thiou », sont un moyen de remonter le niveau du lac (2 759 hectares) de 20 cm afin d'assurer aux usines un dĂ©bit constant toute l'annĂ©e ; Ă  eux seuls, ces 20 cm permettent d'assurer seize jours de dĂ©bit Ă  l'Ă©tiage (m3/s).

Vie privée et familiale

Portrait de Cécile Carnot publié dans le Munsey's Magazine en 1895 (d’après une photographie de Pierre Petit).

Le , à l’hôtel de ville du 8e arrondissement de Paris, Sadi Carnot épouse Cécile Dupont-White (1841-1898), fille de Charles Brook Dupont-White, avocat et économiste d'origine britannique, ami d’Hippolyte Carnot. Le couple se marie religieusement le lendemain, en l’église de la Madeleine (Paris 8e)[13] - [17] - [18].

L’union civile revêt une symbolique républicaine puisque l’un des témoins est Jules Simon, figure de l’opposition aux élections législatives organisées la veille par le Second Empire. Si ce mariage renforce la situation économique de Sadi Carnot, il ne présente pas la particularité, fréquente à cette époque, d'unir des familles de grands notables, propriétaires ou industriels[13].

Avant cette alliance, aucune liaison n’a été prêtée à Sadi Carnot. Par la suite, et jusqu’à la fin de sa vie, il a la réputation d’être un mari fidèle, très lié à son épouse. Plus expressive que son conjoint et jugée très cultivée, Cécile Carnot maîtrise l’anglais, se passionne pour la philosophie des Lumières et conseille régulièrement son mari sur les sujets politiques[13].

Quatre enfants naissent de leur mariage :

Après l’assassinat de son époux, Cécile Carnot refuse la pension que le gouvernement veut lui octroyer[19]. Elle meurt quatre ans après lui, des suites d'une maladie cardiaque[20].

Ascension politique

DĂ©buts

Portrait photographique de Sadi Carnot par Franck (1873).

Durant ses années à Polytechnique, Sadi Carnot anime un cercle de militants républicains comprenant notamment Ernest Mercadier, Armand Silvestre et Lucien Marie, fils de l’ancien ministre Pierre Marie. En 1860, il est détenu pendant deux jours en salle de police en raison de ses activités de soutien au républicain italien Garibaldi[11].

Il est élu député de la Côte-d'Or en 1871. À l’Assemblée nationale, il siège sur les bancs du groupe de la Gauche républicaine, dont il est membre du bureau comme secrétaire durant la législature (1871-1876)[21]. Dans le journal Le Siècle du , il écrit que « la Commune [de Paris] est une insurrection injustifiable contre la souveraineté nationale »[22].

Il occupe des postes de haut fonctionnaire, notamment au Conseil supérieur des Ponts et Chaussées. Il est ensuite nommé préfet de la Seine-Inférieure[23].

Réélu député en 1876 à la Chambre des députés, il est signataire du manifeste des 363 en [21]. Il est à nouveau réélu lors des élections législatives de 1877, 1881 et 1885.

Ministre

Sous-secrétaire d'État aux Travaux publics puis ministre des Travaux publics, il devient ministre des Finances en 1885, dans le gouvernement de Charles de Freycinet. Ce dernier explique dans ses Souvenirs comment la commission du Budget de la Chambre des députés attaque le budget présenté par Sadi Carnot, et exige la suppression du crédit des sous-préfets (et donc la suppression de ce corps), ce qui provoque la chute du gouvernement en et aurait contribué à la montée du boulangisme[24].

Élection à l’Élysée

Vote des parlementaires réunis en Assemblée nationale au château de Versailles pour l’élection présidentielle de 1887, avec au premier plan Jules Ferry, principal adversaire de Sadi Carnot (gravure d’A. Bellenger, musée Carnavalet, Paris).

Le , au lendemain de la démission de Jules Grévy, enlisé dans le scandale des décorations impliquant son gendre, l’Assemblée nationale (réunion de la Chambre des députés et du Sénat) se rassemble à Versailles pour élire un nouveau président de la République.

