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Dame de Brassempouy

La Dame de Brassempouy, appelĂ©e aussi Dame Ă  la Capuche, est une figurine en ivoire reprĂ©sentant une tĂȘte humaine, datĂ©e du PalĂ©olithique supĂ©rieur (Gravettien, 29 Ă  22 000 ans AP).

Dame de Brassempouy
Dame de Brassempouy ou Dame Ă  la capuche.
Dame de Brassempouy ou Dame Ă  la capuche.
Type Statuette
Dimensions hauteur : 3,65 cm
largeur : 1,9 cm
profondeur : 2,2 cm
Matériau Ivoire
Fonction ?
Période Paléolithique supérieur
Culture Gravettien (vers 25 000 AP)
Date de découverte 1894
Lieu de découverte Grotte du Pape à Brassempouy (Landes)
CoordonnĂ©es 43° 37â€Č 43″ nord, 0° 42â€Č 37″ ouest
Conservation Musée d'archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye
Fiche descriptive M.A.N. no 47 019
GĂ©olocalisation sur la carte : Landes
(Voir situation sur carte : Landes)
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(Voir situation sur carte : France)
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DĂ©couverte en 1894 en France, dans la commune landaise de Brassempouy par le prĂ©historien Édouard Piette, cette reprĂ©sentation iconique (de) de la PrĂ©histoire constitue l’une des plus anciennes reprĂ©sentations rĂ©alistes d'un visage humain, et sans doute mĂȘme la plus ancienne connue.

DĂ©couverte

Brassempouy est un petit village du dĂ©partement des Landes, sur le territoire duquel se trouvent deux gisements parmi les plus anciennement explorĂ©s en France, distants d’une centaine de mĂštres, la « galerie des HyĂšnes » et la « grotte du Pape ».

Statuettes féminines de Brassempouy (salle Piette au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye).

Cette derniĂšre est explorĂ©e dĂšs 1881 par Pierre-Eudoxe Dubalen puis par Joseph de Laporterie et Édouard Piette Ă  partir de 1894. La date des premiĂšres fouilles explique le peu d’attention portĂ© initialement Ă  la stratigraphie du site. NĂ©anmoins, Édouard Piette dĂ©crit des niveaux attribuĂ©s au SolutrĂ©en supĂ©rieur et moyen puis, Ă  la base, une couche pour laquelle il proposa le qualificatif d’« Ă©burnĂ©en » en raison de l’abondance des fragments d’ivoire[1]. C’est dans ces niveaux, aujourd'hui rattachĂ©s au Gravettien, qu’il recueille plusieurs fragments de statuettes fĂ©minines ou des figurines comme la « Dame Ă  la Capuche » dĂšs 1894. Il en fait don au musĂ©e des AntiquitĂ©s nationales de Saint-Germain-en-Laye en 1902.

Édouard Piette rapproche ces statuettes des reprĂ©sentations animales du MagdalĂ©nien des PyrĂ©nĂ©es ou des figures de l'Égypte antique (notamment la perruque). FrappĂ© de cet aspect Ă©gyptien, il demande l'opinion de Gaston Maspero qui Ă©lude la question. Saisi Ă©galement par la beautĂ© de la Dame de Brassempouy, il se demande aussi s'il ne s'agit pas d'un faux mais se convainc rapidement de son authenticitĂ©, si bien qu'il publie les dĂ©couvertes de ces VĂ©nus dans diffĂ©rentes revues dĂšs 1892[2]. Piette inaugure la tradition des naturalistes, ethnographes et prĂ©historiens du XIXe siĂšcle consistant, avec leur lecture Ă©volutionniste et racialiste, Ă  qualifier les figures fĂ©minines du palĂ©olithique de vĂ©nus stĂ©atopyges, en rĂ©fĂ©rence Ă  Saartjie Baartman, la prĂ©tendue VĂ©nus hottentote[3].

Description

La Dame de Brassempouy a Ă©tĂ© taillĂ©e dans de l'ivoire de mammouth. Elle est haute de 3,65 cm, longue de 2,2 cm et large de 1,9 cm. « Contrairement aux autres reprĂ©sentations fĂ©minines sculptĂ©es du Gravettien connues sous l'appellation impropre de « vĂ©nus », qui ont souvent une tĂȘte trĂšs schĂ©matique, la dame de Brassempouy, qui avait peut-ĂȘtre des fonctions religieuses et symboliques analogues, se distingue par son visage exceptionnellement dĂ©fini, grĂące Ă  la maĂźtrise par le sculpteur de diffĂ©rentes techniques (incision, perforation, raclage, polissage) »[4]. Bien que les yeux soient Ă  peine visibles (yeux enfoncĂ©s en amande Ă  la pupille[5] finement gravĂ©e, et qui semblent dĂ©rober le regard) et la bouche absente, le large visage de forme subtriangulaire, aux traits fins bien dessinĂ©s, le front bien net, les pommettes hautes, les arcades sourciliĂšres bien marquĂ©es se raccordant Ă  un nez fin et rectiligne, le menton menu mais saillant surmontant un cou gracile, le quadrillage de la parure de tĂȘte, tĂ©moignent de la virtuositĂ© des artistes du PalĂ©olithique supĂ©rieur[6].

