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Jean-Jacques Urvoas

Jean-Jacques Urvoas[1], né le à Brest (FinistÚre), est un juriste et homme politique français.

Jean-Jacques Urvoas
Illustration.
Jean-Jacques Urvoas en 2013.
Fonctions
Garde des Sceaux, ministre de la Justice
–
(1 an, 3 mois et 13 jours)
Président François Hollande
Premier ministre Manuel Valls
Bernard Cazeneuve
Gouvernement Valls II
Cazeneuve
Prédécesseur Christiane Taubira
Successeur François Bayrou
Président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale
–
(3 ans, 7 mois et 30 jours)
LĂ©gislature XIVe (CinquiĂšme RĂ©publique)
Prédécesseur Jean-Luc Warsmann
Successeur Dominique Raimbourg
Député français
–
(3 jours)
Circonscription 1re du FinistĂšre
LĂ©gislature XIVe (CinquiĂšme RĂ©publique)
Groupe politique SER
Prédécesseur Marie-ThérÚse Le Roy
Successeur AnnaĂŻg Le Meur
–
(8 ans, 8 mois et 7 jours)
Élection
RĂ©Ă©lection
Circonscription 1re du FinistĂšre
LĂ©gislature XIIIe et XIVe (CinquiĂšme RĂ©publique)
Groupe politique SRC
Prédécesseur Marcelle Ramonet
Successeur Marie-ThérÚse Le Roy
Conseiller régional de Bretagne
–
(3 ans, 3 mois et 2 jours)
Élection 28 mars 2004
Circonscription FinistĂšre
Président Jean-Yves Le Drian
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Brest (France)
Nationalité Français
Parti politique Parti socialiste
DiplÎmé de Université de Bretagne-Occidentale
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Profession Professeur des universités (droit public)

Signature de Jean-Jacques Urvoas

Jean-Jacques Urvoas
Ministres français de la Justice

Membre du Parti socialiste (PS), il est député de la premiÚre circonscription du FinistÚre (Quimper) entre 2007 et 2017, président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale de 2012 à 2016 et ministre de la Justice de 2016 à 2017, dans les gouvernements de Manuel Valls et de Bernard Cazeneuve.

Il est aujourd'hui professeur en droit public Ă  l'universitĂ© de Bretagne-Occidentale[2], oĂč il enseigne le droit constitutionnel et la science politique.

Biographie

Enfance, Ă©tudes et emploi

Jean-Jacques Urvoas naĂźt Ă  Brest d’un pĂšre pharmacien gĂ©nĂ©ral de l’armĂ©e, et d’une mĂšre au foyer[3]. Il Ă©tudie au collĂšge Saint-François de Lesneven puis au lycĂ©e Amiral-Ronarc'h Ă  Brest[4] ; il se dĂ©crit comme « un vrai cancre », indiquant avoir « failli redoubler [sa] seconde » et obtenu son baccalaurĂ©at au repĂȘchage[3]. AprĂšs des Ă©tudes de droit public Ă  l'universitĂ© de Bretagne occidentale et des Ă©tudes de sciences politiques Ă  l'universitĂ© de Rennes I, il poursuit son cursus Ă  Paris 1 en obtenant un diplĂŽme d'Ă©tudes supĂ©rieures spĂ©cialisĂ©es (DESS) de communication politique et sociale Ă  la Sorbonne en rĂ©digeant un mĂ©moire sur la popularitĂ© comparĂ©e de Michel Rocard et de Simone Veil. En 1996, il obtient Ă  Brest un doctorat en science politique avec une thĂšse consacrĂ©e au « Tableau Ă©lectoral de la Bretagne occidentale, 1973-1993 » dirigĂ©e par Jacques Baguenard. En 1998, il devient maĂźtre de confĂ©rences en droit public Ă  l'universitĂ© de Bretagne occidentale et Ă  l'Institut de prĂ©paration Ă  l'administration gĂ©nĂ©rale de Brest (IPAG Brest). Il y enseigna le droit constitutionnel et la science politique dans l'unitĂ© de formation et de recherche (UFR) de droit. Depuis son Ă©lection Ă  l'AssemblĂ©e nationale française, il est en dĂ©tachement de la fonction publique.

