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Cartel de Cali

Le cartel de Cali est une organisation mafieuse colombienne de narcotrafiquants basée autour de la ville de Cali. Il a été créé par les frÚres Rodriguez Orejuela : Miguel et Gilberto, et José Santacruz Londoño alias "Chepe" pendant les années 1970.

Ceux-ci ont leur indépendance de Pablo Escobar et du cartel de Medellin pendant les années 1980 quand Hélmer Herrera alias, « Pacho », les rejoint en tant qu'associé.

Le cartel de Cali a Ă©tĂ© surnommĂ© « l'organisation criminelle la plus puissante de l'histoire devançant le cartel de Medellin » par la DEA, avec de nombreux mercenaires, espions et liens avec le gouvernement. La ville entiĂšre de Cali Ă©tait alors couverte par un vaste rĂ©seau de surveillance que le cartel avait mis en place, et la police locale lui Ă©tait infĂ©odĂ©e. À la diffĂ©rence d'autres cartels, celui de Cali Ă©tait composĂ© de plusieurs hommes d'affaires lĂ©gitimes et de maints entrepreneurs[2].

Selon certaines estimations, le Cartel de Cali, dans sa pĂ©riode florissante, a contrĂŽlĂ© jusqu'Ă  90 % des exportations de cocaĂŻne de Colombie vers les États-Unis et 80 % vers l'Europe[3]. Au milieu des annĂ©es 1990, il brassait 7 milliards de dollars chaque annĂ©e. Il disposait Ă©galement d'une grande influence dans les milieux politiques en y injectant d'importantes quantitĂ©s d'argent, principalement donnĂ©es au Parti libĂ©ral, mais aussi dans une moindre mesure au Parti conservateur[4].

Histoire

Nettoyage social

Le Cartel de Cali a participé à des opérations de « nettoyage social », tuant des centaines d'« indésirables ». Ces derniers comprenaient les prostituées, les enfants des rues, les petits voleurs, les homosexuels et les sans-abri. Le Cartel a formé des escadrons de la mort, dénommés « grupos de limpieza social », qui assassinÚrent des centaines d'entre eux. De nombreux corps des personnes tuées ont été retrouvés dans le Río Cauca[5].

Guerre contre les guérillas

Dans les annĂ©es 1990, les Forces armĂ©es rĂ©volutionnaires de Colombie procĂšdent Ă  l’enlĂšvement de narcotrafiquants dans l'intention de rançonner le cartel de Cali. Celui-ci rĂ©agit par des enlĂšvements ou assassinats de militants de gauche afin de forcer la guĂ©rilla Ă  ne plus s'attaquer au narcotrafic[6].

Élimination de Pablo Escobar

En 1992, les chefs du Cartel de Cali rencontrent un représentant du président César Gaviria, le procureur général Gustavo de Greiff et les chefs de la Police nationale colombienne pour constituer un Bloc de recherche afin de traquer et tuer Pablo Escobar. Le Cartel de Cali finance alors un réseau d'écoutes téléphoniques et le développement d'une technique de localisation électronique. Localisé en , Escobar est tué par un commando de dix policiers, qui reçoivent chacun un million de dollars du cartel[7].

DĂ©mantĂšlement du cartel

Le dĂ©mantĂšlement du Cartel de Cali se dĂ©roule parallĂšlement Ă  l'Ă©volution de la ProcĂ©dure 8000 (es), qui dĂ©voile les relations entre le Parti libĂ©ral, dont Ă©tait issu le gouvernement, et les cartels de drogue. Pour certains observateurs, le cartel se serait dĂ©libĂ©rĂ©ment laissĂ© dĂ©manteler afin de fournir au gouvernement des « gages » de sa bonne foi dans la lutte contre le narcotrafic (plusieurs ministres et le prĂ©sident Ernesto Samper lui-mĂȘme Ă©taient directement compromis dans les rĂ©vĂ©lations) en Ă©change de conditions de dĂ©tention privilĂ©giĂ©es, de promesses de non-extradition et de la possibilitĂ© pour eux de profiter de leur fortune aprĂšs leur libĂ©ration[7]. Le principal adversaire d'Ernesto Samper, AndrĂ©s Pastrana, aurait Ă©galement bĂ©nĂ©ficiĂ© du financement du Cartel de Cali selon les dĂ©clarations de l'ancien prĂ©sident colombien CĂ©sar Gaviria[8].

