Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain
L'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP) est une association française (loi de 1901) créée en 1951, quelques semaines après la mort de Philippe Pétain.
Fondation |
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Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaire |
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Historique
Comité de 1948
L'ADMP succède à un « comité d'honneur » pour la libération de Philippe Pétain, fondé au printemps 1948, le [1] ou le [2], à l'initiative de ses avocats[3]. Il est présidé par Louis Madelin, membre de l'Académie française. Le général Héring, futur président-fondateur de l'ADMP, est son secrétaire général[4]. Donnant lieu à des protestations d'anciens résistants, notamment un meeting le à la salle Wagram[5] sous la présidence de Rémy Roure[6], il est rapidement interdit.
Au reste Pétain n'en avait pas accepté la constitution car il ne pouvait « accepter que sa mise en liberté soit envisagée ou demandée tant que demeuraient en prison ceux qui n'étaient coupables que d'avoir obéi à ses ordres »[7] - [8].
Création de l'ADMP en 1951
Après la mort de Pétain en , l'ADMP est déclarée le [9] à la préfecture de police de Paris[10] - [11]. Néanmoins c'est le , date de publication de l'annonce au Journal officiel[12], qui est généralement retenu comme date de création de l'association[13] - [14] - [15] - [16].
Quelques jours après, le , le député socialiste Daniel Mayer dépose une proposition de résolution « tendant à inviter le Gouvernement à faire rechercher si “l'association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain” ne poursuit pas un objet illicite contraire aux lois et à la justice, ce qui justifierait sa dissolution »[11] - [17], résolution qui ne sera finalement pas retenue.
Son comité d'honneur comprend les académiciens Louis Madelin, Henry Bordeaux, Claude Farrère, Jérôme Tharaud, les généraux Charles Brécard, Julien Dufieux, d'Harcourt, des hommes politiques comme Pierre-Étienne Flandin, Pierre Taittinger ou Gaston Bergery, des personnalités comme Jean Borotra, Jérôme Carcopino ou le colonel Rémy[18].
Condamnation en 1993
L'ADMP est condamnée en 1993 par la Cour de cassation pour « apologie de crime de guerre » pour une publicité qu'elle a fait paraître dans Le Monde du [19]. Après une longue bataille judiciaire, l'association obtiendra gain de cause (sans obtenir cependant un franc symbolique à titre de dommages-intérêts) devant la Cour européenne des droits de l'homme le , celle-ci estimant (par l'arrêt Lehideux et Isorni contre France[20]) qu'il y avait eu violation de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme, relatif à la liberté d'expression. L'opinion majoritaire chez les juges fut qu'il devait être possible de présenter un personnage, quel qu'il soit, sous un jour favorable et de promouvoir sa réhabilitation — au besoin en passant sous silence les faits qui peuvent lui être reprochés — et que la condamnation pénale subie en France par les requérants était disproportionnée[21].
L'ADMP sort en 2020 d'une longue crise au sein de ses instances dirigeantes[22].
Objectifs et vie de l'association
L'article trois de ses statuts précise les buts de l'ADMP, en résumé :
« poursuivre, par la recherche et la publication de tous documents, l’étude objective de la vie et de l'œuvre du maréchal Pétain, exercer toutes activités en vue de défendre sa mémoire et remettre en honneur les valeurs intellectuelles, morales et spirituelles qu’il a rappelées. L'association participe ainsi à la recherche et à l'établissement de la vérité sur l'Histoire contemporaine, dans le souci de contribuer à l'intérêt général de la nation. »
D'où les principaux objectifs suivants :
- la révision du procès de Pétain, à l'origine sous la direction de l'avocat Jacques Isorni[23], jusqu'à sa mort en 1995 ;
- le transfert des cendres de Pétain à l'ossuaire de Douaumont[23] ;
- la réhabilitation de Pétain, ainsi que des valeurs de la Révolution nationale, sous le couvert de la « réconciliation nationale »[23].
À l'origine les dirigeants et les membres de l'association peuvent être divisés en deux groupes : les anti-gaullistes, menés par Jacques Isorni, un des avocats de Pétain, qui ne pardonnent pas l'épuration et la politique algérienne du général de Gaulle, et les « pétaino-gaullistes », comme le colonel Rémy[23].