Il s'engage une premiÚre fois au Parti socialiste français (PS) en 1977 mais en part déçu par l'absence de « souffle épique »[3]. Séduit par Michel Rocard, il y revient par intermittences jusqu'en 1981[3]. ParallÚlement à ses études, il travaille à l'Assemblée nationale de 1984 à 1986 comme assistant parlementaire[5] de Bernard Poignant[6]. En 1986, il devient directeur de la Mutualité du FinistÚre[7] puis en 1989, Bernard Poignant lui demande de devenir son directeur de cabinet lorsqu'il accÚde à la mairie de Quimper[8].

Fonctions et positionnement au sein du PS

Jean-Jacques Urvoas exerce la fonction de Premier secrĂ©taire de la fĂ©dĂ©ration du PS dans le FinistĂšre de 2000 Ă  2008[9]. Encore inconnu au niveau national, il intĂšgre le conseil national du PS comme membre titulaire Ă  l'issue du congrĂšs de Reims du PS de 2008, lors duquel il vote en faveur de Martine Aubry, expliquant ne pas vouloir d'un « prĂ©sidentiable »[3]. En , Martine Aubry, premiĂšre secrĂ©taire du PS, le nomme secrĂ©taire national chargĂ© des questions de sĂ©curitĂ©[10], sujet qui ne suscite pourtant pas son intĂ©rĂȘt de prime abord[3]. À ce titre, il est le rapporteur gĂ©nĂ©ral du « Forum des idĂ©es » organisĂ© par le PS le Ă  CrĂ©teil qui prĂ©senta le pacte national de protection et de sĂ©curitĂ© publique dĂ©veloppant 22 propositions pour apporter des rĂ©ponses Ă  la dĂ©linquance[11]. À l’automne 2011, il rĂ©sume dans un livre publiĂ© chez Fayard, ses 11 propositions choc pour rĂ©tablir la sĂ©curitĂ©[12]. À cette pĂ©riode, il soutient Dominique Strauss-Kahn, alors prĂ©sident du Fonds monĂ©taire international[3]. Il annonce son soutien Ă  François Hollande Ă  quelques jours du premier tour de la primaire prĂ©sidentielle socialiste de 2011[10].

En 2013, il prend la direction de l'observatoire Thémis de la Fondation Jean JaurÚs qui est consacré aux questions de justice et de sécurité et qui rassemble des magistrats, des avocats, des policiers et des gendarmes, des universitaires et des responsables politiques, pour débattre, croiser les regards et décrypter les enjeux juridiques et institutionnels de notre démocratie[13].

Élections locales

En 2001, il est candidat sur la liste PS-Verts conduite par Jean-Claude Joseph pour les élections municipales à Quimper. Il est élu conseiller régional de Bretagne en 2004, il devient président du groupe socialiste.

Député

Il est Ă©lu dĂ©putĂ© le , pour la XIIIe lĂ©gislature (2007-2012), dans la 1re circonscription du FinistĂšre en battant, au deuxiĂšme tour, la dĂ©putĂ©e sortante Marcelle Ramonet (UMP) avec 52,13 % des suffrages. OpposĂ© au cumul des mandats, il dĂ©missionne alors de son mandat de conseiller rĂ©gional. À l'AssemblĂ©e nationale, il siĂšge au sein du groupe Socialiste, radical et citoyen. En , il en est Ă©lu vice-prĂ©sident chargĂ© de la politique pĂ©nale.

