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Bartolomé de las Casas

BartolomĂ© de las Casas, nĂ© en 1484[1] Ă  SĂ©ville et mort le Ă  Madrid, est un homme d'Église espagnol, membre de l'ordre dominicain, missionnaire, Ă©crivain et historien, particuliĂšrement connu pour sa dĂ©nonciation des pratiques des colonisateurs espagnols en AmĂ©rique et pour sa dĂ©fense des droits des autochtones, points de vue qu'il a soutenus lors de la controverse de Valladolid face Ă  Juan GinĂ©s de SepĂșlveda.

Bartolomé de las Casas
Image illustrative de l’article BartolomĂ© de las Casas
Portrait de Bartolomé de las Casas
(anonyme, XVIe siĂšcle).
Biographie
Naissance ou
SĂ©ville, couronne de Castille
Ordre religieux Ordre des PrĂȘcheurs
Ordination sacerdotale
DĂ©cĂšs
Madrid, Monarchie catholique espagnole
ÉvĂȘque de l'Église catholique
Ordination Ă©piscopale
ÉvĂȘque de Chiapas
–
Autres fonctions
Fonction religieuse
PrĂȘtre, Moine, Missionnaire
Fonction laĂŻque
Écrivain, Apologiste, Historien

Signature de Bartolomé de las Casas

.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Le , son procĂšs en bĂ©atification a Ă©tĂ© ouvert par l'Église catholique[2].

Il est fĂȘtĂ© le 20 juillet selon le calendrier des saints de l'Église d'Angleterre et le 17 juillet selon le calendrier luthĂ©rien[3].

Biographie

Le problĂšme de sa date de naissance

Elle est sujette à controverses[4]. On a longtemps cru en effet qu'il était né le , date indiquée par son premier biographe, Antonio de Remesal (1570-1619).

En 1975, l'historienne Helen R. Parish a trouvĂ© aux Archives gĂ©nĂ©rales des Indes de SĂ©ville un document du , dans lequel le clerc Las Casas « jure par Dieu et les saints ordres qu'il a reçus, et par les Évangiles, qu'il a trente-et-un ans passĂ©s »[5].

La plupart des auteurs contemporaines affirment désormais que son année probable de naissance est 1484[6].

Origines familiales et jeunesse

Il est le fils de Pedro de las Casas, modeste marchand issu d'une famille juive convertie au catholicisme, une famille de conversos[7].

À neuf ans, il assiste au retour de Christophe Colomb Ă  SĂ©ville, aprĂšs son premier voyage (aoĂ»t 1492-fĂ©vrier 1493).

Son pÚre et son oncle participent au deuxiÚme voyage de Colomb qui part de Cadix, le ; de sorte que Bartolomé a établi une relation trÚs proche avec les fils de Colomb, Diego, né en 1480, et Fernand, né en 1488. Au retour de son pÚre, il reçoit un indigÚne des Caraïbes comme esclave.

Propriétaire à Hispaniola (1502-1512)

En 1502, il part pour les CaraĂŻbes, qu'on croit encore ĂȘtre proche des « Indes » (l'Asie orientale[8]), avec le nouveau gouverneur d'Hispaniola[9], NicolĂĄs de Ovando, nommĂ© aprĂšs l'arrestation et la destitution de Christophe Colomb en 1500.

En 1503, il y devient propriĂ©taire d’une encomienda, c’est-Ă -dire un titre de propriĂ©tĂ© sur des terres indigĂšnes avec les habitants qui y sont rattachĂ©s pour exploiter ces terres. Cette exploitation se trouve sur l'Ăźle d'Hispaniola, Ă  ConcepciĂłn de La Vega.

Il exploite cette encomienda pendant dix ans avec un ami, Pedro de la RenterĂ­a. Elle leur rapporte 100 000 castellanos[10] par an, un rĂ©sultat satisfaisant dont beaucoup d'autres colons n'atteignent pas, comme il l'Ă©crit lui-mĂȘme : « plus de mille moururent et les autres Ă©taient dans de grandes angoisses » (sur 2 500 Espagnols).

Entrée dans les ordres (1512)

Le troisiĂšme dimanche de l'Avent 1511 (21 dĂ©cembre), il assiste Ă  un sermon devenu cĂ©lĂšbre du dominicain Antonio Montesinos. En accord avec sa communautĂ© de dominicains d'Hispaniola, celui-ci dĂ©nonce les injustices dont il a Ă©tĂ© tĂ©moin dans l'Ăźle : « La voix qui crie dans le dĂ©sert de cette Ăźle, c'est moi, et je vous dis que vous ĂȘtes tous en Ă©tat de pĂ©chĂ© mortel Ă  cause de votre cruautĂ© envers une race innocente »[11]. Il est probable que ce discours a marquĂ© Las Casas, mĂȘme si ses effets n'ont pas Ă©tĂ© immĂ©diats.

RentrĂ© en Europe, il est ordonnĂ© prĂȘtre Ă  Rome en 1512. De retour en AmĂ©rique, il est le premier prĂȘtre Ă  cĂ©lĂ©brer sa premiĂšre messe dans le Nouveau Monde[12].

L'aumĂŽnier des conquistadors Ă  Cuba (1512-1514)

En 1511, Diego ColĂłn (fils de Christophe Colomb), nommĂ© gouverneur d'Hispaniola en 1506, envoie Diego VelĂĄzquez de CuĂ©llar et PĂĄnfilo de NarvĂĄez Ă  la conquĂȘte de Cuba. Velasquez, qui est nommĂ© gouverneur de Cuba, fait appel en 1512 Ă  Las Casas pour devenir l'aumĂŽnier des troupes espagnoles sur l'Ăźle[13].

Cette mĂȘme annĂ©e 1512, le juriste Juan LĂłpez de Palacios Rubios (1450-1524) rĂ©dige le Requerimiento : selon lui, les Espagnols ont droit aux terres d'AmĂ©rique (attribuĂ©es en grande partie[14] par le pape Ă  la couronne de Castille par le traitĂ© de Tordesillas en 1493) ; les Indiens doivent reconnaĂźtre l’Église et se convertir au christianisme ; s’ils refusent, on peut leur imposer la foi par « le fer et le feu ».

Le service de Las Casas est apprĂ©ciĂ© puisqu’il reçoit par « repartimiento » (partage de terres conquises) une nouvelle encomienda.

En s'appuyant sur le texte du Requerimento, malgrĂ© une Ă©vangĂ©lisation et des baptĂȘmes massifs, il ne peut empĂȘcher en 1513 le massacre de Caonao par les hommes de PĂĄnfilo de NarvĂĄez.

La « conversion » (1514)

En 1514, alors qu’il prĂ©pare un sermon sur le chapitre 34 du livre de l'EcclĂ©siastique, Las Casas y trouve un verset qu'il s'applique Ă  lui-mĂȘme: « Celui qui offre un sacrifice tirĂ© de la substance du pauvre agit comme s’il sacrifiait un fils en prĂ©sence de son pĂšre ».

C'est l'origine de sa premiÚre conversion : il prend conscience de ce qu'est la condition des indigÚnes. Il renonce à ses encomiendas et décide de repartir pour la métropole avec Antonio de Montesinos.

Lithographie de Bartolomé de las Casa baptisant des Indiens prisonniers en 1511, J. J. Martinez (1854), Histoire de la Marine royale espagnole.

Le défenseur des Indiens (à partir de 1514)

BartolomĂ© de las Casas s’engage alors dans une lutte de cinquante ans durant laquelle il fera plus de quatorze voyages entre les deux continents, voyages qui pouvaient durer entre soixante et quatre-vingt-dix jours dans des conditions souvent Ă©prouvantes.

Les problĂšmes de la colonisation espagnole

Ses nouvelles convictions l'ont rapprochĂ© des dominicains du nouveau monde. Mais le combat s’annonce difficile : il faut sauvegarder Ă  la fois les intĂ©rĂȘts de la Couronne et la vie des indigĂšnes. Selon Las Casas, Indiens et colons sont liĂ©s. En effet, les Espagnols ont besoin de main d’Ɠuvre pour s’enrichir et ils doivent en prendre soin pour qu’ils travaillent. Or, la population baisse Ă  vue d’Ɠil : il y avait 1 100 000 Indiens en 1492 et il en reste 16 000 en 1516, selon lui.

Il tente de s’adresser Ă  Ferdinand, roi d'Aragon et rĂ©gent de Castille depuis la mort de son Ă©pouse Isabelle (1504), mais celui-ci ne s’intĂ©resse pas au combat de Las Casas. Il meurt en 1516, laissant le trĂŽne Ă  son petit-fils[15] Charles de Habsbourg[16], ĂągĂ© de seize ans.

Dans l'entourage du jeune roi, Las Casas bĂ©nĂ©ficie de l'appui du cardinal Cisneros, ancien confesseur d’Isabelle la Catholique, et d'Adrien Floriszoon, son prĂ©cepteur nĂ©erlandais[17] (futur pape Adrien VI).

