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Grotte de Lascaux

La grotte de Lascaux, situĂ©e sur la commune de Montignac-Lascaux, dans le dĂ©partement français de la Dordogne en rĂ©gion Nouvelle-Aquitaine, dans la vallĂ©e de la VĂ©zĂšre, est l'une des plus importantes grottes ornĂ©es du PalĂ©olithique supĂ©rieur par le nombre et la qualitĂ© esthĂ©tique de ses Ɠuvres. Elle est parfois surnommĂ©e « la chapelle Sixtine de l'art pariĂ©tal », selon une expression attribuĂ©e Ă  Henri Breuil[1] - [2] - [Note 1], qui la nomme Ă©galement « Versailles de la PrĂ©histoire »[1] ou « Altamira française »[3].

Grotte de Lascaux *
Image illustrative de l’article Grotte de Lascaux
Aurochs représentés dans la grotte de Lascaux. Lascaux 2.
CoordonnĂ©es 45° 03â€Č 13″ nord, 1° 10â€Č 12″ est
Pays France
Type calcaire
CritĂšres
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
GĂ©olocalisation sur la carte : Dordogne
(Voir situation sur carte : Dordogne)
Grotte de Lascaux
GĂ©olocalisation sur la carte : Nouvelle-Aquitaine
(Voir situation sur carte : Nouvelle-Aquitaine)
Grotte de Lascaux
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Grotte de Lascaux
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Les peintures et les gravures qu'elle renferme n’ont pas pu faire l’objet de datations directes prĂ©cises : leur Ăąge est estimĂ© entre environ 19 000 et 17 000 ans Ă  partir de datations et d’études rĂ©alisĂ©es sur les objets dĂ©couverts dans la grotte. La plupart des prĂ©historiens les attribuent au MagdalĂ©nien ancien, sauf quelques-uns qui penchent plutĂŽt pour le SolutrĂ©en qui le prĂ©cĂšde, voire pour le Gravettien[4]. Une Ă©tude de 2019 rĂ©vĂšle que des mesures effectuĂ©es sur de nombreux fragments d'os Ă©parpillĂ©s dans la grotte indiqueraient que ceux-ci dateraient de 21 000 Ă  21 500 ans cal AP, ce qui correspond Ă  la transition du Badegoulien au MagdalĂ©nien.

Géographie et contexte géologique

La grotte est situĂ©e dans le PĂ©rigord noir dans la vallĂ©e de la VĂ©zĂšre plus prĂ©cisĂ©ment dans la commune de Montignac-Lascaux (Dordogne), Ă  une quarantaine de kilomĂštres au sud-est de PĂ©rigueux et Ă  25 kilomĂštres de Sarlat-la-CanĂ©da.

Elle s'ouvre sur la rive gauche de la VĂ©zĂšre, dans une colline calcaire au sein de l'Ă©tage coniacien (CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur). Contrairement Ă  de nombreuses autres grottes de la rĂ©gion, la grotte de Lascaux est relativement « sĂšche ». En effet, une couche de marne impermĂ©able l’isole de toute infiltration d’eau, empĂȘchant toute nouvelle formation de concrĂ©tion de calcite.

Historique

Voir notamment les ouvrages d'Henri Breuil[5], de Norbert Aujoulat[6], et le Dictionnaire de Lascaux de Brigitte et Gilles Delluc.

Lascaux avant la découverte de la grotte

Avant la dĂ©couverte de la grotte, Lascaux (ou « Las Coutz », « La Coux », nom fĂ©minin dĂ©rivĂ© de l’occitan cous ou cos, qui dĂ©signe un endroit pierreux) Ă©tait le nom d'une seigneurie dont la prĂ©sence est attestĂ©e au dĂ©but du XVe siĂšcle. Ce petit domaine noble comprenait un logis seigneurial, une mĂ©tairie, un moulin, un colombier, des terres en labour, des vignes et la colline qui renfermait la grotte. Une description du domaine datĂ©e de 1667 indique le couvert paysager de la colline, constituĂ© de vignes, de taillis, de chĂątaigniers, de genĂ©vriers et de bruyĂšres. Le domaine noble changea de mains au fil des siĂšcles, passant de la famille de Lascaux Ă  celle du Cheylard, puis aux de Reilhac, aux Labrousse de Lascaux, puis finalement aux La Rochefoucauld-Montbel, propriĂ©taires du domaine au moment de la dĂ©couverte de la grotte[7]. En 1972, les La Rochefoucauld cĂšdent la grotte Ă  l'État.

DĂ©couverte

DiffĂ©rentes versions de l’invention de la grotte de Lascaux ont Ă©tĂ© rapportĂ©es. Elles sont parfois contradictoires et souvent relatĂ©es de façon fantaisiste : dĂ©couverte fortuite par un chien ou en jouant au ballon, exploration volontaire de la cavitĂ© dĂ©jĂ  connue[8] - [1]. Celle-ci a Ă©tĂ© effectuĂ©e en deux temps, les 8 et [9].

Selon la version la plus frĂ©quemment racontĂ©e, le , Marcel Ravidat[10] dĂ©couvre l'entrĂ©e de la cavitĂ© lors d'une promenade sur la commune de Montignac en Dordogne. Au cours de cette promenade, son chien RobĂČt[10] poursuit un lapin qui se rĂ©fugie dans un trou[11] situĂ© Ă  l'endroit oĂč un arbre avait Ă©tĂ© dĂ©racinĂ© : un orifice d'environ 20 cm de diamĂštre s'ouvre au fond de ce trou, impossible Ă  explorer sans un travail de dĂ©sobstruction[12]. En jetant des pierres pour essayer de faire sortir le lapin, Marcel Ravidat constate que le trou communique avec une vaste cavitĂ©. Comme cela se situe Ă  500 mĂštres du chĂąteau de Lascaux, il pense qu'il s'agit de la sortie d'un souterrain[13].

Quatre jours plus tard, le jeudi (le jeudi est le jour de repos hebdomadaire, mais la rentrĂ©e scolaire s'effectue au Ă  cette Ă©poque), Marcel Ravidat, muni d'un matĂ©riel de fortune (lampe Ă  huile, coutelas) pour s'Ă©clairer et Ă©largir l'orifice dĂ©couvert prĂ©cĂ©demment, revient sur les lieux accompagnĂ© cette fois de Georges Agniel, Simon Coencas[14], Jacques Marsal[15]. Les jeunes gens pĂ©nĂštrent ainsi une premiĂšre fois dans la grotte et y dĂ©couvrent les premiĂšres peintures. AprĂšs des visites quotidiennes et une premiĂšre exploration du Puits, Jacques Marsal dĂ©voile leur dĂ©couverte Ă  ses parents, qui s'Ă©tonnent de le voir revenir couvert de poussiĂšre. Ils avertissent LĂ©on Laval, leur ancien instituteur Ă  la retraite, le 16 septembre[13] qui pense Ă  une plaisanterie et prĂ©fĂšre ne pas s'aventurer dans le trou mal dĂ©gagĂ©[16]. LĂ©on Laval ne croit pas au dĂ©part Ă  cette dĂ©couverte mais il va dĂ©pĂȘcher un de ses anciens Ă©lĂšves, George Estreguil qui lui va faire des dessins de la grotte[17]. C’est Ă  la vue de ces dessins que LĂ©on Laval se dit : « Ils ne me racontent pas d’histoires ». Maurice Thaon qui rĂ©side dans un hĂŽtel Ă  Montignac entend parler de cette dĂ©couverte, descend alors dans la cavitĂ© oĂč il prend quelques croquis d'animaux. Il part en CorrĂšze (Ă  Brive[18] ou Cublac[19]) rencontrer le prĂ©historien Henri Breuil, rĂ©fugiĂ© dans la rĂ©gion pour fuir l'occupant, pour lui relater la dĂ©couverte et lui prĂ©senter les croquis[16]. L'abbĂ© Breuil est alors le premier spĂ©cialiste Ă  visiter Lascaux, le , en compagnie du chanoine Jean Bouyssonie et du docteur AndrĂ© Cheynier, bientĂŽt suivis des prĂ©historiens Denis Peyrony et Henri BegouĂ«n[20].

