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Orano

Orano, qui s'est appelée Areva jusqu'en 2018, est une multinationale détenue par l'État français, née du regroupement en 2001 de trois entreprises du vaste programme nucléaire civil français et restée pendant deux décennies leader mondial.

Orano
logo de Orano
illustration de Orano
Siège social d'Orano à Châtillon

Création 2018
Dates clés 2018 : création à partir des activités « combustible » et « démantèlement » d'Areva.
Fondateurs Anne Lauvergeon
Forme juridique Société anonyme à conseil d'administration
Slogan « Donnons toute sa valeur au nucléaire »
Siège social Châtillon (Hauts-de-Seine)
Drapeau de la France France
Direction Claude Imauven (président)
Philippe Knoche (directeur général)
Actionnaires État français : 90 %
JNFL (Japan Nuclear Fuel Limited) : 5 %
MHI (Mitsubishi Heavy Industries) : 5 %
CEA (Commissariat à l'Énergie Atomique) : 1 action[1]
Activité Énergie nucléaire
Produits Combustible nucléaire
Société mère État français
Filiales Orano Cycle, Orano Mining, Orano Projets, Orano DS, Orano US LLC, Orano Assurance & Réassurance
Effectif 19 102 (2020)[2]
SIREN 330956871[3]
TVA européenne [ FR62330956871][4]
Site web orano.group

Chiffre d'affaires 4,726 milliards € (2021)[5]
Résultat net 678 millions € (2021)[5]

Société précédente Topco
(CEA Industrie, Cogema, Framatome, TechnicAtome)

Ébranlée par plusieurs affaires politico-financières, ses effectifs ont chuté de 78 % en une décennie : 76 000 salariés en 2010 puis 42 000 en 2014 et seulement 19 000 en 2020. Le gouvernement l'a contraint à la vente en 2010 de sa très rentable Areva T&D, convoitée depuis 2006 par Alstom et Bouygues, puis en 2016 à un recentrage sur les combustibles nucléaires : l'extraction, enrichissement, transport, retraitement, gestion des déchets radioactifs.

La construction des réacteurs nucléaires, cœur de l'activité jusqu'en 2016, a été cédée à EDF, la propulsion nucléaire navale au ministère de la Défense, la mesure de la radioactivité à l'américain Mirion Technologies, l'éolien offshore à Siemens Gamesa et l'EPR d'Olkiluoto 3 à la holding Areva SA[6]. Areva a alors été renommée New Areva en 2016 puis Orano en 2018[7].

Histoire

Ancien logo d'Areva jusqu'en 2018.

Avant 1983 : le programme nucléaire français

Avant 1983, les principales sociétés publiques assurant la maintenance et continuité du vaste programme nucléaire français des années 1960 et années 1970, la Cogema, Framatome et Technicatome, travaillent de concert mais ont chacune leur statut distinct.

Après 1983 : succès à l'exportation de CEA Industries

Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) est autorisé par décret à apporter tout son capital d'entreprises industrielles à la Société des participations du CEA, alors dénommée CEA Industrie. De 1983 à 2001, elle contrôle la Cogema, Framatome et Technicatome, pour maximiser les activités industrielles et commerciales du CEA, car le nucléaire français multiplie les succès à l'exportation.

Regroupement de 2001

En juin 2001, Cogema, Framatome et CEA Industrie fusionnent pour créer Topco, rebaptisée après trois mois « Areva », s'inspirant du nom du village d'Arévalo, en Espagne, près duquel se situe une abbaye cistercienne, dont l'architecture présentait aux yeux d'Anne Lauvergeon les qualités du groupe naissant : simplicité, rigueur et symétrie[8]. Pour garder un caractère plus international, la dernière syllabe est retirée[9].

Anne Lauvergeon, PDG de la Cogema, devient présidente du directoire d'Areva et souhaite créer un modèle intégré, le « one-stop shop » du nucléaire[10]. En 2006, Areva imposera une dénomination unique à toutes ses sociétés de premier rang : COGEMA est renommée Areva NC ; Framatome ANP est renommée Areva NP ; Technicatome est renommée Areva TA. Le nom légal du groupe reste Société des participations du commissariat à l'Énergie atomique[11]jusqu'en 2012, puis sera remplacé par Areva, déjà nom commercial.

La direction générale, d'abord située à Vélizy, en banlieue parisienne, a déménagé au no 33 de la rue La Fayette à Paris, puis en à la tour Areva, à La Défense[12].

EPR en Finlande, en France puis en Chine

En 2004, un consortium Areva-Siemens devient maître d'ouvrage du chantier de l'EPR d'Olkiluoto pour l'électricien finlandais TVO[13] avec une mise en service prévue en 2009. Le chantier se révèle ruineux : neuf milliards d'euros, trois fois plus que prévu, et finalement mis en service en avril 2023[14].

En 2005, EDF lance l'EPR de Flamanville, pour lequel Areva ne fournit cette fois que l'îlot nucléaire, mais malfaçons, retards et dépassements de budget se multiplient. La mise en service prévue pour 2012, n'était toujours pas effectuée en 2022[15] - [16].

Premières provisions en 2005 et 2006

En raison du retard du chantier de l'EPR Finlandais, Areva doit provisionner pour verser des pénalités à TVO : 60 millions d'euros en 2005, puis 200 millions d'euros au premier semestre 2006[17]. À fin 2006,ces provisions totalisent 700 millions d'euros[18].

En 2007, de nouvelles provisions sont évaluées entre 500 et 700 millions d'euros, ce qui porterait le surcoût à 1,5 milliard d'euros[19]. Au premier septembre 2009, Areva porte ces provisions à 2,3 milliards d'euros et menace d'arrêter le chantier, après avoir porté plainte contre son client[20]. En mars 2015, de nouvelles provisions sur perte d'un montant de 720 millions d'euros sont incluses dans les résultats annuels 2014[21].

Problèmes d'approvisionnement en uranium

Les provisions pour retards sur les chantiers des EPR sont passées à la même période que celle des problèmes d'approvisionnement en uranium qui a causé l'OPA très controversée lancée le 15 juin 2007 sur la société canadienne d'exploration minière de l'uranium Uramin, cotée en bourse de Toronto pour 1,8 milliard d'euros[22].

Areva justifie l'opération par une pénurie de combustibles nucléaires venant du fait que "Cigar Lake", deuxième plus grande mine d'uranium au monde, ne parvient pas à ouvrir, victime le 22 octobre 2006 d'une seconde inondation en moins de 6 mois[23], dans le grand nord canadien, pour les mêmes raisons qui avaient bloqué pendant six mois en celle de la mine d'uranium McArthur[23], 1er extracteur mondial d'uranium, approvisionnant l'équivalent de 34 réacteurs par an[24]: le mur de glace protecteur autour du gisement d'uranium créé par des centaines de tuyaux dans lesquels circulent de l'ammoniac à - 35 degrés[24] - [25] - [26] n'a pas suffi à bloquer l'humidité arrivant des nappes souterraines. Areva en détenait 37% et le canadien Cameco la majorité.

Les gisements d'uranium africains acquis à la hâte par Uramin au cours de l'hiver 2006-2007 se révèleront dès 2008 eux aussi rapidement tous inexploitables[27] et l'OPA de 2007 est le début de l'"affaire UraMin", une affaire politico-financière française impliquant aussi des entrepreneurs canadiens, puis plusieurs responsables politiques français et africains, révélée par la presse au début des années 2010. Pertes incluses, Uramin coûtera au total plus de 3 milliards d'euros à Areva, dont la présidente d'Areva Anne Lauvergeon fut limogée en 2011[28].

Risques sur la cuve de l'EPR de Flamanville

En avril 2015, l'Autorité de sûreté nucléaire considère que la cuve du réacteur EPR de Flamanville présente de sérieuses faiblesses pouvant entrainer l'interdiction de son utilisation[29].

Nucléaire, éolien et solaire deviennent complémentaires

Le succès de la privatisation partielle d'EDF en 2005, avec une capitalisation qui dépasse 80 milliards d'euros dès mars 2006, après de 36% de hausse en deux mois[30] révèle l' engouement boursier pour le secteur du nucléaire, dopé par déficit mondial d'énergie causé par la forte croissance des pays d'Asie et d'Europe, tandis que la déréglementation du marché européen et l'expansion de l'éolien en Espagne et au Danemark entraînent de forts besoins d'Interconnexion électrique.

Exane BNP Paribas estime alors que l'action EDF peut encore monter de 33%, les analystes spéculant sur le vieillissement du parc nucléaire d'EDF qui leur semble moins avancé que prévu[30].

2006 : premier intérêt de Bouygues pour le nucléaire

Au même moment, le géant du BTP et de la télévision Bouygues achète 21% d'Alstom, qui fabrique des turbines pour le nucléaire puis évoque le 27 avril 2006 une prise de participation dans Areva[31], ce qui provoque une hausse de son action durant tout le printemps[32]. Anne Lauvergeon, pour sa part, réagit en rappelant qu'Areva a aussi beaucoup de partenaires étrangers[31].

En novembre 2006, une étude de la Deutsche Bank observe que "Bouygues veut jouer un rôle majeur en combinant les deux groupes", Alstom et Areva mais qu'une privatisation d'Areva "semble improbable avant l'élection présidentielle de mai 2007, dont le résultat est incertain, à ce stade"[32]. La banque américaine Goldman Sachs fait alors la même analyse[32].

Au même moment la Bourse plébiscite les fabricants d'équipements de réseaux électriques[33]. Leurs ventes devraient "croître de 15% par an d'ici à 2010", souligne une étude de la banque suisse UBS[33]. En effet, le 4 novembre 2006, la ligne à très haute tension qui enjambe un fleuve pour relier deux grands réseaux européens a été coupée pour la sortie d'un paquebot d'un chantier naval[33], créant une panne géante qui prive de courant 15 millions d'européens, dont cinq en France[33], analysée peu après dans un rapport officiel de l'UCTE, qui fédère une vingtaine de réseaux électriques européens[33] comme résultant d'un "engagement commercial" à "faire transiter trop de courant sur les lignes"[33]. La Commission européenne souligne alors le retard pris dans les investissements reliant les différents réseaux[33]. UBS souligne que l'action d'Areva a gagné 187% en deux ans, depuis le rachat d'Areva T&D[33], spécialiste de ces réseaux électriques modernes. Le potentiel de croissance supplémentaire est souligné par EDF, qui invite au même moment les analystes financiers à visiter sa centrale de Flamanville[33], et leur confie que ses sites nucléaires ne sont utilisés qu'à 77,9% contre une moyenne de 89% chez Electrabel en Belgique[33], ce qui permet de vendre de l'électricité dans les pays où le recours croissant à l'éolien et au solaire rend sa production intermittente. Dès décembre 2004, lors d'un séminaire à l'INSEE , Guillaume Dureau, directeur de la stratégie d'Areva, soulignait que son activité Areva T&D, qui inclut la maintenance des équipements, en haute et moyenne tension[34], faisait d'Areva un "groupe industriel intégré"[35], adapté à ce nouveau contexte.

Été 2007 : un rapprochement Areva-Alstom-Bouygues privilégié par Sarkozy

Dès l'été 2007, le quotidien économique Les Echos révèle que plusieurs schémas sont à l'étude[36], celui d'un rapprochement Areva-Alstom semblant privilégié par Nicolas Sarkozy[36], qui vient d'être élu président. La presse observe qu'Areva vaut en Bourse 25 milliards d'euros[36], son cours ayant été multiplié par 5,5 en cinq ans[36] - [37] et qu'un des scénarios évoqués par le CEA consiste à financer cette croissance d'Areva en vendant des actions sur le marché boursier, qui a déjà salué en septembre 2006 l'acquisition pour 170 millions d'euros de Sfarsteel, apportant les forges du Creusot[38].

Finalement, le rapprochement avec le tandem Bouygues-Alstom reste en suspens pendant deux ans car il suscite des oppositions de toutes parts. L'hebdomadaire allemand Wirtschaftswoche révèle en particulier que Sarkozy a durant l'été 2007 souhaité racheter la part de Siemens au capital d'Areva NP[37], prise par l'équipementier allemand en 1999[37], mais la chancelière Angela Merkel veut la poursuite du partenariat industriel Siemens-Areva dans les réacteurs et lui dit en tête-à-tête[37].

2009-2010, relance du projet de cession de TD à Alstom-Bouygues

En 2009, l'État détient toujours 93 % du capital d'Areva[39], qui contrôle toujours sa branche transmission et distribution d'électricité (Areva T&D), représentant à elle seule 31 000 des 75 000 salariés du leader mondial du nucléaire, dont 15 000 en France.

Anne Lauvergeon, PDG d'Areva, a « toujours défendu l'idée » qu'elle « offrait au groupe un équilibre décisif, car il dégage des liquidités récurrentes alors que les activités nucléaires sont gourmandes en trésorerie », souligne en mai 2009 un article dans le quotidien économique Les Échos [40].

