Rassemblement Ă©tudiant de droite
Le Rassemblement étudiant de droite (RED) est un ancien mouvement étudiant de droite dure actif au cours des années 2000. Il regroupait des étudiants et des militants nationalistes et identitaires.
Origine
La création du Rassemblement étudiant de droite au sein de l'université Paris II Panthéon-Assas, plus communément appelée Assas, peut être reliée à la disparition au début des années 2000 du Groupe union défense (GUD), mouvement d'extrême droite très actif dans les années 1970 et 1980, présent dans cette même université[1].
Le RED fit pour la première fois son apparition en région parisienne en 2004 lors d'élections du CROUS auxquelles il présenta des candidats[2].
Organisation
Structure
Sa structure est très légère et floue. En 2007, il est essentiellement présent à l'université Paris II Panthéon-Assas et dans une moindre mesure à Versailles, Lille, Toulon, Nantes, et Nice[3].
Liens avec le Front national et les autres organisations nationalistes
Bien qu'ils se déclarent indépendants de tout parti politique[4], les militants du RED sont amenés lors de leurs actions à se rapprocher de membres du Front national[5] ou des mouvances nationalistes, identitaires ou catholiques traditionalistes. Selon le magazine Basta![6], le RED regrouperait des « jeunes du Front national de la jeunesse, du Renouveau français[7], des royalistes ou des partisans de Philippe de Villiers ».
L'un des fondateurs et ancien porte-parole du RED[8], Romain Vincent, fut candidat Front national de la 9e circonscription du Val-de-Marne[9] aux élections législatives de 2007. Sa campagne électorale avait par ailleurs mobilisé de nombreux militants du RED.
Le RED a lancé sa publication, Le Dissident, à l'occasion de la fête des Bleu-blanc-rouge du Front national en 2006[2]. Marquée par une thématique NR, cette publication ne connut que deux numéros.
En 2005, fut également constituée l'association ALIAS (Association des loisirs intellectuels artistiques et sportifs), présidée par Marie-Céline Bruneaut (également membre du Bloc identitaire), dont les activités consistaient notamment en l'organisation de conférences thématiques ainsi que des entraînements de paint-ball.
Mise en cause par la justice
À la suite d'une opération punitive menée le contre le Lycée autogéré de Paris (XVe arrondissement), un professeur passé à tabac ayant des blessures sérieuses s'étant vu prescrire une interruption temporaire de travail (ITT), une enquête de la 3e division de police judiciaire de Paris a amené la convocation puis la mise en garde à vue le de cinq membres du RED qui ont nié les faits.
Selon le quotidien Libération, les perquisitions qui ont suivi ont permis de découvrir au domicile des inculpés « des armes de guerre factices, genre répliques de kalachnikovs, de véritables fusils et pistolets, des couteaux de combat et de chasse, des sabres japonais, une hache et une batte de baseball ». Les cinq militants ont été mis en examen pour « violences en réunion avec arme[10] ».
Le , le RED dément « toute implication dans les incidents ayant eu lieu aux abords du lycée autogéré de Paris[11] ».
Représentativité
Le RED n'est pas reconnu comme représentatif par le Ministère de l'Enseignement supérieur[12].
Lors des élections au CROUS de Paris du , le RED a obtenu 3,82 % (551 voix) des suffrages exprimés (3,67 % en 2004[13]). Un premier scrutin, par la suite annulé compte tenu de son déroulement lors du mouvement contre le CPE qui a perturbé le fonctionnement normal des UFR, avait vu le RED dépasser les 8 % à Paris (8,03 %) et à Versailles (8,7 %)[14].
Aux élections universitaires de 2008, le RED obtient en Aquitaine 6 % des suffrages et s'est vu attribuer jusqu'à 17 % des voix lors des élections du CROUS de Pau sur le site de l'UFR de Bayonne, et 45 % des voix chez les différents BTS le . Le RED a pourtant perdu son siège à l'UFR à la suite de la dissolution de sa section bayonnaise[15].
À Lille, le RED qui avait obtenu près de 4 % en 2006, atteint en 2008 5,18 %[16] (avec un taux de participation de 7,90 %[17]).
