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Acéphale (revue)

Sous le nom d'Acéphale, avec son ami physicien Georges Ambrosino et Pierre Klossowski, Georges Bataille a constitué et dirigé entre 1936 et 1939 une revue publique, qui ne connut que cinq numéros, ainsi qu'une société secrète, dont l'histoire demeure entourée de mystère. Les quatre premiers numéros de la revue Acéphale ont été publiés, entre 1936 et 1937, par les Éditions GLM de Guy Lévis Mano[1], qui publie aussi Sacrifices (1936), un album de cinq eaux-fortes par André Masson[2], accompagné d'un texte de Bataille, ce qui inscrit la revue dans un contexte particulièrement dynamique d'écrivains, de poètes et d'illustrateurs.

Acéphale
Pays Drapeau de la France France
Genre Religion.
Sociologie.
Philosophie
Fondateur Georges Bataille
Date de fondation 24 juin 1936
Date du dernier numéro 1939

La revue Acéphale

Le premier numĂ©ro est datĂ© du . Il ne comporte que huit pages, et s'ouvre sur un texte de Bataille, intitulĂ© « La conjuration sacrĂ©e », suivi d'un texte de Pierre Klossowski sur l'outrance du dĂ©sir, intitulĂ© « Le Monstre Â». La couverture est illustrĂ©e d’un dessin d’AndrĂ© Masson qui couvre 80 % de la page. Ce dessin du « bonhomme AcĂ©phale Â», selon l'expression de Georges Duthuit reprise par Masson lui-mĂŞme[3], s’inspire ouvertement du cĂ©lèbre dessin de LĂ©onard de Vinci intitulĂ© Homme de Vitruve, mais la figure de Masson montre un homme dĂ©capitĂ©, dont le sexe est occultĂ© par une tĂŞte de mort. Sous le titre on trouve les mentions Religion. Sociologie. Philosophie, suivies du titre du numĂ©ro : La conjuration sacrĂ©e.

Cette effigie incarne « la joie devant la mort » et porte sa tĂŞte, donc son regard, Ă  la place de son sexe, pour voir l'inavouable, car pour Bataille, comme dans Histoire de l'Ĺ“il, il s'agit de voir l'irregardable, de pĂ©nĂ©trer des sphères inexplorĂ©es et mettre l'homme Ă  nu, comme il l'Ă©crira dans sa prĂ©face Ă  Madame Edwarda (1956) : « Que signifie la vĂ©ritĂ©, en dehors de la reprĂ©sentation de l’excès, si nous ne voyons ce qui excède la possibilitĂ© de voir, ce qu’il est intolĂ©rable de voir »[4]. Ni dieu ni homme, AcĂ©phale est donc une figure hybride, surhumaine, liĂ©e au Dionysos nietzschĂ©en de la volontĂ© de puissance. Il est, selon la description qu'en fait Vincent Teixeira, « l’emblème mythique et tragique d’une souverainetĂ© autant sociale que politique, psychologique, esthĂ©tique et Ă©rotique. Un ĂŞtre sans tĂŞte se tient debout, les jambes lĂ©gèrement Ă©cartĂ©es, reposant solidement sur la terre, un poignard dans la main gauche, appel de la violence et du sang, un cĹ“ur-grenade enflammĂ© dans la main droite, flambeau pour voir l’inavouable : le soleil, le sang, la nuditĂ©, les cadavres, la guerre, la folie, la mort. Il a deux Ă©toiles pour seins sur la poitrine et ses intestins apparaissent Ă  travers son ventre, dĂ©dale dans lequel il se perd, labyrinthe intĂ©rieur de l’absence de vĂ©ritĂ©, labyrinthe de la vie oĂą la seule certitude est celle de la mort. Cet ĂŞtre transparent a un crâne Ă  l’endroit du sexe, dĂ©signant ainsi le lien tragique de l’érotisme et de la mort Â»[5].

Figure de l'exubĂ©rance, conçue par Masson en , alors que Bataille sĂ©journait chez lui, dans sa maison de Tossa de Mar, AcĂ©phale apparaĂ®t comme un « monstre dans la nuit du labyrinthe Â», faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la fois Ă  Dionysos, HĂ©raclite, la Terre-Mère, le taureau qui affronte le danger et la mort, le soleil, mais aussi aux figures de Zarathoustra et Don Juan, Ă  l'effervescence de l'Ouverture de Don Giovanni de Mozart[6]. Ă€ part son effigie sur les trois couvertures, d'autres dessins de Masson le montrent en Minotaure cruel ou Dionysos dĂ©chaĂ®nĂ©, dans des dĂ©cors de volcans en Ă©ruption ; l'un d'eux, dans le premier numĂ©ro, est intitulĂ© « Le glaive, c'est la passerelle Â», et dĂ©signe l'Ă©pĂ©e au-dessus de l'abĂ®me comme une violence nĂ©cessaire. Avec « cette tĂŞte [qui] chez les hommes se prolonge toujours dans le cĹ“ur et jusqu'aux gĂ©nitoires Â», l'homme acĂ©phale exalte les transes de l'extase, l'Ă©rotisme, l'ivresse, la folie, « ce non-mental que Georges Bataille prĂ©conisait. (AcĂ©phale, c'Ă©tait sans doute la recherche la plus aiguisĂ©e.) Â»[7] RĂ©sumant cette libĂ©ration du mental, de la tĂŞte, Georges Bataille Ă©crit dans son texte inaugural : « L’homme a Ă©chappĂ© Ă  sa tĂŞte comme le condamnĂ© Ă  la prison. [...] Il rĂ©unit dans une mĂŞme Ă©ruption la Naissance et la Mort. Il n'est pas un homme. Il n'est pas non plus un dieu. Il n'est pas moi, mais il est plus que moi : son ventre est le dĂ©dale dans lequel il s'est Ă©garĂ© lui-mĂŞme, m'Ă©gare avec lui et dans lequel je me retrouve Ă©tant lui, c'est-Ă -dire monstre. »[8]

