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Joik

Le joik (prononciation : /joik/[1]) est le chant traditionnel du peuple autochtone sami. Issus des traditions chamaniques, exĂ©cutĂ© a cappella, parfois accompagnĂ© du tambour traditionnel, le joik est d’abord un chant Ă  vocation spirituelle avant de devenir un mode d’expression du peuple sami Ă  la fin du XXe siĂšcle.

Tradition

Le joik traditionnel se divise en trois grands styles de chant : le « luohti », le « vuolle » et le « leu’dd » selon l’origine gĂ©ographique des tribus samies qui l’ont crĂ©Ă©. Le chant, qui peut prendre des formes extrĂȘmement variĂ©es, laisse une large place Ă  l’improvisation du chanteur, appelĂ© le joikeur.

Un joik a pour fonction de dĂ©crire l’essence d’une personne, d’un lieu ou d’un animal. Ainsi, chaque homme ou femme sami possĂšde sa mĂ©lodie qui est en quelque sorte son « portrait musical ». La caractĂ©ristique principale des joiks est l’utilisation de syllabes rĂ©pĂ©tĂ©es Ă  plusieurs reprises. Si certains joiks sont constituĂ©s de vĂ©ritables textes comprĂ©hensibles, il existe Ă©galement des formes dans lesquelles aucun mot n’est distinct, mais qui sont composĂ©es de murmures, d’interjections et d’imitations de cris animaux scandĂ©s sur une pulsation[2]. Construit sur une Ă©chelle pentatonique, le joik porte les caractĂ©ristiques des styles de chants gutturaux des peuples montagnards. Il prĂ©sente des similitudes importantes avec les chants traditionnels amĂ©rindiens ou encore avec les chants de gorge des peuples inuits ou des peuples d’Asie centrale.

Colonisation et christianisation

La colonisation opĂ©rĂ©e par les missionnaires chrĂ©tiens au dĂ©but du XIXe siĂšcle (Ă  commencer par celle de Lars Levi Laestadius, qui a donnĂ© naissance Ă  une branche spĂ©cifique du christianisme nordique, la branche « laestadienne ») a placĂ© les Samis devant la triste rĂ©alitĂ© du gĂ©nocide culturel. En 1685, sous l’influence de l’Église de NorvĂšge, la plupart des tambours chamaniques — unique instrument d’accompagnement du joik — sont brĂ»lĂ©s. La prohibition, pendant prĂšs de 300 ans, du joik et du tambour chamanique aurait pu avoir dĂ©finitivement raison de la tradition samie. Cependant, de nombreux chants sont parvenus jusqu’à nos jours grĂące aux Samis qui ont continuĂ© Ă  les chanter malgrĂ© l’interdiction.

Renouveau

La production discographique sami connaĂźt un dĂ©veloppement important depuis la parution en 1968 du premier disque enregistrĂ© par un artiste saami : l’album Joijuka, de Nils-Aslak ValkeapÀÀ – appelĂ© ÁillohaĆĄ en same du Nord. Les travaux de Nils seront pour beaucoup dans la renaissance du joik. À la fin des annĂ©es 1980, la reconnaissance internationale dont a bĂ©nĂ©ficiĂ© la chanteuse Mari Boine a permis Ă  la cause saami de se faire entendre Ă  travers ses textes engagĂ©s et militants et des mĂ©lodies Ă©lectro-acoustiques. Ce nouveau style d’interprĂ©tation des chants traditionnels saami inspirera toute une gĂ©nĂ©ration de nouveaux artistes : Wimme, Transjoik, Ulla PirttijĂ€rvi, Sofia Jannok ou Jon Henrik FjĂ€llgren.

Le groupe de folk finlandais Shaman a une forte inspiration samie[3]. Cependant, lors du renommage du groupe en Korpiklaani, l'influence samie s'atténue pour laisser place à une inspiration folk metal.

Notes et références

  1. Prononciation en finnois retranscrite phonémiquement selon la norme API.
  2. StĂ©phane Aubinet, « Chanter les territoires SĂĄmi dans un monde plus-qu’humain », L'Information GĂ©ographique, vol. 81,‎ , p. 220-237 (lire en ligne)
  3. Interview de Korpiklaani, le 23 juin 2007.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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