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Histoire d'HaĂŻti

L’üle d’HaĂŻti (« Pays de montagnes » en langue taĂŻno[1]), appelĂ©e Hispaniola (« petite Espagne ») par Christophe Colomb en 1492 et Saint-Domingue par les Français, est considĂ©rĂ©e comme la « perle des Antilles ». UltĂ©rieurement et jusqu’à nos jours, le nom indigĂšne taĂŻno sera utilisĂ© pour dĂ©signer la partie occidentale de l’üle, devenue française puis indĂ©pendante en 1804, tandis que Saint-Domingue dĂ©signera la partie orientale, devenue espagnole puis indĂ©pendante en 1821[2] (et Ă  nouveau en 1844 aprĂšs 23 ans de domination haĂŻtienne).

Époque prĂ©colombienne

Comme en tĂ©moignent les sites de leurs bivouacs, les plus anciens Autochtones d'AmĂ©rique Ă©taient arrivĂ©s plusieurs milliers d’annĂ©es avant JĂ©sus-Christ, peut-ĂȘtre vers 9000 avant le prĂ©sent, en provenance, peut-ĂȘtre, de Floride ou du Yucatan. C’étaient des chasseurs, des cueilleurs et des pĂȘcheurs, bons navigateurs[3]. À partir de l’an 300, la prĂ©sence de cĂ©ramiques et de traces d’agriculture similaires Ă  celles du Venezuela actuel est enregistrĂ©e : le peuplement s’est donc fait en plusieurs vagues. Au moment des premiers contacts avec les EuropĂ©ens, le pays Ă©tait peuplĂ© par quelques dizaines de milliers[4] d’Arawaks et notamment de TaĂ­nos, mais leur nombre dĂ©crut drastiquement en raison des maladies importĂ©es par les colons et des agressions dont ils furent victimes.

Au cours de leurs migrations dans les CaraĂŻbes, les TaĂ­nos issus du peuplement Arawak d’AmĂ©rique du Sud, occupent l’üle et notamment la partie occidentale correspondant Ă  HaĂŻti[5] - [6]. La gĂ©nĂ©tique permet de distinguer les peuplements d’Arawaks successifs, venant du delta de l’OrĂ©noque, vers les Ăźles de la CaraĂŻbe. Vers l’an 600, les TaĂ­no d’HaĂŻti et s’organisent en chefferies dirigĂ©es par des caciques.

La culture taĂ­no rayonne surtout Ă  partir de l’an 1000. La population totale de l’üle, avant l'arrivĂ©e des EuropĂ©ens, fait l’objet d’estimations trĂšs diffĂ©rentes. Certaines sources estiment la population Ă  quelques centaines de milliers, d’autres Ă  plusieurs millions. Dans son rĂ©cit de la Destruction des Indes BartolomĂ© de las Casas estime la population de l’üle Ă  3 millions. Ces estimations, faites quelques dĂ©cennies aprĂšs la colonisation, sont considĂ©rĂ©es comme exagĂ©rĂ©es, car la culture sur brĂ»lis en milieu forestier subtropical n’aurait pas pu nourrir des millions d’habitants, et il n’est pas sĂ»r qu’elle ait Ă©tĂ© pratiquĂ©e[N 1].

Époque coloniale

PĂ©riode espagnole

Christophe Colomb aborde Guanahani, l’une des Ăźles Bahamas, rebaptisĂ©e par lui San Salvador, le , deux mois et dix jours aprĂšs son dĂ©part de Palos en Espagne. Il dĂ©couvre Cuba le . Il aborde HaĂŻti, rebaptisĂ©e par lui Hispaniola, le [7]. Les populations autochtones, des Arawaks, sont groupĂ©es sous l'autoritĂ© de cinq caciques, qui se partagent l'Ăźle en cinq Caciquats d'Hispaniola), (l'Ăźle est dĂ©signĂ©e dans leur langue sous le nom de Quisqueya[7]). Le premier accueil qu'ils font aux Espagnols est bienveillant[7]. Ces Espagnols construisent une citadelle et restent mĂ©fiants, leur voyage a pour but d'atteindre les Indes, de fonder une colonie et d'amasser des richesses, ils observent avec intĂ©rĂȘt la prĂ©sence d'or). AprĂšs le dĂ©part de Christophe Colomb, les relations se dĂ©gradent entre la garnison espagnol occupant cette citadelle et les populations arawaks. Le cacique Caonabo, qui tient le territoire abordĂ© par les Espagnols, fait massacrer la garnison et dĂ©truire la citadelle[7].

À son deuxiĂšme voyage en 1493, Christophe Colomb fonde la premiĂšre ville europĂ©enne du Nouveau Monde : La Isabela, en l'honneur de la reine Isabelle la Catholique, s’y installe et asservit les populations autochtones. Suite Ă  une rĂ©volte de ces populations , une femme devenue un de leurs caciques, Anacaona, est capturĂ©e et pendue[7]. AprĂšs avoir vaincu les autres caciques qui dirigent le pays, les Espagnols soumettent systĂ©matiquement les autochtones Ă  des travaux forcĂ©s afin d’extraire l’or des mines[7]. En moins de vingt-cinq ans, les populations autochtones sont dĂ©cimĂ©es Ă  cause de l’esclavage et des maladies importĂ©es par les conquĂ©rants.

Le nouveau gouverneur NicolĂĄs de Ovando tente dĂšs 1503 de faire venir des Noirs d’Afrique pour remplacer les autochtones. La majeure partie des esclaves noirs qui sont dĂ©portĂ©s vers l’üle sont originaires du Dahomey, de la GuinĂ©e et du NigĂ©ria, ce qui explique l’importance du culte vaudou en HaĂŻti. La traite nĂ©griĂšre est autorisĂ©e en 1517 par Charles Quint, qui l’interdit officiellement quinze ans plus tard, avant mĂȘme la lettre Veritas ipsa de Paul III, mais dans les faits, elle se poursuit nĂ©anmoins.

La ville du sud, Santo Domingo, actuellement en RĂ©publique Dominicaine, devient le port de transit des colons europĂ©ens venant s’installer dans le Nouveau Monde. Ne s’intĂ©ressant qu’à la collecte de l’or, les Espagnols importent en quantitĂ© des chevaux, des bovins, des caprins et des porcins qu’ils laissent en libertĂ© pour les y chasser, mais qui bouleversent les Ă©quilibres naturels de l’üle. DĂšs 1530, le troc ou la spoliation des indiens en pĂ©pites d’or rapporte moins. Le principal lieu d’extraction se trouve dans la plaine de la Vega. Les colons Espagnols concentrent leurs efforts dans la partie orientale de l’üle peuplĂ©e par les amĂ©rindiens HigĂŒey, qui recĂšle encore un peu d’or, et ils dĂ©laissent l’ouest montagneux.

Période française

L’ouest montagneux de l’üle, dĂ©laissĂ© par les autoritĂ©s espagnoles, devient alors, Ă  la fin du XVIe siĂšcle, le domaine vivrier des flibustiers français basĂ©s sur l’üle de la Tortue, au nord, qui font pĂ©riodiquement des incursions sur la « Grande Terre » oĂč leurs boucaniers chassaient les animaux devenus sauvages et vendaient les viandes sĂ©chĂ©es ou fumĂ©es et le cuir. Vers 1625, des Français occupĂšrent la partie nord-ouest et gagnĂšrent progressivement vers le sud. En 1640 le commandeur de Poincy, « gouverneur des Îles de l’AmĂ©rique », envoie François Levasseur chasser les Anglais qui s’étaient emparĂ©s de l’üle de la Tortue, et prendre le commandement des flibustiers et boucaniers français.

Sous l’impulsion, en France, du ministre Jean-Baptiste Colbert et, sur place, du premier administrateur Bertrand d'Ogeron de La BouĂ«re nommĂ© en 1665, la « colonie de Saint-Domingue » prit son essor. Sa premiĂšre capitale, Le Cap-Français, fut fondĂ©e en 1670. À la suite du traitĂ© de Ryswick (1697) et de l’accession au trĂŽne espagnol d’un petit-fils de Louis XIV, le duc d’Anjou Philippe de France (1700), l’Espagne abandonna ses prĂ©tentions Ă  la possession de l’ensemble de l’üle Hispaniola et accepta la prĂ©sence française dans sa partie occidentale, la future HaĂŻti. Le traitĂ© d'Aranjuez en 1777 officialisa la souverainetĂ© française sur ces territoires.

Les premiĂšres cultures furent le tabac, puis l’indigo. Elles rĂ©clamaient de la main d’Ɠuvre sur d’assez petites surfaces : des Français fuyant la misĂšre s’engageaient pour 3 ans Ă  travailler sans salaire, puis s’installaient sur de nouvelles terres. La traite nĂ©griĂšre se dĂ©veloppa Ă©galement et s’institutionnalisa. C’est en 1685 que fut Ă©dictĂ© le Code noir, une ordonnance de Louis XIV destinĂ©e Ă  rĂ©glementer le rĂ©gime de l’esclavage en prĂ©cisant les devoirs des maĂźtres et des esclaves. Les dispositions de ce code, pourtant sĂ©vĂšres envers les esclaves, furent souvent aggravĂ©es et les rares devoirs des maĂźtres, comme l’évangĂ©lisation et le repos obligatoire du dimanche, fut nĂ©gligĂ©s. Aux peines capitales prĂ©vues dans certains cas, les colons français ajoutĂšrent divers sĂ©vices et mutilations. L’Africain Ă©tait obligĂ© de changer de nom, et d’abandonner sa langue, ses habitudes vestimentaires et surtout son statut, particuliĂšrement si celui-ci Ă©tait prestigieux dans sa sociĂ©tĂ© d’origine (aristocrates, prĂȘtres de Mawou
). S’il portait des signes rituels de reconnaissance ou d’appartenance (tatouages, scarifications), ceux-ci Ă©taient marquĂ©s au fer rouge.

La colonie de Saint-Domingue devint la plus riche des Antilles françaises : Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle, la valeur de ses exportations dĂ©passait mĂȘme celle des États-Unis. Cette prospĂ©ritĂ© reposait principalement sur le sucre et le cafĂ© qui avaient supplantĂ© les premiĂšres cultures et nĂ©cessitaient de grandes plantations. Le , Ă  la nouvelle de la Convocation des Ă©tats gĂ©nĂ©raux, les colons s’organisent pour y ĂȘtre appelĂ©s. En 1789, Ă  la veille de la RĂ©volution française, leurs plantations employaient prĂšs de 500 000 esclaves noirs pour 32 000 Blancs et 28 000 gens de couleur libres (mĂ©tis et affranchis).

