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Transport du combustible nucléaire

Le transport du combustible nucléaire correspond aux opérations de transfert de matières radioactives entre les différentes installations de l'industrie nucléaire, soit schématiquement :

Transport de déchets radioactifs aux États-Unis.

Réglementation liée au transport

La réglementation applicable au transport de matières radioactives est définie au niveau international, contrairement à la réglementation de la sûreté des installations nucléaires qui est définie au niveau national. Pour la sûreté du transport, des règles de base ont été élaborées par l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Ces règles sont reprises dans des règlementations, conventions... mondiales qui concernent toutes les matières dangereuses: la classe 7 pour les matières radioactives n'est qu'une classe parmi neuf. La règlementation diffère donc selon le mode de transport utilisé : terrestre (chemin de fer, route ou voie de navigation intérieure), maritime ou aérien, qui restent très généralement compatibles entre elles. Le transport routier, par exemple, est régi par la convention européenne ADR. Des Arrêtés rendent les conventions modales applicables en France.

En France, l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) est l'organisme compétent pour la sûreté du transport des matières radioactives. Le transport est sécurisé en priorité par la robustesse des emballages, mais aussi par la fiabilité des convois, par des équipements spéciaux sur les véhicules, et enfin par l’efficacité de l'intervention en cas d'accident.

Conteneur « Castor » à la gare de Bâle en 2011.

Les emballages de transport de matières radioactives sont parfois appelĂ©s « châteaux » en France ; en Allemagne, on emploie le terme « Castor » qui est une marque commerciale allemande, dont le terme correspond Ă  cask for storage and transport of radioactive material, soit « conteneur de stockage et de transport de matĂ©riaux radioactifs ». Ils rĂ©pondent Ă  la double contrainte des normes de radioprotection de l'AIEA : contenir la matière radioactive en cas d'accident (rĂ©sistance mĂ©canique Ă  une chute d'une hauteur de 9 mètres, feux jusqu'Ă  800 °C et immersion Ă  une profondeur de 15 mètres), et attĂ©nuer le rayonnement Ă©mis par les produits transportĂ©s (pas plus de deux millisieverts par heure (mSv/h) au contact de l'emballage et 0,1 mSv/h Ă  deux mètres de la paroi[1]).

À la réglementation de sûreté précitée s'ajoute la réglementation sur la sécurité nucléaire. Un document de l'AIEA, l'INFCIRC 225 révision 5, définit les matières nucléaires (avec des seuils de quantité) à protéger contre tout détournement, et les dispositions à prendre. Ce texte est rendu applicable par les réglementations nationales. En France, c'est le département de la sécurité nucléaire qui autorise, par délégation du ministre chargé de l’Énergie (MEEM), le transport de ces matières nucléaires.

Transport des matières radioactives en France

Wagon de combustible nucléaire pour la centrale de Penly.

En France, environ 900 000 colis de matières radioactives sont transportĂ©s tous les ans[2] dont 85 % ne concernent pas le cycle du combustible nuclĂ©aire : ce sont des matières Ă  usage mĂ©dical, pharmaceutique ou industriel. L'institut de Radioprotection et de SĂ»retĂ© NuclĂ©aire (IRSN) donne des chiffres voisins.

Le combustible nucléaire concerne environ 640 transports par an (300 pour le combustible neuf, 250 pour le combustible irradié, 30 pour le combustible MOX et 60 pour la poudre d'oxyde de plutonium).

En 2005, sur l'ensemble des transports de matières radioactives (300 000 colis), l'ASN dĂ©nombre 48 incidents classĂ©s au niveau 0 (41 Ă©vĂ©nements) ou au niveau 1 (7 Ă©vĂ©nements) de l'Ă©chelle INES[3]. Ces incidents concernent essentiellement les transports des sources Ă  usage mĂ©dical.

En 2005, deux transports liés au cycle du combustible nucléaire ont fait l'objet d'un avis d'émission de l'ASN pour un incident classé au niveau 1 de l'échelle INES[4] - [5]. Ces incidents n'ont eu aucun impact sur le personnel, le public ou l'environnement.