Positionnement
Le RED s'inscrit dans les thématiques classiques des mouvances d'extrême droite — commémorant par exemple les manifestations antiparlementaires du 6 février 1934 avec le Renouveau français ou le « martyre » de Robert Brasillach[7] — et a ainsi pris position pour la peine de mort[18], contre l'avortement, contre le projet de traité établissant une Constitution pour l'Europe et a mené une campagne contre le mariage homosexuel qu'il associe à un « péril rose », lequel se traduirait par le « triste orchestre de la pensée unique gay et du communautarisme homo[19] ».
Le RED refuse l'étiquette de syndicat étudiant. Par ailleurs, il s'oppose, parfois avec violence, aux syndicats déjà existants, particulièrement l'UNEF au sein de l'université de Paris II[2].
Il se présente toutefois comme un mouvement politique étudiant de droite « décomplexée ». Voici ses principales positions[20] :
- lutte contre le relativisme moral auprès de la jeunesse ;
- lutte contre le marxisme et la mainmise syndicale sur l'université ;
- promotion de la famille traditionnelle chez les jeunes ;
- encouragement de la culture de vie comme socle de la société ;
- inculcation des valeurs patriotiques dans l'enseignement ;
- soutien de la culture et de l'identité française ;
- défense de l'indépendance de l'université ;
- promotion du mérite à l'université et refus du nivellement par le bas ;
- amélioration des conditions de travail des étudiants ;
- arrĂŞt de tout soutien aux associations fauteuses de trouble Ă la fac.
Manifestations
Le RED s'est principalement fait connaître à travers un certain nombre d'actions dont :
- en février 2004, le RED a perturbé « via l'usage d'un cor de chasse, de hurlements, d'insultes et d'exhibitions de parties intimes[21] », la tenue par Simone Veil d'une conférence à Assas sur le droit à l'interruption volontaire de grossesse.
- Il s'attaque aussi à certaines revendications des associations gaies et lesbiennes comme durant le salon Rainbow Attitude Expo en octobre 2005 où des militants de cette organisation envahirent avec violence la scène principale en bousculant les artistes pour scander des slogans hostiles au mariage et à l'adoption pour les couples homosexuels et en déployant une banderole sur laquelle était inscrit « Nous sommes tous enfants d'hétéros[22] ». Selon le RED, cette action au salon serait une réponse au mariage symbolique effectué par Act Up-Paris le dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris (sur ce second événement, comme sur le premier, les récits du RED et des associations homosexuelles divergent fortement[23]). Menée par Romain Vincent, l'action fut considérée comme une réussite dans la mesure où elle n'avait conduit à aucune interpellation et qu'elle avait mobilisé près d'une cinquantaine de militants.
- Lors du lancement du projet de loi pour l'égalité des chances et durant le mouvement d'opposition qui s'est ensuivi, le RED a créé le Comité étudiant de soutien au CPE et s'est mobilisé pour défendre le CPE[24], davantage dans l'optique de récupérer les électeurs de l'UNI que par réelles convictions.
- Le RED a participé, le dimanche , à la manifestation anti-blocage Place de la Sorbonne, qui a réuni 100 personnes selon France 2, réclamant la « libération des facultés » et la « liberté pour les étudiants d'étudier[25] ».
- Le RED participe[25] les 14 et 16 mars à la contre-manifestation menée par plusieurs organisations d'extrême droite ou assimilées rassemblées sous la bannière « Parasites hors des facs » et voit certains de ses militants interpellés pour l'occasion. Afin de leur venir en aide, le RED s'associe avec le Front national de la jeunesse et le Renouveau français afin de constituer le Comité de soutien aux victimes de la répression (CSVR).
- Le , des militants du RED ont agressé la responsable de l'UNEF de Paris II lors d'une réunion d'information sur le CPE qui s'est tenue sur le parvis de l’université. Cette agression a donné lieu a une plainte pour coups et blessures[26]. Selon le RED, cette réunion avait pour but de provoquer le blocage de Paris II[27], ce qui justifierait selon eux d'avoir empêché la tenue de cette réunion.