Membre de la commission des Lois, il s’investit sur les questions pĂ©nitentiaires: il travaille sur le projet de loi portant crĂ©ation du ContrĂŽleur gĂ©nĂ©ral des lieux de privation de libertĂ© et sur le projet de loi pĂ©nitentiaire en tant que responsable du groupe SRC sur la partie « droits des dĂ©tenus Â». En 2008, il s’oppose Ă  la crĂ©ation de la loi concernant la rĂ©tention de sĂ»retĂ© proposĂ©e par Rachida Dati, alors ministre de la Justice, et en 2010 se montre trĂšs critique envers la loi sur les violences en bande[14] dĂ©fendue par MichĂšle Alliot-Marie. Il suivra attentivement la rĂ©vision constitutionnelle de 2008 et les diffĂ©rentes lois assurant sa mise en Ɠuvre, tels le projet de loi sur la procĂ©dure lĂ©gislative, la modification du rĂšglement de l'AssemblĂ©e, l'instauration de la question prioritaire de constitutionnalitĂ©, la crĂ©ation du DĂ©fenseur des droits et la mise en place des circonscriptions lĂ©gislatives des Français Ă©tablis hors de France.

En , il publie, au nom de la commission des Lois, un rapport intitulĂ© « Pour un big bang territorial Â»[15] dans lequel il formule 10 propositions pour une vĂ©ritable clarification des compĂ©tences des collectivitĂ©s locales. En 2009, il exprime son opposition Ă  la volontĂ© de Brice Hortefeux, ministre de l’IntĂ©rieur, de tripler d'ici 2011 le nombre de camĂ©ras de vidĂ©osurveillance au niveau national[3].

Dans les derniÚres années de la législature, il interviendra sur les textes organiques comme celui réglementant les nominations présidentielles[16], ou celui organisant les modalités de destitution du Président de la République[17] mais aussi sur ceux relevant du champ sécuritaire comme la réforme de la garde à vue ou la loi d'orientation et de programmation sur la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI).

À l'issue de son premier mandat, il publie aux Ă©ditions Odile Jacob avec Magali Alexandre un Manuel de survie Ă  l'AssemblĂ©e nationale - l'art de la guĂ©rilla parlementaire[18]. Confrontant le droit Ă  la pratique, l'ouvrage convie le lecteur – aspirant dĂ©putĂ©, citoyen curieux ou Ă©tudiant – Ă  dĂ©couvrir le vrai visage du droit parlementaire.

Président de la Commission des lois

En 2012, Jean-Jacques Urvoas est réélu aux élections législatives de juin avec 62,74 % des voix. Le , il est élu président de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République[19] de l'Assemblée nationale face au député-maire PS de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonnec. Sous son initiative, les travaux de la Commission sont - dÚs la session extraordinaire de - rendus publics. Ils sont ainsi consultables sur le site internet de l'Assemblée.

Sur les questions institutionnelles, Jean-Jacques Urvoas rend un rapport d’information en pour tirer un premier bilan de la question prioritaire de constitutionnalitĂ© : « La QPC : trois ans et dĂ©jĂ  grande »[20]. Il y suggĂšre plusieurs Ă©volutions concernant la composition du Conseil Constitutionnel et dĂ©nonce en particulier la prĂ©sence des anciens prĂ©sidents de la RĂ©publique. Ses idĂ©es seront reprises dans une proposition de loi qu’il dĂ©pose en , tendant Ă  transformer le Conseil constitutionnel en une vĂ©ritable Cour constitutionnelle[21].

En , il publie un rapport d’information avec Dominique Bussereau et RenĂ© DosiĂšre intitulĂ© « Ouvrir un nouveau cycle pour l’avenir de la Nouvelle-CalĂ©donie » appelant Ă  l’émergence d’un nouveau consensus entre les diffĂ©rentes forces politiques du territoire.

