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Gravettien

Le Gravettien est une culture prĂ©historique appartenant au PalĂ©olithique supĂ©rieur europĂ©en, caractĂ©risĂ©e par son industrie lithique. Il est connu pour ses figurines de VĂ©nus, qui Ă©taient gĂ©nĂ©ralement sculptĂ©es en ivoire ou en calcaire. Il doit son nom au site de La Gravette, situĂ© sur la commune de Bayac, en Dordogne. Il est prĂ©cĂ©dĂ© par l’Aurignacien (43 000 Ă  29 000). Le SolutrĂ©en succĂšde en Europe au Gravettien Ă  partir de 23 000 ans AP.

Gravettien
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
DĂ©finition
Autres noms ou Pavlovien en Europe centrale
Lieu Ă©ponyme Abri de la Gravette Ă  Bayac
(Dordogne)
Auteur Fernand Lacorre
Caractéristiques
Répartition géographique Europe - Sibérie
Période Paléolithique supérieur
Chronologie 31 000 Ă  23 000 ans AP
Type humain associé Homo sapiens
Tendance climatique Fort refroidissement (SIO 2)
Signe particulier Vénus paléolithiques
mains négatives sur paroi

Subdivisions

Gravettien ancien
Gravettien moyen
Gravettien récent
Gravettien tardif

Objets typiques

débitage de lames en silex rectilignes, pointes spécialisées, lamelles à dos, burins diÚdres

Chronologie et climat

La culture du Gravettien fait partie du PalĂ©olithique supĂ©rieur et s'inscrit chronologiquement en Europe de l'Ouest entre l'Aurignacien et le SolutrĂ©en. Elle a durĂ© d'environ 31 000 Ă  23 000 ans avant le prĂ©sent (AP). La culture gravettienne se termine par un faciĂšs lithique original nommĂ© ProtomagdalĂ©nien.

À partir de 28 500 ans AP, Ă  la suite de l'interstade MaisiĂšres, l'Europe connaĂźt un refroidissement sĂ©vĂšre qui correspond au stade SIO 2 de la derniĂšre glaciation, et qui atteint son maximum au SolutrĂ©en. Au cours du cycle gravettien, un Ă©pisode un peu plus clĂ©ment, caractĂ©risĂ© par une augmentation de l'humiditĂ© et un adoucissement trĂšs relatif, est reconnu entre environ 26 500 et 24 500 ans AP, sous le nom d'« oscillation (ou Ă©pisode) de Tursac Â».

[réf. nécessaire]

Extension géographique

La densité de population est importante dans les vallées des petites riviÚres de la Charente, la Charente-Maritime, la Dordogne et la Vienne.

Le Gravettien se retrouve aussi en Allemagne, en Belgique, en Espagne, en Italie, dans le sud de la Grande-Bretagne, en Autriche[1] et en Moravie oĂč un Gravettien oriental, le Pavlovien, a Ă©tĂ© dĂ©fini Ă  partir de vestiges dĂ©couverts dans le village de Pavlov.

On rencontre les plus anciennes traces du Gravettien dans la grotte de Kozarnika (Kozarnikien), en Bulgarie. Il serait ensuite apparu en CrimĂ©e du sud, Ă  Buran-Kaya, il y a environ 32 000 ans (voir Monts de CrimĂ©e), puis prĂšs de rives du Danube en Autriche et dans le sud de l'Allemagne.

En Italie, le Gravettien final Ă©volue vers un faciĂšs plus microlithique, l'Épigravettien (ou Tardigravettien). Ce faciĂšs est caractĂ©risĂ© par la prĂ©sence de microgravettes, de petits grattoirs sur Ă©clat et de lamelles Ă  dos. SubdivisĂ© en Épigravettien ancien, rĂ©cent et final, il perdure jusqu'Ă  12 000 ans AP et est contemporain du SolutrĂ©en et du MagdalĂ©nien.

En Europe centrale et orientale, le Gravettien (Kostenkien) évolue vers des faciÚs épigravettiens sensiblement distincts de leurs équivalents méridionaux.

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Lors du dernier maximum glaciaire (il y a 27 000 à 23 000 ans), le climat trÚs froid et sec contraint les populations à se retirer dans les régions du sud. Les péninsules ibériques, italiennes et grecques en particulier sont de plus en plus peuplées[2].

