ExtrĂŞme droite en France
L’extrême droite en France est une notion abstraite associée à une partie de la classe politique française, en évolution depuis la Révolution française jusqu'à nos jours. Pour l'historienne Ariane Chebel d'Appollonia, « le terme a été appliqué à tant d'opinions ou de programmes politiques différents qu'une signification claire et acceptée par tous reste aléatoire »[1].
Au-delà de cette diversité, on peut tout de même retenir quelques traits récurrents de l'extrême droite française, souvent opposée au régime républicain : une droite de refus, de rejet. Rejet des institutions gouvernementales ou constitutionnelles, remise en cause de l'ensemble des institutions civiles, administratives, sociales, économiques et religieuses. Condamnant le matérialisme, le capitalisme, comme le collectivisme[2], son objectif à long terme est d'instaurer un ordre nouveau, politique, social, économique, parfois culturel et religieux.
Mais au sein de l'extrême-droite peuvent s'opposer des courants religieux et athée, libéraux ou rigoristes… Selon Ariane Chebel d'Appollonia, « L'extrême-droite ne peut être perçue qu'en fonction d'une époque et des problèmes posés à un moment particulier de l'histoire, tant il est vrai qu'une force politique est tout autant reflet d'une philosophie politique donnée que témoignage de l'état de la société »[3]. L'extrême droite française n'échappe pas à cette règle. En effet, plusieurs courants politiques s'y sont classés au cours de l'histoire de France : boulangisme, nationalisme, fascisme, populisme… chacun ayant sa propre doctrine et ses propres modes d'action, parfois similaires, parfois totalement opposés.
Histoire
Avant 1945
L'expression apparaît dans les années 1820 pour désigner les partisans ultras de la Restauration qui considèrent que les institutions et élites mènent au chaos selon l'historien Nicolas Lebourg[4]. La bataille de Sedan et la fin du Second Empire font passer les bonapartistes du côté de la droite[5]. Néanmoins, bonapartistes comme monarchistes disparaissent peu à peu pour laisser place au nationalisme, dont « le boulangisme a dressé l'acte de naissance » et « l'Affaire Dreyfus son acte de baptême » selon l'historien René Rémond[6].
Au cours de l’Affaire Dreyfus, l’extrême droite est antidreyfusarde. Le premier apogée de l'extrême droite intervient pendant les années 1930 et au début des années 1940, au travers du succès des différentes ligues. Les idées d’extrême droite trouvent leur consécration avec le régime de Vichy, de 1940 à 1944. Certains membres et sympathisants des ligues ou des mouvements monarchistes d'avant-guerre deviennent collaborationnistes par antimarxisme, antiparlementarisme et/ou antisémitisme, d’autres rejoignent les mouvements de résistance à l'Occupation[7] par nationalisme et antigermanisme.
Après 1945
Depuis la conférence de Yalta, qui aurait mis au point selon eux un « partage du monde », certains mouvements classés à l'extrême droite défendent l'antiaméricanisme.
Après-guerre, l'extrême droite reste marginale sur la scène politique. L'existence d'organisations revient à la fin de la guerre d'Algérie dans les années 1960 avec l'OAS, Occident puis Ordre nouveau ou le GUD, jusqu'en 1972, date à laquelle Jean-Marie Le Pen fonde le Front national. Le parti ne pèse guère aux élections à ses débuts, et ce n'est qu'à partir des années 1980 que le FN commencera son ascension.
La peur d'un coup d'État d’extrême droite disparaît avec l'alternance de 1981, qui se déroule sans incident[8].
Idées politiques
La plupart des mouvements d'extrĂŞme droite sont anticommunistes.
Les mouvements d'extrême droite en Europe sont souvent accusés de racisme et de xénophobie en raison de leur hostilité générale à l'immigration et des positions ouvertement racistes revendiquées par certains d'entre eux. Ils partagent la haine d'un ennemi commun, d'un bouc émissaire qui aurait changé au cours du XXe siècle : le juif au début du XXe siècle, l'immigré de nos jours, ce qui est théorisé par la thèse conspirationniste du Grand remplacement, développée par Renaud Camus, et son corollaire la remigration, c'est-à -dire l'expulsion par la force ou par la peur de « l'étranger ». Selon Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, « « L’étranger » a surtout les traits du musulman. L’islamophobie se trouve « au cœur du logiciel idéologique » de presque chacun des activistes d’ultra-droite ». La haine s'étend également aux institutions, à « l'Establishment », à la « classe politique ». Le tout conjugué à « une fascination pour la violence » et un « virilisme » opposé au féminisme et à l'homosexualité, considérés comme « traitres », « symptômes de la décadence des sociétés occidentales orchestrée par leurs propres dirigeants ».
