Parquet national financier
Le parquet national financier (PNF) est une institution judiciaire française créée en et chargée de traquer la grande délinquance économique et financiÚre. Depuis son installation, le , le procureur de la République financier traite les affaires d'une grande complexité pour lesquelles il a compétence sur tout le territoire français. Il est actuellement dirigé par Jean-François Bohnert.
Fondation |
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Sigle |
PNF |
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SiĂšge |
Tribunal de Paris (depuis le ) |
Pays |
Procureur de la RĂ©publique financier |
Jean-François Bohnert (depuis ) |
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Site web |
Histoire
Ă la suite d'un scandale politico-financier mettant en cause JĂ©rĂŽme Cahuzac â ministre dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© du Budget â, le Gouvernement français dĂ©cide de doter l'institution judiciaire « d'instruments nouveaux permettant de faciliter la dĂ©tection des infractions, de renforcer l'efficacitĂ© des poursuites et d'accroĂźtre le recouvrement des avoirs criminels qui en sont le produit. ». L'objectif est de « lutter de maniĂšre dĂ©terminĂ©e contre toutes les formes de fraudes et d'atteintes Ă la probitĂ© portant atteinte tant Ă la solidaritĂ© nationale qu'Ă l'exemplaritĂ© de la RĂ©publique »[1].
- Les lois relatives à la transparence de la vie publique[2], adoptées le , sont suivies de la création de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.
- L'office central de lutte contre la corruption et les infractions financiÚres et fiscales (OCLCIFF) est créé par le décret du [3] - [4].
C'est dans le prolongement de cette politique de lutte contre les atteintes Ă la probitĂ©[1] que le procureur de la RĂ©publique financier, Ă la tĂȘte du parquet national financier, est instituĂ© le par la loi organique du [5]ainsi que la loi du mĂȘme jour relative Ă la lutte contre la fraude fiscale et la grande dĂ©linquance Ă©conomique et financiĂšre[6]. Le , la 32e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris est crĂ©Ă©e et est dĂ©diĂ©e aux affaires traitĂ©es notamment par le PNF[7] - [8]. Il existe ainsi juridiction nationale, au niveau du parquet et au niveau de l'instruction et du jugement.
Lors de sa création, le parquet national financier hérite de certaines affaires en cours dans les juridictions interrégionales spécialisées (JIRS)[9] - [10].
D'aprĂšs la circulaire de politique pĂ©nale en date du , le procureur de la RĂ©publique financier, qui fait appel Ă des services d'enquĂȘtes dĂ©diĂ©s, a vocation Ă travailler en particulier avec l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financiĂšres et fiscales (OCLCIFF) â qui « apparaĂźt comme [son] interlocuteur naturel »[11].
Compétences
Le parquet financier a une compétence géographique étendue à tout le territoire national et une compétence matérielle limitée aux infractions économiques et financiÚres les plus graves. Il prend en charge les dossiers d'une grande complexité, concernant la lutte contre la fraude fiscale, la corruption ainsi que les affaires boursiÚres (délit boursier, délit de manipulation des cours) qui relÚvent de la compétence exclusive du nouveau procureur financier[13] - [14] : en effet, « l'instauration du parquet financier permet une spécialisation du ministÚre public permettant d'accroßtre son action contre la trÚs grande délinquance économique et financiÚre, dont relÚve la fraude fiscale complexe »[4].
La spécialisation du parquet national financier doit notamment permettre une plus grande rapidité de traitement des dossiers. Cette célérité fait sa marque de fabrique[15]. Il est avec le parquet national antiterroriste, l'un des deux parquets à compétence nationale.
Les compétences du PNF sont élargies aux associations de malfaiteurs (Loi renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l'efficacité et les garanties de la procédure pénale de 2016)[16], aux abstentions de prendre les mesures de mises en conformité aprÚs des faits de corruption (Loi relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique de 2016)[17] et aux pratiques anticoncurrentielles (2020)[18].
Dossiers traités
Entre fĂ©vrier 2014 et janvier 2017, 401 procĂ©dures ont Ă©tĂ© ouvertes ; 180 pour fraudes fiscales, 173 « atteinte Ă la probitĂ© », et 48 concernant des abus de marchĂ©. Ăliane Houlette considĂšre que l'enquĂȘte menĂ©e sur la sociĂ©tĂ© Google France[19] est « la plus emblĂ©matique »[20]. Avec l'objectif de rĂ©duire la longueur des procĂ©dures, la mise en Ćuvre de l'enquĂȘte prĂ©liminaire est privilĂ©giĂ©e par l'institution[21].
