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Chaman

Le chaman, la chamane ou shaman, est une personne « considĂ©rĂ©e par sa tribu ou son groupe comme l’intermĂ©diaire ou l’intercesseur entre les humains et les esprits » (toute chose est esprit selon les autochtones d'AmĂ©rique. Tout est sacrĂ©, ou prĂ©cieux). Le terme est arrivĂ© en Europe par le biais d'explorateurs qui ont pu voyager en Chine via la SibĂ©rie grĂące Ă  l'ambassade russe de Pierre Ier.

Chamane pygmée.
Chamane de la forĂȘt amazonienne.

Il a une perception du monde que l’on qualifie aujourd’hui d’holistique dans son sens commun ou animiste (voir Ă©galement les thĂ©ories GaĂŻa). Le chaman est Ă  la fois « sage, thĂ©rapeute, conseiller, guĂ©risseur et voyant ». Il « est » l’initiĂ© ou le dĂ©positaire de la culture, des croyances, des pratiques du chamanisme, et d’une forme potentielle de « secret culturel ». On le trouve principalement dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles oĂč il arbore des parures spĂ©cifiques et pratique souvent dans un certain secret. Le terme Chaman est propre Ă  certains peuples de SibĂ©rie, il a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ© pour simplification, les natifs d'AmĂ©rique du Nord utilisent plus souvent le terme d'homme ou femme mĂ©decine.

L'Ă©mergence du chaman en tant qu'agent dans une sociĂ©tĂ© peut dĂ©pendre d'une relation idĂ©ologique entre les ĂȘtres humains et les ĂȘtres spirituels, qu'ils soient Ă©quivalents ou transcendants. De ce fait, une sociĂ©tĂ© peut reposer sur des idĂ©es chamaniques sans avoir besoin de chamanes, comme dans le cas des AĂŻnu[1].

Étymologie

Ce terme provient du toungouse (evenki ?) ĆĄamĂĄn, probablement par l'intermĂ©diaire du russe chaman « prĂȘtre, mĂ©decin, magicien[2] ». DiffĂ©rentes dĂ©finitions caractĂ©risent ainsi le chamane comme une personne qui possĂšde la connaissance, ou pour certains auteurs, un homme rĂ©unissant les attributs de sacrificateur, de mĂ©decin et de magicien. La forme fĂ©minine de ce terme usuellement retenue dans la littĂ©rature correspond au russe chamanka[3]. Une confusion avec le terme sanskrit à€¶à„à€°à€źà€Ł (ƛramaáč‡ĂĄ, qui dĂ©signait des ascĂštes) a laissĂ© penser que les deux termes avaient une source commune, mais il n'en est rien[4].

Le mot chamane apparaßtrait notamment en 1672 dans l'autobiographie d'Avvakoum Petrovitch, dirigeant du clergé conservateur russe, exilé en Sibérie en 1661 par le tsar Alexis Ier :

« Il obligea un indigĂšne Ă  faire le ĆĄaman [chamane], c'est-Ă -dire le devin : l'expĂ©dition sera-t-elle heureuse, et reviendront-ils victorieux ? Ce manant de magicien, prĂšs de ma cabane, amena sur le soir un bĂ©lier vivant et se mit Ă  pratiquer sur lui sa magie. AprĂšs l'avoir tournĂ© et retournĂ©, il lui tordit le cou et rejeta la tĂȘte au loin. Puis il commença Ă  sauter et danser et Ă  appeler les dĂ©mons. Enfin, avec de grands cris, il se jeta Ă  terre, et l'Ă©cume sortit de sa bouche. Les dĂ©mons le pressaient, et il leur demandait : « L'expĂ©dition rĂ©ussira-t-elle ? » Et les dĂ©mons dirent : « Avec grande victoire
 » (
) J'eus pitiĂ© d'eux : mon Ăąme voyait qu'ils seraient massacrĂ©s
 Sa troupe a Ă©tĂ© massacrĂ©e
 »

— Avvakoum Petrovitch, La vie de l'archi-prĂȘtre Avvakum Ă©crite par lui-mĂȘme, 1672, trad. du russe par Pierre Pascal, Gallimard, 1938

Fonction au sein des sociétés traditionnelles

Chamane bouriate sur l'Ăźle d'Olkhon

Le rÎle est assumé par des hommes ou des femmes avec des fonctions trÚs variées dans les sociétés traditionnelles, incluant la direction de la tribu, l'élaboration et la direction des rituels, la guérison par sa connaissance des plantes ou une action psychique directe, l'enseignement, le conseil. Ces rÎles sont souvent combinés.