Il y a de grandes nuances dans les différents courants. L’antisémitisme de néofascistes comme Yvan Benedetti n'est pas partagé par tous, tout comme le monarchisme de l’Action française de Charles Maurras ou le survivalisme de l'Action des forces opérationnelles (AFO). Selon Jean-Yves Camus et Nicolas Lebourg, autre spécialiste de l'extrême droite, les attentats de Paris de novembre 2015 et celui du 14 juillet 2016 à Nice ont servi de catalyseur à certains groupuscules d'extrême droite qui se considèrent en guerre, une partie d'entre eux voulant recourir à la violence, six attentats ayant été déjoués entre 2017 et 2021. Pour Marion Jacquet-Vaillant, docteure en science politique, « à partir de 2015, la figure de l’immigré, qui était assimilée à celle de la racaille, est associée à celle de l’islamiste ». Une frange de l'extrême droite est déçue par le Rassemblement national « pour qui désormais tout individu peut devenir français à condition de s’assimiler », et pour Jean-Yves Camus « ils restent ethno-différentialistes et considèrent que certaines populations, en raison de leur origine ethnique ou de leur religion, ne sont pas assimilables à la nation française », tel le groupe Génération identitaire dissous en 2021[9].
Typologie
Le politologue Thomas Guénolé, engagé à gauche et exprimant donc ce point de vue, distinguait en 2014 quatre types de courants dans la famille d'extrême-droite française : l'extrême-droite poujadiste, l'extrême-droite souverainiste, l'extrême-droite traditionaliste et l'extrême-droite raciste. Ces quatre familles correspondent respectivement d'après lui, sous forme radicalisée, aux familles de la droite française que sont la droite libérale, la droite gaulliste, la droite morale et la droite sécuritaire[10]. L'extrême droite serait donc seulement une version radicalisée de la droite classique.
En 2014 également, à l'occasion du retour dans l'actualité politique de la question de ce qui fait la nature commune à l'extrême-droite sous ses diverses formes et qui la distingue de la droite classique, une définition est donnée par un groupe d'historiens et spécialistes de politique, également engagés à gauche. Selon eux, la caractéristique centrale est l'organicisme, c'est à dire la société conçue comme un être vivant, qui donc est fondée à se défendre contre les corps étrangers susceptibles de l'attaquer comme le font les microbes pour un organisme.
« Les extrêmes droites véhiculent une conception organiciste de la communauté qu'elles désirent constituer (que celle-ci repose sur l'ethnie, la nationalité ou la race) ou qu'elles affirment vouloir reconstituer. Cet organicisme implique le rejet de tout universalisme au bénéfice de l'« autophilie » (la valorisation du « nous ») et de l'« altérophobie » (la peur de « l'autre », assigné à une identité essentialisée par un jeu de permutations entre l'ethnique et le culturel, généralement le cultuel). Les extrémistes de droite absolutisent ainsi les différences (entre nations, races, individus, cultures). Ils tendent à mettre les inégalités sur le même plan que les différences…[11]. »
— Collectif, Le FN, un national populisme
.
Au sein de ce collectif, il existe des divergences. Jean-Yves Camus voit de surcroît deux marqueurs importants : la récusation des « idées phares des Lumières » et un « nationalisme exclusif ». Pour Pierre-André Taguieff, le principal marqueur n'est pas dans les idées, mais plutôt dans la façon intolérante de les affirmer, le refus du débat et de la possibilité d'évoluer[12]. L'extrême droite serait alors fondamentalement distincte de la droite classique.
Mais c'est surtout, selon ce dernier :
« une étiquette politique polémique, plutôt qu’une catégorie conceptuellement élaborée ou un modèle d’intelligibilité utilisable dans les travaux savants »
.
Très concrètement, il s'agit d'abord simplement d'une place dans l'hémicycle.