En 2006, un seul événement ayant fait l'objet d'un avis de l'ASN concerne un transport de combustible nucléaire. Il s'agit d'un déraillement partiel à très faible vitesse d'un wagon portant un emballage contenant du combustible irradié[6]. Le colis de combustible n'a subi aucun mouvement particulier. L'intervention d'une équipe de la SNCF sous le contrôle d'une équipe de l'ASN a permis de remédier à la situation le lendemain du déraillement. Au cours du dépannage, « le cheminot le plus exposé a reçu une dose de rayonnement inférieure à 1 % de la dose moyenne reçue annuellement par chaque Français »[7].

Avant 1999, l'échelle INES n'était pas appliquée pour les transports de matières radioactives. Les événements les plus marquants sont[8] :

  • / Mer du Nord : naufrage du cargo Montlouis transportant des conteneurs d'hexafluorure d'uranium près des cĂ´tes belges. Tous les conteneurs ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s. Des dĂ©fauts d'Ă©tanchĂ©itĂ© ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s sur quelques conteneurs, entraĂ®nant la dilution dans la mer de quelques kilogrammes d'hexafluorure d'uranium ;
  • / Lailly-en-Val : accident d'un camion transportant un colis contenant des combustibles irradiĂ©s. La remorque a Ă©tĂ© dĂ©portĂ©e dans le fossĂ© ; le colis a basculĂ© et s'est enlisĂ© partiellement dans le sol très meuble du bas-cĂ´tĂ©. Le colis a Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ© après une trentaine d'heures. La chute n'a pas affectĂ© l'Ă©tanchĂ©itĂ© du colis et n'a pas occasionnĂ© de dommages ;
  • / Port de Cherbourg : rupture d'un engin de levage et chute d'un colis contenant des combustibles irradiĂ©s sur un navire Ă  quai. Seuls des dommages superficiels ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s sans consĂ©quence radiologique ;
  • / Port du Havre : dĂ©crochage d'un colis d'hexafluorure d'uranium suspendu Ă  un engin de levage, et chute du colis sur un autre colis encore dans la cale du navire Ă  quai. Les colis ont subi quelques dĂ©formations sans consĂ©quence sur le confinement de la matière. Leur acheminement a pu se poursuivre après expertise de l'IRSN ;
  • / Gare d'Apach (frontière franco-allemande) : dĂ©raillement d'un convoi de trois wagons transportant des colis de combustibles irradiĂ©s en provenance d'Allemagne. Seuls la voie et les essieux et tampons d'un wagon ont Ă©tĂ© endommagĂ©s ;
  • printemps 1998 / Valognes (Manche) : de nombreux cas de contamination supĂ©rieure aux normes ont Ă©tĂ© mis en Ă©vidence sur des emballages et des wagons de transport de combustibles irradiĂ©s provenant de centrales nuclĂ©aires et destinĂ©s Ă  l'usine de retraitement de la Hague. Les doses, dues Ă  la contamination pour les travailleurs et la population, sont restĂ©es infĂ©rieures Ă  1 mSv, mĂŞme pour des scĂ©narios très pessimistes d'exposition. NĂ©anmoins, des mĂ©thodes plus rigoureuses de dĂ©contamination et de contrĂ´le ont Ă©tĂ© mises en Ĺ“uvre dans les centrales nuclĂ©aires, pour Ă©viter de tels dĂ©passements des normes de contamination.

Opposition aux transports de matières nucléaires

Les transports de combustible nucléaire sont vivement critiqués par des associations antinucléaires.

En Allemagne, des organismes antinucléaires[9] ont organisé plusieurs manifestations d'opposition aux trains de déchets nucléaires vers le site d'enfouissement de Gorleben sous le slogan « stop castors » (les castors étant les conteneurs transportant les déchets nucléaires). Il remplace le site de la mine d'Asse, ancienne mine de sel qui pose actuellement des problèmes de fuites.

L'association Wise-Paris dénonce le transport de plutonium américain et les problèmes de sûreté et de sécurité qu'il suscite[10].

2004 : Mort de SĂ©bastien Briat

SĂ©bastien Briat
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  22 ans)
Avricourt
Nationalité
Activité
Conservationniste
Autres informations
Membre de

Originaire de Louppy-sur-Chée aux environs de Bar-le-Duc[11], Sébastien Briat était un militant antinucléaire[12], membre de la Confédération nationale du travail (anarcho-syndicaliste)[13] - [14] - [15].

Le , il meurt, à l'âge de 22 ans, à Avricourt (Moselle) après avoir été percuté et écrasé par un train « Castor » acheminant douze containers de déchets nucléaires de La Hague, en France, jusqu’à Gorleben (Basse-Saxe), en Allemagne du Nord[16] - [17] - [18] - [19].

