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Cumul des mandats en France

Le cumul des mandats en France, par sa frĂ©quence et son importance, fait depuis longtemps figure d'exception[1] - [2]. Ainsi, 82 % des dĂ©putĂ©s et 77 % des sĂ©nateurs exercent au moins un autre mandat Ă©lectif en 2012. Ces parlementaires sont gĂ©nĂ©ralement Ă  la tĂȘte d'un exĂ©cutif local : 45 % des dĂ©putĂ©s et 48 % des sĂ©nateurs sont soit maire, soit prĂ©sident de conseil dĂ©partemental, soit prĂ©sident de conseil rĂ©gional. AprĂšs l'adoption des lois du , le cumul d'un mandat de parlementaire et d'un mandat exĂ©cutif local[3] est interdit pour les dĂ©putĂ©s et les sĂ©nateurs Ă  partir des Ă©lections lĂ©gislatives et Ă©lections sĂ©natoriales de 2017, ainsi que pour les dĂ©putĂ©s europĂ©ens Ă  partir des Ă©lections europĂ©ennes de 2019.

Cadre juridique

Historique

Carte montrant l'emboitement géographique de mandats cumulés en 2011 par le député Yves Jégo.

Avant 1985, il n’existe aucune limite au cumul des mandats, hors celui de dĂ©putĂ© et de sĂ©nateur, en dĂ©pit d'une mise en cause du phĂ©nomĂšne qui commence dĂšs le dĂ©but de la TroisiĂšme RĂ©publique[4]. Par cohĂ©rence avec la dĂ©centralisation, la loi du 30 dĂ©cembre 1985 rend incompatible le mandat de parlementaire avec plus d’un mandat Ă©lectoral local ou europĂ©en. Depuis la loi du 3 fĂ©vrier 1992, un Ă©lu ne peut percevoir plus de 1,5 fois le montant de l’indemnitĂ© parlementaire de base au titre de ses diffĂ©rents mandats. Les incompatibilitĂ©s sont renforcĂ©es en 1995 et 2000. La loi du 5 avril 2000 pose le principe selon lequel ne peuvent ĂȘtre exercĂ©es plus de deux fonctions exĂ©cutives locales parmi celles de maire, de prĂ©sident de conseil gĂ©nĂ©ral ou de prĂ©sident de conseil rĂ©gional et interdit le cumul du mandat de parlementaire europĂ©en et d'une fonction exĂ©cutive locale, qui sera rĂ©tabli en 2003[5] - [6] - [7] - [8] - [9] - [10] - [11].

En 2007, le ComitĂ© de rĂ©flexion et de proposition sur la modernisation et le rĂ©Ă©quilibrage des institutions prĂ©sidĂ© par Édouard Balladur prĂ©conise d’interdire le cumul entre un mandat parlementaire et des fonctions exĂ©cutives locales afin d’accroĂźtre la disponibilitĂ© des parlementaires et d’accompagner ainsi le renforcement du poids du Parlement au sein des institutions de la CinquiĂšme RĂ©publique. Cette proposition n’est toutefois pas reprise[3]. En 2012, le rapport de la Commission sur la rĂ©novation et la dĂ©ontologie de la vie publique prĂ©sidĂ©e par Lionel Jospin propose d’interdire le cumul des fonctions ministĂ©rielles avec l’exercice de tout mandat local et de rendre incompatible le mandat de parlementaire avec tout mandat Ă©lectif autre qu’un mandat local simple[12]. Seule la derniĂšre mesure est votĂ©e dans les lois du 14 fĂ©vrier 2014. Elles s’appliquent, pour chaque assemblĂ©e, Ă  compter du premier renouvellement suivant le [13] - [14].

En 2015, le rapport du Groupe de travail sur l'avenir des institutions propose d’imposer le non-cumul des mandats dans le temps, c’est-à-dire limiter à trois le nombre de mandats identiques successifs[15].

Cumul simultané de plusieurs mandats électifs

Le cumul de plus d’un des mandats suivants est interdit : dĂ©putĂ©, sĂ©nateur, reprĂ©sentant au Parlement europĂ©en[16].

Le mandat de dĂ©putĂ©, de sĂ©nateur ou de reprĂ©sentant au Parlement europĂ©en est incompatible avec l’exercice de plus d’un mandat d’assemblĂ©e dĂ©libĂ©rante locale : conseiller rĂ©gional, conseiller Ă  l’AssemblĂ©e de Corse, conseiller dĂ©partemental, conseiller de Paris, conseiller Ă  l’assemblĂ©e de Guyane, conseiller Ă  l’assemblĂ©e de Martinique, conseiller municipal d’une commune de plus de 1 000 habitants[17].