La question de l'indĂ©pendance du parquet financier est parfois posĂ©e[22]. Jean-François Bohnert prĂ©cise en rĂ©pondant Ă une commission d'enquĂȘte de l'AssemblĂ©e nationale[23] « les remontĂ©es dâinformation sont des synthĂšses et ne comportent ni piĂšce, ni rĂ©quisitoire, comme cela se faisait il y a une dizaine dâannĂ©es au sein de la magistrature française. Des Ă©changes de documents peuvent cependant avoir lieu avec le parquet gĂ©nĂ©ral si nous avons un doute sur lâanalyse juridique, sur la qualification juridique des faits, sur la rĂ©daction des chefs de prĂ©vention qui vont ensuite lier le tribunal. Il ne sâagit cependant pas de soumettre notre travail Ă approbation ».
Affaire Airbus
En janvier 2020, la presse annonce que les tribunaux français, britannique et amĂ©ricain ont validĂ© les accords passĂ©s en dĂ©but de semaine par Airbus et le Parquet national financier (PNF) français, le Serious Fraud Office (SFO) britannique et le Department of Justice (DOJ) amĂ©ricain en vertu desquels le groupe europĂ©en s'engage Ă payer des amendes d'un montant total de 3,6 milliards d'euros : 2,08 milliards en France dans le cadre d'une convention judiciaire d'intĂ©rĂȘt public (CJIP), 984 millions au Royaume-Uni et 526 millions aux Ătats-Unis[24], « la plus grosse affaire de corruption que l'Europe ait connu »[24].
Le PNF, le SFO et le DOJ enquĂȘtaient conjointement depuis 2016 sur les « irrĂ©gularitĂ©s » portant notamment sur les agents commerciaux intervenant dans les contrats de ventes d'avions. Au total, ces irrĂ©gularitĂ©s concernent des contrats conclus en Chine, dans les Ămirats Arabes Unis, en CorĂ©e du Sud, au Japon, en Arabie Saoudite, Ă TaĂŻwan, au KoweĂŻt, en Turquie, en Russie au Mexique, au BrĂ©sil, au ViĂȘt Nam, en Inde, en Colombie et au NĂ©pal.
Ăric Russo, procureur, a fait Ă©tat des « pratiques massives de corruption au sein de la sociĂ©tĂ© » et « des faits qui disent qu'Airbus a corrompu des dirigeants publics Ă©trangers et des compagnies aĂ©riennes pour obtenir des contrats ». Ces faits ont Ă©tĂ© constituĂ©s par le versement de millions d'euros de commissions ou d'avantages en nature occultes, a-t-il expliquĂ©. Les faits et pratiques de corruption dans cette affaire sont dĂ©taillĂ©s dans la Convention judiciaire d'intĂ©rĂȘt public du [25].
Aujourd'hui dissoute, l'unitĂ© du groupe Airbus baptisĂ©e « Strategy and Marketing Organization » (SMO), dirigĂ©e par Marwan Lahoud, Ă©tait au cĆur du dossier[26] - [27].
Ces accords permettent de clore les poursuites contre Airbus, mais ne concernent qu'Airbus en tant que personne morale et pas ses dirigeants ou ex-dirigeants. Mediapart cite sur ce point le procureur financier : « Le procureur national financier a indiquĂ© vendredi que lâenquĂȘte allait se poursuivre pour « examiner maintenant les responsabilitĂ©s individuelles » des salariĂ©s et dirigeants de lâavionneur »[24].
La quasi-totalitĂ© des articles parus sur ces accords souligne que les ex-dirigeants pourront ĂȘtre inquiĂ©tĂ©s dans le cadre d'une enquĂȘte prĂ©liminaire toujours en cours qui concerne donc Marwan Lahoud, impliquĂ© Ă titre personnel dans ce scandale de corruption Ă grande Ă©chelle, en tant qu'ancien dirigeant d'Airbus, et prĂ©cisĂ©ment responsable du groupe SMO. L'accord signĂ© en outre avec le SFO (Serious Fraud Office) en Grande Bretagne le 31 janvier 2020 prĂ©cise page 2 et 3 que les poursuites ne sont pas arrĂȘtĂ©es pour l'affaire GPT, et que ledit accord ne concerne pas les personnes privĂ©es, mais seulement Airbus[28].