Groupes d’extrême droite en France
Mouvance identitaire et Nouvelle Droite
- Les Identitaires (2003)
- GRECE (1968)
- Carrefour de l'horloge (1974)
- Institut Iliade
- Terre et Peuple (1994)
- Mouvement national républicain (MNR) (1999), scission du Front national
- Nissa Rebela (2005), mouvement proche des Identitaires
- Alsace d'abord (1989) et Jeune Alsace (2006)
- Parti de la France (PdF) (2009), scission du Front national
- Ligue du Sud (2010), scission du Front national
- Ligue du Midi (2011)
- Souveraineté, identité et libertés (2011)
- SOS Chrétiens d'Orient (2013)
- Mouvement national-démocrate (2020), successeur de Dissidence française
- Asla (2021), issu de Génération identitaire[13]
- ReconquĂŞte (2021)
Nationalisme
- Front national (FN) (1972) depuis renommé le Rassemblement national et Front national de la jeunesse, depuis renommé Génération nation.
- Parti nationaliste français (PNF) (1983)
- AGRIF (1984)
- Parti national radical (2001)[14]
- Adsav (2000), nationalisme breton
- Les Patriotes (2017), scission du Front national
- Vengeance patriote (2018)
- L'Avenir français (2021)
- Les Localistes (2021)
NĂ©ofascisme
- Bastion social (2017), successeur du GUD, dissous par le gouvernement en 2019 mais réapparu sous une forme décentralisée
Catholicisme traditionaliste
- Association Action doctrinale et politique (1958-1961)
- Civitas : Des groupes religieux interviennent dans les débats de société (avortement, mariage homosexuel, etc.). Civitas, aussi connu sous le nom de France Jeunesse Civitas ou Institut Civitas, est un mouvement social et politique français qui se définit lui-même comme un « lobby catholique traditionaliste »[15], un mouvement « engagé dans l’instauration de la Royauté sociale du Christ sur les nations et les peuples en général, sur la France et les Français en particulier ». Civitas est une organisation propagandiste qui forme des militants aux techniques de diffusion idéologique : prise de parole en public, organisation de réunions, lancement d'associations, comment mener une action concrète, etc.[16] Ce groupe est proche des catholiques intégristes[17] et milite clairement à l'extrême droite de l'échiquier politique[18]. Il est très fortement lié avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X fondée par l'évêque Marcel Lefebvre en 1970[19].
NĂ©onazisme
- Breizh Atao (1919)
- La section française de Truppenkameradschaft IV, groupe austro-allemand[20]
- Werwolf[21]
Fascisme et néofascisme
- Le Faisceau (1925-1928)
- Front national ouvrier paysan (1933-1934)
- Solidarité française (1933-1939)
- Parti franciste (1933-1944)
- Parti populaire français (1936-1945)
- Mouvement social révolutionnaire (1940-1944, issu de La Cagoule)
- Rassemblement national populaire (1941-1944)
- Phalange française (1955-1958)
Mouvance identitaire
- Jeune Bretagne (2008-2014)
- Dissidence française (2011-2020)
- Génération identitaire (2012-2021), dissoute par le gouvernement
- L'Alvarium (2017-2021), dissoute par le gouvernement
Nationalisme
- Ligue des patriotes (1882- ?)
- Jeunesses patriotes (1924-1936)
- Jeune Nation (1949-1958)
- Front national des combattants (1957-1958)
- Parti nationaliste (1958-1959)
- Front Algérie française (1960)
- Front national pour l'Algérie française (1960)
- Front nationaliste (1961-?)