Un plan de réforme en quatorze points

Il rĂ©dige un plan de rĂ©formes intitulĂ© MĂ©moire des quatorze remĂšdes, oĂč il prĂŽne :

  • la fin des encomiendas,
  • la rĂ©glementation du travail,
  • la fin des travaux forcĂ©s,
  • l'envoi de fermiers espagnols avec leurs familles pour exploiter en commun des terres avec les IndigĂšnes,
  • la destitution des administrateurs en place,
  • de combiner Ă©vangĂ©lisation et colonisation,
  • de prendre des Noirs comme esclaves pour compenser la mortalitĂ© des indigĂšnes (Las Casas prendra conscience de son erreur lorsqu'il connaĂźtra les conditions de la guerre menĂ©e en Afrique et il prendra alors la dĂ©fense des Noirs aussi bien que des Indiens, se repentant jusqu'Ă  la fin de ses jours de cette erreur[18]).

Le « protecteur universel de tous les Indiens »

En 1516, il est nommé « procureur et protecteur universel de tous les Indiens des Indes », mais l'accomplissement du plan qu'il a formulé est confié à un trio de moines des Ermites de saint JérÎme, membres d'un ordre espagnol important. Ces derniers finissent par s'opposer à Las Casas, qui les accuse de se laisser influencer par les colons. En 1517, Las Casas est de ce fait convoqué par le roi et doit rentrer en Espagne[19].

De 1517 Ă  1519, il est Ă  la cour, chargĂ© de « remĂ©dier aux maux des Indiens ». Il prĂ©pare un nouveau projet de colonisation agricole des Antilles, avec l'envoi de laboureurs pour remplacer les conquistadors. Le projet fait l'objet d'un soutien royal en septembre 1518, avec l'octroi de grĂąces pour les laboureurs qui souhaiteraient s'installer dans les Ăźles. Le projet est nĂ©anmoins rapidement abandonnĂ©, lorsque Las Casas apprend que les terres royales destinĂ©es Ă  ĂȘtre donnĂ©es aux laboureurs ont Ă©tĂ© vendues par le trio des ermites de saint-JĂ©rĂŽme[20].

En 1519, Ă  la mort de son grand-pĂšre paternel, Maximilien Ier du Saint-Empire et aprĂšs une lutte farouche avec le roi François Ier de France, Charles Ier d'Espagne est Ă©lu empereur sous le nom que retiendra l'Histoire : Charles Quint. Casas s’oppose alors Ă  l’évĂȘque Juan de Quevedo sur le sort des indigĂšnes et sort vainqueur du dĂ©bat devant l’Empereur.

Il prend conscience que les Ăźles sont perdues, puisque tous les indigĂšnes qui y vivaient sont morts ou bien esclaves. Mais il ne veut pas que ce phĂ©nomĂšne se reproduise sur les terres en dĂ©couverte et demande un secteur de conquĂȘte et de conversion pacifique avec des dominicains et des franciscains. Au Conseil des Indes, institution crĂ©Ă©e en Espagne pour rĂ©diger les lois propres aux « Indes » et contrĂŽler les colonies, Las Casas obtient du roi le pouvoir d’exercer les pressions nĂ©cessaires pour obtenir cette terre de paix.

L'échec de Cumana et l'entrée dans l'ordre dominicain

En 1520, Ă  force de pressions, Charles Quint lui concĂšde Cumana, sur le territoire vĂ©nĂ©zuĂ©lien, pour mettre en pratique ses thĂ©ories de colonisation pacifique par des paysans et des missionnaires. Les colons ont compris qu'ils pourraient profiter de la protection de Las Casas pour pĂ©nĂ©trer en terre ferme et qu'une fois sur le continent, ils verraient bien comment transformer la colonisation en conquĂȘte. Mais pendant une absence de BartolomĂ© de Las Casas, les Indiens en profitent pour tuer plusieurs colons, aprĂšs des captures d'esclaves. Las Casas s'interroge : pourquoi Dieu l'a-t-il abandonnĂ© dans cette entreprise ?

Il part l’annĂ©e mĂȘme avec cinquante compagnons et soixante-dix paysans. Mais il ne peut joindre son territoire, il perd ses paysans, qui deviennent des chasseurs d’esclaves, et doit faire des concessions par besoin d’argent. De plus, avant son arrivĂ©e, les conquistadors ont fait de nombreux massacres, ce qui rend toute Ă©vangĂ©lisation impossible et, alors qu’il retourne vers Hispaniola ou Saint Domingue, une rĂ©volte indigĂšne massacre les frĂšres franciscains.

Cet Ă©chec le secoue terriblement. Il entre alors chez les dominicains en 1522 et y passe dix ans en formation et en silence. C’est sa « seconde Conversion ». L’ordre des dominicains est un ordre religieux qu’il connaĂźt et qui l’apprĂ©cie. Il y suit une formation juridique, thĂ©ologique et biblique. En 1527, il est chargĂ© de l’implantation d’un nouveau couvent au nord de l’üle. Il y consigne le souvenir des drames qu’il a vĂ©cus et de ceux qui sont parvenus jusqu’à lui.

La prédication en faveur des Indiens

Durant son temps de formation, il rĂ©dige De Unico Modo (« De l’unique façon d’attirer tout le genre humain Ă  la vĂ©ritable religion »), qu’il enrichit en 1537 de la bulle du pape Paul III « Sublimis Deus » proclamant l’humanitĂ© des Indiens et leur aptitude Ă  recevoir la foi chrĂ©tienne :

« ConsidĂ©rant que les Indiens, Ă©tant de vĂ©ritables hommes, sont aptes Ă  recevoir la foi chrĂ©tienne, mais encore, d’aprĂšs ce que nous savons le dĂ©sirent fortement [...], nous dĂ©cidons et dĂ©clarons, nonobstant toute opinion contraire, que les dits Indiens [...] ne pourront ĂȘtre en aucune façon privĂ©s de leur libertĂ© ni de la possession de leurs biens [...] et qu’ils devront ĂȘtre appelĂ©s Ă  la foi de JĂ©sus-Christ par la prĂ©dication de la parole divine et par l’exemple d’une vie vertueuse et sainte. »

Il s’appuie sur les Ă©vangiles (« Rien n’est bon que ce qui est libre [...]. Que personne ne contraigne les infidĂšles Ă  croire ») et fait cinq propositions :

  • le prĂ©dicateur doit apparaĂźtre comme une personne qui ne veut pas asservir ses auditeurs mais qui suit le modĂšle du Christ, prĂȘt Ă  mourir pour ses frĂšres,
  • il ne doit avoir aucune intention de possĂ©der des richesses,
  • il doit ĂȘtre doux, affable, pacifique, bienveillant, Ă©couter avec respect et plaisir la doctrine,
  • sa vie et son comportement doivent ĂȘtre en accord avec ce qu’il enseigne (le Christ),
  • les auditeurs voyant l’action du maĂźtre se convertiront d'eux-mĂȘmes,
  • les conquistadores et les faux Ă©vangĂ©lisateurs doivent se convertir.

Le 20 janvier 1531, Las Casas Ă©crit une lettre au Conseil des Indes[21] car, devant l’extension du mouvement colonial et des nouvelles conquĂȘtes tel que le Guatemala, le Mexique, le Chili, le PĂ©rou, qui s’accompagne du dĂ©veloppement de l’encomienda, il voit un monde plus vaste pour les prĂ©dicateurs, mais un monde condamnĂ© Ă  mort. C’est une lettre passionnĂ©e, dure et violente pour marquer la mĂ©tropole. Il veut Ă©vangĂ©liser quand il dit « la foi pourrait sans grands efforts ĂȘtre exaltĂ©e et diffusĂ©e parmi ces peuples paĂŻens ». Il s’appuie sur le testament d’Isabelle la Catholique en 1503 qui oblige l’évangĂ©lisation dans le respect des personnes. Il utilise un ton de rĂ©quisitoire en disant que si le Conseil Ă©tait sur place, il agirait diffĂ©remment et que des hommes de confiance sont nĂ©cessaires sur place, tout en demandant pourquoi les envoyĂ©s de la « sainte Espagne » font tant preuve de violence. Si Las Casas n’y refuse toujours pas le principe de colonisation, il veut pacifier le continent par des protecteurs, les « Caballeros ». Pour lui, il y aura reconnaissance du roi quand il y aura reconnaissance de Dieu et qu'ainsi les indigĂšnes paieront avec plaisir un impĂŽt d’une valeur d’un joyau.

Le retour Ă  l'action

De 1534 à 1536, Las Casas entreprend un voyage au Pérou. Parti de Panama, les mauvaises conditions de navigation l'obligent à changer de cap et à se réfugier au Nicaragua[22].

