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Tabernacle (meuble)

Le tabernacle est, dans une église catholique, le meuble qui abrite le ciboire contenant les hosties consacrées au cours de la messe. Il peut être réalisé en bois, en métal, en pierre. Il est en général placé auprès de l’autel.

Tabernacle de l'église Saint-Nicolas de Haslach, en Autriche : l'armoire eucharistique est surmontée d'un dais d'exposition servant à présenter le Saint Sacrement.

Histoire

Les premiers siècles du christianisme

Les hosties consacrées mais non consommées sont conservées dès les premiers temps du christianisme : ainsi au temps des persécutions, les chrétiens conservaient l'Eucharistie dans leurs habitations dans de petits vases ou de petites boîtes. Cette habitude disparaîtra progressivement pour s'éteindre tout à fait au début du VIe siècle, tandis que les espèces consacrées seront de plus en plus conservées dans les basiliques où elles peuvent être proposées à la vénération des fidèles. Le pain eucharistique était conservé dans un objet en forme de colombe ; on l'introduisait à travers une petite ouverture pratiquée sur le dos de la colombe et soigneusement fermée par un couvercle à charnière. La colombe elle-même était sans doute incluse dans un réceptacle en forme de tour. Tour et colombe étaient suspendues au moyen de petites chaînes, au centre du ciborium, baldaquin surmontant l’autel. La tour était habituellement en argent et la colombe en or[1].

Évolution de la réserve eucharistique en Occident

Tabernacle de l'église de la Nativité de Marie à Polesella, en Vénétie.

À l'époque romane, les types de réserve eucharistique se diversifient : un nouveau réceptacle, sorte de boîte ronde ou carrée, la pyxide, vient concurrencer les précédents ou parfois s'y ajouter. La réserve peut être encore suspendue au-dessus de l'autel, avec d'autres modes de fixation, parfois rangée dans une armoire ou un lieu réservé : le secretarium (sacristie).

Dans le monde germanique, dès le VIIIe siècle, sont mentionnées des sacraires ou armoires reliquaires en forme de tourelles, dont la forme sera reprise par la suite pour signaler le lien de la réserve eucharistique. On en observe aussi dans la moitié nord de la France à la fin du Moyen-Âge. Ces tourelles pouvaient être ajourées ou complètement closes. Elles étaient le plus souvent placées latéralement contre un mur, avant de se déplacer dans l'axe de l'église et de l'autel. Elles tombent progressivement en désuétude aux XVIe et XVIIe siècle, supplantées par le tabernacle italien[2].

L'Ă©volution des coutumes se poursuit Ă  la pĂ©riode gothique : on voit quelquefois les rĂ©ceptacles placĂ©s sous l'autel. Mais surtout, l'habitude se rĂ©pand d'utiliser le tabernacle, une petite armoire creusĂ©e dans le mur, Ă  droite ou Ă  gauche de l’autel, ce rĂ©ceptacle fixe et fermĂ© Ă©tant apparu en Occident au IXe siècle[3]. Une ouverture circulaire ou en forme de trèfle, fermĂ©e par une grille, permettait aux fidèles d’adorer en tout temps, de l’extĂ©rieur, le Saint Sacrement. Une lampe allumĂ©e devant l’ouverture indiquait de loin le lieu oĂą Ă©taient conservĂ©es les espèces sacrĂ©es. Ă€ partir du XIVe siècle, se rĂ©pand, depuis le nord de l'Europe, un Ă©lĂ©ment architectural pleinement dĂ©tachĂ©, l'« Ă©dicule eucharistique Â» qui rĂ©alise une sorte d’exposition permanente du Saint Sacrement devant les fidèles. C'est une construction monumentale en forme de tour au sommet de laquelle est exposĂ©e l’hostie consacrĂ©e, placĂ©e dans un vase transparent.