Affaire Fillon
En janvier 2017, le PNF se saisit de l'affaire Fillon[29] - [30], en ouvrant une enquĂȘte prĂ©liminaire[31] Ă la suite des rĂ©vĂ©lations du Canard enchaĂźnĂ©[32].
La question de la compĂ©tence du PNF en la matiĂšre est soulevĂ©e par les dĂ©fenseurs, mais ne peut ĂȘtre tranchĂ©e que lors d'un Ă©ventuel procĂšs[33]. Pour l'avocat pĂ©naliste Ăric Dupond-Moretti, la sĂ©paration des pouvoirs lĂ©gislatif et judiciaire interdit prĂ©cisĂ©ment au PNF de mener l'enquĂȘte Ă ce stade. Il prĂ©cise que « selon le droit parlementaire, c'est au bureau de l'AssemblĂ©e nationale de se saisir de cette affaire et d'enquĂȘter »[34].
Le , le parquet gĂ©nĂ©ral de Paris aurait fait pression sur Ăliane Houlette Ă la tĂȘte du parquet national financier pour qu'elle ouvre une information judiciaire contre François Fillon[35]. Cependant, un rapport du Conseil SupĂ©rieur de la Magistrature rendu public en septembre 2020 conclut que si l'on peut parler de « pression » vĂ©cue par des magistrats du PNF, cela ne doit pas ĂȘtre entendu au sens d' « influence coercitive » mais plutĂŽt de « source de stress » ; le rapport conclut Ă©galement que « la justice a fonctionnĂ© dans cette affaire de façon indĂ©pendante et conforme aux principes rĂ©gissant l'exercice du ministĂšre public »[36].
Le 16 février, le PNF déclare dans un communiqué que « les nombreux éléments recueillis ne permettent pas d'envisager, en l'état, un classement sans suite de la procédure »[37] - [38].
Treize juristes reprennent la formule du « coup d'Ătat institutionnel » utilisĂ©e par François Fillon, dĂ©nonçant une procĂ©dure qu'ils jugent illĂ©gale. Ils affirment que l'action judiciaire en cours viole le Code constitutionnel et que « les faits allĂ©guĂ©s contre le candidat n'entrent pas dans les chefs de compĂ©tence » du PNF[39]. Anne-Marie Le Pourhiet, spĂ©cialiste de droit constitutionnel, remarque que « l'idĂ©e de faire intervenir le juge pĂ©nal dans la façon dont un reprĂ©sentant de la Nation organise l'exercice de sa fonction est une nouveautĂ© parfaitement soudaine. » Selon elle, le juge pĂ©nal « vise dĂ©libĂ©rĂ©ment et exclusivement » un dĂ©putĂ© qui est un candidat bien placĂ© Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle[40].
Jean-Jacques Urvoas, ministre de la justice, affirme que rien ne justifierait la suspension des investigations, et rejette les accusations d'intervention politique ou l'idĂ©e de complot â selon lui, « imaginer aujourd'hui que des instructions aient pu ĂȘtre ordonnĂ©es [âŠ] est tout simplement absurde, parce qu'illĂ©gal[41] ».
Tandis que François Fillon affirme que « l'Ătat de droit a Ă©tĂ© violĂ© », une seconde candidate, Marine Le Pen â elle-mĂȘme visĂ©e par une enquĂȘte sur des soupçons d'emplois fictifs â, refuse de rĂ©pondre aux convocations, en dĂ©clarant que les magistrats sont là « pour appliquer la loi, pas pour l'inventer ». Pour Virginie Duval, prĂ©sidente de l'Union syndicale des magistrats, ces arguments « ne visent qu'Ă troubler l'Ă©lectorat, Ă des fins purement politiciennes ». La loi est simple et « lorsqu'une infraction est suspectĂ©e, une enquĂȘte doit ĂȘtre menĂ©e [âŠ] », rien ne devrait permettre d'accepter que des candidats « soient prĂ©servĂ©s de toute enquĂȘte, du seul fait de leur candidature [âŠ] »[42].
Autres affaires
Du fait de sa spĂ©cialitĂ©, le parquet national financier est amenĂ© Ă enquĂȘter sur des affaires qui peuvent ĂȘtre trĂšs mĂ©diatisĂ©es.
- Le parquet national financier a requis contre François PĂ©rol deux ans de prison devant le tribunal correctionnel en 2015, puis devant la cour d'appel en 2017 pour prise illĂ©gale d'intĂ©rĂȘts Ă la BPCE. Il sera relaxĂ©[43].