Le no 2, datĂ© du [9], porte le titre Nietzsche et les fascistes (en couverture), ou RĂ©paration Ă  Nietzsche (sur la page du sommaire), et dĂ©nonce les falsifications de l'Ĺ“uvre de Nietzsche par les nazis et les fascistes[10]. Les articles sont signĂ©s de Bataille, Jean Wahl, Roger Caillois, Jean Rollin, Jules Monnerot, Pierre Klossowski[11]. Le no 3-4 (), Ă©galement illustrĂ© de quatre dessins par AndrĂ© Masson, est consacrĂ© Ă  Dionysos et comprend « Dionysos philosophe Â» par Jules Monnerot, « Les Vertus dionysiaques Â» par Roger Caillois, « Don Juan selon Kierkegaard Â» par Pierre Klossowski et « Chronique nietzschĂ©enne Â» par Georges Bataille, plus une importante « Note sur la fondation d'un Collège de Sociologie Â», qui annonce les rĂ©flexions de Bataille et des autres collaborateurs autour de la sociologie sacrĂ©e. Aucun numĂ©ro d'AcĂ©phale ne paraĂ®t en 1938. Le no 5 (), titrĂ© Folie, Guerre et Mort (mĂŞme si le titre, proposĂ© par AndrĂ© Masson, aurait dĂ» ĂŞtre Terre Ă©rotique[12]), est anonyme, mais en fait entièrement Ă©crit par Bataille. PrĂ©parĂ© mais non publiĂ©, il est « placĂ© sous le signe tragique de La Pratique de la joie devant la mort  Â»[13], et comprend les textes « La Folie de Nietzsche Â», « La Menace de guerre Â» et « La Pratique de la joie devant la mort Â», sorte d'exercice spirituel Ă  l'usage d'un mystique athĂ©e.

L’ambition de Bataille

Le premier article est signĂ© de Bataille et s’intitule « La conjuration sacrĂ©e », texte dans lequel il revendique le caractère impĂ©rieux de l'entreprise : « NOUS SOMMES FAROUCHEMENT RELIGIEUX [...] Ce que nous entreprenons est une guerre. Il est temps d’abandonner le monde des civilisĂ©s et sa lumière. Il est trop tard pour tenir Ă  ĂŞtre raisonnable et instruit — ce qui a menĂ© Ă  une vie sans attrait. Secrètement ou non, il est nĂ©cessaire de devenir tout autres ou de cesser d’être[14]. » Et il ajoute que l'existence n'a de valeur que comme danse ou extase, au-delĂ  de la pensĂ©e conceptuelle, dans le non-savoir : « Celui qui tient Ă  ignorer ou Ă  mĂ©connaĂ®tre l’extase, est un ĂŞtre incomplet dont la pensĂ©e est rĂ©duite Ă  l’analyse. Â»[15]

Bataille explicite le titre AcĂ©phale un peu plus loin dans son article : « La vie humaine est excĂ©dĂ©e de servir de tĂŞte et de raison Ă  l’univers. Dans la mesure oĂą elle devient cette tĂŞte et cette raison, dans la mesure oĂą elle devient nĂ©cessaire Ă  l’univers, elle accepte un servage. Â»[16] C’est ce refus du servage que Bataille va tenter de dĂ©velopper dans les numĂ©ros suivants Ă  travers sa vision de la philosophie nietzschĂ©enne, sa lutte contre le fascisme, et les thĂ©matiques – constantes chez lui – de la mort et du religieux. Il s'agit donc aussi de donner un corps Ă  la pensĂ©e, par-delĂ  toutes les constructions de l'intelligence et prisons de la raison. D'une certaine façon, Bataille entend abandonner ainsi le monde connu des civilisĂ©s, par sa conception d'une violence qu'il juge nĂ©cessaire pour que l'ĂŞtre atteigne Ă  « la souverainetĂ© Â», car il estime par exemple que, comme l'extase religieuse, « les guerres sont pour le moment les plus forts stimulants de l'imagination Â»[17], comme il l'Ă©crit quelque temps après AcĂ©phale dans ses fragments non publiĂ©s de son vivant du Manuel de l'Anti-ChrĂ©tien. D'oĂą certaines critiques qui lui sont adressĂ©es de « surfascime », expression avancĂ©e par l'un de ses proches, Jean Dautry, membre de la sociĂ©tĂ© secrète AcĂ©phale.