Industrie

Le Gravettien est caractérisé par le débitage de lames en silex trÚs droites, utilisées pour réaliser des pointes de projectile à dos rabattu rectiligne, appelées « pointe de la Gravette ». L'industrie lithique comprend également de petits outils diversifiés et spécialisés : petites pointes appelées « fléchettes », « pointes de la Font-Robert », pointes à retouches sur face plane, divers types de burins (dont le burin de Noailles[3]), etc.

À la fin du Gravettien, les pointes de la Gravette et les microgravettes sont progressivement remplacĂ©es par des lamelles Ă  dos ; les burins diĂšdres se substituent aux burins sur troncature retouchĂ©e ; et les lames retouchĂ©es se dĂ©veloppent (ProtomagdalĂ©nien).

En Europe centrale et mĂ©ridionale Ă  la mĂȘme Ă©poque, on assiste Ă  une microlithisation de l'outillage pour donner les faciĂšs de l'Épigravettien (ou Tardigravettien), qui remplaceront partiellement ou totalement le SolutrĂ©en et le MagdalĂ©nien.

L'industrie en os comporte notamment des pointes de sagaies.

L'emploi prépondérant de la retouche plate a permis d'émettre l'hypothÚse d'une certaine continuité entre le Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien (LRJ) et le Gravettien.

[réf. nécessaire]

Alimentation

Dans la période gravettienne, les chasseurs-cueilleurs mangeaient la nourriture disponible dans leur environnement local. Cela comprenait le mammouth en Europe centrale, le cheval et le renne en Grande-Bretagne ; et les fruits de mer sur les cÎtes atlantiques ou méditerranéennes de ce que sont aujourd'hui la France et l'Italie[2].

Les animaux Ă©taient une source de nourriture principale pour les premiers humains de la pĂ©riode gravettienne[4]. Comme l'Europe Ă©tait extrĂȘmement froide pendant cette pĂ©riode, les sources de nourriture devaient ĂȘtre riches en Ă©nergie et en matiĂšres grasses. Les comparaisons de tests entre divers restes humains rĂ©vĂšlent que les populations des latitudes plus Ă©levĂ©es accordaient une plus grande importance Ă  la viande. Un trait qui distingue les Gravettiens Ă©tait leur facilitĂ© de mobilitĂ© par rapport Ă  leurs homologues nĂ©andertaliens : les humains modernes ont dĂ©veloppĂ© la technologie et l'organisation sociale qui leur ont permis de migrer avec leur source de nourriture, mĂȘme avec des troupeaux relativement sĂ©dentaires, tandis que les NĂ©andertaliens n'auraient pas Ă©tĂ© aptes Ă  voyager[5].

GrĂące Ă  leur capacitĂ© Ă  se dĂ©placer avec les troupeaux, les rĂ©gimes gravettiens incorporaient une grande variĂ©tĂ© de proies animales. Les principaux facteurs Ă©taient l'Ăąge et la taille de l'animal. Par exemple, le cerf de premiĂšre annĂ©e offrait les peaux les plus appropriĂ©es pour les vĂȘtements, tandis que le cerf de quatriĂšme annĂ©e contenait beaucoup plus de viande[6]. Le rĂ©gime gravettien comprenait des animaux plus gros tels que des mammouths, des hyĂšnes, des loups, des rennes tuĂ©s avec des outils en pierre ou en os, ainsi que des liĂšvres et des renards capturĂ©s avec des filets[7].

Les Gravettiens vivant sur les cĂŽtes ont pu bĂ©nĂ©ficier de protĂ©ines marines. À partir de restes trouvĂ©s en Italie et au Pays de Galles, il a Ă©tĂ© estimĂ© que 20 Ă  30 % des rĂ©gimes gravettiens des peuples cĂŽtiers Ă©taient composĂ©s d'animaux marins[8]. Les populations des basses latitudes dĂ©pendaient davantage des crustacĂ©s et des poissons, tandis que l'alimentation des latitudes plus Ă©levĂ©es se composait de phoques[9].

NĂ©anmoins, l'Ă©tude de fossiles humains des grottes de SerinyĂ  en Catalogne, datĂ©s entre 25 000 et 27 000 ans, montre une alimentation basĂ©e sur les ressources terrestres — plantes et animaux terrestres de la rĂ©gion — en particulier les petits animaux comme les lapins, Ă©galement des cerfs et des chevaux. Les isotopes des acides aminĂ©s ont confirmĂ© que les individus ne mangeaient presque pas de poisson, et ce mĂȘme Ă  proximitĂ© des rĂ©gions cĂŽtiĂšres, contrairement Ă  ce que l'on supposait auparavant[2].