Sadi Carnot arrive en tĂŞte du premier tour avec 303 voix (35,7 %), devant l’ancien prĂ©sident du Conseil Jules Ferry (212 suffrages, 25 %), dont la candidature est massivement rejetĂ©e par les radicaux. Le mĂŞme jour, après le retrait de Ferry, Sadi Carnot remporte le second tour par 616 voix, soit 74,5 %, face au candidat des conservateurs, le gĂ©nĂ©ral Saussier.

Président de la République

Entrée en fonction, cabinet et débuts

Sadi Carnot maintient le général Brugère dans ses fonctions de chef de la maison militaire et de secrétaire général de la présidence. Lorsque celui-ci part prendre la tête de la 12e division d'infanterie à Reims en 1892, Sadi Carnot nomme le général Borius pour le remplacer[25].

Déplacements et rôle cérémonial

« Attentat contre M. Carnot à sa sortie de l’Élysée, le » (Le Monde illustré, .

L’année 1889 marque le centenaire de la Révolution française. Le , Sadi Carnot se rend à Versailles en mémoire des états généraux de 1789 ; à cette occasion, il manque une première fois d’être assassiné.

À sa demande, les cendres de son grand-père Lazare, d’Alphonse Baudin, de François Séverin Marceau et de La Tour d'Auvergne sont transférées au Panthéon le , cent ans après la célèbre séance de l’Assemblée constituante. Cette décision suscite l’opposition de la droite conservatrice (Lazare Carnot a voté la mort du roi et été ministre durant les Cent-Jours) ainsi que de l’extrême gauche et de descendants de révolutionnaires ayant été réprimés par le Grand Carnot[alpha 8].

En , Sadi Carnot ouvre au public l’Exposition universelle de Paris puis son attraction majeure, par la suite appelĂ©e Tour Eiffel, qui constitue alors le plus grand monument au monde et dont le prĂ©sident de la RĂ©publique a grimpĂ© les 1 710 marches quelques semaines plus tĂ´t[26].

Alors que la condition ouvrière reste particulièrement précaire, Sadi Carnot est interpellé lors de ses déplacements par les conditions de vie des « populations laborieuses », à qui il reverse une partie de ses indemnités présidentielles[27]. Sous sa présidence, le , à Fourmies, dans le département du Nord, des militaires ouvrent le feu sur des manifestants revendiquant la journée de huit heures, causant neuf morts, dont deux enfants.

Durant sa présidence, il accepte d’adhérer à une seule association : le Comité d’histoire de la Révolution française, dont il devient président d’honneur à la mort de son père (1888), qui en était le président[9].

Succession de crises politiques

Le président Carnot entouré des présidents des chambres, de ministres, parlementaires et militaires (détail d'un tableau d’Henri Gervex et Alfred Stevens, 1889).

Le début du mandat de Sadi Carnot est marqué par l'agitation boulangiste et le scandale de l'affaire de Panama. L'instabilité ministérielle ayant marqué la présidence de son prédécesseur Jules Grévy se poursuit, Sadi Carnot nommant neuf présidents du Conseil en moins de sept ans (Maurice Rouvier, Pierre Tirard, Charles Floquet, à nouveau Pierre Tirard, Charles de Freycinet, Émile Loubet, Alexandre Ribot, Charles Dupuy et Jean Casimir-Perier).

Politique étrangère

Carte postale de 1901 éditée pour l'alliance franco-russe et le pont Alexandre-III : la France est représentée par les présidents Sadi Carnot, Félix Faure et Émile Loubet, la Russie par les empereurs Alexandre III et Nicolas II et par l’impératrice Alexandra Feodorovna.

Souhaitant de plus étroites relations entre la France et la Russie, Sadi Carnot contribue à la conclusion de l’alliance franco-russe avec Alexandre III, empereur de Russie.

Au début de 1891, le président français est décoré par le tsar de l'ordre de Saint-André, la plus haute décoration russe, en remerciement de l'arrestation d'anarchistes russes à Paris.

Du au , avec le ministre de la Marine Henri Rieunier, Sadi Carnot reçoit en France, lors de fêtes grandioses, notamment à Toulon et à Paris, l'escadre de l'amiral Avellan, envoyé d’Alexandre III, et des marins russes.