L'ADMP s'est aussi exprimée sur les questions d'actualité, sur l'Indochine et l'Algérie française, et sur le pouvoir gaullien après 1958[24].
L'association fait paraitre un petit bulletin trimestriel de 1952 à 1958[25]. L'organe principal de l'association devient en 1959 la revue mensuelle Le Maréchal[26]. À cette publication s'ajoute brièvement, en 1972, La Voix du Maréchal[27].
L'association a son siège social à Paris.
Présidents
Les présidents ont été successivement[28] :
- 1951 - 1960 : général Pierre Héring
- 1960 - 1968 : Jean Lemaire, qui fut l'un des avocats de Pétain
- 1968 - 1973 : général Henri Lacaille, qui fut le chef d'état-major du général Huntziger
- 1973 - 1976 : le contre-amiral Gabriel Auphan, ancien ministre de Vichy
- 1976 - 1980 : Jean Borotra, ancien ministre de Vichy
- 1980 - 1984 : Georges Lamirand, ancien ministre de Vichy
- 1984 - 1998 : François Lehideux, ancien ministre de Vichy
- 1998 (intérim) : Claude Adam; premier vice-président, ancien président de l'Union des intellectuels indépendants
- 1999 - 2000 : Aline Ménétrel (veuve du docteur Bernard Ménétrel, médecin de Pétain)[14]
- 2000 - 2009 : général Jacques Le Groignec
- 2009 - 2020 : Hubert Massol[Note 1] (chef du commando qui vola le cercueil de Pétain en , il préside en 1980 l'Association nationale Pétain-Verdun)[29] - [30] - [31] - [32] - [33] - [34].
- 2020 - 2022 : Roger Barut
- Depuis 2023 : Jacques Boncompain[35]
Le général Weygand est président d'honneur de l'association jusqu'à sa mort, en 1965[14].
Œuvres de mémoire
L'ADMP est copropriétaire depuis 1960 environ de l'appartement de l'hôtel du Parc de Vichy occupé par Pétain de 1940 à 1944[36], ce qui donna lieu à une manifestation de protestation d'anciens résistants, menés par des députés gaullistes et communistes[37].
L'ADMP possède aussi sa maison de naissance à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais), ayant pour objectif d'entretenir les lieux historiques où vécut Pétain et possiblement d'en faire des musées privés[38].
Chaque année, des anniversaires rythment l'activité de l'association et sont l'occasion de rassemblements :
- le , anniversaire de la naissance de Pétain, réunion dans la maison natale à Cauchy-à-la-Tour[39] ;
- le , ancien jour de la saint Philippe, prénom de Pétain, et jour de la Fête du Travail qu'il a instaurée en 1941, symbole de l'« œuvre sociale » de Vichy avec la Charte du travail[40] ;
- le , date de la mort de Pétain, pèlerinage sur sa sépulture à l'île d'Yeu[40] ;
- le , veille de l'Armistice de 1918, en raison du rôle de Pétain dans la bataille de Verdun (fêtée la veille pour permettre aux participants d'assister aux cérémonies officielles)[40].
Notes et références
Notes
- Né à Castres en 1937, ancien combattant de la guerre d'Algérie, il a participé en 1965 à la campagne électorale du candidat à l'élection présidentielle Jean-Louis Tixier-Vignancour. Membre du bureau exécutif de l'Alliance républicaine pour les libertés et le progrès (ARLP) de Tixier-Vignancour, il est ensuite membre du Front national à partir de 1985 puis du MNR, il a été conseiller municipal FN puis MNR d'Asnières-sur-Seine de 1989 à 2008.
Références
- Cotillon 2003.
- Rousso 1990, annexe 2 « Chronologie indicative ».
- Rousso 1990, p. 58.
- « « Français, vous avez la mémoire courte ! » : Un comité s'est constitué pour la libération de Pétain », Combat, no 1173, , p. 5 (lire en ligne) (membres du comité).