Études et relevĂ©s

Henri Breuil est le premier Ă  authentifier la grotte et Ă  la dĂ©crire sommairement[21]. Il entreprend quelques relevĂ©s dĂšs la fin de l'annĂ©e 1940 et passe plusieurs semaines sur place pour Ă©tudier les Ɠuvres qu’il attribue au PĂ©rigordien (voir Datation).

AprĂšs plusieurs annĂ©es passĂ©es en Espagne, au Portugal et en Afrique du Sud, il revient en 1949 et entreprend une rapide fouille avec SĂ©verin Blanc et Maurice Bourgon au pied de la scĂšne du puits oĂč il espĂšre trouver une sĂ©pulture. Il y met au jour des pointes de sagaies dĂ©corĂ©es en bois de renne.

De 1952 Ă  1963, Ă  la demande de Breuil, les relevĂ©s des gravures sont rĂ©alisĂ©s sur 120 m2 de calques par AndrĂ© Glory qui comptabilise 1 433 reprĂ©sentations (aujourd’hui, 1 900 sont rĂ©pertoriĂ©es).

Par la suite, les représentations pariétales et leur environnement sont également étudiées par Annette Laming-Emperaire, André Leroi-Gourhan (et toute son équipe pluridisciplinaire, dont Brigitte et Gilles Delluc et Denis Vialou) de 1975 à nos jours et, de 1989 à 1999, par Norbert Aujoulat[6].

Protections

La grotte est classĂ©e au titre des monuments historiques l'annĂ©e mĂȘme de sa dĂ©couverte, par arrĂȘtĂ© du 27 dĂ©cembre 1940. Les parcelles de terrain oĂč se trouve la grotte ou voisines de celle-ci sont classĂ©es au titres des monuments historiques par trois arrĂȘtĂ©s successifs du , puis du et du [22].

En octobre 1979, elle est inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité parmi différents sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la VézÚre.

Exploitation touristique et problĂšmes de conservation

Lors de la dĂ©couverte, Henri Breuil demande aux jeunes dĂ©couvreurs de garder la grotte jour et nuit pour y Ă©viter toute dĂ©gradation. Ils installent Ă  cet effet un campement de toile prĂšs de l'entrĂ©e mais cela ne les empĂȘche pas de faire payer l'entrĂ©e de la grotte deux francs. Les premiers visiteurs n'hĂ©sitent pas Ă  gratter la peinture ou graver leurs initiales sur les parois. Le propriĂ©taire de la grotte, le comte de La Rochefoucauld-Montbel, fait poser une porte dĂšs la fin de l'hiver puis entreprend en 1947 de lourds travaux d’amĂ©nagement destinĂ©s Ă  la rendre accessible au public : l’entrĂ©e de la cavitĂ© entiĂšrement obstruĂ©e fait l’objet d’importants terrassements qui modifient le niveau et la nature des sols. Les travaux dans la zone du porche dĂ©truisent le cĂŽne d’éboulis protecteur qui jouait le rĂŽle de tampon thermique et hygrothermique ; une porte monumentale en bronze fermant un sas maçonnĂ© ainsi que des escaliers en pierre pour descendre dans la Salle des Taureaux sont installĂ©s ; le niveau des sols est abaissĂ© pour dessiner un cheminement de visite et un Ă©clairage Ă©lectrique installĂ© pour accompagner le parcours. Les travaux sont confiĂ©s Ă  Yves-Marie Froidevaux, architecte en chef des monuments historiques. Le site est ouvert au public le 14 juillet 1948[23].

L'instituteur Léon Laval, devenu délégué des monuments historiques, est le premier conservateur de la grotte de Lascaux jusqu'en 1948[24].

L'engouement du public est tel qu'un million de personnes visitent la grotte entre 1948 et 1963[25].

MalgrĂ© l'installation de cette porte pour limiter le danger de dĂ©sĂ©quilibre atmosphĂ©rique et la prĂ©sence d'appareils de climatisation, le problĂšme du conditionnement de l'air n'a pu ĂȘtre rĂ©solu[23].

Acidification des parois, « maladie verte » et « maladie blanche »

DĂšs 1955, les premiers indices d'altĂ©ration sont constatĂ©s. Ils sont dus Ă  un excĂšs de dioxyde de carbone induit par la respiration des visiteurs, qui provoque une acidification de la vapeur d'eau expirĂ©e corrodant les parois. En 1957 est mis en place un premier systĂšme destinĂ© Ă  rĂ©gĂ©nĂ©rer l'air ambiant et Ă  stabiliser la tempĂ©rature et l'hygromĂ©trie. Les visites continuent pourtant Ă  se succĂ©der au rythme effrĂ©nĂ© de plus de 1 000 touristes par jour, dĂ©gageant environ 2 500 litres de dioxyde de carbone et 50 kg de vapeur d’eau dans une cavitĂ© dont le volume est relativement faible, de l’ordre de 1 500 m3[8]. AndrĂ© Glory, qui effectue des relevĂ©s durant cette pĂ©riode, doit travailler la nuit pour ne pas perturber le rythme des visites.

En 1960, la « maladie verte » fait son apparition : les Ă©manations de dioxyde de carbone liĂ©es aux visites, une tempĂ©rature trop Ă©levĂ©e et les Ă©clairages artificiels permettent la dissĂ©mination de colonies d'algues sur les parois. L’enrichissement de l’atmosphĂšre en dioxyde de carbone gĂ©nĂšre la « maladie blanche », un voile de calcite qui se dĂ©pose sur les parois et sur certaines Ɠuvres. En 1963, les micro-organismes continuent Ă  prolifĂ©rer malgrĂ© la mise en place de filtres Ă  l'ozone. Le 17 avril 1963, AndrĂ© Malraux, alors ministre chargĂ© des Affaires culturelles, dĂ©cide d'interdire l'accĂšs de Lascaux au grand public[26].

En 1965, Paul-Marie Guyon, physicien au CNRS, invente un dispositif d'assistance climatique pour rétablir l'écosystÚme originel. Pierre Vidal, ingénieur spécialiste du milieu souterrain au laboratoire de recherche des monuments historiques, fait installer ce nouvel ensemble du systÚme de régulation thermique et hygrométrique afin de recréer les conditions de circulation des masses d'air qui avaient permis la conservation de Lascaux durant des millénaires. Le principe de ce systÚme statique de refroidissement consiste à utiliser la convection naturelle pour condenser la vapeur d'eau à un endroit déterminé[27].

Au dĂ©but des annĂ©es 1970, la rĂ©alisation d'un fac-similĂ© d'une partie de la grotte est mise en Ɠuvre. Elle est ouverte au public en 1983 (cf. infra Lascaux 2).

Les moisissures blanches

En 2000, le matĂ©riel de gestion du climat de la cavitĂ© est remplacĂ©. Au printemps 2001, des agents chargĂ©s de la surveillance du site, signalent l'apparition de moisissures dans le sas d'entrĂ©e de la grotte. Le sol se couvre en effet d'un champignon extrĂȘmement rĂ©sistant, Fusarium solani. Ce phĂ©nomĂšne coĂŻncide avec l'installation du nouveau systĂšme de rĂ©gulation hygrothermique qui a Ă©tĂ© mal conçu. Les souches de Fusarium solani prĂ©sentes dans la grotte sont rĂ©sistantes au formaldĂ©hyde employĂ© depuis des dĂ©cennies pour la dĂ©sinfection des pieds des visiteurs. Le champignon s'est propagĂ© aux peintures, bientĂŽt recouvertes d'un duvet blanc de mycĂ©lium. Le champignon vit en symbiose avec une bactĂ©rie nommĂ©e Pseudomonas fluorescens, qui dĂ©grade le fongicide employĂ© jusque-lĂ . Celui-ci doit dĂšs lors ĂȘtre combinĂ© Ă  un antibiotique.

En 2002, le ministÚre de la Culture met sur pied un Comité scientifique international de la grotte de Lascaux, qui doit gérer le problÚme.

De juillet 2001 Ă  dĂ©cembre 2003, des traitements d’urgence appliquĂ©s dans la grotte sont destinĂ©s Ă  ralentir le dĂ©veloppement rapide des moisissures observĂ©es (compresses imbibĂ©es de fongicides et d’antibiotiques ; Ă©pandage de chaux vive sur les sols ; pulvĂ©risations de produits biocides)[28].

