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Fluoration (chimie)

La fluoration est une rĂ©action chimique d'halogĂ©nation qui ajoute un ou plusieurs atomes de fluor sur une molĂ©cule. Cette rĂ©action peut ĂȘtre une addition pour les alcĂšnes ou une substitution pour les alcanes ou les composĂ©s aromatiques.

Plusieurs voies de synthĂšse existent pour la fluoration :

Substitution radicalaire

La substitution radicalaire est composée de trois étapes : amorçage, propagation et terminaison. Le difluor forme facilement des radicaux : l'énergie de dissociation homolytique est de 37 kJ/mol[1]. Ceci permet un amorçage facile de radicaux via activation UV ou par la chaleur. L'étape de propagation est composée de deux parties :

  • rĂ©action entre un radical fluorĂ© et un hydrogĂšne de la molĂ©cule Ă  fluorer ;
  • rĂ©action entre le radical aliphatique et une molĂ©cule de difluor.

Ces deux rĂ©actions sont fortement exothermiques dans le cas de la fluoration (respectivement −30 kJ/mol et −73 kJ/mol[1]).

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2)

Cette forte exothermicité rend la réaction explosive et difficile à contrÎler. Pour réduire les risques, le difluor est dilué dans des gaz inertes comme le diazote ou le gaz carbonique, le substrat organique dilué dans un solvant ou la température de réaction abaissée[2]. De plus, cette forte réactivité se traduit par une faible sélectivité de la fluoration.

Ce procédé est utilisé à l'échelle industrielle pour produire le fluorouracile[3].

Substitution nucléophile

Avec oxydation

En utilisant des fluorures mĂ©talliques, tels le trifluorure de cobalt ou le difluorure d'argent, le transfert d'un fluor s'effectue de maniĂšre moins rĂ©active. Le complexe mĂ©tallique peut ĂȘtre rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© aprĂšs rĂ©action avec du difluor[2].

1)
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Ce procédé est utilisé tant pour fluorer des composés aliphatiques qu'aromatiques[3].

Sans oxydation

Ce procédé consiste à substituer un chlore déjà présent sur la molécule par un fluor à l'aide de fluorure d'hydrogÚne. La réaction peut avoir lieu en phase liquide ou gazeuse avec ou sans catalyseur[2]. Pour la phase liquide, les catalyseurs les plus fréquents sont le pentachlorure d'antimoine[3] alors qu'en phase gazeuse, les fluorures métalliques tels le fluorure d'aluminium sont utilisés.

Ce procĂ©dĂ© est utilisĂ© pour fluorer les composĂ©s aromatiques (et dans ce cas est parfois connu sous le nom de fluoration Halex) qui doivent ĂȘtre toutefois activĂ©s Ă  l'aide d'autres groupes fonctionnels et avec comme source de fluor des fluorures alcalins tels que le fluorure de potassium ou le fluorure de sodium[3]. Le fluorure de cĂ©sium est le plus rĂ©actif, mais dangereux Ă  l'Ă©chelle industrielle et le fluorure de rubidium trop cher et peu disponible[3].

Addition Ă©lectrophile

L'addition de fluor sur des alcÚnes et des alcynes se fait à l'aide de fluorure d'hydrogÚne. La réaction a lieu à basses températures sauf pour l'éthylÚne ou l'acétylÚne qui a lieu à 90 °C[2].

Fluoration Ă©lectrochimique

Deux procédés électrochimiques ont été développés pour la fluoration de composés organiques : le procédé Simons et le procédé CAVE-Phillips.

Procédé Simons

Le procĂ©dĂ© Simons a Ă©tĂ© inventĂ© par le chimiste amĂ©ricain Joseph Simons et brevetĂ© en 1946 par l'entreprise 3M[3]. Les rĂ©actifs organiques sont dissous dans le fluorure d'hydrogĂšne anhydre. La rĂ©action de fluoration a lieu Ă  l'anode en nickel de la cellule Ă©lectrochimique. En principe, tous les hydrogĂšnes sont substituables par le fluor et toutes les liaisons multiples carbone-carbone peuvent ĂȘtre saturĂ©es. Des coproduits tel l'hydrogĂšne formĂ© Ă  la cathode sont Ă©vacuĂ©s sous forme gazeuse et condensĂ©s. Les produits fluorĂ©s sont en gĂ©nĂ©ral insolubles dans le solvant et sont rĂ©cupĂ©rĂ©s au fond de la cellule[3]. Ce procĂ©dĂ© est utilisĂ© principalement pour la synthĂšse de composĂ©s complĂštement fluorĂ©s[3].