Ces liquidités récurrentes permettent aussi de faire face aux problèmes apparus dans la construction des EPR, en prenant le temps de les traiter, quitte à payer des pénalités de retard. Pour financer le développement d'Areva sans problème de trésorerie, la direction d'Areva juge plus adapté de vendre des participations minoritaires dans Total, GDF Suez, STMicroelectronics, Safran, et surtout les 26 % du groupe minier Eramet[39]. Celle dans Total est vendue rapidement, mais celle dans Eramet, plus importante et plus politique n'aura lieu qu'en , après la catastrophe de Fukushima de mars 2011 la crise de la dette publique de 2011, le Fonds stratégique d'investissement (FSI) l'achetant pour seulement 776 millions d'euros[41] et rejoint en l'Association mondiale des exploitants nucléaires[42].

En mai 2009, la presse révèle que le gouvernement a donné, le 30 avril, trois semaines à Anne Lauvergeon pour changer d'avis et « étudier la vente de sa filiale, convoitée notamment par Alstom », observe le même article, qui cite une source anonyme pour qui elle « semble s'y plier »[40]. Selon Les Échos, la trésorerie d'Areva T&D pourrait alors servir à des acquisitions dans le secteur de Areva T&D, bien que cette société soit déjà numéro un mondial et ait porté en quelques années sa part du marché mondial de 7% à 11%[40].

Le 29 juin 2009, Maureen Kearney (CFDT), secrétaire du comité de groupe, indique que l'intersyndicale appelle à une grève de quelques heures dans quatre usines françaises du groupe, pour protester contre la cession de Areva T&D. Le comité de groupe commande un rapport d'expertise au cabinet Secaphi Alpha, établissant que cette cession va contre l'intérêt de l'entreprise et toutes ses partie prenantes et répond à une « pure stratégie financière de court terme, sans logique industrielle ». L'intersyndicale organise des rencontres avec les députés de la majorité UMP pour leur faire comprendre l'enjeu industriel à long terme, ainsi qu'avec l'Agence des participations de l'Etat.

Maureen Kearney (CFDT) et le comité de groupe perdent finalement leur bataille : en , Areva cède sa branche transmission et distribution d'électricité (Areva T&D), qui est de plus divisée en deux parties, les deux tiers allant à Alstom et le troisième à Schneider Electric. Les énergies renouvelables, qui avaient pris une part croissante dans les activités du groupe, en complémentarité du nucléaire en sont fortement affectées. Un groupe d'entreprises « Énergies renouvelables » est cependant créé en 2010 au sein d'Areva.

Mars 2011 : catastrophe de Fukushima

Quelques mois après la catastrophe de Fukushima en mars 2011, qui stoppe les nouvelles commandes de centrales, Areva engage fin 2011 le plan de redressement « Action 2016 » visant à conserver sa rentabilité jusqu'en 2016[43].

En 2011 aussi, la députée européenne MoDem Corinne Lepage publie un livre sur les conséquences de la catastrophe de Fukushima[44] déplorant qu'aucun débat public autour de cette société n'a été posé. Trois ans après, en novembre 2014, elle estime que les décideurs sont restés dans le déni du gouffre financier et du fiasco commercial que représente l'EPR[45].

En , Areva annonce pour 2014 des pertes provisoires de 4,9 milliards d'euros liée à l'atonie du marché nucléaire après l'accident nucléaire de Fukushima, mais aussi à de graves erreurs stratégiques et opérationnelles[46] - [47]. Le , Areva annonce baisser ses frais de personnel de 15 % en France et 18 % dans le monde d'ici 2017, en licenciant 5 000 à 6 000 personnes dans le monde[48] Des cessions d'actifs supérieures à 450 millions d'euros sont également envisagées[21].. Trois explications sont les difficultés du chantier de réacteur EPR finlandais à la centrale nucléaire d'Olkiluoto, l'affaire UraMin et les conséquences de la catastrophe de Fukushima[49]. En très mauvaise posture financière, le groupe risque le démantèlement[50].

En avril 2015, l'Autorité de sûreté nucléaire révèle que les cuves de trois réacteurs EPR, forgées par Areva, présentent de sérieuses faiblesses pouvant entrainer l'interdiction de leur utilisation. Déjà installées dans les réacteurs en construction, leur retrait exigerait de détruire en partie les réacteurs. Il faudrait aussi fabriquer de nouvelles cuves.

Prise de participation d'EDF

Le , Areva et EDF annoncent être parvenus à un accord pour une prise de participation d'EDF dans Areva NP (réacteurs nucléaires) valorisée à 2,7 milliards d'euros (valorisation qui pourra encore faire l'objet d'un ajustement) entre 51 et 75 % pour un montant de deux milliards d'euros. L'accord à finaliser en 2016 prévoit qu'Areva ait une participation minoritaire de 15 à 25 %. Areva a besoin d'environ sept milliards d'euros avant 2017. Une augmentation de capital sera nécessaire, la recapitalisation d'Areva par l'État français se voulant limitée ; l'entrée d'autres actionnaires minoritaires, notamment chinois, est évoquée. Bernard Fontana, ancien dirigeant du cimentier suisse Holcim, est choisi par EDF, Areva et le gouvernement comme président de la nouvelle entité Areva NP[51] - [52].

Le , plus de 2 000 salariés manifestent devant le siège du groupe localisé dans le quartier de La Défense à Paris pour protester contre les milliers de pertes d'emploi annoncées en cas de démantèlement du groupe[53].

Le , l'ancien président du conseil d'administration d'Areva, Philippe Varin, signe à Pékin, en présence des présidents François Hollande et Xi Jinping, un protocole d'accord avec la China National Nuclear Corporation (CNNC) ouvrant la voie à une prise de participation minoritaire de CNNC au capital d'Areva[54]. Ce protocole prévoit aussi un large volet industriel : une coopération entre les deux groupes est envisagée sur l'ensemble des activités du nouvel Areva, des mines d'uranium à la déconstruction des installations nucléaires, en passant par le retraitement des combustibles usés (un projet d'usine de retraitement en Chine est discuté depuis des années)[55].

En , Areva essuie une nouvelle lourde perte (deux milliards d'euros) pour 2015, soit une perte globale de dix milliards d'euros en cinq ans[56]. Les causes sont les mêmes que pour l'année précédente[49]. En 2017, les pertes sont de 252 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 3,9 milliards d'euros, en recul de 10,8 %[57].

Cession des réacteurs nucléaires à EDF en 2016

EDF reprend l'activité de construction de réacteurs nucléaires en , Areva regroupant ses activités du cycle du combustible nucléaire dans une nouvelle société, dénommée provisoirement Areva NewCo, ou New Areva[58]. En , Gamesa, à la suite de sa fusion avec les activités éoliennes de Siemens, annonce acquérir la participation de 50 % qu'il ne détenait pas dans Adwen à Areva pour 60 millions d'euros[59]. Le , Areva cède sa filiale Areva TA (ex-Technicatome) à un consortium public constitué de l'État, DCNS et CEA, à la suite d'un protocole signé en décembre 2016[60]. En , l'État recapitalise les deux branches restantes à hauteur de 4,5 milliards d'euros : deux milliards dans le capital d'Areva SA, structure où restent logés les actifs les plus risqués du groupe (notamment Olkiluoto), et 2,5 milliards dans celui d'Areva Newco, recentré sur le cycle du combustible. Deux investisseurs japonais, MHI et JNFL, apportent 500 millions d'euros pour leur participation de 5 % chacun au capital d'Areva Newco[61].

Fin 2012 : transferts de technologie controversés

L'Atmea, réacteur de moyenne puissance était développé depuis 2007 par Areva avec l'équipementier japonais Mitsubishi, mais, en avril 2010, EDF avait signé un accord avec son homologue chinois, l'opérateur CGNPC, pour concevoir un réacteur concurrent[62], amenant en février 2011, le président de la République Nicolas Sarkozy à confier une mission au président du Commissariat à l'énergie atomique pour faire converger les deux projets[62], mais dès juin 2011, il décidait l'éviction d'Anne Lauvergeon, présidente d'Areva[62]. Les craintes des ingénieurs et syndicalistes d'Areva soucieux «protéger les usines françaises» étaient ensuite confirmées en janvier 2012 par la révélation dans L'Obs[62] du texte de l'accord entre EDF et CGNPC signé en avril 2010 prévoyant que le second pourra «participer aux nouveaux projets nucléaires d'EDF en France comme investisseur ou fournisseur de services»[62], amenant Bernard Cazeneuve, le député socialiste d'une circonscription de La Hague où est implanté Areva, à envoyer avec Jean-Marc Ayrault une lettre au gouvernement Fillon pour manifester de «vives inquiétudes»[62].

Le mois suivant, en février 2012[62], EDF conclut, dans le dos d'Areva, un nouvel accord-cadre, encore plus radical[62], avec CGNPC, acceptant d'abandonner la propriété intellectuelle du cœur du réacteur et partageant ses recherches dans le domaine des «logiciels classifiés»e[62]. Alerté, le gouvernement Fillon refuse d'avaliser cet accord[62] et après les élections l'équipe Hollande envoie «des messages très fermes », à Proglio, PDG d'EDFe[62]. Malgré cette affaire, EDF et Areva signent, le 19 octobre 2012 un accord tripartite avec CGNPC sans dévoiler son contenu[62].

Après la révocation de la PDG d'Areva par le pouvoir politique en 2011, l'intersyndicale d'Areva se mobilise en 2012 contre le risque de transfert de technologie découlant, selon elle, d'un contrat secret signé avec la Chine[63], dont elle est informée par un lanceur d'alerte[64]. Dans un premier temps, Luc Oursel nie en bloc l'existence d'un tel contrat[65], mais Maureen Kearney, secrétaire CFDT du comité de groupe, rencontre les politiques. Plusieurs députés, inquiets, confient à L'Expansion vouloir une commission d'enquête parlementaire[66]. Le gouvernement demande de « temporiser, le temps de procéder à des vérifications[66] ».

Entre-temps, la presse confirme et relaie les alertes concernant les négociations qui persistent avec les intérêts chinois portant sur une collaboration à l'international pour les projets nucléaires. Le Nouvel Obs publie le 27 septembre 2012 des extraits d'un projet d'accord bipartite entre EDF et son partenaire CGNPC. Le Canard enchaîné du 3 octobre 2022 publie une note de l'APE (l'Agence des participations de l'Etat), intitulée «alerte relative à un projet d'accord de coopération entre EDF et CGNPC»[67].

Le [68], le comité de groupe d'Areva vote à l'unanimité une motion[68] demandant au PDG la dernière version de l'accord tripartite[68], signée le entre Areva, EDF et le chinois CGNPC, en précisant qu'il y aura sinon délit d'entrave. Mais il ne l'obtient toujours pas. Le , les ministres Bernard Cazeneuve et Arnaud Montebourg sont contactés personnellement par Maureen Kearney et répondent à ses textos[69]. Maureen Kearney est le victime d'un viol avec actes de barbarie, dans sa maison[70].

Le surlendemain, Michel Toudret, délégué central CFDT d'Areva confirme à la presse que les syndicats « craignent des transferts de technologies avec la Chine"[68] et que Maureen Kearney recevait des coups de téléphone de menaces depuis quelque temps[68]. Anne Lauvergeon est entendue par les enquêteurs le [71]. Le Canard Enchaîné du 26 décembre révèle qu'Arnaud Montebourg a commandé une enquête de l'Inspection générale des Finances (IGF) sur un projet d'accord conclu en 2012 entre EDF et le chinois CGNPC[66]. L'Express révèle la même semaine des équipes d'EDF et du chinois CGNPC continuent à « travailler de concert », en Chine, dans la ville de Guangzhou, sur « un projet de réacteur nucléaire concurrent de l'Atmea » avec « des demandes de transfert » d'une partie de son architecture centrale[66], sur laquelle Areva a sept ans d'avance sur ses concurrent »[66]. L'Express précise que cela se fait sans Areva, alors qu'en le Comité de politique nucléaire (CPN) français avait tranché au sommet : EDF ne peut s'associer à CGNPC qu'avec Areva[66]. Le PDG d'Areva répond le 30 décembre dans un entretien au JDD que le « transfert de technologie vers la Chine » ne se fera qu'« au cas par cas »[72].

2018 : changement de périmètre

Le , la restructuration du groupe Areva est achevée. New Areva (également dénommée NewCo) qui est la nouvelle société créée autour du cycle du combustible nucléaire d'ex-Areva, prend le nom d'Orano qui ne gardera le contrôle que sur les activités de production et de recyclage du combustible nucléaire[73] - [74] - [75]. Le logo d'Orano s'appuie sur une référence visuelle à la circularité de l'activité du groupe (recyclage des combustibles nucléaires)[76]. L'identité d'Orano a été confiée à Insign, une agence de brand design, pour un coût global de cinq millions d'euros. Le nom d'Orano fait référence à Ouranos, dieu grec du ciel et son pendant romain Uranus, d'où la planète Uranus tire son nom, et qui a servi plus tard lorsqu'il s'est agi de trouver un nom à l'uranium. La couleur jaune a été choisie en référence à la couleur du minerai d'uranium[77].

Le recentrage sur le cycle de l'uranium entraîne une réduction du périmètre d'Orano par rapport à celui d'ex-Areva. Le chiffre d'affaires devrait être divisé par deux et s'établir à deux milliards d'euros en 2018. L'effectif du nouvel ensemble est ramené de 40 000 à 16 000 salariés.