- Michèle Cointet, « Le banquet des Mille », dans Gilles Richard (dir.) et Jacqueline Sainclivier (dir.), La recomposition des droites : En France à la Libération, 1944-1948 (actes du colloque organisé par l'Institut d'études politiques de Rennes et l'université Rennes 2, -), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 389 p. (ISBN 2-7535-0016-9, DOI 10.4000/books.pur.16324, lire en ligne).
- Michel Fratissier, Jean Moulin, ou, La fabrique d'un héros (texte remanié de Jean Moulin : enjeux et lieux de mémoire, 1945-2000, thèse de doctorat à l'université Paul-Valéry-Montpellier, sous la direction de Gérard Cholvy, 2004), Paris, L'Harmattan, coll. « Mémoires du XXe siècle », , 755 p. (ISBN 978-2-296-55463-4), p. 31 [lire en ligne].
- Rousso 1990, p. 58–59.
- « Pétain ne veut pas de sa libération ! ... et le ministre de l'Intérieur ne veut pas qu'on la demande », Combat, vol. 7, no 1184, , p. 1 (lire en ligne), cité par Geneviève Latour et Jean-Jacques Bricaire, Théâtre, reflet de la IVe République : Événements, politique, société, idées, Paris, Bibliothèque historique de la ville de Paris et Association de la Régie théâtrale, , 660 p. (ISBN 2-906869-67-8), p. 66.
- « Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (W751024993) », sur data.gouv.fr.
- « Détail d'une annonce association : Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain », sur Journal officiel Associations.
- [//books.google.com/books?id=ENBDAQAAIAAJ&pg=PA2817 « Proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement à faire rechercher si l'association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain ne poursuit pas un objet illicite contraire aux lois et à la justice, ce qui justifierait sa dissolution, présentée par MM. Daniel Meyer, Depreux et les membres du groupe socialiste, députés »], Annales de l'assemblée nationale, documents parlementaires, 2e législature (vol. 3), session de 1951, V (nos 1538 à 2327), Paris, Imprimerie des journaux officiels, 1953, annexe no 1539, p. 2817–2818.
- « Déclarations d'associations », Journal officiel de la République française, no 262, , p. 11023.
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- Sur l’ADMP et ses prises de position, cf. Rousso 1984.
- Notice de la BnF
- Notice de la BnF (Ce périodique commence à paraitre en 1957, à Marseille).
- Notice de la BnF
- Rousso 1990, p. 59 donne la liste jusqu'à Lehideux. Cotillon 2003 donne la liste jusqu'à Le Groignec.
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- Philippe Cros, « Vichy : les nostalgiques de Pétain ont rénové sa chambre de l'hôtel du Parc », La Montagne, .
- Paris-presse, L'Intransigeant, 26 avril 1960.
- « Le bureau de Pétain vendu aux enchères à une "association de défense du maréchal" », Le Monde, .
- Jean-Baptiste Malet, Derrière les lignes du Front : Immersions et reportages en terre d'extrême droite, Villeurbanne, Golias, , 267 p. (ISBN 978-2-35472-137-4).
- Rousso 1990, p. 64.
Voir aussi
Bibliographie
- Jérôme Cotillon, Ce qu'il reste de Vichy, Paris, Armand Colin, coll. « L'histoire au présent », , 251 p. (ISBN 2-200-26382-1).
- Henry Rousso, « Les gardiens du temple », dans Le Syndrome de Vichy, de 1944 à nos jours, Paris, Seuil, coll. « Points / Histoire » (no 135), , 2e éd. (1re éd. 1987), 414 p. (ISBN 2-02-012157-3), p. 59–65 [lire en ligne].
- Henry Rousso, « À contre-courant, l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain », dans Alfred Wahl (dir.), Mémoire de la Seconde Guerre mondiale (actes du colloque de Metz, -, organisé par le Centre de recherche histoire et civilisation de l'Europe occidentale de l'Université de Metz), Metz, Centre de recherche histoire et civilisation de l'Europe occidentale (no 16), , 301 p. (ISBN 2-85730-016-6), p. 111–123.
Liens externes
- Ressources relatives aux organisations :