- Depuis 2016, plusieurs magistrats travaillent sur les Panama Papers et les Football Leaks[44] - [45].
- Le parquet a Ă©galement enquĂȘtĂ© sur des affaires de corruption dans l'attribution de grandes compĂ©titions sportives[46].
- Le PNF a ouvert un dossier contre Lycamobile début 2016[47].
- Le PNF a, depuis octobre 2016, ouvert une enquĂȘte sur la vente de sous-marins classe ScorpĂšne de la France au BrĂ©sil, contrat signĂ© sous le mandat de Nicolas Sarkozy[48].
- Ă la suite d'une plainte dĂ©posĂ©e par Jean-Luc Touly, salariĂ© de Veolia et syndicaliste, une enquĂȘte est ouverte en novembre 2016. La filiale roumaine du groupe, « chargĂ©e de la distribution de l'eau Ă Bucarest, est soupçonnĂ©e d'avoir versĂ© plus de 12 millions d'euros de pots-de-vin entre 2008 et 2015 en Ă©change de dĂ©cisions favorables des autoritĂ©s locales »[49].
- Deux affaires visant l'ex-ministre de l'Intérieur Claude Guéant : la vente de deux tableaux dans des conditions obscures ainsi que l'octroi de primes de cabinet lorsqu'il était directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au MinistÚre de l'Intérieur, susceptibles de constituer un détournement de fonds publics[50].
- En janvier 2017, le parquet requiert deux ans de prison avec sursis contre le sénateur Serge Dassault soupçonné de blanchiment de fraude fiscale[51] - [52].
- Toujours en 2017, le parquet ouvre une enquĂȘte prĂ©liminaire concernant l'emploi des filles du Ministre de l'IntĂ©rieur Bruno Le Roux comme collaboratrices parlementaires Ă l'Ă©poque oĂč ce dernier Ă©tait dĂ©putĂ©[53].
- En 2018, une enquĂȘte est ouverte sur le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ĂlysĂ©e Alexis Kohler pour de possibles prises d'intĂ©rĂȘts en faveur de Mediterranean Shipping Company[54].
- En dĂ©cembre 2020, dans l'affaire dite « des Ă©coutes », les magistrats du Parquet national financier (PNF) ont requis Ă lâencontre de lâex-chef de lâEtat Nicolas Sarkozy quatre ans dâemprisonnement, dont deux avec sursis. Lâaccusation a demandĂ© les mĂȘmes peines pour Gilbert Azibert et Thierry Herzog, demandant pour ce dernier quâelle soit assortie de cinq ans dâinterdiction professionnelle[55].
Magistrats
Effectif
En 2023, le parquet national financier comprend 39 personnes dont 19 magistrats[56]. En 2013, le besoin était évalué à 22 magistrats[57].
Procureur de la RĂ©publique financier
Le parquet national financier est dirigĂ© par le procureur de la RĂ©publique financier, lui-mĂȘme sous l'autoritĂ© du procureur gĂ©nĂ©ral de Paris.
Identité | Période | |
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DĂ©but | Fin | |
Ăliane Houlette[58] - [59] - [60] | ||
Jean-François Bohnert | En cours |
PolĂ©miques concernant Ăliane Houlette
En 2019, un magistrat du parquet, Patrice Amar, est mutĂ© pour avoir Ă©crit une lettre incriminant sa cheffe Ăliane Houlette. Le conflit tourne autour d'un cabinet d'avocats mis en cause dans un dossier de dĂ©lit d'initiĂ© instruit par le PNF. Ăliane Houlette connaĂźt bien ce cabinet et sa propre fille, avocate, y travaille comme collaboratrice[61].
En septembre 2019, une enquĂȘte prĂ©liminaire est ouverte dans une affaire de possible violation du secret de l'instruction impliquant l'ancienne dirigeante du PNF Ăliane Houlette[62].
En juin 2020, considĂ©rant que « les choix du PNF Ă l'encontre de Nicolas Sarkozy ou de François Fillon ont contribuĂ© Ă les Ă©liminer de la course Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2017 », le dĂ©putĂ© Ăric Ciotti annonce vouloir dĂ©poser une « proposition de loi pour supprimer le PNF »[63].