En rĂ©alitĂ©, Bataille affiche un virulent antifascisme, ce qui ne l'empĂŞche pas de vouloir « penser le fascisme Â»[18], analyser les fondements psycho-sociologiques de ce qu'il nomme dès 1933 « la structure psychologique du fascisme », titre d'un article paru dans les numĂ©ros 10 () et 11 () de la revue La Critique sociale, crĂ©Ă©e par Boris Souvarine, au moment mĂŞme oĂą Wilhelm Reich publiait au Danemark La Psychologie de masse du fascisme. En reprenant des outils d'analyse propres au marxisme, tout en voulant le dĂ©passer, Bataille, qui avait aussi le projet d'Ă©crire un livre ayant pour titre Le Fascisme en France, Ă©crit dans son introduction : « Cet article reprĂ©sente, Ă  propos du fascisme, une tentative de reprĂ©sentation rigoureuse (sinon complète) de la superstructure sociale et de ses rapports avec l'infrastructure Ă©conomique. Il ne s'agit cependant que d'un fragment appartenant Ă  un ensemble relativement important Â»[19]. Il veut montrer comment le fascisme combine rationalitĂ© et irrationalitĂ©, archaĂŻsme et modernitĂ©, barbarie et technique, extase et calcul ; Ă  ce sujet, Hans Mayer, qui fut membre du Collège de Sociologie, a bien vu quelle Ă©tait la pertinence et l'originalitĂ© de la vision de Bataille : « Bataille seul, Ă  mon avis, avait compris Ă  cette Ă©poque-lĂ  [que le fascisme] ce n'Ă©tait pas seulement un retour Ă  la barbarie. Il y avait aussi tout autre chose. D'un cĂ´tĂ©, l'exĂ©cution Ă  la hache, de l'autre, le perfectionnement de la chambre Ă  gaz, Ă  l'aide de la technologie moderne allemande. Je crois que, avant mĂŞme les nouvelles venant de Pologne et d'Auschwitz, Bataille avait compris que cela formait un ensemble. [...] C'est pourquoi Bataille a cherchĂ© le dialogue avec Benjamin, peut-ĂŞtre aussi avec moi. Â»[20] De ce point de vue, avec AcĂ©phale, Bataille tente de crĂ©er une sorte de religion aussi antichrĂ©tienne, anticommuniste que antifasciste, « un surnietzschĂ©isme dĂ©fascisĂ© Â»[21], selon l'expression de Michel Surya. Toute cette entreprise s'appuie sur une certaine vision du monde, Ă  la fois tragique et mythique, des expĂ©riences, revendications, principes, qui sont les mĂŞmes que ceux qu'il Ă©nonce dans son texte intitulĂ© « Les onze agressions Â», et qui sont Ă  l'opposĂ© d'une pensĂ©e fasciste : « 1- La chance contre la masse. 2- L'unitĂ© communielle contre l'imposture de l'individu. 3- Une communautĂ© Ă©lective distincte de la communautĂ© de sang, de sol et d'intĂ©rĂŞts. 4- Le pouvoir religieux du don de soi tragique contre le pouvoir militaire fondĂ© sur l'aviditĂ© et la contrainte. 5- L'avenir mouvant et destructeur de limites contre la volontĂ© d'immobilitĂ© du passĂ©. 6- Le violateur tragique de la loi contre les humbles victimes. 7- L'inexorable cruautĂ© de la nature contre l'image avilissante du dieu bon. 8- Le rire libre et sans limite contre toutes les formes de piĂ©tĂ© hypocrite. 9- L'“amour de la destinĂ©e”, mĂŞme la plus dure contre les abdications des pessimistes ou des angoissĂ©s. 10- L'absence de sol et de tout fondement contre l'apparence de stabilitĂ©. 11- La joie devant la mort contre toute immortalitĂ©. »[22]

Bataille et Nietzsche

La revue expose une exaltation tragique et dionysiaque de la vie, jusque dans la cruauté et la mort, sous la figure tutélaire de Nietzsche, mais aussi Sade, Kierkegaard, Dionysos, Don Juan ou Héraclite. Néanmoins, la référence à Nietzsche est dominante, comme le résume Michel Surya : « Nietzsche, le seul dans la communauté duquel [Bataille] ait vraiment vécu [...] Acéphale, entreprise convulsive, tragique - “monstrueuse” dira-t-il même après coup [...] mais nommément nietzschéenne. »[23]

Le no 2 (), en plus du dossier sur Nietzsche et les fascistes, contient notamment une traduction inédite en français d'un texte de Nietzsche sur Héraclite, ainsi qu'un article de Jean Wahl intitulé « Nietzsche et la mort de Dieu » qui est un commentaire sur un texte de Karl Jaspers à propos de Nietzsche.

Les deux numĂ©ros suivants sont Ă©galement centrĂ©s sur le philosophe allemand, Ă  travers la figure de Dionysos dans le no 3-4 (), qui comprend notamment une « Chronique nietzschĂ©enne Â» par Bataille, et le no 5 (). Ce dernier numĂ©ro comprend trois textes de Bataille sur la folie, la guerre et la mort, dont un intitulĂ© « La folie de Nietzsche ». Sur la première page apparaĂ®t en gros caractères la dĂ©claration suivante :

« Le 3 janvier 1889, il y a cinquante ans, Nietzsche succombait à la folie : sur la piazza Carlo-Alberto, à Turin, il se jeta en sanglotant au cou d’un cheval battu, puis il s’écroula ; il croyait, lorsqu’il se réveilla, être DIONYSOS ou LE CRUCIFIÉ[24]. »

La page suivante poursuit en disant que « cet Ă©vĂ©nement doit ĂŞtre commĂ©morĂ© comme une tragĂ©die. Â»

La mort et le religieux

La mort est un autre fil conducteur de la revue. Dès le premier numéro Bataille l’évoque en parlant de André Masson qui, dit-il, évoquait avec lui sa propre mort. Bataille rappelle que « la vérité de l’homme est la mort » mais la mort c’est aussi la « mort de Dieu » ce qui, écrit Jean Wahl commentant Nietzsche, condamne l’homme à « l’immense don qu’est la parfaite solitude. ».