De 1536 Ă  1540. Las Casas arrive au Nicaragua avec deux disciples nommĂ©s Angulo et Ladrada et assiste Ă  Granada au dĂ©part des esclaves pour les mines du PĂ©rou. Ils meurent en masse sur les routes. Las Casas ne le supporte pas et, alors qu’il prĂ©pare une prĂ©dication sur l’évangĂ©lisation pacifique, le gouverneur prĂ©pare une attaque contre les tribus insoumises et lui propose de s’y joindre comme aumĂŽnier. Las Casas manifeste et s’insurge contre une telle proposition et menace d’excommunier tous ceux qui s’engageraient dans une telle lutte. Au bout de dix mois, la situation est intolĂ©rable et il doit partir.

Ils vont Ă  Santiago au Guatemala oĂč ils ont l’appui de l’évĂȘque Maroquin qui a appris le Quechua. En 1537, en mĂ©tropole, les colons sont mis en cause par toute l’Église Ă  la suite de la promulgation de la bulle Sublimis Deus qui reconnaĂźt l’humanitĂ© des Indiens. D'ailleurs, l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, la rĂ©apparition en Floride du trĂ©sorier de Narvaez (Álvar NĂșñez Cabeza de Vaca) et de trois de ses hommes (Alonso del Castillo Maldonado, AndrĂ©s Dorantes de Carranza et Estevanico) aprĂšs neuf ans de disparition grĂące aux indigĂšnes appuie les thĂšses des indigĂ©nistes.

Devant cette levĂ©e de boucliers les colons dĂ©fient Las Casas d’évangĂ©liser la « Terre de Guerre », un territoire non conquis. Le prĂȘtre obtient alors du gouverneur cinq ans sans conquĂȘtes dans ce territoire, seuls les religieux y sont autorisĂ©s. En deux ans, seulement quatre caciques sont baptisĂ©s aux abords de la zone.

Las Casas fait modifier la législation impériale

Il retourne en Espagne en mars 1540. Son but est de recruter de nouveaux missionnaires. Il part avec plusieurs lettres de recommandation. Il se fera remplacer dans cette tĂąche par Louis Cancer. À son arrivĂ©e en Espagne, Charles Quint est en Flandres, et en attendant son retour, Las Casas Ă©tudie Ă  Salamanque notamment. Il y rencontre le pĂšre Francisco de Vitoria (1480-1546) un thĂ©ologien-juriste de Salamanque, crĂ©ateur du droit international moderne. Ce dernier commente saint Thomas d'Aquin et aboutit Ă  des idĂ©es proches de celles des siennes sur l’évangĂ©lisation des Indes en opposition Ă  l’impĂ©rialisme. Las Casas dĂ©finit la guerre juste : elle doit ĂȘtre dĂ©clarĂ©e par l’autoritĂ© lĂ©gitime et son objectif est de rĂ©tablir la paix ; elle doit ĂȘtre conduite avec des intentions droites et doit viser la rĂ©paration d’injustices graves. Il n’y a donc pas de guerre juste aux AmĂ©riques. Il se heurte cependant Ă  des intĂ©rĂȘts Ă©conomiques importants : les mines d'argent mexicaines oĂč travaillent les indigĂšnes enrichissent les grands nĂ©gociants d'Anvers, premiĂšre place financiĂšre mondiale, car l'argent sert Ă  importer des biens de l'Inde, oĂč les marchands sont friands d'argent-mĂ©tal.

C’est Ă  cette Ă©poque qu’il Ă©crit la « BrevĂ­sima relaciĂłn de la destrucciĂłn de las Indias », dans lequel il dĂ©peint les Indiens comme des ĂȘtres bons et pacifiques, des brebis dont l’Église et l’Empereur sont les pĂątres et pour lesquelles les conquistadors sont des loups[23]. Il y prĂ©sente les cruautĂ©s dont sont victimes les indigĂšnes et les structures qui les exploitent. Par la suite, ce traitĂ© est traduit et Ă©ditĂ© Ă  l'Ă©chelle europĂ©enne, souvent accompagnĂ© de gravures, comme celles de ThĂ©odore de Bry. La BrevĂ­sima relaciĂłn devient ainsi un des Ă©lĂ©ments majeurs de la lĂ©gende noire. Les ennemis de l’Espagne y auraient trouvĂ© un moyen d’attaquer l’Espagne sur ses comportements vis-Ă -vis des indigĂšnes ; en particulier, la France et l’Angleterre, en concurrence dans la colonisation de l'AmĂ©rique, auraient justifiĂ© leur opposition Ă  l’Espagne en se mettant en avant principalement les Ă©crits de Las Casas.

Le « huitiĂšme remĂšde » est un autre Ă©crit de l’époque oĂč Las Casas attendait le retour de l’Empereur. Il y explique au roi qu’il a Ă©tĂ© trompĂ© par les encomenderos, qu’il ne protĂšge pas les Indiens comme le recommande la mission qui lui a Ă©tĂ© donnĂ©e par le Pape et ce malgrĂ© lui. Il pousse son argumentation, « mĂȘme si Votre MajestĂ© devait perdre sa domination royale sur ces peuples et renoncer Ă  leur conversion, cela vaudrait mieux pour Elle que la situation actuelle oĂč les Indiens sont vouĂ©s Ă  une destruction complĂšte, car la loi chrĂ©tienne dĂ©fend absolument de faire le mal pour que le bien s’ensuive ».

Fin 1541, l’Empereur est de retour. Le 26 janvier 1542 Las Casas est introduit auprĂšs de Charles Quint. L’Empereur est indignĂ© par le rĂ©sumĂ© de la « Brevisima » et rĂ©forme le Conseil des Indes. Treize hommes en commission sont chargĂ©s d’une nouvelle lĂ©gislation. La premiĂšre session est prĂ©sidĂ©e par l’Empereur et Las Casas. En novembre 1542 sont rĂ©digĂ©es les « lois Nouvelles » qui se composent de quarante articles qui peuvent se diviser en quatre dispositions principales : elles proclament :

  • la libertĂ© naturelle des Indiens et obligent la remise en libertĂ© des esclaves ;
  • la libertĂ© du travail, limitent les charges et interdisent les pĂȘcheries de perles ;
  • la libertĂ© de rĂ©sidence et la libre propriĂ©tĂ© des biens, punissant ceux qui seront violents ou agressifs envers les Indiens ;
  • elles abolissent le systĂšme des encomiendas.

L'Ă©chec de l'application des lois au Chiapas

La nouvelle de la parution de ces lois provoque au Nouveau Monde des rĂ©voltes. Las Casas est fustigĂ©. Une guerre civile Ă©clate au PĂ©rou, des Espagnols rentrent sur le vieux continent : c’est l’anarchie dans les vice-royautĂ©s.

En 1546, ces lois seront abrogĂ©es, l’encomienda se trouvant interdite aux curĂ©s.

Le prince hĂ©ritier Philippe, 19 ans, chargĂ© de la rĂ©gence du royaume en l'absence de son pĂšre qui combat les princes protestants du Saint Empire, est entourĂ© d’opposants Ă  Las Casas. Pour qu’il soit moins dangereux ou inquiĂ©tant pour les richesses des colonies, on lui propose le riche Ă©vĂȘchĂ© de Cuzco (actuel Équateur). Il refuse pour cette raison que c’est en opposition avec ses prĂȘches. On lui propose alors, dans le Sud du Mexique, le nouvel Ă©vĂȘchĂ© de Chiapas dont la capitale est Ciudad Real. Le climat y est dur, la population y est pauvre mais les plantations prospĂšres. Il accepte ce poste pour l’application de « ses » lois nouvelles.

Il rĂȘve d’une rĂ©publique chrĂ©tienne par la fondation de monastĂšres et s’entoure de trente-quatre religieux, dominicains et franciscains. La nomination a lieu le 19 dĂ©cembre 1543 et est consacrĂ©e le 21 mars 1544. Le voyage se fait en convoi mais il doit attendre quatre mois avant le dĂ©part.

Le 11 juillet 1544 il embarque. Son bateau, le San Salvador, est mal arrimĂ© et mal pilotĂ©. À son arrivĂ©e au Mexique, il est trĂšs mal accueilli et doit se rĂ©fugier chez les Franciscains oĂč il apprend la suspension des lois nouvelles. Il prend la route pour le Chiapas. Un navire fait naufrage et neuf missionnaires meurent. Son voyage annonce les difficultĂ©s de sa tĂąche.

Il arrive le 12 mars 1545, le dimanche de la Passion. Il demande la libĂ©ration de tous les esclaves, en vain. Il dĂ©signe un seul confesseur, le Doyen Perera et menace d’excommunier les colons, ce qui les effraie. Mais le doyen absout les colons et se fait excommunier par Las Casas. Les colons, fous de rage, envahissent l’évĂȘchĂ© et l’évĂȘque manque de mourir. Il est obligĂ© de fuir en « terre de guerre » qui a Ă©tĂ© convertie et qui est devenue la vraie paix ou « Vera Paz ». L’hostilitĂ© dont il est victime au Nouveau Monde l’oblige Ă  retourner en Espagne dĂšs 1547 aprĂšs avoir appris le revirement de l’Empereur sur les lois nouvelles.