À la suite de l’affaire Cahuzac, François Hollande annonce des projets de loi pour la transparence de la vie publique dont il est nommĂ© rapporteur. À ce titre, il renforce les pouvoirs de contrĂŽle et d’investigation de la nouvelle Haute autoritĂ© chargĂ©e de contrĂŽler les dĂ©clarations de patrimoine et les dĂ©clarations d’intĂ©rĂȘts de plus de 8 000 personnes[22]. Il incite les parlementaires Ă  se dĂ©porter lorsqu’ils s’estiment en situation de conflits d’intĂ©rĂȘts et fait sortir de l’ombre les collaborateurs parlementaires en les inscrivant dans la loi[23].

Il est l’auteur et le rapporteur d’une proposition de loi constitutionnelle visant Ă  ratifier la Charte europĂ©enne des langues rĂ©gionales ou minoritaires, qui a Ă©tĂ© adoptĂ©e le par l’AssemblĂ©e nationale Ă  une trĂšs large majoritĂ© (361 voix pour et 149 contre sur 529 votants)[24].

En , il publie un ouvrage intitulĂ© Pour l’AssemblĂ©e de Bretagne[25] dans lequel il se prononce en faveur de la crĂ©ation d’une collectivitĂ© unique par la fusion de la rĂ©gion et des 4 dĂ©partements.

À l’automne 2014, il s’oppose au vote d’un amendement du gouvernement prolongeant le moratoire du droit Ă  une cellule individuelle pour chaque dĂ©tenu[26]. Il demande un examen prĂ©alable au fond de cette question et publie un rapport sur « l’encellulement individuel dans les prisons : sortir de l’impasse des moratoires » rendant compte des auditions de spĂ©cialistes de cette question et des visites de nombreuses maisons d’arrĂȘt en Ă©tat de surpopulation carcĂ©rale.

Toujours en 2014, nommĂ© rapporteur sur la rĂ©forme du rĂšglement de l’AssemblĂ©e nationale initiĂ©e par son prĂ©sident Claude Bartolone, il propose notamment des avancĂ©es pour limiter la discussion gĂ©nĂ©rale en sĂ©ance publique, crĂ©er la fonction de rapporteur gĂ©nĂ©ral de la commission des Affaires sociales et doter les collaborateurs des dĂ©putĂ©s d'un vĂ©ritable statut.

Jean-Jacques Urvoas continue Ă  se prĂ©occuper des questions de sĂ©curitĂ© pendant ce second mandat. Au titre de l'AssemblĂ©e, il devient dĂšs membre de la Commission nationale de contrĂŽle des interceptions de sĂ©curitĂ© (CNCIS), autoritĂ© administrative indĂ©pendante chargĂ©e de veiller Ă  la lĂ©galitĂ© des interceptions de correspondances Ă©mises par la voie des communications Ă©lectroniques. En , il publie le premier rapport parlementaire sur le cadre juridique des activitĂ©s de renseignement intitulĂ© « Pour un État secret au service de notre dĂ©mocratie »[27] dans lequel il milite pour l’adoption d’une loi visant Ă  lĂ©gitimer les actions des services, encadrer leurs moyens d’investigation et renforcer leur contrĂŽle. La mĂȘme annĂ©e, le groupe Ă©cologiste demandent la crĂ©ation d'une Commission d'enquĂȘte sur le fonctionnement des services de renseignement français dans le suivi et la surveillance des mouvements radicaux armĂ©s, commission dont il est nommĂ© rapporteur.

En sa qualitĂ© de prĂ©sident de la commission des lois, il est l'un des 4 dĂ©putĂ©s siĂ©geant dans la DĂ©lĂ©gation parlementaire au renseignement, et Ă  ce titre, dĂ©pose des amendements dans le cadre de la Loi de programmation militaire, afin d’élargir considĂ©rablement les prĂ©rogatives de la DPR qui est dĂ©sormais chargĂ©e du « contrĂŽle parlementaire de l’action du Gouvernement en matiĂšre de renseignement et de l’évaluation de la politique publique en ce domaine. Il prĂ©side cette structure en 2014 et publie un premier rapport de contrĂŽle contenant 105 propositions destinĂ©es Ă  rĂ©former le monde du renseignement[28].

