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Jules Monnerot (sociologue)

Jules Monnerot, né le à Fort-de-France et mort le à Saint-Germain-en-Laye, est un essayiste et journaliste français.

Jules Monnerot
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Fonction
Président
Conseil scientifique du Front national (d)
-
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  86 ans)
Saint-Germain-en-Laye (d)
Nom de naissance
Jules Marcel Érembert Monnerot
Nationalité
Activités
Père
Fratrie
Émile Monnerot (d)
Conjoint
Simone Yoyotte (de Ă  )
Autres informations
Parti politique
Membre de
Conseil scientifique du Front national (d)
Club de l'horloge
Conflit
Distinctions
Ĺ’uvres principales
Inquisitions (d)

Il est le cofondateur à 25 ans du Collège de sociologie (1939), avec Georges Bataille et Roger Caillois, puis de la revue Critique (1946) ; il collabore aussi à la revue Acéphale.

L'engagement politique de Monnerot commence au sein du surréalisme et de l’extrême gauche intellectuelle et bifurque ensuite vers l'anticommunisme et l'extrême droite. Parmi les nombreux livres qu'il a publiés, on peut citer La Poésie moderne et le Sacré, Les faits sociaux ne sont pas des choses, Sociologie du communisme, Les Lois du tragique.

Biographie

Jules Marcel Érembert Monnerot est le fils de Jules Monnerot, journaliste et cofondateur du Parti communiste martiniquais. Il est élève du lycée Schœlcher de Fort-de-France, puis brillant boursier au lycée Henri-IV à Paris. Il obtient un accessit au concours général en philosophie en 1926[1], mais échoue au concours d’entrée de l’École normale supérieure en 1930. Il fréquente dans les années 1930 les milieux surréalistes.

Il est proche un certain temps des milieux de la gauche, puis des membres du Collège de sociologie (1937-1939).

Son diplôme d’études supérieures en philosophie à la Sorbonne (son seul diplôme universitaire selon Georges Laffly) porte sur L’histoire et la philosophie du jeune Karl Marx avant le Manifeste communiste. Il consacre ses premiers travaux à la poésie surréaliste dont il propose d’analyser le caractère religieux et irrationnel.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, il est volontaire dans l’infanterie et d’ à , il appartient au réseau de résistance « Ceux de la Libération ».

Il publie ensuite un ouvrage polémique analysant l'épistémologie des sciences sociales, dans lequel il prend position contre la conception d'Émile Durkheim qui propose d'étudier les « faits sociaux » comme des « choses ». Héritier de la tradition sociologique italienne, Monnerot se revendique plutôt de Vilfredo Pareto, de Gaetano Mosca et de Robert Michels. La même année, en 1945, il fait paraître un recueil de nouvelles proche de certaines proses de Georges Bataille.

De 1948 à la dissolution de « Ceux de la Libération » en 1953, Monnerot siège au Conseil national du Rassemblement du peuple français fondé par le général de Gaulle. Durant cette période, il écrit dans la revue Liberté de l'esprit dont le rédacteur en chef est Claude Mauriac avec, entre autres, Roger Caillois, Raymond Aron et Jacques Soustelle. De 1951 à 1957, les généraux de La Chapelle et Lecomte qui dirigent l'École de Guerre font appel à Monnerot pour donner des cours sur « Le renouvellement de la stratégie politique par le marxisme révolutionnaire au XXe siècle » (à la suite du succès retentissant de Sociologie du communisme). À la même époque, le gouvernement de la République fédérale d'Allemagne dont Konrad Adenauer est alors chancelier, lui demande une consultation au cours de l'enquête qui précéda l'interdiction du parti communiste ouest-allemand. En 1959, Monnerot rompt publiquement tous ses liens politiques avec le général de Gaulle dont les positions concernant la guerre d’Algérie sont opposées aux siennes ; il se rapproche définitivement des milieux nationalistes et monarchistes (il collabore à la Nation française de Pierre Boutang, issu de l'Action française).

Le coup de Prague de l'incite à réfléchir sur l'essence du communisme et à rédiger sa Sociologie du communisme (1949), qui lui apporte une notoriété importante tout autant que l'hostilité durable des universitaires et intellectuels proches du Parti communiste.

Suivront une sĂ©rie d'Ă©tudes sur la sociologie de la rĂ©volution et du fascisme. Cette utilisation du concept de « religion sĂ©culière Â» et ce rapprochement du communisme avec la religion, et en particulier avec l'Islam, vaudront Ă  son auteur une polĂ©mique restĂ©e cĂ©lèbre avec Hannah Arendt qui lui reproche de confondre des concepts incompatibles[2]. En fait, les ouvrages de Monnerot ne sont pas des Ă©tudes empiriques et n'optent pas pour la « neutralitĂ© axiologique » wĂ©berienne. Ses grandes Ă©tudes relèvent d'une approche que l'auteur nomme « Ă©tiologique » ou « clinique », oĂą les idĂ©ologies sont analysĂ©es comme des mythologies politiques. Enfin, ces Ă©tudes engagĂ©es en appellent Ă  un contrĂ´le de l'enseignement et des universitĂ©s pour Ă©viter la propagation des idĂ©es communistes, en particulier Sociologie de la rĂ©volution et DĂ©marxiser l’universitĂ© (1970).