Procédé CAVE-Phillips

Ce procédé fut inventé et développé par l'entreprise Phillips Petroleum et fut désigné par l'entreprise 3M sous le nom de CAVE (Carbon Anode Vapor phase Electrochemical fluorination, fluoration électrochimique en phase gazeuse par anode de carbone)[3].

L'Ă©lectrolyte est constituĂ© d'un mĂ©lange de bifluorure de potassium et de fluorure d'hydrogĂšne qui forme un composĂ© KF‱2 HF. L'ensemble de la cellule en acier est utilisĂ© comme cathode alors que l'anode est formĂ©e de carbone amorphe non-graphitique. La cellule est alimentĂ©e en fluorure d'hydrogĂšne et en rĂ©actif sous forme gazeuse ou facilement volatil et les produits ainsi que l'hydrogĂšne sont Ă©vacuĂ©s sous forme de gaz. Les produits sont un mĂ©lange de composĂ©s fluorĂ©s Ă  divers degrĂ©s[3].

L'électrolyte ne mouillant pas l'anode, c'est par la formation de fluor élémentaire et par un mécanisme radicalaire que la réaction a lieu[3].

Diazotation

RĂ©action de Balz-Schiemann

La réaction de Balz-Schiemann a été la premiÚre méthode utilisée pour l'introduction d'un fluor sur un cycle aromatique. Toutefois, elle nécessite un excellent contrÎle du procédé et n'a été que tardivement utilisée à l'échelle industrielle[3].

Cette synthÚse se déroule en deux étapes :

  • formation d'un sel tĂ©trafluoroborate d'arĂšnediazonium Ă  partir d'une amine aromatique ;
  • dĂ©composition du sel pour donner le fluorure aromatique.
1 : aniline, 2 : tétrafluoroborate de benzÚnediazonium, 3 : fluorobenzÚne.

HF diazotation - dédiazoniation

La réaction de Balz-Schiemann a été testée avec plusieurs contre-ions en lieu et place du tétrafluoroborate : fluorure, hexafluorophosphate, hexafluoroantimonate, hexafluorosilicate ou hexafluoroarsonate. Seul le fluorure a conduit à une application industrielle[3].

La diazotation se fait à l'aide de fluorure de nitrosyle généré in situ par réaction entre le fluorure d'hydrogÚne et le nitrite de sodium. Le fluorure de nitrosyle réagit avec l'amine aromatique pour former le sel fluorure d'arÚnediazonium. La décomposition finale donne le fluorobenzÚne avec dégagement de diazote[3].

1)

2)

3)

L'avantage de cette voie de synthÚse sur la réaction de Balz-Schiemann est qu'il n'y a pas de besoin d'isoler le sel intermédiaire et que la décomposition ne produit pas de trifluorure de bore qu'il faut récupérer[3].

Notes et références

  1. (en) K. Peter C. Vollhardt et Neil E. Shore, Organic chemistry, New York, W. H. Freeman, , 2e Ă©d., 1156 p. (ISBN 978-0-7167-2010-2), p. 85
  2. (en) GĂŒnter Siegemund, Werner Schwertfeger, Andrew Feiring, Bruce Smart, Fred Behr, Herward Vogel, Blaine McKusick, Fluorine Compounds, Organic, Wiley-VCH Verlag, coll. « Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry »,
  3. (en) R. E. Banks, B. E. Smart et J. C. Tatlow, Organofluorine Chemistry : Principles and Commercial Applications, New York, Plenum Press, , 644 p. (ISBN 0-306-44610-3)

Voir aussi

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