Le , l'entrée au capital des investisseurs japonais MHI (Mitsubishi Heavy Industries, Ltd.) et JNFL (Japan Nuclear Fuel Limited) est effective : en apportant, ensemble, 500 millions d'euros, chacun détient désormais 5 % du capital d'Orano[78]. La prise de participation du chinois CNNC, évoquée depuis le protocole d'accord de 2015, n'a pas lieu, en raison des exigences trop importantes des dirigeants de CNNC[79].

Début mai 2018, Orano signe un contrat de faisabilité de retraitement de combustible russe de réacteurs VVER 1000 (avec l'électricien ukrainien EnergoAtom) qui ouvre la voie au recyclage de combustibles ukrainiens en France à l'usine de la Hague. Les déchets ultimes issus de ce traitement seront conditionnés « de façon sûre et stable »[57].

Fin 2019, Orano quitte la Tour Areva de La Défense[77] pour s'installer à Châtillon.

2021-2022

En février 2021, Orano annonce avoir reçu des permis d'exploration attribués par les autorités locales pour chercher des gisements d'uranium dans deux zones du Groenland[80].

Le 19 août 2021, Orano signe avec quatre électriciens allemands (PreussenElektra, RWE, EnBW et Vattenfall) des contrats pour « le retour de l'intégralité des déchets nucléaires allemands encore entreposés » dans son usine de La Hague d'ici à 2024. Ces quatre sociétés verseront en contrepartie plus d'un milliard d'euros à Orano. Les gouvernements français et allemand s'étaient mis d'accord en juin sur le principe de ce retour. Orano a traité plus de 5 000 tonnes de combustibles usés des centrales nucléaires allemandes entre 1977 et 1991. Ces déchets traités à La Hague, représentant « plus de 97 % » de la radioactivité, ont déjà été renvoyés en Allemagne entre 1996 et 2011 pour y être stockés ; l'accord de 2021 porte sur le reliquat composé de déchets à haute activité radioactive à vie longue ainsi que d'emballages usés qui ont servi au transport des matières radioactives[81].

En septembre 2021, l'État français annonce le rachat des dernières parts possédées par Areva dans le capital d'Orano pour un montant évalué à 563 millions d'euros, ce qui représente environ 9,4 % du capital de la société, soit 24,8 millions d'actions[82].

En décembre 2022, Orano relance le projet d'extension de son usine Georges-Besse II d'enrichissement d'uranium, dont le coût est estimé entre 1,3 et 1,7 milliard d'euros. Ce projet, à l'étude chez Areva en 2004, avait été stoppé suite à l'accident de Fukushima, mais redevient opportun à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, qui cause une désaffection croissante pour des commandes d'uranium enrichi russe. Le marché mondial est dominé par le russe Rosatom, qui détient près de 50 % de parts de marché ; Orano revendique un peu plus de 10 % de parts de marché, derrière le néerlandais Urenco. L'administration américaine a indiqué son souhait de supprimer tout approvisionnement russe pour l'uranium enrichi d'ici 2030. Le projet d'extension de l'usine Georges-Besse II vise une augmentation de ses capacités de production d'uranium de 7,5 millions à 11 millions d'UTS; les travaux commenceraient fin 2024 pour commencer à fournir les clients en 2028[83] - [84].

Chronologie

  • 1983 : création de CEA Industries, ancêtre d'Areva
  • 2001 : création d'Areva par fusion des trois principales sociétés
  • 2004-2005 : chantier de l'EPR en Finlande
  • octobre 2006 : inondation de la mine de Cigar Lake au Canada
  • juin 2007 : OPA sur Uramine
  • 2008 : échec Uramine à extraire de l'uranium de ses concessions en Centrafrique
  • avril 2010 : accord entre EDF et CGNPC[62]
  • février 2011 : Nicolas Sarkozy confie une mission au président du CEA[62]
  • juin 2011 : Nicolas Sarkozy décide l'éviction d'Anne Lauvergeon, présidente d'Areva[62]
  • janvier 2012 : révélation dans L'Obs du texte de l'accord entre EDF et CGNPC signé en avril 2010 prévoyant que le second pourra « participer aux nouveaux projets nucléaires d'EDF en France comme investisseur ou fournisseur de services ». Bernard Cazeneuve et Jean-Marc Ayrault écrivent au gouvernement
  • février 2012 : EDF conclut, dans le dos d'Areva, un nouvel accord-cadre, encore plus radical, avec CGNPC[62]
  • novembre 2012 : menaces contre Maureen Kearney[62]
  • 17 décembre 2012 : attaque contre Maureen Kearney[62]
  • janvier 2013 : contre Maureen Kearney accusée d'affabulation[62]

Activités

Métiers

Depuis 2018, Orano, recentré sur la valorisation des matières nucléaires et la gestion des déchets, est divisé en quatre familles de métiers[85] - [86]:

  1. Mines
  2. Amont
    • Orano Chimie-Enrichissement (anciennement au sein d'Areva NC, puis Orano Cycle), spécialisé dans les activités de chimie et d'enrichissement d'uranium ;
  3. Aval
  4. Autres activités
    • Orano Projets ;
    • Orano Med, spécialisé dans la médecine nucléaire.

Activités avant 2016

Le groupe Areva était principalement constitué, jusqu'à sa restructuration de 2016, de cinq filiales à 100 % d'Areva, chacune contrôlant elle-même plusieurs filiales[87] - [88] :

  1. Areva Mines, regroupe les activités minières d'Areva[89] :
  2. Areva NC (Nuclear Cycle), spécialisé dans le cycle du combustible nucléaire (anciennement Cogema) :
  3. Areva NP (Nuclear Power) s'occupe de conception et construction de centrales nucléaires, fourniture de combustible et de services de maintenance et de modernisation (anciennement Framatome ANP) :
  4. Areva TA, réalisation de réacteurs de recherche et de systèmes nucléaires de propulsion (anciennement Technicatome) ;
    • Elta SA,
    • 01 DB Metravib, cédée en 2012,
    • Principia Recherche Développement SA (n'est plus filiale, a été absorbé par Areva TA),
    • Technoplus Industries SAS, cédée en 2013 ;
  5. Areva Renouvelables, jeune pousse spécialisée dans les énergies renouvelables :
  6. Autres filiales :
    • Areva Business Support, Areva Insurance & Reinsurance (Areva IR), Arevacom, Brevatome, Cedec, Compagnie d'étude et de recherche pour l'énergie (CERE), Helion SAS, Areva Med, Euriware (vendue à Cap Gemini en ).

La filiale Areva T&D a fait partie du groupe Areva jusqu'en 2010, ainsi que ses filiales Areva T&D Protection et Contrôle SA ; Areva T&D Transformateur de Mesures SA ; Areva Parafoudres SA ; Laboratoire Oskman Séraphin.

Areva TA (redevenue TechnicAtome) et Areva NP (redevenue Framatome) quittent le groupe sont reprises en 2018 par EDF.

Activités situées en amont

Trois activités situées en amont ont joué un rôle important et on été conservées en 2016 :

  • l'activité de la chimie a pour principal métier la conversion de concentrés d'uranium naturel (yellow cake en provenance des mines) en hexafluorure d'uranium (UF6). Cette étape de conversion comprend le raffinage et la fluoration de l'uranium sur les sites français de Malvési et Pierrelatte. C'est un préalable incontournable au procédé d'enrichissement, dans la production de combustible nucléaire. Cette activité produit également (via la filiale Comurhex) différents produits fluorés utilisés dans l'industrie hors nucléaire ;
  • l'enrichissement. L'hexafluorure d'uranium (UF6) ne contient que 0,7 % d'uranium 235 : l'enrichissement de l'uranium naturel consiste à concentrer cette teneur pour la faire s'élever entre 3 et 5 %. Jusqu'à juin 2012, deux procédés différents étaient utilisés pour l'enrichissement. Areva, qui utilisait jusque-là principalement la diffusion gazeuse, utilise la technologie de centrifugation dans sa nouvelle usine Georges-Besse II sur le site nucléaire du Tricastin. La mise en service de cette usine est réalisée par étapes : en 2011 se sont déroulés la mise en production de la première cascade de centrifugeuses de l'unité sud et la production des premières Unités de Travail de Séparation (UTS) commerciales. En mars 2013, l'unité nord de l'usine a été inaugurée[90]. À fin 2013, l'usine Georges Besse II, la capacité de production installée était de 5,5 MUTS, soit 74 % de la capacité nominale à atteindre en 2016.
    L'ancienne usine d'enrichissement Georges Besse d'Eurodif, qui utilisait la diffusion gazeuse, a cessé définitivement sa production en mai 2012. Un décret publié au Journal Officiel le 24 mai 2013, autorise l'usine Georges Besse sur le site du Tricastin à réaliser les opérations PRISME (Projet de Rinçage Intensif Suivi de la Mise à l'air d'EURODIF).
    Les opérations PRISME consistent à réduire la quantité de matières nucléaires résiduelles dans les installations de l'usine d'enrichissement Georges Besse, et donc de diminuer les impacts en matière de sécurité, sûreté, radioprotection, gestion des effluents et des déchets, pendant la phase ultérieure de démantèlement[91] ;
  • la BU (business unit) Combustible réalise la dernière étape de la fabrication du combustible nucléaire : elle conçoit, fabrique et vend du combustible classique à l'oxyde d'uranium naturel enrichi, mais également du combustible MOX et du combustible URE (Uranium de retraitement), produit à partir du recyclage de combustibles usés. Ce combustible est destiné aux réacteurs nucléaires de type REP (Réacteurs à Eau sous Pression) ou REB (Réacteurs à Eau Bouillante). La business unit Combustible fabrique également les composants en zirconium nécessaires à la réalisation des assemblages – et vend certains de ces composants à des clients externes – et propose des services associés aux combustibles (ingénierie, maintenance des réacteurs).

Anciennes activités

Le business unit « Réacteurs et services » conçoit et fabrique des réacteurs nucléaires, de types REP (réacteur à eau pressurisée) et REB (réacteur à eau bouillante), destinés à des centrales de production d'électricité, mais aussi des réacteurs de propulsion navale et des réacteurs de recherche. Le business group propose également des produits et services nécessaires à la maintenance, à la modernisation, et au contrôle de tous les types de réacteurs nucléaires. Il compte près de 16 000 salariés et a généré 36 % du chiffre d'affaires d'Areva en 2013. Philippe Samama dirige les activités réacteurs et services du groupe Areva depuis juin 2014.

Développement du réacteur EPR
Modèle de l'EPR.

Au cours des années 1990, Areva développe un nouveau réacteur nucléaire : le réacteur EPR. La commercialisation débute au cours des années 2000.

Le réacteur EPR est un réacteur de 3e génération d'une puissance estimée de 1 600 MWe.

Le premier réacteur EPR est en cours de construction sur l'île d'Olkiluoto en Finlande. Sa mise en service, initialement prévue en 2009, a été une première fois reportée en 2012, puis fin 2013, puis en 2014[92], puis en 2018. Au 2 septembre 2018, ce réacteur comptabilise neuf ans de retard (date de livraison initialement prévue en 2009) et des provisions pour pertes liées à ce chantier de 3,9 milliards d'euros (vendu pour un montant de trois milliards d'euros)[93]. Le 20 août 2021, un nouveau report du calendrier a été annoncé, avec une mise en service prévue pour juin 2022[94].