Toutes les lois nouvelles ne resteront pas pour autant lettre morte, les tribus des indigĂšnes restent rĂ©glementĂ©es et l’encomienda tend Ă  disparaĂźtre.

La controverse de Valladolid

Bartolomé de las Casas avec les indiens et à la controverse de Valladolid (XVIe siÚcle).

En 1547, Las Casas rentre dĂ©finitivement en Espagne, non pas pour sa retraite, mais pour continuer le combat depuis le Vieux Continent. Francisco de Vitoria mort en 1546, Las Casas poursuit sa lutte pour une conquĂȘte pacifique par l’évangile sur le modĂšle de la « Vera Paz ». Il s’installe au couvent dominicain de Valladolid, oĂč il mĂšne une vie de recueillement, de silence, de travail et de priĂšres. Il reste cependant proche de la cour, non loin des maĂźtres de thĂ©ologie et des docteurs de Salamanque.

La controverse avec Juan GinĂ©s de SepĂșlveda Ă©clate. Ce chanoine de Cordoue, traducteur d’Aristote, a longtemps sĂ©journĂ© Ă  Rome, oĂč il s’est fait de nombreux amis. Il se fait avocat des conquistadors dans « DĂ©mocrates Alter » ( « Des justes causes de la guerre ») : selon lui, la guerre est juste lorsqu’elle est ordonnĂ©e par l’autoritĂ© lĂ©gitime, faite pour une juste cause et inspirĂ©e par une intention pure. Les indigĂšnes sont des idolĂątres qui commettent les pires crimes, ils sont de nature infĂ©rieure et donc appelĂ©s Ă  ĂȘtre soumis Ă  des hommes plus Ă©voluĂ©s, les Espagnols : « c’est un devoir de libĂ©rer les innocents ». Cet ouvrage reçoit l’approbation de l’archevĂȘque de SĂ©ville, prĂ©sident du Conseil des Indes, il est bien reçu Ă  la cour, mais se voit refuser « l’imprimatur » par les universitĂ©s, notamment celle de Salamanque. Las Casas y rĂ©pond immĂ©diatement en dĂ©clarant que la guerre est injuste Ă  partir du moment oĂč elle est un instrument d’oppression.

De 1550 Ă  1551, Las Casas Ă©labore une dĂ©fense soutenue des droits des AmĂ©rindiens Ă  Valladolid, afin de contrer les arguments avancĂ©s par son adversaire de taille, SepĂșlveda. À la suite de la cĂ©lĂšbre controverse avec SepĂșlveda au sujet de la lĂ©gitimitĂ© des guerres de conquĂȘte, BartolomĂ© de las Casas prĂ©sente ses « Trente propositions trĂšs juridiques », un traitĂ© de droit chrĂ©tien adressĂ© au Conseil des Indes dans lequel il affirme que les guerres au nouveau monde ont Ă©tĂ© injustes et qu’il faut libĂ©rer les esclaves. Il se justifie par le traitĂ© de Tordesillas de 1494, oĂč l’autoritĂ© du roi se fait par l’accord des chefs de tribu, les caciques.

En 1550, il demande Ă  ĂȘtre dĂ©chargĂ© de ses obligations Ă©piscopales et se rend Ă  SĂ©ville afin de s'occuper de l'envoi de religieux dominicains. Il est d’abord chargĂ© de recruter des missionnaires franciscains, dominicains ou augustins, ce qui lui permet de circuler Ă  travers les diffĂ©rents couvents. Mais cette tĂąche ne lui suffit pas : il pense que pour que sa doctrine soit efficace, il lui faut l’enseigner lui-mĂȘme. Il fait alors publier son « Manuel du confesseur » et, pour que ses missionnaires ne soient pas corrompus au Nouveau Monde, il continue de leur envoyer ses Ă©crits. Toutefois son audience Ă  la cour diminue. Le rĂ©gent, le Prince Philippe, sous l’influence de son prĂ©cepteur, l’impĂ©rialiste SepĂșlveda, se dĂ©sintĂ©resse de la cause indienne au profit de celle des colons et des fonds substantiels qu’ils rapportent des Indes.

Le sujet du droit chrĂ©tien sera abordĂ© Ă  nouveau en 1553 dans le « Tratado Comprobatorio » ou « TraitĂ© prouvant l’empire souverain que les rois de Castille possĂšdent sur les Indes ».

L'historien de la découverte des Amériques

Le massacre de la reine Anacaona et de ses sujets. Gravure probablement de Jodocus van Winghe, publiée en 1598 dans la Brevissima relacion de Las Casas. Les Espagnols brûlent un bùtiment plein d'Amérindiens; la noble amérindienne est pendue à un arbre. En arriÚre-plan, des Espagnols poursuivent à cheval les indigÚnes. AprÚs une réception célébrant l'arrivée du gouverneur d'Hispaniola, Nicolås de Ovando, l'entourage de la reine Anacaona est brûlé vif. En déférence à son rang, elle fut pendue.

Il a par la suite publié huit travaux à Séville en 1552, dont le plus répandu était le livre intitulé "BrÚve Relation de la Destruction des Indes".

En 1553, il quitte SĂ©ville oĂč il prĂ©parait ses missionnaires, et s’en retourne Ă  Valladolid oĂč il se lance dans la rĂ©daction de « l’Histoire des Indes » et « l’Histoire apologĂ©tique ». Il veut y rĂ©tablir la vĂ©ritĂ© sur la conquĂȘte des Indes, « la colonisation des Indes dont l’unique objet Ă©tait la conversion des infidĂšles a totalement sacrifiĂ© cette fin spirituelle aux moyens temporels ». Il consulte les archives depuis Christophe Colomb et lui reproche, tout comme Ă  lui-mĂȘme, l’esclavage des Indiens aussi bien que des Noirs. Son ouvrage va de la dĂ©couverte en 1492 jusqu’à sa conversion dominicaine en 1522. Il y accumule de nombreux dĂ©tails sur la conquĂȘte et fonde son argumentation sur de nombreuses exagĂ©rations[24]. Selon lui, il y avait trois millions et demi d’habitants sur l’üle Hispañola en 1492. Il l’achĂšve en 1559 mais interdit sa publication avant 1600, probablement par peur de la censure Ă  cause des consĂ©quences [?] de la « Brevisima ».

  • « Et mon intention est qu'elle ne sorte sous aucun prĂ©texte du CollĂšge, exceptĂ© pour ĂȘtre imprimĂ©e, quand Dieu le jugera bon, et que les originaux demeurent Ă  tout jamais au collĂšge » (BAE, t, CX, p. 540).

Elle restera de fait « interdite de publication » jusqu’au XIXe siĂšcle. Cependant, le manuscrit de l'ouvrage majeur de Las Casas n'est pas restĂ© enfermĂ© au CollĂšge San GrĂ©gorio : Ă  l'encontre de la volontĂ© de Las Casas, l'ouvrage fut remis en 1571 au Conseil des Indes. Le prĂ©sident de cet organisme, Juan de Ovando, a confiĂ© le manuscrit de Las Casas au chroniqueur et Grand Cosmographe Juan Lopez de Velasco qui le conservera jusqu'en 1597. À cette date l'ouvrage fut remis au secrĂ©taire Juan de Ibarra. Le manuscrit fut ensuite remis au Grand Chroniqueur Antonio de Herrera, rĂ©cemment nommĂ© Ă  cette charge, dans le but d'Ă©crire l’Histoire des Indes sur Ordre de sa MajestĂ© et du Conseil des Indes. Herrera a utilisĂ© le manuscrit de Las Casas pour Ă©crire une grande partie de son ouvrage. Il donne l'impression d'avoir participĂ© Ă  certains Ă©vĂ©nements alors que le spectateur en fut Las Casas. Herrera a plagiĂ© le manuscrit de façon si Ă©hontĂ©e que certains auteurs ont pu Ă©tablir sans mal une liste des chapitres recopiĂ©s. On trouve une liste des passages concernĂ©s dans l'Ă©dition des travaux de Herrera publiĂ©e par l'AcadĂ©mie d'Histoire de Madrid en 1934. L’Histoire des Indes sera publiĂ©e pour la premiĂšre fois en castillan Ă  Madrid, en 1875-1876, Ă  l'initiative de Feliciano Ramirez de Arellano, marquis La Fuensanta del Valle, et pour la premiĂšre fois en français en 2002 Ă  Paris [Cf. bibliographie, Ɠuvres].