En 2006, la contamination est Ă  peu prĂšs maĂźtrisĂ©e, mais toutes les deux semaines une Ă©quipe revĂȘtue de combinaisons spĂ©ciales est chargĂ©e de dĂ©barrasser Ă  la main les parois des filaments de mycĂ©lium qui rĂ©apparaissent malgrĂ© tout[29] - [30] - [31].

Quinze années de fréquentation touristique intense ont donc perturbé l'équilibre fragile qui avait permis la conservation miraculeuse de Lascaux et ont failli entraßner sa disparition.

Les taches noires

AprĂšs une premiĂšre apparition sur la voĂ»te et le sas d'entrĂ©e fin 2001, des taches noires dues Ă  deux champignons, Ochroconis lascauxensis et Ochroconis anomala se nourrissant des composĂ©s organiques des traitements antifongiques prĂ©cĂ©dents, ont fait leur apparition en juillet 2007 dans certaines parties plus confinĂ©es de la grotte, le Passage, la Nef et l'Abside. Un traitement biocide a Ă©tĂ© effectuĂ© en janvier 2008 et a Ă©tĂ© suivi d'un repos complet de la grotte pendant 3 mois. Le 11 avril 2008, le comitĂ© scientifique international a indiquĂ© que les soins apportĂ©s Ă©taient encourageants dans neuf des onze zones tests. Cependant, dans les deux derniĂšres zones tests, le dĂ©veloppement des taches noires continue[32]. Ce phĂ©nomĂšne peut s'expliquer du fait que trĂšs peu d'informations sont connues sur le champignon Ochroconis lascauxensis, car son existence n'a Ă©tĂ© dĂ©couverte que lors de son apparition dans la grotte (d'oĂč son nom).

D'aprÚs la conservatrice en chef du site, les mouvements de l'air se sont profondément modifiés depuis les années 1980 dans la partie tachée de la grotte. L'air circulait auparavant alors qu'il semble immobile aujourd'hui[33].

Le ministÚre de la Culture a annoncé le 10 juillet 2008 que le comité du patrimoine mondial de l'Unesco n'avait pas jugé opportun d'inscrire la grotte sur la liste du patrimoine mondial en péril[34]. En réalité, le comité en question, réuni à Québec le 5 juillet, parle d'un sursis d'un an. Pendant cette période, la France devra répondre aux questions de l'Unesco concernant « la gestion de la crise et la conservation du site ». Il s'agirait notamment d'assurer des études d'impact avant toute intervention sur les peintures et les gravures dans la grotte, d'inviter une mission extérieure et indépendante mandatée par l'Unesco pour examiner Lascaux, mais aussi les autres sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la VézÚre, et enfin, de fournir un rapport de conservation avant le 1er février 2009. En l'absence de progrÚs substantiels, la grotte pourrait se voir inscrite sur la liste du patrimoine en danger en juillet 2009[35].

Le ministre de la Culture, Christine Albanel, s'est rendu sur place le 25 juillet 2008 pour visiter briÚvement la grotte. Soulignant l'importance de la régulation de l'air dans la grotte, elle a annoncé le changement du systÚme de climatisation installé en 2000. Elle a par ailleurs envisagé l'élargissement du Comité scientifique à d'autres experts, notamment étrangers[36].

Le 26 novembre 2008, Christine Albanel a confirmĂ©[37] que les taches noires subsistaient dans la partie droite de la grotte. Elle annonce un symposium. Celui-ci, intitulĂ© « Lascaux et la conservation en milieu souterrain », s’est tenu Ă  Paris les 26 et 27 fĂ©vrier 2009 sous la prĂ©sidence de Jean Clottes. RĂ©unissant prĂšs de trois cents participants provenant de dix-sept pays, il avait pour but de confronter les recherches et travaux menĂ©s dans la grotte de Lascaux depuis 2001 avec les expĂ©riences conduites dans les autres pays du monde sur la question de la conservation en milieu souterrain[Note 2]. Les actes en sont parus en 2011, dans un volume qui regroupe les Ă©tudes prĂ©sentĂ©es lors des sĂ©ances ainsi que la transcription intĂ©grale des dĂ©bats. Soixante-quatorze spĂ©cialistes de domaines aussi variĂ©s que la biologie, la biochimie, la botanique, l'hydrologie, la climatologie, la gĂ©ologie, la mĂ©canique des fluides, l'archĂ©ologie, l'anthropologie, la restauration et la conservation, issus de nombreux pays (France, États-Unis, Portugal, Espagne, Japon, Australie, Allemagne, Afrique du Sud, Nouvelle-ZĂ©lande...), ont Ă©tĂ© associĂ©s Ă  sa rĂ©daction[38].

Le 21 janvier 2010, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand confie au paléoanthropologue Yves Coppens la présidence du conseil scientifique chargé de la conservation de la grotte[39].

En 2016, selon Muriel Mauriac, la conservatrice de la grotte, la prolifĂ©ration des champignons est stoppĂ©e. Seuls quelques scientifiques sont autorisĂ©s Ă  pĂ©nĂ©trer dans la grotte et la prĂ©sence humaine est limitĂ©e Ă  200 heures par an[40].

Description de la grotte

La grotte est bien décrite par André Leroi-Gourhan[41].

La grotte de Lascaux est relativement petite : l'ensemble des galeries n'excĂšde pas 235 mĂštres[42] pour un dĂ©nivelĂ© d'environ 30 mĂštres. Le sol, en pente, possĂšde une dĂ©nivellation infĂ©rieure de 13 mĂštres Ă  l'extrĂ©mitĂ© du Diverticule axial, et infĂ©rieure de 19 mĂštres au bas du Puits[42]. La partie dĂ©corĂ©e correspond Ă  un rĂ©seau supĂ©rieur, le rĂ©seau infĂ©rieur Ă©tant difficilement pĂ©nĂ©trable du fait de la prĂ©sence de dioxyde de carbone.

L’entrĂ©e actuelle correspond Ă  l’entrĂ©e prĂ©historique, mĂȘme si elle a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e et Ă©quipĂ©e d’un systĂšme de sas. L’entrĂ©e d’origine devait ĂȘtre un peu plus Ă©loignĂ©e, mais son plafond s’est Ă©croulĂ© anciennement jusqu’à former le talus par lequel les inventeurs ont accĂ©dĂ© Ă  la grotte.

Pour faciliter les descriptions, la grotte est traditionnellement subdivisĂ©e en un certain nombre de zones correspondant Ă  des salles ou des couloirs. Leurs noms imagĂ©s sont dus en partie Ă  Henri Breuil et font souvent rĂ©fĂ©rence Ă  l’architecture religieuse :

  • la premiĂšre salle est la salle des Taureaux ou Rotonde, longue de 17 mĂštres pour 6 mĂštres de large et 7 de haut ;
  • elle se prolonge par le Diverticule axial, une galerie plus Ă©troite de mĂȘme direction, Ă  peu prĂšs de mĂȘme longueur ;
  • depuis la salle des Taureaux, Ă  droite du Diverticule axial, on accĂšde au Passage, une galerie d’une quinzaine de mĂštres ;
  • dans le prolongement du Passage s’ouvre la Nef, un couloir plus Ă©levĂ© d’une vingtaine de mĂštres ;
  • la Nef elle-mĂȘme se poursuit par une partie non dĂ©corĂ©e, les parois ne s'y prĂȘtant pas, puis par le Diverticule des FĂ©lins (ou cabinet des FĂ©lins), un Ă©troit couloir d’une vingtaine de mĂštres ;
  • l'Abside est une salle ronde s’ouvrant vers l’ouest Ă  la jonction entre le Passage et la Nef ;
  • le Puits s'ouvre au fond de l'Abside. Son accĂšs suppose une descente d'environ 4 Ă  5 mĂštres jusqu’au dĂ©but du rĂ©seau infĂ©rieur.
"Photographie d'une lampe Ă  graisse de Lascaux."
Le brûloir de Lascaux, en grÚs rose. Magdalénien ancien ou Solutréen ?