D'autres réacteurs EPR sont :

  • en cours de construction à Flamanville en France (mise en service prévue au départ en 2012, désormais fin 2022 au plus tôt)[95] ;
  • en cours de construction à Taishan en Chine (deux réacteurs en service depuis fin 2019, voire plus : jusqu'à six pourraient être construits)[96] ;
  • en cours de construction à Hinkley Point au Royaume-Uni (deux réacteurs)[97].
Groupe « Énergies renouvelables »

Le business group « Énergies renouvelables » a représenté en 2012 environ 6 % du chiffre d'affaires d'Areva. Il est dirigé par Louis-François Durret. Il employait, fin 2012, 1 493 collaborateurs. Le BG Énergies renouvelables est constitué des activités liées à l'éolien (notamment éolien offshore), aux bioénergies, à l'énergie solaire (solaire thermique à concentration) et à l'hydrogène comme vecteur énergétique et solution de stockage :

  1. Éolien : Areva Wind (ex Multibrid) propose une turbine de MW qui équipe le parc éolien offshore Alpha Ventus, au large de l'Allemagne[98]. Le groupe totalise 600 MW programmés dans les grands parcs en construction en Europe. Areva a signé un contrat avec Wetfeet Offshore Windenergy pour la fourniture de 80 turbines M5000 du parc éolien offshore Global Tech 1 pour un montant de plus de 800 millions d'euros, ainsi qu'un protocole d'accord pour la fourniture de 40 éoliennes pour le parc Borkum West II (200 MW), 2e phase du parc Alpha Ventus. Dans le cadre de l'appel d'offres pour l'éolien en mer en France, le gouvernement a attribué au consortium emmené par Iberdrola et EOLE-RES le développement du champ de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor). Areva construira 100 éoliennes de MW chacune pour ce champ dont la mise en service est prévue entre 2017 et 2019[99]. En Areva et Gamesa créent une coentreprise spécialisée dans les éoliennes en mer[100]. Areva compte profiter de la compétence de Gamesa en matière de gestion de la chaîne d'approvisionnement et des services, tandis que l'entreprise espagnole cherche un partenaire pour partager ses coûts de développement.
    Mi-juin 2016, Areva, en difficulté, a annoncé se retirer de l'éolien marin (Gamesa) dans les 3 mois en vendant la co-entreprise Adwen fondée avec l'espagnol Gamesa (à un tiers ou à Gamesa) mais les engagements au titre des appels d'offres sur l'éolien marin en France métropolitaine resteront portés par Adwen a précisé Areva[101] ;
  2. Solaire : en 2010, Areva a acquis la société Ausra (rebaptisée Areva Solar), aux États-Unis, spécialisée dans les solutions du solaire thermique de concentration à grande échelle pour la production d'électricité, l'injection de vapeur solaire dans les centrales et la production de vapeur pour des applications industrielles. Areva a d'importants projets en cours à l'international, par exemple en Australie (installation d'un générateur de vapeur solaire de 44 MWe, destiné à être une extension d'une centrale thermique au charbon). En 2012, Areva Solar a été sélectionné par le groupe indien Reliance Power Limited pour la construction en Inde d'une installation d'énergie solaire à concentration (CSP) de 250 MW, la plus grande d'Asie à ce jour. En août 2014, Areva annonce son souhait de se retirer de l'industrie solaire[102] ;
  3. Bioénergies : cette activité consiste à concevoir et fournir clé en main des centrales à biomasse, c'est-à-dire valorisant des déchets d'origine végétale ou animale en les transformant en énergie. Areva compte 100 centrales bioénergies en service ou en cours de construction dans le monde[103]. Depuis mai 2011, Areva détient 100 % du capital de sa filiale Areva Koblitz, qui développe « des solutions intégrées de biomasse pour la production et la production mixte d'électricité » selon Areva ;
  4. Hydrogène : l'hydrogène permet de produire une énergie propre (s'il est lui-même produit de façon propre) et de la gérer en fonction de la demande. Areva, via sa filiale Helion, développe une production d'hydrogène par électrolyse de l'eau et des piles à combustible. Helion participe à plusieurs programmes de recherche avec l'Agence Nationale pour la Recherche, des groupes industriels, des laboratoires de recherche français[104].

Areva a cédé en septembre 2016 ses éoliennes en mer à Gamesa, après avoir abandonné le solaire et la biomasse. Sa diversification ratée dans les énergies vertes, qui n'ont jamais dépassé 6 % du chiffre d'affaires, aura coûté 1,5 milliard d'euros et enterré l'ambition de créer une filière tricolore[105].

Sites et implantations mondiales

Châtillon (Hauts-de-Seine)
Saint-Quentin-en-Yvelines
Gif-sur-Yvette
La Hague
Équeurdreville-Hainneville
Saint-Sauveur-le-Vicomte
Valognes
Bagnols-sur-Cèze
Site nucléaire du Tricastin
Marcoule
Bessines-sur-Gartempe
Malvési
Blyes
Gien
Avoine (Indre-et-Loire)
Nogent-sur-Seine
Implantations d'Orano en France.

Jusqu'à sa restructuration lancée en 2016, le groupe Areva, dont le siège social était situé à La Défense, est présent en Europe, Afrique, Amérique et Asie, à travers de nombreux sites. Cette partie décrit les implantations du groupe avant sa restructuration, ainsi que la création d'Orano.

Areva exerce ses activités sur 45 sites industriels principaux :

La répartition des implantations est très variable selon les activités. Les activités minières sont réparties au Niger, au Canada et au Kazakhstan pour l'exploitation mais aussi dans d'autres pays pour l'exploration et les projets (Australie, Namibie, Mongolie…). Les business units « Chimie et enrichissement », ainsi que Traitement, Recyclage ou Assainissement sont implantées uniquement en France, la business unit Combustible en France, mais également en Europe hors France et aux États-Unis.

En Europe

Areva réalise en Europe 62,4 % de son chiffre d'affaires et y emploie 79,2 % de ses effectifs. Le groupe est très présent en France, son pays d'origine, mais aussi, via des sites industriels ou des bureaux de représentation, en Allemagne, en Belgique, au Royaume-Uni, en Suède, en Finlande, en Espagne, aux Pays-Bas ou encore en Slovaquie.

En France

Areva réalise en France 40,5 % de son chiffre d'affaires et y emploie 64,8 % de ses effectifs.

Outre son siège social à Châtillon (Hauts-de-Seine), Areva compte en France une trentaine de sites industriels en exploitation dans l'hexagone.

Le groupe intervient sur l'ensemble des activités du cycle du combustible nucléaire :

  • dans l'amont avec la conversion et l'enrichissement de l'uranium, grâce aux usines Comurhex II (conversion d'uranium naturel) et Georges Besse II (enrichissement de l'uranium) sur le site du Tricastin ;
  • dans l'aval avec le recyclage des combustibles usés sur le site de la Hague, la fabrication de combustibles, dont des combustibles MOX (mélange oxydes d'uranium et de plutonium) mais également le démantèlement et la valorisation des sites ;
  • dans la conception et la construction de réacteurs nucléaires.

En France, dans le domaine du nucléaire, EDF est le principal client d'Areva. Areva a signé en 2012 un contrat avec EDF, pour la fourniture de plus de 30 000 tonnes d'uranium naturel sur la période 2014-2035[106]. Le groupe, en 2012, fournit à EDF près de 40 % des besoins annuels en uranium naturel[107].

Dans le domaine des réacteurs, Areva a investi pour augmenter sa capacité de production de pièces forgées nucléaires en France, en particulier sur les sites de Chalon/Saint-Marcel et du Creusot. Grâce à ces investissements, Areva souhaite fabriquer à terme 100 % des pièces nécessaires à la fabrication d'un réacteur EPR au Creusot, au lieu de 80 %[108]. L'usine du Creusot fabrique la chaudière nucléaire de l'EPR de la Centrale nucléaire de Flamanville, et prévoit de fabriquer la chaudière et les générateurs de vapeurs de la Centrale nucléaire de Hinkley Point en Angleterre[109] - [110].

Dans les activités de l'Aval, Areva a signé avec EDF un contrat de partenariat sur la période 2008-2040 pour la gestion des combustibles usés. Le retraitement des combustibles est réalisé dans l'Usine de retraitement de la Hague (Manche) et à Melox Marcoule (Gard)[111].

Areva fournit également à EDF des services de maintenance et d'exploitation. En novembre 2013, Areva a ainsi remporté un contrat d'assistance d'une durée de 5 ans (plus 2 ans supplémentaires optionnels), portant sur 8 réacteurs nucléaires du parc EDF, dans les Chinon, Nogent et Belleville[112].

Dans le domaine des énergies renouvelables, Areva est un acteur important dans le domaine de l'hydrogène-énergie. Sa filiale Areva Stockage d'énergie (auparavant « Helion »), basée à Aix-en-Provence, conçoit et fabrique des générateurs d'hydrogène et des piles à combustible. Elle est associée à de nombreux programmes de R&D et projets pilotes[113] - [114] - [115] - [116] de l'Agence nationale de la recherche française, d'OSEO… Areva Stockage d'énergie propose également une plateforme didactique aux universités et aux centres de recherche.

Areva et Entrepose Projets (filiale d'Entrepose Contracting et Fouré Lagadec) ont signé en octobre 2010 un accord industriel visant à la fabrication des mâts des éoliennes en mer d'Areva destinées à équiper les futurs champs en France et au sud du Royaume-Uni[117].

En octobre 2017, New Areva annonce la signature d'un contrat pour le conditionnement de déchets entreposés sur le site de Marcoule[118].

En décembre 2017, New Areva annonce avoir signé trois contrats d'une valeur totale de près de 9 millions d'euros pour le traitement et la gestion de déchets radioactifs sur différents sites du CEA. Le premier contrat concerne le traitement sur le site du CEA à Fontenay-aux-Roses de déchets liquides de nature chimique et d'intensité radiologique variées. Le second contrat de 5 ans concerne le renouvellement du contrat d'exploitation de la station de traitement de déchets (STD) du site de Cadarache. Le troisième concerne le maintien en conditions sûres de l'ancienne station de traitement des effluents (STE) de Cadarache, ceci pour 40 mois[119].

Projet ITER

Le projet de réacteur de fusion Tokamak ITER a pour investisseurs de nombreux pays et de nombreuses organisation administrative du Rhône . Le projet est situé sur le centre de Cadarache (CEA) dans la commune de Saint-Paul-lez-Durance. Areva est chargé de la fabrication du prototype de la paroi interne en béryllium en contact avec la fusion du deutérium[120]. Le projet ITER est critiqué pour ses dérapages de calendrier et de budget, l'estimation de son coût ayant été multipliée par quatre en dix ans[121].

En Allemagne

En Allemagne Areva emploie quelque 5 350 personnes, sur 8 sites, dans les secteurs du nucléaire et des énergies renouvelables.

Le groupe est présent à travers la structure Areva NP Gmbh et ses filiales :

  1. Advanced Nuclear Fuel GmbH (ANF), fabricant d'assemblages de combustible pour les réacteurs REP et REB ;
  2. IntelligeNDT, spécialiste des contrôles pour les réacteurs REP et REB ;
  3. Urangesellschaft Mbh spécialisé dans le négoce de minerai d'uranium sur les marchés internationaux[122].

En 2013, Areva a signé plusieurs contrats en Allemagne, d'un montant total supérieur à 200 millions d'euros, pour la fourniture d'emballages permettant le stockage de combustibles usés[123].

Dans le domaine des énergies renouvelables, Areva a créé en Allemagne[124] :

  1. Areva Wind, concepteur et fabricant de turbines pour éoliennes offshores ;
  2. Areva Blades GmbH, fabricant de pales pour éoliennes offshores ;
  3. Areva Renewables GmbH, un centre de compétences14 sur les bioénergies.

À la suite de Fukushima, l'Allemagne a annoncé la fermeture des 8 centrales les plus âgées, et une sortie complète du nucléaire en 2022, pour passer à 80 % d'électricité d'origine renouvelable[125].

Areva a rebondi rapidement en :

  • développant des activités à l'exportation ;
  • créant un centre de compétences du démantèlement des installations nucléaires ;
  • développant fortement ses activités dans les énergies renouvelables, et en particulier l'éolien offshore[126].

Ainsi Areva fournit les éoliennes en mer pour le parc éolien Alpha Ventus, mais également en mer du Nord les parcs éoliens de Trianel Windpark Borkum et Global Tech : le groupe a commencé en septembre 2013 le montage de 40 turbines M5000 pour le premier et de 80 pour le second[127] - [128]. Areva a également étendu en Allemagne ses activités de stockage d'hydrogène-énergie, avec un premier gros contrat signé en novembre 2013[129].

En Belgique

En Belgique l'usine de FBFC, filiale d'Areva, située à Dessel, réalise le montage[130] :

  • des assemblages de combustibles pour réacteurs à eau sous pression mais aussi à eau bouillante ;
  • des assemblages de combustibles MOX pour les réacteurs à eau sous pression et à eau bouillant.

FBFC Dessel fabrique également :

  • des pastilles avec l'oxyde de gadolinium mélangé à la poudre d'oxyde d'uranium ;
  • des crayons ;
  • des bouchons et ressorts.

En Finlande

Areva construit en Finlande, avec l'électricien finlandais Teollisuuden Voima Oy (TVO), le 5e réacteur nucléaire finlandais : Olkiluoto 3. Ce réacteur EPR fera de la Finlande le 1er pays à exploiter un réacteur de Génération III+.

Au Royaume-Uni

Areva est présent depuis plus de 30 ans au Royaume-Uni, où le groupe fournit de nombreux services nucléaires.

Ainsi, Areva participe, au sein du consortium NMP (Nuclear Management Partners, co-entreprise associant URS, AMEC et Areva), à la gestion et à l'exploitation du site de Sellafield, le plus important site nucléaire du Royaume-Uni. Le contrat de gestion a été prolongé, fin 2013, pour 5 années supplémentaires[131]. Areva apporte son expertise dans différents domaines comme l'exploitation, l'ingénierie et le démantèlement.

Après la validation de la conception du réacteur EPR par les autorités de sûreté nucléaire britanniques, Areva a rejoint le consortium composé d'EDF et China General Nuclear Power et sélectionné en octobre 2013 pour construire deux réacteurs EPR (projet d'Hinkley Point). En octobre 2013, Londres a confirmé la construction de 2 EPR au Royaume-Uni[132].

Areva a également fortement accru sa présence au Royaume-Uni dans le domaine de l'éolien offshore. Le groupe a annoncé fin 2012 la création d'une usine en Écosse, qui devrait être opérationnelle en 2015 pour produire des turbines de 5 MW pour les projets offshores du Royaume-Uni[133].