Attentats manqués

Dans un contexte d'agitation syndicale et anarchiste, le chef de l’État est visé par un attentat manqué et des protestations :

  • le , alors qu'il se rend Ă  Versailles pour fĂŞter le centenaire des Ă©tats gĂ©nĂ©raux de 1789, un magasinier de la Marine, Jean-Nicolas Perrin, tire une fois ; Perrin souhaitait protester contre sa mutation au SĂ©nĂ©gal (des six cartouches du revolver, trois — dont celle tirĂ©e — contenaient de la poudre sans balle, les trois autres des balles mais pas de poudre) ;
  • le , l'inventeur Martial Jacobs, pour protester d'avoir Ă©tĂ© spoliĂ© de certaines de ses inventions, tire en l'air (encore des balles Ă  blanc) au passage du prĂ©sident avenue de Marigny[28].

Derniers mois

À partir de 1893, pour lutter contre les attentats anarchistes, plusieurs lois, plus tard appelées « lois scélérates », sont adoptées. En parallèle, la haine des milieux anarchistes envers Sadi Carnot se renforce en raison de son refus d’accorder la grâce à Ravachol (), Auguste Vaillant (), auteur d’un attentat à la Chambre des députés, et Émile Henry ()[29].

Ă€ l’approche de la fin de son septennat, qui arrive Ă  son terme en , Sadi Carnot est pressĂ© par ses soutiens de briguer un second mandat. Mais, après 23 ans d’engagement politique, celui-ci n’entend pas se reprĂ©senter, faisant savoir qu’il souhaite se consacrer Ă  sa famille, reprendre des travaux scientifiques et rĂ©diger ses mĂ©moires[27].

Mort et obsèques

Assassinat

« Assassinat du président Carnot » en une du Supplément illustré du Petit Journal du .

Le , à cinq mois de la fin de sa présidence, Sadi Carnot effectue un déplacement officiel à Lyon, où se tient l'Exposition universelle, internationale et coloniale. Après avoir participé à un banquet organisé au siège de la chambre de commerce, au palais du Commerce, il prend place à l’arrière d’une voiture décapotable basse, en compagnie notamment du docteur et maire de Lyon, Antoine Gailleton. Il prévoit alors de rentrer brièvement à la préfecture du Rhône avant d’assister à une représentation au Grand-Théâtre de la ville[27].

Vers 21 h 15, le convoi s'engage rue de la RĂ©publique, avec le chef de l’État qui salue une foule compacte et vient de faire reculer le cavalier situĂ© Ă  sa droite pour avoir une meilleure visibilitĂ©[30]. C’est alors qu’un anarchiste italien de 20 ans, Sante Geronimo Caserio, s’approche du landau prĂ©sidentiel en faisant mine de vouloir remettre un document, monte sur le marche-pied et poignarde le prĂ©sident de la RĂ©publique.

Gravement touchĂ© au foie et Ă  la veine porte, Sadi Carnot, âgĂ© de 56 ans, est transportĂ© inconscient Ă  l’hĂ´tel de prĂ©fecture. Les soins prodiguĂ©s et l’intervention chirurgicale conduite par les professeurs Lacassagne et Poncet ne stoppent pas l’hĂ©morragie : le prĂ©sident se vide de son sang pendant plusieurs heures, avec un moment d'interruption pendant lequel il reprend connaissance[31]. Son acte de dĂ©cès indique qu’il est mort Ă  0 h 40 le [32].

« Carnot le probe, Carnot l’intègre, le père de famille exemplaire, le discret, le timide, toujours un peu raide dans l’habit, barré par le grand cordon de la Légion d'honneur qui le quittait rarement et qui faisait les délices de Caran d'Ache, d’Alfred Le Petit, de Blass, les grands caricaturistes de l’heure, venait de mourir. De mourir en héros. Lui, dont ces caricaturistes justement avaient construit une image de l’anti-héros par excellence, doux rêveur, automate ou machine à serrer les mains. Il n’empêche, pendant sept ans et sur le mode crescendo, les Français s’étaient attachés à cette figure qui montrait l’idée de la République sage, modérée, travailleuse, progressiste[27]. »

— Patrick Harismendy, historien et universitaire, 1995.



