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Georges Valois

Georges Valois, de son vrai nom Alfred-Georges Gressent, né le dans le 14e arrondissement de Paris et mort le au camp de concentration de Bergen-Belsen, était un homme politique français[3]. Recherchant une nouvelle forme d'organisation économique et sociale ainsi que la synthèse du national et du social, il a oscillé entre les radicalités de gauche et de droite.

Georges Valois
Georges Valois en 1922.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Alfred-Georges Gressent
Pseudonyme
Georges Valois
Nationalité
Activités
Autres informations
Partis politiques
Membre de
Action française‎‎
Cercle Proudhon
Confédération de l'intelligence et de la production française (d)
Lieu de détention
Distinctions
Prix Montyon ()
Prix Fabien ( et )
Archives conservées par

Biographie

Origine et jeunesse

Issu d'une famille paysanne et ouvrière, Georges Valois naît le à Paris[4]. Son père est un Normand venu s'installer à Montrouge exercer la profession de boucher. Il meurt cependant accidentellement peu après la naissance de son fils[5]. Élevé par ses grands-parents, Georges Valois quitte l'école professionnelle Boulle à 15 ans et effectue à 17 ans un séjour de plusieurs mois à Singapour[6]. Il milite d'abord dans des mouvements anarchistes, et collabore au journal L'Humanité nouvelle en tant que secrétaire d'Augustin Hamon[6]. Il devient le disciple de Georges Sorel, théoricien du syndicalisme révolutionnaire, dont il fait la connaissance en 1898[6].

Il accomplit en 1900 son service militaire où il affirme avoir « repris contact avec le vrai peuple[6] ». Il lit à la même période Maurice Barrès et Paul Bourget[6]. En 1901, il se rend en Russie dans le district de Kovno où il exerce pendant deux ans le métier de précepteur[6]. De retour en France, en 1903, il travaille comme secrétaire chez Armand Colin[6]. Il publie en 1906 L'homme qui vient, un ouvrage inspiré par la pensée de Pierre-Joseph Proudhon et de Friedrich Nietzsche[6].

Adhésion à l'Action française et création du Cercle Proudhon

Georges Valois adhère à l'été 1906 au mouvement de Charles Maurras dans lequel il voit une arme révolutionnaire contre le capitalisme. Il suit à l'Action française les questions ouvrières, et est avec Édouard Berth le maître d'œuvre du Cercle Proudhon, un groupe de réflexion créé en 1911[6], auquel contribuent également Gilbert Maire et le jeune Henri Lagrange. Georges Valois fait partie de ceux qui veulent pousser au bout la voie sociale ouverte par l'Action française. Il est une des chevilles ouvrières de la Revue critique des idées et des livres, qui regroupe jusqu'à la guerre la fine fleur des intellectuels maurrassiens.

Il prend en 1912 la direction de la Nouvelle Librairie nationale, maison d'édition de l'Action française[6].

Participation Ă  la Grande Guerre

Mobilisé lors de la Première Guerre mondiale, il sert comme chef de corps franc d' à [6]. Promu sous-lieutenant, il participe à la bataille de Verdun et est blessé grièvement en [6]. Il rédige au cours de l'année 1917 Le cheval de Troie, où il théorise l'emploi du char d'assaut et de l'aviation pour mettre fin à la guerre de positions[7].

De 1923 à 1925, Valois dirige le mensuel Les Cahiers des États généraux[8]. Le duc Jean de Guise, prétendant à la couronne de France de 1926 à 1940, fait appel à Valois, « ancien anarchiste converti au royalisme, qui avait rompu avec l'Action française en 1925 », pour servir de conseiller à son fils Henri, titré comte de Paris en [9].

Création du Faisceau puis du Parti républicain syndicaliste

Maurice Langlois-Longueville, Georges Valois et Jacques Arthuys devant la XIe chambre correctionnelle () à la suite d'une expédition du Faisceau contre les locaux de l'Action française le 14 novembre précédent.