RĂ©volution haĂŻtienne

ReprĂ©sentant 7 % de la population, les Blancs sont trĂšs divisĂ©s. Les petits propriĂ©taires blancs, maĂźtres de trois Ă  cinq esclaves et exerçant des activitĂ©s surtout artisanales ou commerciales, se sentaient aussi humiliĂ©s par les grands planteurs que les roturiers en gĂ©nĂ©ral l’étaient par l’aristocratie. Le , les dĂ©putĂ©s de Saint-Domingue sont admis en France. L’AssemblĂ©e française ne lĂ©gifĂšre rien sur l’esclavage, mais dĂ©clare l’égalitĂ© des droits pour tous les hommes libres, y compris les mĂ©tis et les noirs. Dans la colonie, la situation dĂ©gĂ©nĂšre en quasi guerre civile entre les quatre groupes constituant la population libre : les partisans du gouverneur, les grands propriĂ©taires, les petits propriĂ©taires et les mĂ©tis ou noirs[8].

C’est le contexte qui permit l’avĂšnement de la rĂ©volution haĂŻtienne en aoĂ»t 1791 Ă  la suite de la cĂ©rĂ©monie de Bois-CaĂŻman dans la plaine du Nord : plus de 1 000 blancs y furent tuĂ©s et leurs plantations incendiĂ©es. Sous la conduite de leurs chefs, dont le plus important fut Toussaint Louverture, les noirs les plus instruits, au courant des idĂ©aux de la rĂ©volution française et en accord avec l’idĂ©e que « tous les Hommes naissent libres et Ă©gaux en dignitĂ© et en droits », passĂšrent d’une rĂ©volte anti-esclavagiste Ă  une guerre de libĂ©ration : ils s’alliĂšrent d’abord aux Espagnols de Saint-Domingue, dĂ©jĂ  en guerre contre la nouvelle RĂ©publique française. De nombreux blancs, royalistes, soutinrent les Britanniques ou les Espagnols, et c’est pourquoi les commissaires de la Convention, guidĂ©s Ă  la fois par leur idĂ©al et par la nĂ©cessitĂ© de se trouver des alliĂ©s, proclamĂšrent la libertĂ© des esclaves ; Sonthonax, le , pour la province du Nord, et Polverel, progressivement jusqu’en octobre dans les provinces du Sud et du Centre.

Le , la Convention confirma par acclamation cette dĂ©claration et Ă©tendit l’abolition de l'esclavage Ă  toutes les colonies françaises. L’armĂ©e britannique entre alors dans la colonie pour tenter de s’en emparer. Constatant que seule la RĂ©publique française entendait libĂ©rer les esclaves, Toussaint Louverture s’y rallia en 1794. En quelques mois, Ă  la tĂȘte d’une armĂ©e de 20 000 anciens esclaves, il renversa la situation militaire et libĂ©ra la moitiĂ© du territoire. En rĂ©compense, il fut nommĂ© en 1796 gĂ©nĂ©ral de division et vice-gouverneur de l’üle. En 1798, agissant comme gouverneur, il nĂ©gocia directement avec les Britanniques la libĂ©ration des ports qu’ils dĂ©tenaient encore, dĂ©montrant ainsi qu’il Ă©tait le seul chef de la colonie. Au cours d’une guerre civile en 1800, il rĂ©duisit la rĂ©sistance des privilĂ©giĂ©s et imposa la suprĂ©matie de la majoritĂ© noire. En 1801, il Ă©tendit son autoritĂ© sur l’ensemble de l’üle en envahissant la partie orientale espagnole et en y promulguant une constitution. Toutefois, pour remettre sur pied l’économie des plantations, il dut faire une volte-face politique, confier l’administration civile et le commandement militaire uniquement aux citoyens sachant lire et Ă©crire, rappeler les anciens colons, instaurer le travail forcĂ© et rĂ©primer par la force la contestation des noirs les plus modestes.

Il perdit ainsi leur confiance, et aussi celle de Bonaparte en se faisant nommer gouverneur Ă  vie par la constitution du . Bonaparte dĂ©cida alors l’envoi de l’expĂ©dition de Saint-Domingue, au prĂ©texte d’y rĂ©tablir l’ordre. Mais en mĂȘme temps que la France faisait inscrire sur ses drapeaux : « Braves Noirs, la France reconnaĂźt seule vos droits et votre libertĂ© », le Corps lĂ©gislatif s’apprĂȘtait Ă  rĂ©tablir l’esclavage dans les colonies. Bonaparte, dont l’épouse JosĂ©phine de Beauharnais possĂ©dait des intĂ©rĂȘts dans les plantations coloniales, avait, par un arrĂȘtĂ© secret et antĂ©rieur Ă  l’expĂ©dition (du ), envoyĂ© trois commissaires pour y rĂ©tablir les « cultures », autrement dit l’esclavage. Aux États-Unis, les riches planteurs prirent peur devant ce qu’ils percevaient comme une rĂ©volte d’esclaves et contribuĂšrent Ă  financer l’expĂ©dition française pour mater celle-ci[9].

L’indĂ©pendance

L’expĂ©dition de Saint-Domingue arrive le , commandĂ©e par les gĂ©nĂ©raux AndrĂ© Rigaud et Alexandre PĂ©tion, ainsi que par Jean-Pierre Boyer, « hommes de couleur » issus de Saint-Domingue. Une flotte de quatre-vingt-six vaisseaux dĂ©barque trente mille hommes. InformĂ© des projets de Bonaparte, Toussaint Louverture ordonne Ă  ses lieutenants de faire aux Français une « guerre d'extermination » : les villes sont incendiĂ©es, les riviĂšres, sources et puits empoisonnĂ©s. Le , le gĂ©nĂ©ral Charles Leclerc beau-frĂšre de Bonaparte et commandant de l’armĂ©e expĂ©ditionnaire, met tous les chefs noirs hors la loi.

DĂšs son arrivĂ©e le , l’expĂ©dition de Saint-Domingue se prĂ©sente devant le port du Cap-Français, oĂč commandait Henri Christophe, qui refusa de cĂ©der les forts et la place confiĂ©s Ă  son commandement sans la permission de Toussaint Louverture[10]. Il Ă©crivit Ă  Leclerc : « Si vous avez la force dont vous me menacez, je vous prĂȘterai toute la rĂ©sistance qui caractĂ©rise un gĂ©nĂ©ral ; et si le sort des armes vous est favorable, vous n’entrerez dans la ville du Cap que lorsqu’elle sera rĂ©duite en cendres, et mĂȘme sur ces cendres, je vous combattrai encore ». Lorsque Leclerc dĂ©barque, malgrĂ© la rĂ©sistance qu’opposent les habitants et la milice, Henri Christophe donne l’ordre d’incendier la citĂ© et tous ses Ă©difices publics.

Les Noirs rĂ©sistent, mais reculent devant la puissance de l’armĂ©e de Leclerc. À la fin avril, au prix de cinq mille morts et autant de malades ou blessĂ©s, les Français tiennent toute la cĂŽte. Les gĂ©nĂ©raux de Toussaint Louverture, dont Henri Christophe (en avril) et Jean-Jacques Dessalines (Ă  la CrĂȘte-Ă -Pierrot aprĂšs trois semaines de combat inĂ©gal et sanglant en ) se rendent aux Français aprĂšs d’ñpres combats si bien que Toussaint Louverture lui-mĂȘme accepte sa reddition en . Il est autorisĂ© Ă  se retirer sur l’une de ses plantations, Ă  proximitĂ© du bourg d’Ennery, non loin de la cĂŽte. Le , Toussaint Louverture est arrĂȘtĂ© malgrĂ© sa reddition et Dessalines, dĂ©fait par les Français Ă  la CrĂȘte-Ă -Pierrot, participe Ă  cette arrestation[11]. Louverture est dĂ©portĂ© en France mais avant d’embarquer dans le navire qui le transportait il dĂ©clara : « En me renversant vous n’avez abattu que le tronc de l’arbre de la libertĂ©, mais il repoussera par ses racines qui sont profondes et nombreuses ». Il est internĂ© au fort de Joux, dans le Massif du Jura, oĂč il mourra des rigueurs du climat et de malnutrition le , aprĂšs avoir prĂ©dit la victoire des Noirs.

Toussaint Louverture neutralisĂ©, Leclerc dĂ©cide le dĂ©sarmement de la population et le met en Ɠuvre Ă  grand renfort d’exĂ©cutions sommaires ; voyant cela, les chefs de couleur se dĂ©tachent peu Ă  peu de l’expĂ©dition de Saint-Domingue et rejoignent les insurgĂ©s, prenant conscience que cette opĂ©ration n’avait d’autre but que celui de rĂ©tablir l’esclavage Ă  Saint-Domingue.

En apprenant le rĂ©tablissement de l’esclavage Ă  la Guadeloupe, Alexandre PĂ©tion donne le signal de la rĂ©volte, le . À la tĂȘte de cinq cent cinquante hommes, il marche contre le principal poste français du Haut-du-Cap, le cerne, le fait dĂ©sarmer et sauve quatorze canonniers que les siens voulaient Ă©gorger : l’armĂ©e des « indĂ©pendants » est alors formĂ©e. Les gĂ©nĂ©raux Geffrard, Clervaux et Christophe viennent se joindre Ă  PĂ©tion qui, trĂšs diplomatiquement, passe au troisiĂšme le commandement de l’insurrection.

Dessalines rejoint alors de nouveau les rĂ©voltĂ©s en . Au congrĂšs de l’Arcahaye (15-), Dessalines rĂ©alise Ă  son profit l’unitĂ© de commandement. C’est lors de ce congrĂšs qu’apparaĂźt le premier drapeau haĂŻtien, bicolore bleu et rouge, inspirĂ© du drapeau français dont la partie blanche a Ă©tĂ© ĂŽtĂ©e. Le , Ă  la tĂȘte de l’armĂ©e des insulaires, avec Ă  ses cĂŽtĂ©s Henri Christophe, Dessalines impose Ă  Rochambeau (le cruel successeur de Leclerc qui utilisait contre les insurgĂ©s des chiens de combat achetĂ©s Ă  Cuba) la capitulation du Cap aprĂšs la dĂ©faite des armĂ©es françaises, la veille, Ă  la bataille de VertiĂšres. Rochambeau n’a alors d’autre choix que d’ordonner l’évacuation de l’üle.

AprĂšs le dĂ©part des Français, Dessalines, Ă©chaudĂ©, provoque aussitĂŽt le massacre de la population blanche[12]. Il donne Ă  Saint-Domingue son nom indien d'HaĂŻti et dĂ©clare l'indĂ©pendance de la RĂ©publique le aux GonaĂŻves[13]. La premiĂšre rĂ©publique noire libre du monde et des AmĂ©riques vient ainsi de naĂźtre ; ce n’est cependant pas le premier Ă©tat noir du monde puisqu’il en existait dĂšs l’antiquitĂ© (Nubie), ni le premier Ă©tat noir libre de l’ùre moderne puisque l’Abyssinie a vaincu ses envahisseurs europĂ©ens et repoussĂ© leurs tentatives de colonisation.