Les découvertes archéologiques

La plupart des vestiges archĂ©ologiques dĂ©couverts Ă  Lascaux ont Ă©tĂ© recueillis par AndrĂ© Glory, lors de l’amĂ©nagement des sas d’entrĂ©e et des salles, ou lors de la seule vraie fouille effectuĂ©e dans la cavitĂ©, situĂ©e dans le Puits. Ces vestiges comprennent de l’industrie lithique (403 piĂšces), de l’industrie osseuse (une soixantaine de piĂšces), de la parure (16 coquilles), de la faune (une centaine de restes), de nombreux charbons, des macrorestes vĂ©gĂ©taux et de nombreux fragments de colorants. Ces objets (un millier environ), rĂ©putĂ©s perdus en 1966 Ă  la mort d'AndrĂ© Glory, ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s en 1999 par Brigitte et Gilles Delluc et publiĂ©s en 2008 au CNRS (Gallia-PrĂ©histoire).

Dans la Nef, la Vache se trouve sur un entablement oĂč ont Ă©tĂ© dĂ©couverts des lampes, des colorants ainsi que des restes alimentaires. Dans l’Abside, un nombre important d'objets ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s (pointes de sagaies, grattoirs, burins et lampes). De nombreux vestiges ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©couverts dans le Puits : pointes de sagaies, restes de colorants, coquillages percĂ©s et lampes, dont un exemplaire en grĂšs rose entiĂšrement façonnĂ© et dont le manche est ornĂ© d’un signe barbelĂ©.

L’étude au microscope Ă©lectronique des colorants dĂ©couverts lors des fouilles ou prĂ©levĂ©s directement sur certaines Ɠuvres a montrĂ© leur grande diversitĂ©, sept pigments diffĂ©rents au moins ayant Ă©tĂ© utilisĂ©s : du dioxyde de manganĂšse, de l’oxyde de fer noir et du carbone (pour le noir), de l’hĂ©matite (pour le rouge), de la goethite et de l’argile (pour le jaune), de la calcite (pour le blanc)[43]. Tous ont Ă©tĂ© employĂ©s purs, sans adjonction de charge minĂ©rale et sans modification thermique[44].

Les figurations pariétales

Si de nombreuses peintures Ă  hauteur d'homme ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es de plain-pied, d'autres ont une position Ă©levĂ©e, ce qui suscite de nombreuses interrogations relatives Ă  l'accĂšs des artistes Ă  ces parois couvertes de calcite immaculĂ©e. De nombreuses figures et signes de la grotte se rencontrent en effet dans l'intrados des voĂ»tes au-dessus de la corniche des galeries au profil transversal en trou de serrure. Si l'escalade, l'utilisation d'Ă©chafaudages ou de mĂąt de perroquet « ne sont pas Ă  exclure dans des cas biens prĂ©cis, mais qui restent rares », la rĂ©alisation de beaucoup de ces Ɠuvres reste en partie dĂ©terminĂ©e par la morphologie du support qui impose un changement de technique d'application des colorants (soufflĂ©[45] ; tamponnage ; utilisation de touffes de poils ou de fibres vĂ©gĂ©tales, ancĂȘtres du pinceau). « C'est une forme d'assujettissement aux conditions naturelles et formelles rencontrĂ©es[46] ».
  • La salle des Taureaux prĂ©sente la composition la plus spectaculaire de Lascaux. Ses parois en calcite se prĂȘtant mal Ă  la gravure, elle est uniquement ornĂ©e de peintures, souvent de dimensions impressionnantes : certaines mesurent jusqu'Ă  cinq mĂštres de long.
    Deux files d'aurochs se font face, deux d'un cĂŽtĂ© et trois de l'autre. Les deux aurochs du cĂŽtĂ© nord sont accompagnĂ©s d'une dizaine de chevaux et d'un grand animal Ă©nigmatique, portant deux traits rectilignes sur le front qui lui ont valu le surnom de « licorne ». CĂŽtĂ© Sud, trois grands aurochs en cĂŽtoient trois plus petits, peints en rouge, ainsi que six petits cerfs et le seul ours de la grotte, superposĂ© au ventre d’un aurochs et difficilement lisible.
  • Le Diverticule axial est Ă©galement ornĂ© de bovinĂ©s et de chevaux accompagnĂ©s de cerfs et de bouquetins. Un dessin reprĂ©sentant un cheval fuyant a Ă©tĂ© brossĂ© au crayon de manganĂšse Ă  2,50 mĂštres du sol. Certains animaux sont peints sur le plafond Ă  m de hauteur et semblent s’enrouler d’une paroi Ă  l’autre. À ces reprĂ©sentations qui ont pu nĂ©cessiter l'usage trĂšs ponctuel d'Ă©chafaudages[Note 3], s'entremĂȘlent de nombreux signes (bĂątonnets, points et signes rectangulaires).
  • Le Passage prĂ©sente un dĂ©cor fortement dĂ©gradĂ© anciennement, notamment par des circulations d'air.
  • La Nef comporte quatre groupes de figures : le panneau de l'Empreinte, celui de la Vache noire, celui des Cerfs nageant, ainsi que celui des Bisons croisĂ©s. Ces Ɠuvres sont accompagnĂ©es de nombreux signes gĂ©omĂ©triques Ă©nigmatiques, notamment des damiers colorĂ©s que H. Breuil qualifia de « blasons ».
  • Le Diverticule des FĂ©lins doit son nom Ă  un groupe de fĂ©lins, dont l'un semble uriner pour marquer son territoire. TrĂšs difficile d'accĂšs, on peut y voir des gravures de fauves d'une facture assez naĂŻve. On y trouve Ă©galement d'autres animaux associĂ©s Ă  des signes, dont une reprĂ©sentation de cheval vu de face, exceptionnelle dans l’art palĂ©olithique oĂč les animaux sont gĂ©nĂ©ralement reprĂ©sentĂ©s de profils ou selon une « perspective tordue ».
  • L'Abside comporte plus de mille gravures dont certaines superposĂ©es Ă  des peintures, correspondant Ă  des animaux et des signes. On y trouve le seul renne reprĂ©sentĂ© Ă  Lascaux.
  • Le Puits prĂ©sente la scĂšne la plus Ă©nigmatique de Lascaux : un homme ithyphallique (au sexe Ă©rigĂ©) Ă  tĂȘte d'oiseau semble tomber, renversĂ© peut-ĂȘtre par un bison Ă©ventrĂ© par une sagaie ; Ă  ses cĂŽtĂ©s est reprĂ©sentĂ© un objet allongĂ© surmontĂ© d’un oiseau, peut-ĂȘtre un propulseur ; sur la gauche un rhinocĂ©ros s'Ă©loigne. Un cheval est Ă©galement prĂ©sent sur la paroi opposĂ©e. Deux groupes de signes sont Ă  noter dans cette composition :
    • entre l’homme et les rhinocĂ©ros, trois paires de ponctuations digitĂ©es que l’on retrouve au fond du Diverticule des fĂ©lins, soit dans la partie la plus reculĂ©e de la grotte ;
    • sous l’homme et le bison, un signe barbelĂ© complexe que l’on retrouve pratiquement Ă  l’identique sur d’autres parois de la grotte, mais aussi sur des pointes de sagaies et sur la lampe en grĂšs trouvĂ©es Ă  proximitĂ©.

Il s’agit bien ici d’une scĂšne dont les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments sont en relation les uns avec les autres, et non d’une juxtaposition d’animaux ou de signes sur une mĂȘme paroi, comme c’est le plus souvent le cas dans l’art palĂ©olithique. Pour A. Leroi-Gourhan, cette scĂšne renvoie probablement Ă  un Ă©pisode mythologique dont la signification est difficile Ă  Ă©tablir[41].

  • Un cerf gravĂ© de l'Abside.
    Un cerf gravé de l'Abside.
  • Gravures du Diverticule des fĂ©lins, relevĂ© AndrĂ© Glory.
    Gravures du Diverticule des félins, relevé André Glory.
  • La scĂšne du Puits
    La scĂšne du Puits
  • La frise des Cerfs nageant, dans la Nef (fac-similĂ© au MusĂ©e d'Aquitaine)
    La frise des Cerfs nageant, dans la Nef (fac-similé au Musée d'Aquitaine)

Procédés artistiques

Parmi les procédés artistiques utilisés par les artistes de Lascaux, on peut citer :

Interprétations

Différentes interprétations de l'art préhistorique dans la grotte de Lascaux ont été proposées.