Conséquences

L’anarchiste italien Sante Geronimo Caserio, photographié par la police française après avoir tué Sadi Carnot.

Sante Geronimo Caserio est arrêté sur le lieu de l’assassinat. Condamné à mort à l’issue de son procès, il est guillotiné le .

Cécile Carnot refuse dans un premier temps que le corps de son défunt époux ne soit autopsié ; elle se laisse finalement convaincre par Antoine Gailleton, qui invoque l’intérêt national, mais à la condition que l’examen soit effectué par le professeur Ollier. En présence d’une dizaine de professionnels, dont Alexandre Lacassagne, Antonin Poncet, Fleury Rebatel et le médecin personnel du président, François Planchon, le Dr Ollier peut ainsi sonder une plaie de dix centimètres au foie et constater un double sectionnement de la veine porte[19].

Bien que très symbolique, la mort de Sadi Carnot ne remet pas en question la stabilité des institutions républicaines, confortées par les échecs du projet de Troisième Restauration et du boulangisme[37]. Le drame n’en suscite pas moins une forte vague d’émotion populaire, qui entraîne notamment des émeutes anti-italiennes. Les parlementaires adoptent quant à eux la dernière et la plus marquante des lois visant les anarchistes, qui sont privés de tout type de communication ; le texte sera abrogé en 1992.

Funérailles et entrée au Panthéon

Le corps de Sadi Carnot est ramené à Paris et des obsèques nationales sont organisées en vertu d’une loi adoptée le . Les funérailles ont lieu le en la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence notamment de Jean Casimir-Perier, son successeur à l’Élysée.

Tombeau de Sadi Carnot au Panthéon.

Il est ensuite inhumé au Panthéon, à côté de son grand-père Lazare. Sadi Carnot est le seul président de la République française à reposer dans ce bâtiment[alpha 9] - [39].

Prises de position

Comme son grand-père Lazare et surtout son père Hippolyte, qui a été un saint-simonien influent en 1827-1831, Sadi Carnot s'intéresse à la question sociale, ce qui constitue une originalité au sein des républicains modérés de cette époque.

Profil et particularités

Portrait de Sadi Carnot par Théobald Chartran (1894).

Contrairement à l'« homme nouveau » de la Rome antique, Sadi Carnot est issu d’une famille renommée, avec une lignée paternelle comptant nombre de scientifiques et hommes politiques républicains engagés durant des périodes agitées de l'histoire de France. Les origines de Sadi Carnot ont pu à la fois le servir et le desservir : d'un côté, elles lui ont permis de bénéficier d’un nom prestigieux ainsi que de ressources culturelles et économiques dans une société encore très inégalitaire ; d'un autre côté, elles ont été utilisées par des opposants politiques pour le présenter comme un héritier sans réel mérite (en particulier lors de son accession à la présidence de la République) ou l’associer aux opinions fluctuantes de son grand-père Lazare[alpha 10] - [3] - [13] - [40].

La maladie qu'il contracte durant ses études à Polytechnique (typhoïde ou hépatite) lui laisse des séquelles, notamment un teint pâle et de fortes migraines[11] - [41]. En 1889, Charles Rémond dresse de lui le portrait suivant : « Très correct dans sa tenue, droit et mince ; la redingote boutonnée, irréprochable ; la démarche assurée, mais réglée à petits pas, un peu automatique ; le visage pâle, avec une teinte de mélancolie […] ; les cheveux lisses, rejetés en arrière, d’un noir brillant ; la barbe taillée en éventail, très brune ; l’œil franc et bon, très doux ; l’aspect général un peu sévère et froid ; […] l’attitude simple, le geste rare et la voix tranquille, M. Sadi Carnot essayait de convaincre par la logique et la netteté de l’argumentation plutôt que d’entraîner par des effets de rhétorique[42]. »

Avant son élection à la magistrature suprême, la presse décrit souvent Sadi Carnot comme une personne effacée, sans talent oratoire ni bilan politique notable. Ses plus farouches adversaires vont jusqu’à affirmer qu’il n’a aucune conviction et qu’il doit son entrée à l’Élysée au seul prestige de son nom. Lors de l’élection présidentielle de 1887, Georges Clemenceau, amateur de bons mots et adversaire résolu de Jules Ferry, aurait appelé à le soutenir en ces termes : « Votons pour le plus bête ! »[43] - [44].