Les aptitudes supposées des chamanes sont, entre autres, une perception extrasensorielle; des pouvoirs psychiques variables suivant les traditions et l'individualité du chamane (télépathie, prescience, vision à de grandes distances, divination...) ; en tant que psychopompe, il relie le monde des morts, l'au-delà, à celui des vivants par une série de transformations personnelles, parfois par l'emploi de substances psychotropes, guidés par un chamane plus ancien, selon une relation Maßtre-Disciple.

Le ou la chamane a acquis une certaine popularité pour un public des sociétés modernes en recherche d'expériences mystiques ou aprÚs la lecture des livres de Carlos Castaneda. Ainsi, les offres d'initiations chamaniques à base de substance psychotrope comme l'ayahuasca et l'iboga, par exemple, ont fait la une des journaux, provoquant des débats et polémiques liés à leur nocivité avérée[5] - [6] et les possibles difficultés que pourraient rencontrer des citadins européens qui s'engageraient aveuglément dans de telles pratiques.

Comment devient-on chamane ?

Les chamanes sont souvent des personnes reconnues comme tels dĂšs la naissance ou trĂšs tĂŽt dans l'enfance. C'est parfois liĂ© Ă  une particularitĂ© physique, au fait d’ĂȘtre sujet Ă  des crises d’épilepsie, au fait d’avoir guĂ©ri d’une maladie grave[7]. Cela peut ĂȘtre aussi liĂ© Ă  une expĂ©rience personnelle vĂ©cue par le jeune, comme le fait d’avoir entendu un appel lors d’un rĂȘve ou d’une quĂȘte de vision[8]. Selon la reprĂ©sentation des populations concernĂ©es, ce sont les esprits qui dĂ©signent le chamane, non le jeune ou sa famille qui en dĂ©cide. Ce peut ĂȘtre hĂ©rĂ©ditaire ou liĂ© Ă  une lignĂ©e, l'enfant Ă©tant par exemple habitĂ© ou visitĂ© par l'esprit d'un ancĂȘtre de sa famille qui Ă©tait chamane lui-mĂȘme.

Dans certaines cultures, le chamanisme est plus spécifiquement féminin, comme en Corée. Bernard Saladin d'Anglure, sur la base d'analyses portant sur des chamanes inuits les voit comme des « passeurs de frontiÚre », pouvant naviguer entre les mondes spirituel et matériel et correspondant à un troisiÚme genre distinct du masculin et du féminin[9]. L'accession au chamanisme passe parfois par une « mort symbolique » chez les humains et par une renaissance chez les esprits[10] - [11].

Le heyoka : un clown chamane

Dans plusieurs cultures, un type particulier de chamane existe, le clown chamane ou Heyoka. Parfois assimilĂ© Ă  un clown sacrĂ©, on le rencontre notamment chez les sioux Lakota des grandes plaines d'AmĂ©rique du Nord. Le heyoka est Ă  la fois un chamane et une sorte de bouffon : un ĂȘtre qui parle, agit et rĂ©agit d'une maniĂšre opposĂ©e Ă  celle des personnes « normales », s'habillant lĂ©gĂšrement quand il fait froid et inversement. On les reprĂ©sente parfois assis Ă  l'envers sur leur cheval. Ces clowns sacrĂ©s ont l'autorisation dans certaines cultures de profaner les choses considĂ©rĂ©es les plus sacrĂ©es. « Les fous de dieu sont libres »[12]. Ils sont parfois rattachĂ©s Ă  des sociĂ©tĂ©s secrĂštes, la False Face Society chez les Iroquois, la Crazy Lodge chez les Arapaho[13]. Leurs comportements transgressifs et leur statut de marginaux ont amenĂ© les anthropologues nord-amĂ©ricains Ă  les dĂ©signer sous le terme « les contraires »[14]. Ils sont souvent associĂ©s au tonnerre et non Ă  un esprit animal[15].

Chamanes et modernité

Selon la vision Ă©cologique actuelle, la relation entre l'homme et le spirituel peut ĂȘtre idĂ©alisĂ©e dans la symbiose entre l'homme et la nature, et une nouvelle vision de l'animisme, qui suggĂšre l'Ă©galitĂ© spirituelle des humains et de la nature (voir Spirituel mais non religieux), gagne de l'influence[1].

Ainsi, on peut constater que divers phénomÚnes impliquant des chamans ont été reconstruits au fur et à mesure que les visions du monde traditionnelles ont été modernisées[1].