La grotte de Lascaux a livrĂ© de trĂšs nombreux restes osseux et outils de silex : ce sont ceux des peintres et graveurs. Elle n’a jamais Ă©tĂ© un lieu d’habitation et sa frĂ©quentation semble essentiellement liĂ©e Ă  ses Ɠuvres pariĂ©tales.

La faune figurĂ©e sur les parois de Lascaux est celle que l’on retrouve dans la majoritĂ© des grottes ornĂ©es de l’aire franco-cantabrique : cheval, aurochs, bison, cerf et bouquetins dominent largement suivis d’animaux plus rares et souvent dangereux, comme l’ours, le rhinocĂ©ros et les grands fĂ©lins. Les espĂšces reprĂ©sentĂ©es ne correspondent pas aux espĂšces chassĂ©es et consommĂ©es : un seul renne gravĂ© a Ă©tĂ© identifiĂ© alors que ces animaux reprĂ©sentent la grande majoritĂ© des restes osseux mis au jour (plus de 88 %)[47]. Un art dictĂ© par une magie de la chasse tel qu’on le concevait aux dĂ©buts du XXe siĂšcle peut donc ĂȘtre Ă©cartĂ©.

Si elles sont extrĂȘmement rĂ©alistes en ce qui concerne les morphologies et les attitudes des animaux, les Ɠuvres de Lascaux ne visent toutefois pas une reprĂ©sentation exhaustive et naturaliste de la rĂ©alitĂ© : la flore, les reliefs et mĂȘme le sol sont absents des parois de la grotte, comme c’est pratiquement toujours le cas d’ailleurs dans l’art palĂ©olithique.

Il est indĂ©niable que certains Ă©lĂ©ments figurĂ©s, certaines associations de signes, ont une valeur symbolique. C’est probablement le cas pour les trois paires de ponctuations que l’on retrouve au fond du Diverticule des fĂ©lins et dans le Puits, aux limites des zones ornĂ©es. C’est sans doute le cas Ă©galement pour les signes barbelĂ©s, les « blasons » ou les alignements de points prĂ©sents sur diffĂ©rentes parois de la grotte.

La grotte de Lascaux est considérée par A. Leroi-Gourhan et par la quasi-totalité des préhistoriens comme un sanctuaire, une sorte de monument à caractÚre religieux[48].

D'autres interprĂ©tations ont Ă©tĂ© avancĂ©es. D'aprĂšs l'archĂ©oastronome Chantal JĂšgues-Wolkiewiez[49], la grotte aurait Ă©tĂ© un centre d'observation du ciel, puis un temple ornĂ© dĂ©diĂ© aux constellations cĂ©lestes. Ainsi, la lumiĂšre du soleil se couchant au solstice d'Ă©tĂ© aurait illuminĂ© la premiĂšre salle des Taureaux (avant qu'un Ă©boulement n'obstrue l'accĂšs vers la rotonde) dont les peintures reprĂ©senteraient une carte des constellations zodiacales telles qu'on pouvait les observer il y a 10 000 ans[50] - [51]. Cette interprĂ©tation a Ă©tĂ© accueillie avec scepticisme par la communautĂ© scientifique[52] - [53].

ThĂ©rĂšse Guiot-Houdart a Ă©tudiĂ© l'organisation de la composition, le placement, les dimensions et l'orientation des figures, la disposition des taches de couleurs, la technique du dessin, etc.[54]. Cette analyse dĂ©taillĂ©e des peintures met en Ă©vidence l’existence d’un canevas narratif destinĂ© Ă  expliquer les processus de la fĂ©conditĂ©. Ce canevas, agencĂ© en quinze scĂšnes ou chapitres, servit de trame en tout premier lieu aux peintures de Lascaux, puis Ă  d’innommables rĂ©cits transmis et diffusĂ©s de l'Inde Ă  l’Irlande, dont elle donne cinq exemples qui suivent fidĂšlement ce schĂ©ma nĂ©cessairement immuable, puisque dictĂ© par les lois de la physiologie[55] - [56].

Selon Jean Clottes et David Lewis-Williams, la grotte de Lascaux aurait pu ĂȘtre liĂ©e Ă  un culte chamanique. Ainsi, divers traits sans signification, incluant les huit flĂšches plantĂ©es dans l'un des fĂ©lins du Diverticule, auraient Ă©tĂ© autant d'incisions exĂ©cutĂ©es Ă  travers la paroi pour laisser passer les animaux et les pouvoirs surnaturels[57]. Cette thĂ©orie est largement contestĂ©e aussi bien par la plupart des prĂ©historiens et que par les spĂ©cialistes du chamanisme : « J. Clottes et D. Lewis-William ont largement outrepassĂ© les limites de la dĂ©marche scientifique en proposant une explication unique, unilatĂ©rale de la religion des origines »[58].

Enfin, les hommes prĂ©historiques auraient pu attribuer Ă  leurs Ɠuvres un semblant de vie. En se basant sur un relevĂ© exhaustif des parois, Julien d'Huy et Jean-LoĂŻc Le Quellec ont constatĂ© que les animaux dangereux - fĂ©lins, aurochs, bisons - semblaient davantage « flĂ©chĂ©s » que les animaux moins dangereux - chevaux, cerfs, bouquetins. Selon eux, il pourrait s'agir d'une magie de la destruction ou d'une crainte de l'animation des images, les flĂšches servant alors Ă  empĂȘcher les animaux de s'animer[59]. La croyance en la possible animation des images est corroborĂ©e par la disposition de celles-ci Ă  l’intĂ©rieur de la grotte. Ainsi, les bisons, les aurochs et les bouquetins n’ont pas Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©s cĂŽte Ă  cĂŽte. En revanche, on peut mettre en Ă©vidence des systĂšmes bisons-chevaux-lions et aurochs-chevaux-cerfs-ours[60]. Julien d’Huy explique cette rĂ©partition par les affinitĂ©s qu’entretiennent les espĂšces entre elles et par le biotope qu’elles occupent respectivement[61].

Datation

La datation de Lascaux est l’objet d'un long dĂ©bat : selon les auteurs, son art pariĂ©tal est situĂ© entre le Gravettien et le MagdalĂ©nien.

Pour Henri Breuil, sur la base de comparaisons stylistiques, les Ɠuvres pariĂ©tales de Lascaux seraient pĂ©rigordiennes (gravettien)[62].

Mais en 1951, Lascaux est l’un des tout premiers sites palĂ©olithiques Ă  bĂ©nĂ©ficier de datations absolues par la mĂ©thode du carbone 14, rĂ©alisĂ©es par W.F. Libby lui-mĂȘme. Cette mĂ©thode a Ă©tĂ© mise en Ɠuvre sur des charbons de bois provenant de lampes dĂ©couvertes dans le Puits. Le premier rĂ©sultat obtenu (autour de 15 500 ans BP) place la frĂ©quentation de Lascaux dans le MagdalĂ©nien. Un Ăąge magdalĂ©nien fut confirmĂ© par des datations ultĂ©rieures, rĂ©alisĂ©es sur des charbons provenant des fouilles d'AndrĂ© Glory dans le Passage et dans le Puits. Ces datations (17 190 Â± 140 et 16 000 Â± 500 ans BP) se situent autour du MagdalĂ©nien ancien[63].

Pourtant, AndrĂ© Leroi-Gourhan, par comparaisons stylistiques avec les sites du Fourneau du Diable (Dordogne) et du Roc-de-Sers (Charente), bien datĂ©s, conclut pour sa part que les Ɠuvres de Lascaux se placent au SolutrĂ©en.

Puis, deux nouvelles dates sont obtenues en 1998, et en 2002[4]. La premiĂšre date, de 18 600 Â± 190 ans BP, est obtenue par la mĂ©thode du carbone 14 en SMA sur un fragment de baguette en bois de renne provenant du Puits (ou des dĂ©blais de l'Abside)[64]. La seconde date, obtenue Ă  partir d'un fragment de sagaie, est plus ancienne : 18 930 Â± 230 ans BP[65]. Les solutrĂ©ens sont-ils simplement passĂ©s ponctuellement dans la grotte ou ont-ils rĂ©alisĂ© tout ou partie des Ɠuvres ? Un seul niveau archĂ©ologique est connu et les vestiges recueillis (objets de silex, d'os et de bois de renne) dans ce niveau, Ă©tudiĂ©s dans Lascaux inconnu (1979) et par A. Glory (2008), correspondent typologiquement au MagdalĂ©nien II.