En Suède

L'énergie nucléaire représente plus de 40 % de la production énergétique suédoise. Le gouvernement travaille sur un projet destiné à étendre la capacité nucléaire du pays. En janvier 2007, Areva a remporté deux contrats portant sur la modernisation de la tranche 2 de la centrale d'Oskarshamn et l'extension de la durée de vie de la tranche 4 de la centrale de Ringhals[134]. Ces deux contrats représentaient un montant total de 400 millions d'euros[135].

En Ukraine

Areva fournit des services et du combustible nucléaire pour les réacteurs des 4 centrales nucléaires ukrainiennes. Areva est également intervenue pendant 4 ans sur démantèlement de la centrale nucléaire de Tchernobyl accidentée en 1986, puis elle en a été définitivement écartée[136].

En Amérique

Areva réalise en Amérique 20 % de son chiffre d'affaires et y compte 12 % de ses effectifs[137]. Il est présent aux États-Unis, au Canada et au Brésil.

Aux États-Unis

Orano est implanté aux États-Unis via sa filiale Orano USA (anciennement Areva Nuclear Materials) basé à Washington, D.C. Le groupe emploie près de 600 salariés aux États-Unis en 2017[138], où son chiffre d'affaires s'élève à près de 3 milliards de dollars en 2013[139].

Orano est implanté aux États-Unis à travers les prestations et services proposés aux acteurs du nucléaire via sa filiale de logistique nucléaire Orano TN (anciennement TN Americas), acteur majeur sur le marché américain de l'entreposage intermédiaire des combustibles usés, des déchets radioactifs et le transport de matières nucléaires. Orano TN intervient sur plus de 30 sites aux États-Unis, plus de 50 % des centrales nucléaires américaines utilisent les produits et les services de transport et d'entreposage de la filiale.

Orano Med, filiale spécialisée dans la médecine nucléaire est installée au Texas.

La société américaine Canberra, leader mondial pour des prestations de mesure nucléaire pour la sûreté et la sécurité (produits de détection de matériels radioactifs, équipements spécialisés pour les laboratoires et usines du cycle nucléaire, prestations pour la surveillance de la contamination des matériaux et de l'environnement…) était une filiale d'Areva jusqu'en 2016.

Le , les États-Unis ont adopté l'Energy Policy Act (loi sur l'énergie), qui inclut notamment un certain nombre de mesures pour encourager les électriciens à construire de nouveaux réacteurs. Areva espère profiter de cette tentative de relance du programme nucléaire américain pour promouvoir sa technologie, et en particulier son réacteur EPR.

Dans le domaine des réacteurs, en 2005, Areva et Constellation Energy, l'un des principaux électriciens américains, ont créé la coentreprise Unistar Nuclear, qui a pour mission de promouvoir et commercialiser la technologie du réacteur EPR aux États-Unis[140]. En 2006, Unistar a annoncé un accord entre Areva et BWX Technologies, acteur américain de l'industrie nucléaire, pour la fabrication de composants pour le réacteur EPR américain. Des électriciens américains, comme Ameren ou Fresno, ont alors exprimé leur intérêt pour la construction du réacteur EPR. Areva déposé le 11 décembre 2007 un dossier de certification du réacteur EPR, auprès de l'autorité de Sûreté américaine (NRC, National Regulatory Commission). En octobre 2013, la NRC a conclu à la pleine conformité du réacteur avec les exigences fédérales face au risque de chute d'avion. C'est la première fois qu'une évaluation de ce type ne fait l'objet d'aucune demande d'examen complémentaire[141].

Fin 2007, la technologie EPR semblait être choisie par plusieurs électriciens, sept projets étaient annoncés par Areva, dont :

  1. Constellation : Calvert Cliffs (Maryland) et Nine Mile Point (New York) ;
  2. Amarillo power : Amarillo (Texas) (deux unités) ;
  3. Ameren : Callaway (Missouri) ;
  4. AEHI (Alternate Energy Holding) : Bruneau (Idaho) ;
  5. PP&L : Susquehanna (Pennsylvanie).

Un 8e projet était annoncé par Duke Energy à Piketon dans l'Ohio en 2009[142]. Tous ces projets ont depuis été annulés ou reportés sine die[143].

Dans le domaine du recyclage des combustibles usés, l'alliance INRA (International Nuclear Recycling Alliance), conduite par Areva et Mitsubishi Heavy Industries, a signé un contrat avec le Department of Energy (DOE) pour étudier le développement aux États-Unis d'une usine de traitement des combustibles nucléaires usés, et d'un réacteur de génération avancée pour les recycler. Ce contrat s'inscrit dans le cadre du programme Global Nuclear Energy Partnership (GNEP), aujourd'hui appelé International Framework for Nuclear Energy Cooperation (IFNEC) et dont la France est un des membres.

En 2008, Areva avait annoncé un projet d'une nouvelle usine américaine d'enrichissement de l'uranium sur le site d'Eagle Rock (Idaho). Les travaux de la future usine auraient dû débuter en 2011, sous réserve de l'obtention des permis nécessaires[144]. Depuis 2011, le projet est reporté « sine die »[145].

En 2011, Areva a été choisi comme principal partenaire de Tennessee Valley pour achever la construction de la centrale de Bellefonte 1, (Alabama). Mais face à l'intensification de l'exploitation du gaz de schiste, le projet a été à nouveau suspendu[146].

En 2012, Areva a signé plusieurs contrats significatifs dans le domaine du combustible :

  • signature d'un contrat de 500 millions de dollars avec l'électricien américain Xcel Energy. Il comprend la fourniture d'uranium, la conversion, l'enrichissement, la conception et la fabrication du combustible ainsi que les services d'ingénierie associés, destinés à la centrale nucléaire de Monticello (Minnesota). Le contrat porte sur l'approvisionnement de l'électricien en uranium enrichi et en combustible jusqu'en 2025[147] ;
  • prolongation, par FirstEnergy Nuclear Operating Company, filiale de FirstEnergy Corp. basée à Akron (Ohio), du contrat conclu avec Areva en 2006, afin que le groupe continue à l'approvisionner en combustible pour la centrale nucléaire de Davis-Besse. Le groupe fournira six lots d'assemblages de combustible et les services d'ingénierie associés à compter de 2014[148].

Dans le domaine des énergies renouvelables :

  • en septembre 2008 Areva et Duke Energy ont créé ADAGE, une coentreprise pour développer des centrales biomasse aux États-Unis[149] ;
  • en février 2010 Areva a annoncé l'acquisition de la société Ausra (basée à Mountain View en Californie)[150]. Cette société vend des prestations de production d'électricité et de vapeur par concentration de l'énergie solaire ;
  • en avril 2010, Areva et Fresno Nuclear Energy Group, LLC (FNEG) ont annoncé la signature d'un contrat portant sur la première phase du développement d'un parc d'énergies sans CO2 (ou Clean Energy Park) dans la région de Fresno (Californie)[151]. Ce projet associera le nucléaire et les énergies renouvelables pour produire de l'électricité. La 1re phase prévoit la construction d'une centrale solaire à concentration, destinée à alimenter en électricité une usine de traitement des eaux usées. Le contrat signé porte sur les études de faisabilité du projet ;
  • en janvier 2012, Areva Solar s'est associé à Tucson Electric Power (TEP) pour un projet d'extension solaire sur la centrale H. Wilson Sundt de TEP, située à Tucson, en Arizona. Ce projet utilisera les générateurs de vapeur solaire d'Areva Solar et permettra de produire jusqu'à cinq mégawatts (MW) d'électricité pendant les périodes de pointe sans émission de dioxyde de carbone (CO2)[152].

En avril 2017, Areva Nuclear Materials et NorthStar annoncent la création de leur joint-venture ADP (Accelerated Decommissioning Partners), qui associe toutes les compétences nécessaires (dans les domaines du management, de la régulation, de l'expertise technique et financière) pour mener à bien des projets d'assainissement-démantèlement d'installations nucléaires aux États-Unis[153].

En , Orano TN a remporté un contrat dans le domaine de l'entreposage à sec du combustible usé avec un client américain pour la période 2018-2025[154].

Orano annonce en décembre 2022 l'achèvement du démantèlement du cœur du réacteur à eau bouillante de Vermont Yankee ; la découpe et le conditionnement de la cuve et des composants internes du réacteur ont été réalisés par les équipes d'Orano en moins de quatre ans[155].

Au Canada

Areva est présent au Canada via sa filiale Areva Resources Canada, spécialisée dans l'exploration et l'exploitation de gisements d'uranium. Cette filiale exploite la mine d'uranium de McClean Lake, dont l'usine de traitement du minerai en cours d'extension sera remise en service en 2014. Areva est également partenaire de Cameco Corp dans l'exploitation de deux autres mines, McArthur River et Cigar Lake. Ces deux sites sont considérés comme détenant les plus importants gisements à forte teneur au monde (entre 150 et 200 kg d'uranium par tonne de minerai extrait).

Grâce à l'agrandissement de l'usine de McClean Lake, qui a fait l'objet d'un investissement de 107 millions d'euros en 2011, Areva peut traiter l'uranium extrait de Cigar Lake, situé à une quinzaine de kilomètres[156].

Areva Resources Canada a réalisé une 1re procédure complète de réaménagement et de déclassement d'un site minier après épuisement des réserves : l'ancien site minier de Cluff Lake, démantelé et réhabilité, a été entièrement replanté[157].

Areva réalise également de nombreuses explorations, afin de diversifier ses réserves, dans différentes régions canadiennes à fort potentiel uranifère : dans la Saskatchewan et au Nunavut. Certains gisements sont en phase de développement (Kiggavik, Shea Creek[158] - [159], Midwest). D'après le Réseau Sortir du nucléaire, le projet au Nunavut menace l'écosystème fragilisé par le changement climatique et les conditions de vie des Inuits[160]. Le projet Kiggavik a reçu un avis défavorable d'une commission canadienne en raison des incertitudes sur le calendrier[161].

Dans le domaine du cycle du combustible nucléaire, incluant la conception et la construction de réacteurs, Areva Canada propose à ses clients des services d'ingénierie, de maintenance et de modernisation des centrales existantes.

En 2009, Areva Canada signe un contrat avec l'électricien Hydro-Québec pour la réfection du système d'aération de l'enceinte de la centrale nucléaire de Gentilly-2. Il s'agit du 2e système de ce type déployé par Areva sur un réacteur de type CANDU[162].

Les projets d'ingénierie portent aussi sur des modifications de conception électrique et mécanique ainsi que sur l'optimisation de l'exploitation des centrales.

Pour renforcer sa présence dans le pays, Areva a signé un accord de coopération en 2011 avec Cegertec, société d'ingénierie locale spécialisée dans les secteurs de l'énergie et des mines[163].

En février 2011, la coentreprise entre Areva et Mitsubishi Heavy Industries a soumis la conception son réacteur ATMEA1 à la révision d'avant-projet réalisée par la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CNSC). La certification de l'ATMEA 1 a franchi une 1re étape en 2013 avec la validation par la CNSC des objectifs et options globales de sûreté du réacteur[164].

Au Brésil

Areva est présent au Brésil depuis plus de 10 ans. Son siège se situe à Rio de Janeiro et emploie 6 personnes. Areva apporte son expertise dans le domaine du nucléaire et des énergies renouvelables. Areva emploie plus de 300 personnes sur ses sites de Rio de Janeiro, Angra dos Reis, Recife Maceio et Sao Paulo.

Début 2010, INB (Industrias Nucleares do Brasil) et Areva ont signé un contrat pour la fourniture de service de conversion, permettant d'alimenter en combustible le complexe nucléaire brésilien Angra pour les 5 prochaines années (les unités 1 et 2 et prochainement l'unité 3)[165].

En novembre 2013, Areva a annoncé la signature d'un accord avec son partenaire local Electronuclear, filiale du groupe public Electrobras, pour achever la construction du troisième réacteur de la centrale d'Angra, à 150 km au sud de Rio de Janeiro. Le contrat s'élève à 1,25 milliard d'euros[166].

En Afrique

Areva est présent en Afrique depuis plus de 50 ans, essentiellement au Niger, au Gabon et en Namibie. Areva acquiert UraMin en 2007, renommée Areva Resources Southern Africa. Cette société est la représentante des activités d'extraction de l'uranium en Afrique, à l'exception du Niger et du Gabon[167].

La politique d'Areva en Afrique

Selon l'association Survie, Areva se procure l'uranium en Afrique à bas coût, au prix d'ingérences politiques et de conséquences environnementales, sanitaires et sociales catastrophiques pour les populations locales[168].

Les activités minières d'Areva sont en fait conduites avec l'accord des gouvernements[169], dans le cadre des standards internationaux. Areva a par ailleurs mis en place une politique environnementale et sociale responsable. La gestion durable de l'environnement vise à limiter l'impact des activités du groupe à un niveau aussi faible que raisonnablement possible (principe ALARA : As Low As Reasonably Achievable). Les mines en exploitation respectent la norme internationale ISO 14001 reconnaissant une gestion durable de l'environnement, au Niger[170] mais également dans les autres pays. En ce qui concerne la sécurité et la santé au travail, les mines en exploitation en Afrique respectent par exemple la norme OHSAS 18001.