- Occident (1964-1968)
- Œuvre française (1968) et Jeunesses nationalistes (2011); dissoutes en 2013
- Ordre nouveau (1969-1973)
- Parti des forces nouvelles (1974-1984)
- Alliance populaire (1992-1995)
- Parti national républicain (1995-1999)
Nationalisme révolutionnaire et Solidarisme
- Mouvement jeune révolution (1966-1972)
- Groupes action jeunesse (1973-1978)
- Union solidariste (1975-1976)
- Groupes nationalistes révolutionnaires (1976-1978)
- Mouvement nationaliste révolutionnaire (1979-1985) et Jeune Garde (1984-1985)
- Troisième Voie (1985-1992 puis 2010-2013) et Jeunesses nationalistes révolutionnaires (1987-1994 ; 2010-dissoute en 2013)
- Nouvelle Résistance (1991-1996) et Jeune Résistance (1991-1998), devenus Union des cercles résistance (1996-1998), puis Unité radicale (1998-2002)
- Réseau radical (2002-2006 ; scission du précédent)
- Mouvement d'action sociale (2008-2016), créé sous le nom de Pro Patria, il adopte son nom définitif en 2010
Nouvelle Droite et Nationalisme européen
- Europe-Action (1963-1967)
- Rassemblement européen de la liberté (1966-1969)
- Mouvement nationaliste du progrès (1966-?)
National-catholicisme et Royalisme
- Garde franque
- Association Sully
NĂ©onazisme
- Fédération d'action nationale et européenne puis Faisceaux nationalistes européens (1966-1987)
- Parti nationaliste français et européen (1987-1999)
- Elsass Korps (?-2005)
- Droite Socialiste/Parti Solidaire Français (2008-2009)
Mouvements Ă©tudiants
- Fédération des étudiants nationalistes (1960-1967)
- Groupe union défense (1968-2017)
- Union des Ă©tudiants de droite (1978-1986)
- Renouveau Ă©tudiant (1990-2000)
- Union nationale des Ă©tudiants de droite (1995-1998)
- Rassemblement Ă©tudiant de droite (2004-2009)
Groupes armés
- La Cagoule
- Organisation de l'armée secrète
- Commando Delta (1961-1978)
- Groupe d'intervention nationaliste
- Nomad 88 (2008)
- Ordre et justice nouvelle
- Front de libération nationale français (~1978)
- Comité pour l'ordre moral (~1984)
- Honneur de la Police
- Groupe Charles-Martel
- Cellule autonomiste et totalitaire Tiwaz 2882 (2004-2005)
- Justice Pieds-noirs
- Groupe Joachim Peiper (~1976)
- Armée nationale secrète (autre appellation de l'OAS-métro MIII, regroupe des anciens de Jeune Nation)
- Cellule Ordre et Justice (~1980)
- Commandos de France (~1981)
- Commandos de France contre l'invasion maghrébine (~1986)
- Groupe (ou Commando) Hermann Goëring 1973 et 1977
- Groupe Massada ~1989 (proche du PNFE)
- Groupe Odessa 1979
- Organisation autonome des néo-nazis d'action 1976
- Parti fasciste d'action révolutionnaire 1978-1980
- RĂ©sistance solidariste 1977
- Sections phalangistes de sécurité 1977
- Action Pieds-noirs
- Comité d'action fasciste 1977
- Front d'action pour la libération des Pays baltes
Les membres de revues telles le Devenir européen et Notre Europe, reprirent les thèmes de la Collaboration. Marc Frederiksen, créateur du journal Notre Europe, fut d'ailleurs condamné pour avoir publié un encart en faveur de la libération de Rudolf Hess.
La presse d'extrĂŞme-droite
De nombreux journaux d’extrême droite ont été publiés en France au début du XXe siècle : Le Nouveau Siècle (1925), Le Franciste, Les Cahiers, La Revue française, l'Action française, Combat, Plans, Je suis partout.
Le régime de Vichy a favorisé la publication de nombreux journaux d’extrême droite comme Au Pilori ou Le Petit Marseillais.
Parmi les journaux d’extrême droite publiés en France après 1944, il faut citer Paroles françaises (1946), Verbe (1949), Rivarol (1951), Fraternité française (1954), Défense de l’Occident (1952-1982), Jeune Nation (1959), Minute (1962-2020), Europe-Action (1963-1967), Militant (1967), Initiative nationale (1975-1981), Pour une force nouvelle (1982), Présent (1982), National-Hebdo (1984-2008), Alliance populaire (1994), Le Choc du mois (1987-1993, puis 2006-2011), Valeurs actuelles (1966).
Plus récemment de nouvelles revues sont apparues telles que la revue nationaliste et identitaire Synthèse nationale publiée depuis 2006, le trimestriel Réfléchir et agir.
Actions politiques de l'extrême droite française
- Création de l'association « SOS enfants d'Irak », proche du FN, et présidée par Jany Le Pen, épouse du président d'honneur du FN.