La datation directe par le carbone 14 de peintures ou de dessins pariĂ©taux a Ă©tĂ© possible dans certaines grottes ornĂ©es, Ă  condition toutefois que ces Ɠuvres aient Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es avec du charbon de bois. Ce n’est pas le cas Ă  Lascaux, oĂč la couleur noire a Ă©tĂ© obtenue en utilisant des oxydes de manganĂšse. Des pigments tombĂ©s au pied des parois ont Ă©tĂ© mis au jour dans le niveau archĂ©ologique : ils ont permis de confirmer la contemporanĂ©itĂ© des Ɠuvres avec certains vestiges (lamelles de silex, pointes de sagaie, aiguilles en os, lampes Ă  suif).

Selon Norbert Aujoulat[6], il existe des arguments stylistiques et thĂ©matiques qui permettraient de rapprocher Lascaux du SolutrĂ©en plutĂŽt que du MagdalĂ©nien : prĂ©sence de signes gĂ©omĂ©triques ; reprĂ©sentation des aurochs avec la corne avant en courbe simple et la corne arriĂšre sinueuse ; humain affrontĂ© Ă  un grand bovidĂ© (le gisement solutrĂ©en du Roc-de-Sers a livrĂ© l'image d'un homme faisant face Ă  un bƓuf musquĂ©). En fait, l'art du dĂ©but du MagdalĂ©nien est la continuation, sans hiatus, de celui du SolutrĂ©en et le style graphique (style III de A. Leroi-Gourhan) est le mĂȘme. Norbert Aujoulat propose donc de placer l'art de Lascaux Ă  la charniĂšre du SolutrĂ©en supĂ©rieur et du Badegoulien[4].

Plus récemment, J. Jaubert et E. Lebrun ont émis l'hypothÚse d'un rattachement d'une partie du dispositif pariétal de Lascaux au Gravettien, sur la base d'arguments stylistiques et techniques[66] - [67].

Le programme de recherche archĂ©ologique « Lasco » lance une nouvelle campagne de datation. Plusieurs fragments d’os de renne retrouvĂ©s dans diffĂ©rents endroits de la grotte sont datĂ©s. Les rĂ©sultats, publiĂ©s en 2019, indiquent que l'occupation correspondante daterait de 21 000 Ă  21 500 ans cal AP, ce qui correspond Ă  la transition du Badegoulien au MagdalĂ©nien[68] - [69].

Les fac-similés

La premiÚre reproduction de Lascaux a été une reproduction photographique, qui était présentée au Musée d'Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye[70].

Lascaux 2

La grotte a été fermée au grand public en raison de la multiplication des erreurs de conservation (saccage des sols et contamination de la grotte en 1957-1958 ; nouvelle contamination autour de 2000 et antibio-résistance). Un relevé stéréo-photogrammétrique de la totalité des zones ornées a été réalisé à la fin des années 1960 par l'Institut géographique national. La troisiÚme dimension est recréée par un lecteur qui repasse sur les courbes de niveau, un ciseau de sculpteur (projet confié aux sculpteurs Bernard Augst et Pierre Weber) reproduisant ces mouvements[23].

La sociĂ©tĂ© propriĂ©taire de Lascaux, fondĂ©e par la famille de La Rochefoucauld, se lança dans la rĂ©alisation d'une rĂ©plique d'une partie reprĂ©sentative de la grotte (Diverticule axial et Salle des Taureaux), avec une autorisation d'exploitation de 30 ans. Le projet trop coĂ»teux fut en partie financĂ© par la vente de l'original Ă  l'État en 1972. Il fut suspendu en 1980 puis repris par le conseil gĂ©nĂ©ral de la Dordogne[23].

Une double coque en bĂ©ton dont l'intĂ©rieur reproduit fidĂšlement la grotte originale fut rĂ©alisĂ©e Ă  partir des relevĂ©s de l'IGN. Sur une armature mĂ©tallique furent posĂ©es plusieurs couches de grillage Ă  mailles suffisamment fines pour retenir le bĂ©ton projetĂ©. La paroi est reconstituĂ©e par un procĂ©dĂ© de fibro-ciment (trois Ă©paisseurs d'un bĂ©ton spĂ©cial Ă  base de chaux, sable et poudre de marbre). Les Ɠuvres pariĂ©tales furent ensuite reproduites avec des pigments naturels par une Ă©quipe conduite par l'artiste peintre Monique Peytral[71] - [72]. L'ensemble Ă©tait prĂ©cĂ©dĂ© par deux sas musĂ©ographiques conçus par Brigitte et Gilles Delluc et Arlette Leroi-Gourhan.

SituĂ© Ă  200 mĂštres de l'original, le fac-similĂ©, nommĂ© « Lascaux 2 », a ouvert ses portes le 18 juillet 1983. Quelques autres reproductions de peintures (frise des cerfs, bisons adossĂ©s et vache noire de la Nef, scĂšne du Puits) sont exposĂ©es dans le parc du Thot, Ă  quelques kilomĂštres de Montignac. À l'Ă©tĂ© 1982, Ces reproductions ont Ă©tĂ© exposĂ©es dans la cour du Roemer- und Pelizaeus-Museum Ă  Hildesheim[73].

Il a Ă©tĂ© annoncĂ© en aoĂ»t 2008 que, faute d'entretien depuis 1996, le site de Lascaux 2 devra fermer de trois Ă  quatre mois par an, pendant six ou sept ans, afin de procĂ©der Ă  la restauration progressive des fresques et des parois encrassĂ©es par la poussiĂšre liĂ©e au passage des visiteurs (270 000 par an)[74]. Selon Monique Peytral, peintre Ă  qui l'on doit ce fac-similĂ©, le chantier de restauration qui est entamĂ© en novembre 2009 doit s'achever en 2014[75].

En 2011, c'est le site touristique le plus frĂ©quentĂ© de Dordogne avec 250 000 visiteurs[76].

Conception

Le concept Lascaux rĂ©vĂ©lĂ©, Ă©galement nommĂ© « Lascaux III » est une reproduction partielle de la grotte originelle qui a Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©e au public en octobre 2012, et est conçue pour ĂȘtre itinĂ©rante.

En 2003, le conseil général de la Dordogne commande au plasticien Renaud Sanson[77], et à son atelier, la réalisation de fac-similés de scÚnes figurant dans la nef de Lascaux, galerie non représentée dans Lascaux II.

De juillet Ă  dĂ©cembre 2008, dans les ateliers de Montignac qui ont vu leur crĂ©ation, l'exposition Lascaux rĂ©vĂ©lĂ© a prĂ©sentĂ© ces nouveaux fac-similĂ©s au public de la Dordogne[78]. Ceux-ci, rĂ©alisĂ©s en cinq ans, sont rĂ©partis en huit panneaux[79]. L'exposition est ensuite transfĂ©rĂ©e vers le parc animalier du Thot, situĂ© sur la commune voisine de Thonac, et prĂ©sentĂ©e au public en juillet 2009[80]. Lors de cette mise en place, les fac-similĂ©s crĂ©Ă©s en 1984 et 1991, prĂ©cĂ©demment exposĂ©s au parc du Thot (les bisons, la vache noire et la scĂšne du Puits), ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s – et Ă  cette occasion endommagĂ©s –, exposĂ©s aux intempĂ©ries pendant l'Ă©tĂ© 2009 puis finalement, empilĂ©s dans un hangar[81].

L'exposition a Ă©tĂ© conçue pour voyager Ă  travers le monde entier pendant plusieurs annĂ©es en tant qu'ambassadeur de la Dordogne et de sa VallĂ©e de l'Homme. En effet, les coques des fac-similĂ©s, de faible poids (moins de 10 kg/m2), sont constituĂ©es de panneaux dĂ©montables dont les jointures sont invisibles et qui ont Ă©tĂ© conçus pour ĂȘtre aisĂ©ment transportĂ©s[77]. La totalitĂ© ou une partie des panneaux doivent faire l'objet d'une exposition itinĂ©rante sous le nom de Lascaux, l'exposition internationale[82]. L'agence de scĂ©nographie Du&Ma est choisie en mars 2011 pour assurer la maĂźtrise d'Ɠuvre de ce projet.