Autres polémiques
En fĂ©vrier 2020, Le Parisien rĂ©vĂšle une affaire de harcĂšlement perpĂ©trĂ© par un vice-procureur du parquet national financer[64]. Jean-Francois Bohnert est mis au courant des faits le par une fonctionnaire du parquet, prend connaissance des faits auprĂšs de la principale victime et alerte Catherine Champrenault, procureure gĂ©nĂ©rale de la Cour d'appel de Paris. Cela mĂšne Ă une enquĂȘte disciplinaire et la saisie du Conseil supĂ©rieur de la magistrature par le ministĂšre de la Justice. Cependant, en aoĂ»t 2020, Mediapart rĂ©vĂšle que Jean-Francois Bohnert avait initialement simplement « remontĂ© les bretelles » du magistrat concernĂ©, sans faire remonter l'affaire[65]. Ce n'est qu'aprĂšs que la victime lui exprime sa surprise par rapport Ă cette dĂ©cision le et que Mediapart manifeste son intĂ©rĂȘt pour l'affaire le lendemain qu'il dĂ©cide de mettre au courant la procureure gĂ©nĂ©rale de Paris le .
Jean-Francois Bonhert dĂ©cide en aoĂ»t 2020 d'Ă©carter la fonctionnaire du parquet national financier qui lui avait signalĂ© l'affaire de harcĂšlement[65] en novembre 2019, dans le but de la remplacer par un magistrat professionnel. Il affirme que cette dĂ©cision est « Ă©trangĂšre » Ă l'affaire. Le ministĂšre de la Justice affirme en aoĂ»t 2020 qu'il ne procĂšdera à « aucune nomination de magistrat » tant que la fonctionnaire, « qui est toujours en poste, n'aura pas bĂ©nĂ©ficiĂ© elle-mĂȘme d'une nouvelle affectation ».
En juin 2020, Le Point rĂ©vĂšle que dans le cadre d'investigation visant Nicolas Sarkozy, les factures tĂ©lĂ©phoniques dâavocats ont Ă©tĂ© Ă©pluchĂ©es. Cette procĂ©dure a Ă©tĂ© critiquĂ©e, Me Canu-Bernard reprochant notamment au Parquet d'avoir « dĂ©tournĂ© la procĂ©dure lĂ©gale permettant les Ă©coutes dâun avocat ». Celle-ci impose normalement dâinformer le bĂątonnier et de prĂ©ciser le motif. Le bĂątonnier de Paris, Me Olivier Cousi estime lui que « si ces faits sont avĂ©rĂ©s, ils reprĂ©sentent une menace inquiĂ©tante pour le secret professionnel »[66] - [67].
Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, demande en septembre 2020 lâouverture dâune enquĂȘte disciplinaire contre trois magistrats du PNF impliquĂ©s dans des investigations qui lâavaient visĂ© en 2014 dans le cadre de l'affaire Bismuth[68]. Alors que cette dĂ©cision semble relever, selon Mediapart, d'un « rĂšglement de comptes au milieu d'un ocĂ©an de conflits d'intĂ©rĂȘts », deux syndicats de magistrats parlent dâune affaire d'une gravitĂ© « inĂ©dite »[68].
Notes et références
- Garde des sceaux, ministre de la justice, Circulaire du 31 janvier 2014 de politique pénale relative au procureur de la République financier, Bulletin officiel du ministÚre de la justice, (lire en ligne [PDF]).
- Loi organique no 2013-906 du relative Ă la transparence de la vie publique et loi no 2013-907 du 11 octobre 2013 relative Ă la transparence de la vie publique.
- Décret n° 2013-960 du 25 octobre 2013 portant création d'un office central de lutte contre la corruption et les infractions financiÚres et fiscales.
- « Circulaire relative Ă la lutte contre la fraude fiscale » [PDF], Ăconomie.gouv.fr, .
- Loi organique no 2013-1115 du relative au procureur de la RĂ©publique financier.
- Loi no 2013-1117 du relative à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financiÚre.
- « Une chambre au TGI de Paris pour la procureure nationale financiÚre », Libération, (consulté le ).
- « Vers la crĂ©ation d'une 32e chambre correctionnelle au TGI de Paris? », La revue du Grasco, no 10,â (lire en ligne [PDF]).
- Paule Gonzales, « Le nouveau parquet financier en quĂȘte de lĂ©gitimitĂ© », Le Figaro,â (lire en ligne).
- François Koch et Eric Pelletier, « Le procureur financier national entre en fonction aujourd'hui », L'Express, .