Aussi le religieux, selon Bataille, n’a rien d’une dĂ©votion rendue Ă  une quelconque divinitĂ©. Cette « conjuration sacrĂ©e » Ă  laquelle nous invite Bataille c’est « la condamnation de tout ce qui est reconnu aujourd’hui » (no 1 d'AcĂ©phale). Ainsi cette nouvelle religion est-elle fondĂ©e sur la mort, mais aussi sur la volontĂ©, tĂ©mĂ©raire, non pas de puissance, mais d'une « pratique de la joie devant la mort Â». En ce sens, selon Michel Surya, Bataille se pose en « philosophe Â» au sens de Nietzsche, mais il y ajoute aussi ce que sa vision sociologique de l'ĂŞtre lui inspire : « il n'y a de surhumanitĂ© possible que liĂ©e par cela qu'elle s'est donnĂ© d'avoir en commun [avec] les morts dans la joie desquels elle vivra. Â»[25]

Les collaborateurs de la revue

En dehors de Bataille qui signe la plupart des textes, sans compter les notules non signées qui sont probablement de sa main, on relève les noms de :

La société secrète

La sociĂ©tĂ© secrète AcĂ©phale se distingue de la revue homonyme, dont elle est toutefois le pendant Ă©sotĂ©rique, de mĂŞme qu'elle est rattachĂ©e au Collège de Sociologie bientĂ´t crĂ©Ă©. Mais son histoire est beaucoup moins facile Ă  dĂ©crire que celle de la revue car ses membres, qui avaient jurĂ© le silence ont, dans l’ensemble, tenu leur parole. Aux origines connues de cette communautĂ©, en fĂ©vrier 1937, après un exposĂ© de Roger Caillois au cafĂ© du Grand VĂ©four sur « Les principes qui doivent diriger la formation d’un groupe », Georges Bataille lut un texte intitulĂ© « Ce que j’ai Ă  dire » oĂą il dĂ©clare : « C’est seulement s’ils se battent jusqu’à la mort ou s’ils sont pris par une Ă©motion physique violente et contagieuse que des ĂŞtres humains sortent de cette difformitĂ© confuse de leurs intĂ©rĂŞts qui en fait ensemble une accumulation de dĂ©chets inertes. Â»[26] DĂ©claration dans laquelle il dĂ©fend une conception de la vie humaine, tirant son Ă©nergie d'une agressivitĂ© et d'une violence, que l'on doit regarder en face, sans terreur, en face, et ne pas confondre avec le mal tel que l'a conçu le christianisme, introduisant un affadissement de l'existence. Il fait donc l'Ă©loge d'une certaine agressivitĂ© inhĂ©rente Ă  l'homme : « L'agressivitĂ© ne peut ĂŞtre ni limitĂ©e ni asservie. Â»[27] Deux jours plus tard, le , Bataille devait rĂ©diger un texte intitulĂ© « Constitution du journal intĂ©rieur Â», qui marque les dĂ©buts de la sociĂ©tĂ© secrète, dont Bataille trace la gĂ©nĂ©alogie Ă  partir du mouvement Contre-Attaque[28]. On sait aussi que dès 1925 (ou 1926), Bataille avait envisagĂ© avec Michel Leiris, AndrĂ© Masson et un Russe Ă©migrĂ© nommĂ© Nicolai Bakhtine (frère de MikhaĂŻl Bakhtine) la fondation d'« une sociĂ©tĂ© secrète orphique et nietzschĂ©enne Â», « Michel Leiris avait alors proposĂ© de donner Ă  cette sociĂ©tĂ© le nom de “Judas”. Â»[29] En , Bataille rĂ©vèle Ă©galement les noms des conjurĂ©s : Georges Ambrosino, Georges Bataille, Jacques Chavy, RenĂ© Chenon, Henri Dubief, Pierre Dugan (pseudonyme de Pierre Andler), Henri Dussat, Imre Kelemen, Pierre Klossowski, auxquels manquent ceux de Patrick Waldberg, Isabelle Farner (alias Isabelle Waldberg), Michel Koch, Jean Atlan, Alain Girard, Jean Dautry[30].

Ă€ ces noms, Michel Surya ajoute ceux de Colette Peignot, compagne de Bataille, et Ă©nonce prudemment : « la participation de ces personnes n'est vraisemblable que pour quelques-uns ; une supposition pour d'autres (qu'en est-il par exemple de Jules Monnerot ?) ; elle est enfin tout Ă  fait problĂ©matique s'agissant de Roger Caillois. C'est Ă  lui de mĂŞme qu'Ă  Pierre Klossowski, qu'on doit de savoir le peu qu'on sait d'AcĂ©phale. Â»[31] Il semblerait aussi que d'autres personnes, comme l'artiste japonais TarĹŤ Okamoto, qui vĂ©cut pendant ces annĂ©es en France et rencontra Bataille, firent partie ou frĂ©quentèrent cette sociĂ©tĂ© secrète[32]. D'autres proches de Bataille, comme le prĂ©cise Ă©galement Michel Surya, refusèrent d'y entrer, tel AndrĂ© Masson, qui habitait alors en Espagne, Michel Leiris ou Jacques Lacan, mĂŞme s'il est probable qu'ils avaient quelques informations sur les activitĂ©s de la sociĂ©tĂ©[33]. L'histoire exacte de cette sociĂ©tĂ© Ă©sotĂ©rique demeure donc entourĂ©e de mystère, et a fait l'objet de bien des conjectures. NĂ©anmoins, ce qui est connu, c'est que certaines personnes ont fait partie Ă  la fois de la revue et de la sociĂ©tĂ© secrète, comme l'Ă©crit Michel Surya : « Klossowski, Ambrosino, Waldberg, n'ont pas dissimulĂ© avoir appartenu aux deux Â», tout en prĂ©cisant : « on ne sait que mal jusqu'Ă  quel point (c'est sans doute aussi le cas de plusieurs autres). Â»[33]

