Fontaine des Quatre-Saisons
La fontaine des Quatre-Saisons est une fontaine monumentale, à bassins (c'est-à -dire qu'elle n'a qu'un ou plusieurs simples bassins[2]), située dans le 7e arrondissement de Paris, aux numéros 57 et 59 de la rue de Grenelle.
Destination initiale |
adduction d'eau embellissement |
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Style | |
Architecte | |
Construction |
1739-1745 |
Propriétaire |
ville de Paris |
Patrimonialité |
Pays | |
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RĂ©gion | |
Commune | |
Adresse |
57-59-59 rue de Grenelle |
Coordonnées |
48° 51′ 16,85″ N, 2° 19′ 30,4″ E |
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Histoire
Édifiée sur un terrain donné par le couvent des Récolettes, la fontaine a fait l'objet d'un marché public passé le avec Jacques Mégrelin, sur la base du devis rédigé par Jean-Baptiste-Augustin Beausire[3]. La construction représenta un très grand chantier entrepris par la Ville de Paris, sous la responsabilité de Michel-Étienne Turgot, (prévôt des marchands et père du ministre de Louis XVI). Elle était destinée à procurer de l'eau au quartier mais aussi à être un monument commémoratif en l'honneur du roi Louis XV. Son coût a été considérable (plus de 139 000 livres)[4], le maître d'œuvre et l'ensemble de son décor sculpté est confié à Edme Bouchardon. Les travaux sont terminés en 1745.
L'importance du projet dans une si étroite rue suscita des réactions dont celle de Voltaire dans une lettre[5] au Comte de Caylus en 1739 dans laquelle il raille le gigantisme et la prétention du projet pour un si petit service rendu. Cependant Michel-Étienne Turgot fut très satisfait du travail de Bouchardon et lui fit accorder une pension annuelle de 1500 livres.
Elle a été classée sur la liste des monuments historiques dès 1862, en 1928, le classement fut confirmé[1].
La fontaine était alimentée par les eaux de Rungis, puis en 1787 par la Pompe à feu du Gros-Caillou, mais le débit était trop faible et à la fin du XIXe siècle elle fut désertée. Restaurée par la Ville de Paris, elle est remise en eaux en 1978[6].
Description
Aspect général
La fontaine des Quatre-Saisons, nommée ainsi tardivement en raison des quatre bas-reliefs et des quatre statues représentant les saisons qui la décorent[7], est une fontaine unique à Paris de par son ampleur, son décor et son architecture. Elle se présente comme une façade de palais de style classique d'une dizaine de mètres de hauteur et qui se développe sur près de vingt mètres au long de la rue de Grenelle, intégrant deux portails de part et d'autre d'un ressaut central à colonnes ioniques et fronton.
Une importante inscription latine en l'honneur de Louis XV surmonte un groupe sculpté. Le passant est d'abord surpris et ne voit pas du premier abord la nature de fontaine du monument car seuls les quatre mascarons de bronze représentant une tête de monstre marin, plaqués sur le soubassement à cinquante centimètres du sol, démontrent cette fonction. L'aspect architectural fait plutôt penser à une façade d'hôtel particulier ou d'église, mais tout cela est factice car les deux portails fermés ne donnent accès qu'à un jardin attenant au musée Maillol pour celui de droite et à un immeuble moderne contigu pour celui de gauche. De plus, la rue étant assez étroite, on manque de recul pour apprécier dans de bonnes conditions un si grand monument.
Détail de la décoration
Sur le ressaut central, un groupe sculpté représente une personnalisation féminine de la ville de Paris assise, entourée de deux personnages allégoriques représentant la Marne et la Seine allongés de part et d'autre. Au-dessus, une plaque porte la dédicace latine entourée de colonnes. Près du sol, les quatre mascarons crachant l'eau. Leur emplacement montre bien que cette fontaine était un point d'eau pour le quartier. Le même modèle de mascaron se retrouve à la Fontaine de Mars, rue Saint-Dominique, postérieure d'une cinquantaine d'années.
À gauche du ressaut central, au-dessus d'un portail, les armoiries de la Ville de Paris, de part et d'autre, deux bas-reliefs représentent des putti occupés aux travaux des champs suivant les saisons. Chaque bas-relief est surmonté d'une niche où une statue grandeur nature représente une saison sur un mode mythologique. La même disposition se répète sur la partie droite. De gauche à droite les quatre saisons, printemps, été, automne et hiver sont ainsi évoquées. L'observateur averti notera que l'encadrement des armoiries de Paris reprend discrètement l'aspect de la tête de monstre des mascarons.
- L'inscription latine :
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Écrits sur l'architecture au XVIIIe siècle
À partir de 1750 sous l'impulsion des philosophes, les architectes s’intéressent de nouveau à une architecture publique qui réponde à 3 exigences principales :
- L'édifice doit laisser apparaitre ce qu’il est : au nom de la convenance, il doit annoncer clairement sa destination (ex. un hôpital)
- Le bâtiment public doit avoir du caractère, susciter des émotions selon sa fonction (théâtre la joie, église le recueillement), conformément à la théorie de la passion telle que décrite par Le Brun qui la met au goût du jour au XVIIe siècle. Les architectes reprennent à leur compte ses idées et les mettent en œuvre.
- Le bâtiment doit participer à l’édification des citoyens ou citadins dans un contexte de moralisation des beaux-arts, au service de la société. Ce n’est pas un domaine à part, coupé de son environnement – ex. Église Sainte Geneviève 1764 – de Soufflot aujourd’hui le Panthéon. Chaque personnage joue un rôle comme dans la peinture de Greuze, ou chaque monument joue un rôle (ex. tableau de Paris de Louis-Sébastien Mercier - 1781). (cours École du Louvre - auditeur du soir)
- Anonyme XIXe siècle : Dessin à la plume et lavis.
- Deux des quatre mascarons de bronze.
- Partie droite de la fontaine.
- La partie centrale et la dédicace.
- DĂ©tail de la partie droite - statue de l'automne.
- DĂ©tail de la partie droite - armoiries de Paris.
- DĂ©tail de la partie droite - putti de l'automne.
- DĂ©tail de la partie droite - putti de l'hiver.
Notes et références
- « Fontaine des Quatre-Saisons », notice no PA00088687, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Augustin-Charles d'Aviler, Dictionnaire d'architecture civile et hydraulique et des arts qui en dépendent, Paris, Charles-Antoine Jombert, (lire en ligne)
- Livraisons d’histoire de l’architecture, no 16 - 2008
- - ibid
- Citée par Massounie, Prévost-Marcilhacy et Rabreau 1995, p. 99.
- Levadé 2006, p. 227.
- Albert Montémont (1788-1862), dans le Guide universel de l'étranger dans Paris, ou, Nouveau tableau de cette capitale, Paris : chez Garnier frères, 3e édition, 1848, p.214, indique que cette fontaine se nomme « Fontaine de la rue de Grenelle-Saint-Germain , ou simplement Fontaine Grenelle. »
Annexes
Bibliographie
- Marie-Hélène Levadé (photogr. Hughes Marcouyeau), Les Fontaines de Paris : L'eau pour le plaisir, Paris et Bruxelles, Éditions Chapitre Douze, , 592 p. (ISBN 978-2-915345-05-6)
- Dominique Massounie (dir.), Pauline Prévost-Marcilhacy (dir.) et Daniel Rabreau (dir.), Paris et ses fontaines : De la Renaissance à nos jours, Paris, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 318 p. (ISBN 2-905-118-80-6)