- Le [28], à l'appel de plusieurs organisations dont le RED, des militants de celui-ci participent place Saint-Michel (après l'annulation par la préfecture de police de Paris du rassemblement prévu place du Châtelet[29]) à un rassemblement aux cris de « Communistes assassins » commémorant l'insurrection de Budapest en 1956. Après un discours d'un des militants rappelant « le caractère odieux de cette interdiction et l'insulte faite aux victimes du communisme », deux jeunes étudiantes ont déposé une gerbe de roses blanches au pied de la fontaine Saint-Michel « en mémoire des victimes du communisme ».
Dissolution
À la suite de différents internes, le mouvement s'autodissout en .
Une organisation étudiante, sans lien certain avec le RED initial, opère à Angers. Ses actions se sont intensifiées depuis la dissolution de L'Alvarium en 2022, laissant supposer une tentative de reconstitution de ligue dissoute[30].
Voir aussi
Articles connexes
Notes et références
- « Cinq jeunes mis en examen après l'agression de deux enseignants parisiens », Metro, 26 mai 2007.
- « Du côté obscur de la droite »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Libération, 26 mai 2007.
- « Cinq jeunes mis en examen après l'agression de deux enseignants parisiens », RTL, 26 mai 2007.
- Manifeste du RED
- « L’extrême droite de nouveau sur les bancs de Paris 2 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- Ivan Du Roy, « Non, le FN n’a pas changé », Basta!, 22 mars 2007.
- Commémoration du 6 février 1934, 2 février 2007.
- « Hommage de la jeunesse nationaliste aux victimes du 6 février 1934 », 7 février 2007.
- Blog du candidat FN de la 9e circonscription du Val-de-Marne (Alfortville-Vitry)
- « Le raid des étudiants extrémistes du RED », Libération, 26 mai 2007.
- « Mise au point concernant l'article du journal Libération daté du 26/27 mai 2007 », 27 mai 2007.
- Proclamation au journal officiel des résultats aux élections du CNESER
- « Percée du RED aux élections CROUS », communiqué du RED, 17 avril 2006.
- « Élections universitaires, le RED s'impose et talonne l'UNEF », communiqué du RED, 23 mars 2006.
- www.nationspresse.info
- Résultats de l'Académie de Lille
- Résultats des élections des représentants étudiants au Conseil d'administration 2008
- « Les étudiants parisiens pour la peine de mort », 24 décembre 2005.
- « Gaypride, Mariage homo, Adoption... Le péril rose ne passera pas », communiqué du RED au moment de la Gay Parade 2005.
- Ces 10 points, « incarn[ant] les valeurs pour lesquelles [le RED] comba[t] et constitu[ant] le canevas des propositions qu'[il] fai[t] pour la jeunesse et l'université », sont issus d'un document de présentation du RED (sous format pdf), intitulé À Droite Toute ! et présent en 2006 sur leur site internet mais ensuite retiré.
- « L’extrême droite de nouveau sur les bancs de Paris »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Animafac
- « Belle affluence à Rainbow Attitude Expo » ; « Agression homophobe au salon Rainbow attitude » ; « Le RED à la Rainbow Attitude Expo »
- « Mariage symbolique à Notre-Dame de Paris. Les imprécisions de l’AFP donnent raison à l’Église catholique », communiqué d'Act Up-Paris, ;
« Le RED à la Rainbow Attitude Expo » - Site de soutien au CPE du RED
- « L’extrême droite s’invite dans la lutte », journal du Réseau No Pasaran, no 48, avril 2006.
- « Communiqué de presse de l’UNEF Paris 2 - Le débat sur le CPE dérange… du côté de l’extrême droite », 5 avril 2006.
- « Assas ne sera pas Tolbiac », la version du RED.
- « Budapest 1956… Paris 2006, le bilan »
- Un rassemblement fut néanmoins organisé le 23 novembre, parvis du Trocadéro.
- Josué JEAN-BART, « À Angers, malgré sa dissolution, le groupuscule d’extrême-droite Alvarium joue avec le feu », Ouest France,‎ (lire en ligne)