En 2015, il est rapporteur du projet de loi relatif au renseignement dont le principe a été décidé par le président de la République à l'occasion d'un conseil national du renseignement tenu en . En tant que rapporteur, il dépose prÚs de deux cents amendements afin notamment d'élargir les capacités de contrÎle de la future Commission de contrÎle des techniques de renseignement, de créer un statut de lanceur d'alerte au sein des services de renseignement ou encore de limiter les durées de conservation des informations collectées. Ce projet de loi relatif au renseignement essuie rapidement des critiques sur l'atteinte aux libertés individuelles qu'elle pourrait impliquer[29] - [30] - [31] - [32]. La loi est largement votée par les députés (438 voix pour, 86 voix contre) puis par les sénateurs (252 voix pour, 67 voix contre). Le , aprÚs l'alerte lancée par l'actuel président de la Commission nationale de contrÎle des interceptions de sécurité (CNCIS), Jean-Marie Delarue, le gouvernement fait savoir qu'il va déposer un amendement afin de supprimer celui de Jean-Jacques Urvoas[33].

En , Jean-Jacques Urvoas se rend en Polynésie française au nom de la commission des lois pour vérifier l'application de la loi organique de 2004 organisant l'autonomie de ce territoire. Le compte rendu de sa visite appelle à une amélioration des dispositifs existants et refuse l'idée de créer un statut de « pays associé ». Il s'oppose également à la proposition de Gaston Flosse ouvrant la possibilité au pays de donner localement des directives aux magistrats du parquet, qu'il estime incompatible avec l'idée qu'il se fait d'une justice indépendante[34].

Depuis le début de l'année 2015, il est également rapporteur de la Mission d'information permanente sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie présidée par Dominique Bussereau.

Au printemps 2015, dans un rapport remis au Premier ministre, il s'oppose au rĂ©tablissement du crime d'« indignitĂ© nationale Â» proposĂ© par la droite pour punir les terroristes. Urvoas y voit une « laĂŻcisation de l'excommunication »[35] et dĂ©nonce une notion juridiquement floue et un « contresens historique ». Pour le dĂ©putĂ© du FinistĂšre, une telle mesure serait contre-productive car elle renforcerait la « martyrologie djihadiste »[36].

En , il publie une note à la fondation Jean JaurÚs sur la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM)[37]. Il appelle à une plus grande autonomie du parquet par rapport au pouvoir exécutif et plaide pour une réforme constitutionnelle permettant d'ériger le CSM en garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire.

Fin 2015, Jean-Jacques Urvoas est rapporteur de la proposition de loi organique de modernisation des rĂšgles applicables Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle[38]. Cette loi prĂ©voit, entre autres, le remplacement du principe d'Ă©galitĂ© de temps de parole des candidats Ă  l’élection prĂ©sidentielle par le principe d'Ă©quitĂ© pendant la pĂ©riode de la campagne dite "intermĂ©diaire" qui dure trois semaines Ă  partir de la validation des candidatures par le Conseil constitutionnel, le dĂ©calage de 18h Ă  19h de la fermeture des bureaux de vote (afin d'Ă©viter les fuites sur les rĂ©sultats[39]) et une publication plus rĂ©guliĂšre de l'ensemble des parrainages[40]. Cette proposition de loi se fait critiquer pour empĂȘcher le renouvellement de la classe politique[41]. Toutefois, Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle suivante, 11 candidats ont pu se prĂ©senter au premier tour, contre 10 en 2012 [42]. De plus, la plus grande libertĂ© laissĂ©e aux mĂ©dias audiovisuels a permis l'organisation d'un dĂ©bat entre les cinq favoris, puis un dĂ©bat entre les onze candidats, ce qui n'avait jamais Ă©tĂ© fait dans les Ă©lections prĂ©sidentielles prĂ©cĂ©dentes[43].