Chasse

Les massues, les pierres et les bĂątons Ă©taient les principaux outils de chasse pendant la pĂ©riode du PalĂ©olithique supĂ©rieur. Des pointes d'os, de bois et d'ivoire ont toutes Ă©tĂ© trouvĂ©es sur des sites en France, mais des pointes de flĂšches en pierre et des lances de jet appropriĂ©es ne sont apparues qu'Ă  la pĂ©riode solutrĂ©enne (~ 20 000 avant le prĂ©sent). En raison de ces outils primitifs, de nombreux animaux ont Ă©tĂ© chassĂ©s Ă  courte distance[10]. L'artefact typique de l'industrie gravettienne, autrefois considĂ©rĂ© comme un diagnostic, est la petite lame pointue avec un dos droit et Ă©moussĂ©, aujourd'hui connue sous le nom de « pointe de la Gravette Â», qui servait Ă  chasser le gros gibier. Les Gravettiens utilisaient des filets pour chasser le petit gibier et sont crĂ©ditĂ©s d'avoir inventĂ© l'arc et la flĂšche[11].

Les Gravettiens tendaient Ă  s'installer dans des vallĂ©es par oĂč migraient leurs proies. Par exemple, le site de La Gala, situĂ© au sud de l'Italie, montre une implantation stratĂ©gique basĂ©e dans une petite vallĂ©e[12]. Au fur et Ă  mesure que les colons devenaient plus conscients des schĂ©mas de migration d'animaux comme le cerf Ă©laphe, ils ont appris que le troupeau de proies se trouvait dans les vallĂ©es, permettant ainsi aux chasseurs d'Ă©viter de parcourir de longues distances pour se nourrir. Plus prĂ©cisĂ©ment dans le cas de La Gala, la topographie glaciaire a forcĂ© le cerf Ă  traverser les zones de la vallĂ©e occupĂ©es par les humains. Des preuves supplĂ©mentaires de colonies stratĂ©giquement positionnĂ©es incluent des sites comme Klithi (district rĂ©gional d'Ioannina) en GrĂšce, Ă©galement placĂ©s pour intercepter des proies en migration[6].

Des dĂ©couvertes en RĂ©publique tchĂšque suggĂšrent que des filets ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour capturer un grand nombre de proies plus petites, offrant ainsi un approvisionnement alimentaire rapide et constant et donc une alternative au modĂšle de fĂȘte / famine des grands chasseurs de gibier. Les preuves se prĂ©sentent sous la forme d'une corde de mm d'Ă©paisseur conservĂ©e sur des empreintes d'argile. Le tissage des filets Ă©tait vraisemblablement une tĂąche collective, reposant sur le travail des femmes et des enfants[7].

SĂ©pultures

À Krems an der Donau en Autriche, sur un promontoire situĂ© sur la rive gauche du Danube, des fouilles archĂ©ologiques ont rĂ©vĂ©lĂ© une double tombe de jumeaux monozygotes et une tombe d'un autre enfant ĂągĂ© de trois mois dans un site datĂ© de 31 000 Ă  31 700 AP[1]. Chacun des corps Ă©tait plongĂ© dans l'ocre rouge et Ă©tait placĂ© l'un Ă  cĂŽtĂ© de l'autre dans des positions flĂ©chies face Ă  l'est et avec leur crĂąne pointant vers le nord. Un total de 53 perles en ivoire de mammouth avaient Ă©tĂ© fixĂ©es sur le bassin de l'enfant 1 et leur disposition indique clairement qu'elles avaient Ă©tĂ© enfilĂ©es sur une ficelle. Les 53 perles sont remarquablement similaires en taille et en forme et les perforations ne montrent aucun signe d'usure, indiquant une production dans le seul but de servir de marchandise funĂ©raire. L’attribution personnalisĂ©e est soulignĂ©e par la position de la main droite de l’individu placĂ©e au sommet de la chaĂźne. En revanche, l'enfant 2 Ă©tait Ă©quipĂ© de trois mollusques perforĂ©s (Theodoxus sp.) et d'une incisive de renard perforĂ©e (Vulpes sp.) qui ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s sous la mandibule de l'enfant 2, suggĂ©rant qu'il s'agissait de pendentifs sur un seul collier. Une autre sĂ©pulture contenait le squelette mal conservĂ© d'un autre enfant (ind3) qui Ă©tait enterrĂ© en position flĂ©chie et recouvert d'une Ă©paisse couche d'ocre rouge. Le squelette de l'enfant Ă©tait Ă©galement orientĂ© vers l'est, mais dans ce cas, le crĂąne Ă©tait orientĂ© vers le sud. Dans l'orientation de l'axe du corps, une Ă©pingle de cm de long en ivoire de mammouth Ă©tait situĂ©e Ă  cm au-dessus du crĂąne. Elle peut avoir Ă©tĂ© utilisĂ©e comme Ă©pingle pour attacher et/ou dĂ©corer un vĂȘtement en cuir ou en fourrure qui aurait Ă©tĂ© enroulĂ© autour du corps avant l'enterrement[1].