Cette communautĂ© secrète, dont l'esprit se voulait rĂ©solument religieux, « farouchement religieux Â» et tragique, en conformitĂ© avec la revue du mĂŞme nom et « la pratique de la joie devant la mort Â», organisa des rituels, dont le mystère reste entourĂ© de nombreuses lĂ©gendes, mĂŞme si sont connus le refus de serrer la main des antisĂ©mites, des commĂ©morations, place de la Concorde, de l'exĂ©cution de Louis XVI, des visites nocturnes rĂ©gulières dans la ForĂŞt de Marly, Ă  partir de Saint-Nom-la-Bretèche, tout près de la maison qu'habitaient alors Bataille et Colette Peignot, autour d'un « chĂŞne foudroyĂ© Â» (qui rappelle le chĂŞne sacrĂ© dont Dianus avait la garde dans le bois de NĂ©mi), et dans les ruines de l'ancienne forteresse de Montjoie[34]. La sociĂ©tĂ© secrète Ă©tant une communautĂ© Ă©lective, Bataille fixa d'ailleurs des règles très prĂ©cises quant au protocole et dĂ©roulement de ces « rencontres Â» et mystĂ©rieuses mises en scène en forĂŞt[35]. Est en mĂŞme temps rĂ©affirmĂ©e la place majeure que reprĂ©sente Nietzsche dans l'esprit de la communautĂ©, comme de la revue : « La voix orgueilleuse et brisante de Nietzsche reste pour nous annonciatrice de la RĂ©volution morale qui vient, la voix de celui qui a eu le sens de la Terre... Le monde qui naĂ®tra demain sera le monde annoncĂ© par Nietzsche, le monde qui liquidera toute la servitude morale. Â»[36] Cette communautĂ© ne signifie donc pas un abandon du politique, mĂŞme si Bataille Ă©crit qu'elle n'envisage plus « qu'une fin religieuse mais antichrĂ©tienne, essentiellement nietzschĂ©enne Â»[37], mais plutĂ´t un dĂ©placement du politique, dans un sens plus Ă©largi, comme une « collusion du politique et du religieux Â»[38], ainsi que l'Ă©crit Jean-Michel Besnier.

On peut inscrire certains rites d'AcĂ©phale dans la mythologie liĂ©e Ă  des cĂ©rĂ©moniaux initiatiques archaĂŻques ; et la notion de « lieu sacrĂ© » est au centre de ces rituels et rĂ©unions, mĂŞlant une mythologie de la forĂŞt, de l'arbre acĂ©phale et du « dieu qui meurt » (la figure exemplaire de Dianus, le roi-prĂŞtre mythique), en rĂ©fĂ©rence Ă  James George Frazer. Marina Galletti Ă©crit que « c'est dans ce double lieu saint que - annoncĂ© par le surhomme nietzchĂ©en, par l'homme intĂ©gral de Sade et par le rex nemorensis de Frazer - prend forme le mythe de l'homme acĂ©phale, mythe d'une souverainetĂ© qui, associant sa dĂ©capitation Ă  celle de Dieu le père, se dessine “comme alternative, mais aussi comme portĂ©e extrĂŞme du politique”. »[39] Ă€ ce sujet, le tĂ©moignage de Pierre Klossowski est un des rares Ă  lever, Ă  peine, le voile : « Le motif de la mĂ©ditation suggĂ©rait sinon la forme matĂ©rielle d'un sacrifice rituel, du moins l'invocation de quelque cĂ©lĂ©bration de celui-ci, sous les espèces d'un spectacle dont seuls les membres de notre sociĂ©tĂ© eussent Ă©tĂ© les tĂ©moins. »[40] En effet, la sociĂ©tĂ© devait Ă©galement aboutir, selon les vĹ“ux de Bataille lui-mĂŞme Ă  un sacrifice, sur lequel on a beaucoup glosĂ© parfois de manière très caricaturale et sans fondement vĂ©rifiable[41] ; mais il est avĂ©rĂ© que Bataille dĂ©sira un sacrifice humain, afin de lier irrĂ©mĂ©diablement les initiĂ©s. Patrick Waldberg, Ă©voquant lui aussi un peu ces « instants privilĂ©giĂ©s Â» suscitĂ©s par les rĂ©unions de la sociĂ©tĂ© secrète, prĂ©cise : « Ă€ la dernière rencontre au cĹ“ur de la forĂŞt nous n'Ă©tions que quatre et Bataille demanda solennellement aux trois autres de bien vouloir le mettre Ă  mort, afin que ce sacrifice, fondant le mythe, assurât la survie de la communautĂ©. cette faveur lui fut refusĂ©e. Quelques mois plus tard se dĂ©chaĂ®nait la vraie guerre qui balaya ce qui pouvait rester d'espoir. Â»[42] Ă€ ce sujet, certains ont pu parler de « folie Â» de Bataille, mais pour lui, la vie et les idĂ©es, le corps et l'esprit Ă©taient insĂ©parablement liĂ©s, position que rĂ©sume ainsi Michel Surya : « il n'a jamais rien pensĂ© qu'il ne voulĂ»t vivre Â»[43].

Cette communautĂ© fut donc finalement un Ă©chec, en raison mĂŞme de sa monstruositĂ©, selon les termes mĂŞmes que Bataille emploiera plus tard pour dĂ©crire son projet de « fonder une religion Â» : « Ce fut une erreur monstrueuse, mais rĂ©unis, mes Ă©crits rendront compte en mĂŞme temps de l'erreur et de la valeur de cette monstrueuse intention. Â»[44] Car le projet Ă©tait enracinĂ© dans son impossibilitĂ© mĂŞme, puisqu'il visait Ă  tout mettre en jeu, dans une « mise Ă  nu Â» radicale de l'homme. Mais cette « contagion brĂ»lante Â» continuera d'animer Bataille dans sa quĂŞte de « la corde qui unit les Ă©tats mystiques aux Ă©tats Ă©rotiques Â», car « les images Ă©rotiques reprĂ©sentent Ă  certains moments des possibilitĂ©s explosives qui ne laissent rien debout Â» et « tĂ©moignent du “centre de l'orage”. Â»[45]

Goya, Le Sabbat des sorcières.