Une fissure verticale sur le cĂŽtĂ© droit du visage est liĂ©e Ă  la structure du morceau d'ivoire utilisĂ©. Sur la tĂȘte, un quadrillage formĂ© d’incisions perpendiculaires a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ© comme une perruque, une capuche, une rĂ©sille ou plus simplement une figuration de la chevelure (tressĂ©e). Son visage porte des stries ou scarifications Ă©voquant des tatouages ou un maquillage[7]. Elle est appelĂ©e « dame », cependant, rien ne prouve que ce ne puisse pas ĂȘtre la reprĂ©sentation d'un visage d'homme.

L'Ă©tude de la fracture de son cou suggĂšre qu'elle ne rĂ©sulte pas d'une cassure, ce qui laisse penser que cette tĂȘte n'a jamais Ă©tĂ© rattachĂ©e Ă  un corps similaire Ă  celui des autres statuettes[8].

Datation

MĂȘme si sa dĂ©couverte est intervenue trop tĂŽt pour que son contexte soit Ă©tudiĂ© avec toute l’attention qu’il mĂ©ritait, il ne fait guĂšre de doute que la Dame de Brassempouy Ă©tait associĂ©e Ă  une industrie du PalĂ©olithique supĂ©rieur, le Gravettien (–29 / −22 000 BP) et sans doute plus prĂ©cisĂ©ment le Gravettien moyen Ă  burin de Noailles (–26 / −24 000 BP).

Elle est plus ou moins contemporaine des autres « VĂ©nus » prĂ©historiques (Lespugue, Dolni Vestonice, Willendorf, etc.) mais s’en dĂ©marque nettement par le caractĂšre rĂ©aliste de la reprĂ©sentation, mĂȘme si cette derniĂšre ne figure sĂ»rement pas une femme en particulier, mais plutĂŽt une image symbolique de la femme[8].

Postérité

Le quadrillage sur la tĂȘte et le regard Ă  peine visibles gomment toute expressivitĂ© au visage, si bien que cette figurine s'est prĂȘtĂ©e aux projections de l'esprit et a donnĂ© lieu Ă  une pluralitĂ© d'interprĂ©tations possibles. Ce visage qui est parmi les premiers messages humains des peuples palĂ©olithiques, est ainsi devenu une reprĂ©sentation iconique de la PrĂ©histoire[8] alors qu'il Ă©tait Ă  l'Ă©poque de son Ă©laboration probablement subversif car il n'a pas Ă©tĂ© retenu comme un canon de la beautĂ© par les artistes du Gravettien et des Ă©poques ultĂ©rieures[9].

Exposition

Agrandissement réalisé par Roselyne Conil, visible sur le toit de la « Maison de la Dame ».

La Dame de Brassempouy est conservĂ©e au MusĂ©e d'archĂ©ologie nationale, Ă  Saint-Germain-en-Laye (inventaire M.A.N. no 47 019). Elle ne fait pas partie de l’exposition permanente mais est dĂ©sormais visible[10] dans la salle Piette, ouverte au public en .

À Brassempouy, se trouvent diffĂ©rents objets dĂ©couverts au cours des fouilles menĂ©es sur le site de la grotte du Pape. Ces piĂšces sont prĂ©sentĂ©es Ă  la Maison de la Dame, un espace musĂ©ographique consacrĂ© au site archĂ©ologique de Brassempouy et Ă  la collection de moulages de statuettes palĂ©olithiques offerte au musĂ©e par Henri Delporte. Cette collection regroupe des copies des neuf statuettes de Brassempouy mais aussi de la VĂ©nus de Lespugue, de la VĂ©nus de Willendorf ou encore des figurines de Malt'a, Grimaldi, DolnĂ­ Věstonice


Philatélie

La Dame de Brassempouy a fait l'objet de l'Ă©mission d'un timbre français le , sous le nom La VĂ©nus de Brassempouy. Elle est reprĂ©sentĂ©e de profil vers la gauche, en sĂ©pia et bistre, sa valeur faciale est de 2 francs[11] - [12]. Elle fut reproduite par le dessinateur de timbres Georges BĂ©temps. Deux cachets premier jour furent Ă©mis ce jour-lĂ , l'un Ă  Brassempouy et l'autre Ă  Saint-Germain-en-Laye. Ils sont illustrĂ©s du mĂȘme visuel que le timbre. Ce visuel a Ă©tĂ© repris le pour le centenaire de l'invention dans un cachet temporaire Ă  Brassempouy.