À compter du premier renouvellement de chaque assemblĂ©e suivant le , le mandat de dĂ©putĂ©, de sĂ©nateur ou de reprĂ©sentant au Parlement europĂ©en est Ă©galement incompatible avec l’exercice d’un mandat exĂ©cutif local : maire, maire d’arrondissement, maire dĂ©lĂ©guĂ© et adjoint au maire ; prĂ©sident et de vice-prĂ©sident d’un Ă©tablissement public de coopĂ©ration intercommunale ; prĂ©sident et de vice-prĂ©sident de conseil dĂ©partemental ; prĂ©sident et de vice-prĂ©sident de conseil rĂ©gional ; prĂ©sident et de vice-prĂ©sident d’un syndicat mixte ; prĂ©sident, de membre du Conseil exĂ©cutif de Corse et de prĂ©sident de l’assemblĂ©e de Corse ; prĂ©sident et de vice-prĂ©sident de l’assemblĂ©e de Guyane ou de l’assemblĂ©e de Martinique ; de prĂ©sident et de membre du Conseil exĂ©cutif de Martinique ; prĂ©sident, vice-prĂ©sident et membre du Gouvernement de la Nouvelle-CalĂ©donie ; prĂ©sident et vice-prĂ©sident du CongrĂšs de la Nouvelle-CalĂ©donie ; prĂ©sident et vice-prĂ©sident d’une assemblĂ©e de province de la Nouvelle-CalĂ©donie ; prĂ©sident, vice-prĂ©sident et membre du Gouvernement de la PolynĂ©sie française ; prĂ©sident et vice-prĂ©sident de l’AssemblĂ©e de la PolynĂ©sie française ; prĂ©sident et vice-prĂ©sident de l’AssemblĂ©e territoriale des Ăźles Wallis et Futuna ; prĂ©sident et vice-prĂ©sident du Conseil territorial de Saint-BarthĂ©lemy, de Saint-Martin, de Saint-Pierre-et-Miquelon ; membre du conseil exĂ©cutif de Saint-BarthĂ©lemy, de Saint-Martin, de Saint-Pierre-et-Miquelon ; prĂ©sident et vice-prĂ©sident de l’organe dĂ©libĂ©rant de toute autre collectivitĂ© territoriale crĂ©Ă©e par la loi ; prĂ©sident de l’AssemblĂ©e des Français de l'Ă©tranger, de membre du bureau de l’AssemblĂ©e des Français de l'Ă©tranger et de vice-prĂ©sident de conseil consulaire[18].

Nul ne peut cumuler plus de deux mandats Ă©lectoraux d’assemblĂ©e dĂ©libĂ©rante locale : conseiller rĂ©gional, conseiller Ă  l’AssemblĂ©e de Corse, conseiller dĂ©partemental, conseiller de Paris, conseiller Ă  l’AssemblĂ©e de Guyane, conseiller Ă  l’AssemblĂ©e de Martinique, conseiller municipal[19].

Le chef d’un exĂ©cutif local ne peut pas exercer un autre mandat de chef d’exĂ©cutif local (maire, maire d’arrondissement, prĂ©sident de conseil dĂ©partemental, prĂ©sident de conseil rĂ©gional ou de l’AssemblĂ©e de Corse)[20].

Incompatibilité des mandats électifs avec d'autres fonctions

Sont inéligibles à un mandat de parlementaire pendant la durée de leurs fonctions le Défenseur des droits et ses adjoints et le ContrÎleur général des lieux de privation de liberté. Les préfets sont inéligibles en France dans toute circonscription comprise en tout ou partie dans le ressort dans lequel ils exercent ou ont exercé leurs fonctions depuis moins de trois ans à la date du scrutin. Le mandat de parlementaire est incompatible avec la qualité de membre du gouvernement[21], du Conseil constitutionnel[22], du Conseil économique, social et environnemental[23], des fonctions de magistrat[24], des fonctions publiques non électives[25] (liste non exhaustive).