- MinistÚre de la justice, « Circulaire du 31 janvier 2014 de politique pénale relative au procureur de la République financier » [PDF], (consulté le ), p. 5-8.
- « Le PNF s'est installé dans le nouveau tribunal le 16 mai 2018 », Tribunal de Paris, .
- « Eliane Houlette : « Nous devons aller plus vite en matiĂšre de justice financiĂšre » », Les Ăchos, (consultĂ© le ).
- Franck JohannĂšs, « De la corruption Ă la fraude fiscale, les compĂ©tences du parquet national financier », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- « Rigueur, fermetĂ©, cĂ©lĂ©ritĂ© : le parquet financier sâexplique », sur France Culture, .
- Article 18 du 3 juin 2016 renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l'efficacité et les garanties de la procédure pénale
- Article 42 de la loi du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique
- Article 13 de la loi du 24 décembre 2020 relative au Parquet européen, à la justice environnementale et à la justice pénale spécialisée sont ajoutées aux compétences du PNF
- « Ce que l'on sait sur la perquisition pour fraude fiscale au siÚge de Google France », France Info, (consulté le ).
- « Parquet national financier : plus de 400 procédures menées en trois ans », France Info, (consulté le ).
- « Au 19 octobre 2016, prĂšs de trois affaires sur quatre sont traitĂ©es sous la forme prĂ©liminaire [âŠ] Ceci est d'autant plus remarquable que la direction d'enquĂȘte dans des affaires trĂšs complexes implique un engagement particuliĂšrement important des magistrats » (Mazetier et Warsmann 2017, p. 28).
- Jean-Baptiste Jacquin, « L'indépendance du parquet, entre insuffisances réelles et jeu de rÎle », Le Monde, .
- Ugo Bernaclis et Didier Paris, « Rapport fait au nom de la Commission d'enquĂȘte sur les obstacles Ă l'indĂ©pendance du pouvoir judiciaire », AssemblĂ©e nationale, .
- Martine Orange et Yann Philippin, « Airbus paye 3,6 milliards dâeuros pour solder douze ans de « corruption massive » », accĂšs rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s, Mediapart, .
- « Convention judiciaire d'intĂ©rĂȘt public » [PDF], Parquet national financier, .
- (en) Peggy Hollinger, Kate Beioley in London et Kadhim Shubber, « Airbus ran âmassiveâ bribery scheme to win orders », Financial Times, (consultĂ© le ).
- (en) Thomas Hanke, Silke Kersting, Hans-Peter Siebenhaar et Volker Votsmeier, « Bribery Scandal(s) : Airbus rocked by corruption allegations », Handelsblatt, (consulté le ).
- Extrait de l'accord avec le SFO : « [...] 8. The Agreement brings to a close the SFO's investigation into Airbus and its controlled subsidiaries other than the SFO's separate investigation into GPT (Special Project Management) Ltd ("GPT"). The SFO has indicated that it has no intention of conducting any further investigation ar prosecution of Airbus and its controlled subsidiaries (other than GPT) for the matters disclosed to it prior to this Agreement, and in the agreements reached with the PNF, the DOJ and the DOS. » « [...] 10. The Agreement does not provide any protection against prosecution of any natural persons. » N.B. : Les textes complets des trois accords signĂ©s avec le PNF en France, le SFO en Grande Bretagne, et le DOJ amĂ©ricain peuvent ĂȘtre trouvĂ©s ici : Martine Orange et Yann Philippin, « Airbus paye 3,6 milliards dâeuros pour solder douze ans de « corruption massive » », accĂšs rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s, Mediapart, .
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- « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028539750 »
- « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000038121290 »
- « https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000038252624 »
- Laurent Léger, « Grave crise au parquet national financier », L'Express, .
- « 'ex-patronne du parquet national financier soupçonnée de violation du secret de l'instruction », Le Figaro, .
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- Marc Leplongeon, « Affaire « Paul Bismuth » : l'enquĂȘte cachĂ©e », Le Point, .
- Fabrice Arfi et Michel Deléan, « La vendetta d'Eric Dupond-Moretti contre le Parquet financier », Mediapart, .
Annexes
Bibliographie
- Sandrine Mazetier et Jean-Luc Warsmann, Rapport d'information sur l'évaluation de la loi du 6 décembre 2013 relative à la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financiÚre et de la loi organique du 6 décembre 2013 relative au procureur de la République financier, Assemblée nationale, (lire en ligne)
Articles connexes
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