La RĂ©publique du Mali a Ă©mis en 1994 un timbre de 15 francs CFA reprĂ©sentant la Dame de Brassempouy de trois quarts[13].

Il existe en outre trois flammes d'oblitération :

  • deux Ă  Amou, chef-lieu de canton de Brassempouy ;
    • une Ă©mise en , illustrĂ©e de la Dame Ă  la capuche ;
    • une Ă©mise en pour le centenaire de l'invention, non illustrĂ©e ;
  • une Ă  Liart Ă©mise le , illustrĂ©e de la Dame Ă  la capuche et de la tĂȘte d'Édouard Piette.

Notes et références

  1. Édouard Piette, L’époque Ă©burnĂ©enne et les races humaines de la pĂ©riode glyptique, Saint-Quentin, Imp. Charles Poette, , 27 p..
  2. (en) Randall White, « The Women of Brassempouy: A Century of Research and Interpretation », Journal of Archaeological Method and Theory, vol. 13, no 4,‎ , p. 250-303 (DOI 10.1007/s10816-006-9023-z).
  3. Claudine Cohen, Femmes de la préhistoire, Belin, , p. 47.
  4. Marc Azéma, Laurent Brasier, Le beau livre de la préhistoire. De Toumaï à Lascaux 4, Dunod, , p. 166.
  5. En particulier celle de droite.
  6. Henri Delporte, L'image de la femme dans l'art préhistorique, Picard, , p. 27.
  7. MichĂšle Bimbenet-Privat, exposition « Le bain et le miroir », MusĂ©e de la Renaissance, chĂąteau d’Ecouen, 2009.
  8. François Bon, « Pourquoi faire l'histoire de la dame à la capuche ? », sur lhistoire.fr, .
  9. François Bon, « La dame à la capuche, premier visage de la préhistoire », magazine Faire l'histoire, 2022, 13 min 30 sec.
  10. calendrier des visites, sur le site du musée d'Archéologie nationale.
  11. no 1868 du catalogue Yvert et Tellier, tome 1.
  12. Image.
  13. no 642 du catalogue Yvert et Tellier, tome 2, 3e partie.

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages scientifiques

  • Claudine Cohen, La femme des origines : images de la femme dans la prĂ©histoire occidentale, Paris, Belin - Herscher, , 191 p. (ISBN 2-7335-0336-7)
  • Henri Delporte, Brassempouy : La grotte du Pape, station prĂ©historique : Il y a 20000 ans, l'art, Association culturelle de Contis, , 74 p. (BNF 34640119)
  • Henri Delporte, L'image de la femme dans l'art prĂ©historique, Paris, Picard, , 287 p. (ISBN 2-7084-0440-7)
  • Henri Delporte (dir.), La Dame de Brassempouy : ses ancĂȘtres, ses contemporaines, ses hĂ©ritiĂšres. Actes du colloque de Brassempouy (juillet 1994), UniversitĂ© de LiĂšge, ERAUL 74, 1995
  • Jean-Pierre Duhard, RĂ©alisme de l'image fĂ©minine palĂ©olithique, Paris, CNRS Éditions, coll. « Cahiers du Quaternaire » (no 19), , 242 p. (ISBN 2-271-05077-4, lire en ligne)
  • Catherine Schwab, La collection Piette : MusĂ©e d'archĂ©ologie nationale, chĂąteau de Saint-Germain-en-Laye, Paris, RĂ©union des musĂ©es nationaux, , 126 p. (ISBN 978-2-7118-5512-4), notice no 48, p. 102

Romans historiques

  • Paul PerrĂšve, La Dame Ă  la capuche : roman, Paris, Olivier Orban, , 273 p. (ISBN 2-85565-244-8)
  • (oc) Joan-MiquĂšu Dordeins, La Dauna deu capulet / La dĂČna del capulet, Gradignan, Princi Negre, , 36 p. (ISBN 2-905007-21-4) (en occitan gascon et languedocien)

ƒuvres musicales

ƒuvres littĂ©raires

  • FrĂ©dĂ©ric SudupĂ©, TĂȘte Ă  tĂȘte avec la Dame de Brassempouy : variations, Dax, Éditions Passiflore, , 172 p. (ISBN 9782379460241)

Articles connexes

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

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