À la suite de l'instauration de l'Ă©tat d'urgence en , il met en place Ă  l'AssemblĂ©e nationale un contrĂŽle parlementaire, afin de permettre des remontĂ©es statistiques complĂštes, des pouvoirs d'enquĂȘte spĂ©ciaux et un suivi de l'ensemble des mesures[44]. Ce contrĂŽle parlementaire, qualifiĂ© d'« inĂ©dit Â» et d'« innovant Â»[45], retracĂ© dans un rapport, permet de faire un bilan complet de l'Ă©tat d'urgence et des mesures prises[46].

Garde des Sceaux, ministre de la Justice

Le , Jean-Jacques Urvoas est nommé garde des Sceaux, ministre de la Justice, en remplacement de Christiane Taubira, démissionnaire[47]. Il est le second garde des Sceaux nommé durant le quinquennat de François Hollande[48].

DĂšs son arrivĂ©e, il fait de l’augmentation du budget de son ministĂšre son objectif principal, qualifiant la justice comme Ă©tant "Ă  bout de souffle" , "en Ă©tat d'urgence absolue"[49]. Lors du budget suivant, il obtient une augmentation du budget de la justice de 9 % par rapport Ă  la prĂ©cĂ©dente loi de finances, soit 520 millions d'euros, ce qui correspond Ă  la plus importante hausse de l'ensemble du quinquennat[50].

DĂšs son arrivĂ©e, il est confrontĂ© Ă  la surpopulation carcĂ©rale[51] - [52], le nombre de dĂ©tenus s'approchant de 70 000 pour 58 000 places de prison[53]. Il publie le un rapport "En finir avec la surpopulation carcĂ©rale"[54], qu'il prĂ©sente Ă  la maison d'arrĂȘt de Fresnes[55]. Afin de lutter contre cette surpopulation carcĂ©rale, avec le Premier ministre Manuel Valls, il annonce, le Ă  Agen, la construction de 33 nouvelles prisons, avec les rĂ©gions prĂ©vues[56]. Il prĂ©sente, dĂšs le les lieux d'implantation de 21 des 33 nouveaux Ă©tablissements pĂ©nitentiaires annoncĂ©s le [57].

Il prĂ©sente le le « projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisĂ©, le terrorisme et leur financement, et amĂ©liorant l'efficacitĂ© et les garanties de la procĂ©dure pĂ©nale », aussi surnommĂ©e loi Urvoas[58]. Ce projet de loi vise Ă  simplifier la procĂ©dure pĂ©nale comme le souhaitent de nombreux professionnels, renforcer les garanties apportĂ©es au justiciable, en particulier au stade de l'enquĂȘte initiale et Ă  amĂ©liorer l'efficacitĂ© de la procĂ©dure applicable Ă  la criminalitĂ© organisĂ©e et au terrorisme[59]. Il est vivement critiquĂ© par certaines ONG et partis politiques[60] - [61], qui y voient une normalisation des mesures d'exception de l'Ă©tat d'urgence, une confusion prĂ©judiciable entre police administrative et police judiciaire, un recul de l'indĂ©pendance de la justice, une diminution des libertĂ©s individuelles ainsi qu'un « permis de tuer Â» accordĂ© Ă  la police. La loi est promulguĂ©e le .

En , il porte le projet de loi pour la « justice du XXIe siĂšcle Â» qui vise Ă  rendre la justice plus simple et accessible : la loi prĂ©voit notamment le divorce par consentement mutuel sans passage devant un juge, la facilitation de changement de sexe Ă  l'Ă©tat civil, la crĂ©ation d'une procĂ©dure d'action de groupe[62] ou encore la suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs crĂ©Ă©s par la droite[63]. En 2016, il signe un dĂ©cret autorisant les notaires dĂ©jĂ  installĂ©s Ă  ĂȘtre candidats pour l'attribution de nouveaux offices, ce qui gĂ©nĂšre des protestations de la part de jeunes notaires et des dĂ©putĂ©s rapporteurs de la loi Macron[64].