Son autre ouvrage, L’Histoire apologĂ©tique a pour thĂšse ces quelques lignes : « ces peuples des Indes Ă©galent et mĂȘme surpassent beaucoup de nations du monde, rĂ©putĂ©es policĂ©es et raisonnables : ils ne sont infĂ©rieurs Ă  aucune ». Il dĂ©fend donc la cause des Indiens en leur attribuant des vertus que l’on ne trouve pas ailleurs, peut-ĂȘtre mĂȘme pas dans l’Espagne catholique. DivisĂ©e en 267 chapitres, elle traite de sujets divers, et d’une histoire morale de l’humanitĂ©. Elle restera interdite, elle aussi, jusqu’au XIXe siĂšcle.

Son « magnum opus », « Une Histoire des Indes », ne fut publié qu'en 1875, plus de trois siÚcles aprÚs sa mort en 1566. Son « Apologética Historia Sumaria », un immense travail sur l'ethnologie et l'anthropologie des Amérindiens, commencé dans le cadre de son « Histoire des Indes », ne fut publiée au complet qu'en 1909[25].

Le critique inlassable des excĂšs des colons

À partir de 1562, alors que Philippe II fait de Madrid sa capitale, Las Casas ne sort plus guĂšre de son couvent. Il prend de plus en plus au sĂ©rieux son rĂŽle de protecteur des Indiens et devient de moins en moins conciliant Ă  l'Ă©gard des colons. Cependant il reçoit de nombreux courriers et appels de Nouvelle-Espagne, preuve que son combat n’est pas vain. Par exemple, un certain Zorita, ancien officier de justice au Nouveau Monde lui Ă©crit: « Pourquoi les AztĂšques sont-ils des barbares ? Si ce sont eux qui me parlent et que je ne comprends pas, je serai pour eux un barbare. »

MalgrĂ© ces preuves d’appui, le combat de l’ancien Ă©vĂȘque du Chiapas n’est pas fini. Le franciscain Motolinia, de son vrai nom Toribio de Benavente, se vantait en 1532 de deux cent mille baptĂȘmes et estime qu’entre 1524 et 1540 neuf millions d’ñmes avaient Ă©tĂ© sauvĂ©es. C’est un des douze premiers missionnaires du Mexique. Il se considĂšre comme choisi par Dieu pour instaurer la paix, pour redonner au catholicisme une nouvelle vigueur face Ă  la religion rĂ©formĂ©e qui fait des ravages en Europe. Selon Motolinia, « mieux vaut un bien accompli de force qu’un mal perpĂ©trĂ© librement. » Il s’oppose par lĂ -mĂȘme Ă  la doctrine d’évangĂ©lisation pacifique de Las Casas.

De plus, le dominicain apprend Ă  regret que les colons du PĂ©rou offrent de l’argent au Prince Philippe pour obtenir la perpĂ©tuitĂ© des encomiendas. Le Prince va succĂ©der Ă  son pĂšre en 1556. Son confesseur, BartolomĂ© de Carranza ami de Las Casas le tient au courant de toutes les affaires. Par son intermĂ©diaire, il fait parvenir au Prince une « Grande Lettre » oĂč il expose les devoirs du Prince, dictĂ©s par Dieu, vis-Ă -vis des Indes. Il y condamne aussi, une fois de plus, l’esclavage et la condition des indigĂšnes. Philippe II, en arrivant au pouvoir, inaugure une nouvelle politique indienne. Le Conseil des Indes est chargĂ© d’accorder les licences d’imprimer et il suspend l’interdiction des conquĂȘtes nouvelles. Comme Las Casas est moins Ă©coutĂ© qu’autrefois, il s’efforce d’agir sur les consciences du Nouveau Monde par l’envoi de missionnaires rattachĂ©s Ă  sa cause. C’est dĂ©sormais un des rares moyens qu’il ait pour continuer son combat. Le Conseil des Indes le considĂšre d’ailleurs comme dangereux Ă  cause justement de l’influence qu’il a sur le monde religieux.

Il continue Ă  critiquer l’actualitĂ© du Nouveau Monde, comme les pillages des sanctuaires aztĂšques et incas par les conquistadores et l’exploitation abusive des mines et de la main-d’Ɠuvre indigĂšne. Il pose la question : « la mainmise des Espagnols sur ces empires est-elle lĂ©gale ? » et il ajoute : « aucun roi, aucun seigneur, aucun village, aucun particulier de ce monde des Indes, depuis le premier jour de sa dĂ©couverte jusqu’à aujourd’hui 30 avril 1562 n’a reconnu de façon libre et lĂ©gitime nos illustres rois... toutes les dĂ©cisions de ceux-ci sont invalides. » Il argumente ainsi l’illĂ©gitimitĂ© des vols dont sont victimes les peuples du nouveau monde. Ce traitĂ© intitulĂ© « De Thesauris » aboutira Ă  ce que Philippe II retire tous ses fonctionnaires d’outre-mer.

En 1563 se profile son dernier combat. Un frĂšre prĂȘcheur du PĂ©rou nommĂ© De la Vega prĂ©sente au conseil un mĂ©morial nommĂ© « Douze doutes », oĂč il prĂ©sente douze cas de conscience sur le comportement des conquistadores au PĂ©rou. Il obtient des mesures de protection qui le laissent sceptique et confie son Ă©crit Ă  diffĂ©rents thĂ©ologiens dont Las Casas. En janvier 1564 l’évĂȘque rĂ©dige sa rĂ©ponse. C’est une sorte de testament doctrinal oĂč il reprend un Ă  un les douze cas de conscience. Il prĂ©cise les obligations de restituer, de rĂ©parer, et permet aux descendants d’Atahualpa de faire de justes guerres contre les Espagnols et affirme que le roi catholique doit rĂ©intĂ©grer l’Inca dans ses fonctions. Il lui proposera de recevoir un enseignement de la foi chrĂ©tienne qu’il sera libre ou non de recevoir. S’il l’accepte, il pourra obtenir la reconnaissance de Philippe II comme monarque et protecteur. Il sera aussi libre d’accepter le pardon des injustices dont ont Ă©tĂ© victimes ses fidĂšles. Il joint Ă  ce texte une supplique pour Philippe II rĂ©clamant une rĂ©union de thĂ©ologiens pour statuer dĂ©finitivement sur le cas des Indes, ce qui n’a apparemment pas Ă©mu le roi.

Depuis 1560 Las Casas a quittĂ© Valladolid pour suivre la cour Ă  Madrid. Il s’installe au couvent de Notre-Dame d’Atocha oĂč il rĂ©dige les Douze doutes, mais aussi un testament, le 17 mars 1564 en prĂ©sence d’un notaire. Il y rĂ©sume avec force un combat qui dure depuis plus de cinquante ans et reprend les grands thĂšmes de sa lutte.

Jusqu’à sa mort en 1566, Las Casas apparaĂźt comme le mĂ©diateur privilĂ©giĂ© de tous ceux qui, aux Indes occidentales, cherchent Ă  modifier le statut de l’Indien et Ă  arrĂȘter l’extermination. Les attaques dont il fut victime, Ă  la suite de la LĂ©gende Noire et de son influence sur la crĂ©ation de lois nouvelles, ne l’ont pas empĂȘchĂ© de mener une lutte presque sainte et, selon lui, dictĂ©e par Dieu. Il reste l'un des hommes les plus controversĂ©s de son temps mais aussi l'un des plus reconnus du nĂŽtre.

Il fut aussi accusĂ© d'avoir demandĂ© et obtenu la mise en esclavage des Noirs Ă  titre de substitution Ă  la libertĂ© des Indiens. Cette requĂȘte, dans son esprit, valait exclusivement pour les prisonniers de guerre, dans le combat de l'Espagne contre la Turquie, dans la mesure oĂč celle-ci mettait en esclavage ses propres prisonniers. Lorsqu'il se rendit compte de l'origine africaine, donc vĂ©nale, de nombre d'entre eux, il n'eut pas de mots assez forts, dans l'Histoire des Indes, pour la critiquer et exprimer son repentir. Historiquement et gĂ©ographiquement, cette accusation Ă  l'encontre de Las Casas est un non-sens : l'introduction forcĂ©e des Noirs d'Afrique fut pratiquĂ©e dans les zones amĂ©ricaines oĂč la population indienne a Ă©tĂ© exterminĂ©e, comme aux Antilles ; dans toutes celles oĂč Las Casas rĂ©ussit Ă  promouvoir sa politique pro-indienne, on n'importa pas de Noirs d'Afrique[26].

Las Casas dĂ©fend par ailleurs dans l'Histoire des Indes (livre III, chapitre 129) un couple d'anciens esclaves noirs affranchis par leur maĂźtre, Pedro et Isabel de Carmona, dans leur quĂȘte de justice Ă  l'audience de « gracia de Dios » en Honduras en 1545. DĂšs lors, il va dĂ©fendre les Noirs avec les mĂȘmes arguments que ceux mis en place dans sa longue dĂ©fense des droits des amĂ©rindiens. Il fera aussi la preuve que les Noirs ne sont pas des esclaves de guerres africaines mais qu'ils ont Ă©tĂ© vendus au mĂ©pris des droits de l'homme. Pour cela il fera une enquĂȘte Ă  Lisbonne en 1547 aprĂšs avoir fait naufrage en se rendant en Afrique pour enquĂȘter sur les arrivĂ©es des esclaves noirs au Nouveau Monde[27].