Art

L'art gravettien est caractérisé par ses « Vénus paléolithiques » présentant des formes souvent trÚs généreuses (Vénus de Lespugue, de Willendorf) ou parfois plus fines (Dame de Brassempouy). Ces statuettes sont particuliÚrement nombreuses à cette époque en Europe orientale, notamment dans la plaine russe[13]. Le mammouth laineux occupant une place centrale dans l'économie des sociétés de ces régions (avec le renne), de nombreuses Vénus paléolithiques gravettiennes sont en ivoire de mammouth[13]. Le style des figurines est figuratif, à la différence des statuettes ultérieures, épigravettiennes et magdaléniennes, qui sont plus schématiques et stylisées[13].

L'art gravettien comporte aussi des gravures sur os et ramures, des frises gravées dans les abris sous roches et des grottes ornées (chevaux ponctués de Pech Merle, mains négatives de Gargas, grottes de Vilhonneur, grotte de Cussac).

Génétique

Les Ă©chantillons d'ADN-Y analysĂ©s dans une Ă©tude de 2016, datĂ©s entre 31 000 et 26 000 ans AP, qu'ils proviennent de Belgique, de TchĂ©quie, d'Autriche ou d'Italie, sont Ă©troitement apparentĂ©s, ce qui semble reflĂ©ter une expansion de la population associĂ©e Ă  la culture archĂ©ologique du Gravettien[14]. Les humains de l'Aurignacien auraient Ă©tĂ© Ă©vincĂ©s il y a entre 34 000 et 26 000 ans par un autre groupe d'humains, les Gravettiens[15]. Bien qu'ils portent des signatures gĂ©nĂ©tiques distinctes, les Gravettiens et les Aurignaciens sont les descendants de la mĂȘme branche europĂ©enne d'Homo sapiens[14] - [15].

Dans cette étude paléogénétique publiée en 2016, sur les quatorze échantillons d'ADNmt, il y avait treize échantillons d'haplogroupe U et un échantillon de l'haplogroupe M. La majorité des haplogroupes U appartenait aux sous-clades U5 et U2[16]

L'analyse du gĂ©nome d'un individu ĂągĂ© de 36 000 ans environ, originaire de Bourane-Kaya III, en CrimĂ©e, confirme que les groupes du Gravettien seraient issus d'une branche orientale de cette population fondatrice de chasseurs-cueilleurs europĂ©ens qui se serait Ă©tendue depuis la Russie actuelle vers l'ouest[17] - [18]. L'aire de distribution du Gravettien est approximativement la mĂȘme que pour l'haplogroupe I (groupe d'ADN-Y, c'est-Ă -dire transmis exclusivement en ligne masculine). L'haplogroupe mitochondrial de l'individu Ă©tudiĂ© est N1 avec Ă©galement trois des huit mutations qui mĂšnent Ă  la branche N1b[18].

