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Grottes de Gargas

Les grottes de Gargas[N 1] [ÉĄaÊÉĄas], appelĂ©es parfois grotte des mains mutilĂ©es, sont situĂ©es sur la commune d'Aventignan, dans le dĂ©partement français des Hautes-PyrĂ©nĂ©es.

Grottes de Gargas
(ou grotte des mains mutilées)
vue intérieure de la grotte (avant 1910)
par FĂ©lix RĂ©gnault
Localisation
Coordonnées
43° 03â€Č 19″ N, 0° 32â€Č 10″ E
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Massif
Vallée
Vallée de la Neste
Voie d'accĂšs
RD 26
Caractéristiques
Type
calcaire
Longueur connue
700 m
Température
11 °C
Occupation humaine
gravettien ancien
Patrimonialité
Site web
Géolocalisation sur la carte : Hautes-Pyrénées
(Voir situation sur carte : Hautes-Pyrénées)
GĂ©olocalisation sur la carte : Occitanie
(Voir situation sur carte : Occitanie)
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées
(Voir situation sur carte : Pyrénées)
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)

C'est l'une des plus célÚbres grottes ornées du Paléolithique supérieur en Europe.

Situation

La grotte de Gargas est située dans le sud-est de la commune d'Aventignan, dans le département français des Hautes-Pyrénées en Midi-Pyrénées, région Occitanie, à km au nord-ouest de Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne)[1].

Histoire

AprÚs l'occupation préhistorique développée plus bas, il semble que la galerie inférieure ou/et le porche de la grotte se soit comblé aprÚs le départ des gravettiens. Subséquemment, la grotte est restée inaccessible pendant une trÚs longue période.

Les traces de nouvelles incursions humaines datent du XVe siÚcle : des graffitis datant de cette période attestent de visites humaines dans la grotte. Les parois de Gargas conservent de nombreuses traces dont la date précise n'est pas connue : graffitis, dessins de croix et d'arbalÚtes, formule chrétienne d'imploration accompagnée d'un nom


Connue par la tradition populaire locale probablement depuis la fin du Moyen Âge, la grotte est mentionnĂ©e pour la premiĂšre fois en 1575 par François de Belleforest, puis dĂ©crite de maniĂšre explicite et dĂ©taillĂ©e en 1758 par Marc-François de Lassus.

Fouilles

La grotte a fait l'objet de recherches scientifiques dĂšs la fin du XIXe siĂšcle, notamment de fouilles par É. Cartailhac et H. Breuil. De 1884 Ă  1887, FĂ©lix RĂ©gnault y dĂ©couvre les « oubliettes », cheminĂ©es naturelles remplies d’ossements du dĂ©but du Quaternaire, et trouvre les empreintes de mains en 1906.

Félix Régnault devant l'entrée de la grotte de Gargas.

Occupation préhistorique

L'analyse des différentes couches de dépÎt accumulées sur le sol de la grotte révÚle outre l'activité et la présence humaine, un usage par les animaux, principalement des ours. On retrouve d'ailleurs de nombreux ossements de plantigrades réutilisés par les femmes et les hommes utilisant cette grotte[2].

  • CrĂąne de loup (Canis lupus) trouvĂ© par FĂ©lix RĂ©gnault —MHNT
    CrĂąne de loup (Canis lupus) trouvĂ© par FĂ©lix RĂ©gnault —MHNT
  • Incisive de bovidĂ© percĂ©e – Gravettien - coll. FĂ©lix RĂ©gnault – MHNT
    Incisive de bovidĂ© percĂ©e – Gravettien - coll. FĂ©lix RĂ©gnault – MHNT
  • Industrie lithique – Gravettien - coll. FĂ©lix RĂ©gnault – MHNT
    Industrie lithique – Gravettien - coll. FĂ©lix RĂ©gnault – MHNT
  • Poinçon sur os abrasĂ© – Gravettien - coll. FĂ©lix RĂ©gnault – MHNT
    Poinçon sur os abrasĂ© – Gravettien - coll. FĂ©lix RĂ©gnault – MHNT

La grotte de Gargas a livrĂ© des indices d'occupations (ossements, industrie lithique, art mobilier) allant du MoustĂ©rien au Moyen-Âge mais elle est surtout cĂ©lĂšbre pour ses peintures et gravures du PalĂ©olithique supĂ©rieur.