À compter du premier renouvellement de chaque assemblĂ©e suivant le , le mandat de dĂ©putĂ©, de sĂ©nateur ou de reprĂ©sentant au Parlement europĂ©en est Ă©galement incompatible avec les fonctions de prĂ©sident et de vice-prĂ©sident du conseil d'administration d'un Ă©tablissement public local ; du conseil d'administration du Centre national de la fonction publique territoriale ou d'un centre de gestion de la fonction publique territoriale ; du conseil d'administration ou du conseil de surveillance d'une sociĂ©tĂ© d'Ă©conomie mixte locale ; du conseil d'administration ou du conseil de surveillance d'une sociĂ©tĂ© publique locale ou d'une sociĂ©tĂ© publique locale d'amĂ©nagement ; d'un organisme d'habitations Ă  loyer modĂ©rĂ©[26].

Cumul dans le temps

La seule limite au cumul dans le temps concerne la fonction de président de la République : depuis la révision constitutionnelle de 2008, nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs[27].

Le non-cumul des mandats connaĂźt un Ă©pisode singulier : le dĂ©cret du , l’AssemblĂ©e constituante avait en effet dĂ©cidĂ© de rendre inĂ©ligibles aux prochaines Ă©lections lĂ©gislatives d’alors les dĂ©putĂ©s sortants de la Constituante. L’AssemblĂ©e nationale Ă©lue entre le 29 aoĂ»t et le fut ainsi entiĂšrement constituĂ©e de nouvelles personnes[28]. En 2018, une mesure de limitation de cumul Ă  trois mandats consĂ©cutifs figure dans le projet de loi organique dĂ©battu en mĂȘme temps que le projet de loi de rĂ©vision de constitution prĂ©sentĂ© en mai 2018. La limitation s’applique aux mandats parlementaires et Ă  certaines fonctions exĂ©cutives locales, les maires des communes de moins de 9 000 habitants et les prĂ©sidents des Ă©tablissements publics de coopĂ©ration intercommunale de moins de 25 000 habitants en Ă©tant exemptĂ©s[28].

En pratique

Les origines de la pratique du cumul sont anciennes. DĂšs 1846, la Chambre des pairs comporte 54 % de dĂ©putĂ©s qui sont aussi maires ou conseillers gĂ©nĂ©raux, Ă  une Ă©poque oĂč ces derniers sont directement nommĂ©s par le pouvoir central. Durant la TroisiĂšme RĂ©publique (1870-1940), le cumul reprĂ©sente entre 25 et 35 % de dĂ©putĂ©s-maires et entre 40 et 50 % de dĂ©putĂ©s conseillers gĂ©nĂ©raux. AprĂšs la libĂ©ration, le cumul est faible, avant de repartir Ă  la hausse pour atteindre les trois quarts de dĂ©putĂ©s ayant au moins un mandat local dans les annĂ©es 1970. La loi de 1985 interdit les cumuls les plus spectaculaires (dĂ©putĂ©-maire-conseiller gĂ©nĂ©ral) mais le taux reste stable autour de 70 % jusqu’en 2010[29].

En 2012, la répartition en fonction du type de mandat local est la suivante[30] :