Sur le plan Ă©conomique, la rĂ©publique d’HaĂŻti est trĂšs endettĂ©e car la France ne reconnut l’indĂ©pendance du pays qu’en Ă©change d’une indemnitĂ© de 150 millions de francs-or (la somme sera ramenĂ©e en 1838 Ă  90 millions de francs).

Premier Empire d'HaĂŻti

Craignant le retour des Français dans l’üle, Dessalines fait construire des fortifications et promulguer la Constitution de 1804. Cette constitution, en matiĂšre de libertĂ©s sociales, prĂ©voit entre-autres la libertĂ© de religion (sous Toussaint, le catholicisme avait Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© seule religion officielle d’État) et postule que tous les citoyens non-blancs d’HaĂŻti, quelles que soient les nuances de leur peau, doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme « Noirs » afin d’éliminer la hiĂ©rarchie raciale qui s’était dĂ©veloppĂ©e en HaĂŻti, favorisant les personnes les plus claires. En revanche, il Ă©tait interdit aux hommes blancs non-mĂ©tissĂ©s de possĂ©der une propriĂ©tĂ© ou un domaine sur le sol haĂŻtien, afin de rendre irrĂ©versibles les cessions françaises consĂ©cutives Ă  la rĂ©volution haĂŻtienne. Si les Français devaient revenir pour rĂ©imposer l’esclavage, l’article 5 de la constitution dĂ©clare : « Au premier coup de fusil d’avertissement, les villes seront dĂ©truites et la nation se lĂšvera en armes ». Pour assurer l’égalitĂ© des chances, cette constitution officialise le français, car le crĂ©ole parlĂ© par la grande majoritĂ© de la population n’est pas standardisĂ© et diffĂšre de celui parlĂ© dans d’autres Ăźles.

Prenant modĂšle sur le Premier Empire, Dessalines se fait, le , couronner empereur au Cap-HaĂŻtien sous le nom de Jacques Premier. Le , Ă  la tĂȘte de 30 000 hommes, il s'empare de Santiago au centre de l’üle, dans la partie espagnole. Le 7 mars l’armĂ©e haĂŻtienne converge sur la ville de Santo Domingo et l’assiĂšge mais le 21 mars, les assiĂ©gĂ©s reçoivent en renfort un escadron français, menĂ© par l’amiral Édouard de Missiessy. Le 28 mars, Dessalines abandonne le siĂšge de Santo Domingo et fait retraite vers HaĂŻti.

Dessalines confisque les terres des colons et donne les meilleures Ă  ses officiers. Sa constitution du interdit la propriĂ©tĂ© fonciĂšre aux Blancs. Pour remettre en marche l’économie, il Ă©dicte le travail forcĂ© des cultivateurs avec un rĂšglement plus dur que celui de Toussaint. Le peuple reprend les armes contre cette dictature.

C’est Ă  Marchand, le , que Dessalines apprend qu’il y a contre lui une rĂ©volte. Ignorant que Christophe avait Ă©tĂ© proclamĂ© chef de l’insurrection, il lui Ă©crit de se tenir prĂȘt Ă  entrer en campagne. Au gĂ©nĂ©ral PĂ©tion, qui Ă©tait Ă©galement dans le complot, il donne l’ordre de marcher sur les Cayes Ă  la tĂȘte des troupes de la seconde division de l’Ouest. Sur le chemin de retour, Dessalines a dit Ă  son fils Innocent : « Mon fils, tiens-toi prĂȘt : aprĂšs tout ce que je viens de faire dans le sud, si les citoyens ne se soulĂšvent pas, c’est qu’ils ne sont pas des hommes et justement ils se sont soulevĂ©s ». Le lendemain, ses collaborateurs Alexandre PĂ©tion, Jean-Pierre Boyer, AndrĂ© Rigaud et Bruno Blanchet rejoignent Dessalines Ă  Pont-Rouge, au nord de Port-au-Prince, non pour lui obĂ©ir mais pour l’assassiner. L’empire haĂŻtien est aboli, le pays redevient une rĂ©publique et Bruno Blanchet en devient le prĂ©sident.

SĂ©paration de l’üle en deux parties

Tandis que ces Ă©vĂšnements se dĂ©roulaient dans la partie occidentale de l’üle, la partie orientale Ă©tait occupĂ©e par les troupes françaises venues dĂ©fendre Santo Domingo contre Dessalines. Celui-ci disparu, les habitants hispano-crĂ©oles de cette partie orientale, sous le commandement de Juan SĂĄnchez RamĂ­rez, demandent le dĂ©part des Français et, devant le refus de ceux-ci, les affrontent Ă  la bataille de Palo Hincado le : les troupes françaises, battues, finissent par quitter le cette partie de l’üle (actuelle RĂ©publique dominicaine).

La partie orientale de l’üle est alors surnommĂ©e la España boba, littĂ©ralement l’Espagne idiote, parce qu’au lieu de profiter de la guerre d'indĂ©pendance espagnole, des guerres d'indĂ©pendance hispano-amĂ©ricaines et du dĂ©part des Français pour dĂ©clarer eux aussi leur indĂ©pendance, les habitants de Saint-Domingue, pensant Ă©chapper Ă  la misĂšre consĂ©cutive aux guerres grĂące Ă  l’aide espagnole, choisirent d’appeler les autoritĂ©s coloniales espagnoles Ă  rĂ©instaurer leur colonie[14]. L’aide de la mĂ©tropole espagnole ne venant qu’au compte-gouttes, l’Espagne idiote dura 12 ans jusqu’à la premiĂšre proclamation d’indĂ©pendance de la RĂ©publique dominicaine en 1821.

Construction de l’unitĂ© nationale haĂŻtienne

AprĂšs l’assassinat de Dessalines, HaĂŻti se scinda en deux sous l’autoritĂ© de ses anciens gĂ©nĂ©raux : le noir Henri Christophe, Ă©lu prĂ©sident aux pouvoirs limitĂ©s, tenta de s’imposer, mais se heurta au mĂ©tis Alexandre PĂ©tion qui dĂ©fendit la capitale Port-au-Prince. Christophe regagna le Cap-HaĂŻtien, au nord, oĂč il s’instaura prĂ©sident Ă  vie. Au sud, le sĂ©nat Ă©lit PĂ©tion.

Christophe imposa alors son autoritĂ© par les armes Ă  la rĂ©gion du nord-ouest en 1810. Le , il se proclama roi sous le nom d’Henri 1er. Il Ă©tablit une noblesse (non-reconnue en Europe) et Ă©difia plusieurs palais, comme celui de Sans-Souci, ainsi que la citadelle LaferriĂšre non loin de sa capitale, Cap-HaĂŻtien (tous deux aujourd’hui classĂ©s patrimoine mondial de l’humanitĂ© par l’UNESCO). Il reprit le systĂšme de la plantation en distribuant les terres Ă  ses proches et en instaurant un « caporalisme agraire » pour forcer les paysans Ă  y travailler. Il dut mater une mutinerie en 1812. FrappĂ© d’une crise d’apoplexie le , il en resta partiellement paralysĂ©. En quelques mois, une nouvelle rĂ©bellion se dĂ©clara. Le , abandonnĂ© par sa garde, Christophe se suicida « d’une balle en argent » selon la lĂ©gende.

PĂ©tion, quant Ă  lui, procĂ©da Ă  des distributions de lopins de terres au plus grand nombre, ce qui assura sa popularitĂ©. Cette politique engendra une Ă©conomie autarcique de subsistance. PĂ©tion soutint, en vain, la rĂ©bellion du nord-ouest contre Christophe. Le gĂ©nĂ©ral AndrĂ© Rigaud, rentrĂ© d’exil, crĂ©a un État dans la pĂ©ninsule du sud le , que PĂ©tion, aprĂšs l’avoir un temps reconnu, rĂ©ussit Ă  renverser en suscitant une rĂ©volte locale le . En dĂ©cembre 1815, PĂ©tion donna asile Ă  SimĂłn BolĂ­var, en fuite. Il lui fournit des armes contre sa promesse d’abolir l’esclavage sur le continent (Bolivar abolira l’esclavage en AmĂ©rique latine le ). PĂ©tion fit changer la constitution afin de devenir prĂ©sident Ă  vie le . Mais, malade, il songea Ă  dĂ©missionner et mourut le .

Le commandant de sa garde, Jean Pierre Boyer, s’imposa auprĂšs du sĂ©nat et devint prĂ©sident. Devant l’insurrection contre Christophe en , Boyer partit pour le Cap Ă  la tĂȘte de son armĂ©e. Le , il rattacha le nord Ă  la RĂ©publique.

Seconde occupation de la partie orientale de l'Ăźle

En 1821, la España boba, partie orientale de l'Ăźle redevenue colonie espagnole se souleva et proclama son indĂ©pendance le . Profitant de l’occasion et de l’appel de certains insurgĂ©s, Boyer envahit le pays neuf semaines aprĂšs son indĂ©pendance, entra Ă  Santo Domingo le et rattacha l’est de l’üle Ă  HaĂŻti.

L’occupation haĂŻtienne dura 22 ans, jusqu’à la chute de Boyer. Elle est gĂ©nĂ©ralement dĂ©crite comme une pĂ©riode de brutalitĂ©, bien que la rĂ©alitĂ© soit plus complexe. Les vingt-deux ans permirent l’expropriation de grands propriĂ©taires fonciers espagnols et des rĂ©formes pour exporter les produits agricoles, pour rendre obligatoire le service militaire, restreindre l’utilisation de l’espagnol et Ă©liminer les coutumes traditionnelles telles que les combats de coqs ou de chiens. Cette pĂ©riode permit surtout l’abolition dĂ©finitive de l’esclavage dans cette partie de l’üle. Tout cela renforça finalement le sentiment national des Dominicains qui se dĂ©marquĂšrent des HaĂŻtiens sur la langue, la pluralitĂ© des couleurs de peau, la religion catholique et les coutumes hispaniques.