- Distribution par des associations comme « Solidarité des Français » (SdF), proche des Identitaires, ou Solidarité alsacienne, proche de la Nouvelle droite populaire, de soupe au cochon aux SDF, la soupe identitaire, écartant ainsi tout juif ou musulman qui appliquerait sa religion de façon littérale[22] - [23] - [24].
- Création du « rock identitaire français » (RIF), courant musical proche des milieux identitaires, illustré par des groupes tels qu'In Memoriam, Vae Victis, Elendil… Les textes sont identitaires mais n'ont rien à voir avec le racisme du rock anticommuniste (RAC) de groupes comme Légion 88.
- Création du « Comité d'entraide aux prisonniers européens », qui aide les nationalistes emprisonnés, proche des Identitaires.
- Création de diverses agences de presse sur internet parmi lesquelles Novopress et Altermedia.
Extrême droite et droite française
Au milieu de l'année 1937, à la suite de la victoire du Front populaire aux élections législatives de 1936, le Front de la liberté est créé notamment à l'initiative de Jacques Doriot, chef du parti populaire français, et regroupe au côté de ce parti et d'autres représentants du fascisme français et de ligues dissoutes la Fédération républicaine, parti représentant la droite républicaine conservatrice au Parlement. Cette tentative d'opposition bloc contre bloc échoue en quelques mois, les partis du centre-droit (Alliance démocratique, parti démocrate populaire) ainsi que le Parti social français refusant de s'y associer.
Une petite partie des hommes politiques de la droite française actuelle a commencé son activisme politique comme partisans de l'Algérie française (Hubert Bassot, Jean Taoussan…) ou au sein de groupuscules d'extrême droite nationalistes comme Occident (Patrick Devedjian, Gérard Longuet, Alain Madelin…). Après l'échec du Parti des forces nouvelles, certains de ces activistes rallient la droite classique (Gérard Ecorcheville, Alain Robert, Philippe Guignache, José Bruneau de la Salle, Hervé Novelli, Serge Didier, Guy Teissier…), la plupart par le biais de la « machine Albertini » ou par celui du Centre national des indépendants et paysans.
La « machine Albertini » était dirigée par Georges Albertini, ancien collaborateur cadre du Rassemblement national populaire. L'anticommunisme est leur étendard de ralliement et est selon certains le véritable seul point commun entre les libéraux de la droite et l'extrême droite. Roland Gaucher écrit à leur sujet : « un certain nombre de ces récupérés (Madelin, Ecorcheville, Van Ghell, Nicolas Tandler) sont passés par la machine à laver ultra-silencieuse de feu Albertini et de l'IST ».
Le Centre national des indépendants et paysans (le parti de centre-droit d'Antoine Pinay sous la IVe République) a également servi de point de passage vers la droite. Anti-gaulliste après les accords d'Alger, il se rapprocha du RPR en 1976. À la fin des années 1970 et pendant les années 1980, il accueillit de nombreux anciens militants de groupuscules d'extrême droite, en particulier du Parti des forces nouvelles. Alain Robert, Hervé Novelli, Philippe Guignache, Yves Van Ghele, entre autres sont passés par le CNIP avant de rejoindre la droite classique. D'autres personnalités ont transité par le CNI pour rallier ensuite le Front national comme Pierre Sergent ou Michel de Rostolan.
Par la suite, deux partis vont largement accueillir les anciens nationalistes : le RPR (Patrick Devedjian, Bruno Tellene, Jean Taoussan, Jean-Jacques Guillet…) et au sein de l'UDF, le Parti républicain (l'ancien résistant Alain Griotteray, Hubert Bassot, Alain Madelin, Gérard Longuet, Guy Tessier, Serge Didier, Hervé Novelli). Une fois ralliés à la droite, les ascensions politiques de ces personnalités seront diverses, plus ou moins couronnées de succès.
À l'inverse, des recrues de la « Nouvelle Droite » telles que Bruno Mégret et Jean-Yves Le Gallou, respectivement issus du RPR et de l'UDF, s'éloigneront de la droite « classique » pour rejoindre le FN dans les années 1980 puis fonder le MNR dans les années 2000.