Bibliographie

Textes de Georges Bataille

  • AcĂ©phale, Religion, Sociologie, Philosophie. La conjuration sacrĂ©e par Georges Bataille, Pierre Klossowski, et AndrĂ© Masson. 1re annĂ©e, No 1. Avec trois dessins d'AndrĂ© Masson, Paris, Éditions GLM, .
  • AcĂ©phale, Religion, Sociologie, Philosophie. Nietzsche et les fascistes. Une rĂ©paration par G. Bataille, P. Klossowski, A. Masson, J. Rollin, J. Wahl. No 2. Avec trois dessins d'AndrĂ© Masson, Paris, Éditions GLM, .
  • AcĂ©phale, Religion, Sociologie, Philosophie. Dionysos par G. Bataille, R. Caillois, P. Klossowski, A. Masson, J. Monnerot. No 3-4. Avec quatre dessins d'AndrĂ© Masson, Paris, Éditions GLM, .
  • AcĂ©phale (Nouvelle sĂ©rie, cahier 1. L’érotisme). Michel LEIRIS. Miroir de la tauromachie. Avec trois dessins d'AndrĂ© Masson, Paris, Éditions GLM, .
  • AcĂ©phale No 5. Folie, guerre et mort, . (Imprimerie des 2 Artisans), numĂ©ro prĂ©parĂ© mais non publiĂ©.
  • AcĂ©phale, rĂ©Ă©dition en fac-similĂ© des numĂ©ros publiĂ©s et du numĂ©ro final non publiĂ©, prĂ©face de Michel Camus intitulĂ©e « L'acĂ©phalitĂ© ou la religion de la mort Â», Paris, Ă©d. Jean-Michel Place, 1995.
  • L’Apprenti Sorcier (textes, lettres et documents (1932-1939) rassemblĂ©s, prĂ©sentĂ©s et annotĂ©s par Marina Galletti), Paris, Éditions de la DiffĂ©rence, 1999.
  • Georges Bataille, « En marge d'AcĂ©phale Â», dans Ĺ’uvres complètes. t. II Écrits posthumes 1922-1940, Paris, Gallimard, 1970, p. 273-278.

Autres références

  • Maurice Blanchot, La CommunautĂ© inavouable, Paris, Éditions de Minuit, 1984.
  • Michel Fardoulis-Lagrange, G.B. ou un ami prĂ©somptueux, Paris, Le Soleil Noir, 1969 ; rĂ©Ă©d. Paris, JosĂ© Corti, 1996 (rĂ©cit inspirĂ© par Bataille et la sociĂ©tĂ© secrète AcĂ©phale).
  • Odile Felgine, Roger Caillois, Paris, Stock, 1994.
  • Charles Ficat, « Un soir au Collège de sociologie Â», Paris, Revue des deux Mondes, « Dans l'Ĺ“il de Georges Bataille », , p. 135-139.
  • Marina Galletti, L'Apprenti sorcier (textes, lettres et documents 1932-1939, rassemblĂ©s, prĂ©sentĂ©s et annotĂ©s par M. Galletti), Paris, Ă©ditions de la DiffĂ©rence, collection « Les Essais », 1999.
  • Marina Galletti, « CommunautĂ©s morales, communautĂ©s politiques Â», dans « Georges Bataille », Les Temps Modernes, no 602, Paris, Gallimard, - janvier-.
  • Marina Galletti, « Autour de la sociĂ©tĂ© secrète AcĂ©phale. Lettres inĂ©dites de Bataille Ă  Carrouges Â», Paris, Revue des deux Mondes, « Dans l'Ĺ“il de Georges Bataille Â», , p. 125-134.
  • Denis Hollier, Le Collège de Sociologie, Paris, Gallimard, 1979 ; rĂ©Ă©d. augmentĂ©e, collection « Folio essais », 1995.
  • Michel Koch, Le Sacricide, Paris, LĂ©o Scheer, 2001.
  • AndrĂ© Masson, « Le soc de la charrue », Critique, Hommage Ă  Georges Bataille, aoĂ»t-, no 195-196, p. 701-705.
  • Marcel Mauss, Manuel d’ethnographie, Paris, Payot, 1947 ; rĂ©Ă©d. collection « Petite bibliothèque Payot Â», 1967.
  • Jean-Maurice Monnoyer, Le Peintre et son dĂ©mon : entretiens avec Pierre Klossowski, Paris, Flammarion, 1985 (prĂ©cieux tĂ©moignage de Pierre Klossowski sur la sociĂ©tĂ© secrète AcĂ©phale).
  • Jean-Luc Nancy, La CommunautĂ© dĂ©sĹ“uvrĂ©e, Paris, Christian Bourgois Éditeur, coll. « DĂ©troits », 1986 ; nouvelle Ă©dition, revue et augmentĂ©e, 2004.
  • Jean-François Pradeau, « Impossible politique et antiphilosophie. Sur les articles « nietzschĂ©ens » d'AcĂ©phale », dans « Georges Bataille », Les Temps Modernes, no 602, Paris, Gallimard, - janvier-.
  • Michel Surya, Georges Bataille, la mort Ă  l’œuvre, Paris, Ă©ditions SĂ©guier, 1987 ; nouvelle Ă©d. augmentĂ©e et mise Ă  jour, Paris, Gallimard, 1992 ; rĂ©Ă©dition Gallimard, collection « Tel », 2012.
  • Michel Surya, SaintetĂ© de Bataille, Paris, Ă©ditions de l'Éclat, 2012 - en particulier le chapitre II « Des trois religions des annĂ©es trente (communisme, fascisme et surrĂ©alisme) et d'une quatrième (AcĂ©phale) Â», p. 49-124.
  • Vincent Teixeira, Georges Bataille, la part de l'art : la peinture du non-savoir, Paris, L'Harmattan, coll. « L'Ouverture philosophique », 1997 - en particulier le chapitre sur « La souverainetĂ© de l'art Â», p. 99-109.
  • Patrick Waldberg, « AcĂ©phalogramme Â», Magazine littĂ©raire, no 331, ; repris dans Georges Bataille, L'Apprenti sorcier, Paris, Ă©ditions de la DiffĂ©rence, coll. « Les Essais », 1999, p. 584-597 (sur la sociĂ©tĂ© secrète AcĂ©phale)
  • Masson et Bataille, catalogue de l'exposition du musĂ©e des Beaux-Arts d'OrlĂ©ans et du MusĂ©e municipal de Tossa de Mar, 1994.
  • L’unebĂ©vue, no 16 : « Les CommunautĂ©s Ă©lectives », EPEL, 2000.
  • (de) Rita Bischof, Tragisches Lachen. Die Geschichte von AcĂ©phale, Berlin, Matthes & Seitz, 2010.
  • (de) Stephan Moebius, Die Zauberlehrlinge. Soziologiegeschichte des Collège de Sociologie (1937-1939), Constance, UVK, 2006.