Cependant, au fil de sa présidence, il gagne en popularité auprès de la population en raison de sa modestie, de sa bienséance, de ses nombreux déplacements officiels et de sa pratique du pouvoir d'une façon générale.

Contrairement à son épouse, Marie François Sadi Carnot n’est pas un catholique très pratiquant, mais n’est pas non plus un fervent anticlérical. En tant que président de la République, il affiche une stricte neutralité religieuse tout en cherchant à apaiser les relations entre l’État et l’Église. Il se marie à l’église, donne une instruction religieuse à ses enfants, et, au risque d’irriter la frange la plus laïque des républicains, demande à recevoir l’extrême-onction de la part de Pierre-Hector Coullié après avoir été poignardé à Lyon[27].

Postérité et hommages

Dans l'opinion publique

Photo en noir et blanc d’un homme chauve et à la barbe blanche posant de face
Avec Paul Doumer (photo), Sadi Carnot reste le seul président de la République française à avoir été assassiné.

Alors qu'il était généralement considéré comme un homme sans envergure ni charisme, Marie François Sadi Carnot jouit d’une bonne image au cours de sa présidence et surtout après sa fin tragique : il devient ainsi l’incarnation d’une République modérée et respectable[45]. Il bénéficie également de la bienveillance du mouvement régionaliste en raison des nombreux déplacements qu’il a effectués en province durant son mandat de chef de l’État[44].

Les Français des décennies suivant sa mort voient surtout en lui un « martyr de la République », mortellement poignardé par un activiste italien[46]. La plupart des ouvrages et travaux académiques du XXe siècle le concernant traitent d’ailleurs essentiellement du crime de Sante Geronimo Caserio et de ses conséquences. Avec Paul Doumer (tué par balles en 1932), Sadi Carnot est l'un des deux seuls présidents de la République française à avoir été assassiné[44].

Malgré les circonstances de son décès, Sadi Carnot restera peu connu du grand public pour plusieurs raisons[44] - [47] :

  • aucun de ses discours ou Ă©crits n’aura durablement marquĂ© les esprits, bien qu’il eĂ»t l’intention de rĂ©diger ses mĂ©moires après son dĂ©part de l’ÉlysĂ©e ;
  • la pĂ©riode qui va du dĂ©but des annĂ©es 1880 — caractĂ©risĂ©es par la gestion des affaires après la victoire du rĂ©gime rĂ©publicain face au projet de Troisième Restauration — au milieu de la dĂ©cennie suivante — dĂ©buts de l’affaire Dreyfus —, pĂ©riode durant laquelle a lieu la prĂ©sidence Carnot, n’est pas celle qui suscite le plus d’intĂ©rĂŞt ;
  • contrairement Ă  ses contemporains Thiers, Gambetta ou Ferry, Sadi Carnot n’a pas exercĂ© de responsabilitĂ©s de premier plan lui permettant d’être associĂ© Ă  de grands dĂ©bats politiques, ni pris part Ă  la vie parlementaire d'une façon particulièrement active ; or, l’homme d’État gestionnaire, aussi compĂ©tent soit-il, laisse toujours dans l'histoire une trace moins importante que les personnalitĂ©s confrontĂ©es Ă  des Ă©vĂ©nements agitĂ©s.

Monuments et autres hommages

À l'occasion de l'élection de Sadi Carnot à la présidence de la République, deux médailles à son effigie sont exécutées : l'une par le graveur Alphée Dubois, dont un exemplaire est conservé au musée Carnavalet de Paris (ND 0203), l'autre par le sculpteur Jules Chaplain, dont un exemplaire se trouve au Metropolitan Museum of Art de New York.

Plaquette en bronze gravée par Oscar Roty à l'occasion des funérailles de Sadi Carnot.

Lors des funérailles du président, le graveur Oscar Roty réalise une plaquette représentant la France en deuil et le cercueil porté au Panthéon. Un exemplaire en bronze est conservé au musée d'Orsay[48] ; un exemplaire en argent est conservé au Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris (don Jean-David Jumeau-Lafond).