Le niveau chùtelperronien est marqué par une association lithique faite de formes moustériennes, de pointes du type de Chùtelperron, de « lames à gorges » et de grattoirs du « type de Tarté ». Cette association a également été rencontrée à Chùtelperron, Germolles, la Roche-au-Loup, la Ferrassie et Haurets (Ladaux)[3] - [4].

Art pariétal

Mains négatives réalisées au pochoir, dont certaines avec doigts tronqués

Les peintures comportent 231 empreintes[5] de mains nĂ©gatives rĂ©alisĂ©es par la technique du pochoir. Ces mains sont rouges (ocre) ou noires (oxyde de manganĂšse), des deux sexes, allant du nourrisson Ă  l'adulte. Dans prĂšs de la moitiĂ© des cas, les doigts sont rĂ©duits Ă  une phalange (Ă  l'exception du pouce, toujours complet), ce qui a donnĂ© lieu Ă  de nombreuses hypothĂšses : mutilations volontaires selon l'abbĂ© Henri Breuil (amputations rituelles en signe de deuil ou pratiques profanes pour punir un dĂ©lit ou marquer l'appartenance[6], pour des rites d'initiation chamanique[7]), pathologies (lĂšpre, maladie de Raynaud)[8], gelures (hypothĂšse invalidĂ©e par la prĂ©sence systĂ©matique de pouces complets), etc. Une signification symbolique est Ă©galement proposĂ© par des chercheurs (hypothĂšse d'AndrĂ© Leroi-Gourhan (1967) d'un code de chasseurs[9], reprise par Marc Groenen (1988)[10], hypothĂšse de la signature du clan ou de l'artiste selon Michel Lorblanchet[11]), les diffĂ©rentes images Ă©tant obtenues en repliant un ou plusieurs doigts. Ces empreintes Ă©taient faites au moyen d'un mĂ©lange d'oxyde de fer et de manganĂšse broyĂ©s et de graisse animale, ce mĂ©lange Ă©tant projetĂ© autour de la main appliquĂ©e contre la paroi[12].

En 1991 Jean Clottes remarque de nombreuses esquilles osseuses insĂ©rĂ©es dans les fissures dans et autour du « panneau des mains », de façon similaire Ă  celles trouvĂ©es dans la grotte magdalĂ©nienne d'EnlĂšve Ă  Montesquieu-AvantĂšs. Une datation au carbone 14 rĂ©alisĂ©e sur une de ces esquilles donne une date proche de 27 000 ans BP, ce qui indique une frĂ©quentation de la grotte Ă  l'Aurignacien tardif ou au Gravettien ancien (Gravettien Ă  burins de Noailles). Cette date est pratiquement la mĂȘme que celle obtenue pour une main nĂ©gative de la grotte Cosquer, oĂč l'on trouve aussi des mains nĂ©gatives Ă  doigts incomplets ; noter qu'elle ne donne pas pour autant l'Ăąge des peintures elles-mĂȘmes, qui doit ĂȘtre corroborĂ© par d'autres datations[13]. Si les peintures sont bien de cette pĂ©riode, elles ont sensiblement le mĂȘme Ăąge que celles de la Grande grotte du site d'Arcy-sur-Cure.

De nombreuses gravures figuratives sont également présentes dans d'autres parties de la cavité, accompagnées de signes. Les animaux figurés les plus fréquents sont le cheval, le bison, l'aurochs, le bouquetin et le mammouth.

Protection

Grottes de Gargas, lithographie de Gorse (XIXe siĂšcle).

La grotte est classée Monument historique en 1910[14] - [15].

Tourisme

À partir des premiĂšres annĂ©es du XIXe siĂšcle, Gargas est un point de visite des excursionnistes parcourant les PyrĂ©nĂ©es, dans un mouvement prĂ©coce d'exploitation touristique du site.

De nos jours, les grottes de Gargas sont ouvertes au public[16]. Dans un souci de conservation, le nombre de places est limité et la réservation obligatoire.