En réaction à la Réforme protestante, et notamment aux doctrines niant la permanence de la présence réelle du Christ dans les espèces eucharistiques, la doctrine catholique est réaffirmée avec vigueur. Se développe alors l’habitude de placer le tabernacle, bien en vue, sur le maître-autel. Il est flanqué de marches (habituellement disposées sur trois ordres) sur lesquelles sont posés des chandeliers permettant d’allumer des cierges. Il a le plus souvent la forme d’une petite maison et forme la partie la plus ornée de l'autel, plus que la table elle-même[1].

Église catholique

Tabernacle baroque de l'Ă©glise Santa Marina Ă  SĂ©ville, en Andalousie.
Tabernacle en fer embouti dans l'église Saint-Hilaire de Moulin-Mage dans le Tarn (dont il reproduit le clocher et le porche), avec la veilleuse allumée.

La présence réelle

Lumière rouge près du tabernacle.

Le cadre dans lequel vient s'inscrire le rôle du tabernacle est celui de la théologie de l'Eucharistie de l'Église catholique. Selon la doctrine de la transsubstantiation, par la consécration effectuée au cours de la messe, les hosties et le vin sont « réellement, vraiment et substantiellement » transformés ou convertis en corps et sang du Christ, tout en conservant leurs caractéristiques physiques ou espèces (texture, goût, odeur : les apparences) initiales : elles deviennent le Saint-Sacrement. Le tabernacle, aussi appelé réserve eucharistique, est donc le lieu le plus sacré dans une église puisqu'il renferme les hosties consacrées.

Pour tĂ©moigner de la « prĂ©sence rĂ©elle Â» du Christ dans le Saint-Sacrement, un voile recouvre le tabernacle : c'est le conopĂ©e[4]. En outre, le droit canonique prĂ©cise qu'une lampe du sanctuaire reste allumĂ©e Ă  cĂ´tĂ© du tabernacle (lampe Ă  huile dans les premiers temps de l'Église puis devenue souvent Ă©lectrique de nos jours, elle comporte un rĂ©cipient en verre, gĂ©nĂ©ralement de couleur rouge, dans lequel brĂ»le une veilleuse). On salue d'ordinaire le Saint-Sacrement en effectuant une gĂ©nuflexion devant le tabernacle, en signe d'adoration. L'instruction Inæstimabile donum dĂ©termine qu'« il faut donner une âme Ă  ce geste. Afin que le cĹ“ur s'incline avec un profond respect devant Dieu, la gĂ©nuflexion ne sera faite ni d'une manière empressĂ©e ni d'une manière distraite[5]. »

Les normes concernant le tabernacle

Le Missel romain prĂ©cise les normes relatives Ă  la rĂ©serve eucharistique : le tabernacle doit ĂŞtre « placĂ© dans un lieu très noble, insigne, bien visible, bien dĂ©corĂ© et permettant la prière Â». Il est prĂ©vu un rituel de bĂ©nĂ©diction au moment de la mise en place d'un tabernacle.

Par opposition à la pratique antérieure au concile Vatican II, l'autel est le lieu du sacrifice eucharistique, qui est le centre de la messe. Il devient donc classique, dans les églises aménagées après 1969, de placer le tabernacle dans un oratoire adapté à l'adoration et à la prière personnelle des fidèles. Pour la même raison, dès que la messe est commencée, c'est l'autel qui est salué, et non plus le tabernacle[6].

Notes et références

  1. Mauro Piacenza, La conservation de l’Eucharistie
  2. Jacques Foucard-Borville, « Les repositoires et custodes eucharistiques du Moyen Âge à la Renaissance », Bulletin Monumental, vol. 155, no 4,‎ , p. 273-288 (lire en ligne).
  3. Michel Lauwers, Du matériel au spirituel réalités archéologiques et historiques des dépôts de la préhistoire à nos jours, Éditions APDCA, , p. 415
  4. Dom Robert Le Gall, Dictionnaire de liturgie, Éditions CLD.
  5. Instruction Inæstimabile donum sur quelques normes relatives au culte du mystère eucharistique, Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.
  6. Présentation générale du Missel romain sur le site du Vatican, n° 314 à 317, n°274.

Lecture supplémentaire

  • Maffei, Edmond (1942) La rĂ©servation eucharistique jusqu'Ă  la Renaissance. Bruxelles

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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