Expositions

AprĂšs une premiĂšre Ă©tape en France qui a rassemblĂ© 100 000 visiteurs Ă  Bordeaux, Ă  Cap Sciences, du 13 octobre 2012 au 6 janvier 2013[83], l'exposition traverse l'Atlantique et fait escale au Field Museum de Chicago de mars Ă  septembre 2013 (325 000 visiteurs), avant de rejoindre Houston (200 000 visiteurs d'octobre 2013 Ă  mars 2014[84]), puis MontrĂ©al d'avril Ă  septembre 2014[85] - [86].

En novembre 2014, l'exposition revient en Europe et s'installe Ă  Bruxelles[87]. Du 20 mai au 30 aoĂ»t 2015 elle est prĂ©sentĂ©e Ă  Paris, Ă  la porte de Versailles[88], oĂč le nombre de visiteurs (60 000) s'est avĂ©rĂ© ĂȘtre trĂšs en deçà des prĂ©visions[89], puis Ă  GenĂšve d'octobre 2015 Ă  janvier 2016[90], oĂč l'exposition est vue par 80 000 personnes[91].

À partir de 2016, plusieurs escales asiatiques sont prĂ©vues[89]. D'avril Ă  septembre 2016[92], Ă  Gwangmyeong, en CorĂ©e du Sud, l'exposition se tient Ă  l'intĂ©rieur d'un bĂątiment crĂ©Ă© spĂ©cialement par l'architecte français Jean Nouvel, au cƓur d'un nouveau parc de loisirs rĂ©cemment ouvert au public[91] et attire 300 000 visiteurs pour 180 000 entrĂ©es payantes[93]. D'octobre 2016 Ă  fĂ©vrier 2017, Tokyo l'a accueillie dans les locaux du MusĂ©e national de la nature et des sciences[94]. Cette exposition s'accompagne de la prĂ©sentation de 150 piĂšces originales du PĂ©rigord prĂ©historique, prĂȘtĂ©es exceptionnellement par trois musĂ©es français, le MusĂ©e national de PrĂ©histoire des Eyzies-de-Tayac, le MusĂ©e d'ArchĂ©ologie nationale de Saint-Germain-en-Laye et le MusĂ©um national d'histoire naturelle de Paris[94]. Elle a Ă©tĂ© vue par 265 000 personnes, dont l'empereur Akihito et l'impĂ©ratrice Michiko[95]. Deux autres Ă©tapes japonaises sont ensuite prĂ©vues en 2017 au musĂ©e d'art et d'histoire de Tƍhoku Ă  Tagajƍ de mars Ă  mai, puis au musĂ©e national de KyĆ«shĆ« Ă  Fukuoka de juillet Ă  septembre[94] - [95]. Elle s'expose ensuite en Chine de septembre 2017 Ă  fĂ©vrier 2018 au musĂ©e de la science et de la technologie de Shanghai[95] oĂč 200 000 visiteurs l'ont dĂ©jĂ  vue[96].

En 2018, financée en partie par le mécénat de plusieurs entreprises françaises, l'exposition fait étape en Afrique du Sud, à Johannesbourg, du au [97].

En 2019, l'exposition fait halte de mi-avril jusqu'en septembre au parc olympique de Munich, en Allemagne[98].

DĂ©but 2020, elle a fait Ă©tape en Italie au musĂ©e archĂ©ologique national de Naples oĂč l'exposition n'a durĂ© que deux mois (fĂ©vrier et mars) pour cause de pandĂ©mie de Covid-19[99] et sa visite marocaine, prĂ©vue initialement de Ă  Ă  l'Institut français de Casablanca[100], reste en suspens[99].

Entre-temps, Ă  l'Ă©tĂ© 2020, l'exposition est de retour Ă  Montignac pour y ĂȘtre modifiĂ©e et allĂ©gĂ©e, compte tenu du bilan qui fait ressortir un dĂ©ficit, accentuĂ© en 2020 par la pandĂ©mie de Covid-19[99]. L'ajout de panneaux concernant notamment la « salle des Taureaux » et le « Diverticule axial », parties les plus connues de la grotte originale, ne serait plus d'actualitĂ© et il est plutĂŽt envisagĂ© d'ajouter des visites en 3D par casques de rĂ©alitĂ© virtuelle[99].

De à , cette nouvelle version avec casques de réalité virtuelle s'installe en Italie à Trente, au « Muse », son musée des sciences[101].

Lascaux Expériences (Lascaux 3D)

L'exposition internationale itinérante, allégée et ne comportant plus qu'un seul fac-similé, celui de la scÚne du Puits, prend le nom de « Lascaux Expériences »[102] - [103]. Des casques de réalité virtuelle permettront aux visiteurs une immersion à l'intérieur la grotte de Lascaux, dans son intégralité[103]. La premiÚre étape est prévue en Belgique, de à , au Préhistomuseum proche de LiÚge[103].

Lascaux 4

Entrée du site de construction en août 2014.

Un centre international de l'art pariétal présentant, entre autres, un fac-similé intégral de toutes les parties ornées de la grotte de Lascaux (salle des taureaux, diverticule axial, passage, puits, abside et nef[104]) voit le jour à proximité du site original fin 2016. Un concours d'architectes a été lancé pour ce projet aussi appelé Lascaux 4. Le 18 octobre 2012, parmi 163 offres parvenues, le comité de pilotage a retenu comme équipe définitive le cabinet norvégien SnÞhetta[105].

Le , la ministre de la Culture AurĂ©lie Filippetti, insiste sur la nĂ©cessitĂ© de rĂ©aliser des Ă©conomies dans un contexte de crise, pour annoncer l'abandon de nombreux projets lancĂ©s par ses prĂ©dĂ©cesseurs, dont le projet Lascaux 4 : « Lascaux 4, autrement dit le Centre d'art pariĂ©tal, 50 millions d'euros pour un projet non prioritaire, nous l'arrĂȘtons... »[106]. La part de l'État dans ce projet ne reprĂ©sente qu'un tiers, le reste demeurant rĂ©parti Ă  parts Ă©gales entre la rĂ©gion et le dĂ©partement[107]. Le jour mĂȘme, Bernard Cazeau, prĂ©sident du conseil gĂ©nĂ©ral de la Dordogne, indique que le projet continuera en faisant appel au mĂ©cĂ©nat et aux fonds europĂ©ens pour pallier la dĂ©fection de l'État[107]. Le mois suivant, aprĂšs rencontre avec les instances politiques rĂ©gionale et dĂ©partementale, la ministre indique qu'Ă  partir de 2014, un crĂ©dit de quatre millions d'euros serait nĂ©anmoins dĂ©bloquĂ©[108].

Le site de construction de Lascaux 4 en septembre 2015.

Les travaux, sous maĂźtrise d'ouvrage du conseil gĂ©nĂ©ral de la Dordogne, dĂ©butent au printemps 2014 et s'achĂšvent mi 2016 ; l'ouverture au public est initialement prĂ©vue en juillet 2016[90]. Parmi les mĂ©cĂšnes figurent le CrĂ©dit agricole avec 700 000 euros, la fondation EDF (500 000 euros) et le groupe MaĂŻsadour (300 000 euros)[109].

Lascaux 4, mars 2017, peu de temps aprĂšs l'ouverture du site.

Concernant la construction du site, le groupe NGE a lui aussi participĂ© au projet. Ses filiales Lagarrigue, Siorat, GTS et Sud Fondations ont contribuĂ© Ă  la construction du cĂ©lĂšbre projet Lascaux IV[110], notamment sur les travaux gĂ©otechniques, de sĂ©curisation, d’équipement de la route et de gĂ©nie civil. La rĂ©plique de la grotte fait partie de l’immense Centre international de l’Art pariĂ©tal de Montignac. Construit semi-enterrĂ©, le Centre d’art pariĂ©tal a pour objectif de sanctuariser la colline de Lascaux afin de prĂ©server l’état d’origine de la grotte. Ainsi, le bĂątiment semi-enterrĂ© ne dĂ©passe pas la hauteur de huit mĂštres sur une longueur de 150 mĂštres. La rĂ©novation du site a coĂ»tĂ© au total 57 millions d’euros. L’ensemble de cette somme a Ă©tĂ© financĂ© par l’État français, l’Europe, le dĂ©partement de la Dordogne[111] et la rĂ©gion (Aquitaine puis Nouvelle-Aquitaine). 