Ă€ l'extrĂŞme droite

Anticommuniste, Monnerot se rapproche ensuite de l'extrĂŞme droite. Il participe Ă  un sĂ©minaire du GRECE-Bruxelles, la branche belge de la « nouvelle droite », dirigĂ©e par Robert Steuckers, sur « la Sociologie de la rĂ©volution Â».

Pendant les années 1980, il est membre du « conseil scientifique » du Front national. Au début des années 1990, Monnerot démissionne de ses fonctions au FN à la suite d'un désaccord avec Jean-Marie Le Pen sur la politique à adopter lors de la guerre du Golfe. Ce geste lui vaut une condamnation de Bruno Mégret, alors secrétaire général du parti, qui lui reproche la faiblesse de son engagement politique.

Il a aussi appartenu au Club de l'horloge[3] (il fait partie des douze « maĂ®tres Ă  penser Â»), ainsi qu'au comitĂ© d'honneur de l'Institut d'Ă©tudes occidentales et au comitĂ© de patronage de Nouvelle École[4].

Vie personnelle

Il épouse en premières noces en 1932 sa cousine[5] la poétesse Simone Yoyotte ; ils ont une fille, mais Simone meurt dès l'année suivante. Il se remarie par la suite et a deux enfants (un fils et une fille).

Ouvrages

  • La poĂ©sie moderne et le sacrĂ©, Paris, Gallimard, 1945. Nouvelle Ă©dition 1949, augmentĂ©e d'une note.
  • On meurt les yeux ouverts. PrĂ©cĂ©dĂ© de : L’Heure de Fallandra. Suivi de : La nuit ne finira pas, fictions, Paris, Gallimard, 1945.
  • Les faits sociaux ne sont pas des choses, Paris, Gallimard, 1946.
  • Sociologie du communisme, Paris, Gallimard, 1949. Nouvelle Ă©dition 1963, prĂ©cĂ©dĂ©e de « L'avenir du communisme en 1963 ». Édition de 1979 : Sociologie du communisme : Ă©chec d'une tentative religieuse au XXe siècle, Paris, Hallier. Édition 2004-2005 en 3 vol. : [1] L'Islam du XXe siècle ; [2] Dialectique : Marx, HĂ©raclite, Hegel ; [3], Les religions sĂ©culières et l'imperium mundi : tyrannie, absolutisme, totalitarisme, Paris, Éditions du Trident.
  • La Guerre en question, Paris, Gallimard, 1951.
  • Pour un gouvernement en connaissance de cause. Quelques idĂ©es politiques et constitutionnelles, Paris, Éditions de la Nation française, 1958.
  • La Guerre subversive en AlgĂ©rie, Paris, Éditions du ComitĂ© de Vincennes, 1960.
  • Sociologie de la RĂ©volution : Mythologies politiques du XXe siècle. Marxistes-lĂ©ninistes et fascistes. La nouvelle stratĂ©gie rĂ©volutionnaire, Paris, Fayard, coll. « Les Grandes Ă©tudes contemporaines », 1969.
  • Les Lois du tragique, Paris, PUF, 1969.
  • DĂ©marxiser l'universitĂ©, Paris, La Table ronde, 1970.
  • La France intellectuelle, Paris, R. Bourgine, 1970.
  • Inquisitions, Paris, JosĂ© Corti, 1974.
  • Intelligence de la politique I. L'Anti-providence, Paris, Gauthier-Villars, 1977.
  • Intelligence de la politique II. Introduction Ă  la doxanalyse : Pareto-Freud , Paris, Gauthier-Villars, 1978.
  • DĂ©sintox. Au secours de la France dĂ©cĂ©rĂ©brĂ©e, Paris, Albatros, 1987 — reprend ses interventions au Club de l'horloge.

Prix

Références

  1. Laffly 2005, p. 9.
  2. « ORIGINAL DE LA REPONSE DE JULES MONNEROT A MADAME HANNAH ARENDT », sur Le site de Jules Monnerot.
  3. « Quand l’extrême droite se met en culture », sur samizdat.net (consulté le ).
  4. Philippe Lamy (sous la dir. de Claude Dargent), Le Club de l'horloge (1974-2002) : évolution et mutation d'un laboratoire idéologique (thèse de doctorat en sociologie), Paris, université Paris-VIII, , 701 p. (SUDOC 197696295, lire en ligne), p. 117.
  5. (en) « Family tree of Cyr Yoyotte », sur Geneanet (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Michel Heimonet, Jules Monnerot ou La DĂ©mission critique, 1932-1990 : trajet d'un intellectuel vers le fascisme, Paris, KimĂ©, coll. « Philosophie, Ă©pistĂ©mologie », , 256 p. (ISBN 2-908212-65-X).
  • Georges Laffly, Monnerot, Grez-sur-Loing, Pardès, coll. « Qui suis-je ? », , 127 p. (ISBN 2-86714-363-2).
  • Alexandre Pajon, « Monnerot (Jules) », dans Jacques Julliard et Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français : les personnes, les lieux, les moments, Paris, Le Seuil, (ISBN 978-2-02-099205-3), p. 968-969.

Liens externes

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