Notes et références

Notes

  1. Le pluriel montre que les grottes de Gargas sont connues de longue date. Autrefois, le mot grotte désignait indifféremment une grotte ou une salle souterraine. Les grottes étant généralement composées de plusieurs salles, on parlait des grottes au pluriel. Le pluriel atteste d'une certaine ancienneté dans la fréquentation des grottes. Bien qu'il fasse partie intégrante de l'histoire des cavités, ce pluriel n'est aujourd'hui plus compris et tend à disparaßtre.

Références

  1. « Grotte(s) de Gargas, carte interactive » sur Géoportail.
  2. Jaubert, Jacques, 1957- ..., Bordes, Jean-Guillaume, 1972- ..., Ortega, Iluminada. et Société préhistorique française., Les sociétés du Paléolithique dans un grand Sud-Ouest de la France : nouveaux gisements, nouveaux résultats, nouvelles méthodes : journées SPF, Université Bordeaux 1, Talence, 24-25 novembre 2006, Paris, Société préhistorique française, (ISBN 978-2-913745-37-7 et 2913745377, OCLC 470621346, lire en ligne), « La grotte de Gargas (Aventignan, Hautes-Pyrénées) : nouvelles perspectives de recherche et premiers résultats sur les occupations gravettiennes. », pp. 301-324
  3. [Peyrony 1922] Denis Peyrony, « Nouvelles observations sur le MoustĂ©rien final et l'Aurignacien infĂ©rieur », Compte-rendu de l'Association Française pour l'Avancement des Sciences,‎ . CitĂ© dans Pesesse 2018, paragr. 15.
  4. [Pesesse 2018] Damien Pesesse, « Le PĂ©rigordien, quelle erreur ! », PalĂ©o, no 29,‎ , p. 179-199 (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consultĂ© en ), paragr. 15.
  5. « AprÚs 27.000 ans, les mains n'ont pas pris une ride », sur ladepeche.fr, .
  6. Henri Breuil et Émile Cartailhac ont initialement pensĂ© Ă  des doigts repliĂ©s mais ont abandonnĂ© cette hypothĂšse face aux Ă©checs rĂ©pĂ©tĂ©s dans leurs expĂ©riences pour reproduire fidĂšlement ces mains.
  7. Jean Clottes, J. David Lewis-Williams, Les chamanes de la préhistoire. Transe et magie dans les grottes ornées, Seuil, , p. 110.
  8. Ali Sahly, Les mains mutilées dans l'art préhistorique, M.T.E, , 319 p..
  9. AndrĂ© Leroi-Gourhan, « Les mains de Gargas : essai pour une Ă©tude d'ensemble », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française,‎ , p. 114 (lire en ligne).
  10. Marc Groenen, « Les reprĂ©sentations de mains nĂ©gatives dans les grottes de Gargas et de Tibiran », Bulletin de la SociĂ©tĂ© Royale Belge d’Anthropologie et de PrĂ©histoire, vol. 99,‎ , p. 81–113 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  11. Michel Lorblanchet, Les grottes ornées de la préhistoire. Nouveaux regards, Errance, , 287 p. (ISBN 2-87772-112-4, présentation en ligne).
  12. Claudine Cohen, « La prĂ©histoire en images, l’art pariĂ©tal et le thĂšme de la main », sĂ©ance publique de l’AcadĂ©mie des beaux-arts, 7 mars 2012.
  13. Jean Clottes, HĂ©lĂšne Valladas, HĂ©lĂšne Cachier et Maurice Arnold, « Des dates pour Niaux et Gargas », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 89, no 9,‎ , p. 270-274 (lire en ligne [PersĂ©e], consultĂ© le ).
  14. Le Muséum de Toulouse et l'invention de la Préhistoire, 2010 (ISBN 978-2-906702-18-9)
  15. « Grotte de Gargas », notice no PA00095329, base Mérimée, ministÚre français de la Culture
  16. « Les grottes de Gargas », sur grottesdegargas.fr (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Pascal Foucher, Cristina San Juan-Foucher et Yoan Rumeau, La grotte de Gargas. Un siĂšcle de dĂ©couvertes, Ă©d. CommunautĂ©s de Communes du Canton de Saint-Laurent-de-Neste, , 128 p. (prĂ©sentation en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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  • Ressource relative Ă  l'architecture :
  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopĂ©die gĂ©nĂ©raliste :
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