Progression de la production caféiÚre

À partir de la fin des annĂ©es 1810, la culture du cafĂ© prend son essor en HaĂŻti. La fin des guerres napolĂ©oniennes et celle de la guerre de 1812 permettent le rĂ©tablissement de la navigation commerciale. Le maintien des prix du cafĂ© sur le marchĂ© mondial entre 1815 et 1821 facilite cette expansion. Les anciens esclaves ont souvent abandonnĂ© la canne Ă  sucre pour se centrer sur la culture du cafĂ©, d'abord exportĂ© principalement aux États-Unis et au Royaume-Uni, dans le cadre de la Convention commerciale tripartite de 1799. Ils subissent cependant la concurrence de leurs anciens maĂźtres français, Ă©migrĂ©s Ă  Cuba aprĂšs 1798 et 1803, les RĂ©fugiĂ©s français de Saint-Domingue Ă  Cuba[15], qui avaient rĂ©ussi dans les annĂ©es 1780, la rĂ©volution du cafĂ© de Saint-Domingue, et lancent une rĂ©volution du cafĂ© Ă  Cuba dans les annĂ©es 1810 et les annĂ©es 1820, en recourant massivement Ă  la Traite nĂ©griĂšre. Pour contrecarrer cette Ă©volution, l'Angleterre encourage alors l'importation de cafĂ© haĂŻtien. Au mĂȘme moment, la nouvelle rĂ©publique noire entretient des rapports moins favorables avec les États-Unis, Ă  la suite de l'Ă©lection 1817 d'un prĂ©sident proche des rĂ©fugiĂ©s français de Saint-Domingue en AmĂ©rique, James Monroe, l'ami de Thomas Jefferson, qui avait nĂ©gociĂ© l’achat de la Louisiane.

Un premier traitĂ© anglo-espagnol pour l'abolition de la traite nĂ©griĂšre Ă  Cuba est signĂ© dĂšs 1817. PrĂ©voyant un dĂ©lai de trois ans pour son application et un dĂ©dommagement anglais de 4 000 000 livres sterling Ă  Cuba, il n'est cependant pas respectĂ©. En 1822, l’Angleterre importe 35,1 millions de livres de cafĂ© d'HaĂŻti, deux fois plus qu'en provenance de Cuba. Avec 0,65 million de livres exportĂ©s seulement, le sucre disparaĂźt quasiment d'HaĂŻti[16]. La France ne reprĂ©sente plus alors qu’un quart des exportations haĂŻtiennes et les États-Unis un tiers.

Dans l'espoir que la nouvelle rĂ©publique noire puisse verser aux ex-planteurs l'indemnisation des colons de Saint-Domingue, la France fait Ă  son tour un effort pour encourager la production haĂŻtienne du cafĂ©. Au moins 82 navires français assurent son importation dĂšs 1821 contre 39 en 1817. En 1824, la moitiĂ© des 10 millions de tonnes de cafĂ© importĂ©es par la France viennent d'HaĂŻti, une progression de 45 % par rapport aux 3,86 millions de tonnes 1821. Le prĂ©sident haĂŻtien Jean-Pierre Boyer facilita mĂȘme la migration de 6000 Noirs amĂ©ricains libres, qui s'Ă©tablirent sur des plantations cafĂ©iĂšres[17].

Au mĂȘme moment, l'expansion cafĂ©iĂšre du BrĂ©sil et de Cuba, nourrie par la Traite nĂ©griĂšre, dĂ©clenche une surproduction mondiale et la baisse des prix de vente du cafĂ© sur le marchĂ© mondial. Le cours de la livre de cafĂ© haĂŻtien Ă  Philadelphie perdra 75 % de sa valeur au cours du mandat du prĂ©sident haĂŻtien Jean-Pierre Boyer, passant de 26 cents en 1822 Ă  6 cents en 1843[18]. Le rĂȘve de l'expansion cafĂ©iĂšre bute sur cette contrainte.

Lutte de Boyer pour la reconnaissance de l'indépendance d'Haïti

Le baron de Mackau et Jean-Pierre Boyer lors de la négociation du traité franco-haïtien de 1825.

En 1814, le roi Louis XVIII envoya trois Ă©missaires Ă  Saint-Domingue, la mission Dauxion-Lavaysse, Draverman auprĂšs de PĂ©tion et Franco de Medina auprĂšs de Christophe pour faire reconnaĂźtre son autoritĂ©. Pour certains elle visait simplement au rĂ©tablissement de l’esclavage, ce qui fit scandale ; pour d’autres c’était une simple mission d’espionnage. Elle se termina par la condamnation Ă  mort de Franco de Medina. Une deuxiĂšme mission interviendra en 1816 : moyennant un protectorat sur l'Ăźle, la France proposait Ă  PĂ©tion le titre de gouverneur. Les deux Ă©missaires français, Fontanges et Esmangard, furent Ă©conduits comme les autres. Au total, plus de dix missions officielles ou officieuses furent dĂ©pĂȘchĂ©es entre 1816 et 1823.

Boyer proposa une indemnitĂ© de dĂ©dommagement aux anciens colons contre la reconnaissance de l’indĂ©pendance. Les nĂ©gociations piĂ©tinĂšrent. Le nouveau roi Charles X employa alors la force : il signa le un dĂ©cret « concĂ©dant » l’indĂ©pendance contre le paiement d’une indemnitĂ© de 150 millions de francs-or payable en cinq ans et expĂ©dia une flotte de 14 navires de guerre. Cette somme reprĂ©sentait 10 annĂ©es de recettes fiscales du pays. Boyer accepta. DĂšs 1826, HaĂŻti fut reconnu par presque toutes les nations (Ă  l’exception des États-Unis). Boyer dut crĂ©er un impĂŽt spĂ©cial, source d’impopularitĂ©, et nĂ©gocia un emprunt de 30 millions Ă  une banque française avec un taux d’intĂ©rĂȘt de 6 %, tout en demandant une rĂ©duction de la dette. Charles X exigea Ă©galement dans ce dĂ©cret une rĂ©duction de 50 % des droits de douane pour les produits d'exportation vers la France. La dette fut ramenĂ©e Ă  90 millions payables en trente ans, en fĂ©vrier 1838.

Important lĂ©gislateur, Boyer fit ratifier un code rural le qui instaurait un caporalisme agraire et la corvĂ©e pour l’entretien des chemins. En janvier 1843, le sud se souleva. Ses troupes vaincues, Boyer abdiqua et s’exila le .

Instabilité et gabegie (1844 - 1915)

Profitant de l'exil de Boyer, une insurrection dominicaine chasse la garnison haïtienne de Santo Domingo le et proclame la seconde indépendance de la République dominicaine aprÚs 22 ans d'occupation haïtienne.

Alors que le rĂ©publique dominicaine se redressait et renforçait, HaĂŻti, pendant trois-quarts de siĂšcle, sombra dans l’instabilitĂ© et la violence politique, dĂ©chirĂ© entre les Ă©lites mĂ©tisses principalement rurales et prĂ©pondĂ©rantes au sud, et noires surtout propriĂ©taires terriennes et influentes au nord. De plus, hormis quelques exceptions, les dirigeants ne se souciĂšrent ni de la sociĂ©tĂ© ni de l’économie.

Hérard RiviÚre, tombeur de Boyer, fut renversé au bout de quatre mois. Le sénat choisit dÚs lors de ne plus élire que des hommes ùgés et faibles. Trois vieillards ivrognes ou illettrés se succédÚrent en deux ans tandis que des révoltes ne cessaient de se déclarer.

Le , le sĂ©nat Ă©lit Faustin Soulouque, noir illettrĂ©, qui n’était mĂȘme pas candidat, mais se rĂ©vĂ©la ambitieux et dĂ©terminĂ©. Le , il enjoignit au parlement de le proclamer empereur. Il se fit sacrer le avec un faste ruineux pour le pays. Le paiement de la dette dut ĂȘtre interrompu. Il se lança dans une sĂ©vĂšre rĂ©pression contre les mĂ©tis et rĂ©gna en despote sur le pays pendant dix ans. Il Ă©choua par deux fois Ă  rĂ©occuper militairement la RĂ©publique dominicaine. Le , il fut renversĂ© par le gĂ©nĂ©ral mĂ©tis Fabre Geffrard.

La prĂ©sidence de Geffrard constitua un intermĂšde dans cette pĂ©riode de troubles. Geffrard restaura la RĂ©publique. Il nĂ©gocia un concordat avec le Vatican, signĂ© Ă  Rome le . HaĂŻti fut reconnue par les États-Unis d'Abraham Lincoln le . Geffrard dĂ©veloppa l'instruction publique primaire et supĂ©rieure. Par son code rural de 1863, il instaura la corvĂ©e pour rĂ©aliser des routes, canaux et fontaines. Il encouragea les exportations de coton et rĂ©duisit l’armĂ©e de moitiĂ©. Mais les finances restaient fragiles. Il dut rĂ©primer plusieurs conspirations, dont celle de Sylvain Salnave au Cap-HaĂŻtien en mai 1865 qui nĂ©cessita l’intervention de la marine britannique. Le , un crime en sorcellerie sur une petite fille eut des Ă©chos dans la presse internationale qui, dĂšs lors, assimila le vaudou Ă  la sorcellerie. Devant un soulĂšvement de toute la rĂ©gion de l’Artibonite, Geffrard dĂ©missionna le .

L’autoritarisme brutal redevint la norme, entraĂźnant des successions de rĂ©voltes. Le nouveau prĂ©sident, Salnave, excita dĂšs la population contre la chambre des dĂ©putĂ©s et ferma celle-ci. Le nord, puis le sud du pays firent sĂ©cession en 1868. Des groupes de paysans armĂ©s, appelĂ©s « cacos », s’organisĂšrent dans le nord. Toujours prĂȘts Ă  la rĂ©volte, ils constitueront pendant un demi-siĂšcle l'Ă©pĂ©e de DamoclĂšs de tous les dirigeants, y compris de ceux qui s’appuieront d’abord sur eux pour accĂ©der au pouvoir. Plusieurs coups d’État se succĂ©dĂšrent. L’incurie Ă©tait telle qu’en juin 1872, le gouvernement impĂ©rial allemand utilisa la force militaire pour que l’État haĂŻtien remboursĂąt une dette envers des citoyens allemands.

En septembre 1883, devant une insurrection bourgeoise Ă  Port-au-Prince, le prĂ©sident noir Lysius Salomon fit massacrer 4 000 mĂ©tis. Il fallut la menace d’une intervention Ă©trangĂšre pour que le calme revint. Salomon, nĂ©anmoins, sut rĂ©tablir les finances du pays ; il acheva le paiement de la dette. Il dĂ©veloppa l’enseignement secondaire et rural. Devant une double rĂ©volte de Port-au-Prince et des cacos, il dut s’exiler en aoĂ»t 1888.

AprĂšs plus d’un an d’anarchie, Florvil Hyppolite prit le pouvoir. En 1891, il tint tĂȘte Ă  la volontĂ© des États-Unis de se faire concĂ©der la pointe nord-ouest du pays : le mĂŽle Saint-Nicolas. La mĂȘme annĂ©e, devant une sĂ©dition d’une partie de sa garde, il fit massacrer 150 personnes. Il dĂ©veloppa le tĂ©lĂ©phone et construisit plusieurs marchĂ©s, abattoirs et quais, au prix d’une forte inflation. En 1896, les rĂ©voltes reprirent ; Hyppolite mourut d’une crise cardiaque.

