Grenord
Grenord est un hameau de la commune de Chabanais, du département de la Charente, en région Nouvelle-Aquitaine.
Grenord | |
La place du village et l'église | |
Administration | |
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Pays | France |
Région | Nouvelle-Aquitaine |
Département | Charente |
Arrondissement | Confolens |
Canton | Charente-Vienne |
Commune | Chabanais |
Code postal | 16150 |
Code commune | 16070 |
Démographie | |
Population | 80 hab. (2005) |
Géographie | |
Coordonnées | 45° 51′ 34″ nord, 0° 42′ 15″ est |
Localisation | |
Grenord est situé au nord-est du département, en Charente limousine, dans la partie historiquement occitanophone de l'ancienne région Poitou-Charentes, également désignée par le nom de Charente occitane. En occitan limousin, Grenord se nomme Grenòr[1].
Organisé autour de son église, qui est son principal monument et élément de patrimoine bâti, le village est également bordé sur sa partie septentrionale par la Grêne, un affluent de la Vienne, et par ailleurs par d'autres ruisseaux et rus temporaires. La dénomination Grenord-l'Eau, aujourd'hui peu usitée mais employée jusqu'au XXe siècle, atteste l'environnement humide du hameau, entouré de terres agricoles principalement dévolues à l'élevage et de petits bois.
Géographie
Localisation
Grenord est situé dans l'est du département français de la Charente, en Charente limousine. La limite du département voisin de la Haute-Vienne est proche, au plus près à 7,5 km au sud-est.
À vol d'oiseau, Angoulême se trouve à environ 49 km au sud-ouest, et Limoges est à 43 km à l'est. Les deux sous-préfectures les plus proches sont Rochechouart, en Haute-Vienne, à moins de 10 km à l'est-sud-est, et Confolens, en Charente, à 17 km à l'ouest-nord-ouest. Enfin, Saint-Junien est à 15 km à l'est-nord-est.
Le village est établi à environ 1,5 km au sud de Chabanais, chef-lieu de la commune.
Accès
Le village est desservi par deux axes routiers départementaux : la D162, qui relie Taponnat-Fleurignac à Chabanais par Montembœuf et Lésignac-Durand, et la D164, qui relie Le Lindois à Grenord par Mouzon.
L'accès routier à Grenord se fait par la D162 depuis Chabanais ou Lésignac-Durand et la D164 depuis Suris. Deux autres routes communales carrossables desservent le village : une qui se dirige vers l'ouest vers Chez-Chevrier et Exideuil-sur-Vienne, et permet de rejoindre la RN 141, déviée de Chabanais et doublée depuis 2013, une autre qui part vers le sud-est, et permet de rejoindre Chassenon et Pressignac par le Breuil et la Soutière.
Géologie et relief
Le village est situé en Haute-Charente (Charente limousine), à une altitude toutefois relativement modeste (175 mètres à 195 mètres), due à la proximité de la vallée de la Vienne. À environ 2,5 km au sud de Grenord, l'interfluve qui le sépare de la haute vallée de la Charente atteint 265 m au lieu-dit La Tuilerie. Les rives de la Grêne, à proximité du village, sont établies à environ 155 m d'altitude, tandis que la Vienne, à Chabanais, coule à 150 m.
Le village se trouve dans l'emprise du cratère de la météorite de Rochechouart.
Urbanisme
Le village s'organise autour du croisement formé par la D162 et la route communale de Chantalouette, qui se dirige vers Chez-Chevrier et Exideuil. Ce carrefour prend la forme d'une place de forme triangulaire, dont l'extrémité nord est bornée par l'église. Les maisons y sont majoritairement anciennes, pour certaines à vocation initialement agricole.
Au sud-est, le long de la D162, le village est prolongé par un hameau contigu, Reilhac, tandis qu'au sud-ouest, un autre groupe d'habitations forme une extension relativement dissociée, comprenant de rares bâtiments anciens, des maisons de la fin du XXe siècle, un lotissement des années 2000 et le cimetière.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous la forme Grenort en 1764[2].