ƒuvres

Inventaire[27]

Historia de las Indias

  • PremiĂšre Ă©dition: 1875-1876, Madrid, Imprimerie de N. Ginesta, 5 vol., Édition du marquis de la Fuensanta del Valle et Don JosĂ© Sancho RayĂŽn (Ă©dition fondĂ©e sur une copie de l'original). Reproduite dans la ColecciĂłn de documentos inĂ©ditos para la Historia de España, t. LXII-LXVI.

Éditions postĂ©rieures

  • 1877, Mexico, Imprimerie d'IrĂ©nĂ©e Paz, 2 vol., par JosĂ© Maria Vigil (rĂ©impression de la premiĂšre Ă©dition), s.d. ; et Madrid, Aguilar, 3 vol. (autre rĂ©impression), avec prologue de Gonzalo de Reparaz, datĂ©e de Barcelone, 1927.
  • 1951, Mexico, Fondo de Cultura EconĂłmica, Ă©dition d'Augustin Millares Carlo fondĂ©e pour la premiĂšre fois sur le manuscrit autographe de Las Casas, et prologue de Lewis Ranke.
  • 1957, Madrid, Biblioteca de Autores Españoles, t. XCV-XCVI, Ă©dition de Juan PĂ©rez de Tudela et Emilio Lopez Oto, Ă©galement fondĂ©e sur le manuscrit autographe, et Ă©tude critique prĂ©liminaire de Juan PĂ©rez de Tudela.
  • 1985 Ediciones del Continente, Alfa y Omega, Santo Domingo.
  • 1986, Caracas, BiblithĂšca Ayacucho.
  • 2002, Paris, Éditions du Seuil, 3 volumes. Cette Ă©dition française est la premiĂšre Ă©dition moderne complĂšte en français, annotĂ©e, de cet ouvrage.

Apologética Historia de las Indias

  • 1909, Madrid, Nueva Biblioteca de Autores Españoles, t. XIII, Ă©dition de Manuel Serrano y Sanz (premiĂšre Ă©dition). VIII-704 p. sur Archive.org. Page 1 apparaĂźt un titre ApologĂ©tica Historia sumaria.
  • 1958, Madrid, Biblioteca de Autores Españoles, t. CV-CVI, Ă©dition et Ă©tude prĂ©liminaire de Juan PĂ©rez de Tudela. XXXIV-470 + 472 p.
  • 1967, Mexico, UNAM, 2 vol., Ă©dition et Ă©tude prĂ©liminaire d'Edmundo O'Gorman.

De Unico Vocationis Modo

  • 1942, Mexico, Fondo de Cultura EconĂłmica, introduction de Lewis Ranke, transcription latine d'AgustĂ­n Millares Carlo, traduction en espagnol d'AtenĂłgenes SantamarĂźa (deuxiĂšme Ă©dition, . Mexico, 1975).

Apologia (Apologie latine contre SepĂșlveda)

  • 1975, Madrid, Editora Nacional, introduction, traduction espagnole et reproduction en fac-similĂ© de l'original par Angel Losada (contient Ă©galement l'Apologie latine de SepĂșlveda).

Tratados, Cartas y Memoriales

  • 1552, SĂ©ville, Ă©dition princeps, Octavo remedio, brevĂ­sima relaciĂłn (avec un «morceau de lettre» d'un conquistador), Confesionario, Treinta Proposiciones, Tratado de los esclavos, Controversia Las Casas-SepĂșlveda, Tratado comprobatorio, Principia QuƓdam.

La plupart de ces traités ont eu de nombreuses traductions, souvent incomplÚtes et désordonnées, au cours des XVIe et XVIIe siÚcles. Ils ne sont pas mentionnés.

  • 1646, Barcelone: les traitĂ©s sĂ©villans, sauf le Confesionario. .
  • 1924, Buenos Aires: reproduction en fac-similĂ© des traitĂ©s sĂ©villans par Emilio Ravignani.
  • 1958, Madrid, Biblioteca de Autores Españoles, t. CX : collection de 55 «opuscules, lettres et mĂ©moires» lascasiens, depuis les premiers mĂ©moires de 1516 jusqu'Ă  la RequĂȘte Ă  Pie V de 1566 (contient les traitĂ©s sĂ©villans, sauf les Principia QuƓdam et le Tratado de las Doce Dudas) ;
  • 1958, Madrid, CSIC, Los Tesoros del PerĂș, Ă©dition bilingue d'Angel Losada du traitĂ© De Thesauris in Peru.
  • 1965, Mexico, Fondo de Cultura Economica, 2 vol. : Ă©dition des traitĂ©s sĂ©villans avec une reproduction en fac-similĂ© de l'Ă©dition princeps, prologues de Lewis Ranke et Manuel GimĂ©nez FernĂĄndez, transcription de Juan PĂ©rez De Tudela et traduction des textes latins par AgustĂ­n Millares Carlo et Rafael Moreno.
  • 1969, Madrid, CSIC, De Regia Potestate o Derecho de autodeterminaciĂłn, Ă©dition bilingue- de L. Perena, J. M. PĂ©rez Prendes, V. Abril et J. Azcarraga.
  • 2011, Paris, Des Indiens que l'on a rĂ©duits en esclavage (1552), in Sur les traces du gĂ©nocide amĂ©rindien, Éditions de l'Épervier, 2011.

BrevĂ­sima RelaciĂłn de la destrucciĂłn de las Indias

Bartolomé de Las Casas, TrÚs brÚve relation de la destruction des Indes. Une de l'édition de 1552.

Elle figure dans plusieurs collections de Traités. On trouve aussi plusieurs éditions isolées en espagnol au XIXe et XXe siÚcle; parmi les plus récentes, on peut citer :

  • 1966, Buenos Aires, Editorial Universitaria, prologue de Gregorio Weinberg.
  • 1977, Madrid, FundaciĂłn Universitaria Española, Ă©dition de Manuel Ballesteros Gaibrois.
  • 1979, Barcelone, Fontamara, prologue d'Olga Camps.
  • 1982, Madrid, CĂĄtedra, Ă©dition d'AndrĂ© Saint-Lu.
Reprises et traductions
Le miroir de la cruelle et horrible tyrannie espagnole, 1620, contient une section sur les Indes occidentales, tirĂ©es de l’Ɠuvre de BartolomĂ© de Las Casas.

À partir de 1578 et jusqu'Ă  nos jours, les traductions dans diverses langues ont Ă©tĂ© trĂšs nombreuses. Certaines sont remarquables par les propos anti-espagnols. Il s'agit des traductions hollandaises, françaises, anglaises et allemandes des XVIe et XVIIe siĂšcles.

Il en existe une version monographique publiée à La Havane en 1976 et traduite en français en 1979 : Bartolomé de Las Casas, "TrÚs brÚve relation de la destruction des Indes", Paris, Maspero-la découverte, 1979, préface de Fernando Retamar.

Las Casas dans la culture populaire

Cinéma et télévision

Hommages

Monument à Bartolomé de las Casas (Séville).

« Las Casas nous donne donc l'image d'un authentique cosmopolitisme de la coexistence. « Tous les hommes Ă©tant unis et liĂ©s entre eux par fraternitĂ© et parentĂ© naturelle, par consĂ©quent ils se retrouvent et se reconnaissent, comme si tous ensemble ils Ă©taient Ă  se contempler » (prologue de l'Histoire des Indes). C'est ainsi que l'universalisme anthropologique de Las Casas fonde enfin le plus Ă©levĂ© des droits politiques : celui d'ĂȘtre un homme[28]. »