L’État haĂŻtien Ă©tait si dĂ©considĂ©rĂ© que, fin 1897, Ă  la suite de l’emprisonnement musclĂ© d’un rĂ©sident allemand, LĂŒders, l’Allemagne expĂ©dia deux navires de guerre pour exiger une indemnitĂ© exorbitante de 20 000 $ et les excuses officielles du chef de l’État, TirĂ©sias Simon Sam, qui dut s’exĂ©cuter.

Les luttes entre factions militaires reprirent. MĂȘme les opposants au pouvoir en place se dĂ©chirĂšrent. Un prĂ©sident chassait l’autre : entre 1908 et 1915, il y en aura neuf.

Occupation américaine (1915 - 1934)

À partir de 1908, les compagnies amĂ©ricaines nĂ©gociĂšrent des concessions exorbitantes pour construire des voies ferrĂ©es et dĂ©velopper des plantations de bananes en expropriant les paysans. En 1910, la banque amĂ©ricaine National City acheta une part importante de la Banque de la RĂ©publique d'HaĂŻti, banque centrale qui, Ă  la fois Ă©tait trĂ©sorier du pays et disposait du monopole sur l'Ă©mission de billets[19] Les possibles effets sur HaĂŻti de la guerre en Europe inquiĂ©tĂšrent les États-Unis. La communautĂ© d'origine allemande y exerçait en effet un pouvoir Ă©conomique prĂ©pondĂ©rant. La majoritĂ© du commerce maritime Ă©tait dĂ©tenue par des Allemands qui, souvent s'Ă©taient alliĂ©s aux riches familles mĂ©tis locales.

Les AmĂ©ricains dĂ©cidĂšrent d'occuper militairement HaĂŻti, notamment pour dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts de la banque d'affaires amĂ©ricaine Kuhn, Loeb & co. Le , la foule se prĂ©parait Ă  lyncher le prĂ©sident Jean Vilbrun Guillaume Sam dans la lĂ©gation de France, Ă  la suite du massacre de 167 prisonniers politiques par ce dernier. Les rebelles « cacos » Ă©taient dirigĂ©s par Rosalvo Bobo qui se proclamait farouchement anti-amĂ©ricain. Le prĂ©sident des États-Unis Woodrow Wilson envoya donc le jour mĂȘme les Marines Ă  Port-Au-Prince. Ils dĂ©barquĂšrent pour occuper le pays jusqu'en 1934. Les commandos de Marines attaquĂšrent le Fort RiviĂšre dans lequel s'Ă©taient retranchĂ©s les insurgĂ©s cacos, hostiles au rĂ©gime haĂŻtien et Ă  l'intervention amĂ©ricaine. En six semaines, les États-Unis firent Ă©lire un PrĂ©sident, le prĂ©sident du SĂ©nat Philippe Sudre Dartiguenave et signer un TraitĂ©, base lĂ©gale de l’occupation, par lequel ils prenaient le contrĂŽle des douanes et de l’administration. L’administrateur amĂ©ricain avait le pouvoir de veto sur toutes les dĂ©cisions gouvernementales d’HaĂŻti et les officiers des Marines servaient dans les provinces. Ainsi, 40 % des recettes de l'État passaient sous le contrĂŽle direct des États-Unis. L'armĂ©e Ă©tait dissoute au profit d'une gendarmerie, destinĂ©e Ă  maintenir l'ordre intĂ©rieur. Les officiers Ă©taient amĂ©ricains. Les institutions locales, cependant, continuaient Ă  ĂȘtre dirigĂ©es par les HaĂŻtiens.

En 1917 le prĂ©sident Dartiguenave demanda la dissolution de l’AssemblĂ©e qui avait refusĂ© d’approuver une Constitution inspirĂ©e par le secrĂ©taire Ă  la Marine des États-Unis : Franklin D. Roosevelt. Ceci fut fait par la gendarmerie, commandĂ©e par le Marine Smedley Butler.

En 1918, celle-ci fut approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum (mais avec 5 % de votants). D’inspiration libĂ©rale, elle autorisait la propriĂ©tĂ© fonciĂšre aux Ă©trangers. Dessalines avait interdit celle-ci et ce point Ă©tait restĂ© un principe inaltĂ©rable de toute lĂ©gislation jusqu'alors.

Patrouille de Marines américains à Haïti en 1921.

HabituĂ©s Ă  leur sĂ©grĂ©gation raciale, les occupants amĂ©ricains Ă©taient empreints de racisme. Cette attitude consterna en particulier l'Ă©lite mĂ©tisse, francophone et Ă©duquĂ©e. L’indignation engendra une nouvelle fiertĂ© raciale qui s’exprima dans le travail d'une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’historiens, d'Ă©crivains (comme Jacques Roumain) et artistes.

Des routes furent construites sous le systĂšme de la corvĂ©e. La rĂ©action populaire fut violente. À la fin de l’annĂ©e, le pays fut en Ă©tat d’insurrection. Les paysans armĂ©s, surnommĂ©s « cacos » furent jusqu'Ă  40 000. Leurs chefs les plus connus furent Charlemagne PĂ©ralte et BenoĂźt Batraville qui allĂšrent jusqu'Ă  attaquer la capitale, Port-au-Prince en octobre 1919. Il fallut deux ans aux Marines amĂ©ricains pour mater la rĂ©volte au prix de plus de deux mille morts.

GĂȘnĂ©s par la brutalitĂ© de cette rĂ©pression devant l'opinion publique et sans plus bĂ©nĂ©ficier de la justification de la guerre contre l'Allemagne, les États-Unis envoyĂšrent en 1921 une commission d'enquĂȘte du SĂ©nat. Profitant en 1922 de l’élection d’un autre PrĂ©sident, Louis Borno, les États-Unis s'engagĂšrent Ă  fournir Ă  HaĂŻti une aide politique et Ă©conomique en contrepartie de l’occupation. S'instaura alors ce que l'opposition appela « la dictature bicĂ©phale » entre Borno et le Haut-Commissaire, le gĂ©nĂ©ral John Russell. La politique douaniĂšre fut modifiĂ©e. Les finances publiques furent assainies et l’endettement rĂ©duit. La monnaie nationale, la gourde, fut rattachĂ©e au dollar, assurant sa stabilitĂ© (mais au risque de la surĂ©valuer).

La National City Bank fut critiquĂ©e pour des pratiques dĂ©loyales, telles que le refus de payer au gouvernement d'HaĂŻti les intĂ©rĂȘts sur l'argent dĂ©posĂ© sur ses comptes, qui Ă©taient transfĂ©rĂ©s Ă  New York. Elle ne se mit Ă  payer les intĂ©rĂȘts qu'aprĂšs 1922, mais seulement Ă  un taux de 2 %, au lieu des 3,5 % accordĂ©s aux autres dĂ©positaires Ă©quivalents. Selon le sĂ©nateur et Ă©conomiste Paul Douglas, cela Ă©quivalait Ă  une perte d'un million de dollars en intĂ©rĂȘt[20].

L’administration et l’armĂ©e furent professionnalisĂ©es et la corruption, combattue. La gendarmerie devient une force efficace. L'instruction publique, longtemps nĂ©gligĂ©e, fut reprise depuis le primaire et axĂ©e sur la formation professionnelle, au dĂ©triment des « libĂ©ralitĂ©s » qui ne bĂ©nĂ©ficiaient qu'aux classes fortunĂ©es. Les infrastructures connurent un essor sans prĂ©cĂ©dent : Ainsi, le tĂ©lĂ©phone automatique fut installĂ© Ă  Port-au-Prince ; les ports furent Ă©quipĂ©s de quais et de phares ; un service de santĂ© publique fut dĂ©veloppĂ©, avec hĂŽpitaux et dispensaires de campagne. 1 700 km de routes furent crĂ©Ă©es et entretenues. La culture du sisal fut introduite et les exportations de sucre et de coton se dĂ©veloppĂšrent.

Toutefois, cette marche forcĂ©e vers la modernitĂ© se fit aux dĂ©pens de la dĂ©mocratie, le SĂ©nat restant dissout. Borno se fit rĂ©Ă©lire par un Conseil d'État dont il avait choisi les membres.

Les HaĂŻtiens conservĂšrent une forte hostilitĂ© envers l'occupant amĂ©ricain qui n'hĂ©sitait pas Ă  faire usage des armes. En 1929, la crise Ă©conomique mondiale rĂ©duisit les exportations agricoles alors que des taxes et normes nouvelles frappaient les paysans. Le , des paysans protestataires se heurtĂšrent Ă  des Marines au lieu-dit de Marchaterre : il y eut plus de dix morts. L’opposition se dĂ©chaĂźna. Le prĂ©sident des États-Unis Herbert Hoover proposa au CongrĂšs l’envoi d’une commission d’enquĂȘte dans le but de se retirer d’HaĂŻti. Elle fut dirigĂ©e par William Cameron Forbes. En , elle fit Ă©lire un prĂ©sident provisoire : Louis EugĂšne Roy qui organisa des Ă©lections lĂ©gislatives. En novembre, StĂ©nio Vincent fut Ă©lu Ă  la PrĂ©sidence.

Les troupes amĂ©ricaines partirent le . Les États-Unis maintiendront cependant leur contrĂŽle sur les douanes jusqu'en 1946.

En 1935, Katherine Dunham visite Haïti en voyage d'études d'anthropologie missionné par l'université de Chicago: elle abandonne cette discipline et se consacre à la danse.

Tension avec la RĂ©publique dominicaine

En 1728 dĂ©jĂ , un massacre des boucaniers (français) par les Espagnols eut lieu sur les rives de la riviĂšre nommĂ©e Guatapana par les TaĂŻnos et DajabĂłn par les EuropĂ©ens : l'Ă©dition de 1797 de la Description de Saint-Domingue par MĂ©dĂ©ric Louis Élie Moreau de Saint-MĂ©ry mentionne dĂ©jĂ  pour ce cours d'eau l'hydronyme français « riviĂšre Massacre »[21]. Devenue frontaliĂšre entre HaĂŻti (rive gauche) et la rĂ©publique dominicaine (rive droite), la riviĂšre fut le thĂ©Ăątre d'un nouveau massacre au XXe siĂšcle. En octobre 1937, le dictateur dominicain Rafael Trujillo ordonna aux cultivateurs haĂŻtiens installĂ©s en nombre sur la rive droite dominicaine, mais sans titres officiels, de repasser du cĂŽtĂ© haĂŻtien de la riviĂšre. Personne n'obĂ©it et il ordonna alors Ă  l'armĂ©e dominicaine de les chasser par la force : ce fut l’OpĂ©ration Perejil qui provoqua un carnage dans lequel moururent entre 20 000 et 30 000 HaĂŻtiens. Ce massacre est surnommĂ© kouto a ou kout kouto (« coup de couteau ») par les HaĂŻtiens. Ce n'est que durant le gouvernement de Salvador Jorge Blanco (1982-1986) que fut rouverte la frontiĂšre dominico-haĂŻtienne. Mais la diffĂ©rence de niveau de vie entre les deux pays qui se partagent Hispaniola continue Ă  entretenir une tension permanente entre les travailleurs haĂŻtiens et les garde-frontiĂšre dominicains, tout au long de la frontiĂšre[22].