Après sa mort, 384 communes donnent son nom Ă  des rues, et 17 communes Ă©rigent des statues ou des bustes de lui[22]. Le musĂ©e d'Orsay relève 22 monuments qui lui sont consacrĂ©s en France[49].

  • Ă€ Lyon, sur la place de la RĂ©publique, Ă  proximitĂ© du lieu de son assassinat, un important monument est Ă©rigĂ© Ă  sa mĂ©moire quelques annĂ©es après sa mort, avant d’être dĂ©placĂ© dans les jardins de l’hĂ´tel de prĂ©fecture du RhĂ´ne lors de la construction du mĂ©tro dans les annĂ©es 1970. Une rue du PrĂ©sident-Carnot se trouve Ă©galement dans le quartier central des Cordeliers. La place Carnot, oĂą Sadi Carnot est venu inaugurer la statue de la RĂ©publique en 1889, a en revanche Ă©tĂ© baptisĂ©e ainsi en hommage Ă  son grand-père Lazare.
  • En 1897, une statue est installĂ©e sur la place portant son nom Ă  Limoges, sa ville natale. DĂ©truite en 1942 sous l'occupation allemande, elle est remplacĂ©e en 1987 par un mĂ©daillon inaugurĂ© par le maire de la ville, Louis Longequeue[22] - [50].
  • Un monument est Ă©rigĂ© en 1897, après souscription populaire, Ă  AngoulĂŞme (Charente), sur le rempart Desaix ; Ĺ“uvre du sculpteur charentais Raoul Verlet, il reprĂ©sente un buste du prĂ©sident assassinĂ© entourĂ© de deux allĂ©gories : celle de la renommĂ©e (portant une branche d'olivier et une couronne de laurier) et celle de la France en veuve Ă©plorĂ©e.
  • Un buste le reprĂ©sentant est Ă©rigĂ© en 1897 Ă  La FertĂ©-Alais (Seine-et-Oise, actuelle Essonne), sis place Carnot. Ă€ proximitĂ©, dans la commune de Cerny, se trouve le château de Presles, domaine de la famille Carnot sur lequel Sadi Carnot a fait construire une ferme[51].
  • En 1895, une souscription populaire permet l'Ă©rection Ă  Nolay (CĂ´te-d'Or), oĂą vivait la famille Carnot, d'un monument rĂ©alisĂ© par le sculpteur Alexandre Falguière ; cette rĂ©alisation est dĂ©truite lors de l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale[49]. Dans le mĂŞme dĂ©partement, Ă  Dijon, un Monument Ă  Sadi Carnot, rĂ©alisĂ© par les sculpteurs Mathurin Moreau et Paul Gasq, est installĂ© en 1899.



  • Une rose, baptisĂ©e 'Souvenir du PrĂ©sident Carnot', lui est par ailleurs dĂ©diĂ©e en .
  • La base militaire coloniale de Carnotville au Dahomey est nommĂ©e en son hommage en 1894.
  • Le collège Sadi-Carnot Ă  Pointe-Ă -Pitre.