— JosĂ© Antonio Maravall

Chronologie

Annexes

Articles connexes

Sources primaires

  • L'anticolonialisme europĂ©en de Las Casas Ă  Karl Marx, textes choisis et prĂ©sentĂ©s par Marcel Merle,(professeur de droit Ă  la facultĂ© de droit et des sciences Ă©conomiques de Paris), Paris, Armand Colin, 1969 (collection U).
  • La controverse entre Las Casas et SepĂșlveda [introduit, traduit et annotĂ© par Nestor Capdevila], Vrin, 2007.
  • BartolomĂ© de las Casas :
    • ƒuvres de Don Barthelemy de Las Casas, Ă©vĂȘque de Chiapas, dĂ©fenseur de la libertĂ© des naturels de l'AmĂ©rique, prĂ©cĂ©dĂ©es de sa vie, et accompagnĂ©es d'additions, de notes historiques, dĂ©veloppements, etc., avec portrait par Juan Antonio Llorente, auteur de L'histoire critique de l'inquisition d'Espagne, Paris A. Emery, 1822, 2 volumes (rare).
    • Obras escogidas de
 V. OpĂșsculos, Cartas y Memoriales ediciĂłn por Juan PĂ©rez de Tudela Bueso, Madrid, Biblioteca de Autores Españoles (BAE), 110, 1958.
    • (es) BartolomĂ© de las Casas (prĂ©f. Consuelo Varela), BrevĂ­sima relaciĂłn de la destrucciĂłn de las Indias, Madrid, Castalia, coll. « ClĂĄsicos Castalia », (1re Ă©d. 1552), 186 p. (ISBN 84-7039-833-4)
    • TrĂšs brĂšve relation de la destruction des Indes, Paris, librairie Maspero, 1979 ; La DĂ©couverte/ Maspero 1983, prĂ©face de Roberto Fernando Retamar (9 juin 1976), traduit de l'espagnol par Fanchita Gonzalez Battle.
    • Obras Completas. 11.2. Doce Duas. EdiciĂłn de J. B. Lassegue, O. P. Estudio preliminar, Ă­ndices y bibliografĂ­a de J. Denglos, Madrid, Alianza Editorial, 1992.
    • Histoire des Indes / BartolomĂ© de las Casas ; (trad. de l'espagnol par Jean-Pierre ClĂ©ment et Jean-Marie Saint-Lu, d'aprĂšs "Historia de las Indias", Caracas, 1986); 3 vol. (1076, 362, 886 p.) : cartes, couv. ill. ; 22 cm; Paris : Éd. du Seuil, 2002; (Bibliogr. vol. 3, p. 837-849. Index Ă  la fin de chaque vol.); (ISBN 2-02-052539-9) (Ă©d. complĂšte). - (ISBN 2-02-020465-7) (vol. 1) (br.) - (ISBN 2-02-052537-2) (vol. 2) (br.). - (ISBN 2-02-052538-0) (vol. 3)- Notice BNF n° : FRBNF38895118. L'introduction d'AndrĂ© Saint-Lu(vol.1) qui comporte 47 pages est un historique de l'Histoire et de la vie de las Casas. Cette Ă©dition française est la premiĂšre Ă©dition moderne complĂšte en français de cet ouvrage.
    • La Destruction des Indes. PrĂ©face d'Alain Milhou, traduction de Jacques de Miggrode, gravures de ThĂ©odore de Bry et analyse iconographique de Jean-Paul Duviols, Chandeigne, 1995, nouvelle Ă©dition 2013.

En français

  • JosĂ© A. Maravall, « BartolomĂ© de las Casas, deux principes inaliĂ©nables : la libertĂ© et le droit d'ĂȘtre un homme », Le Courrier, Mensuel publiĂ© par l'UNESCO Organisation des Nations Unies pour l'Éducation,la Science et la Culture, vol. 28e annĂ©e,‎ , p. 11 Ă  13, 32 (lire en ligne, consultĂ© le )
  • Marcel Brion, BartolomĂ© de Las Casas, PĂšre des Indiens, Plon, 1928.
  • Marcel Bataillon et AndrĂ© Saint-Lu, Las Casas et la dĂ©fense des Indiens, Paris, Julliard, 1971, 285 pages.
  • AndrĂ© Saint Lu, Estudios sobre Fray BartolomĂ© de las Casas, SĂ©ville, Universidad de Sevilla, 1974. (ISBN 8485057252).
  • AndrĂ© Saint Lu, Las Casas, indigĂ©niste ; Ă©tudes sur la vie du dĂ©fenseur des Indiens, L'Harmattan, 2000.
  • Philippe-Ignace AndrĂ©-Vincent O.P. (1911-1986), prĂ©face d'AndrĂ© Saint-Lu, BartolomĂ© de las Casas, prophĂšte du Nouveau Monde, Paris, Tallandier, 1980, (ISBN 2235008542).
  • Francis Orhant, BartolomĂ© de Las Casas : de la colonisation Ă  la dĂ©fense des Indiens, Paris, Éditions ouvriĂšres, 1991.
  • Marianne Mahn-Lot, BartolomĂ© de Las Casas, une thĂ©ologie pour le Nouveau Monde, DesclĂ©e de Brouwer, 1991, coll. ProphĂšte pour demain.
  • Marianne Mahn-Lot, L'Évangile et la Force. BartolomĂ© de Las Casas, prĂ©sentation, traduction, choix de textes, Ă©ditions du Cerf, 1991 (3e Ă©d.).
  • Marianne Mahn-Lot, BartolomĂ© de Las Casas et le droit des Indiens, Payot, 1995 (nouvelle Ă©dition), coll. le regard de l'histoire.
  • Charles Gillen, BartolomĂ© de Las Casas. Une plume Ă  la force d'un glaive, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Sagesse chrĂ©tienne », 1996.
  • Nestor Capdevila, Las Casas, une politique de l'humanitĂ©, l'homme et la foi, Paris, Cerf, 1998.
  • Nicole Giroud, Une mosaĂŻque de Fr. BartolomĂ© de Las Casas (1484-1566). Histoire de la rĂ©ception dans l'histoire, la thĂ©ologie, la sociĂ©tĂ©, l'art et la littĂ©rature, Éditions Universitaires Fribourg, 2002.
  • Bernard LavallĂ©, Nathalie Cottrel, BartolomĂ© de las Casas : entre l'Ă©pĂ©e et la croix, Payot, 2007.
  • Henry Mechoulan, À propos de la notion de barbare chez Las Casas, S.l., s.n., s.a.] (voir informations Ă  BNE).
  • Gilles Danroc." Las Casas et la question noire". MĂ©moire Dominicaine, n°20, 2006. p 281-298.
  • Dominicains, thĂ©ologiens et historiens. Las Casas et les noirs – Les correspondants du P. de Menasce, Colloque en l'honneur du P. Guy Bedouelle, Paris, Ă©ditions du Cerf, coll. « MĂ©moire Dominicaine », 2007.
  • Nestor Capdevila, « Las Casas et la tolĂ©rance », dans L’invention de la tolĂ©rance : MaĂŻmonide, AverroĂšs, Las Casas, Voltaire, Lincoln, Fondation Ostad Elahi (dir), Paris, L'Harmattan, 2008.

A propos de l'Apologie de Las Casas par l'abbé Grégoire

  • Henri GrĂ©goire (abbĂ©) : Apologie de BartolomĂ© de Las Casas, Ă©vĂȘque de Chiapas, lue Ă  l'Institut National par le citoyen GrĂ©goire, le 22 florĂ©al an VIII-12 mai 1800. (Les ƒuvres de l'abbĂ© GrĂ©goire, sous la direction d'Albert Soboul, 1977, 14 vol., tome VI, Écrits sur les Noirs, Rita Hermon-Belot (dir.), L'Harmattan, 2 vol., 2009, tome 1 : 1789-1808 ; Ă©galement publiĂ©e en 1822 dans les Ɠuvres de don Bartholome de Las Casas 2 vol., tome 2.
  • Bernard Plongeron, « Apologie de Barthelemi de Las Casas, ÉvĂȘque de Chiapas, par le citoyen GrĂ©goire », dans Yves Benot & Marcel Dorigny (dir.)GrĂ©goire et la cause des Noirs (1789-1831), combats et projets, SociĂ©tĂ© française d'Histoire d'Outre-mer, 2000, p. 37-50.
  • Jean-Daniel Piquet, « Controverses sur l'apologie de Las Casas lue par l'abbĂ© GrĂ©goire », Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses, tome 82, no 3, juillet-septembre 2002, p. 283-306[29].
  • Guy Bedouelle, « Las Casas et la traite des Noirs : une apologie bien intentionnĂ©e de l'abbĂ© GrĂ©goire (1802) », MĂ©moire dominicaine, n° 16, 2002, p. 153-180.

En espagnol

  • Fray Antonio de Remesal, O. P. : Historia General de las Indias Occidentales, y particular de la GobernaciĂłn de Chiapa y Guatemala, Madrid, 1619.
    • Édition moderne : Biblioteca de Autores Españoles (BAE), 1, CLXXV et CLXXXIX, 1966, Ă©tude prĂ©liminaire de Carmelo Saenz de Santa Maria, S.J.
  • Juan Antonio Llorente : " Vida de Las Casas", dans ColecciĂłn de Obras del venerable obispo de Chiapa Don BartolomĂ© de las Casas, defensor de la libertad de la AmĂ©rica, Paris, 1822. Édition rĂ©cente de la Vida de Las Casas'(, Barcelone, Fontamara, 1979 (avec la BrevĂ­sima RelaciĂłn).
  • Manuel JosĂ© Quintana : "Fray BartolomĂ© de las Casas", in Vidas de españoles cĂ©lebres, t. III, Madrid, 1833, Biblioteca de Autores Españoles, t. XIX.
  • Antonio Maria FabiĂ© :Vida y escritos de Fray BartolomĂ© de las Casas, obispo de Chiapas, Madrid, 1879,2 vol. (Cet ouvrage constitue les t. 70 et 71 de la « ColecciĂłn de Documentos InĂ©ditos para la Historia de España »).
  • Manuel GimĂ©nez FernĂĄndez, BartolomĂ© de las Casas ; 1, Delegado de Cisneros para la deformaciĂłn de las Indias, II, CapellĂĄn de Carlos l, poblador de Cumana, SĂ©ville, Escuela de Estudios Hispanoamericanos, 1953 et 1960.
  • Manuel GimĂ©nez FernĂĄndez, Breve biografĂ­a de BartolomĂ© de las Casas, Sevilla, Facultad de Filosofa y Letras, 1966.
  • Manuel Maria, MartĂ­nez, O.P. : Fray BartolomĂ© de las Casas, Padre de AmĂ©rica, Madrid, La Rafa, 1958.
  • Ramon MenĂ©ndez Pidal : El Padre Las Casas. Su doble personalidad, Madrid, España Calpe, 1963.