Une Ă©tude plus complĂšte publiĂ©e en 2023 distingue une lignĂ©e occidentale et et une lignĂ©e orientale au sein des populations du Gravettien. Cette distinction gĂ©nĂ©tique coĂŻncide avec des diffĂ©rences dans les pratiques mortuaires. Les individus de l'ouest et du sud-ouest de l'Europe liĂ©s au cluster « Fournol » sont systĂ©matiquement dĂ©posĂ©s dans des sites de grottes et prĂ©sentent parfois des marques anthropiques tandis que les individus liĂ©s au cluster « Věstonice » (TchĂ©quie) situĂ©s dans le centre-est et le sud de l'Europe sont enterrĂ©s avec des biens et/ou des ornements personnels et de l'ocre en plein air ou dans des sites de grottes. Les rĂ©sultats suggĂšrent qu'entre le gravettian prĂ©coce/moyen et tardif, il y eut lieu une extension vers l'ouest de l'ascendance associĂ©e Ă  Věstonice qui a atteint l'Europe centrale-ouest et a crĂ©Ă© une cline de mĂ©lange longitudinal entre ces deux populations gĂ©nĂ©tiquement distinctes[19] - [20].

FaciĂšs typologiques en France

L’analyse statistique menĂ©e sur un corpus de niveaux industriels du PalĂ©olithique supĂ©rieur ancien rĂ©cemment fouillĂ©s a permis de rĂ©viser le « modĂšle pĂ©rigordien » de Denis Peyrony, basĂ© sur une interprĂ©tation erronĂ©e des stratigraphies disponibles. La nouvelle analyse propose une structuration des industries lithiques du Gravettien en sept faciĂšs chronologiques caractĂ©risĂ©s chacun par une association prĂ©fĂ©rentielle d’outils, traduisant une adaptation de la culture matĂ©rielle au contexte climatique. La rĂ©vision du cadre palĂ©oclimatique souligne, en outre, la corrĂ©lation entre les industries et le contexte, en accord avec les datations absolues.
  • Un Gravettien ancien contemporain de la phase froide inter MaisiĂšres/Tursac, subdivisĂ© en :
    • Gravettien de faciĂšs Fontirobertien Ă  grattoirs, pointes de la Font-Robert et pointes de la Gravette.
    • Gravettien de faciĂšs Bayacien Ă  grattoirs, burins, flĂ©chettes et rares pointes de la Gravette
    • Gravettien de faciĂšs indiffĂ©renciĂ© Ă  burins sur troncature retouchĂ©e et pointes de la Gravette.
  • Un Gravettien moyen contemporain de la phase plus douce et trĂšs humide connue sous le nom d'« oscillation de Tursac », qui se subdivise en deux phases reconnues en succession stratigraphique Ă  l'abri Pataud :
    • Gravettien de faciĂšs Noaillien Ă  burins sur troncature retouchĂ©e et burins de Noailles.
    • Gravettien de faciĂšs Rayssien Ă  burins sur troncature retouchĂ©e, burins de Noailles et burins du Raysse.
  • Un Gravettien rĂ©cent contemporain du PlĂ©niglaciaire froid et sec du WĂŒrm rĂ©cent, subdivisĂ© en :
    • Gravettien de faciĂšs LaugĂ©rien type A Ă  burins sur troncature retouchĂ©e et pointes et micropointes de la Gravette.
    • Gravettien de faciĂšs LaugĂ©rien type B Ă  burins diĂšdres (simples ou multiples) et microgravettes.
  • Un Gravettien tardif (ProtomagdalĂ©nien) situĂ© en continuitĂ© chronologique et typologique avec le prĂ©cĂ©dent.
[réf. nécessaire]

Le Gravettien ancien

La relecture critique des stratigraphies conduit Ă  dĂ©montrer l’identitĂ© entre le PĂ©rigordien IV Ă  pointes de la Gravette et le PĂ©rigordien V2 Ă  Ă©lĂ©ments tronquĂ©s du schĂ©ma classique, regroupĂ©s maintenant dans le Gravettien de faciĂšs indiffĂ©renciĂ©, et de reconnaĂźtre l’antĂ©rioritĂ© des industries Ă  pointes de la Font-Robert (Gravettien de faciĂšs Fontirobertien) sur celles Ă  pointes de la Gravette (Gravettien de faciĂšs indiffĂ©renciĂ©). L’existence du Bayacien est dĂ©finitivement dĂ©montrĂ©e Ă  l’abri Pataud oĂč les industries prĂ©sentent toutes les garanties de reprĂ©sentativitĂ© statistique, au contraire du site de la Gravette oĂč le matĂ©riel semble souffrir d’une rĂ©colte sĂ©lective et/ou incomplĂšte puis d’un tri aprĂšs la fouille.