La terminaison -or (graphiée indifféremment -ord, -ort ou -ors dans plusieurs toponymes français) s'explique généralement par la contraction des éléments gaulois -o-ritu-, sur ritu « gué » (cf. vieux gallois rit; gallois rhyd « gué »). Le -o- résulte de la voyelle finale de *Greno-, forme primitive du nom de la rivière Grêne (ou de manière erronée Graine)[3], d'où le composé *Greno-ritu devenu Grenort par coalescence, orthographié plus tard Grenord. Le sens global est « gué sur la Grêne ». Cette formation toponymique est comparable à Jort (Calvados) de *Diuo-ritu « gué sur la Dives ».
Le village est longtemps dénommé Grenord-l'Eau, en raison de sa localisation, car il entouré de sources et de ruisseaux, et proche de la Grêne[4] - [5] - [Note 1].
Histoire
L'église Notre-Dame serait mentionnée dans les archives (Regesta) du pape Léon X, en 1514, sous le nom de Beatæ Mariæ de Grandi Horto[6]. Cette toponymie semble attester une étymologie liée à l'idée de « grand jardin »[7], pourtant discutée.
Époque moderne
Sous l'ancien régime, Grenord constitue un prieuré-cure, dépendant du prieuré des chanoines de Saint-Augustin des Salles-Lavauguyon[6]. L'église est bordée d'un presbytère. Jusqu'au XVIIe siècle, l'église Saint-Sébastien de Chabanais dépend de l'église paroissiale de Grenord, avant d'être érigée en église paroissiale indépendante en 1673[6].
Révolution et XIXe siècle
Grenord est une ancienne paroisse rattachée à Chabanais dès la création de la commune en 1792. À la Révolution, la paroisse compte 380 habitants[6]. À cette époque, le (2 messidor an IV), le presbytère est aliéné au prix de 3 996 livres[6]. En 1797, la population du village réclame sur pétition la restitution de la cloche de l'église, subtilisée, mais cette demande n'aboutit pas ; une nouvelle cloche n'est installée qu'en 1862[8].
En 1898, Victor-Eugène Ardouin-Dumazet visite le Confolentais et en rend compte dans l'un des volumes de sa monumentale œuvre Voyage en France. Sur son trajet qui le mène de Chabanais vers les vallées de la Tardoire et du Bandiat, il passe par Grenord, dont il évoque la « chapelle coiffée, de travers, d'une flèche trapue », la Graine qui « babille sur les rochers rouillés de son lit et se brise en d'amusantes colères », ainsi que la propriété de Savignac, dont il décrit le parc et les bois « adorables »[9].
L'église bénéficie d'une première restauration en 1832, mais son état général est dit préoccupant dans les années 1920[4] - [7]. L'hypothèse d'une inscription aux Monuments historiques est avancée en 1929, sans concrétisation[10].
XXe et XXIe siècles
En 2022, la municipalité de Chabanais procède à la dénomination des voies du village, comprenant entre autres odonymes, la route de Chantalouette, la rue de la Fontaine ou la rue Gilbert-Ganteille.
Démographie
À la Révolution, la paroisse de Grenord compte 380 habitants[6].
Sa population est estimée à environ 80 habitants en 2005.
A l'instar de nombreuses communes de Charente, de Dordogne et du Limousin, l'arrivée des Britanniques marque le renouveau démographique du village, et dynamise le tourisme des alentours.
Économie
Agriculture
Les abords de Grenord sont entourés de parcelles agricoles principalement utilisées pour la production de fourrage pour l'élevage bovin de race limousine (prairies, maïs ensilage, légumineuses et céréales). On y trouve aussi des champs de tournesol[11].
Services
Sur place, il n'existe aucun commerce ni service public.
Tourisme
A proximité immédiate, il est possible de visiter les lacs de Haute-Charente (lacs de Lavaud et du Mas-Chaban) ou les châteaux de Peyras, Pressac et Rochebrune. Grenord se situe également à quelques kilomètres du site archéologique des thermes gallo-romains de Cassinomagus.