RĂ©gimes d'aprĂšs-guerre

AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle HaĂŻti fut neutre, il y eut retour aux vellĂ©itĂ©s autoritaires. Par deux fois, en 1946 et 1950, une junte militaire assura la transition du pouvoir : en 1946, ce fut au profit de Dumarsais EstimĂ©, qui dĂ©veloppa les droits des noirs et organisa l’exposition internationale en dĂ©cembre 1949 ; en octobre 1950, l'armĂ©e organisa les premiĂšres Ă©lections prĂ©sidentielles au suffrage universel. La mobilisation du corps Ă©lectoral fut faible. Le colonel Paul Magloire fut Ă©lu Ă  99 % des suffrages. Au terme de son mandat, en dĂ©cembre 1956, il dut s’exiler devant l’ampleur des grĂšves.

L’annĂ©e 1957 fut troublĂ©e de putschs, attentats et scandales. Le prĂ©sident provisoire Daniel FignolĂ© fut dĂ©fait par le chef de l’armĂ©e qu’il avait nommĂ© lui-mĂȘme un mois plus tĂŽt. En , l’armĂ©e organisa des Ă©lections : le mĂ©decin François Duvalier, dit « Papa Doc », fut Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique, grĂące au soutien des Noirs qui virent en lui le moyen de mettre fin au rĂšgne des mĂ©tis.

Dictature duvalieriste-macoute

DĂšs le dĂ©part, François Duvalier imposa une politique rĂ©pressive en Ă©loignant les officiers peu fiables de l’armĂ©e, en interdisant les partis d’opposition, en instaurant l'Ă©tat de siĂšge et en exigeant du Parlement l’autorisation de gouverner par dĂ©crets (). Le , il prononça la dissolution du Parlement.

Duvalier Ă©chappa Ă  plusieurs putschs : en 1958, huit hommes occupant par surprise les casernes Dessalines de Port-au-Prince, firent croire un temps qu’ils menaient l’armĂ©e ; en 1959, pendant sa maladie, son adjoint, Barbot, aidĂ© de marines amĂ©ricains, empĂȘcha le dĂ©barquement d’un commando. SitĂŽt rĂ©tabli, Duvalier dĂ©cida d'emprisonner Barbot pendant seize mois.

Craignant une opposition de la part de l'Ă©glise catholique romaine, Duvalier expulsa plusieurs prĂȘtres ainsi que deux Ă©vĂȘques. Il fut excommuniĂ© en 1961. En 1966, Duvalier reprit contact avec le Vatican.

Le rĂ©gime s’appuya sur une milice paramilitaire, les Volontaires de la sĂ©curitĂ© nationale surnommĂ©s les « tontons macoutes ». Avec cette garde prĂ©torienne personnelle, il neutralisa l’armĂ©e, sema la terreur dans tout le pays et parvint Ă  Ă©touffer toute rĂ©sistance. AprĂšs des rumeurs de complot au sein de l'armĂ©e, il renforça la rĂ©pression et, le , il se proclama «prĂ©sident Ă  vie». La mĂȘme annĂ©e, il essuya coup sur coup deux tentatives de rĂ©bellion : la premiĂšre, en , menĂ©e par le groupe de Fred Baptiste Ă  la tĂȘte des FARH (Forces armĂ©es rĂ©volutionnaires d'HaĂŻti), la seconde en aoĂ»t, inspirĂ©e de la premiĂšre, par le mouvement Jeune HaĂŻti. En reprĂ©sailles, il commandita plusieurs massacres de population dans les campagnes, notamment le Massacre des paysans de Thiotte le Massacre des VĂȘpres jĂ©rĂ©miennes qui furent parmi les nombreuses tueries exĂ©cutĂ©es par l'armĂ©e et les tontons macoutes.

Il exerça jusqu'Ă  sa mort une implacable dictature (on compta 2000 exĂ©cutions pour la seule annĂ©e 1967 ; cette annĂ©e-lĂ  sortit un film extrĂȘmement critique sur sa dictature : Les ComĂ©diens, basĂ© sur un roman antĂ©rieur de Graham Greene). En , François Duvalier organisa un plĂ©biscite pour dĂ©signer son fils, Jean-Claude, comme successeur.

De nombreux HaĂŻtiens prirent le chemin de l'exil, principalement aux États-Unis et au Canada, mais Ă©galement vers la Martinique, la Guadeloupe et surtout la Guyane française.

À la mort de Papa Doc, le , Jean-Claude Duvalier, 19 ans (d’oĂč son surnom de « Baby Doc »), accĂ©da Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique. Amorçant une timide libĂ©ralisation du rĂ©gime, Jean-Claude Duvalier s’aliĂ©na une partie de la classe noiriste qui avait soutenu son pĂšre en Ă©pousant une mĂ©tisse le . Son rĂ©gime s'enfonça dans la corruption et l'incompĂ©tence. Le , le pape Jean-Paul II, en visite en HaĂŻti, dĂ©clara en français : « Il faut que les choses changent ici. » L’église se mit Ă  encourager la rĂ©flexion dĂ©mocratique. En , un soulĂšvement populaire renversa le fils Duvalier qui s’exila en France le . Une partie de la population participa au dĂ©choucage des notabilitĂ©s compromises avec le rĂ©gime prĂ©cĂ©dent.

Toutefois, la fin des Duvalier ne signifia pas la fin de la dictature. Une junte militaire dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Henri Namphy prit le pouvoir. L’armĂ©e ou les anciens miliciens rĂ©primĂšrent dans le sang les manifestations et tentĂšrent d’assassiner un prĂȘtre activiste : Jean-Bertrand Aristide, du parti d'opposition Fanmi Lavalas. Les Ă©lections du furent empĂȘchĂ©es par l’intervention d’un groupe armĂ©. L’armĂ©e organisa en janvier 1988 des Ă©lections qui furent boycottĂ©es. Le prĂ©sident Ă©lu, Leslie François Manigat, osa dĂ©plaire et dut s’exiler au bout de deux mois. En , un nouveau coup d'État militaire porta le gĂ©nĂ©ral Prosper Avril au pouvoir. AcculĂ© au dĂ©part en mars 1990 sous la pression amĂ©ricaine, Avril s’exila pour ouvrir la voie Ă  des Ă©lections sous contrĂŽle international.

PĂ©riode aristidienne-lavalassienne

Jean-Bertrand Aristide, ancien prĂȘtre qui s'Ă©tait fait l'avocat des pauvres sous la banniĂšre « lavalassienne », remporte la victoire le par 67 % des voix. Son accession Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique redonne un peu d'espoir au peuple haĂŻtien. Mais, le , il est renversĂ© par une junte militaire dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Raoul CĂ©dras. AidĂ© par la CIA et le gouvernement de George Bush pĂšre ; Aristide se rĂ©fugie alors aux États-Unis. Les « lavalassiens » se font massacrer. Les Nations unies dĂ©crĂštent un embargo. Des rĂ©fugiĂ©s commencent Ă  affluer vers les États-Unis. Le trafic de stupĂ©fiants, encouragĂ© par la faction putschiste de l’armĂ©e, connait un essor considĂ©rable. La drogue provient essentiellement du cartel de Cali (Colombie) et est destinĂ©e aux États-Unis. Ces trafics produisent au moins une vingtaine de familles multimillionnaires de plus[23].

Sous la prĂ©sidence de Bill Clinton et avec le soutien du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies, les États-Unis interviennent, Ă  la suite d'une visite de l’ancien prĂ©sident Jimmy Carter et du gĂ©nĂ©ral Colin Powell, 20 000 soldats amĂ©ricains dĂ©barquent en HaĂŻti le . Le , le prĂ©sident Aristide est rĂ©tabli dans ses fonctions, qu'il laisse Ă  son proche RenĂ© PrĂ©val, Ă©lu Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique le . Le mandat d'Aristide touchait Ă  sa fin et la Constitution ne l’autorisait pas Ă  en briguer un second consĂ©cutivement. En janvier 1997, l’Unesco remet le Prix 1996 de l’éducation aux droits de l’homme Ă  Aristide[24].

PĂ©riode contemporaine

Le gouvernement PrĂ©val doit faire face Ă  une opposition constituĂ©e par ses anciens alliĂ©s. Son mandat est marquĂ© par plusieurs assassinats politiques. Des Ă©lections lĂ©gislatives sont organisĂ©es en mai 2000. Jean Bertrand Aristide, surnommĂ© « Titid » par ses partisans, est proclamĂ© vainqueur de l’élection prĂ©sidentielle avec 91 % des suffrages exprimĂ©s, mais le scrutin est entachĂ© d’irrĂ©gularitĂ©s et du boycott de l’opposition. La situation reste confuse : faute de lĂ©gitimitĂ©, l’État n’a pas d’autoritĂ© et le trafic de stupĂ©fiants dĂ©passe les records atteints sous la junte militaire. La classe moyenne reproche Ă  l’ancien « petit curĂ© » son caractĂšre imprĂ©visible et son populisme. À partir de 2001, des groupes de pression armĂ©s s’attaquent aux partisans du gouvernement qui rĂ©agissent de la mĂȘme façon. Les policiers doivent choisir l’un des camps et la violence augmente[25].

En 2003, l’opposition s’organise sous le nom de « Groupe des 184 ». MalgrĂ© la violence de ses partisans contre les Ă©tudiants, Jean Bertrand Aristide finit par dĂ©missionner le sous la pression des militaires français et des marines amĂ©ricains, avant-garde de la MINUSTAH, force internationale envoyĂ©e par l'ONU pour ramener l’ordre dans la capitale. AprĂšs le dĂ©part d’Aristide, le prĂ©sident de la Cour de cassation d’HaĂŻti, Boniface Alexandre, assure l'intĂ©rim en vertu de la Constitution. Aristide est accusĂ© d'enrichissement personnel et de crimes politiques. ExilĂ© en Afrique, il est finalement accueilli par l’Afrique du Sud.