Profil % de l'effectif de l'Assemblée nationale Définition
Gros mandat local 20 % Maire d'une ville de plus de 30 000 habitants ou prĂ©sident d'un conseil dĂ©partemental ou rĂ©gional.
Moyen mandat local 15 % Maire d'une ville de moins de 30 000 habitants qui soit est un chef-lieu de circonscription, soit comporte plus de 9 000 habitants.
Petit mandat local 45 % Conseiller dĂ©partemental ou rĂ©gional ou maire d'une ville de moins de 9 000 habitants.
Sans mandat local 20 %
Répartition précise selon le type de mandat local à l'Assemblée nationale
Type de mandat Effectif % de l'effectif de l'Assemblée nationale
Maires 247 43 %
Adjoints au maire 32 5 %
Conseillers municipaux (dont les Conseillers de Paris) 104 18 %
Présidents de Conseil départemental 11 2 %
Vice-présidents de Conseil départemental 38 7 %
Conseiller départementaux (dont les Conseillers de Paris) 70 12 %
Présidents de Conseil régional 4 0.69 %
Vice-présidents de Conseil régional 15 3 %
Conseiller régionaux 37 6 %
Présidents d'EPCI 100 17 %
Vice-présidents d'EPCI 103 17 %
Conseiller d'EPCI 74 13 %
Mandats des collectivités d'Outre-mer 5 0.87 %
Mandats de l'Assemblée des Français de l'étranger 9 2 %
Mandats exécutifs locaux 358 62 %
Total des députés détenant un mandat local 497 86 %
RĂ©partition des maires selon l'importance de la population communale
Population Effectif % de l'effectif de l'Assemblée nationale
Plus de 100 000 habitants 15 3 %
De 50 000 Ă  100 000 habitants 24 4 %
De 20 000 Ă  50 000 habitants 57 10 %
De 10 000 Ă  20 000 habitants 50 9 %
De 3 500 Ă  10 000 habitants 48 8 %
De 1 Ă  3 500 habitants 53 9 %
Répartition précise selon le type de mandat local au Sénat
Type de mandat Effectif % de l'effectif du SĂ©nat
Maires 126 36 %
Adjoints au maire 26 7 %
Conseillers municipaux (dont les Conseillers de Paris) 45 13 %
Présidents de Conseil départemental 35 10 %
Vice-présidents de Conseil départemental 18 5 %
Conseiller généraux (dont les Conseillers de Paris) 40 11 %
Présidents de Conseil régional 4 1 %
Vice-présidents de Conseil régional 4 1 %
Conseiller régionaux 13 4 %
Présidents d'EPCI 64 18 %
Vice-présidents d'EPCI 58 17 %
Conseiller d'EPCI 37 11 %
Mandats des collectivités d'Outre-mer 3 0.86 %
Mandats de l'Assemblée des Français de l'étranger 12 3 %
Mandats exécutifs locaux 225 65 %
Total des sénateurs détenant un mandat local 294 84 %
RĂ©partition des maires selon l'importance de la population communale
Population Effectif % de l'effectif du SĂ©nat
Plus de 100 000 habitants 9 3 %
De 50 000 Ă  100 000 habitants 10 3 %
De 20 000 Ă  50 000 habitants 19 5 %
De 10 000 Ă  20 000 habitants 24 7 %
De 3 500 Ă  10 000 habitants 24 7 %
De 1 Ă  3 500 habitants 40 11 %

Le débat sur le cumul des mandats

Arguments d'opposition au cumul

Le cumul des mandats tendrait à affaiblir la démocratie au niveau local et national. La pratique est dénoncée en ce qu'elle porterait atteinte au bon fonctionnement du mécanisme de la représentation nationale.

Le cumul des mandats est d'autant plus critiquĂ© que l'un voire plusieurs des mandats exercĂ©s sont rĂ©putĂ©s demander un travail important et ĂȘtre chronophage, avec par exemple la gestion de collectivitĂ©s publiques de taille non nĂ©gligeable (villes, mĂ©tropoles, organismes locaux, dĂ©partements, rĂ©gions...). Il gĂ©nĂ©rerait des tendances Ă  l'absentĂ©isme au sein des instances Ă©lues[31] et dĂ©graderait la qualitĂ© du suivi des politiques publiques par les dĂ©putĂ©s, les sĂ©nateurs et les dĂ©putĂ©s europĂ©ens. Selon Laurent Bach[30], le cumul des mandats rĂ©duit le temps consacrĂ© par les dĂ©putĂ©s au travail parlementaire, sauf pour ce qui concerne la prĂ©sence en sĂ©ance plĂ©niĂšre lors des questions au gouvernement et le nombre de questions Ă©crites posĂ©es Ă  celui-ci.

Il y aurait aussi des risques de conflits d'intĂ©rĂȘts entre les diffĂ©rentes fonctions exercĂ©es (mandat exĂ©cutif d'un cĂŽtĂ©, mandat lĂ©gislatif de l'autre)[31]. Le cumul des mandats entre un mandat parlementaire et un mandat exĂ©cutif local serait contraire au principe de sĂ©paration des pouvoirs selon lequel le lĂ©gislateur ne doit pas ĂȘtre ensuite celui qui exĂ©cute la loi[32]. Il ne faciliterait pas la rĂ©partition de la responsabilitĂ© et des fonctions entre davantage de mains . La composition et le renouvellement de la classe politique en seraient affectĂ©s du fait de l'appauvrissement de la compĂ©tition politique[31] : les candidats en place, qui exercent plusieurs mandats et ont accĂšs Ă  des ressources diversifiĂ©es, seraient avantagĂ©s vis-Ă -vis de leurs concurrents « outsiders »[33]. Enfin, l'argument selon lequel le cumul des mandats serait nĂ©cessaire pour assurer la proximitĂ© entre les dĂ©putĂ©s et le terrain n'est pas valable, car le mode de scrutin uninominal et majoritaire les oblige de toute façon Ă  rester proches de leur circonscription[31].