En , il présente un plan "Sécurité pénitentiaire et action contre la radicalisation violente"[65], qui vise notamment à faire face à l'afflux de détenus radicalisés[66]. Le plan prévoit notamment la création d'une sous-direction de la sécurité pénitentiaire, la création d'unités d'évaluation de la radicalisation violente et une sécurisation des établissements[66]. En , le directeur de l'administration pénitentiaire, Philippe Galli, démissionne[67] - [68].

Pendant la primaire citoyenne de 2017, il soutient Manuel Valls[69]. À la suite de la dĂ©faite de ce dernier face Ă  BenoĂźt Hamon, il annonce, en dĂ©pit des dĂ©saccords qu'il peut avoir avec son programme, qu'il votera pour le candidat du PS lors du premier tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle, affirmant « ne pas [vouloir] ĂȘtre un frondeur prĂ©sidentiel comme d’autres ont Ă©tĂ© des frondeurs gouvernementaux »[70].

En , à la suite du changement de gouvernement, il est remplacé comme ministre de la Justice par François Bayrou[71].

Lors des Ă©lections lĂ©gislatives qui suivent, il est battu par AnnaĂŻg Le Meur, dont c’était la premiĂšre expĂ©rience Ă©lectorale, ce qui constitue une surprise[72].

AprĂšs le gouvernement

Depuis , Jean-Jacques Urvoas est redevenu maĂźtre de confĂ©rences. Selon ses propos, rapportĂ©s par France Bleu : « Je vais donner des cours [...] Ă  Quimper, mais aussi Ă  l'UBO Ă  Brest, Ă  Paris-Dauphine et aussi Ă  Sciences-Po Â»[73]. Puis, Ă  partir de septembre 2022, il est nommĂ© professeur des universitĂ©s en droit public Ă  l'universitĂ© de Brest[74].

Il a été candidat aux élections sénatoriales de 2020 dans le FinistÚre, en troisiÚme position sur la liste PS[75].

Affaires judiciaires

Affaire de la permanence parlementaire

En , Jean-Jacques Urvoas intente une procĂ©dure judiciaire au civil contre un membre de l'association finistĂ©rienne Cicero, pour violation de la vie privĂ©e[76] - [77]. Le membre de Cicero 29 est condamnĂ© au civil en premiĂšre instance Ă  2 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts provisionnel[78] - [79].

Selon le magazine L'Express, le lanceur d'alerte avait rendu public les piÚces notariées du montage ayant permis à l'ancien garde des Sceaux d'acheter sa permanence parlementaire à Quimper en 2008 avec son indemnité représentative de frais de mandat, une pratique ensuite interdite en 2015[80] - [81].

En , l'association Cicero 29 dĂ©pose un signalement de plainte auprĂšs du Parquet de Quimper pour des faits pouvant constituer un « dĂ©tournement de bien public »[82] - [83]. Une enquĂȘte prĂ©liminaire est ouverte en par le parquet de Lorient[84]. Elle est classĂ©e sans suite en au regard de l'absence d'infraction contraire Ă  la loi au moment des faits, lĂ©gislation qui changera le 1er janvier 2018 pour interdire qu'un bien financĂ© avec l'argent public tombe dans le patrimoine personnel d'un parlementaire [85] - [86].