La succession entre le Gravettien de faciĂšs Bayacien et le Gravettien de faciĂšs indiffĂ©renciĂ© est visible Ă  la Gravette et Ă  l’abri Pataud, dans un mĂȘme contexte rigoureux (inter MaisiĂšres-Tursac). L’évolution typologique de l’un Ă  l’autre s’effectue essentiellement par la disparition des flĂ©chettes, au profit des pointes de la Gravette.

La succession entre le Gravettien de faciĂšs Fontirobertien et le Gravettien de faciĂšs indiffĂ©renciĂ© est visible Ă  la Ferrassie, aux Vachons et au Flageolet I (BĂ©zenac, Dordogne), dans un mĂȘme contexte rigoureux (inter MaisiĂšres-Tursac). L’évolution typologique de l’un Ă  l’autre s’opĂšre par la rĂ©duction des grattoirs au profit des burins, la disparition progressive des pointes de la Font-Robert et le polymorphisme de l’outillage Ă  dos (pointes de la Gravette, Ă©lĂ©ments tronquĂ©s et lamelles Ă  dos), traduisant les choix techniques d’une mĂȘme tradition adaptĂ©s Ă  un mĂȘme environnement climatique.

Les premiĂšres phases du Gravettien s’organisent alors suivant une double structure typologique Font-Robert / Gravette / Noailles ou FlĂ©chette / Gravette / Noailles, permettant de gommer la double lacune visible, dans le schĂ©ma classique de D. Peyrony entre le PĂ©rigordien IV Ă  pointes de la Gravette et le PĂ©rigordien V3 Ă  burins de Noailles, Ă  l’abri Pataud, Ă  Roc de Combe, au Flageolet I et Ă  l'abri du Facteur (Tursac, Dordogne).

[réf. nécessaire]

Le Gravettien moyen

L’abri Pataud montre, pour la premiĂšre fois, la succession stratigraphique et typologique Gravettien de faciĂšs Noaillien / Gravettien de faciĂšs Rayssien[21]. Cette substitution des burins de Noailles par les burins du Raysse autorise Ă  rejeter l’hypothĂšse de spĂ©cialisation fonctionnelle des sites et Ă  envisager l’hypothĂšse de l’évolution technique d’une mĂȘme tradition typologique visant au mĂȘme rĂ©sultat, la production en sĂ©rie de microlamelles dans un contexte plus clĂ©ment.

En l’état actuel des connaissances, en se basant exclusivement sur les sites rĂ©cemment fouillĂ©s, il n’existe pas de niveaux intermĂ©diaires entre le Gravettien de faciĂšs indiffĂ©renciĂ© et le Gravettien de faciĂšs Noaillien. Il n’existe pas non plus de niveau intermĂ©diaire entre le Gravettien de faciĂšs Rayssien et le Gravettien de faciĂšs LaugĂ©rien.

Le Gravettien récent et tardif

Avec le Gravettien rĂ©cent de faciĂšs LaugĂ©rien, on assiste Ă  une nouvelle rupture typologique : diminution des grattoirs et des burins au profit des pointes et micropointes de la Gravette, et disparition des burins de Noailles et du Raysse. L’analyse statistique conduit Ă  dĂ©gager deux types basĂ©s sur un rapport IBd/IBt infĂ©rieur Ă  l’unitĂ© dans la phase A et supĂ©rieur Ă  l’unitĂ© dans la phase B. D’autres indices Ă©volutifs, comme la dĂ©croissance des pointes de la Gravette et des burins sur troncature retouchĂ©e, la croissance des burins diĂšdres, souvent multiples, et l’apparition des lames retouchĂ©es dans le type B, montrent que le Gravettien rĂ©cent de faciĂšs LaugĂ©rien s’engage dans un processus conduisant au Gravettien tardif de faciĂšs ProtomagdalĂ©nien, traduisant l’aboutissement ultime de cette Ă©volution et terminant le cycle gravettien (supĂ©rioritĂ© des burins sur les grattoirs et des burins diĂšdres sur les types sur troncature retouchĂ©e, raretĂ© des pointes de la Gravette, abondance des lames retouchĂ©es et des lamelles Ă  dos).