En 2012, Areva s'est fixé pour objectif d'avoir une exposition inférieure à 16 mSv par an, sachant que la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) et la directive Euratom 96/29 fixent l'exposition maximale d'un salarié à 20 mSv par an en moyenne sur cinq ans, sans dépasser 50 mSv au cours d'une même année. Concernant les populations riveraines, la limite annuelle est fixée à mSv ajouté au fond radiologique naturel. Cette limite est respectée autour des mines d'Arlit et Akouta au Niger[171] et de l'ancienne mine d'uranium de Mounana au Gabon. Areva soutient également des projets d'aide à la population. Plus de 25 millions d'euros ont ainsi été consacrés en six ans à des actions de développement communautaire au Niger (éducation, accès aux soins, développement socio-économique local[172]…).

Au Gabon

Areva est présent au Gabon depuis la fin des années 1950 et est l'actionnaire principal de la Compagnie des mines d'uranium de Franceville (Comuf). Par ailleurs, le groupe détient à 100 % la filiale Areva Gabon. Les activités d'Areva dans le pays concernant essentiellement l'exploitation minière et le réaménagement de sites.

L'exploitation d'uranium par le groupe français Areva au Gabon est « controversée ». Les conséquences de cette exploitation à Mounana, depuis la cessation des activités d'Areva en 1999, sont vécues comme un traumatisme avant tout social, mais aussi environnemental et sanitaire[173]. Le site de Mounana a été réaménagé de 1999 à 2004. Ces réaménagements ont fait l'objet de contrôles de la part de l'AIEA.

Areva a repris fin 2008 des activités de prospection d'uranium dans le bassin du Francevillien[174].

Au Niger

La société opère au Niger à travers la société Areva NC Niger, filiale à 100 % d'Areva NC, qui coordonne les filiales du groupe, coentreprise entre la société française Areva NC et l'état nigérien : SOMAÏR, COMINAK et Imouraren SA.

En Namibie

Areva est présent en Namibie au travers de sa filiale Areva Resources Namibia, créée en 2007 pour exploiter le gisement de Trekkopje, situé à 70 km au nord-est de Swakopmund[175], dans la région désertique d'Erongo. Le gisement de Trekkopje, à faible teneur en uranium (environ 0,1 kg d'uranium par tonne de minerai extrait), couvre une surface d'environ 16 km sur km. Ce site exploitera le procédé de traitement du minerai à faible teneur par lixiviation en tas par voie alcaline.

Cependant, du fait de la baisse du marché de l'uranium, Areva a été contraint de reporter la mise en exploitation du gisement. Les installations font l'objet d'un programme de surveillance et de maintenance, pour assurer le redémarrage du projet lorsque les conditions de marché le permettront[176]. Areva s'est engagé à maintenir sa présence en Namibie et à mener des actions auprès des populations locales de la région d'Erongo (construction de classes, aménagement d'infrastructures…).

Pour alimenter son installation de traitement du minerai de Trekkopje, grosse consommatrice d'eau, Areva a construit la 1re usine de dessalement de l'eau de mer d'Afrique australe : l'EDP (Erongo Desalination Plant). Capable de produire jusqu'à 20 Mm3 d'eau potable par an grâce à une technologie d'ultrafiltration, cette usine approvisionnera en eau les activités d'Areva[177]. En attendant le redémarrage du projet Trekkopje, Areva a signé un contrat de distribution de l'eau avec la compagnie nationale des eaux Namibia Water Corporation Ltd (NamWater)[178].

En république démocratique du Congo

Le 26 mars 2009, Joseph Kabila a décidé de confier la relance de la filière uranium à Areva lors de la visite de Nicolas Sarkozy et Anne Lauvergeon[179]. Au sud du pays, la mine d'uranium de Shinkolobwe possède d'un gisement d'uranium qui est exploité clandestinement[180].

En Asie

Areva réalise 18 % de son chiffre d'affaires dans la zone Asie/Pacifique, qui regroupe 1 % de ses effectifs. Dans cette zone, Areva est présent essentiellement en Chine, en Inde et en Mongolie.

En Chine

Areva collabore avec la Chine depuis les années 1980. Fin 2012, le groupe est présent en Chine à travers 12 sites localisés à Pékin, Shanghaï, dans les provinces de Jiangsu, Sichuan et Guangdong. Le groupe emploie plus de 850 personnes en Chine[181] et souhaite saisir les opportunités offertes par l'accélération du programme nucléaire dans le pays[182].

Areva a contribué à la construction de neuf des onze centrales nucléaires en service à ce jour en Chine. Le groupe a en particulier construit les îlots nucléaires de Daya Bay (en service depuis 1993-1994) et de Ling Ao (en service depuis 2002), et a fourni des équipements pour les centrales de Qinshan, Tianwan et Hongyanhe.

Depuis 2004-2005, Areva a signé de nouveaux contrats en Chine, concernant la construction de quatre nouvelles centrales nucléaires (en particulier la réalisation de la phase 2 de Ling Ao II et de la phase 2 de Qinshan II).

En novembre 2007, Areva et China Guangdong Nuclear Power Company ont signé le plus grand contrat de l'histoire du nucléaire civil, d'une valeur de 8 milliards d'euros[183]. Ce contrat porte sur la construction de deux réacteurs de nouvelle génération EPR à Taishan (province du Guangdong) et sur l'ensemble des matières et services nécessaires à leur fonctionnement. Après la Finlande et la France, la Chine comptera donc les 3e et 4e EPR en construction dans le monde.

En avril 2013 à Pékin, en présence de Xi Jinping et de François Hollande, Areva a signé avec les entreprises CNNC et CGNPC une série d'accords-clés pour le développement du partenariat stratégique franco-chinois dans le nucléaire civil.

La collaboration d'Areva avec la Chine concerne également :

  • la fabrication et gestion des assemblages de combustible :
    • Areva a noué un partenariat avec la centrale de Yibin, appartenant à la CNNC (China National Nuclear Corporation). Le 1er programme de transfert de technologie date de 1991 avec la technologie d'assemblage de combustible AFA 2G (Advanced Fuel Assembly 2e génération)[184],
    • en 1998, un accord portant sur une nouvelle technologie du combustible a été signé pour prolonger la durée des cycles de combustible grâce à un assemblage de combustible plus performant, AFA 3G,
    • Areva a participé à la construction de la seconde ligne de fabrication d'assemblages de combustible de Chine à Baotou (Mongolie-Intérieure). En 2011, Areva a fourni à la Chine plus de 1 600 assemblages de combustible. Aujourd'hui, le groupe fournit la totalité des composants importés en Chine pour la fabrication des assemblages AFA 3G[185] ;
  • les services :
    • Areva et CNI-23 (China Nuclear Industry 23rd Construction Corporation) ont créé en 2003 la Shenzhen Nuclear Engineering (SNE). Cette coentreprise propose des prestations de services à l'ensemble du parc nucléaire chinois, en s'appuyant sur les compétences et la technologie du groupe Areva,
    • en juin 2011, Areva a créé avec CNPRI (China Nuclear Power Technology Research Institute) la coentreprise BRIC (Beijing-RIC), spécialisée dans la construction et la maintenance de l'instrumentation du cœur des réacteurs de centrales nucléaires chinoises de type CPR 1000[186] ;
  • les équipements :
    • en 2005, une coentreprise a été créée entre la filiale d'Areva Jeumont et Dongfang Electrical Machinery, pour fabriquer les pompes de réfrigérant des réacteurs,
    • en novembre 2010, Areva et CNNC ont lancé la création de la coentreprise à parts égales CAST (CNNC Areva Shanghai Tubing Co.), qui produira et commercialisera des tubes de zirconium pour la fabrication d'assemblages de combustibles[187] ;
  • le recyclage :
    • en novembre 2010, Areva et CNNC ont signé un accord industriel (dernière étape avant un contrat commercial) sur la coopération dans le domaine du traitement-recyclage des combustibles usés,
    • l'accord d'avril 2013 entre Areva et CNNC constitue un jalon décisif de la négociation en vue de la signature du futur contrat de vente de l'usine. Il couvre les spécifications techniques et l'organisation du projet ainsi que les responsabilités et le périmètre de travail de chaque partenaire. La future usine traiterait les combustibles nucléaires usés des centrales chinoises afin d'en récupérer les matières valorisables et de recycler celles-ci sous forme de combustible[188].

En décembre 2013, Areva a signé une série d'accords avec ses partenaires chinois, à l'occasion de la visite en Chine du Premier ministre Jean-Marc Ayrault[189] - [190] - [191] :

  • dans le cadre d'un consortium avec Siemens, un 1er accord porte sur la fourniture de systèmes de contrôle-commande à China Nuclear Power Engineering (filiale de CNNC), pour équiper 2 réacteurs de la centrale de Fuqing, dont les travaux commenceront en 2014 et 2015 ;
  • Areva et CNNC ont signé une lettre d'intention, pour la création d'une coentreprise qui doterait la Chine d'une usine de fabrication et de transformation d'alliages de zirconium. La société produirait jusqu'à 600 tonnes d'alliages de zirconium par an, en 2017 ;
  • Areva et CGN ont signé un accord de coopération, afin d'identifier les opportunités dans les domaines des énergies renouvelables (éolien offshore, biomasse, solaire à concentration thermique et stockage d'énergie).

Le 9 décembre 2017, New Areva et China National Nuclear Corporation (CNNC) signent à Pékin un protocole d'accord commercial dans le but de faire aboutir un projet d'usine chinoise de traitement et recyclage des combustibles usés. Cette usine d'une capacité de 800 tonnes sera bâtie sur le modèle des usines de La Hague et Melox[192].

Au Japon

Un des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi fonctionnait au combustible MOX, fourni par Areva[193].

À la suite de la catastrophe nucléaire survenue le 11 mars 2011 après un séisme survenu en mer, sur la côte pacifique de Tōhoku, Areva et Veolia décontaminent, dès avril 2011, 18 000 m3 sur les 110 000 m3 d'eau injectés dans la centrale pour la refroidir. Ils furent ensuite remplacés par Toshiba[194] - [195] - [196].

En 2013, Greenpeace annonce qu'Areva envoie à nouveau du combustible nucléaire MOX vers le Japon[197].

Le , Areva annonce son association avec le Japonais Atox (spécialiste de la maintenance des sites nucléaires) dans une coentreprise nommée Anadec, dont le but sera le démantèlement de cette centrale[198].

En Inde

Dès la réouverture du commerce nucléaire entre le pays et le reste du monde, Areva a conclu, fin décembre 2008, le premier contrat de fourniture d'uranium d'origine étrangère, signé avec le département à l'Énergie atomique indien. Cet accord porte sur la livraison de 300 tonnes d'uranium à l'électricien nucléaire indien Nuclear Power Corporation of India (NPCIL), destinées à alimenter ses réacteurs soumis aux contrôles de l'AIEA.

Areva envisage de fournir plusieurs réacteurs nucléaires à l'Inde. Un Memorandum of Understanding (MOU) a été signé à cet effet entre Areva et la NPCIL en février 2009,portant sur la construction de deux réacteurs EPR à Jaitapur en Inde (le site pouvant, à terme, accueillir 6 réacteurs), et sur la fourniture de combustible pendant toute la durée de vie de ces réacteurs.

Le 13 octobre 2010, Areva a remis une offre révisée à la société NPCIL (Nuclear Power Corporation of India Limited) pour la construction de ces 2 réacteurs EPR[199]. Le 6 décembre, ont été signés de nouveaux accords qui fixent[200], les conditions contractuelles, le schéma industriel pour la réalisation du projet, le partage des rôles et des responsabilités (Areva fournit les îlots nucléaires et les services associés) et le lancement de plusieurs partenariats entre Areva et l'industrie nucléaire indienne.

En 2011, la catastrophe de Fukushima a remis en question ce projet. L'opposition locale s'est renforcée. En 2013, en dépit des pressions exercées par le gouvernement indien, seulement 200 familles sur les 2 335 qui possèdent des terres autour de Jaitapur auraient accepté de vendre leurs terres. Toutefois début 2013, le ministre indien des Affaires Étrangères affirmait que les négociations, en vue de la construction d'une centrale dans le pays, étaient très avancées[201].

Dans le domaine de l'énergie solaire, Areva Solar, filiale d'Areva, a été sélectionné en avril 2012 par le groupe indien Reliance Power Limited pour la construction en Inde d'une installation d'énergie solaire à concentration de 250 MW, la plus grande d'Asie à ce jour. Le groupe construit ainsi deux centrales de 125 MW utilisant la technologie thermique solaire à concentration (CLFR)[202]. Fin 2013, la centrale produisait pour la 1re fois de la vapeur : une étape majeure avant une exploitation commerciale planifiée pour mars 2014[203].

Le 10 avril 2015, à l'occasion de la visite en France du premier ministre indien Narendra Modi, Areva a signé avec ses partenaires indiens (NPCIL et Larsen & Toubro) deux contrats pour des activités de préparation pour les EPR de Jaitapur[204].