DĂ©corations

Notes et références

Notes

  1. Il est également fait état d’une « république des ducs » par Daniel Halévy[4] et d’une « république des avocats » par Gilles Le Béguec[5].
  2. Négociant teinturier de profession, Jean-Baptiste Nieaud (1742-1820) est maire de Limoges de 1790 à 1791, président du tribunal de commerce de la ville en 1793, puis conseiller général de la Haute-Vienne entre 1800 et 1815[2].
  3. Celui de menuisier Ă  Sadi, celui de serrurier Ă  Adolphe[9].
  4. Le , le médecin de l’École polytechnique fait état d’un surmenage lié à une « fièvre gastrique » ayant causé un « fort amaigrissement ». Ce diagnostic laisse penser à une fièvre typhoïde, mais, les diagnostics médicaux n’étant pas toujours fiables à cette époque, il pouvait aussi s’agir d’une hépatite, voire des deux maladies à la fois[11].
  5. Des différends interviennent au sein de la population locale ainsi que parmi les élus de Genève, souhaitant défendre leur canton tout en gardant sur ce territoire leur influence historique. S’y ajoutent les intérêts de la compagnie PLM et des milieux politiques[14].
  6. Devenu entre-temps député, Sadi Carnot ne peut cependant être décoré[14].
  7. Fille de LĂ©on Chiris.
  8. Lazare Carnot a notamment fait réprimer les courants jacobin et babouviste. Alors que la famille de Lazare Hoche critique ce transfert au Panthéon, le président Sadi Carnot fait publier anonymement la déclaration suivante dans la presse : « Au nom de l’histoire, au nom de la mémoire de Hoche, nous revendiquons le droit d’associer dans une même apothéose le vainqueur d’Altenkirchen, le Pacificateur de la Vendée et l’Organisateur de la Victoire. »[9].
  9. En , les autorités proposent que Paul Doumer, également assassiné pendant son mandat de président de la République, soit inhumé au Panthéon, mais sa veuve s'y oppose[38].
  10. Lazare Carnot, qui a voté pour l’exécution de Louis XVI, est successivement membre de la Plaine, puis girondin, jacobin et thermidorien, relativement conservateur en tant que directeur, plutôt partisan de l’arrivée au pouvoir de Bonaparte, favorable à la Première Restauration, ministre de l'Intérieur durant les Cent-Jours[3].

Références

Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cet article proviennent de l'ouvrage de Patrick Harismendy Sadi Carnot : l'ingénieur de la République (Paris, éditions Perrin, 1995).