En anglais

  • Helen Rand Parish, et Henry Wagner : The Life and Writings of BartolomĂ© de las Casas, Albuquerque, New Mexico Press, 1967.

Liens externes

  • (es) BartolomĂ© de las Casas, Las obras del obispo D. Fray Bartolome de Las Casas o Casaus, obispo que fue de la ciudad real de Chiapa en las Indias, de la orden de Santo Domingo, Barcelone, Pedro Lacavalleria, , 214 p. (lire en ligne)
  • BartolomĂ© de las Casas, Relation des voyages et des dĂ©couvertes que les Espagnols ont faits dans les Indes occidentales : Avec la relation curieuse des voyages du sieur de Montauban, capitaine des flibustiers, en GuinĂ©e l'an 1695, Amsterdam, J. Louis de Lorme, , 51 p. (lire en ligne)
  • BartolomĂ© de las Casas, La dĂ©couverte des Indes Occidentales, par les Espagnols, et les moyens dont ils se sont servis pour s'en rendre maĂźtres, Paris, Pierre Debats, , 382 p. (lire en ligne)
  • (es) FundaciĂłn Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes, BartolomĂ© de las Casas : biographie, plusieurs fac simile d'ouvrages, dont, en particulier la Historia de las Indias, et diverses illustrations.

Notes et références

  • Sauf indication contraire, l'ouvrage de rĂ©fĂ©rence utilisĂ© pour les notes et les remarques est l'Ă©dition française de Histoire des Indes de BartolomĂ© de las Casas, traduite de l'espagnol par Jean-Pierre ClĂ©ment et Jean-Marie Saint-Lu. Paris, Éd. du Seuil, 2002; 3 volumes en coffret :1 076 pages, 362 pages, 886 pages; (ISBN 2-02-052539-9) (Ă©d. complĂšte).

Principaux passages et chapitres de référence utilisés :

  • L'introduction d'AndrĂ© Saint-Lu dans le volume 1 ; elle comporte 47 pages. C'est un historique dĂ©taillĂ© de l'Histoire des Indes et de la vie de Las Casas.
  • Vie et Ɠuvre de Bartolome de las Casas, par AndrĂ© Saint-Lu, dans le volume 3, p. 817 Ă  826.
  • Bibliographie abrĂ©gĂ©e des Ɠuvres de las Casas, vol. 3, p. 838-839.
  1. Date sujette à controverse, mais retenue par les historiens récents. Voir infra.
  2. À l'Ă©glise du couvent de San Pablo de SĂ©ville (selon Herminio de Paz Castaño, dans Causa de beatificaciĂłn del siervo de Dios Fray BartolomĂ© de las Casas, in Conferencia Interprovincial Dominicana de AmĂ©rica Latina y El Caribe : Actas del XV Encuentro, CIDALC, p.118.
  3. Philip H. Pfatteicher, The New Book of Festivals and Commemorations: A Proposed Common Calendar of Saints, Fortress Press, 2008, p.337.
  4. (en) Helen Brand Parish et Harold E Weidman, S. J., « The Correct Birthdate of BartolomĂ© de las Casas », Hispanic American Historical Review, vol. 56, no 3,‎ , p. 385–403 (lire en ligne)
  5. René Luneau, « Las Casas (Bartolomé de) TrÚs brÚve relation de la destruction des Indes. », sur persee.fr, Archives des sciences sociales des religions, 1998, vol. 102, no 1, p. 119-120., (consulté le )
  6. Pedro Borges, Quién era Bartolomé de las Casas, Rialp, 1990,p.21 et Luis Iglesias Ortega, Bartolomé de las Casas: Cuarenta y cuatro años infinitos, Fundación José Manuel Lara, 2007, p. 23-24 (cités par Miguel Menéndez Méndez, « El trato al Indio y las Leyes Nuevas: Una aproximación a un debate », Tiempo y sociedad, 2009, no 1, p. 34-35).
  7. « Edgar Morin, Le monde moderne et la question juive », sur Archives de Sciences Sociales des Religions, (consultĂ© le ), « Selon l’auteur, le missionnaire dominicain Las Casas Ă©tait lui-mĂȘme un descendant de convertis. CervantĂšs, lui aussi, aurait Ă©tĂ© un « post-marrane » »
  8. Colomb croyait au départ que les Caraßbes (Hispaniola, Cuba, la Jamaïque, Trinidad, etc.) faisaient partie de l'archipel du Japon. Le terme de nouveau monde apparaßt (imprimé) en 1503.
  9. Ou Saint-Domingue, ßle aujourd'hui occupée par Haïti et la République dominicaine.
  10. Ce qui Ă©quivaut Ă  1/50e de marc d'or.
  11. Michael R. Steele, Christianity, the other, and the Holocaust, Greenwood Press, 2003, pp. 62-63.
  12. Isacio PĂ©rez, Bartolome de las Casas, viajero por dos mundos: Su figura, su biografia sincera, su personalidad, Archivos de historia andina, 1998, Introduction
  13. Histoire des Indes, Paris, 2002, livre III, page 818.
  14. Le traité définit un méridien comme ligne de partage. Ce méridien passe à travers l'actuel Brésil, découvert en 1500 par Cabral. Tout ce qui est à l'ouest de ce méridien revient à la Castille.
  15. Son beau-fils Philippe le Beau étant mort en 1506 et sa fille, l'héritiÚre directe, Jeanne, étant considérée comme incapable. Celle-ci vit jusqu'en 1555 ; la titulature la cite encore sous le rÚgne de son fils, qui se considÚre comme roi consort : « Doña Juana et Don Carlos, son fils, reine et roi de Castille, de Léon, d'Aragon, etc. »
  16. Charles de Habsbourg (1500-1558) devient souverain des Pays-Bas en 1515, roi de Castille et roi d'Aragon en 1516 (Charles Ier), chef de la maison de Habsbourg en 1519 et est élu empereur en 1520 sous le nom de Charles V, ou Charles Quint, nom retenu par l'historiographie française.
  17. Charles Quint est né à Gand et a vécu jusqu'en 1516 à la cour de Marguerite d'Autriche aux Pays-Bas, à Bruxelles ou à Malines. Les Pays-Bas des Habsbourg, issus des Pays-Bas bourguignons, s'étendent de la Frise à l'Artois.
  18. Isacio Perez Fernandez, 1991, "Bartolome de las Casas: Contra los negros? : revision de una leyenda".
  19. Bernard Lavallé, Bartolomé de las Casas : entre l'épée et la croix, Paris, Payot, , p.70-77
  20. Bernard LavallĂ©e, BartolomĂ© de Las Casas. Entre l’épĂ©e et la croix, Paris, Payot, , p.82-94
  21. Lettre d'admonition au Conseil des Indes
  22. "Histoire des Indes", version française, Paris, 2002, livre III, p. 820
  23. « Le miroir de la cruelle et horrible tyrannie espagnole perpétrée aux Pays-Bas par le tyran duc d'Albe et autres commandants du roi Philippe II », sur World Digital Library, (consulté le )
  24. (es) Bartolomé de las Casas (préf. Consuelo Varela), Brevísima relación de la destrucción de las Indias, Madrid, Castalia, coll. « Clåsicos Castalia », (1re éd. 1552), 186 p. (ISBN 84-7039-833-4), p. 36-37
  25. Defending human rights (1): Bartolome de Las Casas, 800 years of Dominican books
  26. voir les annexes du livre de Philippe André Vincent, Bartholomé de Las Casas prophÚte du Nouveau-Monde, Paris, Tallandier, 1980
  27. Source principale: « Histoire des Indes » ; édition française, 2002. Bibliographie Livre III, pages 837-849, (extrait) et catalogue des grandes bibliothÚques nationales
  28. Maravall 1975
  29. Il s'agit des commentaires par trois auteurs, du texte de l'abbĂ© GrĂ©goire rĂ©imprimĂ© en 1822 dans le tome 2 des Ɠuvres de Las Casas : Don Gregorio Funes, Don Servando Mier, Juan Antonio Llorente.
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