Culture et patrimoine
Monuments
Le village de Grenord comprend de rares édifices remarquables, et plusieurs éléments relevant du « petit patrimoine ».
Église Notre-Dame
Le plus significatif des monuments du village est l'église Notre-Dame[12] des XIe et XIIe siècles.
Située à l'entrée du village en venant de Chabanais, l'église est caractéristique, avec son clocher carré et bas, son toit de tuiles plates et son coq gaulois. Sa façade principale, percée d'un simple portail roman, est surmontée d'une croix nimbée, semblable aux croix celtiques. Son architecture est simple : abside à trois pans, modillons sans sculptures[4]. En 1936, Charles Daras la dit « humble d'apparence »[13].
Elle renferme plusieurs sépultures, comprises sous des dalles à même le sol, et une plus élaborée matérialisée par un sarcophage en pierre, qui correspond au tombeau du seigneur de Chabanais, Jourdain II, bienfaiteur de l'abbaye de Lesterps fondée par son père en 975[13] - [4]. Cette pierre tumulaire en calcaire, longue de 2,25 m, est ornée de nombreuses sculptures (épée, sarments de vignes, griffons, blason du défunt, fleur de lys, Christ en croix encadré par deux saintes)[4].
La cloche, installée en 1862, est l'œuvre du fondeur Antonin Vauthier, établi à Saint-Émilion (Gironde). Elle a pour parrain Louis-Antoine de la Quintinie, descendant de Jean-Baptiste de La Quintinie, jardinier à la cour de Louis XIV, originaire de Chabanais, et pour marraine Catherine-Octavie Rempnoulx-Masdebost[8].
C'est également ici qu'est baptisé le futur président de la République Sadi Carnot, dont la famille maternelle résidait au « château » de Savignac[14], situé à quelques kilomètres au sud.
Deux éléments du mobilier de l'église bénéficient depuis 1994 d'une inscription aux Monuments historiques au titre des objets : la chaire des XVIIIe et XIXe siècles[15] et le tabernacle du XVIIIe siècle[16], dont plusieurs clichés photographiques sont répertoriés sur la base Mémoire du patrimoine français. On y trouve aussi un bénitier en pierre dite « de Chassenon », à savoir de l'impactite[4].
Ayant subi des dommages suite à un épisode orageux en 2018, la toiture de l'église bénéficie de travaux de restauration, comprenant le remplacement des tuiles et de la girouette en forme de coq[8].
- Vue de la croix nimbée.
- Portail de l'église.
- Élévation sud.
Château de Savignac
Cette demeure cossue, souvent appelée « château », se trouve au lieu-dit de Savignac, situé à environ 1,5 km au sud-ouest de Grenord, accessible par la route départementale 162 vers Lésignac-Durand.
La famille maternelle de Sadi Carnot en est l'ancienne propriétaire. Le futur président de la République y passe ses vacances d'enfant[17].
Autres éléments
Parmi les autres éléments de petit patrimoine présents dans le village figurent la fontaine datée de 1907 ou les bâtisses de pierre dont plusieurs utilisent de la brèche d'impact liée à la chute de la météorite de Rochechouart, ce qui est commun dans le périmètre de l'ancien cratère[18].
L'ancienne école du village, construite en 1893 sur la route de Suris, a accueilli par la suite des colonies de vacances.
Le village possède également un cimetière sous les arbres, sur la route de Lésignac-Durand.
Manifestations
La fête du village appelée « fête du canard »[19] - [20] est la seule manifestation de Grenord. Elle a lieu chaque second dimanche de septembre. On y trouve deux animations foraines et une confiserie. Une course cycliste (le Grand prix cycliste de Chabanais-Grenord) et une procession s'y déroulent également, bien que la course cycliste a cessé d'être organisée depuis la fin des années 2010.