En Mongolie

Areva emploie 130 salariés en Mongolie. Le groupe mène des opérations d'exploration minière depuis plus de 15 ans dans le pays, où il détient 25 licences d'exploration : 11 licences sur le bassin du Sainshand et 14 sur le bassin de Dariganga.

La Mongolie est parmi les 10 pays possédant les ressources en uranium les plus importantes. Le pays, dont le développement minier nourrit la croissance depuis le milieu des années 2000, veut placer l'uranium au cœur de sa politique d'indépendance[205]. L'État mongol a pour cela conclu des accords avec la France – et Areva en particulier − la Russie, la Chine, le Japon et l'Inde.

Fin 2009, un accord de coopération dans le secteur de l'énergie nucléaire a été signé entre Areva et l'État mongol[206].

Depuis février 2013, le Conseil Professionnel des Ressources Minérales auprès du Ministère des Mines a officiellement classé le gisement de Zoovch Ovoo, ressource stratégique, avec 60 000 tonnes d'uranium[207] - [208]. La zone est sous licence d'exploration jusqu'en 2015. Areva y mène des études géologiques pour confirmer la viabilité économique, technique et environnementale du projet et définir le procédé d'exploitation le mieux adapté. En octobre 2013, un accord a été signé pour créer la société Areva Mines LLC, détenue à 44 % par Areva, 22 % par Mitsubishi Corporation et 34 % par MON-ATOM, société publique nucléaire mongole[209]. Cette nouvelle société chapeautera tous les projets d'exploitation minière.

Orano a réalisé de juillet 2021 à décembre 2022 un test pilote sur site pour l'extraction d'uranium du gisement de Zuuvch Ovoo, en partenariat avec la société nationale mongole Mon-Atom. Emmanuel Macron appuie le projet de mine d'uranium lors de sa visite en Mongolie en mai 2023[210].

Au Kazakhstan

Depuis 1996, Areva exploite l'uranium du Kazakhstan via sa filiale KATCO avec l'entreprise Kazak Kazatomprom. En 2012, environ 40 % de l'uranium extrait par Areva provient du Kazakhstan.

En septembre 2011, Areva projette de faire entrer le groupe Kazatomprom au capital du projet de rénovation de l'Usine Areva Malvési, en contrepartie de la montée en régime des mines d'uranium d'Areva au Kazakhstan, devenu le premier producteur mondial d'uranium.

En 2014, Areva procède à un transfert de technologies concernant des lignes d'assemblage de combustible nucléaire dans l'usine métallurgique d'Oulba[211].

En Corée du Sud

En décembre 2017, New Areva et Korea Hydro & Nuclear Power (KHNP) annoncent la signature d'un accord important visant à renforcer leur coopération dans les domaines de l'assainissement et du démantèlement[212].

Organisation

Orano est une société anonyme de droit français à conseil d'administration. Son directeur général est Philippe Knoche.

Au [2],

Membres indépendants nommés par l'assemblée générale

  1. Claude Imauven président du conseil - mandat : nommé en 2017 ;
  2. Philippe Knoche - mandat : nommé en 2017 ;
  3. Anne-Sophie Le Lay - mandat : nommée en 2020 ;
  4. Patrick Pelata - mandat : nommé en 2018 ;
  5. Marie-Hélène Sartorius - mandat : nommée en 2017

Membres nommés par l'assemblée générale sur proposition de l'État

  1. Philippe Braidy - mandat : nommé en 2020 ;
  2. François Delattre - mandat : nommé en 2019 ;
  3. François Jacq - mandat : nommé en 2018 ;
  4. Cécile Sellier - mandat : nommé en 2020 ;
  5. Marie-Solange Tissier - mandat : nommé en 2017

Membres représentant l'État, nommés par arrêté ministériel

  1. Bruno Vincent - mandat : nommé le

Membres représentant les salariés désignés par les organisations syndicales

  1. Bernard Bastide - mandat : nommé en 2020;
  2. Alexia Dravet - mandat : nommé en 2017

Données financières

Le chiffre d'affaires a connu une très forte croissance, de 40%, entre 2006 et 2009, soit en seulement trois ans, en grande partie grâce à celui de la filiale Areva T&D, qui augmente sa part du marché mondial de l'interconnexion électrique, en pleine croissance, passant de 7% à 11%.

Paralèllement, le carnet de commandes fait plus que doubler pour atteindre 49,5 milliards d'euros en 2009 contre seulement 20,5 milliards d'euros en 2005. Cette double croissance des ventes et des commandes met l'entreprise face à une explosion du crédit fournisseurs qu'elle doit assurer à ses sous-traitants, et elle obtient des crédits bancaires pour y faire face, complétés par une progression de ses capitaux propres sous le double effet des bénéfices engrangées et de la vente d'actions en Bourse, où son cours a quasiment triplé. La dette financière passe ainsi de 2,1 milliards d'euros à 7,7 milliard d'euros.

En 2010, la cession de sa principale filiale, Areva Transmission et distribution, appelée aussi Areva T&D, fait chuter le carnet de commandes et s'effondrer les ventes tandis que le résultat d'exploitation passe brutalement de 501 millions d'euros à une perte d'exploitation de 423 millions d'euros. S'ajoute à cette évolution les provisions comptables pour dépréciations d'actifs passées pour le retard sur les chantiers EPR, significatives à partir de 2007 et qui augmentent progressivement.

Par ailleurs, la cession de la filiale Areva T&D, qui assurait près de la moitié des bénéfices déséquilibre le plan de financement d'Areva, qui a déjà été fragilisé par l'explosion du crédit fournisseur dans le sillage de celle du carnet de commandes entre 2005 et 2009, tandis que l'augmentation des capitaux propres a été réelle, mais freinée par des ventes d'actions sur le marché boursier en moins grand nombre que prévu par la direction du groupe.

La crise de la dette publique en Europe en 2011 et surtout la catastrophe de Fukushima de mars 2011 obligent à augmenter brutalement les provisions comptables pour dépréciations d'actifs et la perte d'exploitation approche de 2 milliards d'euros pour l'année 2011.

Ces provisions viennent amputer les capitaux propres qui étaient montés jusqu'à plus de 8 milliards d'euros en 2010, après que le 30 juin 2009, Areva ait annoncé qu'il allait cèder 15% du capital à de nouveaux partenaires et à ses salariés.

Données financières au 31 décembre
(en millions d'euros)
Années 2002 2003[213] 2004 2005[214] 2006[215] 2007[216] 2008[217] 2009 2010[218] 2011 2012[219] 2013[220] 2014[221] 2015 2016[222] 2017[222] 2018[223] 2019[224] 2020[2] 2021[5]
Chiffre d'affaires 8 265 8 255 11 109 10 125 ¹ 10 863 11 923 13 160 14 003 ³ 9 104 8 872 9 342 9 240 8 336 4 199 4 401 3 926 3 623 3 787 3 684 4 726
Résultat d'exploitation 180 342 640 551 407 751 417 501 −423 −1 866[225] 118[225] 415 −34
Résultat net part du groupe 240 389 451 1 049 ² 649 743 589 552 883 −2 503[225] −99[225] −494 −4 834 −2 038 −239 −252 −544 408 −70 678
Capitaux propres 4 020 4 113 4 928 6 362 6 722 6 994 6 547 6 648 8 664 5 448[225] 5 174[225] 5 082 4 982 −1 016 952 723 1 248 1 089 1 858
Dette financière 2 217 800 1 884 2 016 2 119 4 915 6 662 7 741 7 240 5 522[226] n.c. 6 176[227] 5 809 5 873 5 105 4 415 4 153 4 191 3 441
Carnet de commandes n.c. n.c. 19 820 20 569 25 627 39 834 48 246 49 438 44 204 45 558 45 369 41 521 46 866 33 573 30 788 31 789 29 944 26 994 25 800
(1) sans FCI, le pôle connectique vendu, soit +3,7 % en données comparables
(2) 451 M€ hors FCI (pôle connectique)
(3) 8 529 M€ hors T&D

Actionnariat

L'ouverture du capital d'Areva a été annoncée par le gouvernement français en 2003, puis reportée plusieurs fois[228], notamment au profit des privatisations de GDF et d'EDF. Fin octobre 2005, le premier ministre Dominique de Villepin a annoncé qu'il suspendait le processus[229].

Le 31 août 2007, Anne Lauvergeon a insisté sur la nécessaire évolution du capital pour financer le développement et le 30 juin 2009, Areva cède 15% du capital à de nouveaux partenaires et à ses salariés.

Plus tard, le 2 novembre 2015, face aux difficultés d'Areva, et lors de la visite de François Hollande à Pékin, l'État-actionnaire (à 86 %) décide un protocole d'accord entre Areva et le chinois CNNC, qui prévoit une prise de participation minoritaire, une coopération industrielle entre les deux groupes et un recentrage d'Areva sur le cycle du combustible[230].

Mais les discussions qui s'ensuivent n'aboutissent pas, et début 2017, l'assemblée générale d'Areva approuve l'entrée au capital des deux entreprises japonaises Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et Japan Nuclear Fuel Limited (JNFL) avec une prise de participation à hauteur de 5 % chacune, apportant au total 500 millions d'euros[231].

Au , une fois effective l'entrée au capital des deux investisseurs japonais, l'actionnariat du groupe Orano se répartit ainsi[232] :

  1. État français : 45,2 %;
  2. Areva SA : 40 %;
  3. JNFL (Japan Nuclear Fuel Limited) : 5 %;
  4. MHI (Mitsubishi Heavy Industries) : 5 %;
  5. CEA (commissariat à l'Énergie atomique et aux Énergies alternatives) : 4,8 %.

Au , l'actionnariat d'Orano est composé ainsi, après l'acquisition le par l'État des actions du CEA[2] :

  1. État français : 50 % + 1 action;
  2. Areva SA : 20 %;
  3. Caisse des dépôts : 10%;
  4. Natixis : 10%;
  5. JNFL (Japan Nuclear Fuel Limited) : 5 %;
  6. MHI (Mitsubishi Heavy Industries) : 5 %;
  7. CEA (commissariat à l'Énergie atomique et aux Énergies alternatives) : 1 action.

Le 12 février 2021, l'État français achète 4 % des titres à Areva[233]. En juillet 2021, l'État français acquiert une participation de 16 % auprès d'Areva[234] et de la Caisse des dépôts, pour 994 millions d'euros[235] - [236]. En septembre 2021, l'État français acquiert la participation restante d'Areva dans Orano de 9,4 % pour 563 millions d'euros[237] - [1].

Communication

Campagnes de publicité

Avec le slogan « Nous n'avons rien à vous cacher », Anne Lauvergeon instaure dès sa prise de fonction en 2001 une culture de communication grand public dans une structure plus habituée au secret[238], qui va néanmoins rapidement devenir une marque de fabrique du groupe.

En 2006, une campagne à l'échelle mondiale, « Experts en énergie », gérée par Euro RSCG C&O, et réalisée par le collectif français H5, s'est donné comme but de « renforcer la visibilité de la marque, de développer ses compétences et de montrer la cohérence de ses activités dans le domaine de l'énergie. » Cette campagne, illustrée par la célèbre chanson Funkytown, a été critiquée par les antinucléaires qui ont dénoncé « la contamination funky »[239].

En 2009, le slogan « L'énergie au sens propre » est suspendu puis retiré face à la contestation des écologistes[240] - [241].

Fin 2010, une nouvelle campagne publicitaire déferle sur les écrans avec le film L'épopée de l'énergie[242]. Diffusée en Europe et aux États-Unis pour un coût annoncé d'au moins 20 millions d'euros, elle provoque une nouvelle fois une critique virulente de nombreux anti-nucléaires et des promoteurs des économies d'énergie.

À partir de janvier 2011, le Réseau Sortir du nucléaire diffuse une campagne pour dénoncer la « propagande » d'Areva.

En octobre 2013, Areva lance une nouvelle campagne publicitaire : « L'avenir pour énergie ». Elle est déployée dans les médias français, en presse écrite et sur le web, et relayée sur les médias sociaux. Cette campagne se compose de 5 annonces des engagements du groupe (la sûreté, les énergies renouvelables, l'emploi, l'innovation et le développement à l'international) illustrés par des photographies industrielles, des faits et chiffres marquants. Ces annonces mettent en valeur des métiers et des expertises de collaborateurs Areva, se voulant « factuelle, authentique et fidèle à [leurs] métiers »[243]. À cette occasion, Areva a également changé son identité sonore.

Politique environnementale

En décembre 2017, New Areva renouvelle son engagement commun avec 90 autres entreprises en faveur du climat, le French business climate pledge, engagement qu'il avait signé initialement en 2015[244].

Sponsoring sportif

La dernière édition du Meeting Areva en 2015 au Stade de France à Paris.

Areva sponsorise des bateaux français à la Coupe de l'America : Défi Areva en 2003, Areva Challenge quatre ans plus tard. Une action de greenpeace est entreprise à Lorient en 2002 contre le bateau de l'équipe française de l'America's Cup, ce qui donna lieu à une plainte de la société propriétaire du Défi Areva contre les militants de Greenpeace dont l'embarcation avait heurté le voilier[245].