Les sites gravettiens de référence

En France, les sites gravettiens de référence sont : l'abri Pataud, Laugerie-Haute Est, la Gravette (Bayac), la Ferrassie et le Flageolet I (Bézenac) en Dordogne (Périgord) ; le Roc de Combe et l'abri des Peyrugues (Orniac) dans le Lot (Quercy), l'abri du Blot en Haute-Loire (Auvergne), les grottes d'Arcy-sur-Cure dans l'Yonne (Bourgogne)[22]. Malheureusement, quelques-uns de ces sites sont encore inédits, prÚs de 20 ans aprÚs leurs fouilles.

Des données complémentaires sont fournies par les sites des Jambes (Périgueux), de la Rochette (Saint Léon-sur-VézÚre), de Corbiac (Bergerac)[23], de l'abri Labattut[24], du Trou de la ChÚvre (Bourdeilles)[23], de l'abri du Facteur (Tursac)[25] et de Maldidier (La Roque-Gageac)[26] en Dordogne ; du Roc de Gavaudun, de l'abri Peyrony (Gavaudun), de Roquecave (Gavaudun), de Métayer (Gavaudun) et du plateau Cabrol (Saint-Front-sur-Lémance)[27] dans le Lot-et-Garonne ; du Roc de Cavart (Montcabrier), des Fieux[28] (Miers) et de la Bergerie[29] (Saint-Géry) dans le Lot ; de l'abri des Battuts (Penne) dans le Tarn ; de la grotte de Bassaler-Nord[30] (Brive) en CorrÚze (Limousin) ; des abris I et II des Vachons en Charente ; de Laraux et des Plumettes (Lussac) dans la Vienne ; du Cirque de la Patrie (Ormesson) en Seine-et-Marne ; et de l'ßle de Bréhat en Bretagne, avec des données stratigraphiques et typologiques de valeur inégale.

Notes et références

  1. (en) Maria Teschler-Nicola, Daniel Fernandes, Marc HĂ€ndel et al., Ancient DNA reveals monozygotic newborn twins from the Upper Palaeolithic, Communications Biology 3, 650, 2020, doi.org/10.1038/s42003-020-01372-8.
  2. « Analysis of ancient bones reveals Stone Age diet details », sur phys.org, UniversitĂ© de TĂŒbingen (consultĂ© en ).
  3. François Djindjian, « Burin de Noailles, burin sur troncature et sur cassure : statistique descriptive appliquĂ©e Ă  l'analyse typologique », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 74, no 5,‎ , p. 145-154 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  4. [Schulting et al. 1997] (en) Rick J. Schulting, Erik Trinkaus, Tom Higham, Robert Hedges, Michael Richards et Bernice Cardy, « A mid-upper Palaeolithic human humerus from eel point, south Wales, UK », Journal of Human Evolution, vol. 48, no 5,‎ , p. 493–505 (PMID 15857652, DOI 10.1016/j.jhevol.2005.02.001, lire en ligne [PDF] sur gowerbonecaves.org.uk, consultĂ© en ).
  5. (en) Constance Holden, « Neandertals and Climate », Science, vol. 303, no 5659,‎ , p. 759 (DOI 10.1126/science.303.5659.759a, S2CID 220102720).
  6. [Bogucki 1999] (en) Peter I. Bogucki, The Origins of Human Society, Malden (Mass.) / Oxford (UK), Blackwell Publications, (présentation en ligne), p. 95.
  7. (en) Heather Pringle, « Ice Age Communities May Be Earliest Known Net Hunters », Science, vol. 277, no 5330,‎ , p. 1203–1204 (DOI 10.1126/science.277.5330.1203, S2CID 128873468, lire en ligne [sur academia.edu]).
  8. [Pettitt et al. 2003] (en) Paul B. Pettitt, Michael Richards, Roberto Maggi et Vincenzo Formicola, « The Gravettian burial known as the Prince ("Il Principe"): new evidence for his age and diet », Antiquity, vol. 77, no 295,‎ , p. 15-19 (DOI 10.1017/S0003598X00061305, lire en ligne [sur researchgate.net]), p. 15.
  9. [Richards et al. 2005] (en) Michael P. Richards, Roger M. Jacobi (en), Joanna Cook, Paul B. Pettitt et Christopher Brian Stringer, « Isotope evidence for the intensive use of marine foods by Late Upper Palaeolithic humans », Human evolution, Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, vol. 49, no 3,‎ , p. 390-394 (PMID 15975629, lire en ligne [sur academia.edu]).
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