Des accords ont existé localement directement entre la droite et le Front national : Jean-Pierre Stirbois a été élu en 1984 à Dreux sur une liste commune UDF-RPR-FN. De 1986 à 2004, la région Languedoc-Roussillon était administrée par Jacques Blanc avec le soutien des élus du Front national.
Depuis la percée du Front national lors des élections présidentielles de 2002 et plus encore 2017, celui-ci exerce son attraction sur la « droite de la droite » ou sur d'autres partis d'extrême droite, qui peut se traduire par des ralliements (comme Thierry Mariani), des soutiens (Christine Boutin et le Parti chrétien-démocrate) ou des alliances (comme Nicolas Dupont-Aignan et Debout la France).
Liens entre ultra-droite et forces de sécurité françaises
Le 9 avril 2018, le journal Mediapart publie un article, fruit d’une enquête menée depuis octobre 2017, affirmant que la DGSI et la SDAT s’inquiètent de la part grandissante de membres ou anciens membres des forces de sécurité, notamment des anciens militaires, liés à l’ultra-droite violente et ayant rejoint des groupuscules d’« autodéfense ». Une cinquantaine des individus suivis par la DGSI seraient des fonctionnaires de la sécurité en activité ou à la retraite, militaires, gendarmes, ou policiers[25].
Penseurs de la mouvance française d'extrême droite
Sont fréquemment cités comme penseurs et intellectuels de l'extrême droite Maurice Barrès, Édouard Drumont, Joseph de Gobineau, Pierre Drieu la Rochelle, Robert Brasillach, André Fraigneau, Lucien Rebatet, Louis-Ferdinand Céline, Henri Massis, Léon Daudet, Thierry Maulnier, Henry de Monfreid, Jacques Bainville, Pierre Boutang, Paul Sérant, Kléber Haedens, Jacques Benoist-Méchin, Marc Augier, Alphonse de Châteaubriant, René Benjamin, Jean-Pierre Maxence, Raymond Abellio, Henri Béraud, Charles Maurras, Alain de Benoist, Pierre Gripari, Jules Monnerot, Jean Mabire, Alain Soral.
Henry Charbonneau (directeur), Philippe Henriot, Paul Marion, Abel Bonnard, Paul Morand[26], Jacques de Lacretelle, Roger Vercel, Pierre Mac Orlan comptent parmi les rédacteurs du journal collaborationniste Combats (organe de la Milice).
Notes et références
- Chebel d'Appollonia 1998, p. 9.
- Chebel d'Appollonia 1998, p. 59.
- Chebel d'Appollonia 1998, p. 13.
- Assemblée nationale, « Compte rendu. Commission d’enquête sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France », sur assemblee-nationale.fr, (consulté le )
- Chebel d'Appollonia 1998, p. 15.
- René Rémond, La Droite en France, Paris, Aubier,
- On citera par exemple le Colonel Rémy (Gilbert Renault), Pierre Bénouville, Georges Valois, Philippe Leclerc de Hauteclocque, Alain Griotteray, Honoré d'Estienne d'Orves, Daniel Cordier, Paul Dungler, Jacques Renouvin, les frères d’Astier de La Vigerie ou le Colonel François de la Rocque.
- Nicolas Lebourg, Les médias, l'énarchisation du FN et la diabolisation de l’adversaire, Slate, 6 juin 2014
- Terrorisme d’ultra-droite, l’autre menace, La Croix, 21/5/2021
- Thomas Guénolé, « Manif pour tous : l'UMP de Copé s'autodétruit en se rapprochant de la cathosphère », sur Le Nouvel Observateur, (consulté le ).
- Collectif, « Le FN, un national populisme », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
- Lancelot Bédat, « « Ah, t’es d’extrême droite, toi ?! » : autopsie d’une guerre sémantique centenaire », sur LePoint.fr, (consulté le )
- Olivier Tesquet, « Alerte : le groupuscule d’extrême droite Génération identitaire bouge encore », sur Télérama, (consulté le ).
- « Parti national radical », sur www.parti-national-radical.fr
- Xavier Bonnehorgne, « Civitas, le lobby catho qui flirte avec l'extrême droite », sur Rue89 (Le Nouvel Observateur.com), (consulté le ).
- « Civitas : Qui sommes-nous ? », sur Cvitas Institut.com (consulté le ).