En , les rĂ©sultats d’une commission d’enquĂȘte sur HaĂŻti, dirigĂ©e par l’ancien procureur gĂ©nĂ©ral des États-Unis Ramsey Clark, indiquent que « les gouvernements des États-Unis et de la RĂ©publique dominicaine auraient participĂ© Ă  la fourniture d’armes et Ă  la formation de l’opposition haĂŻtienne ». La commission a constatĂ© que 200 soldats des forces spĂ©ciales amĂ©ricaines avaient Ă©tĂ© envoyĂ©s en RĂ©publique dominicaine pour participer Ă  des exercices militaires en . Ces exercices, autorisĂ©s par le prĂ©sident dominicain HipĂłlito MejĂ­a DomĂ­nguez, ont Ă©tĂ© menĂ©s « prĂšs de la frontiĂšre, prĂ©cisĂ©ment dans une zone Ă  partir de laquelle les rebelles lançaient rĂ©guliĂšrement des attaques contre les installations de l'État haĂŻtien »[26].

Aux Ă©lections du , organisĂ©es sous supervision internationale, la foule de Port-au-Prince pousse les organisateurs Ă  accorder la victoire Ă  RenĂ© PrĂ©val arrivĂ© nettement en tĂȘte au 1er tour de scrutin. Du mĂȘme parti qu’Aristide, il est son successeur dĂ©signĂ©. Des fraudes, notamment des urnes en faveur de PrĂ©val retrouvĂ©es dans des dĂ©charges, sont reprochĂ©es Ă  l’opposition. Investi de ses pouvoirs le mardi , il appelle Ă  l'unitĂ© nationale. Sur le plan international, Paris nĂ©gocie avec Port-au-Prince un accord de rĂ©admission dans le cadre du partenariat France-HaĂŻti 2008-2012 (chapitre « Immigration et codĂ©veloppement »). Celui-ci, en cours de nĂ©gociations en , est contestĂ© par le Collectif HaĂŻti de France, la Plate-forme des associations franco-haĂŻtiennes (PAFHA) et le collectif Migrants outre-mer[27].

En , une hausse, demandĂ©e par le Fonds monĂ©taire international (FMI), allant jusqu’à 50 % des prix des carburants Ă  la pompe, ainsi que des scandales de corruption impliquant plusieurs ministres provoquent d'importantes manifestations contre le gouvernement[28]. Dans son rapport de , la Mission des Nations unies pour l'appui Ă  la Justice en HaĂŻti constate que « les conditions de vie de la population haĂŻtienne se dĂ©tĂ©riorent de plus en plus ». Pour l’ensemble du pays, 5,5 % et 27 % des personnes se trouvent respectivement dans des situations d’urgence et de crise alimentaire ; 2,26 millions de personnes sont classĂ©es comme Ă©tant en situation d’insĂ©curitĂ© alimentaire « et ont besoin d’une aide humanitaire Ă  cet Ă©gard »[28].

La majoritĂ© des manifestants sont issus des quartiers les plus pauvres. Marc-Arthur Fils-AimĂ©, directeur gĂ©nĂ©ral de l’Institut culturel Karl-LĂ©vĂȘque, dĂ©clare : « Les revendications se sont radicalisĂ©es au point de prendre l’allure d’une lutte des classes. Aux luttes conjoncturelles se sont superposĂ©es des luttes structurelles. Il est presque impossible de bien cerner le contour des actuelles perturbations si on les sĂ©pare de la charpente socio-Ă©conomique et culturelle du pays, oĂč les Ă©lites exportatrices ont prospĂ©rĂ© au point de rĂ©duire HaĂŻti Ă  l’état de nĂ©o-colonie »[29]. Du Ă  dĂ©but , au moins 17 personnes sont tuĂ©es et prĂšs de 200 blessĂ©es par balles et armes blanches, d'aprĂšs le RĂ©seau national de dĂ©fense des droits humains (RNDDH), qui indique : « Les autoritĂ©s actuelles, depuis leur avĂšnement au pouvoir, bafouent les acquis dĂ©mocratiques du peuple haĂŻtien et violent systĂ©matiquement ses droits. Elles n’ont jamais pris au sĂ©rieux les diffĂ©rents mouvements de protestation rĂ©alisĂ©s dans le pays depuis par une population en proie Ă  tous les maux et qui rĂ©clame la jouissance de ses droits civils, Ă©conomiques, politiques et sociaux »[29]. Le prĂ©sident Jovenel MoĂŻse est assassinĂ© le , de facto le pouvoir Ă©choit aux gangs armĂ©s et l’État haĂŻtien n’existe plus que de jure.

Catastrophes naturelles

Les cyclones (dĂ©pressions, tempĂȘtes et ouragans), leurs pluies torrentielles, les crues et inondations, les tremblements de terre touchent rĂ©guliĂšrement HaĂŻti, tous suivis de dĂ©sastres humanitaires aggravĂ©s par l'instabilitĂ© politique et les inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques de la sociĂ©tĂ© haĂŻtienne, minĂ©e par ses divisions internes, le clientĂ©lisme, le clanisme et la corruption, qui induisent un dĂ©ficit de cohĂ©sion sociale et de services publics[30]. Ces dĂ©sastres sont le principal facteur limitatif de la croissance dĂ©mographique[31] dans une sociĂ©tĂ© trĂšs religieuse[32] oĂč le contrĂŽle des naissances est accessible seulement Ă  la minoritĂ© la plus favorisĂ©e Ă©conomiquement[33].

En 2010, un tremblement de terre frappe l'ouest d'HaĂŻti. On estime le nombre de dĂ©cĂšs autour de 300 000. En 2012, une sĂ©cheresse extrĂȘme, aggravĂ©e par la dĂ©forestation, est suivie par les ouragans « Isaac » et « Sandy », grossis par le rĂ©chauffement climatique, qui dĂ©truisent 70 % des rĂ©coltes au sud du pays et font au moins 200 000 sans-abri[34]. Le dĂ©ficit d'eau potable provoque une Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra, endĂ©mique depuis[35]. En 2013-2014 une nouvelle sĂ©cheresse intensifie la disette elle aussi endĂ©mique depuis des annĂ©es[36] : les sĂ©cheresses devenant ensuite annuelles, la sĂ©curitĂ© alimentaire n'est plus assurĂ©e[37]. En 2016, des inondations dans le Nord et l'ouragan Matthew dĂ©truisent 9 600 maisons autour du Cap-HaĂŻtien et Ă  JĂ©rĂ©mie. En 2017 c'est l'ouragan Irma qui fait 2 000 sans-abri. Le tremblement de terre de 2018 ajoute les destructions mais ne fait « que » quelques dizaines de morts[38] tandis que celui de 2021 en fait 2 207 comptabilisĂ©s[39].

Chronologie

Pour la période relative à la colonisation française 1627-1804) et l'Histoire de France voir : Histoire de Saint-Domingue.

  • 1492 : dĂ©barquement dans l'Ăźle par les EuropĂ©ens ayant Ă  leur tĂȘte Christophe Colomb.
  • 1517 : autorisation de la traite des Africains par Charles Quint.
  • 1630 - 1640: ArrivĂ©e des pirates, des flibustiers et des boucaniers sur l'Ăźle de la Tortue
  • 1650 - 1660: arrivĂ©e des premiers colons français.
  • 1685 : promulgation du Code noir par Louis XIV.
  • 1685 : crĂ©ation du premier moulin Ă  sucre.
  • 1697 : sĂ©paration de l'Ăźle entre France et Espagne, Ă  la suite du traitĂ© de Ryswick.
  • 1713 - 1787 : ArrivĂ©e de 30 000 colons français embarquĂ©s Ă  Bordeaux, France.
  • 1790 : AssemblĂ©e coloniale par les colons blancs.
  • 1791 : rĂ©volte des esclaves.
  • 1793 : affranchissement des esclaves de Saint-Domingue par les commissaires Sonthonax et Polverel.
  • 1794 : abolition gĂ©nĂ©rale de l'esclavage par la Convention.
  • 1801 : promulgation d'une constitution propre Ă  Saint-Domingue par Toussaint Louverture.
  • 1802 : Paix d'Amiens avec l'Angleterre. ExpĂ©dition du gĂ©nĂ©ral Leclerc Ă  Saint-Domingue.
  • 1804 : indĂ©pendance d'HaĂŻti.
  • 1826 : reconnaissance de l'indĂ©pendance par la France contre une indemnitĂ© de 150 millions de francs-or.
  • 1847 : Faustin Soulouque est Ă©lu prĂ©sident par le sĂ©nat.
  • 1859 : coup d'État de Nicolas Geffrard
  • 1862 : reconnaissance de l'indĂ©pendance par les États-Unis
  • 1915-1934 : occupation amĂ©ricaine.
  • 1957 : Ă©lection de François Duvalier Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique.
  • 1971 : Jean-Claude Duvalier succĂšde Ă  son pĂšre le .
  • 1986 : fuite et exil de Jean-Claude Duvalier ().
  • 1988 : Leslie Manigat portĂ© au pouvoir Ă  la suite des Ă©lections organisĂ©es par l'armĂ©e ( - ).
  • 1988 : coup d'État d'Henri Namphy ( - ).
  • 1988 : coup d'État de Prosper Avril ( - ).
  • 1990 : intĂ©rim d'Ertha Pascal-Trouillot ( - ).
  • 1990 : Ă©lection de Jean-Bertrand Aristide (victime d'un coup d'État le , il revint au pays le pour finir son mandat aprĂšs trois ans d'exil).
  • 1996 : Ă©lection de RenĂ© PrĂ©val ( - ).
  • 2001 : 2e mandat de Jean-Bertrand Aristide.

2004 : démission et exil forcé de Jean-Bertrand Aristide. Mise en place d'un gouvernement ad interim.

  • 2004 : Boniface Alexandre devient prĂ©sident provisoire (du au )
  • 2006 : nouveau mandat de RenĂ© PrĂ©val.
  • 2008 : le Premier ministre Jacques-Édouard Alexis est dĂ©mis de ses fonctions par une motion de censure du SĂ©nat, Ă  la suite des Ă©meutes de la faim.
  • 2008 : quatre cyclones ont ravagĂ© le pays et causĂ© d’énormes dĂ©gĂąts matĂ©riels aux infrastructures routiĂšres et au secteur agricole.
  • 2010 : (16h53 heure locale): tremblement de terre majeur dans la rĂ©gion de Port-au-Prince (7.0 sur l'Ă©chelle de Richter) et rĂ©pliques de 5.9 (+7 min) puis 5.5 (+12 min). Le premier ministre dĂ©clare plus de 100 000 morts probables[40]. Mort des ministres de la Justice, de l'Économie et du Tourisme dans l'effondrement du palais prĂ©sidentiel : le prĂ©sident et le premier ministre en rĂ©chappent de peu. La mission de l'ONU est dĂ©vastĂ©e par l'Ă©croulement de son quartier gĂ©nĂ©ral Ă  HaĂŻti : au Ă  18 h 00, on compte 22 membres de l'ONU et plus de 150 casques bleus, dont le chef de mission, morts ou portĂ©s disparus....