  1. « Actes de naissance, no 823, , Limoges », sur archives.haute-vienne.fr (consulté le ).
  2. Harismendy 1995, p. 29-45.
  3. Jean Dhombres et Nicole Dhombres, Lazare Carnot, Paris, Fayard, , 776 p. (ISBN 978-2213025797).
  4. Daniel Halévy, La Fin des notables, vol. II : La République des ducs, Paris, B. Grasset, , 410 p.
  5. Gilles Le Béguec, La République des avocats, Paris, Armand Colin, coll. « L’histoire au présent », , 234 p. (ISBN 978-2200264581).
  6. Robert Germinet et Patrick_Harismendy, La République des ingénieurs, Paris, Jacob-Duvernet, , 184 p. (ISBN 978-2847240672).
  7. Alphonse Barbou, Sadi Carnot, président de la République, Paris, , p. 244.
  8. « L'enfance de M. Carnot », Le Petit Journal, no 11508,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  9. Harismendy 1995, p. 47-73.
  10. Gustave-Adolphe Hubbard, Sadi Carnot, Paris, Quantin, coll. « Célébrités contemporaines », , p. 5.
  11. Harismendy 1995, p. 74-85.
  12. « Carnot, Sadi Marie François : notice biographique », sur patrimoine.enpc.fr (consulté le ).
  13. Harismendy 1995, p. 86-100.
  14. Harismendy 1995, p. 112-???.
  15. Jacques Lovie, « Les tracés du réseau ferroviaire de Savoie sous le régime sarde », Cahiers d'histoire,‎ , p. 345-367.
  16. « Pont de Collonges », Annales des Travaux publics – Revue universelle, no 3,‎ , p. 43-47.
  17. « Registre des mariages de l'année 1863 pour le 8e arrondissement de Paris : acte no 323 (vue 2/31) », sur archives.paris.fr (consulté le ).
  18. Michel Sementéry, « Les origines des « présidentes » de la République : Coralie Grévy (née Fraisse), Cécile Carnot (née Dupont-White) », Histoire & Généalogie, no 15,‎ , p. 59-64.
  19. Dir. Pierre Accoce, Ces assassins qui ont voulu changer l'histoire, Paris, Plon, , 362 p. (ISBN 978-2259189873, lire en ligne), chap. 5 (« Ils ont eu Sadi Carnot ! »), p. 119-143.
  20. « La mort de Mme Carnot », Le Figaro, no 275 (année 1898),‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  21. Dir. Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français : – , vol. I : A-Cay, Paris, Bourloton, , 622 p. (lire en ligne), p. 587-590.
  22. Pierre Vayre, « Assassinat de Marie-François-Sadi Carnot à Lyon, le 24 juin 1894 : défi chirurgical et gageure politique d’un martyre », e-mémoires de l'Académie nationale de chirurgie, no 9,‎ , p. 22-31 (lire en ligne).
  23. Léon Braquehais, « Sadi Carnot, préfet de la Seine-Inférieure », Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses,‎ 1er trimestre 1891, p. 47-60 (lire en ligne, consulté le ).
  24. Charles de Freycinet, Souvenirs, 1878-1893, Paris, Ch. Delagrave, , 6e éd., 516 p. (lire en ligne), chap. 10 (« Concentration républicaine – L’expulsion des princes »).
  25. « Décret du 18 juin 1892 », Journal officiel de la République française, no 165 (24e année),‎ , p. 3025 (lire en ligne, consulté le ).
  26. « 130 ans de la Tour Eiffel : le jour où le monument a été inauguré », sur cnews.fr, (consulté le ).
  27. Harismendy 1995, p. 9-14.
  28. Karine Salomé, Je prie pour Carnot, qui va être assassiné ce soir : un attentat contre la République (24 juin 1894), Paris, Vendémiaire, coll. « Chroniques », , 186 p. (ISBN 978-2363580238).
  29. Romuald Szramkiewicz et Jacques Bouineau, Histoire des institutions, 1750-1914 : droit et société en France de la fin de l'Ancien Régime à la Première Guerre mondiale, Paris, Litec, , 4e éd., XVI-693 p. (ISBN 978-2711128914), p. 532.
  30. Edgar Zévort, Histoire de la Troisième République, 1879-1901, vol. IV : La Présidence de Carnot, Paris, F. Alcan, , 396 p. (lire en ligne), p. 297.
  31. Alexandre Lacassagne et Antonin Poncet, L'Assassinat du président Carnot, Lyon, Storck, coll. « Bibliothèque de criminologie », , 111 p. (lire en ligne)
  32. « Registres paroissiaux et d'Ă©tat civil – acte no 1185 (dĂ©cès, , 3e arrondissement de Lyon) », sur archives-lyon.fr (consultĂ© le ) : « […] Carnot, Marie, François, Sadi […] est dĂ©cĂ©dĂ© Ă  Lyon, hĂ´tel de la prĂ©fecture, ce matin, Ă  minuit quarante minutes […]. ».
  33. « Lyon : assassinat du président de la République (dessin de M. L. Tinayre) », Le Monde illustré, no 1944,‎ , p. 417 (lire en ligne, consulté le ).
  34. « Lyon : assassinat du président de la République (dessin de M. L. Tinayre) », Le Monde illustré, no 1944,‎ , p. 417 (lire en ligne, consulté le ).
  35. Florent Deligia, « Lyon : pourquoi y a-t-il une dalle rouge rue de la République ? », sur lyoncapitale.fr, (consulté le ).
  36. Florent Deligia, « Lyon : pourquoi y a-t-il une dalle rouge rue de la République ? », sur lyoncapitale.fr, (consulté le ).
  37. Louis Loriot, Des attaques offensantes dirigées contre le président de la République et les citoyens investis d'un mandat électif (thèse), Paris, A. Rousseau, , 94 p. (BNF 30834095).
  38. Amaury Lorin (préf. Jean-Pierre Bel), Une ascension en République : Paul Doumer (1857-1932), d'Aurillac à l'Élysée, Paris, Dalloz, coll. « Bibliothèque parlementaire et constitutionnelle », , 601 p. (ISBN 978-2247126040, BNF 43565287), « Le président assassiné ».
  39. « Sadi Carnot, président sous la IIIe République (X1857, 1837-1894) », sur 225.polytechnique.fr, (consulté le ).
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  41. Joseph Brugère, Mes Mémoires, vol. V, Fonds privé Brugère 1K160 (3), chap. 4, p. 1426.
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Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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  • Karine SalomĂ©, Je prie pour Carnot, qui va ĂŞtre assassinĂ© ce soir : un attentat contre la RĂ©publique (24 juin 1894), Paris, VendĂ©miaire, coll. « Chroniques », , 186 p. (ISBN 978-2363580238, BNF 42683921).

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