Selon le New York Times, SĂ©bastien Briat est surpris par le train alors qu'il se prĂ©parait Ă  s’enchaĂ®ner aux rails[20]. Au moins 4 500 personnes participent aux manifestations contre ce convoi. Le conducteur du train freine dès qu'il aperçoit SĂ©bastien Briat et une dizaine de manifestants[21], mais il n'arrive pas Ă  stopper le train Ă  temps.

2006 Ă  nos jours

  • Le , un train de dĂ©chets est stoppĂ© durant deux heures près de Serqueux par des militants dieppois[22].
  • en , un train d'uranium est bloquĂ© Ă  la sortie de l'usine de MalvĂ©si[24].
  • Le , un train d'uranium est bloquĂ© par des antinuclĂ©aires en Allemagne [25].

Voir aussi

Articles connexes

Références

  1. Les convois nucléaires sont conçus pour atténuer les radiations et résister aux accidents, Le Monde, 5 novembre 2010.
  2. Transports de matières radioactives - Dossier sur le site internet de l'ASN
  3. La sûreté des transports de matières radioactives / Les événements liés au transport de matières radioactives - Dossier sur le site internet de l'ASN
  4. Expédition non réglementaire d'un colis de matière radioactive sur le site internet de l'ASN
  5. « Découverte d'un point de contamination surfacique dépassant les valeurs de la réglementation sur une remorque routière au terminal ferroviaire de la Ferté-Saint-Aubin », sur Autorité de sûreté nucléaire (consulté le ).
  6. Évènement concernant un transport de combustible nucléaire irradié à La Ferté St-Aubin (Loiret) le 30 août 2006, Autorité de sûreté nucléaire.
  7. En France, la dose annuelle moyenne correspond pour 70 % à l'exposition naturelle (radon, rayonnements terrestres et cosmiques, eau et aliments) et pour 30 % à l'exposition artificielle (28,5 % pour le médical, 1,5 % pour l'industrie électronucléaire, la recherche ou les essais nucléaires militaires). Voir « la fiche d'information »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Autorité de sûreté nucléaire, p. 4.
  8. Transports de matières radioactives / Les incidents et accidents sur le site de l'IRSN
  9. Greenpeace
  10. Rapport de Wise-Paris [PDF]
  11. Thomas Calinon, Dernier hommage à Sébastien Briat, Libération, 10 novembre 2004, texte intégral.
  12. David Dufresne, Tarnac, Magasin général, Éditions Calmann-Levy, (ISBN 978-2-7021-4212-7), lire en ligne.
  13. Confédération Nationale de Travail, En mémoire de notre camarade Sébastien Briat, Paris, 9 novembre 2004, texte intégral.
  14. Alain Gerbault, Les antinucléaires, un lobby à quatre voies, Slate.fr, 19 mais 2011, texte intégral.
  15. L'Éphéméride anarchiste, Mort de Sébastien Briat, 7 novembre 2004, texte intégral.
  16. Hervé Kempf, Un nouveau convoi de déchets hautement radioactifs a quitté la France pour l'Allemagne, Le Monde, 21 novembre 2005, lire en ligne
  17. Antoine Jacob, Mobilisation autour d'un train de déchets radioactifs, Le Monde, 14 novembre 2006, lire en ligne
  18. Revue de presse sur la mort de SĂ©bastien Briat sur dissident-media.org en 2006.
  19. (en) Cutler J. Cleveland, Christopher G. Morris, Handbook of Energy, Chronologies, Top Ten Lists, and Word Clouds, Elsevier Science, 2014, (ISBN 9780124170131), page 743.
  20. Train Kills French Nuclear Protester, The New York Times, 8 novembre 2004, texte intégral.
  21. (en) Amelia Gentleman, Fatality fuels anti-nuclear protest, The Guardian, 10 novembre 2004, texte intégral.
  22. Article des Infos Dieppoises
  23. Narbonne : les antinucléaires bloquent un camion d'uranium, Midi Libre, 12/09/2013
  24. Un train d'uranium bloqué à Narbonne par des militants anti-nucléaires, France Bleu, 15/04/2017
  25. Un train d’uranium à destination de Narbonne bloqué en Allemagne, 1/09/2018
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