- AFP, « 'institut Civitas va porter plainte contre les Femen », sur Libération.fr, (consulté le ).
- AFP, « Violences de l'extrême droite : les appels à la dissolution de Civitas se multiplient », sur Le Point.fr, (consulté le ).
- Mathieu Martiniere, « Civitas, l’institut qui rêvait de rechristianiser la France », sur Slate, (consulté le ).
- Lars Rensman, Politics and Resentment: Antisemitism and Counter-Cosmopolitanism in the European Union, BRILL, 2010, 516 p. (ISBN 9789004190467) p. 295.
- Jacques Leclercq 2012, p. 168-170.
- Abel Mattioli Mestre, « L'extrême-droite remet le couvert », Libres Échanges, L'Humanité, 19 janvier 2006.
- « Au cochon ou aux saucisses, notre soupe identitaire continue ! », communiqué du .
- « 1, 2, 3 - Paris, Nice, Charleroi - Que mijotent cent soupes identitaires ! », communiqué du .
- Matthieu Suc et Marine Turchi, « Forces de l’ordre liées à l’ultra-droite violente: la DGSI s’inquiète », Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Pascal Ory, les collaborateurs, Seuil Points/Histoire 1976 p. 251
Bibliographie
- Collectif, Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 56, « Les populismes », octobre-décembre 1997, Paris, Presses de Sciences Po, [lire en ligne].
- Collectif, L'Histoire, no 219, Dossier : « L'extrême droite en France », mars 1998, p. 33-63.
- Grey Anderson, La guerre civile en France. Du coup d’État gaulliste à la fin de l'OAS, éditions La Fabrique (2018), 368 p.
- Ariane Chebel d'Appollonia, L'extrême-droite en France : de Maurras à Le Pen, Bruxelles, Éditions Complexe, coll. « Questions au XXe siècle » (no 3), , 519 p., 18 cm (ISBN 978-2-87027-764-5, BNF 37162798, présentation en ligne).
- Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka, Vichy, 1940-1944, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 68), (1re éd. 1997), 374 p. (ISBN 2-262-02229-1, présentation en ligne).
- Mathias Bernard, La guerre des droites : droite et extrême droite en France, de l'affaire Dreyfus à nos jours, Paris, Odile Jacob, , 311 p. (ISBN 978-2-7381-1982-7, présentation en ligne).
- Serge Berstein (choix de textes réunis et présentés par), Le 6 février 1934, Paris, Gallimard, Julliard, coll. « Archives » (no 59), , 257 p. (ISBN 2-07-029319-X, présentation en ligne).
- Pierre Birnbaum, « La France aux Français » : histoire des haines nationalistes, Paris, Éditions du Seuil, coll. « XXe siècle », (1re éd. 1993), 412 p. (ISBN 2-02-085913-0, présentation en ligne).
- Guy Birenbaum, Le Front national en politique, Paris, Balland, coll. « Fondements », , 358 p. (ISBN 2-7158-0889-5, présentation en ligne, lire en ligne).
- Gilles Bresson et Christian Lionet, Le Pen : biographie, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'épreuve des faits », , 477 p. (ISBN 2-02-014063-2, présentation en ligne).
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Articles
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Vidéographie
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- Histoire d'une droite extrĂŞme II. De William Karel et Fabienne Servan-Schreiber, Cineteve et la Sept/Arte 2000.
- Mains brunes sur la ville de Bernard Richard et Jean-Baptiste Malet, documentaire, 90 min, sortie en salle le 21 mars 2012, produit par La Mare (Site officiel du film)
- Caroline Fourest, Les Enragés de l'identité, documentaire, France 5, 2012, 51 min, lire en ligne et voir en ligne.
- Alexandre Spalaikovitch, Laurent Delhomme, Nouveau look, nouveaux dangers : le retour des extrémistes en Europe. France, Angleterre, Hongrie, Allemagne : plongée dans cette Europe identitaire, aux multiples visages., Yemaya Production, M6, Enquête exclusive, 15 janvier 2012, 78 min. lire en ligne et voir en ligne.
- Yves Claude, Skinheads à la droite de l'extrème, 10 septembre 2012, Canal+, Spécial investigation, 52 min, lire en ligne et voir en ligne.
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