Arguments de soutien du cumul

Tout d'abord, le cumul permettrait un meilleur ancrage des parlementaires sur le terrain, une meilleure connaissance des problĂšmes locaux et une plus grande proximitĂ© avec les citoyens. Certains estiment Ă©galement qu'en l'absence d'un vĂ©ritable statut de l'Ă©lu, le cumul assure une forme de sĂ©curitĂ© « professionnelle ». Dans un État Ă  tradition trĂšs centralisĂ©e comme la France, il serait logique que les parlementaires dĂ©tiennent par ailleurs des mandats exĂ©cutifs locaux. Par ailleurs, certains estiment que contrairement aux dĂ©putĂ©s qui reprĂ©sentent la Nation, les sĂ©nateurs doivent dĂ©tenir des fonctions exĂ©cutives locales, car le SĂ©nat reprĂ©sente les collectivitĂ©s territoriales, dont les Ă©lus sont les Grands Ă©lecteurs des sĂ©nateurs. Enfin, les dĂ©fenseurs du cumul utilisent l'argument de la libertĂ© du vote, et estiment que si les citoyens ne voulaient pas du cumul des mandats, ils ne rĂ©Ă©liraient pas rĂ©guliĂšrement des parlementaires dĂ©tenant des fonctions exĂ©cutives locales.

Quatre universitaires ont considĂ©rĂ© en mars 2013, dans une lettre Ă©crite au prĂ©sident de la RĂ©publique[34], que le cumul des mandats pour les parlementaires Ă©tait un contrepoids Ă  la concentration des pouvoirs entre les mains du prĂ©sident de la RĂ©publique, considĂ©rant qu'il serait malsain que les parlementaires ne soient Ă©lus que sur une base partisane. Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS, a Ă©galement publiĂ© pour le CEVIPOF une Ă©tude[35] selon laquelle le cumul des mandats n'entraĂźnerait pas une moindre activitĂ© parlementaire et les dĂ©putĂ©s cumulards ne seraient pas dĂ©vouĂ©s qu'aux intĂ©rĂȘts de leur collectivitĂ© d'origine.

Pour Claude Bartolone, la limitation du cumul des mandats dans le temps, qui accĂ©lĂ©rerait la rotation des Ă©lus pourrait diminuer le pouvoir des politiques. Le pouvoir serait exercĂ© par d’autres institutions : l’administration, les mĂ©dias ou la justice[36].

Comparaison internationale

En 2008, d'aprÚs le New York Times, 85 % des parlementaires français exercent un second mandat électif, contre bien moins de 20 % en Allemagne, en Italie ou au Royaume-Uni[37]. Au Canada, le cumul de mandats a pratiquement disparu tant à l'échelon fédéral que provincial. Dans le cas du Québec, qui a connu 305 députés-maires de 1867 à 1985, il ne subsistait plus qu'un seul cas lorsque l'Assemblée nationale a adopté des lois en 1978 et 1980 (amendée en 1982) interdisant toute forme de cumul pour les députés de l'Assemblée nationale[38]. En Belgique, en 2011, cette proportion était de 75,9 % pour les députés fédéraux[39].

La proportion de députés ayant au moins un mandat local en 2011 est la suivante selon une étude de Laurent Bach[40] :

États-Unis (fĂ©dĂ©ral) Royaume-Uni Italie Espagne Allemagne (fĂ©dĂ©rale) SuĂšde France
0 % 3 % 7 % 20 % 24 % 35 % 83 %