En Allemagne, Areva NP, dont le siège social allemand se trouve à Erlangen près de Nuremberg, est le principal sponsor du club de football de première division 1. FC Nürnberg de 2008[246] à 2012. Le contrat, signé en 2008[247], court jusqu'à la saison 2011/2012. Cependant, après les accidents nucléaires de Fukushima, des protestations de supporteurs et de groupes écologistes remettent en cause le contrat liant le club à l'entreprise[248] - [249]. Le contrat achevé, Areva se concentre alors sur l'athlétisme[250].

En 2009, le groupe Areva se lance dans le programme « Athlenergy » et devient jusqu'en 2015 le sponsor de la Fédération Française d'Athlétisme et le partenaire officiel du Meeting Diamond League de Paris Saint-Denis (athlétisme), appelé « Meeting Areva »[251].

Areva structure son dispositif autour du Meeting Areva, mais aussi aux côtés de l'équipe de France d'athlétisme qui porte les couleurs du groupe lors des compétitions nationales et internationales.

Areva sponsorise également des événements de courses à pied :

Le groupe a également sous contrat l'image de certains athlètes, composé de « têtes d'affiches » ainsi que de jeunes espoirs. Pour l'année 2013, ces athlètes sont le sprinteur Jimmy Vicaut, l'heptathlonienne Antoinette Nana Djimou[252] et le groupe d'entraînement du Montpellier Décathlon Elite (notamment avec Romain Barras et Kévin Mayer). Ce partenariat se poursuit jusqu'en 2016[253].

Affaires diverses

  • Le , la Commission européenne condamne Areva et neuf autres fabricants d'appareillages de commutation à isolation gazeuse (en) pour entente illicite (de 1988 à 2004). Areva est condamnée à verser une amende de 53,5 millions d'euros au budget européen[254].
  • En , Alain-Pierre Raynaud (ancien directeur financier d'Areva) est mis en examen dans la même affaire pour « complicité de présentation et publication de comptes inexacts et diffusion de fausses informations »[256]. En , Anne Lauvergeon et Sébastien de Montessus (ancien directeur des activités minières d'Areva) sont également mis en examen pour entrave aux missions des commissaires aux comptes[257].
  • Orano obtient en juillet 2019 l'autorisation des autorités du Kazakhstan de raser 366 hectares dans une « zone forestière » protégée du désert de Muyunkum, boisée d'un arbre en disparition, le saxaoul, afin d'exploiter un gisement d'uranium. L'autorisation est obtenue à la suite d'une visite du ministre de l'Économie Bruno Le Maire qui a permis, selon les sources au gouvernement français du Figaro, de faire signer et publier ce décret en réglant des « tracasseries administratives »[258].
  • Le 11 décembre 2012, l'Observatoire du nucléaire accuse Areva de corruption[259]. S'estimant diffamée, Areva l'assigne en justice[260] et Stéphane Lhomme, président de l'Observatoire est condamné pour diffamation le 7 février 2014 par le Tribunal correctionnel de Paris, qui a ordonné le retrait des propos litigieux du site internet [261]. Stéphane Lhomme fait appel et le 21 janvier 2015, Areva est finalement déboutée par la Cour d'appel de Paris[262].
  • Le , le parquet national financier a ouvert une information judiciaire pour « corruption d'agent public étranger, corruption privée, association de malfaiteurs, abus de biens sociaux, abus de confiance et blanchiment en bande organisée de ces délits » dans l'affaire de courtage d'uranium nigérien, appelée Uraniumgate, qui a causé d'importantes pertes à Areva[263].

Affaire Maureen Kearney

Sorti au cinéma en mars 2023, le film La Syndicaliste de Jean-Paul Salomé d'après le livre-enquête de Caroline Michel-Aguirre, chef du service investigation à L'Obs, raconte histoire des violences subies par Maureen Kearney, secrétaire du comité de groupe d'Areva [264]. Isabelle Huppert interprète le rôle de Maureen Kearney[265].

En décembre 2012, Maureen Kearney, syndicaliste CFDT et secrétaire du comité de groupe européen d'Areva, dénonce un accord secret signé entre EDF, Areva et CGNPC (opérateur nucléaire chinois) qui permet des transferts de technologie nucléaire[266] et menace l'avenir d'Areva.

Avec toute l'intersyndicale d'Areva, elle mène l'opposition à cet accord, alerte les politiques et les médias et obtient que le ministre de l'économie Arnaud Montebourg commande une enquête à l'Inspection des finances, puis obtient un rendez-vous avec le président François Hollande.

Juste après, elle est victime le 17 décembre 2012 dans sa maison d'un viol avec un manche de couteau, ligotée à une chaise, bâillonnée, et victime d'actes de barbarie et de menaces, avec un « A » scarifié sur le ventre. Les prélèvements ADN effectués sur la scène de crime disparaissent, ainsi que les relevés d'appels téléphoniques prouvant les menaces téléphoniques dont elle venait aussi d'être victime. Mise en garde à vue sans motif, menacée et intoxiquée sur le fait que son mari aurait témoigné contre elle, la syndicaliste avoue sous la pression « avoir inventé son agression », puis se rétracte rapidement, mais n'obtient pas de rendez-vous avec la juge d'instruction et se voit condamnée en première instance[267].

Avec l'aide du syndicat CFDT, elle change d'avocat et décide de faire appel, ses défenseurs et retrouvant la trace des relevés d'appels téléphoniques et obtenant la preuve que prélèvements ADN effectués sur la scène de crime ne sont toujours pas disponibles. Ils prouvent aussi que la provenance de ses empreintes digitales n'étaient pas ses liens, contrairement aux affirmations erronées des enquêteurs, et qu'il lui était de toute façon impossible de se ligoter elle-même compte tenu de sa rupture de ligament à l'épaule droite, alors qu'elle est droitière. En 2018, la cour d'appel l'acquitte et dénonce l'erreur judiciaire précédente ainsi que les multiples manquements des enquêteurs[268]. L'article de Libération évoque alors "l'accord de coopération secret paraphé le 19 octobre par le PDG d'Areva, Luc Oursel, celui d'EDF, Henri Proglio, et leur homologue de l'électricien chinois CGNPC, sur la conception d'un nouveau réacteur", texte "tellement confidentiel que sa signature, dévoilée quatre jours plus tard par le quotidien économique Les Echos, n'avait fait l'objet d'aucune annonce officielle"[269]. Selon lui, "les syndicalistes redoutent des transferts de technologies, - mais aussi de charges de travail industrielles - vers la Chine" car "les précédentes versions de l'accord, dévoilées par la presse, étaient très défavorables à Areva"[269].

Le 20 novembre 2012, le comité de groupe européen (CGE) avait voté à l'unanimité une résolution demandant le texte de cet accord et menacé en cas de refus, "d'ici au 23 novembre", d'assigner la direction d'Areva en référé pour «délit d'entrave» devant le tribunal de grande instance de Paris[269]. «Il y avait une ambiance d'intimidation envers elle de la part de la direction d'Areva, en particulier une volonté de l'isoler » vis-à-vis de ses collègues, révèle l'avocat du comité de groupe européen, Rachid Brihi[269]. Selon Areva, le journal a laissé entendre par « des raccourcis et des parallèles douteux qu'Areva pourrait avoir une quelconque responsabilité dans l'agression de l'une de ses salariés», visiblement sans connaitre la jurisprudence de la diffamation, notamment dans un article d'analyse[62] évoquant un "soupçon qu'EDF veut brader le savoir-faire tricolore aux Chinois" et posant une question: "Maureen Kearney a-t-elle payé le fait de s'intéresser de trop près à l'accord secret conclu en octobre entre EDF, Areva et la Chine ?" [62].

Selon Clémentine Autain, députée de La France insoumise, et les députés signataires de la proposition de résolution, la sortie en salle le mercredi 1er mars 2023 du film de Jean-Paul Salomé, «La syndicaliste», relance les interrogations sur ce qui ressemble à un scandale d'État. ils demandent « la création d'une commission d'enquête parlementaire relative à « l'affaire Maureen Kearney » et ses implications en matière de fonctionnement de nos institutions, de nos principes démocratiques et de notre souveraineté industrielle »[270] - [271].

Coopération avec la Russie

En 2005, Areva (devenue Orano) s'engage à aider Rosatom en lui livrant une première unité industrielle de défluoration (séparation de l'acide fluorhydrique de l'uranium appauvri issu du procédé d'enrichissement pour le reconditionner sous une forme solide et stable ; pour un futur éventuel usage comme combustible nucléaires[272].

Fin 2019, en présence de Bruno Le Maire (Ministre de l'Economie et des Finances) Orano annonce à Moscou, la signature d'un contrat de 40 millions d'euros avec ECP, filiale Rosatom pour la participation à la construction d'une usine d'uranium appauvri à construire à Zelenogorsk en Russie, Orano fournissant à horizon 2022 les équipements de défluoration d'uranium appauvri, ainsi qu'une prestation d'assistance technique pour l'installation des équipements, et la mise en route de l'usine[272]. Selon Orano, ce contrat vient « consolider la relation de confiance établie entre nos équipes et celles de Rosatom » et devrait mobiliser une vingtaine d'ingénieurs dans le groupe et une partie du réseau de sous-traitants historiques d'Areva/Orano en France « pour la fabrication des pièces afin de garantir la qualité, la performance et la maîtrise des coûts »[272].

Dans une résolution du 1er mars 2022 à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022, le Parlement européen « invite les États membres à mettre un terme à toute collaboration avec la Russie dans le domaine nucléaire, en particulier avec Rosatom et ses filiales »[273].

L'invasion de l'Ukraine par la Russie pose la question de l'avenir de la filière du retraitement du combustible usagé des centrales nucleaires françaises. L'installation de conversion, seule usine au monde capable de recycler l'uranium déchargé des réacteurs nucléaires français, est située à Seversk, dans la région de Tomsk, en Sibérie, qui appartient au groupe russe Rosatom. Orano a continué à y envoyer de l'uranium usagé jusqu'en octobre 2022. Les stocks s'accumulent en France, pour environ 33 000 tonnes. En l'absence de retraitement, l'uranium issu des combustibles usés devrait être considéré comme un déchet supplémentaire à gérer[274] - [275] - [276].

Pour diminuer la dépendance des énergéticiens électriques occidentaux à l'enrichissement de l'uranium par la Russie pour leurs combustibles nécessaires à leurs réacteurs nucléaires dont un tiers des approvisionnements est assuré par Rosatom, Orano veut lancer au plus vite l'extension de son usine d'enrichissement de l'uranium au Tricastin (Drôme), afin d'augmenter de 30 % ses capacités de production d'ici 2030. Orano représente 12 % de parts de marché mondial de l'enrichissement et 60 clients dans le monde[277] - [278].

Pollutions et fuites

Fuite d'uranium au Tricastin

Le 26 novembre 2013, à la suite du rejet de la Cour de cassation, Areva-Socatri a été définitivement condamnée pour pollution des eaux à la suite de l'importante fuite d'uranium survenue en juillet 2008 à l'usine Socatri sur le Site nucléaire du Tricastin[279].

Pollution à l'américium et au plutonium à La Hague

L'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO) relève en octobre 2016 une pollution radioactive liée à la présence d'américium-241 près de l'usine Areva de La Hague. Cette pollution est confirmée par l'entreprise en janvier 2017. L'analyse des échantillons par l'Institut de radiophysique du centre hospitalier universitaire de Lausanne révèle également une pollution au plutonium. Areva exclut « un risque sanitaire pour l'homme »[280].

Mines d'uranium au Niger

La Compagnie minière d'Akouta (Cominak), a poursuivi l'exploitation de 1978 à 2021 de la mine d'uranium d'Akouta près d'Arlit. Elle a produit 75 000 tonnes d'uranium et a fermé à la suite de l'épuisement de ses réserves. Les « résidus radioactifs » issus de l'extraction de l'uranium inquiètent ONG et riverains. Le chantier de sécurisation porte sur les 20 millions de tonnes de déchets de roches et résidus de minerais. Les montagnes de déchets s'étendent sur 120 hectares. Le réaménagement, d'un coût de 150 millions d'euros doit durer dix ans, suivis par au moins cinq ans de surveillance environnementale. Le but est de restituer un « site sûr, sain et non polluant »[281] - [282].

Activité de lobbying

Auprès de l'Assemblée nationale

Areva est inscrit comme représentant d'intérêts auprès de l'Assemblée nationale. L'entreprise déclare à ce titre qu'en 2015, les coûts annuels liés aux activités directes de représentation d'intérêts auprès du Parlement sont compris entre 50 000 et 100 000 euros[283]. En 2017, elle déclare 250 000 euros de dépenses de lobbying en France[284].

Auprès des institutions de l'Union Européenne

Areva est inscrit depuis 2009 au registre de transparence des représentants d'intérêts auprès de la Commission européenne. Elle déclare en 2016 pour cette activité cinq collaborateurs à temps plein et des dépenses d'un montant compris entre 600 000 et 700 000 euros[285].

Aux États-Unis

Selon le Center for Responsive Politics, les dépenses de lobbying d'Orano aux États-Unis s'élèvent en 2022 à 370 000 dollars. Elles ont culminé en 2007 à 1 887 000 dollars [286].

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Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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