Le , Georges Valois crĂ©e le journal Le Nouveau Siècle, un organe de presse destinĂ© Ă  mobiliser les anciens combattants[10]. La mĂŞme annĂ©e, avec les capitaux de deux industriels, le parfumeur Francois Coty[11] et le producteur de cognac Jean Hennessy[9], Georges Valois forme avec Jacques Arthuys un nouveau mouvement, le Faisceau, premier mouvement fasciste non italien. Le parti est fondĂ© le , salle Wagram, en prĂ©sence de 4 000 personnes[12]. Après la rĂ©union, 300 lĂ©gionnaires en chemise bleue se rendent sur la tombe du Soldat inconnu[6]. Les Ă©lĂ©ments les plus combatifs de l'Action française rejoignent les rangs du nouveau parti ; entre dĂ©cembre 1925 et avril 1926, 1 800 membres de l'Action française dĂ©missionnent pour adhĂ©rer au Faisceau[13].

En 1926, Charles Maurras accuse Georges Valois de bénéficier de subsides de l'Italie fasciste en vue de provoquer une guerre avec la France[14]. En représailles, le Faisceau organise une expédition punitive dans les locaux de l'Action française, rue de Rome, le 14 novembre 1926. Des coups de feu sont échangés entre fascistes et royalistes. Léon Daudet et les membres de l'Action française parviennent à repousser les assaillants jusqu'à blesser grièvement un membre du Faisceau.

Malgré l'adhésion de Hubert Lagardelle (venu de la gauche) ou de Marcel Bucard (futur fondateur du Parti franciste), le Faisceau disparaît en 1928 après de graves dissensions internes, tout comme son journal Le Nouveau Siècle.

Georges Valois crée le le Parti républicain syndicaliste et dirige jusqu'en 1932 une revue intitulée Les Cahiers bleus[6]. Il continue à diriger la Nouvelle Librairie nationale renommée librairie Valois[6].

Ralliement au distributisme et action dans la RĂ©sistance

À la suite de la crise économique des années 1930, il se rallie au distributisme et lance en 1934 le quotidien Nouvel Âge, qui circule dans les milieux non conformistes des années 1930. Il demande même, en 1935, l'adhésion à la SFIO ; malgré le parrainage de Marceau Pivert, l'adhésion lui est refusée. Il critique la politique du Front populaire et désapprouve les accords de Munich[6].

Après l'invasion de 1940, il se rend au Maroc, à Casablanca[6], où il crée un groupe clandestin et rédige Fin du bolchevisme. Arrêté en octobre 1940, il est transféré à Meknès, où il rédige L'homme devant l'éternel[6], puis à Clermont-Ferrand. Libéré en avril 1941, il s'installe à l'hôtel du Val d'Ardières aux Ardillats, dans la région lyonnaise. Il se consacre à la culture maraîchère et rédige en parallèle des brochures clandestines pour la Résistance. De nouveau arrêté le par la Gestapo, il est déporté au camp de concentration de Bergen-Belsen où il meurt du typhus le .

Publications

  • L'Homme qui vient, philosophie de l'autoritĂ©, 1906.
  • La Monarchie et la classe ouvrière, 1909 ; rĂ©Ă©d. Ars Magna Éditions, prĂ©face de StĂ©phane Blanchonnet, 500 p., 2017.
  • Les Cahiers du Cercle Proudhon, avec Édouard Berth, 1912 ; rĂ©Ă©d. Avatar, prĂ©face d'Alain de Benoist, 2008 ; rĂ©Ă©d. Kontre Kulture, prĂ©face de Pierre de Brague, 2014.
  • Le Père. Philosophie de la Famille, 1913.
  • Le cheval de Troie, rĂ©flexions sur la philosophie et sur la conduite de la guerre, 1918.
  • L'Économie nouvelle, 1919, prix Fabien de l'AcadĂ©mie française en 1920.
  • La RĂ©volution nationale : philosophie de la victoire, 1924 ; rĂ©Ă©d. La Nouvelle Librairie, prĂ©face de Guillaume Travers, 196 p., 2019.
  • La Religion de la laĂŻcitĂ© : l'enseignement de la morale Ă  l'Ă©cole laĂŻque, 1925.
  • La Politique de la victoire, 1925.
  • Le Fascisme, 1927 ; rĂ©Ă©d. Ars Magna Éditions, 190 p., 2018.
  • Basile ou la politique de la calomnie, 1927.
  • L'Homme contre l'argent : souvenirs de dix ans (1918-1928), 1928 ; rĂ©Ă©d. Presses universitaires du Septentrion, Ă©dition prĂ©sentĂ©e par Olivier Dard, 384 p., 2012.
  • Un Nouvel Ă‚ge de l'humanitĂ©, 1929.
  • Finances italiennes, 1930.
  • Économique, 1931.
  • Guerre ou rĂ©volution, 1931.
  • JournĂ©e d'Europe, 1932.
  • PromĂ©thĂ©e vainqueur ou Explication de la guerre, 1940.
  • Fin du bolchevisme (1917-1941), 1941.
  • L'Homme devant l'Ă©ternel (posthume), 1947.