Notes et références

  1. Alexandre Dakos, « Le cumul des mandats, dangereuse particularitĂ© française », Contrepoints,‎ (lire en ligne)
  2. Olivier Monod, « Le cumul des mandats rend les Ă©lus moins efficaces », L'Express,‎ (lire en ligne)
  3. « Cumul des mandats : une pratique restreinte à compter de 2017 », sur Vie-publique.fr, .
  4. Guillaume Marrel, L’élu et son double. Cumul des mandats et construction de l’Etat rĂ©publicain en France du milieu du XIXe au milieu du XXe siĂšcle, Grenoble, UniversitĂ© Grenoble 2, (thĂšse de doctorat de science politique), 2003, 770 p.p.[lire en ligne]
  5. Loi organique no 85-1405 du 30 décembre 1985 tendant à la limitation du cumul des mandats électoraux et des fonctions électives par les parlementaires
  6. Loi no 92-108 du 3 février 1992 relative aux conditions d'exercice des mandats locaux
  7. Loi organique no 95-62 du 19 janvier 1995 modifiant diverses dispositions relatives Ă  l’élection du PrĂ©sident de la RĂ©publique et Ă  celle des dĂ©putĂ©s Ă  l’AssemblĂ©e nationale
  8. Loi organique no 2000-294 du 5 avril 2000 relative aux incompatibilités entre mandats électoraux
  9. Loi organique no 2000-295 du 5 avril 2000 relative Ă  la limitation du cumul des mandats Ă©lectoraux et des fonctions et Ă  leurs conditions d’exercice
  10. Loi no 2003-327 du 11 avril 2003 relative à l'élection des conseillers régionaux et des représentants au Parlement européen ainsi qu'à l'aide publique aux partis politiques
  11. Bach 2012, La réglementation du cumul des mandats pp36-43
  12. Commission sur la rénovation et la déontologie de la vie publique 2012
  13. Loi organique no 2014-125 du 14 février 2014 interdisant le cumul de fonctions exécutives locales avec le mandat de député ou de sénateur
  14. Loi no 2014-126 du interdisant le cumul de fonctions exécutives locales avec le mandat de représentant au Parlement européen, sur Légifrance.
  15. Groupe de travail sur l'avenir des institutions 2015, p. 51
  16. Articles LO137, LO137-1 et LO297 du code Ă©lectoral, sur LĂ©gifrance.
  17. Articles LO141 et LO297 du code Ă©lectoral ; article 6-3 I. de la loi du 7 juillet 1977 relative Ă  l’élection des reprĂ©sentants au Parlement europĂ©en
  18. Articles LO141-1 et LO297 du code Ă©lectoral ; article 6-3 II. de la loi du 7 juillet 1977 relative Ă  l’élection des reprĂ©sentants au Parlement europĂ©en
  19. Article L46-1 du code Ă©lectoral
  20. Articles L2122-4, L2511-25, L3122-3, L4133-3, L4422-19 du code général des collectivités territoriales
  21. Article 23 de la Constitution du 4 octobre 1958
  22. Article 57 de la Constitution du 4 octobre 1958 et Article LO152 du code Ă©lectoral. À noter que depuis 1995, un juge constitutionnel ne peut plus cumuler de mandat Ă©lectif.
  23. Article LO139 du code Ă©lectoral
  24. Article LO140 du code Ă©lectoral
  25. Article LO142 du code Ă©lectoral
  26. Article LO147-1 du code électoral ; article 6-3 II. de la loi du 7 juillet 1977 relative à l'élection des représentants au Parlement européen
  27. Article 6 de la Constitution du 4 octobre 1958
  28. Bastien Scordia, « Incertitude juridique autour du non-cumul des mandats dans le temps », acteurspublics.com, (consulté le )
  29. Bach 2012, Depuis quand le cumul existe-t-il en France pp27-30.
  30. Bach 2012.
  31. Carcassonne Guy, « Cumul des mandats, le piĂšge, par Guy Carcassonne », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  32. Yves MĂ©ny, « Le cumul des mandats ou l’impossible sĂ©paration des pouvoirs ? », Pouvoirs, no 64 « Le Parlement »,‎ , p. 129–136 (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne [PDF])
  33. (en) Abel François, « Testing the ‘Baobab Tree’ Hypothesis: The Cumul des Mandats as a Way of Obtaining More Political Resources and Limiting Electoral Competition », French Politics, vol. 4,‎ , p. 269–291 (lire en ligne [PDF])
  34. Corinne Laurent, « Quatre universitaires se prononcent pour le cumul des mandats », La Croix,‎ (lire en ligne). Le texte de la lettre, signĂ©e par Pierre Avril, Olivier Beaud, Laurent Bouvet et Patrick Weil, est disponible sur le site de Laurent Bouvet.
  35. Luc Rouban, « Le cumul des mandats et le travail parlementaire », Cevipof, no 9,‎ (lire en ligne [PDF])
  36. Groupe de travail sur l'avenir des institutions 2015, p. 52.
  37. (en) Elaine Sciolino, « French Cabinet Position Not Enough? Then Try Mayor. », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  38. http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/lexique/d/index.html
  39. « La proportion de députés fédéraux ayant au moins un mandat local », sur Cumuleo,
  40. Bach 2012, p. 24

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

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