Ithyphallique
Ithyphallique est un adjectif qui désigne celui qui a un phallus (pénis en érection). Ce terme s'applique surtout en ce qui concerne des représentations, le plus souvent de façon symbolique.
Représentations ithyphalliques
- Parmi les figurations pariétales de la grotte de Lascaux (culture du paléolithique supérieur), la scène du Puits comporte un homme au sexe érigé, entre un bison et un rhinocéros.
- Dans la mythologie égyptienne, le dieu Min est représenté ithyphallique, en tant que dispensateur du pouvoir sexuel. C'est là un signe de fertilité et de fécondité.
- Dans la mythologie grecque, c'est Priape qui est représenté de cette façon. Mais un grand nombre de monnaies archaïques montrent d’autres personnages ou animaux en érection : des satyres (à Thasos et à Lété), des ânes (à Mendé), des termes (à Amphipolis, à Corinthe, à Sestus), Silène (à Naxos), Pan (à Abdère), Hermès (à Imbros), Phalantos (à Tarente), et même Zeus (à Corinthe).
Dans l'antiquité grecque, les colonnes ou piliers hermaïques (du dieu Hermès, protecteur des voyageurs), installées à la croisée des chemins, étaient fréquemment ithyphalles, pour les mêmes raisons de protection.
À Délos, le temple de Dionysos, un stibadeïon, était entouré de colonnes ithyphalliques, mutilées depuis, dont seules les bases ont survécu.
La scène du Puits dans la grotte de Lascaux Min, divinité ithyphallique égyptienne Vase grec à décoration ithyphallique, Ferrare, Museo di Spina. Hermès ithyphallique. Vers 520 av. J.-C, Musée d'Athènes.
- Dans la mythologie romaine cette divinité se nomme Mutunus Tutunus[1], bien qu'il soit souvent cité sous le nom Priape. On reconnaît Priape par son gigantesque pénis constamment en érection.
On appelle Ithyphalle une amulette de forme phallique ou encore une représentation de phallus, que l'on portait autour du cou chez les Romains, notamment les enfants. En effet, ces amulettes avaient une fonction apotropaïque, c'est-à-dire qu'elles protégeaient du mauvais œil ou du mauvais sort. Cette fonction de protection était partagée par les phallus, parfois ailés ou munis de clochettes (tintinnabulum), que les Romains suspendaient à l'entrée des maisons, dont on peut voir des exemples au Musée archéologique national de Naples.
Esclave nain ithyphallique portant deux paniers. Terre cuite, Myrina (Mysie), (Ier siècle av. J.-C.) Statuette du dieu Priape (Ier siècle), Amiens, Musée de Picardie. Brasero tripode de bronze aux satyres ithyphalliques, Musée archéologique de Naples (cabinet secret). Tintinnabulum de bronze, Musée de Naples (cabinet secret). Monnaie de l'empereur Septime Sévère (193-211) à l'effigie du dieu Priape.
- Dans la mythologie hindoue, le lingam ou linga (en sanskrit लिङ्गं, liṅgaṃ, « signe ») est un objet dressé, souvent d'apparence phallique, représentation de Shiva et de l'énergie masculine[2].
- Dans la mythologie japonaise, le Kanamara Matsuri (かなまら祭り, fête du pénis de fer) est une fête de la religion shinto qui se déroule chaque année à Kawasaki pour célébrer la fertilité. Hōnen Matsuri est une autre célébration du phallus au Japon.
Kanamara Matsuri, fête du pénis de fer.
Littérature
On retrouve également le terme « ithyphallique » dans le poème d'Arthur Rimbaud, Le Cœur supplicié :
« Ithyphallique et pioupiesques
Leurs insultes l'ont dépravé ;
À la vesprée, ils font des fresques
Ithyphallique et pioupiesques ;
Ô flots abracadabrantesques,
Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé !
Ithyphallique et pioupiesques
Leurs insultes l'ont dépravé ! »
— Arthur Rimbaud, Le Cœur supplicié, poésie 1870-1871
Ce terme ici permet d'évoquer le narrateur qui aurait eu contre son gré des relations sexuelles avec des militaires pendant la Commune.
Voir aussi
Articles connexes
- Lingam
- Le Cœur supplicié d'Arthur Rimbaud
- Kanamara Matsuri — fête régionale japonaise du culte du phallus.
- Priapisme.
Liens externes
Notes et références
- Dumas et Fürdös 2012, p. 36
- Dictionnary of Hinduism par W.J. Johnson publié par Oxford University Press, page 93, (ISBN 9780198610250)