Bibliographie

1800-1850

  • Michel-Etienne Descourtilz, Voyages d'un naturaliste et ses observations faites sur les trois rĂšgnes de la nature : dans plusieurs ports de mer français, en Espagne, au continent de l'AmĂ©rique septentrionale, Ă  Saint-Yago de Cuba et Ă  St-Domingue, oĂč l'auteur devenu le prisonnier de 40000 Noirs rĂ©voltĂ©s, et par suite mis en libertĂ© par une colonne de l'armĂ©e française, donne des dĂ©tails circonstanciĂ©s sur l'expĂ©dition du gĂ©nĂ©ral Leclerc, t. 1, Paris, , 365 p. (lire en ligne)
  • Charles-Yves Cousin d’Avallon, Histoire de Toussaint-Louverture, chef des Noirs insurgĂ©s de Saint-Domingue ; prĂ©cĂ©dĂ©e d'un coup d'Ɠil politique sur cette colonie : et suivie d'anecdotes et faits particuliers concernant ce chef des Noirs, et les agens directoriaux envoyĂ©s dans cette partie du nouveau-monde, pendant le cours de la RĂ©volution, Paris, Pillot, , 210 p. (lire en ligne)
  • A. Laujon, PrĂ©cis historique de la derniĂšre expĂ©dition de Saint-Domingue : depuis le dĂ©part de l'armĂ©e des cĂŽtes de France, jusqu'Ă  l'Ă©vacuation de la colonie : suivi des moyens de rĂ©tablissement de cette colonie, Paris, Delafolie, , 257 p. (lire en ligne)
  • Michel-Etienne Descourtilz, Voyages d'un naturaliste et ses observations faites sur les trois rĂšgnes de la nature : dans plusieurs ports de mer français, en Espagne, au continent de l'AmĂ©rique septentrionale, Ă  Saint-Yago de Cuba et Ă  St-Domingue, oĂč l'auteur devenu le prisonnier de 40000 Noirs rĂ©voltĂ©s, et par suite mis en libertĂ© par une colonne de l'armĂ©e française, donne des dĂ©tails circonstanciĂ©s sur l'expĂ©dition du gĂ©nĂ©ral Leclerc, t. 1, Paris, Dufart pĂšre, , 476 p. (lire en ligne)
  • Michel-Etienne Descourtilz, Voyages d'un naturaliste et ses observations faites sur les trois rĂšgnes de la nature : dans plusieurs ports de mer français, en Espagne, au continent de l'AmĂ©rique septentrionale, Ă  Saint-Yago de Cuba et Ă  St-Domingue, oĂč l'auteur devenu le prisonnier de 40000 Noirs rĂ©voltĂ©s, et par suite mis en libertĂ© par une colonne de l'armĂ©e française, donne des dĂ©tails circonstanciĂ©s sur l'expĂ©dition du gĂ©nĂ©ral Leclerc, t. 2, Paris, Dufart pĂšre, , 470 p. (lire en ligne)
  • Antoine MĂ©tral, Histoire de l'expĂ©dition des Français Ă  Saint-Domingue, sous le consulat de NapolĂ©on Bonaparte : Suivie des mĂ©moires et notes d'Isaac Louverture sur la mĂȘme expĂ©dition, et sur la vie de son pĂšre : ornĂ©e du portrait de Toussaint et d'une belle carte de Saint-Domingue, Paris, Fanjat AinĂ©, , 348 p. (lire en ligne), p. 325 Ă  339

1850-1900

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  • (en) Samuel Hazard, Santo-Domingo: past and present with a glance at Hayti, Third edition, , 514 p. (lire en ligne)
  • Delorme DĂ©mesvar, La misĂšre au sein des richesses : rĂ©flexions diverses sur HaĂŻti, Paris, Dentu, , 138 p. (lire en ligne)
  • Thomas-Prosper Gragnon-Lacoste, Toussaint Louverture, gĂ©nĂ©ral en chef de l'armĂ©e de Saint-Domingue, surnommĂ© le premier des Noirs, Paris, A. Durand et Pedone-Lauriel, (lire en ligne)
  • Edgar La SĂšlve, Le pays des nĂšgres : voyage Ă  HaĂŻti ancienne partie de Saint-Domingue, Paris, Librairie Hachette et Cie, , 370 p. (lire en ligne)
  • (en) K.C.M.G. Sir Spencer St John, Hayti or the Black Republic, Londres, Smith, Elder & Co, , 343 p. (lire en ligne)
  • Paul DelĂ©age, HaĂŻti en 1886 vu par un français : notes de voyage, Paris, E. Dentu, , 394 p. (lire en ligne)
  • Henri Castonnet des FossĂ©s, La perte d'une colonie : la rĂ©volution de Saint-Domingue, Paris, A. Faivre, (lire en ligne)

1900-1950

  • EugĂšne Aubin, En HaĂŻti : planteurs d'autrefois, nĂšgres d'aujourd'hui, Paris, Armand Colin, , 345 p. (lire en ligne)
  • Justin-Chrysostome Dorsainvil (avec la collab. des FrĂšres de l'instruction chrĂ©tienne), Manuel d'histoire d'HaĂŻti, Port-au-Prince, Procure des FrĂšres de l'instruction chrĂ©tienne, 1925, 408 p. (rĂ©Ă©dition 1957)
  • Louis Morpeau, Anthologie d'un siĂšcle de poĂ©sie haĂŻtienne : 1817-1925, Paris, Brossard, , 373 p. (lire en ligne)
  • Auguste Nemours, Histoire de la captivitĂ© et de la mort de Toussaint Louverture : Notre pĂšlerinage au Fort de Joux, Paris, Berger-Levrault, , 315 p. (lire en ligne)
  • Justin Chrysostome Dorsainvil, Manuel d'histoire d'HaĂŻti, Port-au-Prince, Procure des FrĂšres de l'Instruction ChrĂ©tienne, , 402 p. (lire en ligne)
  • Marthe OuliĂ©, Les Antilles filles de France: Martinique, Guadeloupe, HaĂŻti, Paris, Fasquelle Éditeur, , 306 p. (lire en ligne), p. 237 Ă  306
  • (en) Cyril Lionel Robert James, The Black Jacobins. Toussaint L'Ouverture and the San Domingo Revolution, (lire en ligne)

1950-2000

  • DantĂšs Bellegarde, Histoire du peuple haĂŻtien (1492-1952), Collection du Tricentenaire, Port-aux-Princes, 1953, 365 pages
  • Victor SchƓlcher, ConfĂ©rence sur Toussaint Louverture, gĂ©nĂ©ral en chef de l'armĂ©e de Saint-Domingue, [s.l.], Editions Panorama, , 53 p. (lire en ligne)
  • Tidiane N'Diaye, MĂ©moire d'errance, Paris, Éd. A3, 1998, 206 p. (ISBN 2-84436-000-9)
    Chapitre "La révolution haïtienne"

2000-présent

  • Catherine Ève Roupert, Histoire d'HaĂŻti : la premiĂšre rĂ©publique noire du Nouveau monde, Paris, Perrin, coll. « Pour l'histoire », 2011, (ISBN 978-2-262-03497-9)

Notes et références

Notes

  1. Philippe HrodĂ©j, « CĂ©line Selma. Les civilisations amĂ©rindiennes des Petites Antilles », Outre-Mers. Revue d'histoire, Fort de France,‎ (lire en ligne). Philippe HrodĂ©j rapporte l’étude de Philippe Joseph selon laquelle les habitants autochtones prĂ©colombiens des Petites Antilles Ă©taient des chasseurs-pĂȘcheurs-cueilleurs stricts, sans culture sur brĂ»lis qui aurait Ă©tĂ© trop dĂ©vastatrice : leur peuplement ne pouvait donc ĂȘtre que de faible densitĂ©

Références

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  3. Orlando Inoa, Historia dominicana, chap. 1, p. 25
  4. (en) Daniel M. Fernandes, Kendra A. Sirak, Harald Ringbauer, Jakob Sedig, Nadin Rohland, Olivia Cheronet, Matthew Mah, Swapan Mallick, Iñigo Olalde, Brendan J. Culleton et Nicole Adamski, « A genetic history of the pre-contact Caribbean », Nature, vol. 590, no 7844,‎ , p. 103–110 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/s41586-020-03053-2 AccĂšs libre)
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  7. Maurice DenuziĂšre, « De Christophe Colomb Ă  François Duvalier », Le Monde,‎ (lire en ligne)
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  10. Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, 1847-1848, t. II, chap. 22, p. 142
  11. Victor SchƓlcher, Vie de Toussaint Louverture, 1889, Ed. P. Ollendorf, p. 348
  12. Jean-Marcel Champion, notice biographique consacrée à Jean-Jacques Dessalines dans le Dictionnaire Napoléon, op. cit., p. 599.
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  23. Maurice Lemoine, Les enfants cachĂ©s du gĂ©nĂ©ral Pinochet. PrĂ©cis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de dĂ©stabilisation, Don Quichotte, , p. 358
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  25. HAÏTI. La violence politique Ă  la veille du bicentenaire de l?indĂ©pendance | Amnesty International
  26. « Aristide, víctima y verdugo », sur www.insumisos.com, Edición Cono Sur,
  27. Accord de réadmission franco-haïtien : Les droits des migrants haïtiens en France sont en péril, 24 août 2009. Voir aussi sur le site du GISTI.
  28. « Pour comprendre la révolte des Haïtiens », sur www.cadtm.org,
  29. « Haïti. Le président Jovenel Moïse, un roi nu à Port-au-Prince », sur L'Humanité,
  30. Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, « Selon l'ONU, 1,8 million d'HaĂŻtiens ont Ă©tĂ© touchĂ©s par l'ouragan Sandy », DĂ©pĂȘche de presse, (consultĂ© le )
  31. Indicateurs du World-Factbook de la CIA - .
  32. Selon J. Gordon Melton & Martin Baumann, (en) Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices, ABC-CLIO, USA 2010, 88,2 % de la population haĂŻtienne dĂ©clare ĂȘtre rattachĂ©e Ă  une religion.
  33. World-Factbook de la CIA - consulté le 14 janvier 2022.
  34. (en) Jacqueline Charles et Curtis Morgan, « Sandy’s death toll climbs to 44 in Haiti », sur The Miami Herald, 27 octobre 2012, (consultĂ© le )
  35. A HaĂŻti, cinq ans aprĂšs le sĂ©isme, l’impossible reconstruction -
  36. Sécheresse en Haïti : récoltes en péril -
  37. Haïti - Perspectives sur la sécurité alimentaire - .
  38. « HaĂŻti : au moins douze morts aprĂšs un sĂ©isme d’une magnitude de 5,9 », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  39. LIBERATION, « Le bilan du sĂ©isme en HaĂŻti s’alourdit, l’aide s’organise dans les rĂ©gions enclavĂ©es », sur LibĂ©ration (consultĂ© le ).
  40. Le bilan pourrait dĂ©passer les 100 000 morts

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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