Condamnation pour violation du secret professionnel en tant que ministre de la Justice

Le Canard enchaĂźnĂ© indique le que Jean-Jacques Urvoas aurait transmis, dans l’entre-deux-tours de l’élection prĂ©sidentielle de 2017, des informations confidentielles Ă  l'Ă©lu des Hauts-de-Seine Thierry SolĂšre. Jean-Jacques Urvoas est alors garde des Sceaux, et Thierry SolĂšre visĂ© par une enquĂȘte pour fraude fiscale, blanchiment et trafic d’influence. Selon l'hebdomadaire, « au mĂ©pris du secret inhĂ©rent Ă  sa fonction, le garde des sceaux a donc envoyĂ© Ă  un justiciable une note confidentielle Ă©manant de la Direction des affaires criminelles et des grĂąces dĂ©taillant les investigations en cours Ă  son sujet »[87] - [88]

Une copie de ce document, transmis à Thierry SolÚre grùce à la messagerie chiffrée russe Telegram, est découverte le lors d'une perquisition à son domicile[87]. Thierry SolÚre avait gardé ces informations dans son téléphone avec la mention « Amitiés Jean-Jacques Urvoas »[89]. Ancien député, Jean-Jacques Urvoas avait proposé un amendement pour contraindre à la remise de clés de chiffrement, en outre utilisées par des applications comme Telegram, sans délai[90].

Le , le procureur gĂ©nĂ©ral de la Cour de cassation, Jean-Claude Marin, saisit pour avis la Cour de justice de la RĂ©publique (CJR), seule habilitĂ©e Ă  juger les actes des ministres pris dans l'exercice de leurs fonctions[91]. AprĂšs l'avis « favorable » Ă©mis le par sa commission des requĂȘtes, la Cour de justice de la RĂ©publique ouvre une enquĂȘte le [92]. Le , Jean-Jacques Urvoas est mis en examen par la Cour de justice pour violation du secret professionnel[93]. Le , Ă  l'issue de son procĂšs, la CJR jugeant que Jean-Jacques Urvoas, « juriste expĂ©rimentĂ©, maĂźtre de confĂ©rences en droit public», ne pouvait ignorer qu'il commettait un dĂ©lit en transmettant la fiche d’action publique (FAP) Ă  une personne visĂ©e par une enquĂȘte en cours, le condamne Ă  un mois de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende pour violation du secret professionnel[94]. Le procureur gĂ©nĂ©ral avait requis un an de prison avec sursis[95].

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot supposent que Jean-Jacques Urvoas a pris de tels risques car il espĂ©rait ĂȘtre remerciĂ© par Thierry SolĂšre, « Ă©toile montante de la Macronie »[96].

Ouvrages

  • 11 propositions choc pour rĂ©tablir la sĂ©curitĂ©, Fayard, 2011
  • Avec Magali Alexandre, Manuel de survie Ă  l'AssemblĂ©e nationale - l'art de la guĂ©rilla parlementaire, Odile Jacob, 2012
  • Avec Vincent Potier et Jean-Luc BƓuf, Éloge du service public local, La lettre du cadre territorial, coll. « Essais »,
  • Pour l'AssemblĂ©e de Bretagne, Dialogues, 2014
  • "Le SĂ©nat", Que sais-je, 2019
  • "Les grandes citations de la Ve RĂ©publique", Dalloz, 2021

Notes et références

  1. PrononcĂ© [yʁvwas]
  2. « Décret du 21 février 2023 portant nomination et affectation (enseignement supérieur) », sur Légifrance, (consulté le )
  3. Maiwenn Raynaudon-Kerzerho, « Jean-Jacques Urvoas : sous l’Ɠil des camĂ©ras », sur Bretons-mag.com, (consultĂ© le ).
  4. Jean-louis Beaucarnot, « Le Dico des politiques », L'Archipel, .
  5. Interview accordée à « Un député, pour quoi faire ? » diffusé sur France Culture le 20 mai 2013
  6. Interview accordée au Télégramme le 5 mai 2013
  7. Biographie, Le blog de Jean-Jacques Urvoas, consulté sur www.urvoas.org le 20 janvier 2013
  8. RenĂ© Perez, « Poignant-Urvoas. Les voies parallĂšles », Le TĂ©lĂ©gramme,‎ (lire en ligne)
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