En septembre 2015, Germinal Peiro, le prĂ©sident du conseil dĂ©partemental de la Dordogne, prĂ©cise que contrairement aux prĂ©visions initiales, Lascaux 4 n'ouvrira que fin 2016. Ce report est dĂ» Ă  des problĂšmes techniques successifs : dĂ©couverte d'une source lors des travaux de terrassement, puis liquidation judiciaire de l'entreprise de charpentes mĂ©talliques chargĂ©e de la couverture du site, cette mĂȘme sociĂ©tĂ© Ă©tant ensuite reprise sous forme de Scop pour l'achĂšvement des travaux[112].

En janvier 2016, l'Atelier des fac-similĂ©s du PĂ©rigord, comprenant trente-quatre personnes (« peintres, plasticiens, restaurateurs d'art,dĂ©corateurs, sculpteurs, rĂ©sineurs, serruriers, infographistes et [...] informaticiens ») a rĂ©alisĂ© en deux ans et demi trente-six panneaux reprĂ©sentant 900 m2 de surfaces ornĂ©es[79]. La reproduction totale et Ă  l'Ă©chelle de la grotte peinte est faite dans des blocs de polystyrĂšne rĂ©alisĂ©s par fraisage numĂ©rique et assemblĂ©s en parois, leur relief est ensuite affinĂ© et modelĂ© Ă  la main par des modeleurs et sculpteurs avec un enduit Ă  base de pĂąte Ă  papier, Ă  l'aide de photos projetĂ©es sur la coque. Puis un moule en Ă©lastomĂšre est coulĂ© dessus et un contre-moule en rĂ©sine appliquĂ© sur le moule. AprĂšs la fabrication millimĂ©trĂ©e de la structure mĂ©tallique-support, la coque rĂ©sine reconstitue la paroi grĂące au « voile de pierre » (mĂ©lange d'acrylique et de poudre) qui reproduit fidĂšlement l’épiderme minĂ©ral de la roche sur lequel sont appliquĂ©es les patines colorĂ©es et les peintures pariĂ©tales[113]. Les premiers panneaux en rĂ©sine sont transportĂ©s sur le site dĂ©finitif en fĂ©vrier et mars 2016[114].

L'ouverture de Lascaux 4 au public est effective le conformément aux prévisions de 2015[114], aprÚs une inauguration anticipée le 10 décembre en présence du président de la République François Hollande, de la ministre de la Culture Audrey Azoulay et de Simon Coencas (89 ans)[115], dernier survivant du groupe ayant pénétré dans la grotte le .

Une visite virtuelle à partir de prises de vue panoramiques permet de se faire une idée de la réalisation[116].

À la mi-juillet 2019, deux ans et demi aprĂšs l'ouverture, Lascaux 4 a reçu un million de visiteurs[117]. Lors des deux mois les plus chargĂ©s, juillet et aoĂ»t qui reprĂ©sentent 60 % de son chiffre d'affaires annuel, le site emploie 128 personnes, soit le double de l'effectif permanent[117]. Fin 2021, malgrĂ© la fermeture pendant douze mois imposĂ©e Ă  la suite de la pandĂ©mie de Covid-19, Lascaux 4 a accueilli deux millions de visiteurs, dont 82 % de Français[118].

La grotte de Lascaux 1/1, le jumeau virtuel

La Direction régionale des Affaires culturelles de Nouvelle-Aquitaine, Dassault SystÚmes et la Cité de l'architecture et du patrimoine proposent depuis juillet 2021 une nouvelle expérimentation de réalité virtuelle à l'échelle 1/1, à Paris[119].

L'expĂ©rience « La grotte de Lascaux 1/1 », jumeau virtuel de la grotte originale, permet d'arpenter pour la premiĂšre fois physiquement et en groupe l'intĂ©gralitĂ© de la grotte dans les conditions de l'Ă©quipe de conservation. Munis de sacs Ă  dos et de casques de rĂ©alitĂ© virtuelle, les visiteurs sont accompagnĂ©s d'un guide confĂ©rencier pendant 45 minutes[120]. Les utilisateurs co-localisĂ©s se dĂ©placent librement dans l'espace, et par le biais de leurs avatars, peuvent interagir entre eux[121].

Représentation dans les arts

Numismatique

La grotte de Lascaux a été représentée sur une piÚce de monnaie de 10 euros dédiée à la région française de l'Aquitaine en 2011[122]. Les euros des régions ont été émis par la Monnaie de Paris, avec chaque année un thÚme différent, dont les monuments en 2011.

Valeur facialeAversReversGraveurDiamĂštrePoidsÉpaisseurMĂ©tauxTrancheMillĂ©simeTirage
10 € La place de la Bourse de Bordeaux, un pin des Landes et les peintures pariĂ©tales de la grotte de Lascaux. Les inscriptions « RF » et « AQUITAINE ». La valeur faciale de 10 euros entourĂ©e de deux branches, l'une de chĂȘne, l'autre de laurier, Ă©voquant le sigle de l'euro ; l'inscription « LibertĂ© ÉgalitĂ© FraternitĂ© », tout autour, le tout encadrĂ© par un assemblage de traits reprĂ©sentant l'Hexagone. Joaquin Jimenez 29 mm 10 g 1.60 mm Argent 500 ‰ Lisse 2011 150 000 exemplaires

Philatélie

Le , l'administration postale française a Ă©mis un timbre-poste d'une valeur de 1,00 franc de la « grotte prĂ©historique de Lascaux »[123] reprĂ©sentant « les vaches du Diverticule axial »[124].

Un autre timbre d'une valeur de 0,88 euro reprĂ©sentant « un des grands taureaux de la Rotonde suivi par un cheval » est mis en vente le (en avant-premiĂšre les 26 et 27 avril Ă  Lascaux 4)[124]. CrĂ©Ă© par Elsa Catelin, il est nominĂ© pour le prix du plus beau timbre de l'annĂ©e 2019[125].

Notes et références

Notes

  1. Il s'agit également du titre du livre du photographe Fernand Windels publié en 1948 en lien avec Henri Breuil.
  2. Au Kofun de Takamatsuzuka au Japon, et Altamira en Espagne par exemple.
  3. Des traces sur les parois de ce Diverticule suggĂšrent la possibilitĂ© d'escalade (sĂ©rie de petites vires d'appui) ou de l'utilisation d'Ă©chafaudages avec des madriers en chĂȘne (vires servant de support de solives, trous de boulin dont la fonction est Ă©tayĂ©e par la prĂ©sence au sol d'Ă©clats de bois et de piĂšces assez volumineuses pour Ă©voquer des charpentes lĂ©gĂšres). Dans d'autres galeries plus larges de la grotte, les artistes ont pu utiliser des troncs sommairement Ă©branchĂ©s faisant office de mĂąt de perroquet. Cf Brigitte et Gilles Delluc, « L’accĂšs aux parois », Gallia PrĂ©histoire. SupplĂ©ments,‎ supplĂ©ment 12, 1979, p. 177 et 181 (lire en ligne), Brigitte et Gilles Delluc, Dictionnaire de Lascaux, Éditions Sud Ouest, , p. 15.

Références

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  10. Né en 1923 et décédé le , Marcel Ravidat est alors ùgé de 18 ans (Il avait découvert la grotte de Lascaux : Marcel Ravidat est mort (archive), Dominique Leglu, Libération, 30 mars 1995). Il fut, comme son ami Jacques Marsal, guide à Lascaux jusqu'à la fermeture de la grotte en 1963.
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  12. Voir la lettre oĂč Marcel Ravidat raconte la dĂ©couverte : Reproduction du manuscrit de Marcel Ravidat sur le site La France en PiĂšces [PDF]
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  14. Adolescent juif réfugié à Montignac. Cf. Juliette Demey, « Il a découvert Lascaux », lejdd.fr, 13 avril 2014.
  15. Ravidat et Marsal deviendront par la suite les deux premiers guides de la grotte. Cf. Thierry Boisvert, Dordogne, PĂ©rigord, Éditions Bonneton, , p. 74
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Voir aussi

Bibliographie

Bandes dessinées :

Filmographie

DVD :

Articles connexes

Liens externes

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