Personnalités liées au village
- Sadi Carnot, né en 1837 à Limoges, mort assassiné en 1894 à Lyon, président de la République de 1887 à sa mort, dont la famille maternelle est originaire de Chabanais et séjourne au domaine de Savignac. Il est baptisé en l'église de Grenord, et y effectue sa communion[14].
- Adolphe Carnot (1839-1920), frère cadet du précédent, également baptisé à Grenord. Il effectue une carrière politique en Charente, en étant élu dans le canton de Chabanais en 1898, et en accédant à la présidence du conseil général en 1902. La descendance d'Adolphe Carnot conserve des attaches à Chabanais : son fils Jean Carnot (1881-1969) succède à son père au siège de conseiller général de Chabanais (de 1910 à 1928), ville où il se marie en 1905 ; sa fille Marie Carnot (1877-1969) y est inhumée, avec sa propre fille, Françoise (1918-1944), brièvement milicienne et exécutée par des maquisards[21] - [22] - [23].
Notes et références
Notes
- La mention Grenord-l'Eau est attestée sur la carte de Cassini.
Références
- « Los noms de las comunas en Charanta occitana », Confolontés occitan
- Louis-Pierre d'Hozier, Armorial général de la France, Pierre Prault, Paris 1764, p. 474 et 476.
- Xavier Delamarre : Dictionnaire de la langue gauloise, Paris (éditions Errance) 2001. (ISBN 978-2-87772-198-1). p. 258.
- R. Boireau, « L'église de Grenord et la pierre tumulaire de Jourdain II, sire de Chabanais », Études locales : bulletin de la Société charentaise des études locales, , p. 331-334 (lire en ligne sur Gallica)
- « Jacques Baudet raconte les fontaines de dévotion », sur charentelibre.fr, (consulté le ).
- Le Petit courrier de la Charente : journal du canton de La Rochefoucauld, « Chronique charentaise », 25 août 1935 (lire en ligne sur Gallica)
- « Les richesses de Grenord », Le journal de Chabanais, (lire en ligne sur Gallica)
- José Délias, « Des travaux sur l'église de Grenord l'eau », L'Avenir - Le Confolentais, (lire en ligne, consulté le ).
- Voyage en France, « Le Confolentais », 1898, pp. 201-202 (lire en ligne sur Gallica)
- « Vieux clochers de France », Journal de Confolens, (lire en ligne sur Gallica)
- « Registre parcellaire graphique : zones de cultures déclarées par les exploitants en 2021 (Agence de services et de paiement) » sur Géoportail.
- Christian Gillet, Églises et chapelles de la Charente, imprimé à Rioux-Martin, Le vent se lève, , 387 p. (ISBN 978-2-7466-7404-2), p. 94
- Charles Daras, « L'orientalisme dans l'art roman en Angoumois », Bulletins et mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente, , p. 89 (lire en ligne sur Gallica)
- « L'enfance de M. Carnot », Le Petit Journal, no 11508, (lire en ligne sur Gallica)
- « chaire », notice no PM16000512, base Palissy, ministère français de la Culture
- « tabernacle », notice no PM16000513, base Palissy, ministère français de la Culture
- « Les Carnot : une famille historique », sur Bibliothèque numérique du Limousin, (consulté le ).
- Julie Daurel, « Charente : sur les traces de la météorite de Chassenon- Rochechouart », sur Sud-Ouest, (consulté le ).
- « Recherche photographies anciennes et témoignages sur la Fête du Canard à Grenord », sur territoire-de-la-meteorite.com (consulté le ).
- Marie-Françoise Cormier, « Chabanais : la fête du canard cherche des archives », sur Charente Libre, (consulté le ).
- Philippe Landru, « Les Carnot : une dynastie républicaine », sur landrucimetieres.fr, (consulté le ).
- « La résistance limousine et le colonel Guingouin » , Le Monde, (consulté le ).
- Jean-François Barré, « 1944: LA PART D'OMBRE DES MAQUISARDS », Charente Libre, (consulté le ).