Fontaine Saint-Michel de Paris
La fontaine Saint-Michel est une fontaine conçue par Gabriel Davioud et inaugurée en 1860 dans le 6e arrondissement de Paris sur la place Saint-Michel, au croisement du boulevard Saint-Michel et de la rue Danton.
Type |
fontaine monumentale |
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Style | |
Architecte | |
Construction |
1858-1860 |
Hauteur |
15 × 26 m |
Propriétaire |
ville de Paris |
Patrimonialité |
Pays | |
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Commune | |
Adresse |
Coordonnées |
48° 51′ 11″ N, 2° 20′ 37″ E |
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Elle a la particularité d'occuper à elle seule tout un mur pignon.
Histoire
La fontaine Saint-Michel fait partie du plan d'aération de la ville prévu par Haussmann sous Napoléon III. Le percement du boulevard Saint-Michel dans l'axe de la Sainte-Chapelle entraînait la création d'une place au débouché du pont Saint-Michel, Haussmann a ordonné la mise en place de cette fontaine afin de combler l'angle entre le boulevard Saint-Michel et la place Saint-André-des-Arts et donner un débouché visuel à la perspective du boulevard du Palais[2].
La première idée a été d'ériger une énorme statue de Napoléon Ier mais elle fut abandonnée, et devant l'insistance de la commission municipale — qui voulait rappeler le souvenir de la vieille « chapelle Saint-Michel en la Cité » —, ce fut finalement la lutte du Bien contre le Mal qui fut retenue comme programme : l'archange Michel terrassant le Diable dans un arc de triomphe entouré de chimères (ou dragons) ailées[2].
L'emplacement de la fontaine Saint-Michel était ingrat[2] : en contrebas du pont Saint-Michel, contre un pignon très haut et mal éclairé, orienté plein nord. La fontaine a été conçue par l'architecte Gabriel Davioud, aidé de Flament, Simonet et Halo, elle est composée à la manière d'un arc de triomphe antique, d'une travée rythmique marquée par des colonnes corinthiennes en marbre rouge du Languedoc amortie par quatre statues de bronze représentant les vertus cardinales. Elle est haute de 26 mètres et large de 15 mètres. La composition avec une niche centrale encadrée de quatre colonnes et d'un fronton est une référence à la fontaine Médicis du jardin du Luxembourg. La polychromie a pour but d'équilibrer le manque d'éclairement[2].
La statue de Saint-Michel a été fondue par la fonderie d'art Thiébaut Frères[3] - [4] - [5] - [6].
Cette fontaine, dont le chantier a commencé en , fut inaugurée le [7]. Elle fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le [1].
Programme iconographique
Neuf sculpteurs ont contribué à la fontaine :
- Saint Michel terrassant le démon, au centre de la composition, est de Francisque Duret ;
- les deux chimères ailées crachant de l'eau, en avant du bassin, sont d'Henri-Alfred Jacquemart ;
- le rocher sur lequel se tient saint Michel est de Félix Saupin ;
- les bas-reliefs d'ornements et de rinceaux sont de Claude Vignon ;
- La Puissance et la Modération soutenant les armes de Paris, sur le fronton supérieur, sont d'Auguste-Hyacinthe Debay ;
- les quatre statues représentant les vertus cardinales, au-dessus des colonnes sont :
- La Prudence, tenant un miroir et un serpent, de Jean-Auguste Barre ;
- La Justice, tenant un glaive, d'Élias Robert ;
- La Tempérance, de Charles Gumery ;
- La Force, vêtue de la peau du lion de Némée et armée du gourdin d'Hercule, d'Auguste-Hyacinthe Debay.
La fontaine Saint-Michel se différencie des autres fontaines parisiennes par sa polychromie : marbre rouge du Languedoc (colonnes), marbre vert, pierre bleue de Soignies, calcaire jaune de Saint-Yllie[8].
Réception critique
La critique a été globalement négative[2] à l'inauguration de la fontaine en 1860.
Bien que certains aient tenté de défendre la fontaine en comparant sa polychromie à celle des fontaines italiennes du XVIIIe siècle[9], son style éclectique a été attaqué pour son incohérence ainsi que la trop grande profusion de statues de sculpteurs différents annulant leur talent individuel[10].
L'emplacement de la statue devant un mur a également été critiqué[11], on aurait préféré la voir au centre de la place. En fait, la fontaine Saint-Michel est la dernière fontaine-mur construite à Paris dans la tradition renaissante ouverte par la fontaine Médicis au XVIIe siècle et poursuivie au XVIIIe siècle avec la fontaine des Quatre-Saisons. Les fontaines monumentales postérieures à la fontaine Saint-Michel sont isolées au centre de places ou de squares.
« Dans ce monument exécrable,
On ne voit ni talent ni goût,
Le Diable ne vaut rien du tout ;
Saint Michel ne vaut pas le Diable. »
— anonyme, quatrain consacré aux sculptures de la fontaine Saint-Michel[12]
Accès
Ce site est desservi par la station de métro Saint-Michel.
 RATP 21 24 27 38 85 96 Tootbus Paris
 N12 N13 N14 N21 N122 N145
RER   
Références
- « Fontaine Saint-Michel », notice no PA00088520, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Georges Poisson, Nouvelle Histoire de Paris : Histoire de l’architecture à Paris, Paris, Bibliothèque historique de la ville de Paris, Association pour la publication d'une histoire de Paris, , 765 p. (ISBN 2-85962-019-2), p. 498-499.
- « La fontaine Saint-Michel », sur paris1900.lartnouveau.com (consulté le ).
- « Recherche-GLOSSAIRE DES FONDEURS-EDITEURS FRANCAIS DE SCULPTURES EN BRONZE: THIEBAUT FRERES », sur artcult.fr (consulté le ).
- « Thiebaut Freres (Fondeurs) », sur hemthieb.free.fr (consulté le ).
- « "THIEBAUT FRÈRES" | Une des plus grandes fonderies françaises d'art », sur thiebautfreres.com (consulté le ).
- Dominique Jarassé, « La fontaine Saint-Michel, Le classicisme controversé », Archives d'architecture moderne, no 22,‎ , p. 80-87.
- Béatrice Lamoitier, « Le règne de Davioud », dans Massounie, Prévost-Marcilhacy et Rabreau 1995, p. 184.
- François Lacour, « Fontaine Saint-Michel », Le Monde illustré, vol. 2, no 56,‎ , p. 295 (lire en ligne).
- Alfred Darcel et Charles Blanc, « La Fontaine Saint-Michel », Gazette des beaux-arts, vol. VIII,‎ , p. 44-45 (lire en ligne).
- A. J. du Pays, « Fontaine Saint-Michel », L'Illustration, vol. XXXVI,‎ , p. 110.
- Roland Villeneuve, Dictionnaire du Diable, Paris, Bordas, , 418 p. (ISBN 2-86311-184-1).
Annexes
Bibliographie
- Marie-Hélène Levadé (photogr. Hughes Marcouyeau), Les Fontaines de Paris : L'eau pour le plaisir, Paris et Bruxelles, Éditions Chapitre Douze, , 592 p. (ISBN 978-2-915345-05-6).
- Dominique Massounie (dir.), Pauline Prévost-Marcilhacy (dir.) et Daniel Rabreau (dir.), Paris et ses fontaines : De la Renaissance à nos jours, Paris, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 318 p. (ISBN 2-905-118-80-6).
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Ressource relative à l'architecture :