Notes et références

  1. « Association Guy Lévis Mano - L'Association Guy Lévis Mano a pour projet de faire connaître l'œuvre de Guy Lévis Mano comme éditeur de poésie, traducteur, poète et typographe, d'annoncer et soutenir les actions en cours, de répondre aux demandes d'information. », sur www.guylevismano.com (consulté le )
  2. Ces cinq eaux-fortes, qui firent l'objet d'une exposition Ă  la Galerie Jeanne Bucher en juin 1933, sont titrĂ©es : Mithra, OrphĂ©e, Le CrucifiĂ©, Minotaure, Osiris (tirage limitĂ© Ă  150 exemplaires). Le texte de Bataille est repris dans Ĺ’uvres complètes, t. I, Paris, Gallimard, 1970, p. 87-96. Il se termine par cette phrase : « La mort qui me dĂ©livre du monde qui me tue a enfermĂ© ce monde rĂ©el dans l'irrĂ©alitĂ© du moi qui meurt. Â» Avec des modifications assez importantes, il a Ă©tĂ© repris dans L'ExpĂ©rience intĂ©rieure, sous le titre « La mort est en un sens une imposture Â», Ĺ’uvres complètes, t. V, Paris, Gallimard, 1973, p. 83-92. Sacrifices a Ă©tĂ© rĂ©Ă©ditĂ© avec L'Anus solaire, Paris, Éditions Lignes, 2011.
  3. AndrĂ© Masson, « Le soc de la charrue Â», Critique, Hommage Ă  Georges Bataille, aoĂ»t-septembre 1963, no 195-196, p. 701.
  4. Georges Bataille, Madame Edwarda, dans Romans et récits, préface de Denis Hollier, édition publiée sous la direction de Jean-François Louette, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2004, p. 320.
  5. Vincent Teixeira, Georges Bataille, la part de l'art : la peinture du non-savoir, Paris, L'Harmattan, coll. « L'Ouverture philosophique », 1997, p. p. 102.
  6. Dans son article sur « Don Juan selon Kierkegaard Â», dans le numĂ©ro 3-4 de la revue, Pierre Klossowski insiste sur « l'Ă©rotique musical Â» Ă  l'Ĺ“uvre dans l'opĂ©ra de Mozart, qui Ă©tait une rĂ©fĂ©rence majeure pour Bataille et Masson, et voit « en Don Juan l'incarnation du phĂ©nomène dionysiaque de l'immĂ©diat Ă©rotique Â», AcĂ©phale, no 3-4, Paris, Éditions GLM, juillet 1937, p. 27.
  7. André Masson, « Le soc de la charrue », Critique, Hommage à Georges Bataille, août-septembre 1963, no 195-196, p. 705.
  8. Georges Bataille, « La conjuration sacrĂ©e », AcĂ©phale, no 1, 24 juin 1936, dans Ĺ’uvres complètes, t. I, Paris, Gallimard, 1970, p. 445. Dans un article de la revue Documents, Bataille Ă©voquait dĂ©jĂ  « un ĂŞtre anthropomorphe dĂ©pourvu de tĂŞte Â», « Soleil pourri Â», Documents, 1930, no 3, repris dans Ĺ’uvres complètes, t. I, p. 232.
  9. (en) « Georges Bataille et al - Acéphale 2 - Jan. 1937 », sur Scribd (consulté le )
  10. « Benoît Goetz, « Éternel retour de Nietzsche », Le Portique [En ligne], 29 | 2012, document 8, mis en ligne le 15 décembre 2014, consulté le 31 mai 2017. URL : http://leportique.revues.org/2605 »
  11. « Acephale [REVUE] : religion, sociologie, philosophie / [publié] par Georges Bataille, Pierre Klossowski et André Masson », sur bibliothequekandinsky.centrepompidou.fr (consulté le )
  12. André Masson, « Le soc de la charrue », Critique, Hommage à Georges Bataille, août-septembre 1963, no 195-196, p. 702.
  13. Ce texte a été publié en plaquette au Mercure de France en 1968 par les soins de Bernard Noël.
  14. « JOUET, « ACÉPHALE, revue », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 31 mai 2017. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/acephale-revue/ »
  15. Georges Bataille, « La conjuration sacrée », Œuvres complètes, t. I, p. 443.
  16. Georges Bataille, « La conjuration sacrée », Œuvres complètes, t. I, p. 445.
  17. Georges Bataille, Manuel de l'Anti-Chrétien, Œuvres complètes, t. II, Paris, Gallimard, 1970, p. 392.
  18. Voir le chapitre « Penser le fascisme », dans Michel Surya, Sainteté de Bataille, Paris, Éditions de l'éclat, 2012, p. 49-62.
  19. Georges Bataille, « La Structure psychologique du fascisme », Œuvres complètes, t. I, p. 339 ; réédition Lignes, 2009.