Notes et références

  1. Takako Yamada, An anthropology of animism and shamanism /, Akadémiai Kiadó,, c1999., 165 p. (ISBN 978-963-05-7683-3, lire en ligne)
  2. Informations lexicographiques et étymologiques de « Chaman » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  3. « Nouvelles annales des voyages, de la géographie et de l'histoire », p. 289
  4. (en) « Shamanism, Shaman Beliefs and Spirituality », important.ca
  5. « Colombie : Le rite indigÚne du yagé a tué un jeune britannique », sur Actu Latino, (consulté le )
  6. Cairn - Ayahuasca : une synthĂšse interdisciplinaire
  7. Walsh, Roger N., The world of shamanism : new views of an ancient tradition, Llewellyn Publications, , 325 p. (ISBN 978-0-7387-0575-0 et 0-7387-0575-6, OCLC 145388594, lire en ligne)
  8. « QuĂȘtes de vision | l'EncyclopĂ©die Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consultĂ© le )
  9. Bernard Saladin d'Anglure, « Du fƓtus au chamane: la construction d'un « troisiĂšme sexe » inuit », Études/Inuit/Studies, vol. 10, nos 1/2,‎ , p. 25–113 (ISSN 0701-1008, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. Alexandre Guillemoz, « ConfĂ©rence de M. Alexandre Guillemoz », Annuaires de l'École pratique des hautes Ă©tudes, vol. 100, no 96,‎ , p. 90–92 (lire en ligne, consultĂ© le )
  11. Bernard Saladin d'Anglure, « La construction de l'identitĂ© chamanique chez les Inuit du Nunavut et du Nunavik », Études/Inuit/Studies, vol. 25, nos 1/2,‎ , p. 191–215 (ISSN 0701-1008, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. Jean Pichette et Piroska Nagy, « Les fous du roi dans un monde de pions », LibertĂ©, no 316,‎ , p. 36–38 (ISSN 0024-2020 et 1923-0915, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. Loisy, Jean de, (1957- ...).,, Jacomijn Snoep, Nanette,, Hell, Bertrand, et Musée du Quai Branly (Paris), (exposition, Paris, musée du Quai Branly, 11 avril-29 juillet 2012, Bonn, Kunst- und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland, 31 août-2 décembre 2012, Madrid, Fundació la Caixa, 7 février-19 mai 2013), Les maßtres du désordre : [exposition, Paris, Musée du quai Branly, 11 avril-29 juillet 2012, Bonn, Kunst-und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland, 31 août-2 décembre 2012, Madrid, Fundació la Caixa, 7 février-19 mai 2013], Paris, Musée du Quai Branly, dl 2012, 443 p. (ISBN 978-2-35744-056-2, 2-35744-056-2 et 978-2-7118-5931-3, OCLC 801022490, lire en ligne), p. 122-137
  14. Janik, Vicki K., "The Heyoka of the Sioux". Fools and jesters in literature, art, and history : a bio-bibliographical sourcebook, Greenwood Press, (ISBN 0-313-03357-9 et 978-0-313-03357-5, OCLC 636139236, lire en ligne), p. 246-248
  15. Dominique Aujollet, « ConfrĂ©ries guerriĂšres et confrĂ©ries de rĂȘveurs chez les Sioux Lakota », Journal de la sociĂ©tĂ© des amĂ©ricanistes, vol. 83, no 1,‎ , p. 283–293 (lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Anne de Sales,
    • « Chamanes et bouffons (NĂ©pal et SibĂ©rie) », in Études mongoles et sibĂ©riennes : Variations chamaniques 2, Nanterre, Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative, 1995
    • Je suis nĂ© de vos jeux de tambour. La religion chamanique des Magar du Nord, Nanterre, SociĂ©tĂ© d’ethnologie, 1991
    • « Chamanes sibĂ©riens et amazoniens : mĂȘme combat ? », Terrain. Anthropologie et sciences humaines,‎ (ISSN 0760-5668, DOI 10.4000/terrain.16597, lire en ligne, consultĂ© le )
    • « « Secrets de Terrain » : Anne et les tambours des chamanes Kham-Magar », sur The Conversation (consultĂ© le )
  • Corine Sombrun, Journal d'une apprentie chamane, Pocket, 2004. Amazonie
  • Alessandra Orlandini Carcreff, Chamanismes, 2019 - PrĂ©face d'Olivier Truc, Liberfaber.com, produit-chamanismes - Liberfaber
  • (fr) Charles StĂ©panoff et Thierry Zarcone, Le Chamanisme de SibĂ©rie et d’Asie centrale, coll. « DĂ©couvertes Gallimard » (no 579), 2011
  • Jean-Patrick Costa, Les Chamans hier et aujourd’hui, 2001, Éditions AlphĂ©e, 2007. Ethnopharmacien spĂ©cialiste des mĂ©decines traditionnelles et du chamanisme, Jean-Patrick Costa a vĂ©cu trois ans en Amazonie.
  • Laurence Delaby, Aperçu sur le chamanisme des Toungouses aux XVIIe – XVIIIe siĂšcles en SibĂ©rie, in Transe, chamanisme, possession (Actes des IIe Rencontres internationales de Nice, 24 au ), Nice, Éditions Nice-Animations, 1986 ; in Études mongoles et sibĂ©riennes : Bataclan chamanique raisonnĂ© 2, Nanterre, Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative, 1998
  • Laurent Di Filippo, « Le chaman de l’ours : une figure du “healer [soigneur]” nordique dans les jeux en ligne », dans Catherine Allamel-Raffin, Sylvie Allouche, Jean-Luc Gangloff, Vincent Hellfrich, Informaticiens et mĂ©decins dans la fiction contemporaine. Exploration 3, Strasbourg, NĂ©othĂšque, (ISBN 978-2-35525-352-2, lire en ligne)
  • Michel Perrin, Le Chamanisme, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1995
  • Mircea Eliade, Le Chamanisme et les techniques archaĂŻques de l'extase (1951), nouvelle Ă©dition 1968, Payot
  • Roberte Hamayon,
    • La Chasse Ă  l'Ăąme. Esquisse d'une thĂ©orie du chamanisme Ă  partir d'exemples sibĂ©riens, Nanterre, SociĂ©tĂ© d'ethnologie, 1990. Roberte Hamayon : professeur Ă©mĂ©rite EPHE, monde bouriate (Mongolie & SibĂ©rie).
    • Pour en finir avec la « transe » et l'« extase » dans l'Ă©tude du chamanisme, in Études mongoles et sibĂ©riennes : Variations chamaniques 2, Nanterre, Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative, 1995
  • Philippe Lenaif, Naissance d'un chaman, Ă©d. Souffle d'Or, 2004
  • Sophie A. de Beaune, Chamanisme et prĂ©histoire, un feuilleton Ă  Ă©pisodes, L'Homme, 147, 1998, p. 203-219
  • Chamanismes et arts prĂ©historiques. Vision critique (sous la dir. de M. Lorblanchet, J.-L. Le Quellec, P.G. Bahn, H.P. Francfort et B. et G. Delluc), 2006, Ă©d. Errance, Paris, 335 p.
  • Aurore Laurent et Adrien Viel, Trois chamans : Rencontres chamaniques au NĂ©pal, Éditions NaĂŻve, 2014 (voir Filmographie)