Le scandale est provoquĂ© peu aprĂšs l'Ă©lection prĂ©sidentielle de juin 1994 par la divulgation d'un enregistrement audio dans lequel les frĂšres Miguel et Gilberto Rodriguez Ă©voquent leur soutien financier au candidat libĂ©ral, Ă©lu prĂ©sident, Ernesto Samper. Le , les États-Unis Ă©mettent une « certification conditionnĂ©e » pour la Colombie[9], lui reprochant de ne pas combattre sĂ©rieusement le narcotrafic. DĂšs le lendemain, Jorge EliĂ©cer Rodriguez, frĂšre de Miguel et Gilberto, est arrĂȘtĂ©. En juin, le prĂ©sident du Parti libĂ©ral, Eduardo Mestre, est incarcĂ©rĂ© et une dizaine de parlementaires mis en cause pour leurs rapports avec le Cartel de Cali. Le , Gilberto Rodriguez est arrĂȘtĂ©. Le , JosĂ© Santacruz est arrĂȘtĂ©, alors que la revue Semana, quelques jours auparavant, faisait Ă©tat d'un coup d’État militaire en prĂ©paration[7]. Le , le trĂ©sorier du Parti libĂ©ral Santiago Medina est arrĂȘtĂ©, reconnaissant avoir touchĂ© des sommes considĂ©rables du Cartel et met Ă©galement en cause le PrĂ©sident et son bras droit, le ministre de la DĂ©fense Fernando Botero. Le , l’enregistrement d'une conversation tĂ©lĂ©phonique entre Ernesto Samper et Elizabeth Montoya, membre du Cartel de Cali, est divulguĂ©. Le lendemain, Miguel Rodriguez est arrĂȘtĂ©.

Culture populaire

  • Le livre El cartel de los sapos (Le cartel des crapauds[Note 1]) de l'auteur AndrĂ©s LĂłpez LĂłpez met en scĂšne les trafiquants du Cartel de Cali.
  • La sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e El Cartel diffusĂ©e sur Caracol TelevisiĂłn se base sur ce livre colombien Ă  succĂšs.
  • Le rappeur français MC Solaar en parle Ă©galement dans sa chanson Gangster Moderne. Il y fait d'ailleurs de nombreuses allusions Ă  l'univers du trafic de drogue colombien.
  • La rivalitĂ© entre Pablo Escobar et le Cartel de Cali est une des trames majeures de la telenovela colombienne Pablo Escobar, le patron du mal.
  • Dans le film Paradise Lost, la rivalitĂ© entre le Cartel de Cali et le Cartel de MedellĂ­n est Ă©voquĂ©e.
  • La sĂ©rie Narcos (durant les saisons 1 et 2) diffusĂ©e sur Netflix fait allusion au Cartel de Cali et sa rivalitĂ© avec celui de MedellĂŹn lorsque Pablo Escobar en Ă©tait le chef. La saison 3 de la sĂ©rie suit la montĂ©e en puissance du cartel de Cali Ă  la suite de la mort de Pablo Escobar, jusqu'Ă  sa chute.

Notes et références

Notes

  1. En argot colombien, « sapo Â», littĂ©ralement « crapaud Â», signifie « mouchard Â» — Joaquim Ibarz, Courrier international, « Plus belle la vie des mouchards Â», , lire en ligne, (consultĂ© le 09-01-2020).

Références

  1. (en) Ron Chepesiuk, « US author tells of European connection to cartel featured in hit series Narcos », sur The Irish News, (consulté le )
  2. Nicaso Antonio et Lee Lamothe, Trafic de drogue. Voyage dans le monde des motards et des narcoterroristes, MontrĂ©al, Éditions de l'Homme, 2006, page 181.
  3. Illegal drug trade - The War on Drugs par Heinz Duthel.
  4. « EL 8.000 DIA A DIA », sur www.semana.com.
  5. Manuel Castells, L'Ère de l'information. Vol. 3, Fin de millénaire, Fayard,
  6. « GUERRA ENTRE FARC Y CARTEL DE CALI - Archivo Digital de Noticias de Colombia y el Mundo desde 1.990 - eltiempo.com », eltiempo.com,‎ (lire en ligne).
  7. Ingrid Betancourt, La rage au cƓur, Éditions XO,
  8. (es) « CĂ©sar Gaviria dice que los dineros del narcotrĂĄfico financiaron campaña de Pastrana », ELESPECTADOR.COM,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  9. Les États-Unis notent les pays en voie de dĂ©veloppement et ces notes, attribuĂ©es selon la façon dont ces pays donnent satisfaction aux requĂȘtes des États-Unis, conditionnent une Ă©ventuelle aide Ă©conomique.

Liens externes

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