Bibliographie

  • Olivier Dard (dir.), Georges Valois, itinĂ©raire et rĂ©ceptions, Bruxelles, Peter Lang, coll. « Convergences » (no 59), , 266 p. (ISBN 978-3-0343-0505-1).
  • Jean-Maurice Duval, Le Faisceau de Georges Valois, Paris, La Librairie française, .
  • Yves Guchet, « Georges Valois ou l'illusion fasciste », Revue française de science politique,‎ (lire en ligne).
  • Yves Guchet, Georges Valois : l'Action française, le Faisceau, la RĂ©publique syndicale, L'Harmattan, (1re Ă©d. 1975) (ISBN 2747512142).
  • Jean-Louis Loubet del Bayle, Les Non-conformistes des annĂ©es 1930, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (ISBN 2020487012).
  • Yves Morel, Qui suis-je ? Georges Valois, Paris, Pardès, (ISBN 9782867145858).
  • Paul SĂ©rant, Les Dissidents de l'Action française, Pierre-Guillaume de Roux, (1re Ă©d. 1978) (ISBN 9782363711625).
  • Zeev Sternhell, « Anatomie d'un mouvement fasciste en France : le faisceau de Georges Valois », Revue française de science politique,‎ (lire en ligne)
  • Zeev Sternhell, La droite rĂ©volutionnaire, 1885-1914 : les origines françaises du fascisme, Paris, Fayard, (1re Ă©d. 1978, Éditions du Seuil), 436 p. (ISBN 2-213-60581-5).
  • Zeev Sternhell, Ni droite ni gauche : l'idĂ©ologie fasciste en France, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire » (no 203), , 4e Ă©d. (1re Ă©d. 1983, Éditions du Seuil), 1075 p. (ISBN 978-2-07-044382-6).
  • (en) Allen Douglas, From Fascism to Libertarian Communism. Georges Valois against the Third Republic, University of California Press, 1992.

Notes et références

  1. « http://chsp.sciences-po.fr/fond-archive/valois-georges-alfred-georges-gressent » (consulté le )
  2. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom VALOIS Georges (consulté le )
  3. « Acte de naissance no 9558 (vue 4/31) de Alfred Georges Gressent du registre des naissances de l'année 1878 du 14e arrondissement de Paris » (consulté le )
  4. Jean Norton Cru, Témoins, PUN, 1993, p. 478 (article « Georges Valois »).
  5. Jean-Maurice Duval, Le Faisceau de Georges Valois, La Librairie française, 1979, p. 22.
  6. Jean-Claude Drouin, « Georges Valois et les Cahiers des états généraux (1923-1925) », dans Ni gauche, ni droite : Les chassés-croisés idéologiques des intellectuels français et allemands dans l’Entre-deux-guerres, Pessac, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, (lire en ligne), p. 103-121
  7. Martin Motte, « Georges VALOIS (1878-1945) », Pensées mili-terre, 2020. [lire en ligne]
  8. Notice bibliographique de Cahier des États généraux sur le site de la BnF.
  9. François Broche, Le comte de Paris, l'ultime prétendant, Perrin, 2001, p. 55 et 56.
  10. Sternhell 1976, p. 8-9.
  11. Guchet 1965, p. 1136-1138.
  12. Sternhell 1976, p. 23.
  13. Sternhell 1976, p. 10-11.
  14. Georges Valois, « Chapitre IV. Une année de fascisme pendant la grande crise de l’État français », dans L’homme contre l’argent : Souvenirs de dix ans 1918-1928, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Documents et témoignages », (ISBN 978-2-7574-2740-8, lire en ligne), p. 221–280

Voir aussi

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