Bande dessinée

  1. Pluie d'orage, 1983 (ISBN 2-8036-0410-8) — Prix des lecteurs de BĂ©dĂ©sup, catĂ©gorie « meilleur album de western »
  2. La Danse du soleil, 1984 (ISBN 2-8036-0442-6)
  3. L'Arbre de vie, 1985 (ISBN 2-8036-0496-5)
  • Shaman King (manga)
  • Aru, l'enfant sorcier de Alain CheneviĂšre, 1994 (ISBN 2-01-019838-7)

Filmographie

  • D'autres mondes (documentaire sur les approches chamaniques et le Transpersonnel), 2004, documentaire par Jan Kounen
  • Blueberry, l'expĂ©rience secrĂšte
  • Le Chamane, son neveu et le capitaine (Philippines), film de Pierre Boccanfuso, 2007, 88 min
  • Chamane des Andes : la tradition chamane chez les descendants des Incas, film d'Emmanuel Tronquart et Michel Noll, ICTV, Paris, Solferino images-Pueblos de America, 2007, 48 min (DVD)
  • Le Dernier Chaman d'Ewenke ă€Šé„‚æž©ć…‹æœ€ćŽçš„èšæ»Ąă€‹, 100 min, 2012, de Han Kaichen (éŸ©ć‡Żè‡Ł), fiction racontant la vie rĂ©elle d'une Evenks romancĂ©e, basĂ©e sur des documents ethnologiques
  • Les Deux Fils du chamane (Philippines), film de Pierre Boccanfuso, 1998, 56 min
  • Fils du Ciel, film du rĂ©alisateur Enkhtaivan Agvaantseren (Idugan Entertainment, 2012)
  • La Nuit du Shaman (NĂ©pal), film de VĂ©ra Frossard, L'Harmattan, Paris, 2008, 52 min (DVD)
  • Rencontre avec un chamane (SibĂ©rie), film de Marc Jampolsky, Gedeon programmes, Paris, 2007, 52 min (DVD)
  • 3 Chamans (NĂ©pal), film de Aurore Laurent et Adrien Viel, Paris, 2014, 77 min (DVD) — « Centre d’études himalayennes - PrĂ©sentation du film : "3 Chamans" », sur vjf.cnrs.fr (consultĂ© le )

Articles connexes

Liens externes

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