  20. Entretien avec Hans Mayer, France-Culture, 12 et 19 mai 1988, reproduit dans Michel Surya, Georges Bataille, la mort Ă  l'Ĺ“uvre, Paris, Gallimard, 1992, p. 360.
  21. Michel Surya, Sainteté de Bataille, p. 75.
  22. Georges Bataille, Manuel de l'Anti-Chrétien, Œuvres complètes, t. II, p. 385-386.
  23. Michel Surya, Sainteté de Bataille, p. 11.
  24. Georges Bataille, « La folie de Nietzsche Â», AcĂ©phale, no 5, juin 1939, dans Ĺ’uvres complètes, t. I, p. 545.
  25. Michel Surya, Sainteté de Bataille, p. 91.
  26. Georges Bataille, « Ce que j'ai Ă  dire... Â», 7 fĂ©vrier 1937, dans L'Apprenti Sorcier, p. 325.
  27. L'Apprenti Sorcier, p. 332. « L'agressivité comme valeur » est le titre de l'article que Roger Caillois devait publier dans Ordre Nouveau en juin 1937.
  28. « https://helda.helsinki.fi/bitstream/handle/10138/25803/005_05_Galletti.pdf?sequence=1 »
  29. L'Apprenti Sorcier, p. 339.
  30. L'Apprenti Sorcier, p. 336-342. On peut ajouter le nom de Louis Couturier, plus connu sous le nom de Michel Carrouges, comme le montrent des lettres inédites de 1939, exhumées par Marina Galletti, que Bataille lui adresse en 1939. Voir « Autour de la société secrète Acéphale. Lettres inédites de Bataille à Carrouges », Revue des deux Mondes, « Dans l'œil de Georges Bataille », mai 2012, p. 125-134.
  31. Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, p. 300.
  32. « http://www.seijo.ac.jp/pdf/graduate/gslit/azur/07/0705.pdf »
  33. Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, p. 289.
  34. Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, p. 304.
  35. Voir Georges Bataille, « Interdits de la forĂŞt de l'AcĂ©phale Â» et « [Instructions pour la “rencontre” en forĂŞt] Â», L'Apprenti Sorcier, p. 356 et 359-361. Sur ces prescriptions très prĂ©cises Ă©dictĂ©es par Bataille, voir le tĂ©moignage de Patrick Waldberg dans « AcĂ©phalogramme », in L'Apprenti sorcier, p. 584-597, et dans TarĹŤ Okamoto, le baladin des antipodes, Paris, La DiffĂ©rence, 1976, p. 110.
  36. Georges Bataille, « Constitution du “journal intĂ©rieur” Â», 9 fĂ©vrier 1937, L'Apprenti Sorcier, p. 338.
  37. Georges Bataille, « Notice autobiographique Â», Ĺ’uvres complètes, t. VII, Gallimard, 1976, p. 461.
  38. Jean-Michel Besnier, La Politique de l'impossible. L'intellectuel entre révolte et engagement, Paris, La Découverte, 1988, p. 110.
  39. L'Apprenti Sorcier, p. 63.
  40. Jean-Michel Monnoyer, Le Peintre et son démon : entretiens avec Pierre Klossowski, Paris, Flammarion, 1985, p. 183.
  41. Un des derniers exemples en est ce que dit, dans son essai sur Sade, Michel Onfray, qui se pose dĂ©libĂ©rĂ©ment en pourfendeur de Bataille, et accumule des erreurs ou propage des lĂ©gendes, sans rĂ©fĂ©rence ni aucun document Ă  l'appui, Ă©crivant par exemple que « Jacques Lacan assiste aux rĂ©unions de cette sociĂ©tĂ© secrète Â» ou laissant sous-entendre que le sacrifice d'un singe aurait Ă©tĂ© rĂ©ellement effectuĂ©, dans La Passion de la mĂ©chancetĂ©. Sur un prĂ©tendu divin marquis, Paris, Autrement, 2014, p. 137-138. Il est vrai que Bataille signa, entre 1927 et 1930, un texte intitulĂ© « Le sacrifice du gibbon Â», qui est un des plus violents de son auteur, Ĺ’uvres complètes, t. II, p. 28-30.
  42. Patrick Waldberg, « Acéphalogramme », Magazine littéraire, no 331, avril 1995 ; repris dans Georges Bataille, L'Apprenti Sorcier, éditions de la Différence, coll. « Les Essais », Paris, 1999, p. 597.
  43. Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, p. 308.
  44. Georges Bataille, « Plans pour la Somme athĂ©ologique Â», Ĺ’uvres complètes, t. VI, Paris, Gallimard, 1973, p. 373.
  45. Lettre de Bataille à Louis Couturier, 10 novembre 1939, cité par Marina Galletti, « Autour de la société secrète Acéphale. Lettres inédites de Bataille à Carrouges », Revue des deux Mondes, mai 2012, p. 132.

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